LâopĂ©rateur international parie sur lâexpansion du secteur touristique tunisien. Il ajuste sa chaĂźne de valeur en liaison avec lâextension du trafic aĂ©rien projetĂ©. Le Groupe TAV-ADP, qui exploite les deux aĂ©roports dâEnfidha et Monastir, a conviĂ© la presse Ă un Iftar, en prĂ©sence de sa Directrice GĂ©nĂ©rale pour la filiale tunisienne, MĂ©lanie Lefebure, et de son Ă©quipe. Ce fut un moment de cogito, une rĂ©flexion partagĂ©e autour des perspectives dâaffaires du groupe et, par ricochet, des prĂ©visions du secteur touristique, ainsi que du climat dâaffaires dans le pays.
Un premier essai de Partenariat Public Privé
Câest MĂ©lanie Lefebure elle-mĂȘme qui a menĂ© la discussion. La conversation a naturellement portĂ© sur le domaine dâexpertise du Groupe TAV âADP et sur les performances de ce tandem aĂ©roportuaire. Chemin faisant, un dĂ©bat sâest instaurĂ© autour de la question du climat dâaffaires et des opportunitĂ©s de rĂ©formes Ă©conomiques.
Il convient de rappeler quâĂ lâorigine, autour de lâannĂ©e 2007, lâopĂ©rateur turc TAV Ă©tait seul Ă la barre. Il avait alors conclu lâun des tout premiers contrats de Partenariat Public PrivĂ© avec lâĂtat tunisien, portant sur la construction puis lâexploitation de lâaĂ©roport dâEnfidha.
Nous Ă©tions au dĂ©but des annĂ©es 2000, et le PPP bĂ©nĂ©ficiait dâun a priori favorable quant Ă son bien-fondĂ©. Il fascinait, car il semblait rĂ©pondre Ă lâobjectif de subsidiaritĂ©, dĂ©chargeant lâĂtat du fardeau du financement. LâidĂ©e prĂ©valente Ă©tait que lâaĂ©roport de Tunis-Carthage finirait par saturer, rendant nĂ©cessaire une Ă©ventuelle dĂ©localisation. Le gouvernement de lâĂ©poque avait tentĂ© le coup, affichant une ouverture et une certaine âdĂ©-frilositĂ©â des mĆurs Ă©conomiques.
Depuis, TAV a rejoint le Groupe AĂ©roports de Paris, unissant ainsi davantage dâexpertise et de moyens. La concession sâest Ă©tendue Ă lâexploitation de lâaĂ©roport de Monastir, vĂ©ritable plaque tournante du tourisme. Une pĂ©pite, en toute vraisemblance, destinĂ©e Ă Ă©quilibrer le contrat global, Ă©tant donnĂ© que lâaĂ©roport dâEnfidha nâa pas bĂ©nĂ©ficiĂ© du transfert de trafic aĂ©rien initialement projetĂ©.
De plus, les flux de vols charters nâont pas suivi la trajectoire espĂ©rĂ©e, dâautant que la Tunisie nâa pas optĂ© pour lâopen sky. Est-ce une stratĂ©gie pour protĂ©ger le pavillon national? Jouerait-on la rente au dĂ©triment de lâouverture et de la rationalitĂ© Ă©conomique ? Câest une maniĂšre de voir les choses. La question mĂ©rite dĂ©bat ! Encore que, parfois, une prudence rĂ©flĂ©chie puisse se justifier.
Un projet phare et un pari ambitieux
Le Management de TAV-ADP fonde ses espoirs sur une hypothĂšse de forte croissance du tourisme national et, naturellement, sur un dĂ©veloppement consĂ©quent du trafic aĂ©rien. De plus, il considĂšre que lâaĂ©roport de Monastir est Ă©ligible Ă un statut de Hub rĂ©gional, voire continental. Lâoption se dĂ©fend.
De ce fait, un projet de rĂ©novation de lâaĂ©roport est lancĂ©. Cette initiative de mise Ă niveau, selon les indications de MĂ©lanie Lefebure, vise Ă positionner lâaĂ©roport Ă la pointe du trafic aĂ©rien rĂ©gional et â qui sait ? â continental.
Fatalement, cette modernisation sâinscrit en droite ligne avec les exigences de lâaĂ©ronautique moderne, notamment celles des gros transporteurs. La modernisation de la logistique, câest-Ă -dire la manutention du fret et des bagages, est tout aussi impĂ©rative. Ă lâĂ©vidence, des aĂ©roports modernes constituent de vĂ©ritables leviers de dĂ©veloppement local. Tout le monde y gagnerait. Il faut simplement sây rĂ©soudre. Lâadministration manquerait-elle de rĂ©activitĂ© ? La question fait sens.
De la théorie des jeux à la théorie des enjeux
Auparavant, lorsque le public et le privĂ© se mettaient Ă table, on les voyait souvent se positionner dans un cadre de âthĂ©orie des jeuxâ, de sorte que lâaccord soit âGagnant-Gagnantâ. Lorsque ce partenariat touche Ă des secteurs structurants tel que le trafic aĂ©rien, il convient que les deux parties se soucient des enjeux de leur coopĂ©ration.
Il serait judicieux de ânaturaliserâ les partenaires internationaux qui opĂšrent dans lâespace Ă©conomique national. Leur prĂȘter une oreille attentive serait instructif et constituerait une façon de canaliser le transfert de leur savoir technologique.
Ceux-lĂ dĂ©tiennent les meilleures pratiques, dont le transfert pourrait ĂȘtre Ă©mancipateur pour les opĂ©rateurs locaux. Ajoutons que leur logique du business est souvent avancĂ©e et pourrait tirer notre façon dâopĂ©rer vers le haut. Un Ă©change âDonnant-Donnantâ est Ă©galement âGagnant-Gagnantâ. Tout mettre en Ćuvre pour que ce transfert dâexpertise puisse se rĂ©aliser est une façon de rendre lâopĂ©ration lĂ©gitimement fructueuse.
Ali Driss
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