9 Avril 1938 – Le rôle crucial d’Ali Belhouane dans les émeutes
La conférence d’Ali Belhouane du 18 mars 1938 intitulée « Part de la jeunesse dans la lutte » dans le local du Néo-Destour, situé sur la rue du Tribunal, était sans doute le point de départ de la contestation anticoloniale et des émeutes du 9 avril 1938.
« Maintenant, c’est la lutte sans fin. Que la police et l’armée se servent de leurs armes si elles veulent et on verra de quoi le peuple sera capable ». Les propos tenus, le 8 avril 1938, par Ali Belhouane, prononcés devant quelque 8 000 personnes, réunies face au bâtiment abritant la Résidence Générale de France en Tunisie, annoncent la couleur et la détermination de l’homme et de la direction du Néo-Destour d’en découdre avec la force occupante.
Le lendemain, Ali Belhouane, surnommé le « Leader de la jeunesse », est convoqué pour être entendu par un juge d’instruction au sujet des propos tenus la veille. Tout va alors très vite. Car, nombre de Tunisiens se dirigent vers le Palais de justice, à Bab Bnet, pour soutenir Ali Belhouane et s’opposer à son arrestation.
Et parallèlement au mouvement de la foule en direction de Bab Bnet, d’autres personnes s’attroupent dans d’autres quartiers de Tunis, notamment à Bab Souika, à Bab Menara, à Bab Alouj et à La Kasbah.
Le lendemain, Ali Belhouane, surnommé le « Leader de la jeunesse », est convoqué pour être entendu par un juge d’instruction au sujet des propos tenus la veille.
22 morts et 150 blessés
Les affrontements ont alors lieu entre ces attroupements et la police appuyée notamment par un détachement de Zouaves (des unités d’infanterie légère appartenant à ce qu’on appelle l’Armée d’Afrique). Ils donnent lieu à un massacre : 22 morts et 150 blessés. Et l’état de siège est proclamé à Tunis, Sousse et Grombalia.
Les émeutes sont suivies par la dissolution, le 12 avril 1938, du Néo-Destour, la fermeture de ses locaux et la confiscation de ses documents. Des dirigeants du mouvement national, dont Habib Bourguiba, Tahar Sfar et Bahri Guiga, sont arrêtés. Et la presse nationaliste est suspendue.
Un des plus grands orateurs du mouvement national
L’histoire retient, à ce niveau, le rôle joué par Ali Belhouane qui est sans doute l’un des plus grands orateurs du mouvement national. Nourri à la sève du nationalisme depuis sa tendre jeunesse, il a été une personnalité marquante des événements du 9 avril 1938.
Les émeutes sont suivies par la dissolution, le 12 avril 1938, du Néo-Destour, la fermeture de ses locaux et la confiscation de ses documents.
Il a du reste vécu notamment trois événements d’importance dans la lutte contre l’occupant français : les manifestations menées, en 1924, contre l’installation de la statue du cardinal Charles Lavigerie à Tunis , l’état de siège à l’occasion du procès du militant syndicaliste Mohamed Ali El Hammi ,en 1925, et la tenue du congrès eucharistique, en mai 1930.
Pour un « Parlement tunisien »
Il a ainsi conduit la contestation pour un « Parlement tunisien ». Son action allait, du reste, préparer, pour ainsi dire, le terrain à la contestation des autorités coloniales du mois d’avril 1938.
Son discours du 18 mars 1938 donne une conférence intitulée « Part de la jeunesse dans la lutte » dans le local du Néo-Destour, situé sur la rue du Tribunal, était sans doute le point de départ de cette contestation.
Une requête demandant la réintégration de leur collègue
Car, le 22 mars 1938, il reçoit l’interdiction d’enseigner au collège Sadiki. Et dès le lendemain, ses élèves se mettent en grève et ses collègues tunisiens présentent une requête demandant la réintégration de leur collègue.
Une interdiction fruit de tout un contexte. Les militants de la cause nationale ont été largement déçus par les promesses de la France, au lendemain de l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 1936, d’engager un dialogue en vue d’associer les Tunisiens à la gestion des affaires publiques.
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