Patrimoine national en péril : «De la célébration à l’action»
On fête, chaque année, du 18 avril au 18 mai, le mois du patrimoine, sur fond de festivités d’ordre notamment socio-culturel, avec entrées gratuites à nos musées et visites des sites et monuments archéologiques répartis aux quatre coins de la Tunisie. Mais la célébration n’est pas toujours révélatrice et de prise de conscience de la richesse de notre patrimoine.
En effet, depuis 32 ans on tient beaucoup à ce rendez-vous, devenu une tradition bien ancrée dans le temps. Et ce, en signe de sauvegarde de nos biens patrimoniaux, érigés en mémoire collective et dépositaires de notre histoire trois fois millénaire. Leur protection est un gage de pérennité et de durabilité. Mais un tel intérêt n’est pas souvent évident, du fait que ce patrimoine national fut, à maintes reprises, saccagé et voué à l’abandon, après la révolution, l’objet d’actes terroristes et de vols de nombre de pièces archéologiques dont la valeur est inestimable.
Rendez-vous, ce samedi
Carthage, ce vieux site dominant la colline de Byrsa, étant, dans la nuit des temps, le centre de la cité punique, il est aussi une des cibles de vols et pillages à n’en plus finir, bien qu’il soit classé, depuis 1979, au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour cause, outre le fait de porter plainte, l’Association «Les Amis de Carthage» prévoit d’organiser, ce samedi à 15h, sa 2e «Marche pour Carthage», réclamant «la restitution immédiate des terrains et du littoral publics archéologiques et naturels spoliés», comme l’a plaidé, dans un communiqué, sa présidente Salwa Jaziri Arfa. «Notre association n’a eu de cesse de dénoncer les attaques multiples contre le patrimoine de Carthage, qui est celui de la Tunisie, de ses générations futures et de toute l’humanité», indique-t-elle.
Par ailleurs, elle n’a pas manqué de pointer du doigt le silence des autorités concernées et l’absence de réponse permanente à l’appel lancé par la société civile de la ville, en collaboration avec celle de Tekelsa. «Bien qu’elles soient averties, ces autorités n’ont réagi que partiellement. Et les attaques se poursuivent et prennent l’aspect d’accaparation par des bandits de terrains archéologiques protégés appartenant à l’Etat (à Carthage et ailleurs en Tunisie) et ce au vu et au su de tous», dénonce-t-elle vivement.
Un flagrant délit impuni !
A un certain moment, on croyait en avoir fini avec ce temps maudit, où tout sacrilège fut terriblement permis, alors que la violation des lieux de culte, des mausolées et des sites historiques n’a pas été, justement, sanctionnée. Un flagrant délit tout bonnement impuni ! Et pourtant, malfaiteurs et criminels courent toujours, dans l’impunité totale. Un laisser-faire, laisser-aller, pour ainsi dire. Et depuis, aucune mesure préventive n’a été prise à cet effet, et encore moins une initiative législative n’est jusque-là décidée, afin de réprimer quiconque oserait mettre en péril les biens acquis de la nation et son héritage culturel et civilisationnel. Malgré les années qui passent, ces actes de vandalisme contre ce patrimoine national n’ont pas cessé d’avoir lieu, sans que personne ne lève le petit doigt.
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