Un Guinéen est mort après des affrontements entre migrants dans un camp de fortune à Sfax, en Tunisie, ont indiqué, jeudi 10 avril 2025, un parlementaire qui s’est rendu sur place et la Garde nationale.
Tarak Mahdi, député de Sfax, à environ 30 km des camps installés dans les oliveraies, a indiqué que les violences avaient débuté mardi et que des dizaines de personnes avaient été blessées à coups de machettes et de couteaux.
Mahdi a indiqué que les violences avaient éclaté entre deux groupes, l’un guinéen et l’autre ivoirien, après un match de Ligue des champions.
Le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, a indiqué que la victime avait été touchée à la tête par une pierre et que six personnes avaient été arrêtées.
Ces affrontements faisaient suite à une importante opération de sécurité menée la semaine dernière pour nettoyer les oliveraies autour d’El-Amra, au sud de Sfax, où des milliers de migrants d’Afrique subsaharienne s’étaient installés à quelques kilomètres de la côte.
Les tensions entre habitants et migrants s’intensifient dans le pays.
Le 25 mars, M. Saïed a appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à accélérer le retour volontaire des migrants en situation irrégulière vers leur pays d’origine.
Ces dernières années, la Tunisie est devenue un point de départ privilégié pour les migrants qui entreprennent la périlleuse traversée de la Méditerranée dans l’espoir de rejoindre l’Europe.
La Chambre criminelle spécialisée dans l’examen des affaires terroristes auprès Tribunal de première instance de Tunis a levé, ce vendredi 11 avril 2025, la seconde audience relative à l’affaire de complot contre la sûreté de l’Etat, peu de temps après son ouverture.
L’audience, qui reprendra en début d’après-midi, s’est ouverte dans une ambiance tendue suite aux protestations des avocats qui exigeaient un procès public en présence des prévenus afin que ces derniers puissent répondre des accusations portées à leur encontre, sachant qu’ils ont refusé de comparaître… à distance, comme cela a été décidé par les autorités judiciaires.
Le procès s’est ouvert en présence de représentants du corps diplomatique et d’organisations internationales accrédités à Tunis. Mais les familles des prévenues ont été empêchées de pénétrer dans l’enceinte du Palais de Justice.
Rappelons que la première audience relative à ce procès éminemment politique a eu lieu le 4 mars dernier, en présence de quelques accusés en état de liberté, les prévenus en détention ayant tous refusé d’être jugés à distance.
Selon leurs avocats, un procès à distance et en l’absence des prévenus ne saurait garantir les conditions minimales d’un procès équitable.
L’affaire a éclaté en février 2023 avec l’arrestation de nombreux acteurs politiques, activistes de la société civile, homme d’affaires et avocats accusés de comploter contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat. Parmi les prévenus on citera Khayam Turki, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhadj et Jawher Ben Mbarek, Kamel Eltaief et Chaima Issa.
Kia EV3 figure parmi les prétendants au titre dans les catégories ‘World Car Design of the Year’, ‘World Electric Vehicle’ et ‘World Car of the Year’. Cette élection vise à mettre à l’honneur, récompenser et promouvoir l’excellence et l’innovation dans une industrie automobile en rapide évolution.
Kia EV3 a été retenu parmi les trois finalistes de trois catégories aux World Car Awards 2025. Les lauréats potentiels de l’édition 2025 de cette prestigieuse élection mondiale ont été annoncés en ligne, après avoir été sélectionnés par un jury international composé de 96 journalistes automobiles issus de 30 pays différents.
Dans quelles catégories Kia EV3 a-t-il été désigné parmi les trois finalistes?
Sur une liste initiale de 52 candidats, EV3 s’est classé parmi les trois premiers dans trois catégories différentes :
• ‘World Car Design of the Year’ (design mondial de l’année);
• ‘World Electric Vehicle’ (véhicule électrique mondial de l’année);
• ‘World Car of the Year’ (voiture mondiale de l’année, victoire générale).
Quelles sont les principales caractéristiques de Kia EV3?
EV3 rend accessible au plus grand nombre la technologie résolument innovante du Kia EV9, nouveau porte-étendard de la marque, établissant ainsi de nouvelles références sur le segment des SUV 100% électriques compacts. Kia EV3 affiche un design extérieur audacieux et avant-gardiste associé à un intérieur pratique et innovant gage d’un maximum d’habitabilité, de fonctionnalité et de confort.
Du mouvement vient l’inspiration
EV3 revendique une autonomie exceptionnelle de 605 km et peut recharger sa batterie de 10 à 80% en 31 minutes*, offrant ainsi une remarquable polyvalence. Son espace intérieur spacieux garantit une habitabilité, un confort et une accessibilité optimales, tandis que les systèmes d’aide à la conduite avancés (ADAS) et les mises à jour à distance (OTA) contribuent à améliorer l’expérience de conduite.
Conçu pour rendre les VE plus accessibles, Kia EV3 accélère la transformation de Kia en un fournisseur de solutions de mobilité durables.
Quels prix Kia a-t-elle décrochés lors des précédentes éditions des World Car Awards ?
L’année dernière, Kia EV9 a réalisé un doublé en décrochant les titres de ‘World Car of the Year’ et de ‘World Electric Vehicle of the Year’.
Lors des éditions précédentes, Kia avait déjà remporté trois victoires aux World Car Awards :
– Kia EV6 GT – ‘World Performance Car of the Year’ en 2023;
– Kia Telluride – ‘World Car of the Year’ en 2020 (non commercialisé en France);
– Kia Soul EV – ‘World Urban Car’ en 2020.
Quand les lauréats des World Car Awards 2025 seront-ils annoncés ?
Les lauréats des six catégories seront annoncés le mercredi 16 avril 2025 lors de la cérémonie de remise des World Car Awards organisée dans le cadre du salon international de l’automobile de New York (NYIAS).
*L’autonomie de 605 km et le temps de recharge de 31 minutes correspondent à ceux de la version de EV3 avec batterie de 81,4 kWh et ont été estimés selon la norme WLTP.
Ceux qui prônent allègrement un alignement de la Tunisie sur la Turquie, la Chine, l’Iran, la Russie ou pire encore sur une Algérie aux multiples contradictions et vulnérabilités, gagneraient à tempérer leurs ardeurs et mettre de l’eau dans leur «rosata».
Elyes Kasri
Les récentes initiatives du président Trump qui n’a pas encore fait ses cent premiers jours à la Maison Blanche, même si leur appréciation peut faire l’objet d’un débat assez souvent passionné et houleux, montrent que l’ère du nouveau monde multipolaire est encore à l’état de projet et pour certaines régions du monde dont la zone Mena (Moyen Orient-Afrique du Nord), une vue de l’esprit et un vœu pieux à court et moyen termes.
Alors que l’Europe, la Russie, l’Inde, l’Iran, la Turquie et la Chine procèdent à un recentrage géostratégique de leurs intérêts nationaux et leurs zones de proximité, les initiatives du président Trump, aussi controversées qu’elles puissent paraître, montrent que les Etats-Unis d’Amérique restent au centre des affaires du monde en matière de sécurité internationale et de commerce mondial.
Ceux qui prônent allègrement un alignement de la Tunisie sur la Turquie, la Chine, l’Iran, la Russie ou pire encore sur une Algérie aux multiples contradictions et vulnérabilités, gagneraient à tempérer leurs ardeurs et mettre de l’eau dans leur «rosata».
Il faut se rendre à l’évidence que les Etats-Unis d’Amérique sont et resteront peut être plus qu’avant la principale source d’influence dans la zone Mena et que le sort de notre région se discute, au moins pour les quelques années à venir, à Washington D.C.
Certains régimes arabes semblent en avoir pris conscience tandis que d’autres, dans un délire idéologique aux graves répercussions géostratégiques, s’enferrent dans des postures donquichottesques à la limite du masochisme et de l’auto-flagellation.
Créer une structure de gestion pour le village artisanal, augmenter la compétitivité et la productivité des entreprises de transformation du bois d’olivier et dynamiser le village artisanal à travers l’intégration de tous les acteurs impliqués, à savoir les artisans, les centres de formation professionnelle, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, les structures de soutien et les médias.
Tels sont les objectifs du projet Irada (Volonté) pour la promotion du village artisanal et le développement de la filière bois d’olivier, financé par l’Union européenne, conclu dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, un programme destiné à soutenir 26 instituts de formation professionnelle dans huit gouvernorats : Jendouba, Bizerte, Sfax, Médenine, Gabès, Gafsa, Kasserine et Sidi Bouzid.
Cette initiative régionale de soutien au développement économique durable vise à doter le village des équipements nécessaires, ainsi qu’à encadrer et former plus de 35 artisans, a indiqué à l’agence Tap, Charefeddine Tahri, PDG de la Société de gestion du complexe industriel et technologique de Sidi Bouzid (CITech-SBZ).
Mohamed Akremi El-Hamdi, chef de projet pour la valorisation du village artisanal et le développement de la filière bois d’olivier, a indiqué qu’Irada à Sidi Bouzid repose sur trois composantes principales : la construction de six ateliers et de deux grandes halles, la mise en place d’une halle de production, d’une autre d’animation et d’ateliers de formation, et la formation de plus de 130 artisans dans les domaines de la sécurité au travail et de la maintenance des équipements.
Cette infrastructure, qui sera mise en œuvre par les artisans au sein d’un groupement d’intérêt commun, doit être exploitée au maximum.
Le bois d’olivier est l’un des secteurs d’artisanat les plus prometteurs et innovants, avec 35 entreprises actives dans la région, dont 6 exportent la totalité de leur production, et un effectif de plus de 200 employés permanents, a précisé El-Hamdi.
Le taux de remplissage des barrages en Tunisie est actuellement de 36,2%, a indiqué Hammadi Habaieb, secrétaire d’Etat auprès au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.(Ph. Barrage Sidi Salem).
Ce taux est meilleur que celui enregistré le 8 novembre 2024, et qui était de 22%, l’un des plus bas enregistrés ces trente dernières années, mais il reste insuffisant pour satisfaire les besoins du pays en cette ressource devenue de plus en plus rare
S’exprimant lors d’un atelier régional, jeudi 10 avril 2025 à Jendouba (nord-ouest de la Tunisie), sur l’utilisation efficace des ressources en eau, Habaieb a réitéré l’appel à rationaliser la consommation d’eau et à donner la priorité à la satisfaction des besoins prioritaires, notamment l’eau potable et l’eau pour l’irrigation des arbres fruitiers et des cultures stratégiques.
Le président de l’Organisation tunisienne des eaux et forêts, Jamel Laabidi, a mis en avant les obstacles à l’utilisation optimale des ressources en eau pour l’irrigation, tels que l’impact du changement climatique, la fréquence des années de sécheresse au cours des dix dernières années et la dégradation des réseaux de distribution d’eau. Et il a appelé à accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires pour assurer une meilleure mobilisation des réserves d’eau, tant dans les barrages que dans les réseaux d’irrigation et d’eau potable, soulignant la nécessité de finaliser les différents projets prévus.
Le gouvernorat de Jendouba est considéré comme la réserve en eau de tout le pays, a souligné l’experte en ressources en eau Sakina Hakimi, ajoutant que «la région fournit environ 16% de toutes les ressources nationalesen eau, estimées à 703 millions de mètres cubes par an».
Le bureau de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Tunis a déclaré qu’il «travaille en étroite collaboration avec le gouvernement tunisien pour développer des solutions qui répondent aux besoins des migrants tout au long du processus de retour volontaire et de réintégration».
L’organisation a indiqué dans un communiqué qu’elle suit de près la situation migratoire actuelle en Tunisie, soulignant qu’elle a renforcé sa capacité à fournir une assistance au rapatriement volontaire et à la réintégration à tous les migrants qui souhaitent en bénéficier.
L’OIM Tunisie invite ceux qui souhaitent bénéficier de ses programmes à contacter ses bureaux de Tunis et de Sfax, ainsi que ses numéros verts.
La semaine dernière, les autorités tunisiennes ont lancé une opération visant à évacuer les camps de fortune de migrants subsahariens à El-Amra et Jebeniana, dans le gouvernorat de Sfax.
Le porte-parole de la direction générale de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, a indiqué à cette occasion que la majorité des migrants irréguliers en Tunisie ont exprimé le désir de retourner volontairement dans leur pays d’origine. Et devant le siège de l’OIM à Tunis, dans le quartier du Lac 1, des files d’attente de dizaines de Subsahariens qui souhaitent s’inscrire aux procédures de rapatriement volontaire assisté se sont formées ces derniers jours.
Les négociations indirectes entre les États-Unis et la République islamique d’Iran s’ouvriront samedi 12 avril 2025 au Sultanat d’Oman. Elles ne concernent pas uniquement le programme nucléaire comme lors des précédentes à l’époque de l’administration Obama. Elles engloberont à la fois la question nucléaire, l’arsenal de missiles balistiques iraniens et les groupes mandataires de la République islamique dans le Moyen-Orient.
Imed Bahri
Steve Witkoff, homme de confiance de Donald Trump et son partenaire de golf de longue date qui est son envoyé spécial pour la région, représentera les États-Unis et non le secrétaire d’État américain Marco Rubio. Côte iranien, Abbas Araghchi, ministre des Affaires étrangères, représentera son pays.
Le président américain Donald Trump souhaite un accord nucléaire avec l’Iran mais qui soit meilleur que celui signé par l’administration du président démocrate Barack Obama en 2015, ont affirmé Luke Broadwater et David E. Sanger dans une enquête publiée par le New York Times.
Lorsque Trump a lancé sa première campagne présidentielle en 2016, on lui a demandé comment il aborderait le problème de sécurité nationale le plus complexe au monde. Le candidat Trump avait une formule simple pour réduire le programme nucléaire iranien: «L’équipe de négociation de Barack Obama devrait quitter la table des négociations et partir. Alors les Iraniens viendront mendier».
L’écart entre les deux camps est énorme
Aujourd’hui, les Iraniens sont bien plus proches de posséder la capacité de produire une arme nucléaire qu’ils ne l’étaient lors de la négociation de l’accord de 2015. Cela est dû à la décision de Trump de se retirer de l’accord nucléaire en 2018. Le président a désormais l’occasion de démontrer ce qu’Obama et son équipe auraient dû faire.
Jusqu’à présent, l’écart entre les deux camps semble énorme. Les Iraniens semblent vouloir une version actualisée de l’accord de l’ère Obama qui limitait les stocks de matières nucléaires de l’Iran.
Les Américains, quant à eux, veulent démanteler l’immense infrastructure d’enrichissement du combustible nucléaire iranien, son programme de missiles et mettre fin au soutien de longue date de Téhéran au Hamas, au Hezbollah et à ses autres forces mandataires en Irak et au Yémen.
Le NYT indique que le temps presse et peut jouer en défaveur des ambitions de Trump.
Le journal cite Jeanne Shaheen, sénatrice du New Hampshire et cheffe de file démocrate au sein de la commission des relations étrangères du Sénat, qui a qualifié la décision de M. Trump de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien de grave erreur. Elle a déclaré: «Il est impératif que nous parvenions rapidement à un accord. Le programme nucléaire iranien progresse de jour en jour et avec l’expiration imminente des sanctions, nous risquons de perdre l’un de nos plus importants leviers». Cette expiration des sanctions est prévue pour le 18 octobre.
Trump est désormais sous pression pour parvenir à un accord plus strict concernant l’Iran que celui conclu sous l’administration Obama. Ce sera un vrai test pour le président qui joue les durs avec les Iraniens pour voir s’il parvient à atteindre ses objectifs.
Pour faire pression, son administration menace déjà la République islamique de frappes militaires si les négociations ne se déroulent pas bien, sans toutefois préciser si les États-Unis, Israël ou une force conjointe mènerait ces frappes. La porte-parole de la Maison Blanche, Caroline Leavitt, a promis mardi que les Iraniens paieraient un lourd tribut s’ils ne négociaient pas avec M. Trump.
«Les Iraniens seront surpris de découvrir qu’ils n’ont pas affaire à Barack Obama ou à John Kerry. C’est un tout autre jeu», a déclaré Jim Risch, sénateur républicain de l’Idaho et président de la commission des relations étrangères.
Les négociations débuteront samedi, avec Steve Witkoff, ami et partenaire de golf de Trump, qui dirigerait l’équipe américaine. Witkoff gère également les négociations sur Gaza et l’Ukraine et n’a aucune expérience de la technologie complexe de l’enrichissement des combustibles nucléaires ou des nombreuses étapes impliquées dans la fabrication d’une bombe nucléaire.
L’Iran se laisserait-il désarmer totalement ?
La première question à laquelle il sera confronté concerne la portée des négociations, l’accord de l’ère Obama ne portant que sur le programme nucléaire. Il n’a pas abordé le programme de missiles de l’Iran qui était soumis à des restrictions distinctes de la part l’Onu que Téhéran a ignorées. L’accord de 2015 n’a pas également concerné ce que les Américains appellent le soutien au terrorisme à savoir les groupes mandataires financés et armés par la République islamique dans le Moyen-Orient.
Le conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz a déclaré qu’un nouvel accord avec l’administration Trump doit aborder tous ces aspects et doit démanteler complètement l’infrastructure du programme nucléaire iranien et non le laisser fonctionner au ralenti comme cela s’est produit en 2015. Dans une interview accordée à «Face the Nation» sur CBS en mars, il a expliqué: «L’Iran doit abandonner son programme nucléaire d’une manière que le monde entier puisse voir. Un démantèlement complet».
Cependant un tel accord ressemblerait bien plus à une capitulation. Il laisserait l’Iran en grande partie sans défense: pas de missiles, pas de forces mandataires et aucune voie vers une bombe nucléaire.
Bien que Trump ait déclaré lundi que les pourparlers seraient directs, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a démenti cette affirmation confirmant qu’ils seraient indirects et se tiendraient dans le Sultanat d’Oman. Dans un article publié dans le Washington Post, il a confirmé que son pays était prêt à des discussions indirectes avec les États-Unis. Le ministre iranien a appelé Washington à retirer la menace militaire contre l’Iran de la table des négociations.
Le NYT a noté que l’environnement de négociation est plus risqué qu’il ne l’était sous l’administration Obama. Le programme nucléaire iranien a progressé depuis que Trump s’est retiré de l’accord précédent et aujourd’hui l’Iran produit de l’uranium enrichi à 60% de pureté juste en dessous du seuil nécessaire pour avoir la bombe.
Les agences de renseignement américaines ont conclu que l’Iran explore une approche plus rapide bien que plus primitive pour développer une arme nucléaire qui prendrait des mois plutôt qu’un an ou deux si ses dirigeants décidaient de se lancer dans une course à la construction d’une bombe.
Toutefois, la position de négociation de l’Iran semble plus faible à plusieurs égards. Israël a détruit en octobre ses défenses aériennes qui protégeaient ses installations nucléaires et ses groupes mandataires dans la région ont également été la cible de frappes, notamment le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza.
Il y a cependant des facteurs importants dans l’équation. L’Iran pourrait bénéficier de ses relations avec la Russie à un moment où les États-Unis tentent de négocier avec celle-ci pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Le ministère américain de la Justice a également accusé les Gardiens de la révolution d’avoir tenté d’assassiner Trump l’année dernière, une évolution qui jettera une ombre sur les négociations. Il y a aussi la question de savoir si les Républicains et Israël accepteront un éventuel accord conclu entre les deux partis.
Un accord après 45 ans de désaccord
Dennis Gate, professeur de relations internationales à l’Université d’État de Pennsylvanie et auteur d’un livre sur l’accord nucléaire iranien, estime que Trump n’abandonnera probablement pas l’option des frappes militaires ce qui rend les négociations peu susceptibles de réussir.
Pour sa part, Karim Sadjadpour du Carnegie Endowment for International Peace a averti que l’équipe Trump agirait en dehors de ses objectifs déclarés. Il a déclaré: «Vous ne négociez pas un prix final ou un grand accord mais plutôt des questions techniques cruciales telles que les niveaux d’enrichissement de l’uranium, les spécifications des centrifugeuses et les systèmes d’inspection. Il y a une grande différence entre affirmer que l’Iran ne peut pas posséder l’arme nucléaire et que son programme nucléaire doit être démantelé comme cela s’est produit en Libye. Il existe un risque que la partie américaine qui manque actuellement d’expérience claire et d’objectif précis soit dépassée dans les négociations par la partie iranienne qui possède les deux».
Sayed Hossein Mousavian, expert en sécurité et en politique nucléaire au Moyen-Orient à l’Université de Princeton, estime que les chances de succès des négociations résident dans un résultat que chaque partie vendrait à son propre public et que Téhéran accepte des inspections périodiques.
Mousavian conclut avec lucidité: «Je comprends que Steve Witkoff souhaite un accord et non la guerre. Il partage l’état d’esprit de Trump. Je vois donc une opportunité mais la réalité est que l’Iran et les États-Unis sont en désaccord depuis 45 ans et parvenir à un accord sur quoi que ce soit sera compliqué».
Dans le communiqué reproduit ci-dessous, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) «exprime sa plus vive indignation face à l’interdiction par les forces de sécurité tunisiennes d’une action symbolique et pacifique : la simulation d’un procès équitable», qui était prévue mercredi 10 avril 2025 à la salle Le Rio à Tunis.
Organisée par un collectif d’organisations de défense des droits humains — dont Avocats Sans Frontières, Amnesty International, Beity, le FTDES, la LTDH, EuroMed Rights, Calam, Aswat Nissa et le CRLDHT —, cette initiative visait à sensibiliser le public à un droit fondamental garanti par la Constitution tunisienne et les conventions internationales ratifiées par la Tunisie : le droit à un procès équitable.
Cette interdiction brutale, infondée et sans justification légale, constitue une violation flagrante de la liberté d’expression, de la liberté de réunion pacifique et du droit à l’initiative citoyenne. Elle confirme une nouvelle fois la dérive autoritaire du régime en place, soucieux d’étouffer toute forme de critique, de débat ou d’expression démocratique.
Ce refus d’autoriser une mise en scène pédagogique et citoyenne, en amont de la deuxième audience du procès dit du «complot contre la sûreté de l’État» qui se tient le 11 avril 2025, est un aveu clair : le pouvoir a peur de toute évocation des principes de justice véritable. Il admet, implicitement mais de façon éclatante, que ses procès sont tout sauf équitables.
Le CRLDHT salue la prise de parole forte de Madame Sana Ben Achour dont l’intervention au nom du collectif des associations organisatrice constitue une leçon magistrale de citoyenneté lucide et de fidélité aux principes. Elle a rappelé que la défense des droits ne dépend ni de l’idéologie ni de l’identité des personnes concernées, mais repose sur l’attachement sans faille aux principes universels de justice.
Le CRLDHT appelle les autorités tunisiennes à : – mettre immédiatement fin aux entraves arbitraires visant la société civile et ses initiatives; – respecter les libertés fondamentales garanties par la Constitution tunisienne et les engagements internationaux du pays; – garantir un accès libre aux espaces publics pour les manifestations éducatives, culturelles ou politiques; – assurer un climat propice à la participation citoyenne, à l’expression critique et au dialogue démocratique.
Le Comité exprime son entière solidarité avec toutes les personnes et organisations engagées pour la défense des droits humains et dénonce l’instrumentalisation de la justice à des fins de répression politique. Il appelle à une mobilisation renforcée en soutien aux prisonniers d’opinion et aux victimes de cette répression.
Des montagnes de l’Aurès aux rives de la Méditerranée, là où les vents murmurent encore l’histoire, une poupée de huit centimètres rallume la flamme d’un patrimoine millénaire. Son nom : R’mila. Sa mission : porter haut les couleurs de la culture chaouie, avec ses étoffes, ses symboles et sa mémoire. Et désormais, elle s’apprête à franchir une nouvelle frontière : elle débarque bientôt à Tunis.Vidéo.
Djamal Guettala
C’est dans l’intimité de son foyer que Hayet Messaouda Bouali, enseignante retraitée et militante culturelle, donne vie à R’mila. Ce petit personnage, vêtu de la Thimlḥafth, la melhfa traditionnelle chaouie, est bien plus qu’un jouet. C’est le fruit d’une vie de transmission, de fierté et de résistance.
«J’ai toujours porté le Lhaf chaoui, même en classe», confie-t-elle. Et d’ajouter : «Mes élèves me voyaient comme une ambassadrice silencieuse de cette tenue ancestrale. À ma retraite, j’ai eu peur que ce fil se rompe. Alors j’ai créé R’mila.» Un acte d’amour pour sa culture, né au moment où d’autres tournent la page.
Tissus précieux, gestes méticuleux
Chaque poupée demande plusieurs heures de travail, de la couture minutieuse aux détails symboliques : ceintures, broderies, accessoires… Tout est pensé pour respecter l’authenticité. Les tissus proviennent de merceries ou des propres réserves de l’artisane, récupérés au fil du temps.
Et si R’mila touche tant, c’est qu’elle parle à toutes les générations. «Une poupée, c’est l’enfance, la mémoire affective. C’est une façon douce de faire aimer le patrimoine dès le plus jeune âge», explique Hayet.
Hayet Bouali veutfaire aimer le patrimoine dès le plus jeune âge.
Le succès de R’mila dépasse les Aurès. D’Alger à Oran, de Tlemcen à Paris, jusqu’au Canada ou au Mexique, les commandes affluent. «Quand une poupée part à l’étranger, c’est comme si mon village natal voyageait avec elle», dit Hayet avec émotion. «C’est ma manière de faire exister R’mila, ce douar que je n’ai pas habité mais que je porte dans mon cœur», ajoute-t-elle.
Aujourd’hui, une nouvelle étape s’annonce : R’mila s’apprête à s’exposer à Tunis, preuve que le message qu’elle porte touche bien au-delà des frontières nationales.
Des projets en devenir
Des expositions locales ont déjà permis au public de découvrir son travail. Un livre, des vidéos, et des ateliers de transmission sont à l’étude. L’ambition est claire : pérenniser un savoir-faire et transmettre un message fort.
«La transmission, c’est un acte de résistance. C’est dire aux jeunes générations : ‘Tu viens de quelque part. Rappelle-toi.’», souligne Hayet Bouali qui, à travers R’mila, ne coud pas seulement des poupées. Elle tisse un pont entre passé et futur. Et aujourd’hui, ce pont franchit la mer : la poupée chaouie part à la rencontre de Tunis, où elle portera haut les couleurs de son peuple. Un geste humble, mais essentiel, pour que la culture chaouie continue de vivre, de vibrer et de rayonner bien au-delà des Aurès.
Si l’on distingue la publication des œuvres littéraires iraniennes à l’étranger en deux catégories — la littérature persane et la littérature iranienne en d’autres langues — c’est la première qui a connu un destin tragique, surtout dans les premières années qui ont suivi la révolution iranienne. Cependant, grâce aux nouvelles générations d’Iraniens persanophones vivant à l’étranger et à des outils tels qu’Internet, cette situation est en train de se transformer. (De haut en bas et de gauche à droite :Kader Abdolah – Shahrouz Rashid – Reza Daneshvar – Mahmoud Dowlatabadi – Houshang Golshiri).
Mostafa Khalaji
Le persan, langue officielle de l’Iran, est également une langue riche d’une longue histoire. Malgré les évolutions qu’elle a connues au cours des cent dernières années, les Iraniens continuent de comprendre sans difficulté les œuvres des poètes et écrivains qui ont vécu il y a mille ans.
En dehors de l’Iran, les Afghans et les Tadjiks parlent aussi le persan. Autrefois, ils partageaient tous un même espace culturel. Mais à la suite des délimitations politiques et géographiques entre l’Iran, le Tadjikistan et l’Afghanistan — et en particulier après la Révolution constitutionnelle persane — le lecteur iranien s’est principalement tourné vers les œuvres littéraires persanophones produites à l’intérieur des frontières actuelles de l’Iran.
Méfiance envers la littérature en exil
De nos jours, à quelques exceptions près, les lecteurs iraniens, et même les écrivains iraniens, n’accordent que peu d’attention aux œuvres persanophones publiées à l’étranger par des Iraniens.
L’avis de Houshang Golshiri, écrivain célèbre qui vivait en Iran, à propos de la littérature persanophone en exil, est bien connu. Il avait déclaré que les récits persans publiés par les écrivains iraniens exilés n’avaient que peu de valeur littéraire et relevaient surtout de la «catharsis émotionnelle».
Ou encore Mahmoud Dowlatabadi, considéré comme le plus grand écrivain iranien vivant, qui réside en Iran, n’a jamais accepté que son roman ‘‘Le Colonel’’ soit publié en persan à l’étranger, malgré l’absence d’autorisation de publication en Iran.
Dowlatabadi a permis que les traductions de ce roman important de la littérature persane soient publiées dans d’autres langues à l’étranger, Il n’a jamais donné son accord pour la publication de ce livre dans sa version originale à l’étranger. La soif des lecteurs iraniens pour lire le texte original a poussé certains trafiquants de livres à le retraduire du français ou d’autres langues vers le persan et à le publier illégalement !
De tels cas illustrent la méfiance persistante qui règne en Iran à l’égard de la littérature persanophone produite en exil. Cette suspicion n’existe pas à l’encontre des œuvres d’Iraniens ou de personnes d’origine iranienne qui écrivent en langues étrangères (notamment européennes) à l’étranger.
Cette frange d’écrivains, dont la plupart ont pris la nationalité du pays qui les héberge, est de plus en plus reconnue et leurs œuvres de plus en plus lues. Cependant les écrivains iraniens en exil qui persistent à écrire dans leur langue maternelle demeurent isolés. Que ce soit en Iran ou dans la diaspora, leurs œuvres ne sont ni lues ni reconnues à leur juste valeur.
En refusant aux écrivains iraniens de l’étranger la possibilité d’être publiés en Iran, le gouvernement de la République islamique a érigé un mur tel que, près de quatre décennies après la Révolution, il est toujours difficile aux lecteurs iraniens d’accéder aux œuvres des auteurs en exil, malgré Internet et l’édition numérique. Là-dessus viennent se greffer les clichés en vigueur en Iran concernant la littérature iranienne en exil, entre autres, cette critique récurrente selon laquelle «cette littérature ne produit pas des chefs d’œuvre».
La langue en exil
La Révolution islamique de 1979 a déclenché une vague d’émigration, y compris chez les écrivains, dont la plupart ont connu de grandes difficultés dans les premières années ou étaient étroitement surveillés par le régime, soit en raison de leurs activités politiques, soit à cause de leurs œuvres. Leur sort, comme celui de milliers d’autres Iraniens, a été l’exil. Mais parmi ces écrivains, ceux qui étaient enseignants, journalistes, fonctionnaires ou professeurs d’université, ont dû en exil choisir d’autres métiers, généralement d’un niveau inférieur pour assurer leur subsistance.
Reza Daneshvar, auteur de romans et de pièces de théâtre qui émigra à Paris en 1982 où il vécu jusqu’à sa mort en 2015, a gagné sa vie pendant des années comme chauffeur de taxi tout en écrivant son œuvre qui compte parmi les plus importantes de la langue persane. Il a comparé la situation de nombreux Iraniens en exil à celle des Russes exilés après la Révolution de 1917 : «Dans les taxis parisiens, on trouve comme au temps des Russes blancs des princes, des comtes, des architectes, des ingénieurs exilés et moi-même j’ai suivi ce drôle de chemin.»
Il considérait avoir choisi ce métier parce qu’il n’était pas capable d’écrire parfaitement en français : «Pour communiquer avec le monde, vous avez besoin de la langue ; lorsque vous ne maîtrisez pas une langue, votre monde se réduit aux quelques mots que vous connaissez et ceci affecte vos relations sociales et le choix de votre métier.»
Pourquoi l’écrivain iranien en exil cherchait-il à écrire dans une autre langue ? Peut-être que la principale raison de l’absence de véritable connexion entre lui et le lecteur persanophone en exil réside là.
Plus de cent écrivains iraniens ont été exilés après la révolution. Aujourd’hui, après 45 ans, leur nombre a considérablement augmenté. Cependant, en raison de la censure en Iran, des difficultés liées à l’édition à l’étranger et des coûts de distribution, ces écrivains ne parviennent pas à faire parvenir leurs œuvres facilement aux lecteurs persanophones en Iran et même dans d’autres régions du monde.
De plus, l’absence de librairies iraniennes dans la plupart des villes d’Europe et d’Amérique, et même dans les grandes métropoles où il n’y en a qu’une seule, empêche les lecteurs intéressés de trouver les livres qu’ils recherchent.
Il existe également un mur invisible entre l’écrivain iranien en exil et le lecteur persanophone en Iran.
Les lecteurs vivant en Iran estiment que les écrivains de l’exil ne peuvent pas ressentir les conditions de vie actuelle du pays et qu’ils ont perdu à l’étranger la maîtrise de leur langue maternelle. Par conséquent, ils n’éprouvent pas d’intérêt pour leurs écrits. Selon eux, tant que ces auteurs vivaient en Iran, ils pouvaient être de bons écrivains, mais du moment où ils sont partis loin de leur pays et de leur langue maternelle, ils ne sont plus à même de créer une littérature digne d’intérêt.
Shahrouz Rashid, poète iranien qui a fui l’Iran pour des raisons politiques après la Révolution et est décédé en 2019, conteste ce point de vue : «La littérature de l’exil n’est absolument pas l’expression de ce qui ne peut pas être dit en Iran. Ce qui n’a pas été dit en Iran n’a pas été dit et ne le sera pas. En vérité, la littérature de l’exil n’exprime pas les non-dits de l’Iran, elle a, au contraire, une valeur propre.»
Mais les quelques écrivains iraniens en exil qui ont appris la langue du pays où ils vivent suffisamment bien pour écrire dans cette langue ne sont plus confrontés à ces critiques. Non seulement ils ne sont pas l’objet de jugements acerbes de la part des critiques littéraires des pays hôtes, mais ils sont beaucoup mieux considérés par les lecteurs et les revues littéraires en Iran que les écrivains de l’exil qui continuent à écrire dans leur langue maternelle.
Kader Abdolah, écrivain et réfugié politique iranien qui vit aux Pays-Bas depuis des années, écrivait en persan durant ses premières années d’exil, mais a rapidement publié son premier roman en néerlandais. Tant qu’il écrivait en persan, il n’était pas un écrivain connu, mais dès qu’il a commencé à écrire dans une langue étrangère, il est devenu un écrivain à succès. Cet écrivain iranien a lui-même déclaré à propos des écrivains iraniens qui écrivent leurs œuvres en persan en exil qu’ils ont un «sort tragique».
Un destin en pleine évolution
Dans ce contexte, les éditeurs iraniens à l’étranger ont intensifié leurs efforts ces dernières années pour faire connaître les œuvres des écrivains exilés aux lecteurs iraniens de l’étranger.
Par exemple, le «Salon du livre de Téhéran non censuré», qui se tient chaque année en mai dans plusieurs villes d’Europe et des États-Unis en même temps que le Salon international du livre de Téhéran, concrétise ces efforts. L’objectif de ce salon est de permettre aux lecteurs persanophones de l’étranger d’accéder aux livres non censurés.
Les éditeurs participants à ce salon affirment que la continuité de cet événement, année après année, est un signe de son succès. Certains éditeurs persanophones en exil tentent également, par la création de nouvelles applications, de rendre leurs œuvres accessibles en Iran aux personnes intéressées.
Ces éditeurs disent que, malgré toutes les difficultés et obstacles, préserver la littérature persanophone à l’étranger est important pour la vitalité de la culture des Iraniens à l’étranger et pour réduire leurs crises identitaires.
Les Rencontres du Printemps du FMI démarrent dans moins de deux semaines à Washington DC (21 au 25 avril 2025) dans un contexte économique tendu et inédit. La Tunisie qui a officieusement «rompu» avec le Fonds monétaire international (FMI), hésite encore entre i) se rendre à Washington sans objectif et y perdre la face, ou ii) s’abstenir, aggravant le bras-de-fer avec le FMI, qui a mis la Tunisie sur sa liste noire des pays ayant fait «défection».
Moktar Lamari *
La Tunisie a besoin d’un accord avec le FMI, son économie chancelante ne peut risquer les conséquences d’un éventuel boycottage des Spring Meetings.
Il y a un proverbe tunisien qui résume la situation et les tensions régissant les péripéties des relations chancelantes entre la Tunisie et le FMI. Il dit en substance «Je ne t’aime pas, mais je ne peux pas me passer de toi». Ce proverbe s’applique, et pas à peu près.
«Stop and go»?
Depuis au moins deux ans, le discours officiel des autorités gouvernementales et monétaires fait croire que la Tunisie est opposée totalement à toutes les injonctions et conditionnalités du FMI. On bombe le torse de part et d’autre.
On fait tout pour dire à l’opinion publique tunisienne que la rupture avec le FMI est consommée, et la Tunisie doit compter uniquement sur elle-même et sur ses ressources propres… pour s’en sortir.
Un discours souverainiste pour haranguer les foules, avec des comportements alternants le «stop and go».
Une telle approche n’est pas nouvelle dans la diplomatie internationale, puisque conçue depuis plus de 40 ans, par des économistes américains opportunistes qui prônent les décisions discrétionnaires, au cas par cas, la chose et son contraire. Sans continuité et sans stabilité.
Dans les interactions, c’est la théorie des jeux qu’on applique en Tunisie, peut-être sans le savoir. Et sans anticipation rationnelle des comportements des parties prenantes.
Pour octroyer ses prêts et un sauf conduit à la Tunisie, l’institution du Bretton Woods exige des réformes structurelles engageantes et dont les impacts sont mesurables par des indicateurs, pour notamment réduire le déficit budgétaire, réduire la taille de l’État, supprimer progressivement les subventions, introduire plus de flexibilité dans le taux de change du dinar, entre autres exigences.
Niet, pas question, répond le président Kaïs Saïed qui plaide tous azimuts la «souveraineté», sachant que la Tunisie a besoin du feu vert du FMI pour accéder aux marchés financiers et pour bénéficier de plus de prêts et de dons internationaux. Si entente, les taux d’intérêt du FMI sont largement inférieurs à ceux des banques locales en Tunisie. Certainement deux fois moins chers.
La Tunisie aggrave son cas, aux yeux du FMI, en mettant en cause une loi ayant institué l’«indépendance» de la Banque centrale. Et en demandant à celle-ci de cofinancer les déficits publics. À juste titre, cette loi, initiée par un parlement islamiste en 2016, s’est avérée un fiasco lamentable.
La Tunisie a aussi reporté sine die les visites périodiques des équipes du FMI pour concertation et évaluation des équilibres et agrégats de la macroéconomie du pays. Ces visites sont régies par des accords institués dans le cadre de l’article IV, des conventions engageant les pays avec le FMI.
Malgré tout, le FMI a maintenu sa présence et représentation de haut standing en Tunisie (à Sidi Bou Said), en nommant à grands frais un représentant débutant, invisible dans les médias, inexistant dans l’univers de la recherche monétaire, et dont personne ne sait ce pourquoi il est en Tunisie.
Le paradoxe
Logiquement, et considérant ce positionnement politique et idéologique à l’encontre du FMI, on peut s’attendre à ce que la Tunisie boude les prochains Spring Meetings du FMI.
Mais, rien n’indique que, cette fois, la Tunisie ne va pas s’y rendre avec la délégation habituelle, et de haut niveau, constituée du gouverneur de la BCT et des ministres des Finances et de l’Économie.
Le président Kaïs Saied a convoqué, le 7 avril, successivement, la ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale, pour passer en revue les «défis économiques de l’heure».
Et à deux semaines des rencontres du FMI à Washington, on ne peut pas imaginer que les réunions aient évacué la décision de se rendre ou pas à Washington, pour participer à ces rencontres très importantes pour la gouvernance de l’économie mondiale.
Ces rencontres annuelles sont impactées directement par les politiques protectionnistes et tarifaires engagées par l’administration américaine. Les États-Unis sont le plus important actionnaire du FMI depuis 1944 et la victoire des Américains lors de la 2e guerre mondiale. Et sur ce plan, on peut s’attendre à tout durant ces réunions du printemps 2025.
Trump a gelé l’action et les budgets de l’USAID, le plus grand organisme d’aide au développement au monde. Il est capable de faire dire à son ministre des Finances qu’«il faut isoler les Chinois, les anti-Israël… et les punir en les excluant des aides du FMI ». Ainsi, le spectre de Trump plane sur ces Spring Meetings, comme une épée de Damoclès.
De facto, les fondamentaux du libre échange sont bafoués, brouillés et mis en échec par la guerre tarifaire, lancée par Trump. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) et probablement aussi le FMI vont perdre leurs repères et principes fondateurs.
Il convient de savoir dans ce contexte que la Tunisie sera impactée par une hausse des droits de douane de 28% sur 98% de ses exportations aux États-Unis, et qui frôlent 1,1 milliard de dollars annuellement.
Minimalisme versus maximalisme
Mais avant une participation d’une délégation tunisienne à ces réunions, on peut moduler le niveau de représentation et d’ordre de mission.
Mme l’ambassadrice de la Tunisie à Washington pourrait assumer un plus grand rôle dans les travaux de ces réunions. Elle connaît très bien les dossiers, et elle ne doit pas subir à chaque fois de nouveaux ministres sans expérience, et qui sont éphémères aussi bien l’un que l’autre, en tout cas, très peu préparés aux enjeux et défis économiques et monétaires qui se jouent actuellement dans cette guerre commerciale devant instaurer un nouvel ordre économique et monétaire.
Depuis trois ans, il y a eu dans ces délégations 4 ministres différents et deux gouverneurs de la BCT.
Il ne faut pas perdre de vue aussi que l’image de la Tunisie au sein de l’enceinte du FMI n’est pas à son meilleur niveau et que plusieurs responsables du FMI (Jihad Azour, Kristalina Georgieva et autres) ne portent pas la Tunisie dans leur cœur.
Défendre la cause de la Tunisie au sein du FMI ne peut pas se faire sans l’appui d’économistes tuniso-tunisiens, qui parlent peu, mais qui se font respecter par leurs écrits et preuves probantes pour montrer et démontrer les «erreurs et horreurs» historiques des institutions du Bretton Woods et leurs relais ou mercenaires en Tunisie et ailleurs dans le monde.
«Les relations de coopération entre la Tunisie et l’Alliance atlantique et les moyens de renforcer leurs mécanismes et d’élargir leur portée, notamment dans le cadre du Dialogue méditerranéen lancé en 1994» ont été au centre d’une réunion le 8 avril 2025 à Tunis.
Ces relations ont été au centre de l’entretien entre le ministre de la Défense, Khaled Shili, et le Représentant spécial du secrétaire général de l’’Otan pour le voisinage sud et Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et à la politique de sécurité, Javier Colomina.
Shili – lit-on dans un communiqué du ministère tunisien – a fait part de son appréciation des progrès réalisés dans la coopération militaire avec l’Alliance, soulignant les cadres juridiques et les multiples mécanismes de partenariat, notamment après l’octroi à la Tunisie du statut d’allié majeur (non membre) de l’Otan en 2015, qui ont contribué au développement des capacités opérationnelles des forces armées tunisiennes.
Dans ce contexte, le ministre a souligné l’importance d’élargir davantage cette coopération et de suivre la mise en œuvre des accords bilatéraux prévus, notamment dans les domaines de la formation et de l’échange d’expertise.
Il s’agit de répondre aux besoins de la phase actuelle, caractérisée par de multiples défis et une diversité de risques et de menaces régionales, notamment la migration irrégulière, la traite des êtres humains, la criminalité transfrontalière, le terrorisme et la contrebande, dans un cadre de respect et de confiance mutuels, conclut le communiqué.
La mission du Parc archéologique du Colisée (Rome, Italie) a commencé à El Jem, l’ancienne ville de Thysdrus, située dans le gouvernorat de Mahdia au centre-est de la Tunisie. Il s’agit d’une campagne de relevé et de documentation graphique et photographique des mosaïques du Musée et de la domus d’El Jem.
Cette ville antique a été construite, comme beaucoup d’autres établissements romains en Tunisie, sur le site d’anciens centres puniques, célèbres dans le monde entier pour les ruines de l’amphithéâtre ainsi que pour les nombreuses maisons et villas décorées de magnifiques mosaïques polychromes, de précieuses fresques, de jardins et de portiques à colonnades.
Le Parc l’a annoncé dans une note précisant que dans le cadre de l’accord de collaboration avec l’Institut national du patrimoine (INP) et l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC) signé en avril 2024, le Parc archéologique représenté par les responsables Federica Rinaldi et Angelica Pujia a lancé la campagne de relevé et de documentation graphique et photographique des mosaïques du Musée et de la domus d’El Jem, en particulier la Domus Sollertiana, la Domus del Pavone et la Domus dei Delfini avec les topographes dirigés par Pietro Gasparri.
Durant le séjour, quelques inspections de chantier ont également été réalisées à l’amphithéâtre d’El Jem pour vérifier d’éventuelles activités d’amélioration et d’accessibilité.
Les responsables du Parc archéologique du Colisée ont pu s’entretenir longuement avec leurs collègues tunisiens, notamment avec Anis Hajlaoui, inspecteur général, et Rachid Hamdi. Ils ont partagé les méthodes de travail et l’implication du personnel local pour l’échange de données et d’informations.
Cette première phase se poursuivra jusqu’à la mi-avril et, après le traitement des données topographiques et le relevé, ce sera le tour des interventions d’entretien extraordinaires sur les surfaces en mosaïque de la domus, prévues pour les mois de mai et juin.
Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée(Mucem) à Marseille s’apprête à accueillir une figure majeure du cinéma tunisien : Fatma Ben Saïdane, actrice et réalisatrice dont le parcours artistique et militant force le respect.
Invitée d’honneur de cette programmation exceptionnelle, Fatma Ben Saidane sera présente pour une série de projections, ponctuées par une masterclass exclusive le samedi 26 avril à 14h, en conversation avec le critique Samir Ardjoum (Microciné).
Née en 1952, l’actrice a su imposer son image et sa voix singulières au sein du paysage culturel tunisien. Que ce soit sur grand écran, à la télévision ou au théâtre, elle incarne depuis des décennies une vision exigeante et engagée de l’art. Son travail a traversé les frontières, tout en restant profondément enraciné dans la culture et l’histoire de son pays.
Un programme à son image
Le public pourra (re)découvrir quatre œuvres marquantes du cinéma tunisien contemporain, où se reflètent les tensions, les espoirs et les luttes d’une société en pleine mutation.
‘‘La télé arrive’’ de Moncef Dhouib (2006), comédie satirique sur l’image et les faux-semblants dans un village du sud tunisien, réveillé par l’annonce d’une visite télévisée internationale.
‘‘El Jaida’’ de Selma Baccar (2017), drame poignant sur quatre femmes emprisonnées à la veille de l’indépendance, symbole d’une Tunisie en quête de liberté et de reconnaissance.
‘‘Madame Bahja’’ de Walid Tayaa (2006), court-métrage cinglant et plein d’humour sur la solitude et le mépris institutionnel, suivi de la masterclass de Fatma Ben Saïdane.
‘‘Making of’’ de Nouri Bouzid (2006), portrait audacieux d’un jeune homme en rupture, happé par l’endoctrinement religieux – un film visionnaire sur la radicalisation.
Rendez-vous avec l’histoire et le présent
Au-delà des films, cette rencontre est l’occasion d’un dialogue entre générations, entre mémoires et actualité. À travers son regard, Fatma Ben Saïdane nous invite à penser l’art comme espace de liberté, de résistance et de transmission.
Toutes les projections se dérouleront en sa présence, offrant au public une chance rare d’échanger avec l’une des grandes dames du cinéma maghrébin.
Le taux de fécondité de la Tunisie, actuellement compris entre 1,6 et 1,7 (données 2023), est faible et en baisse mais reste relativement supérieur à celui enregistré dans les pays européens.
C’est ce qu’a déclaré Hafedh Chekir, expert international en démographie, lors d’une table-ronde organisée par l’Office national de la famille et de la population (ONFP) sur les mutations démographiques et l’égalité des sexes en Tunisie, laissant entendre que ce taux pourrait légèrement augmenter dans les années à venir mais restera probablement inférieur à 2%.
L’expert attribue ce déclin à l’évolution des priorités des jeunes, qui se concentrent de plus en plus sur leurs objectifs personnels, leur avancement professionnel et leur éducation plutôt que sur le mariage et la construction d’une famille.
Les panélistes ont souligné que la baisse du taux de fécondité en Tunisie est due à de multiples facteurs sociaux, démographiques et culturels, notamment la migration, la hausse des taux de divorce et le retard des mariages.
«Un taux de fécondité idéal pour soutenir une structure de population jeune devrait se situer entre 2 et 2,4», a souligné le directeur général de l’ONFP, Mohamed Douagi.
La chercheuse en sciences sociales Dorra Mahfoudh a reconnu le leadership de la Tunisie après l’indépendance dans la promotion des droits des femmes, en particulier dans la participation au marché du travail et l’accès aux rôles décisionnels, mais a déploré que «l’égalité des sexes reste insatisfaite, les femmes étant toujours confrontées à des taux de pauvreté et de chômage plus élevés que les hommes».
L’Algérie a exprimé ses «regrets» face à la position exprimée par les Etats-Unis, qui ont récemment réaffirmé leur soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc sous sa souveraineté comme «seule» solution possible au conflit du Sahara occidental.
Dans un communiqué publié mercredi 9 avril 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères a «déploré l’affirmation de cette position par un membre permanent du Conseil de sécurité», qui «devrait respecter le droit international en général et les résolutions du Conseil de sécurité en particulier».
Le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Marco Rubio, avait réitéré mardi que les Etats-Unis soutiennent le plan d’autonomie du Maroc comme «seule base pour une solution juste et durable» au conflit du Sahara occidental, lors d’une rencontre avec son homologue marocain Nasser Bourita.
Alger a rappelé dans son communiqué que le Sahara occidental est reconnu par les Nations Unies comme un «territoire non autonome» et a réitéré que sa décolonisation n’est pas encore achevée, critiquant également le fait qu’une puissance comme les États-Unis adopte une approche qui s’écarte du cadre juridique établi par les Nations Unies. «L’Algérie réitère que la question du Sahara occidental est fondamentalement liée à un processus de décolonisation inachevé et à un droit à l’autodétermination non réalisé», a-t-il ajouté.
Le Sahara occidental est un territoire contesté depuis 1975, après le retrait espagnol. Le Maroc propose une autonomie sous sa propre souveraineté, tandis que le Front Polisario appelle à un référendum d’autodétermination. La question reste sans solution sous les auspices de l’Onu.
Rappelons que les relations entre l’Algérie et la France passent par une période de tension après la reconnaissance par le président Emmanuel Macron de la «marocanité» du Sahara occidental lors d’une récente visite au Maroc.
Rappelons aussi que la Tunisie, qui a toujours observé une bienveillante neutralité dans cette affaire pour préserver la qualité de ses relations avec les deux pays maghrébins, a pris, depuis l’accession de Kaïs Saïed à la présidence de la république, fait et cause en faveur de l’Algérie et du Front Polisario, ce qui a provoqué un refroidissement – et le mot est faible – de ses relations avec le Maroc.
Le président de la République, Kais Saïed, a réaffirmé la profonde conviction de la Tunisie de l’unité du destin avec l’Algérie et son engagement inflexible à raffermir la tradition de concertation et de coordination entre les deux pays.Vidéo.
C’est ce que nous apprend le communiqué de la présidence de la république après la rencontre, mercredi 9 avril 2025, au palais de Carthage, entre le chef de l’Etat et le ministre d’Etat algérien, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf.
Selon le même communiqué, Saïed a également souligné une convergence de vues et de positions autour des questions régionales et internationales, notamment à la lumière de la conjoncture actuelle que connaissent la région et le monde, réitérant l’engagement de la Tunisie à consolider les liens de fraternité entre les deux pays dans les différents domaines, dont notamment, le développement des zones frontalières, l’augmentation des échanges commerciaux et la promotion des investissements.
La lutte contre la contrebande et la migration irrégulière a été également évoquée par le chef de l’Etat qui a insisté pour qu’elle soit menée selon une vision commune au service de l’intérêt des peuples tunisien et algérien.
Le président Saïed a saisi l’occasion pour rappeler que la visite effectuée par le ministre Attaf en sa qualité d’envoyé spécial du président algérien Abdelmadjid Tabboune, et qui survient à l’heure où la Tunisie célèbre la fête des martyrs, est un témoignage éloquent de l’unité de l’histoire, du présent et futur des deux pays.
Passant en revue la situation en Palestine, le chef de l’Etat a rappelé la position de principe de la Tunisie en faveur du peuple palestinien frère sur la voie de recouvrement de ses droits et l’édification de son Etat indépendant sur l’ensemble du territoire de la Palestine avec pour capitale la ville sainte d’Al-Qods.
Pour sa part, et selon une vidéo publiée sur la page facebook de la présidence, le responsable algérien a tenu à préciser que cette visite s’inscrit dans le cadre du souci de raffermir la tradition du dialogue et de concertation entre la Tunisie et l’Algérie.
Evoquant la situation en Afrique, Attaf a déclaré que qu’elle est «préoccupante» sur tous les plans, sécuritaires, politiques et économiques, citant en exemple les conflits récurrents qui sévissent dans le continent, tout particulièrement dans la région sahélo-saharienne.
Face à cette situation et aux défis constants, Attaf a souligné que la coordination tuniso-algérienne est désormais «non seulement nécessaire, mais aussi incontournable».
Tout en affichant un pessimisme envers une conjoncture régionale et internationale qui, a-t-il estimé, «ne présage rien de bon», l’envoyé spécial algérien a fustigé «l’érosion sans cesse grandissante» des principes et valeurs élémentaires du droit international, dont notamment le rôle des organisations internationales et l’Onu.
Evoquant la question palestinienne, il a souligné qu’elle connaît aujourd’hui une des étapes les plus graves de son histoire, soulignant qu’elle fait face à l’heure actuelle à un «défi existentiel.»
La cérémonie de clôture du projet de «Protection et réhabilitation des sols dégradés en Tunisie» (ProSol) s’est tenue mardi 8 avril 2025 à Tunis, au termede cinq ans de sensibilisation, de mobilisation et de mise en œuvre participative pour une gestion durable des terres agricoles dans le pays.
Cette mobilisation multi-acteurs, nationaux et régionaux, a été significative pour célébrer la clôture de ce projet, valoriser ses impacts, partager ses bonnes pratiques, capitaliser ses expériences et promouvoir la pérennisation de ses actions.
L’appropriation publique des approches et des résultats a été à l’ordre du jour alors qu’on annonce déjà le lancement d’un nouveau projet «Soil Matters» dans le cadre de la coopération tuniso-allemande.
La cérémonie s’est déroulée en présence de Haikel Hechlef, chef du cabinet du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche (MARHP), d’Elisabeth Wolbers, ambassadrice d’Allemagne, d’Ariane Borgsted, directrice régionale de la GIZ et de plusieurs responsables, partenaires, experts et acteurs du secteur agricole.
Menace à la productivité agricole et à la sécurité alimentaire
La Tunisie fait face, depuis des années, à une dégradation croissante des terres agricoles et à un risque élevé d’érosion, de déboisement, d’incendies, de pratiques inadéquates ou de pénurie d’eau, ce qui affecte non seulement la production alimentaire mais aussi la résilience des écosystèmes face aux impacts des changements climatiques.
Cette dégradation avancée est due principalement à l’insuffisance de la matière organique dans le sol qui déstabilise sa structure et réduit sa fertilité. La nouvelle situation pourrait entraîner une baisse de la productivité des sols et des rendements agricoles, menaçant ainsi l’autosuffisance alimentaire et le développement économique et social du pays.
Vu l’importance du secteur agricole en général et sa contribution considérable au PIB (10%), et afin de contrer les menaces de la sécheresse et de la dégradation du sol, il est urgent d’adopter les bonnes pratiques et de renforcer la résilience des écosystèmes naturels, agricoles et économiques. Le sol est une ressource finie et limitée, tout comme l’eau, et doit être ainsi conservé pour une utilisation présente et future.
Au niveau des fermes agricoles, les petits exploitants peinent à accéder au savoir-faire, aux compétences techniques et aux ressources financières, en vue d’appliquer les bonnes pratiques de la gestion durable des sols. C’est ainsi que ces thématiques de conservation, de protection et d’adaptation aux changements climatiques constituent des priorités clés dans les stratégies nationales.
Approche dynamique et innovante dans sept gouvernorats
Mis en œuvre depuis 2019 par la GIZ Tunisie, en partenariat avec le MARHP, représenté notamment par la Direction générale de l’aménagement et de la conservation des terres agricoles (DG-Acta) et les structures régionales, le projet ProSol a été implanté, sur cinq ans et demi, dans 7 gouvernorats du nord-ouest et du centre-ouest du pays: Béja, Jendouba, Siliana, Kef, Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine. Son objectif principal consistait à aider les petits agriculteurs à mettre en œuvre les meilleures pratiques de protection des sols et de réhabilitation des terres dégradées, ainsi que l’introduction d’instruments financiers appropriés et l’amélioration du cadre réglementaire. Il reposait principalement sur une approche dynamique qui implique tous les acteurs clés, sur le double plan national et régional, chacun avec son rôle, ses connaissances, ses motivations et ses capacités. Plusieurs conventions de partenariat ont été signées dans ce cadre.
Chamseddine Harrabi, chargé de la DG-Acta au MARHP, a déclaré que «la protection et la gestion adéquate des sols restent prioritaires dans les divers plans de développement agricole.» Et d’ajouter : «La stratégie d’Acta lancée en 2017 envisage, à l’horizon 2050, de développer des territoires ruraux prospères qui gèrent de manière durable les ressources naturelles».«La mise en œuvre efficace de cette stratégie nécessite des approches innovantes, un savoir-faire technique, une amélioration des connaissances et des services de conseils multidisciplinaires axés sur les besoins, outre une gouvernance participative qui implique tous les acteurs concernés et les groupes cibles. Dans ce sens, le projet ProSol a été d’un grand appui aux efforts de l’Etat tunisien», a-t-il enchaîné.
Initiative globale de la coopération allemande
Ariane Borgsted, directrice régionale de la GIZ, a pour sa part déclaré : «Nous sommes très fiers des résultats annoncés par le projet ProSol, qui témoignent de la bonne mobilisation des différents acteurs et l’implication parfaite des populations cibles et ce grâce à la coordination réussie avec les pouvoirs publics nationaux et régionaux. Nous félicitons tous nos partenaires et bénéficiaires, de ces acquis, tout en espérant poursuivre notre engagement et appui au développement du secteur agricole en Tunisie».
Il est à rappeler que le projet ProSol est mis en place dans le cadre de l’initiative One World, No Hunger (Un seul monde, sans faim, Sewoh) du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Ce programme mondial a été implanté dans sept pays partenaires de l’Allemagne: Tunisie, Kenya, Bénin, Ethiopie, Inde, Burkina Faso et Madagascar. Le but est de concrétiser des approches durables pour la protection des sols et la réhabilitation des terres dégradées, comme composantes essentielles de la politique de renforcement de la sécurité alimentaire.
Indicateurs et résultats atteints
«Durant plus de cinq ans, nous avons établi des approches participatives et innovantes de mise en œuvre, basées sur des tendances agro-écologiques et climato-intelligentes. Et c’est grâce aux différentes études prospectives et analytiques, aux mesures incitatives, à l’ancrage politique et institutionnel, à la gestion des connaissances et au renforcement des capacités, que les résultats du projet sont aujourd’hui visibles à tous les niveaux. Nos efforts communs doivent continuer sur cette base en impliquant davantage les agriculteurs mais aussi le secteur privé et les institutions financières en vue d’un soutien aux projets établis et la généralisation des bonnes pratiques de conservation de l’eau et du sol (CES)», a déclaré Tom Eickhof, chef du projet ProSol, auprès de la GIZ Tunisie.
Prenant fin en avril 2025,ce projet a contribué de manière significative à la gestion durable des terres agricoles et à la résilience des écosystèmes dans les zones d’intervention au nord-ouest et au centre-ouest du pays.
Voici les indicateurs clefs obtenus et recensés jusqu’au début 2025 :
– 12 018 ha de terres agricoles réhabilitées ou protégées, améliorant ainsi leur fertilité et leur capacité de rétention d’eau;
– augmentation de 36% en moyenne des rendements des sols réhabilités par rapport aux terres non traitées;
– 12% des femmes parmi les 13 073 ménages participants ayant constaté une amélioration de leur situation socio-économique grâce aux pratiques agro-écologiques;
– 7 mécanismes d’incitation intégrés dans les stratégies publiques et plans d’action pour pérenniser les actions de protection des sols;
– une étude de cas démontrant l’efficacité des approches agro-écologiques dans l’adaptation aux changements climatiques;
– 7 gouvernorats et 75 délégations touchées par ProSol;
– nombre de plants fruitiers distribués entre amandiers, oliviers et cerisiers: 110 000 pour 1065 agriculteurs bénéficiaires;
– 11 partenaires de mise en œuvre;
– 9 partenaires d’ancrage;
– 7 micro-projets soutenus;
– plus de 50 produits de communication technique et de vulgarisation élaborés et mis à disposition du grand public, sur le portail web de l’Onagri, dont 6 fiches de capitalisation et plus de 30 émissions radios sur la protection des sols.
Le projet ProSol a collaboré étroitement avec les agriculteurs, les coopératives, les associations, les petites et moyennes entreprises et les communes locales pour une gestion collaborative et inclusive des sols. Il a ainsi contribué à renforcer la gouvernance locale, en associant les populations rurales et en soutenant la création d’alliances stratégiques pour la durabilité des résultats obtenus.
En collaboration avec 17 partenaires d’exécution et d’ancrage, étatiques, privés et associatifs, ProSol a introduit des pratiques agro-écologiques durables, telles que l’utilisation des petites machines, l’introduction de légumineuses, la rotation des cultures, le compostage, le semis direct et l’agroforesterie pour améliorer la fertilité des sols et leur résilience face aux changements climatiques. Il a également renforcé les compétences techniques des agriculteurs et favorisé l’innovation dans la gestion des sols.
Les acquis du projet ProSol serviront de base solide pour la mise en œuvre d’un nouveau projet intitulé «Soil Matters» (importance du sol) de la coopération allemande. Ce dernier, tout en s’appuyant sur l’héritage des expériences du projet précédent, mettra l’accent sur le rôle crucial du secteur privé dans la promotion des pratiques agro-écologiques.