L’inflation devrait diminuer progressivement, tout en continuant à évoluer légèrement au-dessus de 5% entre 2025 et 2026, selon les récentes prévisions de la Banque centrale de Tunisie (BCT), rendues publiques, lundi.
Ces perspectives traduisent, principalement, l’effet baissier favorable des prix de l’huile d’olive, qui devrait atténuer les répercussions des augmentations des coûts salariaux et les pressions sur les prix internationaux et les capacités de production, dans plusieurs secteurs d’activité, à l’instar du secteur agricole et le secteur public, explique la BCT dans, dans sa “Note sur les évolutions économiques et monétaires et perspectives de l’inflation / Avril 2025”.
Par ailleurs, l’accentuation des contraintes financières sur le budget de l’Etat et la détérioration des équilibres financiers des entreprises publiques pourraient occasionner des ajustements de certains prix administrés, en 2026. Selon le nouveau scénario central de prévision, l’inflation devrait revenir de 7% en 2024 à 5,3%, en moyenne, sur la période 2025-2026.
Les récentes prévisions ont revu à la baisse la trajectoire future de l’inflation des produits à prix administrés, en raison de la diminution notable des tarifs de consommation de l’électricité, de 3,5% au mois de février 2025. Par ailleurs, l’orientation vers le maintien du gel des prix des produits alimentaires de base prépondérants (dérivés de céréales, huiles végétales) et des carburants, devraient continuer à atténuer les pressions sur l’inflation des produits à prix administrés à court terme. En revanche, l’alourdissement des charges de subvention, notamment de l’énergie pourrait occasionner des ajustements à la hausse des prix à moyen terme.
En moyenne annuelle, l’inflation des produits administrés devrait revenir de 4% en 2024 à 3,1% en 2025, avant de passer à 4,6% en 2026. S’agissant des produits alimentaires frais, le nouveau scénario central indique que l’inflation de cette composante continuera à évoluer au-dessus de la barre de 10% durant le premier semestre 2025 et ce avant de s’inscrire sur une tendance baissière graduelle pour avoisiner 7,5%, en moyenne, sur le reste de l’horizon de prévision.
L’atténuation des aléas climatiques et l’amélioration progressive de la production agricole, pour répondre aux besoins du marché, devraient contribuer à une détente graduelle des prix à la consommation. En moyenne annuelle, l’inflation des produits frais devrait revenir de 11,7% en 2024 à 9,5% en 2025 et à 7,5% en 2026 (contre une moyenne historique de 5%).
Apaisement de l’inflation sous-jacente
Les nouvelles prévisions de l’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix à la consommation hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés, ont été revues à la baisse, à court terme, en raison, notamment, de l’effet engendré par le recul important des prix d’huile de l’olive. En revanche, la poursuite de la détente de l’inflation sous-jacente serait entravée par l’impact des pressions inflationnistes provenant de ses principaux déterminants sur l’horizon de prévision. En particulier, le renforcement graduel des prix internationaux de plusieurs produits de base devrait occasionner des pressions extérieures sur la formation des prix, en perspectives. Également, la hausse des salaires, la vigueur de la reprise de la demande de consommation et les effets de second tour induits par les révisions des prix administrés pourraient freiner une diminution rapide de l’inflation sous-jacente. Le nouveau scénario central prévoit un apaisement de l’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix hors produits administrés et alimentaires frais, de 7% en 2024 à 5%, en moyenne, en 2025 et 2026. Hors alimentation et énergie, l’inflation devrait revenir de 6,6% en 2024 à 5,7% en 2025 et 5,3% en 2026.
Risques inflationnistes
Les perspectives restent tributaires, notamment, de l’évolution des prix internationaux des produits de base et des matières premières, des coûts salariaux, de la vigueur de la demande, du processus de réformes stratégiques au niveau de la gestion des finances publiques et des secteurs stratégiques, de la vitesse de transition énergétique, et de l’évolution de la situation hydrique du pays.
Des tensions inflationnistes plus fortes et plus persistantes que prévu au niveau du scénario central pousseraient l’inflation vers la hausse et accroitraient les risques de sa dérive. En particulier, une accentuation des aléas climatiques à travers le monde (liés aux changements climatiques rapides) et/ou l’aggravation des tensions géopolitiques et commerciales pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement des marchés des matières premières, et entrainer une forte remontée des prix internationaux des produits de base. Également, l’accentuation du stress hydrique au niveau national impliquerait un risque inflationniste significatif, pouvant déboucher à une nouvelle remontée de l’inflation des produits alimentaires frais, exacerbant ainsi les pressions inflationnistes. En outre, des pressions plus importantes sur la balance courante, émanant notamment d’un creusement du déficit commercial, pourraient alimenter les tensions inflationnistes en provenance de l’extérieur.
D’autres risques inflationnistes pourraient émerger dans la période à venir, liés principalement, au recours excessif du Trésor au financement monétaire, à la persistance des troubles au niveau des circuits de distribution (pénurie, spéculations, etc.), à la récurrence de chocs d’offre ainsi qu’à un comportement de marge excessive qui ajouteraient un lot d’incertitude à la prévision de l’inflation.
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