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Essai | Les chantiers de la mort de l’antiquitĂ© Ă  nos jours

Des millions d’esclaves et d’ouvriers ont trouvĂ© la mort dans les chantiers de la Tour de Babel, des Pyramides d’Egypte, de la Muraille de Chine ou encore, plus prĂšs de nous, de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. Un sociologue tunisien a consacrĂ© une Ă©tude fouillĂ© Ă  ces grands oubliĂ©s de l’Histoire.      

Le Pr Sofiane Bouhdiba, enseignant de dĂ©mographie Ă  la FacultĂ© des sciences humaines et sociales de Tunis, vient de publier aux Ă©ditions L’Harmattan Ă  Paris un nouvel essai intitulĂ© ‘‘Les chantiers de la mort. La mortalitĂ© des ouvriers du XIXĂšme siĂšcle Ă  nos jours’’.

L’auteur nous, qui nous surprend souvent par l’originalitĂ© des thĂ©matiques qu’il aborde, qui questionnent sans cesse la mort, les souffrances, la maladie, la violence
, rend hommage dans ce nouveau livre, le 23e du nombre, un hommage, Ă  ces millions d’hommes et de femmes qui, depuis l’aube de l’humanitĂ©, ont laissĂ© leur vie en bĂątissant des tours, des murailles, des pyramides, des chemins de fer
 autant de grands ouvrages – pas toujours utiles d’ailleurs – Ă©difiĂ©s grĂące Ă  la sueur, les larmes, le sang de ces ouvriers, esclaves, prisonniers, ou migrants misĂ©rables, piĂ©gĂ©s dans de sordides rĂšglementations de permis de sĂ©jours, d’autorisation de travail et de visas.

L’histoire de la mortalitĂ© des ouvriers remonte Ă  plusieurs millĂ©naires. Les travailleurs de la construction ont toujours Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  divers dangers, d’abord en raison de la nature de leur travail, impliquant souvent des travaux en hauteur, l’utilisation d’outils dangereux, puis des machines lourdes, qui broient autant les pierres que les chairs. La taille exceptionnelle des ouvrages implique Ă©galement le plus souvent un travail en plein air, exposant naturellement les hommes aux Ă©lĂ©ments, aux maladies, Ă  la malnutrition, aux insectes et aux bĂȘtes sauvages.

On le voit bien dans le nouveau livre du Pr Sofiane Bouhdiba, l’éloignement des proches, le stress, le respect minimaliste des droits de l’homme les plus Ă©lĂ©mentaires, sont autant d’élĂ©ments qui font des grands chantiers de vĂ©ritables espaces de mort. Survivre dans ces conditions devient une gageure, avec Ă  la clĂ© des sĂ©quelles qui finalement raccourciront l’espĂ©rance de vie. Car, l’auteur le dĂ©montre clairement dans son ouvrage, la mort survient souvent des dizaines d’annĂ©es aprĂšs l’achĂšvement des travaux.

Pendant des millĂ©naires, les ouvriers du bĂątiment ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  des risques de mortalitĂ© extrĂȘmement Ă©levĂ©s sur les grands chantiers de construction, que l’auteur tente de retracer tout au long des ‘‘Chantiers de la mort’’, Ă  travers des recherches de terrain qui l’ont menĂ© aux confins les plus hostiles de l’Afrique de l’Ouest.

Au fil des siĂšcles, une plus grande prĂ©cision des risques, l’introduction de rĂšglementations du travail plus strictes, l’évolution drastique des normes de sĂ©curitĂ©, le passage de l’esclavage au prolĂ©tariat puis au Code du travail, auraient dĂ» ĂȘtre Ă  l’origine d’un effondrement de la mortalitĂ© des ouvriers. L’auteur montre au cours de ses rĂ©flexions que ce ne sont lĂ  que pures illusions.

A cet effet, le Professeur Sofiane Bouhdiba a choisi d’examiner les chantiers les plus meurtriers de l’histoire de l’humanitĂ©, remontant Ă  la plus lointaine antiquitĂ©. La construction des premiĂšres pyramides d’Egypte, qui date de trois millĂ©naires avant notre Ăšre, et plus rĂ©cemment celle de la grande muraille de Chine au IIIe siĂšcle avant J.-C., constituent ainsi les chapitres introductifs de l’ouvrage.

Le livre contient deux grandes parties, Ă  peu prĂšs Ă©quilibrĂ©es. La premiĂšre, organisĂ©e autour de quatre chapitres, rappelle ce qu’étaient les chantiers de la mort de l’antiquitĂ© et du moyen Ăąge avant d’examiner la mortalitĂ© sur quelques grands chantiers du XIXe siĂšcle, Ă  l’ùre de la rĂ©volution industrielle.

La deuxiĂšme partie du livre, partagĂ©e en cinq chapitres, est recentrĂ©e sur le XXe siĂšcle, tout en s’intĂ©ressant Ă  quelques chantiers de la mort qui ont fait scandale ces derniĂšres annĂ©es. AprĂšs avoir rappelĂ©, Ă  travers le cas de la derniĂšre Coupe du monde de football 2022 au Qatar, que l’ouvrier moderne reste un esclave soumis Ă  son maĂźtre, l’auteur montre dans cette deuxiĂšme partie que, globalement certaines amĂ©liorations ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es depuis l’érection de la grande muraille de Chine.

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Protectionnisme de Trump | Le dollar dans une zone de turbulence

«Les tarifs douaniers de Trump Ă©taient censĂ©s stimuler le dollar alors pourquoi l’inverse s’est-il produit?», s’est interrogĂ© le Wall Street Journal dans une enquĂȘte oĂč il souligne les inquiĂ©tudes concernant la rĂ©cession (ralentissement du rythme de la croissance) pouvant avoir un impact important sur la monnaie amĂ©ricaine.

Imed Bahri

AprĂšs que Trump a annoncĂ© mercredi une sĂ©rie de tarifs punitifs sous le nom de Liberation Day (Jour de la libĂ©ration), le marchĂ© boursier a connu une baisse significative et le dollar amĂ©ricain a fluctuĂ© par rapport aux principales devises. Cette volatilitĂ© reflĂšte la confusion de Wall Street quant Ă  la maniĂšre de gĂ©rer la monnaie amĂ©ricaine, a indiquĂ© le WSJ, alors que la plupart des analystes insistaient sur le fait que la hausse des tarifs douaniers devrait conduire Ă  un dollar plus fort et  espĂ©raient que la rĂ©duction des importations de biens Ă©trangers contribuerait Ă  rĂ©duire le dĂ©ficit commercial et Ă  baisser la demande de devises Ă©trangĂšres. Ils pensaient Ă©galement qu’avec cette politique protectionniste, la croissance Ă©conomique amĂ©ricaine pourrait dĂ©passer celle de la zone euro et influer positivement sur le dollar.

Cependant, cela n’est pas arrivĂ©. L’indice du dollar amĂ©ricain, basĂ© sur un panier de devises, a perdu plus de 4% cette annĂ©e et est revenu aux niveaux observĂ©s le 5 novembre avant la reprise postĂ©lectorale. Les donnĂ©es de la Commodity Futures Trading Commission ont montrĂ© un changement dans le comportement des spĂ©culateurs qui ont commencĂ© Ă  parier massivement contre le dollar amĂ©ricain.

L’erreur du marchĂ©

Le journal rapporte que la monnaie amĂ©ricaine a chutĂ© par rapport Ă  l’euro en comparaison Ă  l’annĂ©e derniĂšre, un Ă©vĂ©nement rare lorsque l’économie amĂ©ricaine surpasse en dynamisme celle de la zone euro.

Ce renversement soudain ne peut pas ĂȘtre le rĂ©sultat d’une augmentation des tarifs douaniers, pouvant accroĂźtre le risque de rĂ©cession, car le dollar se renforce gĂ©nĂ©ralement pendant les pĂ©riodes de rĂ©cession comme pendant celles d’expansion, les investisseurs y lorgnant Ă  ces pĂ©riodes comme une valeur refuge.

 Le journal explique la raison de l’erreur du marchĂ© : le dollar a atteint des niveaux extrĂȘmement Ă©levĂ©s ce qui le rend mĂ»r pour une baisse. Comme le soutiennent certains investisseurs, l’offensive Ă©conomique amĂ©ricaine contre ses alliĂ©s contribue Ă  l’érosion du statut du dollar en tant que monnaie de rĂ©serve mondiale. 

Le WSJ estime que cela aurait pu ĂȘtre une victoire pour l’administration amĂ©ricaine. En 2024, le principal conseiller Ă©conomique de Trump, Stephen Meyer, a soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© de remĂ©dier au dĂ©ficit commercial en pĂ©nalisant les banques centrales et les trĂ©sors Ă©trangers qui dĂ©posent des actifs aux États-Unis. Cela correspond Ă  l’idĂ©e selon laquelle la demande de valeurs refuges surĂ©value le dollar et par consĂ©quent impose un lourd fardeau Ă  l’économie amĂ©ricaine.

Le potentiel des États-Unis en dĂ©clin

Toutefois, le journal souligne que cette vision reste Ă  prouver car l’augmentation des achats officiels d’actifs Ă©trangers a tendance Ă  coĂŻncider avec un dollar plus faible. Les rĂ©serves mondiales en dollars sont restĂ©es stables depuis 2018 tandis que le dollar a augmentĂ© de 16% selon les donnĂ©es du Fonds monĂ©taire international (FMI). Une rĂ©ponse plus prĂ©cise qui n’est peut-ĂȘtre pas en faveur de Trump est que la confiance dans le potentiel Ă©conomique Ă  long terme des États-Unis est en dĂ©clin.

Sur de longues pĂ©riodes, les rendements boursiers deviennent un moteur majeur des taux de change. Alors que les traders de devises peuvent suivre les diffĂ©rentiels de rendement des obligations Ă  court terme, les diffĂ©rentiels de rendement des actions entre les actions amĂ©ricaines et europĂ©ennes ont montrĂ© une corrĂ©lation de 70% avec les mouvements du dollar et de l’euro sur la pĂ©riode de cinq ans depuis 2001.

Cela indique qu’une grande partie de la force du dollar est due aux investissements qui suivent la croissance relative de la productivitĂ© Ă©conomique, tirĂ©e principalement par les Ă©normes profits gĂ©nĂ©rĂ©s par les grandes entreprises de la Silicon Valley qui ont transformĂ© les États-Unis en un exportateur majeur de biens technologiques en particulier de services.

Les marchĂ©s pourraient dĂ©sormais anticiper un autre changement structurel. La poussĂ©e vers le rĂ©armement renforce les espoirs d’une reprise Ă©conomique en Europe tandis que les États-Unis peuvent entrer en rĂ©cession Ă  cause de la politique protectionniste de Trump et de la concurrence croissante de la Chine dans le domaine de l’intelligence artificielle. 

Le WSJ n’est pas opposĂ© au protectionnisme en soi mais Ă  la maniĂšre dont il est mis en Ɠuvre par l’administration Trump. Le gouvernement amĂ©ricain doit tenter de soutenir les industries essentielles, estime le journal.

La dĂ©localisation visant Ă  rĂ©duire les coĂ»ts a Ă©galement portĂ© prĂ©judice aux travailleurs, fragilisĂ© les chaĂźnes d’approvisionnement et rendu les entreprises moins disposĂ©es Ă  innover. Des gĂ©ants industriels comme Intel et Boeing peuvent en tĂ©moigner.

Cependant, le problĂšme rĂ©side dans les tarifs douaniers, soudains et irrĂ©guliers, de Trump qui pourraient avoir un impact nĂ©gatif sur l’investissement des entreprises plutĂŽt que d’encourager ces derniĂšres Ă  rĂ©orienter leur production grĂące Ă  une approche ciblĂ©e et systĂ©matique.

Des expériences ratées

PlutĂŽt que de provoquer un miracle Ă©conomique Ă  l’Asiatique, ces politiques risquent d’ĂȘtre davantage des expĂ©riences ratĂ©es.

Il existe des avantages potentiels Ă  rapatrier des emplois d’assemblage du Mexique aux États-Unis pour des entreprises comme General Motors et Ford mais appliquer cela Ă  toutes les piĂšces automobiles, y compris les composants de faible valeur comme les tissus et le cĂąblage automobile, rendrait l’industrie automobile amĂ©ricaine inefficace. Il existe Ă©galement la possibilitĂ© de reprĂ©sailles contre les partenaires commerciaux et l’imposition de droits de douane de 100% sur les vĂ©hicules Ă©lectriques chinois. 

Le journal souligne que les constructeurs automobiles amĂ©ricains excellent dans le segment des camions et des SUV (Sport utility vehicle, littĂ©ralement vĂ©hicule utilitaire Ă  caractĂšre sportif), oĂč les consommateurs amĂ©ricains sont plus exigeants mais ils ont du mal Ă  produire des vĂ©hicules Ă  moins de 25 000 dollars, mĂȘme avant l’imposition des tarifs. Tesla reste Ă©galement une marque de luxe.

Si le marchĂ© amĂ©ricain s’isole, les grands constructeurs comme Toyota et Hyundai risquent de ne pas innover dans leurs usines amĂ©ricaines comme elles le font ailleurs. C’est ce qui s’est produit au BrĂ©sil et en Argentine oĂč les tentatives de construire une industrie automobile nationale ont protĂ©gĂ© les entreprises de la concurrence Ă©trangĂšre entre les annĂ©es 1950 et 1980. Le Japon, la CorĂ©e du Sud et la Chine ont procĂ©dĂ© autrement pour crĂ©er des constructeurs automobiles de classe mondiale. Ils ont combinĂ© protectionnisme Ă©conomique et discipline sur les marchĂ©s Ă©trangers.

L’accent excessif mis sur le dĂ©ficit commercial nĂ©glige le fait que la compĂ©titivitĂ© et la rentabilitĂ© des biens Ă©changeables amĂ©ricains jouent un rĂŽle majeur dans la dĂ©termination de la valeur du dollar mais ces facteurs sont dĂ©sormais remis en question.

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Entre mémoire et fiction | Amira Ghenim fait parler Habib Bourguiba

À l’occasion du 25e anniversaire de la mort de Habib Bourguiba, le 6 avril 2025, la romanciĂšre tunisienne Amira Ghenim a publiĂ© une Ɠuvre audacieuse et poignante intitulĂ©e Â«Ű§Ù„ŰčŰžÙ…Ű§ŰĄ يموŰȘون في ŰŁÙŰ±ÙŠÙ„Â» (Les Grands meurent en avril), Ă©ditĂ© par Dar Meskeliani, qui avait Ă©ditĂ© son prĂ©cĂ©dent roman Ă  succĂšs de «Trab Skhoune» (Terre ardente).

Dans ce roman, Amira Ghenim imagine un Bourguiba reclus, isolé dans sa résidence surveillée de Monastir, qui brise enfin son mutisme de treize années.

Loin du discours officiel, l’ancien prĂ©sident, destituĂ© en 1987, livre un monologue intime dans lequel il relit sa vie, ses triomphes comme ses Ă©checs, ses contradictions et ses blessures profondes. La romanciĂšre propose ainsi une seconde mort symbolique, celle d’un homme face Ă  lui-mĂȘme, Ă  l’histoire et Ă  l’oubli.

À travers ce rĂ©cit fictif nourri de rĂ©alitĂ©s historiques, Amira Ghenim interroge la nature du pouvoir, la fragilitĂ© de la mĂ©moire et l’humanitĂ© derriĂšre le hĂ©ros national. Bourguiba n’est plus ici le pĂšre de l’indĂ©pendance, mais un vieillard tiraillĂ© entre grandeur passĂ©e et fin tragique. Le texte navigue entre rĂ©alitĂ© et imagination, dessinant un portrait nuancĂ©, complexe, parfois dĂ©rangeant, mais profondĂ©ment humain.

Avec «Les Grands meurent en avril», la romanciĂšre signe une Ɠuvre littĂ©raire ambitieuse, oĂč l’écriture devient un outil pour revisiter les silences de l’Histoire et redonner chair Ă  ceux que les archives ont figĂ©s. Un roman qui bouscule, questionne, et surtout, invite Ă  Ă©couter ce que les figures du passĂ© n’ont jamais pu dire.

Djamal Guettala  

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Mahmoud Amamou | Entre densité figurative et légÚreté abstraite

L’espace The New Art Gallery Concept Ă  la Soukra a accueilli, le 5 avril 2025, le vernissage de l’exposition de l’artiste Mahmoud Amamou, intitulĂ©e «Agitation», qui se poursuivra jusqu’au 18 du mĂȘme mois. C’est la quatriĂšme du peintre aprĂšs celles d’Elriwak Ă  Sousse, de la Maison de la culture Ali Douagi Ă  Kalaa Sghira et de la Galerie Hedi Turki Ă  El Menzah.

Nadia Hmani El-Mejri *

Mahmoud Amamou, artiste tunisien contemporain, Ă  la fois architecte d’intĂ©rieur, enseignant et peintre, nous invite Ă  un voyage au cƓur de son processus crĂ©atif oĂč les formes et les couleurs se rencontrent dans une danse infinie de possibilitĂ©s, passant de la densitĂ© figurative Ă  la lĂ©gĂšretĂ© abstraite, le tout orchestrĂ© par une diversitĂ© d’outils au service de son intuition.

À l’instar des peintres expressionnistes abstraits, Mahmoud Amamou explore une gestuelle picturale intuitive oĂč l’émotion et l’énergie se traduisent par une fusion dynamique de formes et de couleurs. Il passe des toiles Ă  la richesse figurative Ă  d’autres Ă  la transparence abstraite, explorant une gestuelle picturale intuitive oĂč l’énergie et l’émotion se traduisent par une fusion dynamique de formes et de couleurs.

Une exploration méditative

«Agitation» tĂ©moigne d’une expression singuliĂšre : on y retrouve, d’une part, une vitalitĂ© de la touche qui rappelant l’approche expressive et parfois violente de De Kooning, notamment dans la maniĂšre dont les formes Ă©mergent et se dĂ©sagrĂšgent sur la toile. D’autre part, certaines de ses Ɠuvres semblent s’orienter vers une exploration plus mĂ©ditative de la couleur, Ă©voquant les champs colorĂ©s et les atmosphĂšres Ă©motionnelles profondes. 

MalgrĂ© des couleurs vives et joyeuses qui rappellent le fauvisme dans l’emploi de couleurs criardes, le spectateur ressent, Ă  travers une sĂ©rie d’Ɠuvres comme «Agitation en mer», «Les envahisseurs», «Fugue» et «Soldat en permission», une tension entre cette gaietĂ© apparente et l’agitation qui se dĂ©gage des toiles. Cette contradiction reflĂšte l’ambivalence des Ă©motions face Ă  un monde en crise.

* Artiste visuelle, maĂźtre assistante Ă  l’Institut supĂ©rieur des beaux-arts de Tunis. 

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Les escargots remplacent progressivement la viande rouge en Tunisie

Alors que le prix de la viande et de la volaille ne cesse d’augmenter, de plus en plus de Tunisiens se tournent vers des sources de protĂ©ines alternatives et abordables, tels que les escargots.

Dans les champs situĂ©s Ă  l’extĂ©rieur de leur ville natale, dans le centre de la Tunisie, de plus en plus de jeunes chĂŽmeurs cherchent un nouveau moyen de gagner leur vie : ils ramassent des escargots sur les rochers et les feuilles, puis les emballent dans de grands sacs en plastique pour les vendre au marchĂ© local. De plus en plus de gens, disent-ils, achĂštent ces escargots dĂ©cortiquĂ©s, car le prix des denrĂ©es de base reste Ă©levĂ© et inaccessible pour de nombreuses familles. «Ils sont rentables, bĂ©nĂ©fiques et trĂšs demandĂ©s», explique Karim, un vendeur d’escargots de 29 ans originaire du village d’Akouda.

Les escargots sont consommĂ©s en Tunisie depuis plus de sept millĂ©naires, selon une Ă©tude publiĂ©e l’annĂ©e derniĂšre dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences.

Aujourd’hui, considĂ©rĂ©s principalement comme un mets de bistrot, ils gagnent Ă  nouveau en popularitĂ© en Tunisie comme une alternative pratique Ă  la viande rouge : un substitut riche en protĂ©ines qui se marie parfaitement avec le sel, les Ă©pices et les assaisonnements prononcĂ©s.

Les escargots sont une bouĂ©e de sauvetage pour certains en Tunisie, oĂč le chĂŽmage des jeunes dĂ©passe dĂ©sormais les 40% et l’inflation reste Ă©levĂ©e, trois ans aprĂšs avoir atteint son plus haut niveau depuis des dĂ©cennies. Le manque d’opportunitĂ©s a alimentĂ© le mĂ©contentement social dans tout le pays et, de plus en plus, l’émigration vers l’Europe.

Pauvres en matiĂšres grasses et riches en fer, calcium et magnĂ©sium, les escargots offrent Ă  la fois une valeur nutritive et un avantage Ă©conomique. Dans un pays oĂč le chĂŽmage est Ă©levĂ© et oĂč le salaire moyen reste bas, ils coĂ»tent environ la moitiĂ© du prix du bƓuf au kilo, et souvent moins lorsqu’ils sont vendus au bol.

«Les escargots sont meilleurs en cuisine que l’agneau. Si la viande d’agneau coĂ»te 60 dinars, un bol d’escargots coĂ»te cinq dinars», explique Mohammed au marchĂ© d’Akouda.

Alors que le prix de la viande et de la volaille ne cesse d’augmenter, de plus en plus de Tunisiens se tournent vers des sources de protĂ©ines alternatives et abordables. Au-delĂ  de leur attrait Ă©conomique, ces substituts suscitent Ă©galement l’intĂ©rĂȘt pour leurs avantages environnementaux. Les scientifiques affirment qu’ils offrent une solution plus durable, produisant beaucoup moins d’émissions de carbone et Ă©vitant la dĂ©forestation liĂ©e Ă  l’élevage traditionnel.

Wahiba Dridi, qui sert des escargots dans son restaurant Ă  Tunis, les cuisine de maniĂšre traditionnelle avec des poivrons et des Ă©pices. Elle a dĂ©clarĂ© qu’ils Ă©taient populaires tout au long du Ramadan de cette annĂ©e, qui s’est terminĂ© la semaine derniĂšre. Bien que les musulmans tunisiens consomment traditionnellement de la viande rouge lors des repas de rupture du jeĂ»ne, un kilo d’escargots coĂ»te moins de 28 dinars tunisiens, contre 55 dinars le kilo de bƓuf. «Si les gens connaissaient la valeur des escargots, ils en mangeraient toute l’annĂ©e», a dĂ©clarĂ© Dridi.

Source : The Associated Press.

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Ces femmes qui révolutionnent le rap tunisien

Les rappeuses n’étaient pas prĂ©sentes sur la scĂšne hip-hop tunisienne, typiquement masculine et machiste, avant la rĂ©volution qui a renversĂ© Zine El-Abidine Ben Ali en 2011. Aujourd’hui, plusieurs voix fĂ©minines engagĂ©es s’élĂšvent sur la scĂšne rap. La chercheuse en Ă©tudes de genre Jyhene Kebsi * a publiĂ© une Ă©tude sur la maniĂšre dont leurs paroles mettent en lumiĂšre les nombreuses inĂ©galitĂ©s que les femmes en Tunisie et dans le monde doivent surmonter.

Comment les rappeurs tunisiens ont-ils gĂ©nĂ©ralement traitĂ© les femmes dans leurs chansons et leurs clips ?

La politique de genre du rap masculin tunisien est complexe, mais on peut aborder l’une de ses tendances. Bien que certains hommes aient soutenu leurs collĂšgues fĂ©minines et collaborĂ© avec elles sur des chansons, leurs reprĂ©sentations tendent Ă  classer les femmes dans deux groupes : vertueuses ou dĂ©bauchĂ©es; madones ou prostituĂ©es.

Cela transparaĂźt clairement dans leur utilisation de mots obscĂšnes visant Ă  dĂ©grader les femmes «dĂ©chues». Leurs rĂ©fĂ©rences sexuelles peuvent ĂȘtre perçues comme une façon de rabaisser les «filles faciles et les femmes immorales» qui dĂ©fient les normes patriarcales.

Cela contraste fortement avec l’amour et la dette qu’ils expriment envers leurs mùres et leurs sƓurs. Contrairement au rap occidental, la figure maternelle est centrale dans le rap tunisien.

Le caractÚre sacré de la mÚre dans la culture musulmane tunisienne transparaßt dans des chansons pleines de gratitude envers celles qui les ont mises au monde.

Leur recours à cette division masculine entre femmes «respectables» et «non respectables» propage une masculinité toxique qui nourrit des stéréotypes de genre néfastes.

Cela renforce la domination sociale des hommes et leur contrĂŽle du corps des femmes. Cela dit, il est essentiel de souligner que le sexisme ne se limite pas Ă  la scĂšne rap arabe. Comme je l’explique, de nombreux rappeurs occidentaux objectivent, humilient et dĂ©gradent Ă©galement les femmes dans leurs chansons.

Qui sont les quatre rappeuses dont vous parlez ?

Les quatre rappeuses tunisiennes que j’analyse sont Sabrina, Medusa, Queen Nesrine et Tuny Girl.

Il est communément admis que Medusa a été la premiÚre rappeuse tunisienne. En réalité, Sabrina a commencé à rapper en 2007 et les autres rappeuses tunisiennes ont rejoint la scÚne rap aprÚs la révolution de 2011.

Medusa est la rappeuse tunisienne la plus cĂ©lĂšbre en Occident. Son immigration en France a renforcĂ© sa notoriĂ©tĂ© internationale. Bien que Tuny Girl et Queen Nesrine n’aient pas atteint la renommĂ©e de Medusa ou Sabrina, elles ont sorti des chansons fĂ©ministes percutantes qui critiquent le statu quo dans la Tunisie postrĂ©volutionnaire.

Les artistes ont principalement utilisé les médias numériques pour partager leurs chansons avec le public via des plateformes sociales comme YouTube et Facebook. Malheureusement, toutes les quatre ont dû faire face à une certaine opposition en raison de leur statut de femmes.

Le rap est considĂ©rĂ© comme un genre musical masculin. L’entrĂ©e des femmes tunisiennes dans ce monde dominĂ© par les hommes n’a pas Ă©tĂ© facile Ă  accepter. Les attitudes envers les rappeuses ont Ă©voluĂ© grĂące Ă  leur succĂšs progressif Ă  attirer un public plus large.

Les quatre artistes partagent une forte rĂ©sistance au sexisme. Plus important encore, tout en Ă©tant conscientes des pressions patriarcales, elles sont conscientes des nombreuses formes d’oppression qui se croisent et maintiennent les femmes dans une situation d’inĂ©galitĂ© par rapport aux hommes.

Cela transparaĂźt dans leurs chansons, qui reflĂštent une forte conscience de l’intersectionnalitĂ©.

Qu’est-ce que l’intersectionnalitĂ© ?

La fĂ©ministe noire amĂ©ricaine Kimberle Crenshaw a inventĂ© le terme «intersectionnalité» en 1989 pour dĂ©crire la double discrimination, sexiste et raciste, Ă  laquelle sont confrontĂ©es les femmes noires. Elle a utilisĂ© ce terme pour Ă©voquer les nombreuses formes d’inĂ©galitĂ© qui s’aggravent et crĂ©ent des obstacles interdĂ©pendants qui façonnent les expĂ©riences de discrimination des femmes noires.

L’intersectionnalitĂ© met en lumiĂšre les nombreuses formes de discrimination vĂ©cues lorsque ces catĂ©gories d’identitĂ© sociale interagissent et se façonnent mutuellement.

On retrouve une comprĂ©hension de l’intersectionnalitĂ© dans une chanson comme ‘‘Hold On’’, oĂč Medusa rappe sur l’illettrisme, la lutte politique et la maternitĂ© : «Je regarde la misĂšre flotter / L’illettrisme s’est rĂ©pandu et nous a fait basculer d’un extrĂȘme Ă  l’autre / OĂč est la libertĂ© pour laquelle les militants se sont battus ? / Je suis la Tunisienne libre qui a exposĂ© son torse aux balles / Je suis la mĂšre, la mĂšre du martyr qui n’a pas obtenu sa revanche.»

Dans sa chanson ‘‘Arahdli’’, Sabrina rappe sur divers maux sociaux :

«Laisse-moi tranquille / La police t’attrape et te fait du mal / Ne crois pas Ă  l’État corrompu / Le chĂŽmage et la pauvretĂ© ne te rendront pas heureux.»

J’ai dĂ©couvert que le point commun entre MĂ©duse, Sabrina, Reine Nesrine et Tuny Girl est leur rejet du «cadre Ă  axe unique», comme le dit Crenshaw. Ce rĂ©cit unilatĂ©ral qui rĂ©duit les problĂšmes des femmes aux seuls hommes et au patriarcat.

Au contraire, les artistes mettent en lumiĂšre l’impact nĂ©faste, pour les femmes, de l’intersection entre les inĂ©galitĂ©s de genre, la corruption politique, les lois injustes, l’inefficacitĂ© des politiques locales, l’effondrement de l’économie tunisienne et la faiblesse du pays dans le paysage gĂ©opolitique mondial.

Leurs chansons s’unissent dans leur reconnaissance du fait que la vie des Tunisiennes est façonnĂ©e par toutes ces structures de pouvoir qui se chevauchent, les exposant Ă  la marginalisation et Ă  la discrimination.

Leurs chansons identifient les obstacles structurels, cachĂ©s et interdĂ©pendants, Ă  leur libertĂ©. La misogynie n’est qu’un Ă©lĂ©ment Ă  prendre en compte, aux cĂŽtĂ©s d’autres problĂ©matiques locales et mondiales, lorsqu’on aborde les questions de genre en Tunisie.

Quelles autres nouvelles tendances les rappeuses insufflent-elles ?

Les femmes sont Ă  la pointe de l’innovation dans le rap tunisien. Prenons l’exemple de Lully Snake. Cette rappeuse tuniso-algĂ©rienne basĂ©e en Tunisie est anciennement breakdanceuse. Sa passion pour la culture hip-hop et son amour pour des artistes amĂ©ricains tels que Tupac, Kool G Rap, Queen Latifah et Foxy Brown l’ont poussĂ©e Ă  se lancer dans le rap.

Comme toutes les rappeuses tunisiennes, elle considĂšre que son entrĂ©e dans le rap a Ă©tĂ© longue et difficile. DĂ©butĂ©e en 2019, sa premiĂšre chanson n’est sortie qu’en 2024.

Lully Snake a publiĂ© son premier titre, ‘‘Zabatna Kida’’, sur Instagram. Sa singularitĂ© rĂ©side dans son mĂ©lange de rap et de mahraganat, une musique de rue Ă©gyptienne apparue dans les ghettos du Caire. Son succĂšs l’a encouragĂ©e Ă  poursuivre son rap en tunisien et en Ă©gyptien, ainsi que dans d’autres langues occidentales et dialectes maghrĂ©bins.

L’expĂ©rimentation de Lully Snake prouve que les rappeuses innovent tout en diffusant des messages qui valorisent les femmes. Cela a enrichi le rap tunisien.

Traduit de l’anglais.

Article publié dans The Conversation.

* Directrice de l’apprentissage et de l’enseignement (Ă©tudes de genre) Ă  l’UniversitĂ© Macquarie (Australie).

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Un sommet scientifique sur l’huile d’olive tunisienne

Le Tunisian Olive Oil Women’s Network, RĂ©seau des femmes tunisiennes de l’huile d’olive, organise le 9 avril 2025 au siĂšge de l’Utica Ă  Tunis le premier sommet scientifique mondial sur l’huile d’olive tunisienne, ainsi que la cĂ©rĂ©monie de remise des prix du concours Dido International.

L’évĂ©nement, une opportunitĂ© pour les amateurs et les professionnels de l’huile d’olive, rĂ©unira des experts en huile d’olive, des scientifiques et des producteurs du monde entier pour cĂ©lĂ©brer les meilleures huiles et discuter de l’avenir de ce secteur vital, notent les organisateurs.

Le programme comprend une journĂ©e scientifique avec des discussions approfondies et des prĂ©sentations sur la recherche, les innovations et la durabilitĂ© de l’huile d’olive, ainsi qu’une cĂ©rĂ©monie de remise de prix pour honorer les meilleurs du secteur lors des Dido International Awards. Une opportunitĂ© unique de rĂ©seauter, de partager des connaissances et de promouvoir le secteur de l’huile d’olive Ă  l’international.

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L’huile d’olive extra vierge tunisienne distinguĂ©e Ă  Abu Dhabi  

La Tunisie a remportĂ© la premiĂšre place mondiale au concours afro-asiatique international d’huile d’olive extra vierge, organisĂ© par Global International Olive Oil Competitions (Giooc) du 1er au 4 avril 2025, Ă  Abu Dhabi. Elle a raflĂ© soixantaine mĂ©dailles d’or et quatre d’argent.

Le prĂ©sident du Concours international d’huile d’olive afro-asiatique (AAIOOC), l’ingĂ©nieur tunisien Raouf Choukat, a prĂ©cisĂ©, dans une dĂ©claration Ă  l’agence Tap, que la Tunisie, qui a participĂ© avec 65 Ă©chantillons d’huile d’olive vierge extra sur un total de 200 provenant des diffĂ©rents pays participants, a raflĂ© 53 d’or pour la qualitĂ©, 7 mĂ©dailles d’or pour une huile saine et 4 mĂ©dailles d’argent. Elle a Ă©tĂ© suivie par la GrĂšce, deuxiĂšme, et l’Espagne, troisiĂšme.

Le jury international de cette compétition est composé de 10 experts de Tunisie, Italie, Espagne, GrÚce, Maroc, Turquie et Jordanie.

En plus de la Tunisie, quatorze pays ont participĂ© Ă  cette compĂ©tition, Ă  savoir la GrĂšce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Arabie Saoudite, le BrĂ©sil, la Croatie, l’AlgĂ©rie, la Libye, la Turquie, le Maroc, la Jordanie, le Liban et le Sultanat d’Oman.

Pour rappel, le Giooc organise chaque annĂ©e, quatre grandes compĂ©titions internationales d’huile d’olive extra vierge en Europe, en Asie et en AmĂ©rique.

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DĂ©mantĂšlement des camps de migrants subsahariens Ă  Sfax

L’opĂ©ration de dĂ©mantĂšlement des camps de migrants subsahariens en situation irrĂ©guliĂšre se poursuit dans les dĂ©lĂ©gations de El-Amra et Jebeniana, dans le gouvernorat de Sfax, pour le troisiĂšme jour consĂ©cutif.

Selon l’agence officielle Tap, qui a rapportĂ© l’information samedi 5 avril 2025, citant le porte-parole de la direction gĂ©nĂ©rale de la Garde nationale Houssemeddine Jebabli, cette opĂ©ration est menĂ©e par les unitĂ©s du Croissant-Rouge tunisien, les services de santĂ©, de la protection civile, plusieurs municipalitĂ©s voisines, ainsi que les autoritĂ©s rĂ©gionales, sous la protection des forces de la police et de la garde nationale.

Les autoritĂ©s tunisiennes estiment le nombre des migrants irrĂ©guliers subsahariens dans les rĂ©gions de Jebeniana et El-Amra Ă  20 000, dont environ 4 000 de diverses nationalitĂ©s ont quittĂ© l’un des camps Ă©vacuĂ©s par les autoritĂ©s.

Certains migrants se sont dispersés dans la campagne, les femmes enceintes et les personnes infirmes étant prises en charge par les autorités sanitaires

Lors d’un point de presse, tenu, samedi, Ă  Sfax, Jebabli a soulignĂ© que les efforts entrepris par les diffĂ©rentes unitĂ©s de la marine nationale a permis d’enregistrer des chiffres records en matiĂšre de rĂ©duction des tentatives de migration irrĂ©guliĂšre vers la rive nord de la MĂ©diterranĂ©e.

Il a rĂ©vĂ©lĂ© qu’aucune infiltration ou passage illicite par voie terrestre n’a Ă©tĂ© enregistrĂ© durant les trois premiers mois de cette annĂ©e.

Rappelons que les camps avaient suscitĂ© la colĂšre des habitants des villages voisins, accentuant la pression sur les autoritĂ©s. Certains habitants avaient d’ailleurs intentĂ© une action en justice contre l’occupation de leurs oliveraies par les migrants. «Il Ă©tait de notre devoir de mettre fin Ă  ce dĂ©sordre», a dĂ©clarĂ© Jebabli.

Concernant l’opĂ©ration de dĂ©mantĂšlement des camps de migrants, Jebabli a prĂ©cisĂ© que les diffĂ©rentes unitĂ©s du ministĂšre de l’IntĂ©rieur sont mobilisĂ©es sur le terrain depuis quatre jours, en coordination Ă©troite avec la prĂ©sidence de la RĂ©publique. L’objectif Ă©tant d’éliminer ces campements anarchiques, dans le respect de la loi et en prenant en considĂ©ration la situation humanitaire et sociale des migrants irrĂ©guliers.

Il a soulignĂ© Ă  cet Ă©gard que l’approche adoptĂ©e privilĂ©gie les considĂ©rations sociales et humaines au dĂ©triment de la dimension sĂ©curitaire, estimant que la majoritĂ© de ces migrants sont victimes de traite de personnes. Plusieurs d’entre eux souffrent de problĂšmes de santĂ© et ont Ă©tĂ© pris en charge dans les hĂŽpitaux publics, tandis que d’autres faisaient la queue devant les locaux du Croissant-Rouge tunisien et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bĂ©nĂ©ficier d’un retour volontaire, a-t-il ajoutĂ©.

Le porte-parole de la Garde nationale a indiquĂ©, en se fondant sur les rapports des services de renseignements, de nombreux migrants subsahariens en situation irrĂ©guliĂšre ont exprimĂ© leur volontĂ© de retourner volontairement dans leur pays d’origine et de se rapprocher de l’OIM aprĂšs avoir sĂ©journĂ© dans ces camps.

Il a prĂ©cisĂ© que l’opĂ©ration de dĂ©mantĂšlement des camps Ă  El Amra et Jebeniana, qui abritaient environ 20 000 migrants, se poursuit toujours sous la supervision du ministĂšre de l’IntĂ©rieur et du prĂ©sident de la RĂ©publique.

L’opĂ©ration fait l’objet d’un suivi quotidien de la part des pays d’origine, de transit et de destination, afin d’examiner les mĂ©canismes d’appui au retour volontaire et de coordonner avec les organisations internationales pour l’hĂ©bergement temporaire.

Par ailleurs, Jebabli a signalĂ© que plusieurs affaires judiciaires ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es Ă  l’encontre de ces migrants en situation irrĂ©guliĂšre, notamment pour des agressions contre des exploitations agricoles appartenant Ă  des citoyens, en plus des conditions environnementales et sanitaires devenues prĂ©occupantes.

Le 25 mars, le prĂ©sident tunisien KaĂŻs SaĂŻed a appelĂ© l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) Ă  accĂ©lĂ©rer le retour volontaire des migrants en situation irrĂ©guliĂšre dans leur pays d’origine.

Il reste cependant Ă  espĂ©rer que les camps dĂ©mantelĂ©s ne seront pas installĂ©s quelques kilomĂštres plus loin et que ces opĂ©rations ponctuelles soient la rĂ©ponse adĂ©quate Ă  un phĂ©nomĂšne structurel et qui prend de plus en plus d’ampleur, Ă©tant donnĂ© la situation difficile des populations dans plusieurs pays subsahariens aux prises avec des guerres civiles. Qu’on nous permette d’en douter, car des opĂ©rations similaires menĂ©es par le passĂ© n’ont pas donnĂ© les rĂ©sultats escomptĂ©s. Pour un migrant irrĂ©gulier rapatriĂ©, combien d’autres viennent grossir les rangs de ceux bloquĂ©s en Tunisie en attendant de partir vers l’Europe?

Le 25 mars, le prĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed a appelĂ© l’OIM Ă  accĂ©lĂ©rer le retour volontaire des migrants en situation irrĂ©guliĂšre dans leur pays d’origine.

I. B. (avec agences).

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Infractions au parc de Sidi Bou Saïd | Le silence complice des autorités ?

C’est avec un profond sentiment d’indignation que je me vois contraint, pour la troisiĂšme fois consĂ©cutive, de dĂ©noncer publiquement ce qui se passe au parc de Sidi Bou SaĂŻd. Malheureusement, les mĂȘmes scĂšnes se rĂ©pĂštent, les mĂȘmes lois sont bafouĂ©es, et le silence des autoritĂ©s devient de plus en plus pesant
 au point de faire naĂźtre un vĂ©ritable doute sur leur implication dans ces dĂ©rives.

Leith Lakhoua *

Aujourd’hui encore, malgrĂ© une signalisation explicite interdisant l’accĂšs aux voitures et aux bicyclettes, j’ai Ă©tĂ© tĂ©moin, au sein mĂȘme du parc, de vĂ©hicules motorisĂ©s circulant librement au milieu d’enfants qui tentaient simplement de jouer en toute sĂ©curitĂ©. Ce spectacle inquiĂ©tant ne reflĂšte pas seulement une mauvaise gestion ou une simple nĂ©gligence administrative : il traduit un laisser-aller institutionnalisĂ©, qui laisse penser Ă  une forme de complicitĂ© ou, Ă  tout le moins, de tolĂ©rance de la part de ceux censĂ©s faire appliquer la loi.

Faut-il rappeler que les lois et les rĂšglements ont Ă©tĂ© Ă©tablis dans un but clair : prĂ©server l’ordre public, garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens, protĂ©ger les espaces verts ? Que reste-t-il de tout cela lorsque les panneaux d’interdiction ne signifient plus rien et que l’impunitĂ© devient la norme ?

Le prĂ©sident de la RĂ©publique, en dĂ©signant un ministre, un gouverneur, un maire, a lĂ©gitimement cru dĂ©lĂ©guer des responsabilitĂ©s Ă  des personnes compĂ©tentes et intĂšgres. Mais ce que nous constatons sur le terrain est tout autre : une cascade de dĂ©missions morales et institutionnelles, un refus manifeste d’assumer les fonctions les plus Ă©lĂ©mentaires. Comment expliquer que la solution la plus simple, Ă  savoir fermer le portail du parc, n’a mĂȘme pas Ă©tĂ© envisagĂ©e ni appliquĂ©e? Faut-il vraiment des instructions prĂ©sidentielles pour verrouiller un cadenas?

Le parc est-il, oui ou non, interdit aux voitures ?

Ce constat ne concerne pas uniquement le parc de Sidi Bou SaĂŻd. C’est le reflet d’un malaise plus profond : celui de la gestion des services publics en Tunisie, oĂč l’on assiste, jour aprĂšs jour, Ă  une dĂ©gradation gĂ©nĂ©ralisĂ©e, Ă  une anarchie latente et, parfois, Ă  une suspicion d’implication volontaire dans le chaos.

Il est temps de poser les bonnes questions: le prĂ©sident doit-il gĂ©rer lui-mĂȘme les moindres dĂ©tails de chaque secteur? Peut-il encore dĂ©lĂ©guer sans ĂȘtre trahi? Ou doit-il espĂ©rer un sursaut d’éthique et de responsabilitĂ© chez ces responsables, devenus indiffĂ©rents aux besoins du citoyen?

Ce qui est certain, c’est que la sociĂ©tĂ© civile, elle, ne dort pas. Les patriotes, les vrais, ceux qui aiment ce pays, continueront de dĂ©noncer chaque dĂ©passement, de veiller au grain, et de refuser que l’anarchie s’installe sans rĂ©sistance.

Le parc de Sidi Bou Saïd mérite mieux. La Tunisie mérite mieux.

* Consultant en organisation industrielle.

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‘‘The Russo Ukrainian war’’ | Mourir pour Black Stone ou le tragique destin de l’Ukraine

Les comparaisons douteuses entre Hitler et Poutine servent Ă  justifier auprĂšs de l’opinion publique amĂ©ricaine les largesses financiĂšres attribuĂ©es par le CongrĂšs des Etats-Unis, soumis Ă  l’influence du lobby militaro-industriel et financier, au gouvernement ukrainien vĂ©ritablement croupion, pour poursuivre une guerre sans solution militaire, et rembourser par la suite les dettes accumulĂ©es par le bradage des richesses ukrainiennes et la colonisation Ă©conomique du pays par les intĂ©rĂȘts amĂ©ricains. Au nom de la libertĂ© !

Dr Mounir Hanablia *

La guerre russo-ukrainienne, selon l’auteur du livre, a dĂ©butĂ© dans sa phase militaire lorsque les troupes russes ont franchi, en violation des lois internationales, la frontiĂšre internationale en fĂ©vrier 2022 et tentĂ© de prendre Kiev, la capitale.

L’offensive supposĂ©e ĂȘtre Ă©clair a Ă©tĂ© stoppĂ©e lorsque les forces russes ont Ă©chouĂ© Ă  prendre l’aĂ©roport qui aurait assurĂ© le dĂ©barquement du corps expĂ©ditionnaire censĂ© occuper la capitale sans coup fĂ©rir. Elle s’est enlisĂ©e avec l’entrĂ©e en scĂšne des missiles javelines amĂ©ricains qui ont immobilisĂ© les blindĂ©s assaillants sur la route.

En mars l’état major russe reconnaissait implicitement son Ă©chec en concentrant ses troupes sur l’Est et le Sud de l’Ukraine. La rĂ©sistance ukrainienne, «inattendue», aurait poussĂ© les Occidentaux, en particulier les AmĂ©ricains, Ă  apporter une aide militaire et financiĂšre massive afin d’aider un pays dĂ©mocratique Ă  se libĂ©rer dĂ©finitivement des griffes de l’autocratie russe incarnĂ©e par Vladimir Poutine et Ă  s’arrimer d’une maniĂšre irrĂ©versible Ă©conomiquement Ă  la communautĂ© europĂ©enne et militairement au camp occidental reprĂ©sentĂ© par l’Otan.

Le narratif erroné du camp occidental

Ainsi le choix de l’Otan se trouve ĂȘtre celui d’un Etat souverain soucieux d’assurer son indĂ©pendance par les moyens de son choix conformĂ©ment aux rĂšglements internationaux. Les reculs russes ne sont donc que les rĂ©sultats de la supĂ©rioritĂ© du matĂ©riel militaire occidental, en particulier les batteries Humar ciblant avec une prĂ©cision inĂ©galĂ©e les concentrations de troupes et les dĂ©pĂŽts d’armements ennemis, qui n’a eu d’égal que la bravoure ukrainienne et sa volontĂ© de combattre.

Tout cela a eu pour effet  de refouler les Russes de la route d’Odessa au Sud, de Kharkov Ă  l’Est, et d’entraver leurs mouvements vers la CrimĂ©e Ă  l’Est, en dĂ©truisant le pont sur le dĂ©troit de Kertch.

C’est lĂ  du moins la thĂšse qui prĂ©vaut en Occident et en AmĂ©rique dont l’auteur lui-mĂȘme, Ukrainien, s’est fait sans aucun doute le dĂ©fenseur, en lui confĂ©rant considĂ©rations morale et gĂ©ostratĂ©gique. Morale parce que cette guerre est celle d’un peuple luttant pour sa survie nationale en chassant les envahisseurs venus l’asservir dans sa propre patrie. GĂ©ostratĂ©gique parce qu’en envahissant l’Ukraine, Poutine dĂ©montre qu’il n’accorde aucune importance aux frontiĂšres issues des traitĂ©s sur l’intangibilitĂ© des frontiĂšres hĂ©ritĂ©es de l’Union SoviĂ©tique ou des garanties internationales sur l’Ukraine des traitĂ©s de Lisbonne ou de Budapest dont la fĂ©dĂ©ration de Russie est elle-mĂȘme signataire.

Autrement dit, en attaquant l’Ukraine, la Russie remet en question la victoire occidentale issue de la confrontation Est-Ouest, depuis la guerre froide dans les annĂ©es 50 jusqu’à la chute du mur de Berlin 1989 et la rĂ©unification allemande en 1990.

Ceci est Ă©videmment le narratif du camp occidental sur le conflit, pour qui l’Ukraine est un pays indĂ©pendant souverain, une rĂ©alitĂ© que les rĂ©centes injonctions du prĂ©sident Donald Trump sur la nĂ©cessitĂ© pour rĂ©gler ses dettes de livrer ses richesses minĂ©rales aux consortiums amĂ©ricains ne peut que relativiser.

En effet, on peut se poser la question au dĂ©but de ce deuxiĂšme quart de siĂšcle sur la signification que puissent encore avoir l’indĂ©pendance et la souverainetĂ© lorsqu’un Etat est destinĂ© par une puissance inconnue appelĂ©e le marchĂ© global Ă  fournir le monde en cĂ©rĂ©ales, de telle maniĂšre que ce soit ce marchĂ©-lĂ , Ă  travers les sociĂ©tĂ©s qui l’animant comme Black Stone, des Private Equity Fund gĂ©ants, qui en assurent l’achat et en fixent le prix avant d’en assurer la distribution Ă  travers le monde, tout Ă©vĂšnement malencontreux dans ce pays Ă©tant susceptible d’entraĂźner une famine mondiale avec son corollaire, l’émigration de masse.

Mainmise sur le grenier à blé du monde

Vu sous cet angle lĂ , et indĂ©pendamment de toute prĂ©tention historique ou territoriale russe, ou bien de toute propension de l’Otan Ă  s’étendre vers l’Est tout comme l’avaient fait en leur temps les Nazis, une comparaison qui suscite beaucoup de rĂ©ticences, on peut dĂ©jĂ  considĂ©rer que l’Ukraine ne soit pas un Etat ordinaire de l’ex-Empire SoviĂ©tique, comme les Etas Baltes par exemple, et qu’à l’heure de l’Internet et de sociĂ©tĂ©s de manipulation de l’opinion publique comme Cambridge Analytica qui a pesĂ© lors du Brexit ou de l’arrivĂ©e de Trump Ă  la prĂ©sidence, des Ă©lections dĂ©mocratiques qui s’y tiennent tout comme dans tout autre pays, ou une rĂ©volution, ne puissent pas signifier grand chose.

Il serait donc raisonnablement fondĂ© de mettre en doute le rĂ©cit occidental de la guerre en Ukraine en envisageant l’hypothĂšse qu’elle eĂ»t Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e et voulue pour assurer la mainmise occidentale sur le grenier Ă  blĂ© du monde en en faisant porter la responsabilitĂ© sur l’agresseur russe, que, Ă  cette fin, on aura prĂ©alablement eu soin de soumettre Ă  de multiples provocations, et dont se sera assurĂ© de l’inĂ©vitable rĂ©action.

Les AmĂ©ricains ne s’en sont d’ailleurs nullement cachĂ©s, ils connaissaient dans les dĂ©tails les plans russes et ne se sont pas fait faute de les communiquer aux intĂ©ressĂ©s. Le plus significatif, c’est qu’aprĂšs avoir prĂ©venu les Russes qu’ils connaissaient leurs plans militaires concernant l’attaque projetĂ©e contre l’Ukraine, Joe Biden eĂ»t assurĂ© les futurs agresseurs que les Etats-Unis n’interviendraient pas. Ceci rappelle Ă©trangement les assurances amĂ©ricaines fournies Ă  Saddam Hussein avant l’invasion du KoweĂŻt, et dont on sait ce qu’elles ont valu. C’est finalement l’Irak qui a Ă©tĂ© occupĂ© et son Ă©conomie mise en coupe rĂ©glĂ©e. Mais c’est plus commode de jeter la pierre Ă  Vladimir Poutine, opportunĂ©ment qualifiĂ© de nouvel Hitler, dans la paternitĂ© de la guerre en Ukraine. Et naturellement c’est le massacre de Bucha qu’on ne manque pas d’évoquer pour justifier du bien-fondĂ© de la comparaison.

A Gaza, l’Occident a perdu toute crĂ©dibilitĂ©

Outre qu’il est encore trop tĂŽt pour se prononcer sur de telles accusations dont seuls des historiens indĂ©pendants Ă©tabliront ou non la vĂ©racitĂ©, la prudence s’impose d’autant plus que le silence de l’Occident sur le gĂ©nocide perpĂ©trĂ© Ă  Gaza et le transfert des populations dans les territoires occupĂ©s l’exclut de facto de toute crĂ©dibilitĂ©, sinon de bonne foi, relativement au respect des droits humains.

En vĂ©ritĂ© aucun homme d’Etat russe, de Gorbatchev Ă  Eltsine, n’a acceptĂ© que l’Ukraine fasse partie de l’Otan et les AmĂ©ricains savaient fort bien qu’il s’agissait lĂ  d’un casus belli, un cas de guerre, pour les Russes. En faire porter la responsabilitĂ© Ă  Poutine, qualifiĂ© en la circonstance de dictateur, relĂšve plutĂŽt de la propagande de guerre que l’auteur, emportĂ© par des sentiments patriotiques bien comprĂ©hensibles, n’a pas identifiĂ©e. Mais avant d’attribuer aux Ukrainiens des sentiments dĂ©mocratiques issus de l’égalitarisme cosaque dont leurs cousins russes soumis aux khans mongols et Ă  l’autocratie tsariste auraient Ă©tĂ© privĂ©s par le vent de  l’Histoire, il convient de rappeler que, lors de l’invasion nazie de l’Ukraine, plusieurs milliers d’Ukrainiens originaires de Galice avaient constituĂ© des unitĂ©s combattantes contre les communistes soviĂ©tiques en collaborant avec les envahisseurs et que beaucoup s’étant engagĂ©s dans les SS avaient commis des massacres, notamment contre la population juive.

En effet, des comparaisons douteuses entre Hitler et Poutine servent Ă  justifier auprĂšs de l’opinion publique amĂ©ricaine les largesses financiĂšres attribuĂ©es par le CongrĂšs des Etats-Unis soumis Ă  l’influence du lobby militaro-industriel et financier, au gouvernement ukrainien vĂ©ritablement croupion, pour poursuivre une guerre sans solution militaire, et rembourser par la suite les dettes accumulĂ©es par le bradage des richesses nationales et la colonisation Ă©conomique du pays par les intĂ©rĂȘts amĂ©ricains. Au nom de la libertĂ© !

‘‘The Russo-Ukrainian War: The Return of History’’ de Serhii Plokhy, W. W. Norton & Company, 16 mai 2023, 400 pages.

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Le poĂšme du dimanche | ‘‘Des lointains’’ de Victor Segalen

Victor Segalen, mĂ©decin et poĂšte français, auteur des ‘‘ImmĂ©moriaux’’, est fascinĂ© (et inspirĂ©) par les cultures extrĂȘme orientales, notamment chinoise.

NĂ© en 1878 Ă  Brest, en Bretagne, Victor Segalen part en Chine en 1909. S’installe Ă  PĂ©kin. DĂ©couvre la beautĂ© de la ville impĂ©riale. SubjuguĂ© par le personnage de l’Empereur, il dĂ©cide de lui consacrer son premier livre.

Le  poĂšte publie ‘‘StĂšles’’ en 1912. D’abord en livre d’art. S’ensuivent de nombreuses Ă©ditions confirmant l’engouement et l’intĂ©rĂȘt Ă  la culture extrĂȘme-orientale qui mobilisent voyageurs, auteurs et artistes en quĂȘte de nouveaux espaces et imaginaires, commencĂ©s au 19e siĂšcle.

Il décÚde en 1919.

Tahar Bekri

Des lointains, des si lointains j’accours, ami, vers toi, le plus cher. Mes pas ont dĂ©pecĂ© l’horrible espace entre nous.

De longtemps nos pensers n’habitaient plus le mĂȘme instant du monde : les voici Ă  nouveau sous les mĂȘmes influx, pĂ©nĂ©trĂ©s des mĂȘmes rayons.

Tu ne rĂ©ponds pas. Tu observes ? Qu’ai-je dĂ©jĂ  commis d’inopportun ?

Sommes-nous bien rĂ©unis : est-ce bien toi, le plus cher ?

Nos yeux se sont manquĂ©s. Nos gestes n’ont plus de symĂ©trie. Nous nous Ă©pions Ă  la dĂ©robĂ©e comme des inconnus ou des chiens qui vont mordre.

Quelque chose nous sépare. Notre vieille amitié se tient entre nous comme un mort étranglé par nous.

Nous la portons d’un commun fardeau, lourde et froide.

Ha ! Hardiment retuons-la ! et pour les heures naissantes, prudemment composons une vivace et nouvelle amitiĂ©.

Le voulez-vous, ĂŽ mon nouvel ami, frĂšre de mon Ăąme future ?

StÚles, Poésie/ Gallimard.

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Impacts de la nouvelle politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine sur la Tunisie, selon l’IACE

L’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) a publiĂ© l’étude suivante sur les «Impacts Ă©conomiques de la nouvelle politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine sur la Tunisie» et notamment la hausse du dollar, l’augmentation des droits de douane et la baisse de l’aide internationale. Et propose des recommandations pour anticiper leurs effets.

La rĂ©Ă©lection de Donald Trump en 2024, avec la poursuite de la doctrine America First, pourrait avoir des rĂ©percussions significatives sur l’économie mondiale, notamment en raison de son approche protectionniste, de ses rĂ©formes fiscales et de sa stratĂ©gie monĂ©taire agressive.

Pour la Tunisie, ces politiques pourraient engendrer Ă  la fois des dĂ©fis et des opportunitĂ©s, nĂ©cessitant une analyse approfondie et des mesures adaptĂ©es pour en anticiper les effets. D’une part, la hausse du dollar, l’augmentation des droits de douane et la baisse de l’aide internationale peuvent fragiliser son Ă©conomie. D’autre part, ces changements pourraient inciter la Tunisie Ă  diversifier ses partenariats Ă©conomiques et Ă  renforcer sa production locale. Cette note analyse les impacts de ces mesures et propose des recommandations pour anticiper leurs effets.

1. Une nouvelle donne Ă©conomique mondiale

Protectionnisme et réorientation commerciale

L’administration Trump a intensifiĂ© ses politiques protectionnistes, notamment en augmentant les droits de douane sur les importations provenant de pays concurrents comme la Chine. Cette stratĂ©gie a perturbĂ© les chaĂźnes d’approvisionnement mondiales, crĂ©ant un environnement commercial plus incertain pour les partenaires Ă©conomiques des États-Unis, y compris la Tunisie.

Les mesures protectionnistes ont non seulement augmentĂ© le taux moyen des droits de douane sur les produits chinois mais ont Ă©galement encouragĂ© d’autres pays Ă  adopter des pratiques similaires, exacerbant ainsi la conflictualitĂ© commerciale mondiale.

Le nouveau mandat de Trump pourrait conduire Ă  une escalade encore plus prononcĂ©e du protectionnisme amĂ©ricain. Cela pourrait inclure l’imposition de droits de douane universels ou significativement accrus sur toutes les importations, ce qui risquerait d’entraĂźner une guerre commerciale mondiale. De telles mesures ne manqueraient pas d’affecter nĂ©gativement le commerce international et potentiellement entraĂźner une perte du PIB mondial.

Réformes fiscales et croissance américaine

Les baisses d’impĂŽts entreprises par l’administration Trump visent principalement Ă  stimuler l’économie amĂ©ricaine en encourageant l’investissement privĂ© et la crĂ©ation d’emplois.

Cependant, ces rĂ©formes comportent des risques significatifs : elles pourraient creuser le dĂ©ficit budgĂ©taire amĂ©ricain et exacerber les inĂ©galitĂ©s sociales. Un dĂ©ficit budgĂ©taire accru pourrait avoir des implications importantes pour la stabilitĂ© financiĂšre globale et influencer nĂ©gativement les flux d’investissement vers des pays Ă©mergents comme la Tunisie.

En outre, ces politiques fiscales peuvent renforcer le rĂŽle dominant du dollar dans le commerce international tout en accentuant sa volatilitĂ© face aux autres devises. Cela complique encore davantage l’environnement Ă©conomique pour des pays dĂ©pendants du dollar dans leurs transactions internationales.

Appréciation du dollar et fluctuations monétaires

La politique monĂ©taire menĂ©e par la Fed a conduit Ă  une apprĂ©ciation notable du dollar ces derniers mois, d’abord marquĂ©e par plusieurs hausses successives des taux directeurs. En 2024, la Fed a rĂ©duit ses taux Ă  trois reprises (-0,25 % Ă  chaque fois), mais elle adopte une approche plus prudente en 2025 en raison des risques inflationnistes liĂ©s aux mesures de Trump. Cette dynamique a rendu difficile la gestion de la dette extĂ©rieure pour de nombreuses Ă©conomies Ă©mergentes. AprĂšs l’élection de Trump, le dollar s’est apprĂ©ciĂ© de 3% en termes nominaux et de 4% face Ă  l’euro en novembre 2024, portĂ© par les annonces de tarifs douaniers universels et de baisses d’impĂŽts.

Pour un pays comme la Tunisie dont une grande partie des transactions se fait en dollars (comme beaucoup d’autres), cette situation se traduit par un coĂ»t accru pour ses importations ainsi qu’une inflation importĂ©e qui affecte directement le pouvoir d’achat intĂ©rieur. L’inflation rĂ©sultante peut aggraver davantage l’instabilitĂ© macro-Ă©conomique locale si elle n’est pas correctement gĂ©rĂ©e via une politique monĂ©taire adaptĂ©e ou grĂące Ă  diversification accrue dans ses relations commerciales internationales.

2. ConsĂ©quences pour l’économie tunisienne

Inflation et hausse des coûts des importations

L’apprĂ©ciation du dollar a un impact significatif sur l’économie tunisienne, notamment en renforçant le coĂ»t des matiĂšres premiĂšres et de l’énergie. En 2024, les coĂ»ts de l’énergie ont augmentĂ© de 18%, tandis que les prix des produits alimentaires ont grimpĂ© de 12%. Ces hausses affectent directement le pouvoir d’achat des mĂ©nages tunisiens, dĂ©jĂ  fragilisĂ© par un contexte Ă©conomique tendu. L’inflation importĂ©e rĂ©duit la capacitĂ© des mĂ©nages Ă  faire face aux dĂ©penses courantes, entraĂźnant une contraction de la consommation intĂ©rieure, moteur clĂ© de l’économie nationale.

Par ailleurs, la dĂ©prĂ©ciation du dinar face au dollar complique la gestion des finances publiques, augmentant le poids de la dette extĂ©rieure libellĂ©e en devises et restreignant les marges de manƓuvre budgĂ©taires du gouvernement.

Commerce extérieur et investissements

Le commerce extĂ©rieur est fortement impactĂ© par la forte dĂ©pendance Ă  l’égard du dollar pour environ 60% des transactions commerciales. L’augmentation du coĂ»t des importations pĂšse sur la balance commerciale tunisienne, particuliĂšrement dans les secteurs stratĂ©giques comme le textile et l’agroalimentaire. Le textile, qui reprĂ©sente une part significative des exportations tunisiennes, souffre de l’augmentation du coĂ»t des matiĂšres premiĂšres importĂ©es (coton, teintures, Ă©quipements), rĂ©duisant ainsi la compĂ©titivitĂ© des entreprises locales sur les marchĂ©s internationaux. De mĂȘme, le secteur agroalimentaire, fortement dĂ©pendant des importations de cĂ©rĂ©ales et d’huiles vĂ©gĂ©tales, voit ses coĂ»ts de production grimper, ce qui limite sa capacitĂ© Ă  exporter Ă  des prix compĂ©titifs et aggrave le dĂ©sĂ©quilibre commercial.

De plus, l’incertitude Ă©conomique mondiale combinĂ©e au rapatriement massif de capitaux a entraĂźnĂ© une baisse significative (15% en 2025) des investissements directs Ă©trangers (IDE), fragilisant ainsi davantage le tissu Ă©conomique local.

Les secteurs stratĂ©giques comme le textile et l’agroalimentaire sont particuliĂšrement touchĂ©s par cette dynamique. En outre, les exportations tunisiennes vers les États-Unis, principalement dans le secteur agroalimentaire (huile d’olive conditionnĂ©e) et dans le textile (filiĂšre jeans), pourraient ĂȘtre impactĂ©es par la hausse annoncĂ©e des droits de douane.

Fluctuations du prix du pétrole

La production pĂ©troliĂšre amĂ©ricaine a atteint un niveau record en 2024, avec 13,2 millions de barils par jour, grĂące Ă  l’assouplissement des rĂ©glementations environnementales et Ă  l’augmentation des investissements dans l’exploitation des gisements non conventionnels.

Cette surproduction, combinĂ©e Ă  une politique Ă©nergĂ©tique axĂ©e sur l’indĂ©pendance des États-Unis, exerce une pression Ă  la baisse sur les prix du pĂ©trole, qui pourraient se stabiliser autour de 70 USD le baril.

Pour la Tunisie, un tel scĂ©nario prĂ©sente des avantages immĂ©diats, notamment une rĂ©duction de la facture Ă©nergĂ©tique du pays, qui dĂ©pend fortement des importations pour couvrir ses besoins en hydrocarbures. Une baisse du prix du pĂ©trole permettrait de contenir les coĂ»ts des carburants et de l’électricitĂ©, limitant ainsi les tensions inflationnistes et allĂ©geant la pression sur le budget de l’État.

Cependant, cette dynamique comporte aussi des risques majeurs pour l’économie tunisienne. Une baisse prolongĂ©e des prix du pĂ©trole affecterait directement les revenus des pays exportateurs de pĂ©trole, en particulier ceux du Golfe. Une rĂ©duction des excĂ©dents budgĂ©taires de ces États pourrait se traduire par une diminution des investissements directs Ă©trangers (IDE) en Tunisie.

De plus, les transferts financiers des travailleurs tunisiens expatriĂ©s dans les pays du Golfe pourraient Ă©galement ĂȘtre affectĂ©s par une contraction des revenus pĂ©troliers. Cette rĂ©duction des recettes entraĂźnerait des coupes budgĂ©taires dans les Ă©conomies du Golfe et de la Libye, ce qui impacterait l’emploi et les salaires des travailleurs Ă©trangers, y compris ceux d’origine tunisienne. Il est crucial de suivre l’impact de cette diminution des recettes pĂ©troliĂšres des pays limitrophes sur les exportations tunisiennes vers ces pays, ainsi que sur les dĂ©penses des touristes maghrĂ©bins et le soutien financier. Ces aspects doivent ĂȘtre observĂ©s avec prudence durant la pĂ©riode Ă  venir.

Aide internationale et présence économique américaine en Afrique

La rĂ©duction des budgets allouĂ©s aux programmes d’aide amĂ©ricains, notamment via l’USAID, limite considĂ©rablement les capacitĂ©s de financement des projets de dĂ©veloppement en Tunisie.

Historiquement, ces fonds ont soutenu des initiatives essentielles dans des domaines tels que l’éducation, la gouvernance, l’entrepreneuriat et les infrastructures, contribuant ainsi Ă  la stabilitĂ© Ă©conomique et sociale du pays. La diminution de ces ressources, amorcĂ©e sous la premiĂšre administration Trump avec une rĂ©duction de 28% de l’aide bilatĂ©rale en 2018, et alors qu’en 2023, le budget de l’USAID s’élevait Ă  43,79 milliards de dollars, risque de ralentir certains projets en cours, de fragiliser les ONG locales et d’accroĂźtre la dĂ©pendance de la Tunisie Ă  d’autres sources de financement, notamment europĂ©ennes et multilatĂ©rales.

Toutefois, en parallĂšle Ă  cette rĂ©duction de l’aide directe, l’administration Trump encourage un modĂšle alternatif basĂ© sur l’investissement privĂ© Ă  travers des initiatives comme «Prosper Africa». Ce programme vise Ă  stimuler les Ă©changes commerciaux et les investissements amĂ©ricains en Afrique en offrant des incitations aux entreprises souhaitant s’implanter sur le continent.

Bien que la Tunisie ne figure pas parmi les pays prioritaires du programme, elle pourrait bĂ©nĂ©ficier indirectement de cette dynamique en renforçant ses relations commerciales avec les États-Unis et en attirant des investisseurs intĂ©ressĂ©s par les opportunitĂ©s qu’offre l’économie tunisienne, notamment dans les secteurs de la technologie, des Ă©nergies renouvelables et de l’industrie manufacturiĂšre.

3. Enjeux et recommandations

Face aux défis économiques mondiaux actuels, notamment ceux induits par les politiques américaines et les fluctuations monétaires internationales, la Tunisie doit adopter des stratégies proactives pour renforcer sa résilience économique. Voici quelques pistes clés pour y parvenir :

Diversifier les partenariats Ă©conomiques

Face aux tensions Ă©conomiques mondiales et aux Ă©volutions de la politique amĂ©ricaine, la Tunisie doit adopter une approche proactive en diversifiant ses partenaires commerciaux.

Maintenir des relations solides avec l’Union europĂ©enne tout en renforçant les liens avec la Chine pourrait offrir Ă  la Tunisie une meilleure rĂ©silience face aux incertitudes mondiales. La Chine est dĂ©jĂ  devenue le deuxiĂšme plus grand fournisseur de biens pour la Tunisie, aprĂšs la France. Cela permettrait Ă©galement d’exploiter pleinement les opportunitĂ©s commerciales offertes par ces deux gĂ©ants Ă©conomiques. La Tunisie bĂ©nĂ©ficie dĂ©jĂ  de plusieurs accords commerciaux qui peuvent lui permettre d’élargir ses dĂ©bouchĂ©s Ă  l’international. L’accord d’association avec l’UE, ainsi que les accords prĂ©fĂ©rentiels avec des blocs rĂ©gionaux africains, offrent des opportunitĂ©s que les entreprises tunisiennes pourraient mieux exploiter Ă  travers une stratĂ©gie d’exportation plus ciblĂ©e. En outre, l’exploration de nouveaux accords bilatĂ©raux avec des partenaires Ă©mergents, comme l’Inde ou la Turquie, pourrait permettre Ă  la Tunisie de diversifier encore davantage ses flux commerciaux et d’accroĂźtre sa rĂ©silience face aux chocs externes.

Soutenir la production locale

Renforcer la production locale est essentiel pour rĂ©duire la dĂ©pendance aux importations et stabiliser l’économie intĂ©rieure.

Le renforcement des chaĂźnes de valeur locales est essentiel pour favoriser une Ă©conomie plus autonome et rĂ©siliente. Il s’agit de soutenir des secteurs Ă©conomiques stratĂ©giques, tels que le textile, l’agroalimentaire, et d’autres industries locales. En investissant dans ces secteurs, on pourrait rĂ©duire la dĂ©pendance du pays vis-Ă -vis des importations. Cela implique Ă©galement d’amĂ©liorer l’intĂ©gration verticale dans ces secteurs.

Pour que ces investissements dans les secteurs stratĂ©giques soient rĂ©ellement fructueux, il est crucial d’encourager les entreprises locales Ă  se dĂ©velopper et Ă  ĂȘtre compĂ©titives Ă  l’échelle internationale. Cela peut passer par un accĂšs facilitĂ© Ă  des financements adaptĂ©s.

Optimiser la gestion monétaire et budgétaire

Une gestion prudente du systĂšme financier est cruciale pour limiter les impacts nĂ©gatifs des perturbations externes sur l’économie tunisienne. Cela implique la mise en place de stratĂ©gies Ă  la fois monĂ©taires et budgĂ©taires pour protĂ©ger la stabilitĂ© financiĂšre et soutenir le pouvoir d’achat des citoyens.

La politique monĂ©taire doit ĂȘtre un outil central dans la gestion des chocs externes, comme les fluctuations des taux de change, notamment l’apprĂ©ciation du dollar par rapport au dinar tunisien. Cette apprĂ©ciation peut rendre les importations plus chĂšres, exacerbant ainsi l’inflation et rĂ©duisant le pouvoir d’achat des citoyens.

L’adaptation du budget national afin de soutenir la stabilitĂ© Ă©conomique face aux crises externes nĂ©cessite une gestion rigoureuse et visĂ©e des finances publiques, notamment par le biais de subventions ciblĂ©es, pour attĂ©nuer les effets nĂ©gatifs de l’inflation, en particulier en ce qui concerne les hausses de prix des biens essentiels.

Cela dit, la clĂ© du succĂšs rĂ©side dans notre capacitĂ© Ă  mettre en Ɠuvre ces mesures dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©es, qui s’avĂšrent de plus en plus urgentes pour permettre l’adaptation aux Ă©volutions Ă©conomiques mondiales et aux besoins de la population tunisienne.

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Les droits de douane américains | Effets limités sur la Tunisie

 Â«Les effets directs de la dĂ©cision du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump d’imposer des droits de douane plus Ă©levĂ©s sur les importations en provenance de divers pays seront globalement limitĂ©s pour la Tunisie, contrairement Ă  l’impact indirect, qui sera aussi bien nĂ©gatif que positif.»

C’est ce qu’a dĂ©clarĂ© l’expert Ă©conomique et ancien ministre du Commerce Mohsen Hassan Ă  l’agence Tap, ajoutant que les mesures protectionnistes annoncĂ©es par Trump incluent la Tunisie, avec des droits de douane sur les marchandises importĂ©es de 28%. Ces droits de douane, qui s’inscrivent dans une guerre commerciale, auront un impact nĂ©gatif sur l’économie mondiale et rĂ©duiront les exportations tunisiennes vers les États-Unis, notamment l’huile d’olive, les dattes et les produits textiles.

La compétitivité de ces produits diminuera, entraßnant une hausse des prix sur le marché américain et réduisant la demande.

Cependant, l’impact direct de ces mesures protectionnistes sur l’économie et la balance commerciale de la Tunisie sera limitĂ©, compte tenu des flux commerciaux relativement faibles entre les deux pays par rapport aux autres pays.

Hassan a indiquĂ© que la Tunisie a enregistrĂ© un excĂ©dent commercial avec les Etats-Unis de 215,8 millions de dinars (65,39 millions d’euros) pour l’ensemble de l’annĂ©e 2024. Les exportations de la Tunisie vers les Etats-Unis se sont Ă©levĂ©es Ă  360 millions de dinars (109 millions d’euros) en janvier et fĂ©vrier 2025, tandis que les importations ont dĂ©passĂ© 480 millions de dinars (65,39 millions d’euros), selon les statistiques de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri). «Le marchĂ© amĂ©ricain a reprĂ©sentĂ© 17,2% des exportations totales d’huile d’olive de la Tunisie entre novembre 2024 et janvier 2025», a-t-il ajoutĂ©.

Hassan a notĂ© que les augmentations des droits de douane amĂ©ricains sur les marchandises importĂ©es de divers pays auront des effets positifs indirects sur la Tunisie, notamment la baisse du prix du pĂ©trole brut Brent Ă  70 dollars le baril, contre 80 dollars dĂ©but janvier 2025. Cela aura un impact positif sur les finances publiques, sachant que la loi de finances 2025 reposait sur une hypothĂšse de prix du pĂ©trole Ă  74 dollars le baril. La baisse des prix du pĂ©trole brut contribuera Ă©galement Ă  rĂ©duire la facture des importations Ă©nergĂ©tiques de l’État.

Un autre impact positif indirect des mesures protectionnistes amĂ©ricaines est la dĂ©prĂ©ciation du dollar amĂ©ricain par rapport Ă  l’euro, ce qui entraĂźnera un affaiblissement du dollar par rapport au dinar tunisien.Cela rĂ©duira Ă  son tour les coĂ»ts d’importation des matiĂšres premiĂšres et des produits Ă©nergĂ©tiques.

La dĂ©prĂ©ciation du dollar par rapport Ă  l’euro et au dinar aura un impact positif sur les rĂ©serves de change de la Tunisie et contribuera Ă  attĂ©nuer les dĂ©sĂ©quilibres macroĂ©conomiques du pays.

D’autre part, a averti Hassan, la guerre commerciale mondiale de Trump aurait des rĂ©percussions nĂ©gatives indirectes sur la Tunisie, comme un possible ralentissement et une stagnation Ă©conomique, notamment dans les pays europĂ©ens. Cela entraĂźnerait une baisse de la demande europĂ©enne pour les exportations tunisiennes, aggravant le dĂ©ficit commercial et affaiblissant la rĂ©silience des entreprises tunisiennes.

En consĂ©quence, l’expert Ă©conomique a estimĂ© qu’il est nĂ©cessaire pour la Tunisie de reconsidĂ©rer ses politiques commerciales et de revoir certains accords de libre-Ă©change, notamment avec l’Union europĂ©enne, pour dynamiser les exportations, limiter l’afflux de biens de consommation non essentiels et protĂ©ger les secteurs vulnĂ©rables.

De telles rĂ©visions politiques ne devraient pas porter atteinte Ă  l’ouverture Ă©conomique de la Tunisie, mais plutĂŽt intĂ©grer davantage l’économie nationale dans les chaĂźnes de valeur mondiales, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’augmenter les droits de douane sur les biens de consommation non essentiels aux niveaux fixĂ©s par l’Organisation mondiale du commerce. Il a Ă©galement recommandĂ© de revoir tous les accords commerciaux bilatĂ©raux et multilatĂ©raux, notamment ceux avec les pays oĂč la Tunisie connaĂźt un dĂ©ficit commercial important.

L’expert a soulignĂ© enfin l’importance de diversifier les partenaires commerciaux de la Tunisie et d’explorer de nouveaux marchĂ©s, tels que l’AmĂ©rique latine et l’Afrique, tout en continuant Ă  renforcer les liens Ă©conomiques avec l’Europe.

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Le salon Bio-Expo 2025 du 17 au 19 avril Ă  Tunis

La 15e Ă©dition du salon international de l’agriculture et de l’alimentation biologique Bio-Expo 2025, se tiendra du 17 au 19 avril 2025, au siĂšge de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Ă  Tunis, avec la participation de plus de 100 exposants.

OrganisĂ©e par Foires et expositions internationales (Ife), en collaboration avec la Direction gĂ©nĂ©rale de l’agriculture biologique du ministĂšre de l’Agriculture, Bio-Expo sera l’occasion pour les producteurs et transformateurs du secteur de l’agriculture biologique de prĂ©senter leurs produits Ă  un large public de professionnels et de consommateurs. Il offrira donc «une opportunitĂ© de nouer des liens plus solides entre producteurs, agriculteurs et experts des diffĂ©rentes rĂ©gions du pays, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de partenariat et en Ă©largissant les rĂ©seaux nationaux et internationaux», lit-on dans un communiquĂ© des organisateurs.

L’objectif du salon est de promouvoir la filiĂšre bio en Tunisie et d’anticiper les Ă©volutions des marchĂ©s locaux et euro-mĂ©diterranĂ©ens, en favorisant le dialogue avec les agriculteurs, les producteurs, les transformateurs et les dĂ©cideurs.

En marge du salon, seront organisĂ©es des confĂ©rences animĂ©es par des experts renommĂ©s du secteur de l’agriculture biologique, ainsi que des ateliers destinĂ©s aux Ă©tudiants afin de les sensibiliser Ă  l’importance des produits biologiques pour leur santĂ©.

Un concours de dĂ©gustation de la meilleure huile d’olive biologique, Dido Kids, sera organisĂ© dans le but d’inculquer une culture de la qualitĂ© aux enfants dĂšs le plus jeune Ăąge.

I.B.

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La LTDH appelle à protéger les migrants irréguliers tunisiens en Europe

La Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a braquĂ© les projecteurs sur les violations subies par les migrants tunisiens en situation irrĂ©guliĂšre en Europe, ainsi que «le manque de transparence des accords migratoires et l’inaction des autoritĂ©s tunisiennes» dans la dĂ©fense de leurs citoyens.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le 3 avril 2025, la LTDH souligne que ces agressions physiques et morales, ainsi que les conditions de détention inhumaines, sont «en contradiction flagrante avec les conventions internationales ».

«Les migrants sont notamment privĂ©s d’exercer leur droit de recours contre l’expulsion, en violation de la Convention de GenĂšve et de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme», dĂ©nonce la LTDH, qui «condamne fermement» ce traitement rĂ©servĂ© aux migrants tunisiens et appelle les autoritĂ©s tunisiennes Ă  intervenir d’urgence pour garantir la sĂ©curitĂ© et la dignitĂ© des Tunisiens Ă  l’étranger, en adoptant des mesures diplomatiques et judiciaires.

Dans le communiqué, la Ligue demande également la révision des accords migratoires conclus avec les pays européens, dénonçant «leur opacité et leur incompatibilité avec les principes fondamentaux du droit international».

Dans le mĂȘme temps, l’ONG appelle Ă  la mise en Ɠuvre de politiques nationales de dĂ©veloppement pour offrir aux jeunes Tunisiens des alternatives Ă  l’émigration clandestine. Et elle appelle la sociĂ©tĂ© civile et la communautĂ© internationale Ă  lutter contre les violations des droits de l’homme, tout en demandant aux pays europĂ©ens, notamment l’Italie, la France et l’Allemagne, de cesser leurs pratiques considĂ©rĂ©es comme «illĂ©gales et discriminatoires».

La protection des migrants et le respect de leur dignitĂ© ne sont pas seulement une question juridique, c’est aussi un impĂ©ratif moral et humanitaire qui requiert l’engagement de toutes les parties intĂ©ressĂ©es, conclut le communiquĂ©, qui est publiĂ© sur fond de polĂ©mique sur les rĂ©seaux sociaux sur les mauvais traitements auxquels sont soumis les migrants subsahariens en Tunisie et des migrants tunisiens en Europe, ainsi que sur le manque de rĂ©activitĂ©s des autoritĂ©s tunisiennes sur ce dossier.

I. B.

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Vers un printemps algĂ©rien, inĂ©luctable et nĂ©cessaire   

Il y a toujours un moment oĂč le rĂ©el dĂ©passe la fiction, oĂč les rapports de force se fissurent sans qu’on puisse dire exactement quand la bascule s’est produite. C’est un peu comme un fleuve dont le lit semble immobile mais qui, Ă  force d’érosion, finit par changer de trajectoire. Et c’est lĂ , peut-ĂȘtre, que l’AlgĂ©rie se trouve aujourd’hui. Le pays est-il vraiment Ă  ce point de rupture ? Pas encore. Mais tout indique que l’équilibre apparent n’est qu’une illusion de stabilitĂ©, un mirage plus qu’un socle immuable. 

Manel Albouchi * 

Comprendre un pays, c’est d’abord comprendre son inconscient collectif. En AlgĂ©rie, quelque chose bouge, mais non pas dans la rue, comme on pourrait le penser, mais dans l’imaginaire collectif. Une tension latente, presque invisible, qui se lit dans les discours des jeunes, dans la maniĂšre dont ils se projettent dans l’avenir, dans la distance croissante qu’ils prennent vis-Ă -vis des rĂ©cits officiels. 

Sigmund Freud, dans ‘‘Malaise dans la civilisation’’, expliquait la tension permanente entre l’individu et le cadre qui lui est imposĂ©. Lorsque cet Ă©cart devient trop grand, l’angoisse surgit, et avec elle, la rĂ©volte. L’AlgĂ©rie traverse aujourd’hui cette angoisse sourde : elle n’est plus totalement dans l’acceptation du systĂšme, mais n’a pas encore franchi le seuil du rejet frontal. C’est comme si le pays se trouvait dans un point de bascule cognitif, un moment oĂč l’imaginaire collectif peine Ă  maintenir la cohĂ©rence de son rĂ©cit intĂ©rieur.

Le Hirak de 2019 a Ă©tĂ© la premiĂšre secousse, une mise Ă  nu du besoin urgent de renouveau. Mais, comme dans toute transformation, l’inertie du passĂ©, du systĂšme de contrĂŽle, freine le passage Ă  l’acte. 

Le Printemps Noir de 2001 (├⎰⎌┙┓├ ├⎰⎱└⎜⎰┏├), qui a vu la Kabylie se soulever contre l’injustice et la marginalisation, a Ă©tĂ© un prĂ©curseur de cette dynamique. La rĂ©volte a Ă©tĂ© matĂ©e par une rĂ©pression sanglante, mais elle a laissĂ© une empreinte indĂ©lĂ©bile dans l’imaginaire collectif algĂ©rien. Elle a montrĂ© que le dĂ©fi Ă  l’ordre Ă©tabli pouvait surgir d’une rĂ©gion spĂ©cifique avant de se diffuser plus largement, anticipant les revendications plus globales du Hirak. 

AlgĂ©rie et Tunisie : un dialogue en miroir 

Historiquement, l’AlgĂ©rie s’est construite dans une posture de la lutte et de la rĂ©sistance Ă  la colonisation, alors que la Tunisie a choisi la nĂ©gociation et l’adaptation. Deux trajectoires opposĂ©es, qui se croisent parfois en rivalitĂ© implicite, parfois en inspiration mutuelle.  

La Tunisie, pendant longtemps, a Ă©tĂ© un laboratoire politique pour toute la rĂ©gion. Un espace d’expĂ©rimentation dĂ©mocratique, oĂč des rĂ©formes ont Ă©tĂ© tentĂ©es, Ă©chouĂ©es, puis recommencĂ©es. Paradoxalement, cette instabilitĂ© a permis Ă  la Tunisie d’innover politiquement. L’AlgĂ©rie, quant Ă  elle, a suivi une logique plus monolithique, oĂč le changement est contrĂŽlĂ©, maĂźtrisĂ©, contenu. Mais cette dynamique a aujourd’hui ses limites. Et si l’AlgĂ©rie commence Ă  douter de son propre modĂšle, peut-elle rĂ©ellement trouver une alternative dans l’expĂ©rience tunisienne ? 

Pierre Bourdieu parlait de l’effet de champ, cette idĂ©e que les acteurs d’un systĂšme modifient leurs comportements en fonction des transformations de leur environnement. Si l’AlgĂ©rie change, la Tunisie, elle aussi, devra redĂ©finir sa posture, non plus comme un simple spectateur, mais comme un acteur stratĂ©gique. Un acteur qui, fort de son expĂ©rience du chaos, peut proposer des clĂ©s pour Ă©viter la dĂ©sintĂ©gration. Une vision partagĂ©e, une coopĂ©ration fondĂ©e sur la comprĂ©hension mutuelle. 

Illusion du contrĂŽle et nĂ©cessitĂ© d’un nouveau pacte 

Dans les cercles du pouvoir algĂ©rien, la confusion entre contrĂŽle et maĂźtrise est prĂ©gnante. On croit que, en Ă©touffant les tensions, on Ă©vite l’explosion. Mais en rĂ©alitĂ©, on ne fait que dĂ©placer la pression. C’est l’illusion du contrĂŽle, la mise sous silence de l’invisible. Mais cette illusion ne dure qu’un temps. La violence symbolique, concept cher Ă  Bourdieu, est omniprĂ©sente : un pouvoir qui impose une vision unilatĂ©rale du rĂ©el, oĂč contester revient Ă  trahir la nation. Et cette violence, subtile mais constante, commence Ă  se fissurer. 

L’État peut agir sur trois leviers : 

1. la coercition, qui fonctionne un temps, mais gĂ©nĂšre Ă  long terme un rejet violent; 

2. l’illusion de rĂ©forme, qui crĂ©e une façade de changement sans altĂ©rer la structure profonde; 

3. la transformation rĂ©elle, un processus de reconfiguration des rapports de pouvoir, qui demande un courage bien plus grand. 

L’AlgĂ©rie oscille actuellement entre les deux premiers leviers. Mais pour combien de temps encore? 

L’Histoire nous enseigne que les systĂšmes qui survivent ne sont pas ceux qui rĂ©sistent Ă  l’adversitĂ©, mais ceux qui savent se rĂ©inventer. Ce n’est pas nĂ©cessairement sous la pression d’une rue en colĂšre, mais par une anticipation intelligente des changements Ă  venir. Une mutation nĂ©gociĂ©e, pas une rupture brutale. 

Vers une nouvelle dynamique algĂ©ro-tunisienne ? 

Et si la Tunisie, avec son expĂ©rience du changement, avait un rĂŽle Ă  jouer dans cette transition? Non pas en donnant des leçons, mais en agissant comme un partenaire stratĂ©gique, capable d’accompagner les mutations sans prĂ©cipiter le chaos.  

Il ne s’agit pas d’importer un modĂšle dĂ©mocratique fragile, ni de plaquer des solutions toutes faites sur un contexte aux dynamiques internes profondes. Mais bien d’ouvrir un dialogue. De proposer une expertise, une lecture psychologique et sociologique des dynamiques en cours, car, en fin de compte, la politique n’est pas seulement un jeu de dĂ©cisions rationnelles. Elle repose sur des perceptions, des Ă©motions collectives, des croyances profondes.  

Transformation contrĂŽlĂ©e ou implosion soudaine ?

Anticiper les mutations, c’est savoir lire entre les lignes. Observer les signes faibles avant qu’ils ne deviennent des Ă©vidences. C’est comprendre que la stabilitĂ© n’est pas un Ă©tat figĂ©, mais un Ă©quilibre en perpĂ©tuel rĂ©ajustement.  

L’AlgĂ©rie est Ă  un tournant. Le choix n’est plus entre le statu quo et la rĂ©volution, mais entre une transformation contrĂŽlĂ©e et une implosion soudaine. Le pays traverse un espace transitionnel, une phase oĂč les reprĂ©sentations collectives sont en recomposition, oĂč l’ancien et le nouveau s’affrontent. La dissonance cognitive, cette tension entre des valeurs anciennes et les besoins actuels, empĂȘche encore une Ă©volution vĂ©ritable.

Dans ce processus, la Tunisie a une carte stratĂ©gique Ă  jouer. 

* Psychologue, psychanalyste.

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Jean-Louis H. DuprĂ© et la mĂ©moire Ă  vif de la guerre d’AlgĂ©rie

La guerre d’AlgĂ©rie demeure une plaie ouverte dans les relations entre la France et son ancienne colonie, un terrain minĂ© par les rĂ©cits partisans et les reconstructions mĂ©morielles. Dans ‘‘La Guerre d’AlgĂ©rie : Sebabna et les AurĂšs’’(Ă©d. SociĂ©tĂ© des Ă©crivains, 9 novembre 2023, 302 pages), Jean-Louis H. DuprĂ©, ancien fusilier-marin commando, livre un tĂ©moignage personnel, loin des idĂ©ologies et des simplifications historiques.

Dans un entretien accordĂ© au Matin d’AlgĂ©rie, l’auteur revient sur les raisons qui l’ont poussĂ© Ă  Ă©crire ce livre : rĂ©tablir une vĂ©ritĂ© souvent occultĂ©e ou dĂ©formĂ©e, en particulier sur la question de la torture, et contrer certaines reprĂ©sentations qu’il juge biaisĂ©es. Refusant les raccourcis, il restitue, soixante-dix ans aprĂšs, la complexitĂ© du conflit, oĂč les destins individuels se mĂȘlent aux errements politiques.

DuprĂ© raconte une guerre qu’il a vĂ©cue Ă  son corps dĂ©fendant, dĂ©couvrant Ă  la fois la rudesse du combat et la beautĂ© Ăąpre de l’AlgĂ©rie. Il s’attarde sur la rĂ©gion des AurĂšs, thĂ©Ăątre d’affrontements parmi les plus violents, oĂč il fut engagĂ© dans des opĂ©rations majeures. Son rĂ©cit met en lumiĂšre le fossĂ© entre le vĂ©cu des soldats et les discours officiels, ainsi que la confusion d’un conflit d’abord prĂ©sentĂ© comme une «pacification» avant d’ĂȘtre enfin reconnu comme une guerre.

Loin de tout manichĂ©isme, DuprĂ© reconnaĂźt la lĂ©gitimitĂ© du combat des indĂ©pendantistes et souligne l’aveuglement des dirigeants français, qui auraient dĂ» accorder l’indĂ©pendance bien plus tĂŽt. Il critique Ă©galement la maniĂšre dont cette pĂ©riode est enseignĂ©e aujourd’hui, regrettant une approche culpabilisante en France et une instrumentalisation en AlgĂ©rie.

Son livre n’est ni une justification ni une revendication, mais le tĂ©moignage d’un homme qui, des dĂ©cennies aprĂšs les faits, ressent encore le poids de cette histoire. «L’Histoire semble se rĂ©pĂ©ter», conclut-il, en appelant Ă  une mĂ©moire apaisĂ©e, libĂ©rĂ©e des dĂ©formations et des procĂšs rĂ©trospectifs.

Djamal Guettala 

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«La femme doit pouvoir respirer et vivre», dixit Bourguiba

Dans cette Tunisie qui m’a vu naĂźtre, oĂč j’ai vĂ©cu les 20 premiĂšres annĂ©es de ma vie, sous le rĂšgne de feu Bourguiba, je n’ai pas souvenir qu’un homme ait refusĂ©, en public, de serrer la main d’une femme, comme l’a fait le nouvel homme fort du rĂ©gime islamiste en Syrie qui a refusĂ© rĂ©cemment de serrer la main Ă  la ministre allemande des Affaires Ă©trangĂšres alors qu’il venait de serrer celle de son homologue français.

Salem Ben Ammar * 

Dans les films Ă©gyptiens de l’époque, dont les Tunisiens Ă©tait fĂ©rus, les actrices et acteurs se claquaient la bise spontanĂ©ment comme dans les films occidentaux. 

La vie Ă©tait un hymne Ă  l’amour et Ă  la joie malgrĂ© les soucis en tous genres du quotidien.

C’était une autre Ă©poque oĂč la religion Ă©tait confinĂ©e dans les foyers et les mosquĂ©es, oĂč la bonne moralitĂ© ne rimait pas avec la pratique religieuse, oĂč la vertu de la femme ne s’évaluait pas Ă  l’aune du voile qu’elle porte ou pas. L’espace public n’était pas un espace de restriction des libertĂ©s individuelles, qui Ă©taient toujours exercĂ©es (sauf peut-ĂȘtre dans le domaine de la politique oĂč elles Ă©taient limitĂ©es) dans le respect des us et coutumes et de l’ordre public. Les bars ne cĂŽtoyaient certes pas les mosquĂ©es, mais ils Ă©taient ouverts au public. Ainsi que les cafĂ©s et les restaurants pendant Ramadan, sans que cela ne trouble les croyants dans leurs convictions. On pouvait avoir, Ă  la mĂȘme table, juifs, chrĂ©tiens, musulmans, athĂ©es
 ils Ă©taient avant tout Tunisiens et enfants du mĂȘme quartier. Le vivre-ensemble avait du sens, et il n’y avait pas de ligne Maginot sĂ©parant les communautĂ©s, les unes des autres.

Cette Tunisie, qui a posĂ© les premiers jalons de l’émancipation et de l’éducation de la femme dans le monde arabe et musulman, a brisĂ© les tabous et fait tomber le voile de la femme : «Le visage de la femme a plutĂŽt besoin de prendre un contact avec l’air pur. La femme doit pouvoir respirer et vivre», plaida feu Habib Bourguiba en 1960, devant des femmes venues l’écouter dans le village de Ras Jebel. Il n’hĂ©sitait pas, d’ailleurs, de faire tomber le voile des femmes qu’il rencontrait au grĂ© de ses sorties publiques, en prononçant Ă  l’occasion un plaidoyer pour l’émancipation de la moitiĂ© de la sociĂ©tĂ©.    

La Tunisie, oĂč la pauvretĂ© Ă©tait transcendĂ©e par la joie de vivre de sa population, Ă©tait bercĂ©e par les hymnes Ă  l’amour chantĂ©s par les divas de l’époque Habiba Msika, Oum Kalthoum, Saliha, Naama et autres Oulaya.

Il est vrai que le voile dit «islamique» a refait surface dĂšs les annĂ©es 1970-80 et qu’il est trĂšs visible aujourd’hui dans les lieux publics en Tunisie (rues, Ă©coles, hĂŽpitaux, administrations, etc.), mais l’islamisme, dont Ahmed Al-Charaa est aujourd’hui l’une des incarnations politiques dans la rĂ©gion, n’a pas pu s’implanter durablement dans notre pays et la parenthĂšse de la «dĂ©cennie noire» marquĂ©es par la prise du pouvoir par le parti islamiste Ennahdha (2011-2021) semble avoir Ă©tĂ© fermĂ©e. Et nous ne pouvons que nous en fĂ©liciter, tout en restant vigilants pour que ces annĂ©es-lĂ  ne reviennent jamais. Et cette vigilance, nous la devons pour nos femmes maos aussi pour nous-mĂȘmes.

* Chercheur en sciences politiques et anthropologie sociale.

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