Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Affaire des nourrissons : boucs émissaires et défaillances du système

L’affaire du décès de quatorze nourrissons dans un hôpital de Tunis, en mars 2019, est un drame national. Depuis des années, médecins et professeurs en médecine ont dénoncé haut et fort la dégradation du système de santé publique.

Sept ans plus tard, la justice a condamné à dix ans de prison ferme trois responsables hospitaliers — une directrice, un directeur chargé de la maintenance et un chef de service — « pour homicide involontaire ». Cette décision a suscité une vive contestation de la part des syndicats et de nombreux professionnels de santé. Lesquels estiment que ces condamnations font peser sur ces seuls individus la responsabilité d’un système défaillant dans son ensemble, incluant les politiques publiques et les conditions matérielles.

La Fédération générale de la Santé, par la voix de son secrétaire général adjoint Hassen Mezni, a annoncé une journée de colère le 17 avril 2025, suivie d’une grève générale sectorielle le 24 avril 2025. Ces actions visent à protester contre la condamnation à dix ans de prison ferme de plusieurs responsables hospitaliers dans l’affaire de la mort de nourrissons au centre de maternité et de néonatologie de la Rabta en 2019. Une condamnation « jugée injuste par les syndicats qui estiment que ces décès résultent du manque d’équipements et de ressources, et non de la responsabilité directe des condamnés. Les syndicats dénoncent aussi l’inaction du ministère de la Santé, qui aurait ignoré les alertes sur les défaillances matérielles et humaines. Tout en ordonnant aux médecins de continuer à travailler dans ces conditions. »

Les syndicats appellent à un dialogue urgent

Par ailleurs, ces mouvements s’inscrivent dans un contexte de blocage depuis octobre 2023 dans l’élaboration d’une loi fondamentale sur le statut des agents de santé, attendue depuis plus de trente ans, et considérée comme essentielle pour améliorer l’organisation et les services du secteur. Malgré un accord signé en février 2021 et des travaux engagés, les négociations sont suspendues en raison de désaccords persistants.

Les syndicats appellent à un dialogue urgent pour réformer le secteur, clarifier les responsabilités dans les hôpitaux publics, et protéger les droits des professionnels de santé, tout en mobilisant l’ensemble des acteurs publics et privés pour défendre l’avenir du système de santé.

Nazih Zghal, médecin, a déclaré à leconomistemaghrebin.com qu’il ne souhaitait pas commenter la décision de justice en elle-même, mais qu’il mettait en lumière la responsabilité globale du système de santé, du ministère et de chaque employé pour les défaillances passées et présentes. Il souligne que chercher à désigner uniquement quelques professionnels comme boucs émissaires est une manière facile mais injuste de se dédouaner.

Il rappelle que les infections nosocomiales sont un risque inhérent aux soins, existant dans tous les établissements sanitaires, publics ou privés, à travers le monde, et que ce risque concerne patients, soignants et administration. Dans le contexte particulier d’une unité de réanimation néonatale, où la survie est déjà très fragile, attribuer ces décès uniquement à une infection nosocomiale, si infection il y a, et en faire la seule responsabilité des soignants, revient à ignorer les réalités scientifiques.

Enfin, il précise que la responsabilité médicale doit être fondée sur une faute avérée dans l’action du médecin ou du soignant, et non sur des imputations faites faute d’avoir identifié d’autres causes, ce qui permettrait d’éluder les responsabilités plus larges du système.

L’article Affaire des nourrissons : boucs émissaires et défaillances du système est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

❌