Comment les mesures de Trump frappent de plein fouet l’industrie des composants automobiles en Tunisie ?
Alors que les droits de douane de 25 % imposés par le président Donald Trump sur les véhicules importés restent en vigueur malgré le recul cette semaine, des taxes imposées par d’autres pays, il faut s’attendre à des répercussions mondiales massives sur l’industrie automobile en raison de ces politiques.
Tous les analystes de Wall Street sont unanimes sur les conséquences de cette décision : une baisse des ventes de véhicules par millions, une hausse des prix des véhicules neufs et d’occasion et une augmentation des coûts de plus de 100 milliards de dollars pour l’industrie sur une base annuelle. Le Center for Automotive Research, un groupe de réflexion à but non lucratif basé dans le Michigan, estime que les coûts pour les seuls constructeurs automobiles américains augmenteront de 108 milliards de dollars.
Facture salée pour le consommateur américain
Le changement s’avère structurel, induit par la politique, et qui devrait être durable, selon le crédible cabinet Boston Consulting Group (BCG). Et c’est logique. Les constructeurs sont à un moment clé de l’histoire de tout le secteur, non seulement en raison des pressions immédiates sur les coûts, mais aussi parce qu’il impose des évolutions fondamentales dans la manière dont l’industrie construit et dans le lieu où elle le fait.
L’impact estimé par BCG sur les recettes du marché des véhicules neufs est de 20 %. L’analyse effectuée prend en compte les droits de douane de 25% sur les véhicules importés, ainsi que les prélèvements du même montant sur les pièces automobiles qui devraient débuter le 3 mai 2025.
Les constructeurs automobiles et les fournisseurs pourraient être en mesure de supporter une partie de l’augmentation des coûts, mais ils devraient également répercuter l’autre partie sur les consommateurs, ce qui pourrait entraîner une baisse des ventes.
Goldman Sachs suppose que les prix nets des nouveaux véhicules aux États-Unis augmenteront dans une fourchette de 2 000 à 4 000 dollars. S’ils sont importés, l’augmentation passera à 6 000 dollars. La résultante est une baisse des ventes de plus de 2 millions de véhicules chaque année aux États-Unis et au Canada, ce qui aura des répercussions sur l’ensemble de l’économie.
Impact direct sur la Tunisie
En quoi cela concerne la Tunisie ? En fait, l’Union européenne a exporté plus de 800 000 véhicules vers les Etats-Unis en 2024. Les principaux constructeurs européens sont présents en Tunisie et fabriquent des composants. Le secteur des Industries Mécaniques et Electriques (IME) pèse 45,6 % de nos exportations au premier trimestre 2025. C’est le nerf de l’emploi et de la génération de devises pour le pays. S’il est frappé, cela sera le coup de massue de trop pour l’économie.
Déjà, les problèmes de la transition électrique qui ont marqué l’industrie européenne l’année dernière ont eu un impact sur l’industrie. En 2024, les exportations ont légèrement augmenté de 1,2 % à 28 743 MTND, essentiellement grâce à un effet prix. Cette année, et face à tout ce flou mondial, les industriels vont certainement temporiser. Si l’on ajoute les contraintes locales, notamment avec le durcissement du cadre réglementaire (Code du travail) et social (augmentation de la cotisation de 1 %), le site Tunisie risque de perdre des points face à ses pairs, notamment le Maroc et la Turquie.
Un plan d’action d’urgence s’impose pour, au moins, préserver les emplois et les investissements.
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