L’université de Harvard paye au prix fort ses positions pro-palestiniennes
Afin de punir la prestigieuse université américaine de Harvard d’avoir laissé propager « l’antisémitisme » dans son campus lors des manifestations estudiantines en avril 2024 contre la guerre menée par Israël à Gaza, Donald Trump menace de lui retirer ses importants avantages fiscaux.
La prestigieuse université de Harvard est une nouvelle fois dans le viseur de Donald Trump.
Ainsi, en plein bras de fer entre ce temple du savoir et de la recherche scientifique et la Maison Blanche, le président américain n’a pas hésité, mercredi 16 avril 2025, à accuser cette université privée installée à Cambridge près de Boston de recruter essentiellement « des gauchistes radicaux, des idiots et des cervelles de moineau ». Et que, par conséquent, elle ne mérite pas les subventions du gouvernement américain. « Harvard est une BLAGUE qui enseigne la haine et l’imbécillité, et qui ne devrait plus recevoir de fonds fédéraux », a-t-il martelé sur Truth Social.
Pourquoi tant de haine pour cette vieille Dame fondée en 1636 qui compte environ 30 000 étudiants, qui a formé 162 lauréats de prix Nobel, et au sein de laquelle huit présidents des Etats-Unis ont étudié. Et qui se place de surcroît en tête depuis des années du classement mondial de Shanghai des établissements d’enseignement supérieur.
La cause palestinienne s’invite au débat
La réponse est déconcertante. Depuis la mobilisation des étudiants américains en soutien aux Palestiniens il y a un an, Donald Trump n’a pas caché son animosité envers les universités américaines. Or, Harvard, comme d’autres universités américaines, a été le théâtre d’une mobilisation étudiante contre la guerre menée par Israël à Gaza. En avril 2024, les manifestations estudiantines se sont fait de plus en plus nombreuses et touchent un nombre grandissant de campus. Partout aux États-Unis, des centaines d’autres suivront. Le débat s’invite alors dans la campagne présidentielle et le mouvement est régulièrement taxé d’antisémite par des conservateurs américains.
En guise de représailles, l’administration Trump s’est empressée de supprimer de centaines de visas d’étudiants étrangers et de multiplier les arrestations d’activistes étudiants pro-palestiniens, désormais menacés d’expulsion; alors qu’ils résidaient en situation régulière sur le sol américain.
En guise de représailles, l’administration Trump s’est empressée de supprimer de centaines de visas d’étudiants étrangers et de multiplier les arrestations d’activistes étudiants pro-palestiniens, désormais menacés d’expulsion; alors qu’ils résidaient en situation régulière sur le sol américain.
« Nous allons retirer leur visa ou leur green card (titre de résidence permanente aux États-Unis) à tous les soutiens du Hamas aux États-Unis pour qu’ils puissent être expulsés ». Ainsi a commenté le secrétaire d’État américain Marco Rubio le 12 mars 2025. Et ce, au moment de l’arrestation de Mahmoud Khalil, ce Palestinien qui était le leader des manifestations qui ont agité le campus de Columbia.
« C’est la première arrestation et il y en aura beaucoup d’autres », avait déclaré Donald Trump dans la foulée. Une juge a autorisé l’expulsion de l’étudiant le 11 avril. Selon un décompte des médias américains, plusieurs centaines d’étudiants sont concernés par la révocation de leur visa. Une manière de museler le mouvement, tout en reprochant aux universités leur « antisémitisme ».
La vérité c’est que Donald Trump a toujours dépeint les universités et l’éducation en général comme un bastion « d’endoctrinement » de la gauche et du « wokisme ». Il s’est fixé pour objectif de mettre tout le système éducatif américain au diapason avec sa vision du monde.
Résilience
Une vision du monde hostile à tout principe hérité des mouvements civiques aux Etats-Unis, notamment la diversité, l’équité et l’inclusion. Une politique mise en place dans les années 1960 afin de rééquilibrer la société américaine marquée par son passé ségrégationniste. Or, en bon républicain, Donald Trump a demandé aux universités de mettre en place toute une série de mesures, dont l’exclusion de tout programme promouvant la diversité.
Dans une lettre adressée aux étudiants et aux enseignants, le président de l’université, Alan Garber, a rappelé que Harvard n’abandonnerait pas « son indépendance, ni ses droits garantis par la Constitution », comme la liberté d’expression consacrée par le Premier amendement.
C’était sans compter sur la résilience de l’université de Harvard. Lundi 14 avril 2025, la présidence de Harvard a marqué les esprits en s’opposant publiquement aux demandes de l’administration Trump. Dans une lettre adressée aux étudiants et aux enseignants, le président de l’université, Alan Garber, a rappelé que Harvard n’abandonnerait pas « son indépendance, ni ses droits garantis par la Constitution », comme la liberté d’expression consacrée par le Premier amendement.
« Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner, qui elles peuvent enrôler et embaucher, ni sur quelles matières elles peuvent mener des recherches », a-t-il ajouté. Une fin de non-recevoir saluée sur le campus de la plus ancienne université du pays ainsi que par plusieurs figures du Parti démocrate, dont l’ancien président Barack Obama, lui-même ancien étudiant qui a salué sur X un « exemple » et espéré que d’autres « institutions » suivront cette voie.
Cette courageuse prise de position aura coûté à Harvard le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales et la suspension de 60 millions de dollars de contrats. Sachant que les subventions fédérales représentent 11 % des revenus de Harvard, sur un budget annuel de 6,4 milliards de dollars.
Mais, dotée d’un immense patrimoine de plus de 50 milliards de dollars – un chiffre supérieur au PIB de la Tunisie -, l’université de Harvard peut se permettre le luxe de tenir tête à l’actuelle l’administration américaine.
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