90 ans de la Rachidia : journée scientifique au palais Ennejma Ezzahra pour célébrer le patrimoine musical tunisien
Le Centre des musiques arabes et méditerranéennes (CMAM) organise le vendredi 11 avril 2025 au palais Ennejma Ezzahra (Sid Bou Said) une journée scientifique à l’occasion du 90ème anniversaire de la naissance de la Rachidia, sous le thème “La Rachidia, le flambeau de la musique tunisienne, entre passé glorieux et horizons d’avenir”.
Cet événement organisé sous le patronage de la ministre des affaires culturelles Amina Srarfi et en partenariat avec l’Institut Rachidi de musique tunisienne, s’inscrit dans le cadre d’un accord de partenariat signé le mardi 21 janvier 2025 entre Salwa Ben Hafaiedh, directrice générale du CMAM et Anis Sghaier, président de l’Institut Rachidi de la musique tunisienne.
Au cours de la première séance scientifique, consacrée aux débuts de la création de l’institution de la Rachidia, une pléiade d’intervenants, parmi lesquels musiciens et musicologues, prendra la parole pour explorer les fondements de la Rachidia et ses premières ambitions. Fethi Zghonda ouvrira la réflexion avec une intervention sur le thème “La Rachidia : réalisations et obstacles”. Il sera suivi par Ali Sayari, qui s’intéressera au rôle de la commission de collecte du patrimoine dans la documentation et l’archivage du fonds du malouf tunisien. Abir Cherif poursuivra sur la question de “La Rachidia entre naissance et documentation”. Enfin, Mohamed Hédi Ben Jaâfar, professeur à l’université de Gafsa, abordera la thématique de “La Rachidia et la préservation de la musique tunisienne”.
La deuxième séance scientifique portera sur l’identité musicale tunisienne après la création de la Rachidia. Les interventions porteront notamment sur le choix de la Rachidia à recourir à la notation musicale. Les mutations dans la composition de la troupe musicale de la Rachidia, “facteurs, aspects et répercussions”, seront présentées dans une intervention d’Anis Kilibi de l’université de Tunis. Mohamed Anis Hmadi, professeur à l’université de Gafsa, donnera un aperçu de la Rachidia, de 1941 jusqu’à l’indépendance tunisienne, à travers les journaux et les archives. Wassim Bouras, chercheur en musicologie, se penchera sur le rôle des élites intellectuelles dans le processus culturel de la Rachidia.
La troisième et dernière séance scientifique, intitulée “Femmes et hommes qui ont contribué à la gloire de la Rachidia”, mettra en lumière les figures ayant marqué l’histoire de l’institution. L’accent sera mis sur l’apport de Cheikh Ali Derouiche à la musique tunisienne à travers le projet Rachidia, ainsi que ceux que la mémoire a longtemps oubliés dont le professeur Ahmed Haddad (1912-1995). Les interventions porteront également sur le rôle de Chafia Rochdi dans la Rachidia, et ce, à travers la presse tunisienne entre 1934 et 1941, ainsi que sur la contribution de Mohamed Kadri et ses activités au sein de la Rachidia.
Fondée le 3 novembre 1934, la Rachidia est une association culturelle et artistique spécialisée dans la musique tunisienne, créée grâce à une élite d’hommes politiques, d’intellectuels, d’écrivains et d’artistes, sous la direction de Mustapha Sfar, alors Cheikh El Medina. Elle porte le nom officiel d’Association de l’Institut Al-Rachidi de musique, et constitue la première institution musicale de Tunisie, ainsi que l’une des plus anciennes du monde arabe. Sa mission principale est la sauvegarde du patrimoine musical tunisien, notamment le malouf et ses dérivés, ainsi que la documentation de ce riche héritage.
Le premier concert de la Rachidia a été donné au Théâtre municipal de Tunis au début de l’année 1935. Sa première chanson originale, “Ya Leimi Yezzini”, a été écrite par Ali Douagi. Parmi les premiers interprètes figuraient des artistes illustres tels que Chafia Rochdi, seule femme présente à la réunion constitutive, Fethia Khairi et Saliha.
Le nom de la Rachidia a été choisi en hommage à Mohamed Rachid Bey, troisième souverain de la dynastie husseinite, poète et musicien passionné qui œuvra à enrichir la musique tunisienne par des apports turcs, notamment au niveau des règles et rythmes de la nouba.
L’histoire de la Rachidia est étroitement liée à des figures majeures de la musique tunisienne, dont Khemais Tarnane, Mohamed Triki, Salah Mehdi, Mohamed Saâda, Tahar Gharsa, Abdelhamid Ben Aljia, Zied Gharsa et bien d’autres encore. L’orchestre de la Rachidia a également compté dans ses rangs Kaddour Srarfi, qui en 1942 devint, à 29 ans, le plus jeune chef d’orchestre de Tunisie et du Maghreb, dirigeant l’ensemble aux côtés de Mohamed Triki.
La célébration du 90ème anniversaire de la Rachidia est l’occasion de rendre hommage à celles et ceux qui ont façonné l’histoire de la musique tunisienne et de cette institution, installée au coeur de la médina de Tunis, dans l’écrin historique de Dar Daouletli, un palais édifié au XVIIe siècle.
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