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L’alerte de Mezzouna ou quand l’école devient un danger !

Mezzouna, Sidi Bouzid, 14 avril 2025 : trois élèves perdent la vie, écrasés par un mur effondré dans leur propre lycée. Ce drame, survenu dans un établissement scolaire censé garantir sécurité et savoir, a bouleversé tout un pays. Mais il ne s’agit pas d’un accident isolé. Il est le reflet brutal d’une réalité que l’on tait depuis trop longtemps : l’état catastrophique des infrastructures éducatives en Tunisie.

Aymen Achouri *

Des murs qui s’effritent, des plafonds qui menacent de tomber, des sanitaires hors service, des fenêtres cassées, des classes sans chauffage ni ventilation, des toilettes sales et sans eau courante : tel est le quotidien de milliers d’élèves tunisiens, notamment dans les régions intérieures du pays. Dans les gouvernorats comme Sidi Bouzid, Kasserine, Siliana ou Kébili, des écoles publiques accueillent chaque jour des enfants dans des conditions indignes, parfois inhumaines. Et cela les autorités publiques au plus haut sommet de l’Etat le savent bien, mais ne font rien pour le changer, se contentant souvent de commenter une situation catastrophique qui exige plutôt des interventions urgentes.

Les enseignants, eux aussi, tirent la sonnette d’alarme depuis des années. Syndicats, associations, médias régionaux : tous ont dénoncé la vétusté croissante des établissements, sans réponse concrète de la part des autorités. Le drame de Mezzouna vient confirmer, avec une violence inouïe, ce que beaucoup savaient déjà : certaines écoles tunisiennes sont devenues des pièges mortels.

Une fracture régionale criante

Ce drame révèle aussi une profonde inégalité entre les régions. Tandis que certaines écoles en milieu urbain disposent d’un minimum de moyens, celles des zones rurales sont souvent laissées à l’abandon. Cette fracture n’est pas seulement matérielle : elle traduit une marginalisation continue des régions de l’intérieur, renforçant le sentiment d’injustice sociale chez les jeunes et les familles.

Alors que la Constitution tunisienne garantit l’égalité des chances et le droit à l’éducation, la réalité du terrain est tout autre. Comment parler d’égalité quand certains élèves doivent faire cours dans des salles délabrées, sans tableau ni bancs, et parfois même sans toit?

Face à l’émotion provoquée par la tragédie, les autorités ont promis l’ouverture d’une enquête et l’identification des responsables. Le Président de la République lui-même a exprimé sa tristesse. Mais les mots ne suffisent plus. Il faut des actes, des plans concrets, des réformes structurelles. Il faut un audit national urgent des infrastructures éducatives, un plan de rénovation à grande échelle, une révision des budgets, et surtout un suivi transparent.

L’éducation ne peut plus attendre

L’éducation ne peut plus être sacrifiée sur l’autel des équilibres budgétaires ou des calculs politiques. Une société qui laisse ses enfants étudier dans des conditions dangereuses est une société qui abandonne son avenir.

La mort tragique d’Abdelkader, Youssef et Hammouda à Mezzouna ne doit pas rester un fait divers dramatique qui occupe l’opinion un court moment puis est rapidement oublié. Elle doit être le point de départ d’une véritable prise de conscience collective. Chaque enfant tunisien a le droit d’aller à l’école en toute sécurité. C’est une exigence humaine, morale, nationale.
Ce drame doit constituer un tournant. Pour que plus jamais un élève ne perde la vie en allant chercher le savoir. Pour que l’école redevienne un refuge, un lieu de croissance, un socle de justice. Pour que Mezzouna ne soit pas un symbole d’abandon, mais le point de départ d’un changement profond.

* Expert en management, relations et coaching client.

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Ces murs menaçant de s’effondrer au cœur de Tunis

Après la chute, avant-hier, lundi 14 avril 2025, du mur d’enceinte d’un lycée à Mezzouna (gouvernorat de Sidi Bouzid), ayant causé la mort de trois élèves, l’auteur attire l’attention des autorités sur les vieux immeubles qui menacent de s’effondrer à tout moment au cœur même de Tunis.

Samir Messali   

Après la disparition de son souk des produits importés de Naples et d’ailleurs, florissant dans les années 80, et la fermeture du seul endroit chaud de la capitale contrôlé par les autorités, la rue Zarkoun, qui traverse la moitié de la Médina à partir de la rue Mongi Slim, a perdu beaucoup de son attrait.

Hormis quelques commerces de tissu, la rue est presque déserte mais ce qui attire l’attention de ceux, qui comme moi empruntent cette rue pour aller à la Kasbah en évitant l’encombrement de la rue Zitouna, ce sont ces  innombrables immeubles à gauche et à droite qui sont presque tous en ruine.

Qu’il s’agisse d’anciennes maisons «arabes» ou des immeubles «européens», il n’en reste que les murs extérieurs. Il ne faut pas être expert pour constater la menace d’un effondrement qui peut arriver à tout moment.

Il est vrai que la rue n’a plus d’attrait immobilier. Ajoutez à cela des situations foncières complexes de biens d’étrangers ou d’héritiers désintéressés, cela n’empêche que les autorités doivent intervenir rapidement afin de démolir ces immeubles qui constituent un vrai danger public. La plaque jaune mise par la municipalité de Tunis à l’angle de la rue de l’Ancienne douane sommant les passants à éviter le passage à côté de ces immeubles ne suffit vraiment pas à éviter un éventuelle catastrophe.

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La Grande-Bretagne reconnaîtra-t-elle la Palestine en tant qu’État?

À l’heure où le président français Emmanuel Macron tente de créer une dynamique en Occident pour la reconnaissance d’un État de Palestine, de nombreuses voix s’élèvent parmi les travaillistes britanniques au pouvoir pour que leur pays aille dans ce sens, de manière à marquer une distance par rapport au génocide actuellement perpétré par Israël à Gaza et en Cisjordanie, Israël qui, rappelons-le, fût historiquement une émanation de l’occupation britannique de la Palestine. (Ph. Emily Thornberry).

Imed Bahri

La Grande-Bretagne est à l’origine de la sinistrement célèbre Déclaration de Balfour et le mandat dévoyé qui lui a été délivré par la Société des Nations au lendemain de la Première guerre mondiale pour administrer la Palestine afin de la préparer à l’indépendance s’est achevé par la création d’Israël et depuis le peuple palestinien subit l’occupation et son corollaire fait de déplacement forcé et de massacres à répétition. Le pays qui a causé la tragédie du peuple palestinien va-t-il lui reconnaître enfin son État? 

Patrick Wintour, rédacteur en chef diplomatique du Guardian, a écrit que les députés britanniques issus de la majorité parlementaire travailliste fait pression sur le ministère des Affaires étrangères pour la reconnaissance d’un État palestinien. 

Emily Thornberry, présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des communes, a appelé la Grande-Bretagne à se joindre au président français Emmanuel Macron qui annoncé la semaine dernière, en marge de la visite officielle qu’il effectuait en Égypte, que la France pourrait reconnaître la Palestine en tant qu’État lors de la conférence internationale sur la solution à deux États qui se tiendra à New York en juin. Cette conférence sera coprésidée par la France et l’Arabie saoudite. Le président français a formulé le vœu que cet événement soit décisif. 

Agir avant qu’il ne soit trop tard  

Thornberry a déclaré que le moment était venu pour la Grande-Bretagne de reconnaître un État palestinien: «Nous devons le faire avec nos amis et avec la France. De nombreux pays attendent. Si l’Occident n’agissait pas rapidement, il n’y aurait plus de Palestine à reconnaître»

Chris Doyle, président du Conseil pour l’entente arabo-britannique (Caabu), a soutenu cette initiative affirmant qu’elle était attendue depuis longtemps et qu’une action de deux membres permanents du Conseil de sécurité enverrait un message fort à l’ensemble de la communauté internationale. Il a également déclaré que si la Grande-Bretagne n’agissait pas rapidement, son action serait entravée en raison de l’intention d’Israël d’annexer effectivement la Cisjordanie. Cabo bénéficie d’un fort soutien parmi les députés travaillistes dont beaucoup sont en colère contre Israël et ses actions à Gaza. La colère monte également à cause de l’interdiction faite à deux députés travaillistes de se rendre en Cisjordanie.

La position officielle du ministère des Affaires étrangères reste qu’il reconnaîtra la Palestine au moment opportun et avec le plus grand impact mais lorsque David Cameron était ministre des Affaires étrangères, il avait légèrement ajusté cette position lorsqu’il déclara que la Grande-Bretagne devrait attendre la fin du processus politique pour reconnaître un État palestinien. Faisant référence à Israël, il déclara aussi qu’aucun pays ne pouvait utiliser son droit de veto contre la décision de la Grande-Bretagne de reconnaître la Palestine.

Macron a surpris les observateurs la semaine dernière lorsqu’il a exprimé l’espoir que la conférence de juin inciterait un groupe de pays à reconnaître un État palestinien, des déclarations qui ont clairement accru la pression diplomatique sur la Grande-Bretagne pour qu’elle suive l’initiative française.

«Nous devons aller vers la reconnaissance [d’un État palestinien], et nous le ferons dans les prochains mois», a-t-il déclaré au micro de France 5. Il a ajouté, faisant référence à certains États du Golfe dont l’Arabie saoudite: «Je souhaite également participer à une dynamique collective qui permette à tous les défenseurs de la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que beaucoup d’entre eux ne font pas».

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui a personnellement accusé Israël de commettre un génocide contre les Palestiniens, a déclaré que l’Arabie saoudite ne reconnaîtrait Israël que dans le cadre d’un accord incluant une voie irréversible vers un État palestinien.

Bien qu’il existe des doutes dans certains cercles britanniques quant à la volonté de Macron de marquer une hostilité à Israël, les liens personnels et politiques entre Keir Starmer et le président français sont forts et il serait difficile pour le ministère des Affaires étrangères britannique de résister à toute forte pression française pour reconnaître la Palestine surtout si elle est considérée comme faisant partie d’un effort de paix entre l’Europe et le Golfe.

L’Irlande, l’Espagne et la Norvège montrent la voie

En mai, la France a choisi de ne pas suivre l’Irlande, l’Espagne et la Norvège en reconnaissant un État palestinien. Actuellement, 148 des 193 États membres de l’Assemblée générale des Nations Unies reconnaissent l’État de Palestine. Aucun pays occidental membre du G20, y compris le Canada, l’Allemagne et l’Italie, n’a encore franchi le pas.

Alors que la Knesset israélienne a voté contre la solution à deux États le mois dernier, le chef de l’opposition Yair Lapid voit une opportunité à moyen terme pour cette solution tant que le Hamas ne fait pas partie du gouvernement.

La décision française pourrait provoquer la colère d’Israël et des États-Unis mais Macron estime qu’une alliance avec les États du Golfe pourrait inciter le président Donald Trump à reconsidérer son soutien au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a réagi sur les réseaux sociaux en déclarant: «La reconnaissance unilatérale d’un État palestinien fictif récompense le terrorisme et renforce le Hamas»

Face à la réaction négative, Macron, a répondu sur la plateforme X en hébreu affirmant qu’il était victime d’une série d’interprétations sans fondement. Il a déclaré que la position de la France est «Oui à la paix, oui à la sécurité d’Israël, oui à un État palestinien sans le Hamas. Cela nécessite la libération de tous les détenus, un cessez-le-feu durable, la reprise immédiate de l’aide humanitaire et la promotion d’une solution politique à deux États. Il n’y a pas d’autre voie qu’une solution politique. Je soutiens le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, tout comme je soutiens le droit des Israéliens à vivre en paix et en sécurité tant que les deux États sont reconnus par leurs voisins. La conférence sur la solution à deux États qui se tiendra en juin doit être décisive. Je fais tout mon possible avec nos partenaires pour atteindre cet objectif de paix. Nous en avons désespérément besoin».

Signe de la volonté apparente des États-Unis d’accepter l’annexion de la Cisjordanie, le Sénat américain a voté la semaine dernière pour nommer le pasteur évangélique Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, comme ambassadeur des États-Unis en Israël. Huckabee fait référence à la Cisjordanie par ses noms juifs bibliques «Judée et Samarie» et soutient son rattachement à Israël. 

Une injustice historique à réparer

Pendant ce temps, Vincent Fean, l’ancien consul général britannique à Jérusalem, a appelé à la reconnaissance de la Palestine. Dans un article publié samedi dans The Independent. Il a déclaré que reconnaître la Palestine ne signifie pas prendre parti, récompenser le terrorisme ou délégitimer Israël mais plutôt l’égalité et l’application du droit international.

Il a déclaré que la Grande-Bretagne doit être un leader sur cette question et non un suiveur. Il a écrit: «Notre pays porte une responsabilité historique découlant des promesses non tenues de la Déclaration Balfour et de notre mauvaise application du Mandat sur la Palestine jusqu’en 1948. Il y a un besoin urgent: sous Benjamin Netanyahu, Israël s’efforce systématiquement de saper tout espoir de coexistence pacifique de deux États, une politique partisane poursuivie par les gouvernements britanniques successifs. Notre gouvernement a été élu sur la base de son engagement à reconnaître la Palestine et à respecter le droit international, sans crainte ni favoritisme. Nous devons diriger l’Europe et le Commonwealth d’une manière qui soit conforme à nos valeurs et serve nos intérêts nationaux. L’État de droit est dans notre intérêt».

Pour la Grande-Bretagne, il ne s’agit pas seulement d’une question de diplomatie mais aussi de justice et de responsabilité historique. Il y a plus d’un siècle, la Grande-Bretagne et la France ont négocié en secret l’accord Sykes-Picot divisant les provinces arabes de l’Empire ottoman en sphères d’influence. La Grande-Bretagne contrôlait la Palestine en vertu d’un mandat de la Société des Nations avec le devoir déclaré d’aider son peuple à accéder à l’indépendance. En lieu et place de cette indépendance palestinienne, il y a eu la création d’Israël.

Vincent Fean a déclaré que l’Empire britannique a contribué à façonner les frontières du Moyen-Orient moderne pour le meilleur ou pour le pire. Il estime qu’aujourd’hui le gouvernement britannique a désormais l’occasion d’aider les peuples du Moyen-Orient à remodeler leur avenir en menant des efforts pour la création d’un État palestinien.

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Sortie en salles d’‘‘Agora’’, le dernier film d’Alaeddine Slim

 ‘‘Agora’’, le dernier long métrage de fiction de Alaeddine Slim sortira en salles en Tunisie à partir de ce mercredi 16 avril 2025. Des projections-débats sont programmées jusqu’au 26 avril dans plusieurs villes du pays en présence du réalisateur, des membres de son équipe et de critiques. Vidéo.

Ce drame, production tuniso-française d’une durée de 1h40min, réunit dans les principaux rôles Neji Kanawati, Bilel Slatnia, Majd Mastoura, Sonia Zarg Ayouna et Fathi Akkari.  

Synopsis : dans une ville lointaine, des personnes disparues reviennent dans des circonstances inexplicables. Une enquête est ouverte, menée par l’inspecteur de la police locale Fathi, assisté de son ami médecin Amine. Les choses se compliquent et des renforts sont envoyés de la capitale pour résoudre l’affaire.

Ala Eddine Slim est le cofondateur d’Exit Productions, l’une des premières sociétés de production indépendantes en Tunisie. Il a réalisé et produit plusieurs films de toutes catégories et genres, qui ont été sélectionnés et primés dans plusieurs festivals de par le monde à l’instar du documentaire ‘‘Babylon’’ (co-réalisé avec Youssef Chebbi et Ismaël en 2012, Grand Prix FID Marseille 2012), ‘‘The last of us’’ (Lion du futur à la Mostra de Venise en 2016), ‘‘Tlamess’’ (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes en 2019). Son dernier film, ‘‘Agora’’ a été primé au prestigieux festival de Locarno en 2024.

Hormis son activité cinématographique, Ala est aussi artiste visuel. Sa série vidéo ‘‘Journal d’un homme important’’ a été programmée au Centre Pompidou à Paris en 2012 et son installation ‘‘3an’’ (co-créee avec Malek Gnaoui) a été présentée à Dream City 2022 (Tunisie) et Sharjah Biennial 2023 (Emirat arabes unis).

Programme des projections spéciales

Mercredi 16 avril à 18h : projection présentée par Alaeddine Slim – Le Rio – Tunis centre-ville.

Jeudi 17 avril 18h : projection-débat animé par Tahar Chikhaoui, critique de cinéma, en présence de Alaeddine Slim – Théâtre El Hamra à Bab Dzira – Tunis centre-ville.

Vendredi 18 avril à 10h30 : conversation avec Tahar Chikhaoui et Alaeddine Slim – CinéMadart Carthage – Espace Lez’art.

Samedi 19 avril à 18h30 : projection-débat en présence de l’équipe du film – Le Majestic – Bizerte.

Dimanche 20 avril à 16h : projection suivie d’une rencontre avec le cast du film, animée par Ghazi Zaghbani, acteur et metteur en scène – Espace Lartisto – Lafayette, Tunis centre-ville.

Mercredi 23 avril à 16h : projection-débat en présence de l’équipe du film – Ciné 350 – Cité de la Culture, Tunis.

Mercredi 23 avril à 18h : projection-débat en présence de l’équipe du film – Le Rio – Tunis centre-ville.

Jeudi 24 avril à 13h : projection-débat en présence de l’équipe du film – Esac – Gammarth, banlieue nord de Tunis.

Samedi 26 avril à 16h : projection-débat en présence de l’équipe du film – Espace Fausse Note – Hammamet.

Samedi 26 avril à 18h30 : projection-débat en présence de l’équipe du film – Espace Jeelen – Nabeul.

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Rencontre à Paris | Le retour de Gilbert Naccache   

Gilbert Naccache nous a quittés en décembre 2020, mais plus de quatre ans après, il est à nouveau présent à travers deux ouvrages puissants qui prolongent son engagement et sa mémoire : ‘‘Le seigneur des rats’’ et ‘‘Réflexions d’un promeneur solitaire’’, publiés à titre posthume.

Né le 15 janvier 1939 à Tunis au sein d’une famille juive tunisienne et mort le 26 décembre 2020 à Paris, Gilbert Naccache est un écrivain et militant de gauche tunisien. Ingénieur agronome de formation, il travaille au ministère de l’Agriculture entre 1962 et 1967. Expulsé du Parti communiste tunisien en 1959 pour ses tendances trotskystes, au milieu des années 1960, il rejoint le mouvement d’extrême-gauche clandestin Perspectives tunisiennes et devient l’un de ses principaux dirigeants.

Opposant au régime du président Habib Bourguiba, il est arrêté en 1968, torturé puis jugé par la Cour de sûreté de l’État et condamné à 16 ans de prison. Incarcérations, grèves de la faim, grâce présidentielle, assignations à résidence, puis nouvelles détentions et nouvelles condamnations à la prison, il bénéficiera d’une libération conditionnelle en 1979 et ne retrouve la totalité de ses droits qu’après la révolution de 2011. Il restera longtemps un symbole du combat pour les libertés et les droits en Tunisie et au Maghreb.

‘Le seigneur des rats’’ est une BD signée Z, adaptée de la nouvelle écrite par le militant de gauche en prison en 1976. Tout commence avec un carnet mystérieux trouvé sur une plage, un professeur d’histoire intrigué, un chat nommé Nénuphar… et une inquiétante armée de rats. Avant son départ, Gilbert Naccache avait confié à Z le soin d’adapter cette fable sombre et lucide, une histoire qui résonne aujourd’hui encore avec force face aux dérives autoritaires contemporaines.

L’ouvrage est édité en France chez Alifbata et en Tunisie chez Nirvana.

‘‘Réflexions d’un promeneur solitaire’’ est un recueil de textes choisis par Gilbert lui-même parmi ses publications sur les réseaux sociaux entre 2011 et 2016.

Inachevé par Gilbert, cet ouvrage précieux témoigne de la profondeur et de l’engagement toujours vivant de sa pensée. Thameur Mekki souligne dans la préface : «Jamais sur un ton testamentaire, rarement sur une note martiale, mais toujours fin observateur… Vraiment, tout y passe !»

L’ouvrage est édité en Tunisie par Nirvana.

Une rencontre autour de ces deux livres aura lieu jeudi 17 avril à 19h au CICP au 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris, avec la participation de Sarra Grira, Hatem Nafti et Z. Slim Naccache lira des extraits de l’ouvrage.  

La BD ‘‘Le seigneur des rats’’ sera disponible à la vente sur place, avec une séance de dédicace spéciale de Z.

L’événement est organisé par l’Association Gilbert Naccache, avec le soutien du Centre pour le respect des mibertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT). 

I. B.

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Les larmes de Mezzouna ne lavent pas notre honte

Dans ce billet, l’auteure réagit, en tant que citoyenne, mère, enseignante, au décès accidentel, hier, lundi 14 avril 2025, de trois élèves de 18 et 19 ans dans l’effondrement d’un mur d’enceinte de leur lycée à Mezzouna dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, drame qui a bouleversé tous tout un pays.

Hanen Ghanmi *

La vie s’est arrêtée ce matin. Trois rires, trois destins, trois étoiles éteintes sous les décombres d’un passé qui n’aurait jamais dû ressurgir. Je suis citoyenne, mère, enseignante… et aujourd’hui, je ne suis plus que douleur, mêlée à la poussière des pierres qui ont volé vos rêves.

Citoyenne, je regarde cette ville qui vacille. Les murs fissurés par l’indifférence, les cris étouffés par l’oubli. Comment avons-nous pu laisser mourir l’avenir dans l’indolence ? Les rapports alertaient, les parents suppliaient, les enfants passaient chaque jour sous l’épée de Damoclès d’un mur oublié. Et nous, nous, avons détourné les yeux.

Mère, je cherche vos visages dans la foule silencieuse. Trois garçons qui auraient dû courir vers leurs examens, leurs premiers amours, leurs espoirs. Je pense à vos mères, dont les bras tremblent maintenant de vide. Leur souffle est un cri rauque, un «Pourquoi eux ?» qui déchire le ciel gris.

Enseignante, je ferme les manuels. À quoi bon les équations, les poèmes, les leçons de vie, quand la vie elle-même est ensevelie? Hier encore, je leur parlais d’architecture, de solidité, de construire l’avenir. Aujourd’hui, l’ironie me mord l’âme : c’est un mur d’hier qui a tué leur avenir.

Je les imaginais ingénieurs, artistes, médecins. Ils sont devenus fantômes, et moi, gardienne d’une mémoire trop lourde. Leurs noms résonnent dans les couloirs vides : Mehdi, Youssef, Rayan. Des syllabes qui sonnent comme un glas.

La ville de Mezzouna pleure, mais ses larmes ne lavent pas la honte. Les bulldozers ronronnent enfin, mais ils ne rendront pas les battements de cœur qui manquent à l’appel. Je m’accroche à ce qui reste : des stylos sans mains, des rires en écho, une colère sourde qui dit «Plus jamais ça».

Plus jamais ça.

Mais les murs ont la mémoire longue, et les plaies des mères, éternelles.

Enfin, au nom de toute la communauté scolaire, j’adresse mes pensées les plus sincères et mes vœux de prompt rétablissement aux deux lycéens blessés lors de ce tragique accident. Que le courage et le soutien de leurs proches, de leurs camarades et de leurs enseignants les accompagnent dans cette épreuve difficile. Nous espérons de tout cœur les revoir bientôt parmi nous, en pleine santé, pour poursuivre leurs rêves et retrouver la chaleur de la vie scolaire.

* Professeur à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Gafsa. 

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Transport | Don de bus français à la Tunisie

La Société des transports de Tunis (Transtu) a reçu, lundi 14 avril 2025, 80 bus urbains, premier lot d’un ensemble de 165 bus réguliers modifiés en marge des récents Jeux Paralympiques de Paris.

Il s’agit d’une partie de la convention de don signée entre la Transtu, la Fondation Île-de-France Mobilités et la Régie autonome des transports parisiens (RATP) en date du 27 janvier 2025, lit-on dans un communiqué officiel.

Ce lot sera mis en service dans les prochaines semaines, en attendant la réception ultérieure du deuxième lot de 85 bus.

Ce lot de bus va permettre d’améliorer le système de transport public urbain dans le pays.

La cérémonie de remise des bus, au port de La Goulette, s’est déroulée en présence du directeur de cabinet du ministère des Transports, du PDG de la Transtu et de nombre de responsables du ministère et de représentants de l’entreprise.

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Djerba lance un modèle communautaire de valorisation des déchets

L’île de Djerba a accueilli, lundi le 14 avril 2025, le lancement officiel du projet pilote visant à transformer les déchets organiques ménagers en énergie propre et renouvelable. Un projet qui pourrait être dupliqué dans d’autres régions tunisiennes.

Ce projet intitulé «Vers un modèle circulaire de traitement et de valorisation des déchets et des matières» est une initiative innovante portée par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), en partenariat avec l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) et l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged). Il s’inscrit dans les engagements climatiques ambitieux de la Tunisie, notamment dans le cadre de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), et vise à transformer la gestion des déchets à Djerba à travers des solutions circulaires, durables et intégrées.

Il ne s’agit pas seulement d’une solution technique, mais d’une réponse centrée sur les populations face à une urgence environnementale et sociale. Il bénéficiera d’un financement généreux du gouvernement du Japon, ainsi que d’un appui complémentaire de l’Italie via le mécanisme Pista.

Lors de l’événement de lancement, l’ambassadeur du Japon en Tunisie, Takeshi Osuga, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la transition écologique et du développement durable ainsi que de la consolidation de la sécurité humaine en Tunisie, tout en soulignant l’importance de renforcer les synergies sectorielles entre l’environnement, l’énergie et l’agriculture, notamment à travers les efforts de sensibilisation et la collaboration internationale élargie, pour construire des modèles de gestion des déchets résilients, créateurs d’emplois et respectueux de l’environnement.

Céline Moyroud, représentante résidente du Pnud en Tunisie, a pour sa part salué la mobilisation des partenaires nationaux et locaux, et rappelé que ce projet incarne la vision d’un développement inclusif et durable. «Ce projet pilote est une démonstration d’un modèle économique circulaire qui peut améliorer la vie des citoyens tout en répondant à l’urgence climatique», a-t-elle déclaré, en insistant sur l’importance d’initiatives concrètes, ancrées dans les territoires, pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.

Badreddine Lasmar, directeur général de l’Anged, a salué l’engagement des partenaires internationaux aux côtés de la Tunisie dans sa transition vers un avenir meilleur. Il a souligné l’importance de l’exemple de Djerba, qui permettra d’apporter une réponse intégrée à la problématique des déchets, en combinant plusieurs techniques pour une revalorisation efficiente et durable.

De son côté, Imed Landolsi, directeur de la biomasse de l’ANME, a réaffirmé l’engagement de son agence à soutenir toutes les initiatives visant à diversifier les sources d’énergie proposées en Tunisie. Il a rappelé l’importance stratégique de la valorisation des biodéchets comme gisement énergétique, essentiel pour renforcer l’indépendance énergétique du pays. «Djerba devient une référence. Nous y construisons un système qui intègre recyclage et valorisation énergétique de manière intelligente», a-t-il déclaré.

Avec le soutien des communautés locales et des partenaires internationaux, ce projet suscite déjà de l’intérêt pour une réplication à Sfax, Tunis et ailleurs. Il montre qu’une solution environnementale peut aussi améliorer la santé publique, créer de l’emploi et renforcer la cohésion sociale.

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Tunisie | Restauration du Ksar Ouled Soltane à Tataouine

Ksar Ouled Soltane, lancien grenier fortifié dorigine berbère, à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, vient dêtre restauré, grâce à lAgence italienne de coopération au développement (AICS).

Pour célébrer l’événement, une cérémonie a été organisée lundi 14 avril 2025, en présence de l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, de la directrice de l’AICS) à Tunis, Isabella Lucaferri, du directeur de l’Institut national du patrimoine (INP), Tarek Baccouche, et de représentants des autorités locales.

Selon l’AICS, qui l’a annoncé sur ses réseaux sociaux, le point de vente de produits locaux du Groupement de développement agricole féminin de Tataouine a également été inauguré à cette occasion.

Cette action fait partie du projet Rinova – Assainissement environnemental, création demplois et développement territorial à Tataouine, mis en œuvre par la municipalité de Nuoro (Italie), en collaboration avec l’association Arcs Tunisie, un projet pilote qui vise à promouvoir un développement territorial durable et résilient à travers la gestion des déchets, le soutien à l’économie locale et la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel.

A cette occasion, Prunas a exprimé son admiration pour l’implication active des femmes rurales, soulignant leur contribution essentielle à la dynamique locale et à l’innovation sociale. Un bel exemple de coopération tuniso-italienne au service des territoires et des collectivités locales, conclut l’Aics dans une note.

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Le Tunisia Digital Summit les 29 et 30 avril

La 9e édition du Tunisia Digital Summit (TDS) se tiendra à l’Hôtel Laico à Tunis les 29 et 30 avril 2025, sur le thème : «Digitalisation et rôle social de l’État : construire des services publics inclusifs».

Environ 1 500 visiteurs sont attendus à cet événement sur la transformation numérique, qui réunira décideurs publics, dirigeants du secteur privé, experts en technologie et innovateurs pour repenser l’avenir des services publics à l’ère numérique.

Selon les organisateurs, 80 exposants ont confirmé leur présence au salon, qui explorera comment le numérique peut améliorer l’accès aux services, renforcer l’inclusion et réduire la fracture numérique.

Des solutions innovantes pour des services publics plus accessibles et centrés sur le citoyen seront présentées à travers 7 panels, conférences et ateliers.

Un espace dédié à l’innovation accueillera les dernières technologies, produits et services numériques présentés par des entreprises, des startups et des institutions.

Des prix seront également décernés aux projets, entreprises et initiatives qui font preuve d’excellence numérique.

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La Tunisie dans l’œil du cyclone Trump

La décision surprise de Donald Trump d’augmenter considérablement les droits de douane sur tous les produits importés de tous les pays, qu’ils soient amis ou pas, marque la fin d’une ère et l’entrée du monde dans une zone de fortes turbulences dont personne ne peut prévoir l’issue. L’auteur, économiste de formation, navigue dans cet article entre l’économie, la géopolitique et même la psychologie des principaux acteurs, en particulier Donald Trump pour les Etats-Unis et Kais Saïed pour la Tunisie, pour estimer les risques et les enjeux pour notre économie déjà si fragile et proposer une stratégie de riposte à la guerre économique mondiale déclenchée au nom du slogan «America First».

Dr. Sadok Zerelli

Je ne suis pas particulièrement superstitieux et je ne crois pas tellement aux symboliques tels que porte-bonheur ou porte-malheur, mais je ne peux pas m’empêcher de relever la coïncidence entre la première élection de Kais Saïed en 2019 et l’arrivée du Covid 19 en 2019/2020 qui a constitué le premier choc extérieur qui a frappé de plein fouet l’économie tunisienne, suivi en 2022 par un deuxième choc extérieur constitué par la flambée des prix du pétrole et des matières premières suite au déclenchement de la guerre en Ukraine et maintenant un troisième choc extérieur auquel personne ne s’attendait non plus constitué par la guerre économique que Trump a déclenché contre le reste du monde, y compris la Tunisie.

Je n’irais pas jusqu’à dire que l’élection de Kais Saïed comme Président de la République a porté malheur à la Tunisie, mais je dirais que les vents ne lui sont pas favorables et que le conjoncture n’a pas voté pour lui.

Contrairement aux deux premiers chocs extérieurs qui ont fait beaucoup de mal à l’économie tunisienne, mais qui ont été relativement rapidement circonscrits, ce troisième choc me semble être plus dévastateur, plus durable et plus difficile à maîtriser non seulement pour notre pays mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale.

L’Histoire retiendra que le 2 avril 2025, le jour de l’annonce par Trump de la guerre des droits de douane, le monde a basculé du système économique et politique mis en place en 1945 à Yalta et à Bretton Woods après la fin de la deuxième guerre mondiale, il y a 70 ans, vers un nouveau système dont personne, y compris Trump lui-même, ne peut prévoir les conséquences et l’issue finale, avec le risque accru de déclanchement d’une troisième guerre mondiale qui signifiera la fin de l’humanité.et de la vie sur terre.

Dans le présent article, je vais essayer de me limiter à analyser les retombées directes et indirectes possibles de la décision de Trump sur l’économie de la Tunisie et esquisser les grandes lignes d’une riposte possible de Kais Saïed pour limiter les dégâts sur notre économie qui est si fragile et malade de ses propres déséquilibres structurels (faible croissance économique, chômage élevé, budget et balance commerciale largement déficitaires, endettement extérieur de moins en moins tenable, inflation encore élevée malgré les modestes progrès enregistrés…)

Un cyclone nommé Trump 

Pour le titre de cet article, j’avais l’embarras du choix entre plusieurs termes tous aussi apocalyptiques les uns que les autres : cyclone, tornade, tremblement de terre, tsunami…

Ce qui est certain, de mon point de vue d’économiste, est que la date du mercredi 2 avril 2025, à laquelle Trump a annoncé ses décisions (le moratoire de 90 jours qu’il a accordé n’est qu’un sursis et une manœuvre tactique destinée à arracher à tous les pays pris un à un le maximum de concessions en faveur des Etats-Unis) restera dans les annales de l’Histoire et sera enseignée à nos petits enfants au même titre que la date du jeudi 24 octobre 1929, le jour où, suite à une décision similaire d’augmenter les droits de douane de 40% sur les produits agricoles élargie par la suite par le Congrès à tous les produits (Loi Hawley-Smoot),la panique a éclaté à la Bourse de New York (Wall Street), provoquant un effondrement des cours boursiers, la faillite de centaines de milliers d’entreprises et une  hyperinflation. Le chômage massif qu’elle a engendré notamment en Allemagne a permis à Hitler d’accéder au pouvoir ce qui s’est traduit par le déclenchement de la deuxième guerre mondiale qui a fait 50 millions de morts des deux côtés.

Sur le plan économique, elle s’est traduite par la fin du système monétaire international de l’étalon-or (toutes les monnaies sont définies par rapport à la quantité d’or monétaire détenue par leurs banques centrales) et à la mise en place d’instances internationales telles que le Fonds monétaire internationale, la Banque Mondiale, les Nations unies, l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation mondiale de la santé…

Mon pressentiment est que l’ensemble de ce système international, caractérisé par la domination tant politique qu’économique des Etats-Unis, notamment par le biais du dollar en tant que seule monnaie convertible en or (selon un taux de change fixe de 1 once d’or vaut 36 dollars) et seul moyen de paiement des transactions internationales, va disparaître à plus ou moins brève échéance.

Par quoi serait-il remplacé? Dieu seul le sait et aucun expert aussi chevronné soit-il, y compris Trump lui-même, ne peut le prévoir et on devrait s’estimer heureux s’il ne se terminera pas par une troisième guerre mondiale qui, à l’heure des missiles hypersoniques et d’autres armes de destruction massive, effacera toute trace de l’humanité sur terre.

Le personnage de Trump 

Compte tenu du système américain hyper-présidentiel et de la concentration du pouvoir exécutif entre les mains de Trump sans réelle opposition, son parcours, sa personnalité et sa psychologie influeront ses décisions et donc le sort du monde.

A ce sujet, il ne faut pas oublier que Trump est avant tout un homme d’affaires qui, parti d’un modeste capital immobilier hérité de son père (il a commencé sa vie professionnelle en tant qu’agent de recouvrement des loyers des appartements loués par son père) a pu construire un empire immobilier et devenir multimillionnaire grâce à son intelligence, sa ruse et sa capacité de négociation (deal).

Son annonce de droits de douane massifs pour tous les pays du monde et le moratoire tactique de 90 jours qu’il vient de leurs accorder afin de les diviser et de négocier séparément avec chacun d’eux pour leur arracher le maximum d’avantages pour les Etats-Unis prouve que c’est un redoutable joueur au poker menteur. 

Il ne faut pas oublier aussi qu’il a su s’allier tous les patrons de la high tech de la Silicon Valley qui ont réussi comme lui à devenir des billionnaires grâce à leur génie et leur succès dans les affaires, en particulier Elon Musk à qui il voue une admiration sans borgne et qui est parti de l’Afrique du Sud avec 2000 dinars en poche, a émigré au Canada puis aux Etats-Unis pour fonder Space X, Neurolink, Tesla, XAI, etc., et devenir ainsi l’homme le plus visionnaire et le plus riche du monde.

Enfin, il ne faut pas oublier non plus que Trump est conscient de la puissance militaire de son pays (750 bases militaires réparties sur plus de 80 pays dans le monde) et économique (24% du PIB mondial), les deux piliers sur lesquels repose son slogan Maga (Make America Great Again) qu’il compte bien tenir, car il faut bien lui reconnaître la qualité de dire ce qu’il pense et de faire ce qu’il dit.

La nouvelle stratégie économique américaine

La stratégie économique de Trump repose sur trois axes qui sont, du moins sur le plan de la théorie économique, complémentaires et dont il n’a dévoilé pour le moment qu’un seul :

– une augmentation massive des droits de douane sur toutes les importations aux Etats-Unis;

– une baisse massive des impôts; 

– l’utilisation de l’arme du dollar.

La première arme vise à réduire le déficit commercial record des Etats-Unis (1 212 milliards de dollars en 2024) en imposant des droits de douane massifs sur toutes les importations, y compris des pays amis et alliés (Canada, Union européenne, Royaume-Uni, Japon, etc.). Elle permettra non seulement de protéger les producteurs américains de la concurrence extérieure, mais aussi de renflouer le budget américain par des recettes supplémentaires considérables et estimées à plus de 6000 milliards de dollars pour les seules trois prochaines années.  

La deuxième arme vise à compenser la baisse du pouvoir d’achat des Américains qui ne manquera pas de se produire suite aux mesures de rétorsions que les autres pays ont commencé à prendre. Cette mesure sera rendue possible grâce aux recettes générées par l’augmentation des droits de douane.

La troisième arme est la baisse de la valeur du dollar pour encourager les exportations américaines malgré les nouveaux droits de douane imposés par les autres pays. Il a déjà lancé plusieurs appels à la Fed (banque centrale américaine) pour qu’elle baisse son taux directeur d’encore 25 points alors qu’elle l’a déjà fait à deux reprises. Un des effets de cette politique monétaire accommodante est la baisse des taux d’intérêt,  l’augmentation de l’inflation et donc l’érosion de l’énorme dette publique américaine vis-à-vis du reste du monde (130% du PIB), qu’il propose de rembourser par des obligations à 100 ans ou même perpétuelles. Autant dire qu’il ne compte pas la rembourser, tout comme Nixon a refusé en 1971 la conversion en or des dollars détenus par la Banque de France à la demande de Charles De Gaulle, mettant ainsi fin unilatéralement au système monétaire international mis en place en 1944 à Bretton Woods.

Trump peut il gagner ?

Sur le papier oui mais en pratique rien n’est moins sûr.

En effet, les mesures protectionnistes qu’il a décidé de mettre en place et celles que prendrons immanquablement les autres pays en représailles vont se traduire par une baisse des échanges internationaux, un accroissement des prix à la consommation et donc de l’inflation avec à l’horizon un crash boursier et un chômage massif, y compris aux Etats-Unis mêmes, comme en 1929, et ceci tant pour des raisons théoriques que géopolitiques.

Sur le plan de la théorie économique, un célèbre économiste néoclassique du début du XIXe siècle, David Ricardo, a développé une loi qui porte son nom et qui s’appelle «la loi des avantages comparatifs», qui explique clairement pourquoi deux pays, même si l’un d’eux est plus productif dans tous les domaines, ont intérêt à se spécialiser dans la production des biens pour lesquels ils disposent d’un avantage non pas absolu mais comparatif et les échanger. Le contraire, s’enfermer et vouloir produire tous les biens dont la population locale a besoin, même ceux que d’autres pays peuvent produire à un moindre coût, se traduit par une baisse du niveau de vie de la population de tous les pays. 

Sur le plan de la géopolitique, il est clair que la Chine, avec ses 1,4, milliards d’habitants et son économie qui est la deuxième du monde (17% du PIB mondial), constitue une force économique capable de déjouer les plans de Trump. Cela est d’autant plus vrai si on tient compte qu’elle est membre fondateur des Brics qui incluent quatre autres pays (Russie, Inde, Brésil, et Afrique du Sud) qui ont été rejoints en janvier 2024 par  cinq autres (Egypte. Ethiopie, Iran, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis) pour constituer les Brics+, qui ensemble constituent 40,4% du PIB mondial et 51% de la population de la planète, plus même que celle des pays du G7 réunis 

Avec leur sagesse et leurs civilisations millénaires, ils seront à mon avis bien capables de vaincre celles des cow-boys américains qui ne datent que de quelques siècles. D’ailleurs, alors que selon Trump, les dirigeants de 75 pays l’ont déjà appelé pour le supplier de baisser les taux de droits de douane qu’il leur a imposés et seraient même disposés à «lui lécher le cul» selon son expression vulgaire, seule la Chine ne l’a pas fait et continue à rétorquer au coup par coup en portant même jusqu’à 125% les droits de douane sur les produits américains contre les 145% imposés jusqu’à maintenant par Trump.

En plus, les Chinois ont eu l’intelligence d’exonérer par la même occasion 34 pays africains de tous droits de douane afin de pouvoir exporter davantage et contourner ainsi les barrières de douane imposés par Trump, parallèlement à une dévaluation du renminbi, leur monnaie nationale, pour booster leurs exportations. 

Le match Donald Trump/Kais Saïed 

Dans cette guerre économique mondiale que Trump a déclenchée, au nom du slogan Maga, dont les retombées en termes de risque de récession économique et d’inflation toucheront tous les pays, que peut faire la petite Tunisie et son Président Kais Saïed?

Pour répondre à cette question, il faut à mon avis prendre en compte le profil et personnalité de chacun des combattants (car il s’agit bien d’un combat), avant même une analyse économique objective et quantitative des enjeux et des rapports de force.

Face à un Trump, qui a non seulement fait ses preuves et réussit dans le monde impitoyable des affaires new yorkais, mais qui est aussi diplômé de la Warthon School, une des universités les plus prestigieuses en management et finance, et Bachelor of Sciences (BS) en économie et en finance internationale (1968), notre Président est juriste de formation, même pas en droit des affaires où on apprend un peu d’économie et de finance, mais en droit constitutionnel, une discipline qu’on peut apprendre de A à Z et enseigner durant toute sa vie sans avoir à faire une seule opération arithmétique d’addition ou de soustraction (il lui est arrivé même dans ses discours de confondre entre les millions et les milliards!)

Autant dire qu’il n’y a pas photo, comme disent les jeunes.

Malgré ces différences notaires, je distingue personnellement quelques similitudes entre les deux présidents car, quelquefois, les extrêmes se rejoignent.

Comme tous les discours de Trump sont axés sur le slogan «America First», je décèle un slogan «Tunisia First» dans tous les discours de notre Président qu’il exprime à sa manière par le slogan «Le peuple veut». 

Les deux sont des super-présidents et disposent d’un pouvoir exécutif presque sans opposition qu’ils exercent par décret (Trump en a pris 117 en moins de trois mois).

Enfin, les deux présidents pensent qu’ils ont reçu une mission divine pour sauver leurs pays respectifs. 

Mais la comparaison s’arrête là car les cartes entre les mains de chacun d’eux sont très inégales au point qu’on peut parler, pour reprendre la métaphore de notre Président devant le « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial » organisé en juin 2023 en France, que c’est un combat entre Hardy (le plus gros) et Laurel (le plus petit), dont l’issue ne peut pas faire de doute. Ce pronostic se confirme par l’analyse quantitative des échanges entre la Tunisie et les Etats-Unis.

Le commerce extérieur de la Tunisie avec les Etats-Unis

Heureusement que les Etats-Unis ne sont que le 10e partenaire commercial de la Tunisie et que le total de nos échanges avec ce pays ne représente que 3% du total de notre commerce extérieur. 

En 2024, les exportations de la Tunisie ont représenté 2,013 milliards de dinars, les importations 1,797, soit un excédent commercial au faveur de la Tunisie de 215,8 millions de dinars.

Les principaux produits exportés par la Tunisie vers les Etats-Unis sont l’huile d’olive, les dattes et les articles d’artisanat, tandis que les principaux produits importés par la Tunisie sont les hydrocarbures en particulier le pétrole raffiné, des véhicules et engins de transport y compris des pièces détachées ainsi que divers machines et équipements industriels.

Le taux de droits de douane appliqué par la Tunisie sur les produits importés des Etats-Unis est de 55%, tandis que Trump vient de porter par sa dernière décision le taux de droits de douane sur les produits importés de la Tunisie à 28%, soit la moitié du taux appliqué par la Tunisie aux produits américains. 

Dans ce sens, il faut bien reconnaître que la décision de Trump n’est pas si arbitraire que cela même si elle est à regretter.

Là où elle fera beaucoup de mal à l’économie tunisienne est le fait de n’imposer que 10% de droits de douane sur les produits concurrents et souvent similaires aux nôtres tels que ceux exportés par le Maroc et qui vont bénéficier ainsi d’un avantage comparatif auprès des consommateurs américains. Le risque de perdre le marché américain, qu’il nous a fallu beaucoup d’efforts pour conquérir, est très grand.

Les axes d’une stratégie de riposte de Kais Saïed 

A mon avis, même si on entame des négociations directes avec lui, il ne faut pas espérer beaucoup de souplesse de la part de Trump, qui ne porte pas spécialement la Tunisie dans son cœur, suite aux pressions exercées sur lui par des sénateurs et des membres influents du Congrès pour punir Kais Saïed à qui ils reprochent ce qu’ils qualifient de «discours haineux anti-américains» et d’entorses à l’exercice de la démocratie en Tunisie (voir mon dernier article intitulé «Faut il se réjouir de l’arrivée des investisseurs chinois en Tunisie)

Dans ce contexte, la riposte de Kais Saïed doit être articulée à mon sens autour de trois axes:

Axe1: constituer, comme les Américains eux-mêmes font quand ils ont une décision complexe à prendre, une «Task Force», regroupant les meilleurs économistes et experts des secteurs économiques qui seront affectés par la décision de Trump. Leurs tâches sera d’arriver à un consensus sur la meilleure riposte à apporter sur la base d’études d’impact et du modèle de décision du minimum du risque maximum ou Minimax (voir à ce sujet mon article intitulé «La décision de rompre avec le FMI analysée par le modèle du Minimax»).

Axe 2 : ne pas envisager de proposer la surpression totale des droits de douane et la création d’une zone de libre-échange entre les deux pays, comme certains pays tels que le Zimbabwe l’ont fait, car cela se traduira par un échange inégal dans lequel la Tunisie sera perdante.  

Axe 3 : compte tenu du faible volume des échanges avec les Etats-Unis, ce qui compte le plus n’est pas tellement le montant du manque à gagner pour le budget de la Tunisie en termes de recettes de droits de douane, mais la préservation du marché américain qu’il sera très difficile de reconquérir s’il sera perdu. Selon cette stratégie, la Tunisie doit proposer d’aligner les droits américains de douane avec ceux appliqués à des pays concurrents tels que le Maroc. Dans cette optique il faut proposer de baisser nos droits de douane sur les produits américains de 55% actuellement à 20%, de sorte que les Américains appliquent à nos produits le même taux de 10% que pour le Maroc et d’autres pays concurrents. La perte de recettes douanières pour notre budget sera marginale par rapport aux enjeux en de stratégie de diversification de notre commerce extérieur trop dépendant de l’Europe. 

Conclusion

Dans ce combat de titans entre grandes puissances économiques, des petits pays comme le nôtre ne peuvent qu’être spectateurs, compter les coups et encaisser les «balles perdues» qui ne nous sont pas directement destinées mais qui nous affectent indirectement. La récession économique, l’inflation et le chômage que tous les experts prédisent dans le monde y compris aux Etats-Unis aggraveront encore les nôtres qui sont déjà très alarmants.

Ce que pourrait gagner la Tunisie, notamment de la baisse du dollar, une des armes de Trump qui n’a pas encore dégainer mais qui ne manquera pas de le faire dans un avenir proche, ne compensera pas la baisse de croissance économique et l’aggravation du chômage que nous allons subir à cause de la récession économique et l’inflation que nos principaux pays partenaires en Europe vont subir.

Enfin, ces turbulences qui vont durer certainement pendant plusieurs années, du moins tant que Trump est encore au pouvoir, nous font oublier d’autres menaces pour l’humanité, telles que le changement climatique, l’IA ou la mise en alerte par Poutine de ses missiles nucléaires hypersoniques au niveau 3 (les pays et villes cibles y ont été programmés) pour régler son conflit avec l’Occident à propos de l’Ukraine.

Encore, je ne parle pas du drame de Gaza et de ses 51 000 morts que tout le monde a oubliés pour se focaliser sur l’indice Dow Jones et le S&P 500 de la bourse de New York, que le moindre twit entre deux parties de golf de Trump fait trembler et l’économie mondiale avec.

Quel monde !

PS : Justement pour échapper à ce monde, je viens d’écrire un court poème intitulé «Si j’étais un oiseau», que j’invite les lecteurs et lectrices à lire sur mon blog «Poèmes de la vie». Dans ce poème, je vole très haut au-dessus de Trump, Musk, Saïed, etc comme dans le film ‘‘Vol au dessus d’un nid de coucous’’ avec l’admirable acteur Jack Nicholson…

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Drame de Mezzouna | Les autorités aux abonnés absents

Kais Saïed a enfin réagi au drame survenu hier, lundi 14 avril 2025, à Mezzouna (Sidi Bouzid) où trois élèves de 18 et 19 ont trouvé la mort dans l’effondrement d’un mur devant leur lycée… Pour botter en touche et se défausser sur quelques responsables régionaux.

Imed Bahri  

«Le destin a voulu que ce mur ne s’effondre pas lors du séisme d’une magnitude de 4 degrés sur l’échelle de Richter, survenu le 17 février de cette année, mais qu’il le fasse plus tard», a-t-il déclaré dans ce qui ressemble à une vaine (et bien tardive) explication qui ne justifie rien et ne console personne, en tout cas pas les parents des élèves décédés ou blessés, leurs camarades et les habitants de Mezzouna qui savaient que ce mur menaçait ruine depuis des années et avaient déjà signalé la menace aux autorités régionales et nationales à plusieurs reprises.

Ils auraient sans doute mieux apprécié de voir le président de la République, la cheffe du gouvernement ou, tout au moins, le ministre de l’Education ou son collègue de la Santé se rendre sur place pour partager la douleur des familles des victimes, mais ces chers responsables n’ont pas cru devoir le faire, par peur peut-être de faire face à la douleur et à… la colère.

La démission des autorités publiques

Pis encore, même les responsables locaux et régionaux ont brillé par leur absence et leur silence, et les journalistes qui les ont sollicités sur place, notamment ceux des médias publics (Radio et Télévision nationales, agence Tap, etc.), n’ont pas réussi à avoir la moindre déclaration. C’est dire que le drame a été très mal géré par les autorités publiques qui ont perdu une nouvelle occasion pour se rendre utiles.

Dans un communiqué publié tôt ce matin, longtemps après le drame, le président de la république a «exprimé sa profonde douleur à la suite du décès des élèves dans la ville de Mezzouna (…) après l’effondrement d’un mur menaçant ruine depuis longtemps».

«Ce mur, comme d’autres, n’avait pas besoin ni d’experts ni de commissions, mais simplement d’être reconstruit», s’est indigné le président lors de sa rencontre, lundi soir, au Palais de Carthage, avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri, ajoutant que la question ne relève pas uniquement des législations, mais de leur application par ceux qui en ont la charge. «Une révolution législative ne peut réussir que si elle est accompagnée d’une révolution dans les esprits», a-t-il affirmé.

Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’État a donné ses instructions pour que la responsabilité soit assumée par toute personne ayant failli à son devoir. Des sanctions vont donc suivre…

Saïed a également insisté sur la nécessité d’anticiper afin d’éviter la répétition de tels drames et d’accélérer les travaux de maintenance indispensables dans tous les établissements scolaires qui en ont besoin.

Il a également abordé, lors de cette rencontre, le fonctionnement de plusieurs services publics, en soulignant que la révolution législative, dans le cadre du combat de libération nationale, ne pourra atteindre ses objectifs que si elle est portée par des responsables animés par l’esprit de lutte, de sacrifice et de dévouement.

Pour le reste, rien ne permet de penser que les milliers d’établissements éducatifs qui menacent ruine dans toutes les régions du pays vont bientôt être restaurés pour la simple raison que le budget de l’Etat pour l’année 2025 n’a pas prévu des sommes nécessaires pour de tels travaux. Et au-delà de cette logorrhée officielle qui ne fait pas manger son homme, les Tunisiens savent à quoi s’en tenir réellement : les équipements publics délabrés vont continuer à l’être encore longtemps, puisque l’essentiel du budget de l’Etat continue d’être dépensé dans le paiement des salaires et que le budget d’investissement continue de fondre comme neige au soleil. Alors des lycées décents pour nos enfants, ce n’est sans doute pas pour demain la veille !

Une transe morbide

Ce sentiment de désenchantement est partagé par beaucoup de Tunisiens. Et c’est tout naturellement que l’ancien ambassadeur Elyes Kasri l’a exprimé dans un poste Facebook ce matin, car le drame de Mezzouna ne devrait pas occulter, par l’ampleur de l’émotion qu’il a provoquée dans l’opinion, tous autres que nous vivons quotidiennement dans un pays qui gère très mal ses affaires. Nous reproduisons ci-dessous ce texte poignant de vérité :

«Après le drame effroyable de Mezzouna, viendra l’avalanche de larmes, certaines sincères et d’autres de crocodiles, ainsi que la sempiternelle chasse aux boucs émissaires.

Hélas, il ne serait pas excessif de penser que nous sommes tous coupables. Certains par commission. Mais, l’écrasante majorité par omission et acquiescement plus ou moins complice, chacun selon ses contraintes et raisons propres, d’un concours de circonstances et de choix aux conséquences tragiques.

Au point où en est arrivée la Tunisie, l’effroyable drame de Mezzouna n’est malheureusement ni le premier ni le dernier accident dont sont victimes des jeunes ravis à la fleur de l’âge.

Si les parents des jeunes de Mezzouna, face à leur tragédie poignante, pourront quand même enterrer leurs enfants morts prématurément et insensément, d’autres parents tunisiens n’auront pas eu ce réconfort, car la mer aura étouffé l’énergie du désespoir et englouti le sursaut d’une dernière chance qui ont poussé leurs enfants à l’exil et au naufrage.

Dans une transe morbide, la Tunisie ne cesse de compromettre son avenir et de malmener ses jeunes.»

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Sous le mur de Mezzouna, l’enfance assassinée

Alors que le pouvoir politique à tous les niveaux a observé un silence assourdissant sur le drame de Mezzouna survenu hier, lundi 14 avril 2025, où trois élèves de 18 et 19 ans ont trouvé la mort après l’effondrement d’un mur devant leur lycée, l’opinion publique a laissé éclater sa colère face à l’incurie générale qui désormais tue dans l’indifférence et le silence.    

Manel Albouchi *

Je n’avais pas prévu d’écrire ce texte. 

Mais il y a des événements qui vous forcent à penser. 

À parler. À nommer ce qui vous secoue le ventre avant même que le cerveau ne comprenne. 

Aujourd’hui, trois enfants sont morts. Ou peut-être hier. Je ne sais plus. Le silence a brouillé la date.  

La Tunisie vient de vivre une forme de traumatisme collectif, une blessure dont les strates dépassent le visible. 

Un mur s’est effondré. Et trois adolescents sont morts. 

Mais ce n’est pas un simple accident. 

Ce mur-là est le symptôme. Il parle à notre place. Il révèle ce qu’on refuse de voir. 

Il symbolise une chute bien plus large : celle d’un système, d’une société, d’un lien de confiance entre l’État et sa jeunesse. 

J’ai pensé immédiatement à la dixième plaie d’Égypte. La plus douloureuse. La plus irréversible. Celle de la perte des premiers-nés. 

Et si cet événement était pour nous ce moment ? 

Le point de bascule ? 

La frontière entre ce qui peut encore être réparé… et ce qui, une fois franchi, ne revient plus en arrière ? 

On pourrait l’analyser de manière clinique. 

Parler de déni institutionnel, de clivage du Moi, de dissociation collective, de désinvestissement narcissique de l’espace public. 

On pourrait dire que ces enfants sont tombés victimes de ce qu’en psychologie on nomme une carence de contenance. 

L’école, censée être un contenant sécurisant, devient un lieu de chute. Là où le savoir devait structurer, c’est le béton qui s’effondre. 

Mais ce serait trop facile de rester dans le registre du théorique. 

Parce que ce que je ressens, moi, en tant que femme, que mère, que thérapeute… 

C’est une nausée. 

Oui… Une nausée éthique ! 

Car au fond, ce n’est pas de ce mur dont il s’agit. 

Ce mur n’est qu’un écran. 

Ce qui est tombé, c’est notre dernier refuge symbolique. 

Ce qui s’est effondré, c’est notre capacité à protéger, à prévenir, à prendre soin. 

Et ce n’est pas la faute d’un ministère. Ni d’un proviseur. Ni même d’un maçon. 

C’est l’échec d’une culture politique et sociale de la réparation. 

Un échec profond. Systémique. Organique.  

Il y a en psychologie une notion que j’utilise souvent : le processus de deuil compliqué. 

Quand la perte est inacceptable, parce qu’absurde, parce qu’évitée, parce qu’annoncée mais jamais entendue. 

C’est exactement ce que nous vivons. 

Et il faudra un travail psychique énorme pour le traverser. 

Un travail de mémoire. Un travail de honte. Un travail de lucidité. 

Je pense à ces élèves encore en vie, aux enseignants, aux familles. 

Comment se reconstruire après ça ? 

Comment faire confiance à nouveau à l’école, au mur, à l’État ? 

C’est peut-être ça, la vraie question.  

Et moi, psychologue dans un pays qui s’effrite, 

Je me demande parfois si je ne suis pas là, juste pour mettre des mots sur l’effondrement. 

Pas pour le réparer. Mais au moins pour le nommer. Le faire exister. 

Pour que demain… on ne dise pas qu’on ne savait pas. 

Parce qu’on savait. 

Et parce qu’on sait. 

Et que le vrai crime, aujourd’hui, ce ne sont plus les erreurs… 

Mais l’insupportable banalisation du non-sens. 

* Psychiatre et psychanalyste.

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La désindustrialisation en Tunisie | Causes, implications et perspectives de ré-industrialisation

L’analyse de la désindustrialisation prématurée en Tunisie met en évidence des défis structurels importants, notamment la perte de compétitivité des secteurs industriels, le faible niveau d’investissement et l’impact des politiques économiques. D’où l’importance d’une stratégie de ré-industrialisation bien conçue pour relancer l’économie nationale, qui traverse une crise structurelle dont on ne voit pas encore le bout.

Othmen Smeti

La désindustrialisation est un processus généralement observé dans les économies avancées, où le déclin de la part du secteur industriel dans le produit intérieur brut (PIB) et l’emploi est considéré comme une étape naturelle vers une économie de services. Cependant, un phénomène distinct, appelé désindustrialisation prématurée, a émergé dans de nombreux pays en développement, y compris la Tunisie. Contrairement à la désindustrialisation observée dans les pays industrialisés, celle-ci survient à des niveaux de revenu par habitant beaucoup plus bas, souvent avant que ces économies aient atteint un stade de développement industriel avancé.

En Tunisie, la désindustrialisation a été documentée comme un déclin de la contribution de l’industrie manufacturière au PIB, combiné à une diminution de l’emploi industriel. Ce phénomène soulève des questions sur ses causes profondes, ses implications économiques et sociales, ainsi que sur les stratégies possibles pour relancer l’industrialisation.

Cet article explore les déterminants de la désindustrialisation prématurée en Tunisie à partir d’une analyse des données économiques et des études empiriques. Il discute ensuite des implications de ce phénomène pour l’économie tunisienne et propose des pistes pour une ré-industrialisation durable et compétitive.

Qu’est-ce qu’une désindustrialisation prématurée ?

La désindustrialisation prématurée est définie comme un déclin du secteur industriel survenant à un niveau de développement économique où l’industrie aurait dû continuer à croître. Selon Rodrik (2016), ce phénomène est le résultat de politiques de libéralisation économique, de la globalisation, et de changements structurels défavorables.

Contrairement à la désindustrialisation «naturelle», qui découle d’une croissance rapide de la productivité industrielle accompagnée d’un transfert d’emplois vers les services, la désindustrialisation prématurée limite la capacité des pays à générer des emplois de qualité et à diversifier leur économie.

En Tunisie, le concept s’illustre par une transition accélérée vers une économie de services sans consolidation préalable du secteur industriel. La courbe en U inversé, un modèle théorique qui relie la part de l’industrie dans le PIB au revenu par habitant, montre que la Tunisie a connu un pic industriel à un niveau de revenu bien inférieur à celui des économies développées.

L’analyse repose sur des données issues du mémoire, incluant les indicateurs de la valeur ajoutée industrielle, les flux d’investissements étrangers directs (IDE), et les données sur l’emploi industriel en Tunisie. Une approche économétrique a été utilisée pour identifier les principaux déterminants de la désindustrialisation, notamment les modèles ARDL et les tests de co-intégration pour évaluer les relations à long terme entre les variables.

Les sous-secteurs industriels, tels que le textile et les industries mécaniques, ont été analysés pour comprendre les dynamiques sectorielles. Les données statistiques ont également été comparées avec celles d’autres pays en développement pour évaluer la spécificité tunisienne dans le contexte de la désindustrialisation prématurée.

État des lieux de la désindustrialisation en Tunisie

Depuis les années 1990, la part de l’industrie manufacturière dans le PIB tunisien a chuté de 15 points, passant de 35% à environ 20% en 2021. Cette tendance s’accompagne d’une diminution progressive des emplois industriels, qui représentaient autrefois près d’un tiers de l’emploi total et qui sont désormais inférieurs à 20%.

La structure des investissements révèle un déplacement des capitaux vers des secteurs non productifs tels que l’immobilier et les services, au détriment des industries manufacturières. De plus, les flux d’IDE, concentrés auparavant dans les industries exportatrices, se sont progressivement réorientés vers des activités moins productives.

L’analyse empirique met en lumière plusieurs facteurs, notamment :

– les politiques de libéralisation commerciale : l’ouverture rapide des marchés tunisiens a exposé les industries locales à une concurrence étrangère accrue, notamment dans les secteurs à faible valeur ajoutée comme le textile;

– le ralentissement des investissements : une baisse des investissements publics et privés dans le secteur manufacturier a limité la capacité de l’industrie à se moderniser;

– le manque d’innovation et d’adoption technologique : la faible adoption des technologies modernes a réduit la compétitivité des industries tunisiennes sur les marchés mondiaux.

À titre de comparaison, la désindustrialisation prématurée de la Tunisie est similaire à celle observée dans d’autres économies en développement comme le Brésil et l’Afrique subsaharienne, où la réorientation vers des exportations de produits primaires a freiné l’industrialisation.

Perspectives de ré-industrialisation en Tunisie

La ré-industrialisation est essentielle pour revitaliser l’économie tunisienne et améliorer la résilience face aux chocs économiques. Pour y parvenir, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. Il s’agit notamment de :

– renforcer les investissements dans les secteurs industriels à forte valeur ajoutée : la Tunisie doit réorienter ses politiques d’investissement pour privilégier les secteurs industriels stratégiques, tels que les technologies de l’information, les énergies renouvelables et les industries pharmaceutiques. Cela nécessite a- des incitations fiscales ciblées en offrant des réductions fiscales pour les investissements dans les secteurs innovants; b- une amélioration du climat des affaires en réduisant les barrières administratives et juridiques pour les investisseurs locaux et étrangers; c- une modernisation des infrastructures industrielles en développant des zones industrielles intégrées avec des réseaux logistiques performants;

– accélérer l’adoption des technologies 4.0 : l’intégration des technologies avancées (robotique, intelligence artificielle, IoT) dans les processus industriels pourrait augmenter la compétitivité des entreprises tunisiennes. Pour cela, le gouvernement devrait financer des programmes de transformation numérique dans les PME; et les partenariats public-privé pourraient faciliter l’accès à ces technologies à moindre coût;

– diversifier les chaînes de valeur industrielles : pour réduire sa dépendance à certains secteurs comme le textile, la Tunisie doit explorer de nouvelles chaînes de valeur mondiales en développant des industries spécialisées pour répondre aux besoins spécifiques de l’Europe, comme les technologies médicales ou les produits écologiques; et en renforçant les capacités d’exportation des PME grâce à des accords commerciaux avantageux;

– prioriser l’éducation et la formation professionnelle : la main-d’œuvre tunisienne doit acquérir les compétences nécessaires pour répondre aux besoins des industries modernes. Cela implique la création de centres de formation spécialisés dans les technologies émergentes; et des partenariats entre les universités et les entreprises pour adapter les programmes éducatifs aux exigences du marché;

– adopter une approche écologique et durable : la ré-industrialisation doit être compatible avec les objectifs de développement durable en encourageant l’utilisation des énergies renouvelables dans les processus industriels et en mettant en place des normes strictes pour la gestion des déchets industriels et la décarbonisation;

Se repositionner dans les chaînes de valeur mondiales

L’analyse de la désindustrialisation prématurée en Tunisie met en évidence des défis structurels importants, notamment la perte de compétitivité des secteurs industriels, le faible niveau d’investissement et l’impact des politiques économiques. Ce phénomène n’est pas seulement une conséquence inévitable de la mondialisation, mais aussi le résultat de choix politiques et économiques spécifiques.

Les résultats soulignent l’importance d’une stratégie de ré-industrialisation bien conçue pour relancer l’économie tunisienne. Cela nécessite une coordination efficace entre les décideurs publics, les investisseurs privés et les institutions internationales. Les priorités doivent inclure le développement de secteurs industriels stratégiques, la modernisation des infrastructures et des processus de production, l’investissement dans l’éducation et la formation professionnelle et la transition vers une industrie durable et numérisée.

Ces efforts, bien que coûteux à court terme, pourraient générer des avantages économiques significatifs à long terme, notamment en termes de création d’emplois, d’amélioration de la compétitivité et de réduction des déséquilibres économiques régionaux. En conclusion, la ré-industrialisation de la Tunisie est non seulement un impératif économique, mais aussi une opportunité de repositionner le pays comme un acteur clé dans les chaînes de valeur mondiales. Les leçons tirées de cet article peuvent également être appliquées à d’autres économies en développement confrontées à des défis similaires.

* Conseiller économique.

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Que reste-t-il de la dissuasion iranienne?

Au cours de l’année écoulée, la capacité de dissuasion de l’Iran s’est érodée alors qu’Israël n’a pas hésité à déployer ses capacités militaires contre Téhéran. Le régime iranien se retrouve aujourd’hui face à deux choix: soit risquer le tout pour le tout pour acquérir l’arme nucléaire soit se soumettre à la volonté de Tel-Aviv et de Washington. La République islamique traverse la phase la plus difficile depuis sa création en 1979.

Imed Bahri

Dans un article publiée par le magazine américain The National Interest, John Allen Jay, analyste politique et directeur exécutif de la John Quincy Adams Society for Foreign Policy Scholars aux États-Unis, estime que la puissance de dissuasion de l’Iran semblait suffisante avant avril de l’année dernière car la République islamique possédait une plateforme quadrilatérale capable de répondre aux menaces israéliennes et américaines. 

Le premier côté de cette plateforme quadrilatérale est l’arsenal de missiles balistiques, de missiles de croisière et de drones de l’armée de l’air du Corps des gardiens de la révolution iranienne (CGRI) qui était prêt à frapper n’importe où dans la région. Cet arsenal a été utilisé pour répondre à l’assassinat par les États-Unis du commandant de la Force Al-Qods du CGRI, le général Qassem Soleimani, en 2020, pour frapper des éléments de l’Etat islamique (EI) en Syrie et pour mener des attaques moins connues contre des emplacements de séparatistes kurdes, qui étaient considérés comme des refuges des services de renseignement israéliens dans la région du Kurdistan irakien.

Le deuxième côté est son réseau de groupes armés au Moyen-Orient notamment les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban, les groupes de volontaires chiites d’Afghanistan et du Pakistan et les groupes armés chiites en Irak et en Syrie.

Le troisième côté est représenté par les opérations secrètes, qualifiées de terroristes. Grâce à ses services de renseignement et parfois en coopération avec le Hezbollah, l’Iran était en mesure de bombarder des bâtiments et d’assassiner des personnalités hostiles dans le monde entier. Par exemple, le Hezbollah a répondu à l’assassinat par Israël de son défunt dirigeant Abbas Musawi en 1992 en bombardant son ambassade à Buenos Aires.

Enfin, le quatrième côté est sa capacité à stopper le flux des approvisionnements en pétrole brut de la région du Golfe arabique vers les marchés mondiaux via le détroit d’Ormuz, par lequel transitent environ un cinquième des approvisionnements mondiaux en pétrole et un cinquième de ses approvisionnements en gaz naturel liquéfié. L’Iran menace donc constamment de fermer le détroit en réponse à toute attaque visant son territoire. Et il dispose déjà d’une force navale et de missiles capables d’atteindre cet objectif.

Affaiblissement des les mandataires iraniens dans la région

Tout cela fournissait à l’Iran un moyen de dissuasion raisonnable Et les États-Unis, plus préoccupés par la Chine et l’Ukraine que par le Moyen-Orient, n’ont pas directement frappé l’Iran (à l’exception de l’assassinat de Qassem Soleimani et même cela s’est produit en Irak, pas en Iran). Washington a également eu recours occasionnellement à une force limitée contre les mandataires iraniens en Irak et en Syrie. Il ne voulait pas mener une bataille majeure contre les mandataires de l’Iran et certainement pas contre l’Iran lui-même.

En même temps, la dissuasion iranienne était partielle. Israël a transformé la Syrie en champ de bataille en frappant les lignes d’approvisionnement iraniennes du Hezbollah à des centaines de reprises. Toujours en Syrie, l’aviation israélienne a pilonné durant l’été 2024 les sites des Gardiens de la révolution et du Hezbollah. A travers ses services de sécurité, l’Etat hébreu a également déjoué à plusieurs reprises des opérations secrètes iraniennes. Il a mené avec succès de nombreuses opérations en Iran qui ont contribué à entraver son programme nucléaire mais n’ont pas réussi à arrêter complètement ce programme. Il lui a également été impossible de frapper ouvertement l’Iran ou de bombarder son programme nucléaire en raison d’une combinaison de facteurs tels que la force des fortifications nucléaires iraniennes, la crainte d’une réponse de Téhéran et de provoquer la colère des États-Unis.

Cependant, 2024 a vu la destruction d’une grande partie du système de dissuasion iranien, les frappes israéliennes ayant brisé de nombreux piliers de la dissuasion iranienne. Tout aussi important, la volonté d’Israël de prendre des risques a considérablement augmenté. Il a bombardé un consulat iranien à Damas, assassiné le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran dans une résidence des Gardiens de la révolution et lancé une série d’attaques contre les dirigeants du Hezbollah y compris l’assassinat de son chef Hassan Nasrallah puis de son successeur potentiel Hachem Safieddine ainsi que de trois généraux des Gardiens de la révolution ce qui laisse désormais l’Iran extrêmement vulnérable.

L’Iran peut-il continuer à ignorer les menaces américaines ?

John Allen Jay estime que la capacité de dissuasion du CGRI ne semble plus être ce qu’elle était. L’attaque contre Israël avec des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones sous le nom de code True Promise en avril 2024 n’a entraîné que des dégâts mineurs car Israël et ses alliés ont intercepté avec succès la plupart des missiles et des drones. Cela a incité Téhéran à lancer une deuxième attaque utilisant des missiles balistiques, qui a entraîné la mort accidentelle d’un Palestinien en Cisjordanie. 

Dans le même temps, les opérations True Promise I et II n’ont pas réussi à empêcher Israël de cibler le Hezbollah libanais et des cibles iraniennes en Syrie au cours de l’année écoulée.

Le pouvoir dissuasif des mandataires de l’Iran dans la région s’est également érodé. Bien que les Houthis aient affronté avec succès les États-Unis pendant des mois, leur contribution à la guerre contre Israël a été limitée même leur campagne pour entraver les exportations vers Israël n’a conduit qu’à une légère augmentation des prix en Israël.

L’Iran a perdu la puissance de dissuasion que le Hezbollah libanais lui avait apportée au fil des ans, ce dernier ayant perdu l’essentiel de sa force dans sa récente guerre contre Israël. Alors que Hassan Nasrallah est sorti victorieux de sa guerre contre Israël à l’été 2006, il est sorti de la guerre la plus récente tué par un bombardement israélien de son quartier général dans la capitale libanaise Beyrouth. Israël affirme avoir détruit 30% des capacités de missiles du Hezbollah. L’effondrement du régime du président syrien Bachar Al-Assad a également rendu extrêmement difficiles les tentatives de l’Iran de fournir des armes au Hezbollah.

Enfin, les anciens outils dont dispose l’Iran pour faire face aux menaces américaines et israéliennes ne sont plus efficaces et sont incapables de dissuader Washington et Israël de l’attaquer comme ce fut le cas il y a plus d’un an.

Le régime iranien n’a donc d’autre choix que de risquer d’ignorer les menaces du président américain Donald Trump et d’Israël et de poursuivre son programme nucléaire dans l’espoir d’obtenir une bombe nucléaire avant que son territoire ne soit attaqué ou d’accepter une solution diplomatique qui implique de renoncer à son rêve nucléaire.

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Sécurité, immersion, innovation | Pourquoi l’avenir du jeu en ligne s’écrit avec la technologie ?

Les casinos en ligne ne cessent de redéfinir les règles du jeu, transformant l’industrie avec une accessibilité et une commodité sans pareil. Mais au-delà de cette révolution numérique, ce sont des technologies de pointe qui façonnent l’expérience de jeu de demain. Sécurisation des transactions, immersion totale et équité sont désormais au programme.

Première ligne de défense : le cryptage avancé pour la sécurité des données

Quand on veut tenter sa chance au casino en ligne, la fiabilité est primordiale, surtout lorsque des transactions financières sont en jeu. Pour protéger les informations personnelles et financières des utilisateurs, ces plateformes utilisent des protocoles de cryptage robustes comme SSL (Secure Socket Layer). Cette technologie chiffre les données sensibles, transformant ainsi chaque transmission en un code indéchiffrable sans la clé appropriée.

Le recours au cryptage SSL n’est pas seulement utile, il est indispensable ! En effet, il assure aux joueurs que leurs informations restent confidentielles et à l’abri des cybermenaces. Similaire aux standards appliqués dans les grandes banques, cette protection fortifie la confiance entre les utilisateurs et les opérateurs de jeux. C’est notamment le cas de Playoro Casino, une plateforme réputée pour sa sécurité, qui met un point d’honneur à offrir un environnement de jeu aussi fiable qu’un casino physique.

Aléatoire et équité : les générateurs de nombres aléatoires

Les générateurs de nombres aléatoires (RNG) constituent la pierre angulaire des jeux de casino en ligne. Ces algorithmes sophistiqués assurent que chaque jeu, des machines à sous aux tables de roulette, produit des résultats réellement aléatoires. L’objectif est d’assurer l’équité, une valeur fondamentale pour maintenir la crédibilité des plateformes de jeu en ligne.

Les RNG sont nécessaires pour :

– assurer des résultats imprévisibles : chaque tirage est indépendant, et les joueurs peuvent ainsi profiter d’une expérience honnête;

– garder la confiance des joueurs : aucune prédiction n’est possible, ce qui garantit l’intégrité des jeux;

– renforcer l’image de transparence des casinos : l’équité est primordiale pour la réputation des opérateurs.

    Immersion totale : réalité virtuelle et augmentée

    L’innovation technologique trouve sa meilleure expression dans l’utilisation croissante de la réalité augmentée (AR) et virtuelle (VR) dans les espaces de jeu en ligne. Ces technologies avant-gardistes transforment littéralement l’expérience utilisateur, leur permettant de vivre des simulations de casino en 3D richement interactives. Les joueurs peuvent non seulement voir mais interagir avec ces mondes virtuels, s’asseyant à des tables de jeu et conversant avec des avatars de croupiers humains.

    Bien qu’encore en phase de développement, l’AR et la VR ouvrent la voie vers de nouvelles frontières immersives. Non seulement elles rapprochent l’expérience numérique de celle d’un véritable casino, mais elles effacent également les barrières physiques, permettant aux joueurs d’avoir tout ça confortablement depuis leur maison.

    Intelligence artificielle et personnalisation de l’expérience

    Les casinos en ligne vont plus loin que jamais dans l’optimisation de l’expérience utilisateur, en mettant l’intelligence artificielle au service de la personnalisation. En scrutant une quantité impressionnante de données, l’IA parvient à recommander des jeux parfaitement adaptés aux préférences des joueurs et à ajuster les programmes de fidélité en fonction des comportements.

    L’IA sert aussi de bouclier contre les risques de fraude en :

    – analysant les comportements suspects en temps réel : elle permet de détecter et de bloquer immédiatement les activités frauduleuses;

    – optimisant les campagnes marketing : grâce à l’analyse des données utilisateurs, elle ajuste les offres pour mieux cibler les joueurs;

    – garantissant une expérience sécurisée et personnalisée : chaque joueur se voit offrir une expérience unique, tout en étant protégé contre les risques.

      Résultat ? Une expérience sur-mesure, sécurisée et parfaitement adaptée aux attentes des joueurs.

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      Cinéma | Lotfi Achour et Feriel Kallel distingués à Montréal

       ‘‘Les enfants rouges’’, deuxième long métrage de Lotfi Achour, vient de remporter la mention spéciale dans la catégorie «Droits de la personne» au Festival international de cinéma Vues d’Afrique à Montréal (Canada), dont le palmarès de sa 41e édition a été dévoilé lors de la cérémonie de clôture, dans la soirée du dimanche 13 avril 2025.

      Par ailleurs, le court-métrage ‘‘Charité’’ (22 minutes), écrit et réalisé par la Tunisienne Feriel Kallel, a reçu le premier prix dans la catégorie «Regards d’ici».

      Les deux films font partie des œuvres distinguées parmi 86 productions en provenance de 35 pays, réparties dans différentes catégories de la compétition officielle du festival qui s’est déroulé du 3 au 13 avril.

      Sélectionné dans plus de 50 festivals à travers le monde et ayant raflé plus d’une quinzaine de prix, ‘‘Les enfants rouges’’ réalisé d’après un scénario coécrit avec Natacha de Pontcharra, Doria Achour et Sylvain Cattenoy, sera dans les salles à partir du 23 avril courant.

      Les cinéphiles auront l’occasion de découvrir cette fiction inspirée de faits réels ayant bouleversé les Tunisiens, celle des deux bergers attaqués par des jihadistes dans la montagne de Mghilla en novembre 2015. Nizar 16 ans, est tué tandis qu’Achraf, 14 ans, est obligé de rapporter un message macabre à sa famille.

      Scénariste de séries tunisiennes à succès comme ‘‘Naouret El Hawa’’ ou le feuilleton ramadanesque ‘‘Flashback’’ (2016-2017), Feriel Kallel signe avec ‘‘Charité’’  son premier film en tant que réalisatrice.

      Le court-métrage raconte l’histoire de Joe, un sans-abri sexagénaire, qui rencontre par hasard Clara, une jeune femme lui offrant nourriture et abri devant sa maison. Au fil du temps, elle lui apporte quotidiennement des repas, créant une routine réconfortante. Puis, sans explication, ces attentions cessent brutalement et Clara disparaît. Originaire de Sousse, Feriel Kallel a poursuivi ses études à l’Ecole supérieure des sciences et technologies du design à Tunis (Essted). Elle a travaillé comme assistante réalisatrice sur des réalisateurs tunisiens de renom, et participant à des séries télévisées et des spots publicitaires. Elle est installée au Canada depuis 2019.

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      La Tunisie sera affectée par la récession qui se dessine en Europe

      La baisse des prix du pétrole sur le marché international aura certes des effets positifs immédiats sur l’économie tunisienne, mais cela ne sera pas le cas, sur le long terme, car cette situation conduira à une récession mondiale, notamment en Europe, 1er partenaire économique de la Tunisie.

      Cette analyse a été faite par l’économiste Bassem Ennaifer dans une interview accordée à l’agence Tap.

      La chute des prix du pétrole sur le marché international est bénéfique à court terme pour la Tunisie. Dans le budget de l’Etat 2025, le gouvernement a estimé qu’une baisse du prix du pétrole sur le marché international (en dollar), permettrait de faire économiser à l’Etat près de 162 millions de dinars. Car cette baisse, conjuguée à l’appréciation du dinar face au dollar constituent une aubaine pour la Tunisie.

      Toutefois, il est à noter que l’élaboration du budget de l’Etat ne se limite pas au prix du pétrole, s’est empressé d’ajouter l’économiste, d’autres variables le conditionnent, comme les recettes fiscales, la dynamique économique et la création de la richesse, qui sont essentiels à la génération de ressources à long terme. Or, une récession économique à l’échelle mondiale, notamment, en Europe, premier partenaire économique de la Tunisie qui absorbe 70% de ses exportations, aura un impact négatif sur les entreprises exportatrices tunisiennes, notamment celles opérant dans les industries mécaniques et électriques dont l’essentiel des exportations vont vers l’Union européenne, qui est impactée par la guerre tarifaire lancée par Donald Trump. La conjoncture internationale, qui reste tributaire des fluctuations des prix du pétrole sur le marché international, entraînera, à long terme, une croissance économique faible dans le monde entier, y compris en Tunisie dont les ressources fiscales provenant des entreprises seront affectées au titre de 2025 et de 2026, estime l’économiste.

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      Arrestation des meurtriers présumés du jeune homme dans le parking de Tunis City

      Sept personnes soupçonnées d’être impliquées dans le meurtre d’un jeune homme dans le parking du centre commercial Tunis City (Ariana), dans la soirée du samedi 12 avril 2025, ont été arrêtées.

      C’est ce qu’a annoncé la direction générale de la Garde nationale, dans un communiqué, ajoutant qu’une instruction judiciaire a été ouverte à l’encontre des suspects.

      Le meurtre a eu lieu, quand un jeune homme a été poignardé au niveau de la poitrine. Un outil tranchant, trouvé sur le lieu du crime a été saisi.

      Selon des témoins oculaires, la victime a eu une altercation avec un groupe de jeunes à l’intérieur du centre commercial. Ces derniers ont ensuite quitté les lieux et Ont attendu la victime dans le parking où ils l’ont poignardé à mort à sa sortie avec des membres de sa famille…

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