Conflit Inde-Pakistan : le pire est à craindre…
En représailles à l’attentat au Cachemire, l’Inde menace de « couper l’eau » des fleuves qui irriguent la province du Pendjab, le cœur agricole du Pakistan. « Un acte de guerre », prévient Islamabad.
Vive inquiétude de la communauté internationale suite à la flambée de violence entre les deux belligérants asiatiques, dotés de surcroit de l’arme atomique. Pour rappel, l’Inde et le Pakistan sont des puissances nucléaires rivales qui se sont affrontées dans trois guerres majeures (1947, 1965, 1971), principalement autour du Cachemire. A savoir une région à majorité musulmane que les deux pays revendiquent depuis la partition de l’Inde en 1947. Un événement historique majeur qui marqua la fin de la domination coloniale britannique en Inde et la naissance de deux nations indépendantes : l’Union indienne et le Pakistan. Une partition traumatisante qui s’est déroulée à l’époque dans un contexte de tensions religieuses, politiques et communautaires dont les blessures, de part et d’autre, sont encore vivaces.
Frappes ciblées
Ainsi, dans la nuit du 6 au 7 mai, la tension est montée d’un cran entre les deux frères ennemis. En représailles à l’attentat du 22 avril qui a tué 26 touristes à Pahalgam, au Cachemire indien-et que New Delhi impute à des djihadistes pakistanais soutenus par Islamabad- l’armée indienne a mené une série de frappes ciblées sur des sites présentés comme des « infrastructures terroristes » au Pakistan et au Cachemire sous administration pakistanaise.
En effet, le ministère indien de la Défense a publié un communiqué à 1h44 du matin pour annoncer que : « Les forces armées ont lancé l’opération Sindoor et frappé des cibles terroristes au Pakistan ainsi que dans la partie du Cachemire occupée par le Pakistan. […] Aucune infrastructure militaire n’a été ciblée. L’Inde a fait preuve d’énormément de retenue en choisissant les cibles et la méthode pour les détruire. »
Des avions indiens abattus?
Islamabad, qui nie toute responsabilité dans cet attentat sanglant, aura riposté par des tirs d’artillerie et dit avoir abattu cinq avions indiens après des bombardements contre son territoire dans la nuit de mardi à mercredi. Parmi lesquels on relève trois Rafale de fabrication française, un MiG-29, un SU-30 et un drone. Une affirmation non confirmée par l’Inde ni vérifiée de manière indépendante.
« Les agissements inconsidérés de l’Inde ont rapproché deux puissances nucléaires d’un conflit majeur. Le Pakistan se réserve le droit de répondre de manière appropriée quand et où il le décidera ». Ainsi a prévenu le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué cette nuit.
Le bilan est donc provisoire mais peut exploser d’un moment à un autre. En effet, les affrontements ont fait au moins 26 morts côté pakistanais dont une fillette de trois ans et huit autres côté indien.
Guerre de l’eau
Et c’est dans ce contexte explosif que New Delhi a décidé de jeter de l’huile sur le feu en annonçant, mardi 6 mai, par la voix de son Premier ministre Narendra Modi, que son pays allait « couper l’eau » des fleuves qui prennent leurs sources sur son territoire et irriguent en aval le Pakistan en représailles à l’attentat meurtrier commis au Cachemire indien.
« L’eau appartenant à l’Inde s’écoulait jusque-là vers l’extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l’Inde et sera utilisée pour le pays », a déclaré le nationaliste hindou.
Cette déclaration incendiaire et lourde de conséquences s’ajoute à la décision unilatérale de l’Inde de suspendre sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec le Pakistan.
Signé sous l’égide de la Banque mondiale à cette date, le Traité des eaux de l’Indus accorde à l’Inde l’usage exclusif des trois rivières de l’Est (Ravi, Beas, Sutlej) et au Pakistan l’usage exclusif des trois rivières de l’Ouest (Indus, Jhelum, Chenab), bien que ces dernières prennent leur source en Inde, notamment au Cachemire.
Casus belli
Réaction immédiate d’Islamabad à cette menace existentielle : toute tentative de perturber le débit de ces fleuves serait considéré comme « un acte de guerre », a prévenu le Pakistan. Il a accusé l’Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l’un des trois placés sous son contrôle d’Islamabad selon le traité de 1960.
« On a remarqué des changements sur le Chenab qui n’ont rien du naturel débit du fleuve, normal, et qui a été considérablement réduit du jour au lendemain ». C’est ce qu’a déclaré pour sa part Kazim Pirzada, ministre de l’Irrigation du Pendjab.
En effet, il s’agit d’une question de vie ou de mort pour cette province située à la frontière de l’Inde et habitée par près de la moitié des 240 millions de Pakistanais et qui est le cœur agricole du pays. Le traité de l’Indus accorde à New Delhi le droit d’utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures. Mais il lui interdit de détourner des cours d’eau ou d’altérer le volume d’eau en aval.
Réactions internationales
Appelant à la désescalade et rappelant que « la solution ne peut être militaire », le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté l’Inde et le Pakistan à « éviter une confrontation militaire ». Tout en jugeant que les tensions étaient « à leur plus haut niveau depuis des années ».
Pour sa part, le président Donald Trump a qualifié la situation de « honteuse », en exprimant l’espoir d’un retour rapide au calme.
De son côté, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré suivre les développements « de très près », encourageant les deux pays « à maintenir un canal de communication ouvert ».
Soulignons enfin que la tension entre l’Inde et le Pakistan autour de l’eau est effectivement considérée par de nombreux experts comme un exemple précurseur des conflits à venir autour de cette précieuse ressource vitale.
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