L’Afrique sous l’onde de chocs des Trumponomics 2.0
L’accord commercial préférentiel, African Growth and Opportunity Act (AGOA), promulgué en 2000 sous la présidence Clinton, n’a pas épargné l’Afrique des droits de douane drastiques imposés par Trump pour la quasi-totalité des pays de la planète. D’ailleurs, certains pays signataires de l’AGOA se placent en tête de liste des pays les plus taxés du continent, notamment l’Afrique du Sud, Madagascar et le Lesotho, qui ont été imposés respectivement de 30%, 47% et 50% de droits de douane sur leurs exportations aux Etats-Unis. Même si elles sont suspendues pour 90 jours, ces taxes sonneraient certainement l’interruption d’une dynamique commerciale qui s’est établie depuis 25 ans entre les Etats-Unis et certains pays africains.
Au-delà de leurs effets sur les échanges commerciaux, ces tarifs bouleverseraient aussi la répartition géographique des investissements directs étrangers, qui fuiront sans doute les pays qui se sont vu infliger les droits de douane les plus élevés, engendrant ainsi des pertes d’emplois et des problèmes économiques conséquents. Plus grave encore, l’effet Trump sera beaucoup plus pronon- cé sur les pays africains à travers la suspension de l’aide publique au développement et le retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dès son investiture, le nouveau président américain a gelé toutes les activités de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). L’arrêt imminent de nombreux projets de l’agence mettent en péril plusieurs secteurs : santé, éducation et agriculture.
Rappelons qu’en 2024, neuf des quinze principaux bénéficiaires du financement de l’USAID étaient des pays africains, avec une enveloppe de 11,5 milliards de dollars. De même, le retrait américain de l’OMS ne fera qu’empirer la situation humanitaire, avec des milliers de programmes de recherche suspendus.
Mais le temps de l’aumône n’est-il pas révolu pour un continent, piégé dans une situation de dépendance qui contraste tant avec l’abondance de ses ressources humaines et naturelles ?
En l’absence d’une réelle volonté des pays africains de renforcer leur coopération et d’unir leurs efforts, le diktat de Trump, et de bien d’autres prédateurs, fera la pluie et le beau temps sur le continent. « Les forts font ce qu’ils peuvent et les faibles subissent ce qu’ils doivent », nous alertait déjà il y a des siècles l’historien grec Thucydide.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cette analyse est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 919 du 7 au 21 mai 2025
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