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Les escargots remplacent progressivement la viande rouge en Tunisie

Alors que le prix de la viande et de la volaille ne cesse d’augmenter, de plus en plus de Tunisiens se tournent vers des sources de protĂ©ines alternatives et abordables, tels que les escargots.

Dans les champs situĂ©s Ă  l’extĂ©rieur de leur ville natale, dans le centre de la Tunisie, de plus en plus de jeunes chĂŽmeurs cherchent un nouveau moyen de gagner leur vie : ils ramassent des escargots sur les rochers et les feuilles, puis les emballent dans de grands sacs en plastique pour les vendre au marchĂ© local. De plus en plus de gens, disent-ils, achĂštent ces escargots dĂ©cortiquĂ©s, car le prix des denrĂ©es de base reste Ă©levĂ© et inaccessible pour de nombreuses familles. «Ils sont rentables, bĂ©nĂ©fiques et trĂšs demandĂ©s», explique Karim, un vendeur d’escargots de 29 ans originaire du village d’Akouda.

Les escargots sont consommĂ©s en Tunisie depuis plus de sept millĂ©naires, selon une Ă©tude publiĂ©e l’annĂ©e derniĂšre dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences.

Aujourd’hui, considĂ©rĂ©s principalement comme un mets de bistrot, ils gagnent Ă  nouveau en popularitĂ© en Tunisie comme une alternative pratique Ă  la viande rouge : un substitut riche en protĂ©ines qui se marie parfaitement avec le sel, les Ă©pices et les assaisonnements prononcĂ©s.

Les escargots sont une bouĂ©e de sauvetage pour certains en Tunisie, oĂč le chĂŽmage des jeunes dĂ©passe dĂ©sormais les 40% et l’inflation reste Ă©levĂ©e, trois ans aprĂšs avoir atteint son plus haut niveau depuis des dĂ©cennies. Le manque d’opportunitĂ©s a alimentĂ© le mĂ©contentement social dans tout le pays et, de plus en plus, l’émigration vers l’Europe.

Pauvres en matiĂšres grasses et riches en fer, calcium et magnĂ©sium, les escargots offrent Ă  la fois une valeur nutritive et un avantage Ă©conomique. Dans un pays oĂč le chĂŽmage est Ă©levĂ© et oĂč le salaire moyen reste bas, ils coĂ»tent environ la moitiĂ© du prix du bƓuf au kilo, et souvent moins lorsqu’ils sont vendus au bol.

«Les escargots sont meilleurs en cuisine que l’agneau. Si la viande d’agneau coĂ»te 60 dinars, un bol d’escargots coĂ»te cinq dinars», explique Mohammed au marchĂ© d’Akouda.

Alors que le prix de la viande et de la volaille ne cesse d’augmenter, de plus en plus de Tunisiens se tournent vers des sources de protĂ©ines alternatives et abordables. Au-delĂ  de leur attrait Ă©conomique, ces substituts suscitent Ă©galement l’intĂ©rĂȘt pour leurs avantages environnementaux. Les scientifiques affirment qu’ils offrent une solution plus durable, produisant beaucoup moins d’émissions de carbone et Ă©vitant la dĂ©forestation liĂ©e Ă  l’élevage traditionnel.

Wahiba Dridi, qui sert des escargots dans son restaurant Ă  Tunis, les cuisine de maniĂšre traditionnelle avec des poivrons et des Ă©pices. Elle a dĂ©clarĂ© qu’ils Ă©taient populaires tout au long du Ramadan de cette annĂ©e, qui s’est terminĂ© la semaine derniĂšre. Bien que les musulmans tunisiens consomment traditionnellement de la viande rouge lors des repas de rupture du jeĂ»ne, un kilo d’escargots coĂ»te moins de 28 dinars tunisiens, contre 55 dinars le kilo de bƓuf. «Si les gens connaissaient la valeur des escargots, ils en mangeraient toute l’annĂ©e», a dĂ©clarĂ© Dridi.

Source : The Associated Press.

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Ces femmes qui révolutionnent le rap tunisien

Les rappeuses n’étaient pas prĂ©sentes sur la scĂšne hip-hop tunisienne, typiquement masculine et machiste, avant la rĂ©volution qui a renversĂ© Zine El-Abidine Ben Ali en 2011. Aujourd’hui, plusieurs voix fĂ©minines engagĂ©es s’élĂšvent sur la scĂšne rap. La chercheuse en Ă©tudes de genre Jyhene Kebsi * a publiĂ© une Ă©tude sur la maniĂšre dont leurs paroles mettent en lumiĂšre les nombreuses inĂ©galitĂ©s que les femmes en Tunisie et dans le monde doivent surmonter.

Comment les rappeurs tunisiens ont-ils gĂ©nĂ©ralement traitĂ© les femmes dans leurs chansons et leurs clips ?

La politique de genre du rap masculin tunisien est complexe, mais on peut aborder l’une de ses tendances. Bien que certains hommes aient soutenu leurs collĂšgues fĂ©minines et collaborĂ© avec elles sur des chansons, leurs reprĂ©sentations tendent Ă  classer les femmes dans deux groupes : vertueuses ou dĂ©bauchĂ©es; madones ou prostituĂ©es.

Cela transparaĂźt clairement dans leur utilisation de mots obscĂšnes visant Ă  dĂ©grader les femmes «dĂ©chues». Leurs rĂ©fĂ©rences sexuelles peuvent ĂȘtre perçues comme une façon de rabaisser les «filles faciles et les femmes immorales» qui dĂ©fient les normes patriarcales.

Cela contraste fortement avec l’amour et la dette qu’ils expriment envers leurs mùres et leurs sƓurs. Contrairement au rap occidental, la figure maternelle est centrale dans le rap tunisien.

Le caractÚre sacré de la mÚre dans la culture musulmane tunisienne transparaßt dans des chansons pleines de gratitude envers celles qui les ont mises au monde.

Leur recours à cette division masculine entre femmes «respectables» et «non respectables» propage une masculinité toxique qui nourrit des stéréotypes de genre néfastes.

Cela renforce la domination sociale des hommes et leur contrĂŽle du corps des femmes. Cela dit, il est essentiel de souligner que le sexisme ne se limite pas Ă  la scĂšne rap arabe. Comme je l’explique, de nombreux rappeurs occidentaux objectivent, humilient et dĂ©gradent Ă©galement les femmes dans leurs chansons.

Qui sont les quatre rappeuses dont vous parlez ?

Les quatre rappeuses tunisiennes que j’analyse sont Sabrina, Medusa, Queen Nesrine et Tuny Girl.

Il est communément admis que Medusa a été la premiÚre rappeuse tunisienne. En réalité, Sabrina a commencé à rapper en 2007 et les autres rappeuses tunisiennes ont rejoint la scÚne rap aprÚs la révolution de 2011.

Medusa est la rappeuse tunisienne la plus cĂ©lĂšbre en Occident. Son immigration en France a renforcĂ© sa notoriĂ©tĂ© internationale. Bien que Tuny Girl et Queen Nesrine n’aient pas atteint la renommĂ©e de Medusa ou Sabrina, elles ont sorti des chansons fĂ©ministes percutantes qui critiquent le statu quo dans la Tunisie postrĂ©volutionnaire.

Les artistes ont principalement utilisé les médias numériques pour partager leurs chansons avec le public via des plateformes sociales comme YouTube et Facebook. Malheureusement, toutes les quatre ont dû faire face à une certaine opposition en raison de leur statut de femmes.

Le rap est considĂ©rĂ© comme un genre musical masculin. L’entrĂ©e des femmes tunisiennes dans ce monde dominĂ© par les hommes n’a pas Ă©tĂ© facile Ă  accepter. Les attitudes envers les rappeuses ont Ă©voluĂ© grĂące Ă  leur succĂšs progressif Ă  attirer un public plus large.

Les quatre artistes partagent une forte rĂ©sistance au sexisme. Plus important encore, tout en Ă©tant conscientes des pressions patriarcales, elles sont conscientes des nombreuses formes d’oppression qui se croisent et maintiennent les femmes dans une situation d’inĂ©galitĂ© par rapport aux hommes.

Cela transparaĂźt dans leurs chansons, qui reflĂštent une forte conscience de l’intersectionnalitĂ©.

Qu’est-ce que l’intersectionnalitĂ© ?

La fĂ©ministe noire amĂ©ricaine Kimberle Crenshaw a inventĂ© le terme «intersectionnalité» en 1989 pour dĂ©crire la double discrimination, sexiste et raciste, Ă  laquelle sont confrontĂ©es les femmes noires. Elle a utilisĂ© ce terme pour Ă©voquer les nombreuses formes d’inĂ©galitĂ© qui s’aggravent et crĂ©ent des obstacles interdĂ©pendants qui façonnent les expĂ©riences de discrimination des femmes noires.

L’intersectionnalitĂ© met en lumiĂšre les nombreuses formes de discrimination vĂ©cues lorsque ces catĂ©gories d’identitĂ© sociale interagissent et se façonnent mutuellement.

On retrouve une comprĂ©hension de l’intersectionnalitĂ© dans une chanson comme ‘‘Hold On’’, oĂč Medusa rappe sur l’illettrisme, la lutte politique et la maternitĂ© : «Je regarde la misĂšre flotter / L’illettrisme s’est rĂ©pandu et nous a fait basculer d’un extrĂȘme Ă  l’autre / OĂč est la libertĂ© pour laquelle les militants se sont battus ? / Je suis la Tunisienne libre qui a exposĂ© son torse aux balles / Je suis la mĂšre, la mĂšre du martyr qui n’a pas obtenu sa revanche.»

Dans sa chanson ‘‘Arahdli’’, Sabrina rappe sur divers maux sociaux :

«Laisse-moi tranquille / La police t’attrape et te fait du mal / Ne crois pas Ă  l’État corrompu / Le chĂŽmage et la pauvretĂ© ne te rendront pas heureux.»

J’ai dĂ©couvert que le point commun entre MĂ©duse, Sabrina, Reine Nesrine et Tuny Girl est leur rejet du «cadre Ă  axe unique», comme le dit Crenshaw. Ce rĂ©cit unilatĂ©ral qui rĂ©duit les problĂšmes des femmes aux seuls hommes et au patriarcat.

Au contraire, les artistes mettent en lumiĂšre l’impact nĂ©faste, pour les femmes, de l’intersection entre les inĂ©galitĂ©s de genre, la corruption politique, les lois injustes, l’inefficacitĂ© des politiques locales, l’effondrement de l’économie tunisienne et la faiblesse du pays dans le paysage gĂ©opolitique mondial.

Leurs chansons s’unissent dans leur reconnaissance du fait que la vie des Tunisiennes est façonnĂ©e par toutes ces structures de pouvoir qui se chevauchent, les exposant Ă  la marginalisation et Ă  la discrimination.

Leurs chansons identifient les obstacles structurels, cachĂ©s et interdĂ©pendants, Ă  leur libertĂ©. La misogynie n’est qu’un Ă©lĂ©ment Ă  prendre en compte, aux cĂŽtĂ©s d’autres problĂ©matiques locales et mondiales, lorsqu’on aborde les questions de genre en Tunisie.

Quelles autres nouvelles tendances les rappeuses insufflent-elles ?

Les femmes sont Ă  la pointe de l’innovation dans le rap tunisien. Prenons l’exemple de Lully Snake. Cette rappeuse tuniso-algĂ©rienne basĂ©e en Tunisie est anciennement breakdanceuse. Sa passion pour la culture hip-hop et son amour pour des artistes amĂ©ricains tels que Tupac, Kool G Rap, Queen Latifah et Foxy Brown l’ont poussĂ©e Ă  se lancer dans le rap.

Comme toutes les rappeuses tunisiennes, elle considĂšre que son entrĂ©e dans le rap a Ă©tĂ© longue et difficile. DĂ©butĂ©e en 2019, sa premiĂšre chanson n’est sortie qu’en 2024.

Lully Snake a publiĂ© son premier titre, ‘‘Zabatna Kida’’, sur Instagram. Sa singularitĂ© rĂ©side dans son mĂ©lange de rap et de mahraganat, une musique de rue Ă©gyptienne apparue dans les ghettos du Caire. Son succĂšs l’a encouragĂ©e Ă  poursuivre son rap en tunisien et en Ă©gyptien, ainsi que dans d’autres langues occidentales et dialectes maghrĂ©bins.

L’expĂ©rimentation de Lully Snake prouve que les rappeuses innovent tout en diffusant des messages qui valorisent les femmes. Cela a enrichi le rap tunisien.

Traduit de l’anglais.

Article publié dans The Conversation.

* Directrice de l’apprentissage et de l’enseignement (Ă©tudes de genre) Ă  l’UniversitĂ© Macquarie (Australie).

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Un sommet scientifique sur l’huile d’olive tunisienne

Le Tunisian Olive Oil Women’s Network, RĂ©seau des femmes tunisiennes de l’huile d’olive, organise le 9 avril 2025 au siĂšge de l’Utica Ă  Tunis le premier sommet scientifique mondial sur l’huile d’olive tunisienne, ainsi que la cĂ©rĂ©monie de remise des prix du concours Dido International.

L’évĂ©nement, une opportunitĂ© pour les amateurs et les professionnels de l’huile d’olive, rĂ©unira des experts en huile d’olive, des scientifiques et des producteurs du monde entier pour cĂ©lĂ©brer les meilleures huiles et discuter de l’avenir de ce secteur vital, notent les organisateurs.

Le programme comprend une journĂ©e scientifique avec des discussions approfondies et des prĂ©sentations sur la recherche, les innovations et la durabilitĂ© de l’huile d’olive, ainsi qu’une cĂ©rĂ©monie de remise de prix pour honorer les meilleurs du secteur lors des Dido International Awards. Une opportunitĂ© unique de rĂ©seauter, de partager des connaissances et de promouvoir le secteur de l’huile d’olive Ă  l’international.

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L’huile d’olive extra vierge tunisienne distinguĂ©e Ă  Abu Dhabi  

La Tunisie a remportĂ© la premiĂšre place mondiale au concours afro-asiatique international d’huile d’olive extra vierge, organisĂ© par Global International Olive Oil Competitions (Giooc) du 1er au 4 avril 2025, Ă  Abu Dhabi. Elle a raflĂ© soixantaine mĂ©dailles d’or et quatre d’argent.

Le prĂ©sident du Concours international d’huile d’olive afro-asiatique (AAIOOC), l’ingĂ©nieur tunisien Raouf Choukat, a prĂ©cisĂ©, dans une dĂ©claration Ă  l’agence Tap, que la Tunisie, qui a participĂ© avec 65 Ă©chantillons d’huile d’olive vierge extra sur un total de 200 provenant des diffĂ©rents pays participants, a raflĂ© 53 d’or pour la qualitĂ©, 7 mĂ©dailles d’or pour une huile saine et 4 mĂ©dailles d’argent. Elle a Ă©tĂ© suivie par la GrĂšce, deuxiĂšme, et l’Espagne, troisiĂšme.

Le jury international de cette compétition est composé de 10 experts de Tunisie, Italie, Espagne, GrÚce, Maroc, Turquie et Jordanie.

En plus de la Tunisie, quatorze pays ont participĂ© Ă  cette compĂ©tition, Ă  savoir la GrĂšce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Arabie Saoudite, le BrĂ©sil, la Croatie, l’AlgĂ©rie, la Libye, la Turquie, le Maroc, la Jordanie, le Liban et le Sultanat d’Oman.

Pour rappel, le Giooc organise chaque annĂ©e, quatre grandes compĂ©titions internationales d’huile d’olive extra vierge en Europe, en Asie et en AmĂ©rique.

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DĂ©mantĂšlement des camps de migrants subsahariens Ă  Sfax

L’opĂ©ration de dĂ©mantĂšlement des camps de migrants subsahariens en situation irrĂ©guliĂšre se poursuit dans les dĂ©lĂ©gations de El-Amra et Jebeniana, dans le gouvernorat de Sfax, pour le troisiĂšme jour consĂ©cutif.

Selon l’agence officielle Tap, qui a rapportĂ© l’information samedi 5 avril 2025, citant le porte-parole de la direction gĂ©nĂ©rale de la Garde nationale Houssemeddine Jebabli, cette opĂ©ration est menĂ©e par les unitĂ©s du Croissant-Rouge tunisien, les services de santĂ©, de la protection civile, plusieurs municipalitĂ©s voisines, ainsi que les autoritĂ©s rĂ©gionales, sous la protection des forces de la police et de la garde nationale.

Les autoritĂ©s tunisiennes estiment le nombre des migrants irrĂ©guliers subsahariens dans les rĂ©gions de Jebeniana et El-Amra Ă  20 000, dont environ 4 000 de diverses nationalitĂ©s ont quittĂ© l’un des camps Ă©vacuĂ©s par les autoritĂ©s.

Certains migrants se sont dispersés dans la campagne, les femmes enceintes et les personnes infirmes étant prises en charge par les autorités sanitaires

Lors d’un point de presse, tenu, samedi, Ă  Sfax, Jebabli a soulignĂ© que les efforts entrepris par les diffĂ©rentes unitĂ©s de la marine nationale a permis d’enregistrer des chiffres records en matiĂšre de rĂ©duction des tentatives de migration irrĂ©guliĂšre vers la rive nord de la MĂ©diterranĂ©e.

Il a rĂ©vĂ©lĂ© qu’aucune infiltration ou passage illicite par voie terrestre n’a Ă©tĂ© enregistrĂ© durant les trois premiers mois de cette annĂ©e.

Rappelons que les camps avaient suscitĂ© la colĂšre des habitants des villages voisins, accentuant la pression sur les autoritĂ©s. Certains habitants avaient d’ailleurs intentĂ© une action en justice contre l’occupation de leurs oliveraies par les migrants. «Il Ă©tait de notre devoir de mettre fin Ă  ce dĂ©sordre», a dĂ©clarĂ© Jebabli.

Concernant l’opĂ©ration de dĂ©mantĂšlement des camps de migrants, Jebabli a prĂ©cisĂ© que les diffĂ©rentes unitĂ©s du ministĂšre de l’IntĂ©rieur sont mobilisĂ©es sur le terrain depuis quatre jours, en coordination Ă©troite avec la prĂ©sidence de la RĂ©publique. L’objectif Ă©tant d’éliminer ces campements anarchiques, dans le respect de la loi et en prenant en considĂ©ration la situation humanitaire et sociale des migrants irrĂ©guliers.

Il a soulignĂ© Ă  cet Ă©gard que l’approche adoptĂ©e privilĂ©gie les considĂ©rations sociales et humaines au dĂ©triment de la dimension sĂ©curitaire, estimant que la majoritĂ© de ces migrants sont victimes de traite de personnes. Plusieurs d’entre eux souffrent de problĂšmes de santĂ© et ont Ă©tĂ© pris en charge dans les hĂŽpitaux publics, tandis que d’autres faisaient la queue devant les locaux du Croissant-Rouge tunisien et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bĂ©nĂ©ficier d’un retour volontaire, a-t-il ajoutĂ©.

Le porte-parole de la Garde nationale a indiquĂ©, en se fondant sur les rapports des services de renseignements, de nombreux migrants subsahariens en situation irrĂ©guliĂšre ont exprimĂ© leur volontĂ© de retourner volontairement dans leur pays d’origine et de se rapprocher de l’OIM aprĂšs avoir sĂ©journĂ© dans ces camps.

Il a prĂ©cisĂ© que l’opĂ©ration de dĂ©mantĂšlement des camps Ă  El Amra et Jebeniana, qui abritaient environ 20 000 migrants, se poursuit toujours sous la supervision du ministĂšre de l’IntĂ©rieur et du prĂ©sident de la RĂ©publique.

L’opĂ©ration fait l’objet d’un suivi quotidien de la part des pays d’origine, de transit et de destination, afin d’examiner les mĂ©canismes d’appui au retour volontaire et de coordonner avec les organisations internationales pour l’hĂ©bergement temporaire.

Par ailleurs, Jebabli a signalĂ© que plusieurs affaires judiciaires ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es Ă  l’encontre de ces migrants en situation irrĂ©guliĂšre, notamment pour des agressions contre des exploitations agricoles appartenant Ă  des citoyens, en plus des conditions environnementales et sanitaires devenues prĂ©occupantes.

Le 25 mars, le prĂ©sident tunisien KaĂŻs SaĂŻed a appelĂ© l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) Ă  accĂ©lĂ©rer le retour volontaire des migrants en situation irrĂ©guliĂšre dans leur pays d’origine.

Il reste cependant Ă  espĂ©rer que les camps dĂ©mantelĂ©s ne seront pas installĂ©s quelques kilomĂštres plus loin et que ces opĂ©rations ponctuelles soient la rĂ©ponse adĂ©quate Ă  un phĂ©nomĂšne structurel et qui prend de plus en plus d’ampleur, Ă©tant donnĂ© la situation difficile des populations dans plusieurs pays subsahariens aux prises avec des guerres civiles. Qu’on nous permette d’en douter, car des opĂ©rations similaires menĂ©es par le passĂ© n’ont pas donnĂ© les rĂ©sultats escomptĂ©s. Pour un migrant irrĂ©gulier rapatriĂ©, combien d’autres viennent grossir les rangs de ceux bloquĂ©s en Tunisie en attendant de partir vers l’Europe?

Le 25 mars, le prĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed a appelĂ© l’OIM Ă  accĂ©lĂ©rer le retour volontaire des migrants en situation irrĂ©guliĂšre dans leur pays d’origine.

I. B. (avec agences).

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Infractions au parc de Sidi Bou Saïd | Le silence complice des autorités ?

C’est avec un profond sentiment d’indignation que je me vois contraint, pour la troisiĂšme fois consĂ©cutive, de dĂ©noncer publiquement ce qui se passe au parc de Sidi Bou SaĂŻd. Malheureusement, les mĂȘmes scĂšnes se rĂ©pĂštent, les mĂȘmes lois sont bafouĂ©es, et le silence des autoritĂ©s devient de plus en plus pesant
 au point de faire naĂźtre un vĂ©ritable doute sur leur implication dans ces dĂ©rives.

Leith Lakhoua *

Aujourd’hui encore, malgrĂ© une signalisation explicite interdisant l’accĂšs aux voitures et aux bicyclettes, j’ai Ă©tĂ© tĂ©moin, au sein mĂȘme du parc, de vĂ©hicules motorisĂ©s circulant librement au milieu d’enfants qui tentaient simplement de jouer en toute sĂ©curitĂ©. Ce spectacle inquiĂ©tant ne reflĂšte pas seulement une mauvaise gestion ou une simple nĂ©gligence administrative : il traduit un laisser-aller institutionnalisĂ©, qui laisse penser Ă  une forme de complicitĂ© ou, Ă  tout le moins, de tolĂ©rance de la part de ceux censĂ©s faire appliquer la loi.

Faut-il rappeler que les lois et les rĂšglements ont Ă©tĂ© Ă©tablis dans un but clair : prĂ©server l’ordre public, garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens, protĂ©ger les espaces verts ? Que reste-t-il de tout cela lorsque les panneaux d’interdiction ne signifient plus rien et que l’impunitĂ© devient la norme ?

Le prĂ©sident de la RĂ©publique, en dĂ©signant un ministre, un gouverneur, un maire, a lĂ©gitimement cru dĂ©lĂ©guer des responsabilitĂ©s Ă  des personnes compĂ©tentes et intĂšgres. Mais ce que nous constatons sur le terrain est tout autre : une cascade de dĂ©missions morales et institutionnelles, un refus manifeste d’assumer les fonctions les plus Ă©lĂ©mentaires. Comment expliquer que la solution la plus simple, Ă  savoir fermer le portail du parc, n’a mĂȘme pas Ă©tĂ© envisagĂ©e ni appliquĂ©e? Faut-il vraiment des instructions prĂ©sidentielles pour verrouiller un cadenas?

Le parc est-il, oui ou non, interdit aux voitures ?

Ce constat ne concerne pas uniquement le parc de Sidi Bou SaĂŻd. C’est le reflet d’un malaise plus profond : celui de la gestion des services publics en Tunisie, oĂč l’on assiste, jour aprĂšs jour, Ă  une dĂ©gradation gĂ©nĂ©ralisĂ©e, Ă  une anarchie latente et, parfois, Ă  une suspicion d’implication volontaire dans le chaos.

Il est temps de poser les bonnes questions: le prĂ©sident doit-il gĂ©rer lui-mĂȘme les moindres dĂ©tails de chaque secteur? Peut-il encore dĂ©lĂ©guer sans ĂȘtre trahi? Ou doit-il espĂ©rer un sursaut d’éthique et de responsabilitĂ© chez ces responsables, devenus indiffĂ©rents aux besoins du citoyen?

Ce qui est certain, c’est que la sociĂ©tĂ© civile, elle, ne dort pas. Les patriotes, les vrais, ceux qui aiment ce pays, continueront de dĂ©noncer chaque dĂ©passement, de veiller au grain, et de refuser que l’anarchie s’installe sans rĂ©sistance.

Le parc de Sidi Bou Saïd mérite mieux. La Tunisie mérite mieux.

* Consultant en organisation industrielle.

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‘‘The Russo Ukrainian war’’ | Mourir pour Black Stone ou le tragique destin de l’Ukraine

Les comparaisons douteuses entre Hitler et Poutine servent Ă  justifier auprĂšs de l’opinion publique amĂ©ricaine les largesses financiĂšres attribuĂ©es par le CongrĂšs des Etats-Unis, soumis Ă  l’influence du lobby militaro-industriel et financier, au gouvernement ukrainien vĂ©ritablement croupion, pour poursuivre une guerre sans solution militaire, et rembourser par la suite les dettes accumulĂ©es par le bradage des richesses ukrainiennes et la colonisation Ă©conomique du pays par les intĂ©rĂȘts amĂ©ricains. Au nom de la libertĂ© !

Dr Mounir Hanablia *

La guerre russo-ukrainienne, selon l’auteur du livre, a dĂ©butĂ© dans sa phase militaire lorsque les troupes russes ont franchi, en violation des lois internationales, la frontiĂšre internationale en fĂ©vrier 2022 et tentĂ© de prendre Kiev, la capitale.

L’offensive supposĂ©e ĂȘtre Ă©clair a Ă©tĂ© stoppĂ©e lorsque les forces russes ont Ă©chouĂ© Ă  prendre l’aĂ©roport qui aurait assurĂ© le dĂ©barquement du corps expĂ©ditionnaire censĂ© occuper la capitale sans coup fĂ©rir. Elle s’est enlisĂ©e avec l’entrĂ©e en scĂšne des missiles javelines amĂ©ricains qui ont immobilisĂ© les blindĂ©s assaillants sur la route.

En mars l’état major russe reconnaissait implicitement son Ă©chec en concentrant ses troupes sur l’Est et le Sud de l’Ukraine. La rĂ©sistance ukrainienne, «inattendue», aurait poussĂ© les Occidentaux, en particulier les AmĂ©ricains, Ă  apporter une aide militaire et financiĂšre massive afin d’aider un pays dĂ©mocratique Ă  se libĂ©rer dĂ©finitivement des griffes de l’autocratie russe incarnĂ©e par Vladimir Poutine et Ă  s’arrimer d’une maniĂšre irrĂ©versible Ă©conomiquement Ă  la communautĂ© europĂ©enne et militairement au camp occidental reprĂ©sentĂ© par l’Otan.

Le narratif erroné du camp occidental

Ainsi le choix de l’Otan se trouve ĂȘtre celui d’un Etat souverain soucieux d’assurer son indĂ©pendance par les moyens de son choix conformĂ©ment aux rĂšglements internationaux. Les reculs russes ne sont donc que les rĂ©sultats de la supĂ©rioritĂ© du matĂ©riel militaire occidental, en particulier les batteries Humar ciblant avec une prĂ©cision inĂ©galĂ©e les concentrations de troupes et les dĂ©pĂŽts d’armements ennemis, qui n’a eu d’égal que la bravoure ukrainienne et sa volontĂ© de combattre.

Tout cela a eu pour effet  de refouler les Russes de la route d’Odessa au Sud, de Kharkov Ă  l’Est, et d’entraver leurs mouvements vers la CrimĂ©e Ă  l’Est, en dĂ©truisant le pont sur le dĂ©troit de Kertch.

C’est lĂ  du moins la thĂšse qui prĂ©vaut en Occident et en AmĂ©rique dont l’auteur lui-mĂȘme, Ukrainien, s’est fait sans aucun doute le dĂ©fenseur, en lui confĂ©rant considĂ©rations morale et gĂ©ostratĂ©gique. Morale parce que cette guerre est celle d’un peuple luttant pour sa survie nationale en chassant les envahisseurs venus l’asservir dans sa propre patrie. GĂ©ostratĂ©gique parce qu’en envahissant l’Ukraine, Poutine dĂ©montre qu’il n’accorde aucune importance aux frontiĂšres issues des traitĂ©s sur l’intangibilitĂ© des frontiĂšres hĂ©ritĂ©es de l’Union SoviĂ©tique ou des garanties internationales sur l’Ukraine des traitĂ©s de Lisbonne ou de Budapest dont la fĂ©dĂ©ration de Russie est elle-mĂȘme signataire.

Autrement dit, en attaquant l’Ukraine, la Russie remet en question la victoire occidentale issue de la confrontation Est-Ouest, depuis la guerre froide dans les annĂ©es 50 jusqu’à la chute du mur de Berlin 1989 et la rĂ©unification allemande en 1990.

Ceci est Ă©videmment le narratif du camp occidental sur le conflit, pour qui l’Ukraine est un pays indĂ©pendant souverain, une rĂ©alitĂ© que les rĂ©centes injonctions du prĂ©sident Donald Trump sur la nĂ©cessitĂ© pour rĂ©gler ses dettes de livrer ses richesses minĂ©rales aux consortiums amĂ©ricains ne peut que relativiser.

En effet, on peut se poser la question au dĂ©but de ce deuxiĂšme quart de siĂšcle sur la signification que puissent encore avoir l’indĂ©pendance et la souverainetĂ© lorsqu’un Etat est destinĂ© par une puissance inconnue appelĂ©e le marchĂ© global Ă  fournir le monde en cĂ©rĂ©ales, de telle maniĂšre que ce soit ce marchĂ©-lĂ , Ă  travers les sociĂ©tĂ©s qui l’animant comme Black Stone, des Private Equity Fund gĂ©ants, qui en assurent l’achat et en fixent le prix avant d’en assurer la distribution Ă  travers le monde, tout Ă©vĂšnement malencontreux dans ce pays Ă©tant susceptible d’entraĂźner une famine mondiale avec son corollaire, l’émigration de masse.

Mainmise sur le grenier à blé du monde

Vu sous cet angle lĂ , et indĂ©pendamment de toute prĂ©tention historique ou territoriale russe, ou bien de toute propension de l’Otan Ă  s’étendre vers l’Est tout comme l’avaient fait en leur temps les Nazis, une comparaison qui suscite beaucoup de rĂ©ticences, on peut dĂ©jĂ  considĂ©rer que l’Ukraine ne soit pas un Etat ordinaire de l’ex-Empire SoviĂ©tique, comme les Etas Baltes par exemple, et qu’à l’heure de l’Internet et de sociĂ©tĂ©s de manipulation de l’opinion publique comme Cambridge Analytica qui a pesĂ© lors du Brexit ou de l’arrivĂ©e de Trump Ă  la prĂ©sidence, des Ă©lections dĂ©mocratiques qui s’y tiennent tout comme dans tout autre pays, ou une rĂ©volution, ne puissent pas signifier grand chose.

Il serait donc raisonnablement fondĂ© de mettre en doute le rĂ©cit occidental de la guerre en Ukraine en envisageant l’hypothĂšse qu’elle eĂ»t Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e et voulue pour assurer la mainmise occidentale sur le grenier Ă  blĂ© du monde en en faisant porter la responsabilitĂ© sur l’agresseur russe, que, Ă  cette fin, on aura prĂ©alablement eu soin de soumettre Ă  de multiples provocations, et dont se sera assurĂ© de l’inĂ©vitable rĂ©action.

Les AmĂ©ricains ne s’en sont d’ailleurs nullement cachĂ©s, ils connaissaient dans les dĂ©tails les plans russes et ne se sont pas fait faute de les communiquer aux intĂ©ressĂ©s. Le plus significatif, c’est qu’aprĂšs avoir prĂ©venu les Russes qu’ils connaissaient leurs plans militaires concernant l’attaque projetĂ©e contre l’Ukraine, Joe Biden eĂ»t assurĂ© les futurs agresseurs que les Etats-Unis n’interviendraient pas. Ceci rappelle Ă©trangement les assurances amĂ©ricaines fournies Ă  Saddam Hussein avant l’invasion du KoweĂŻt, et dont on sait ce qu’elles ont valu. C’est finalement l’Irak qui a Ă©tĂ© occupĂ© et son Ă©conomie mise en coupe rĂ©glĂ©e. Mais c’est plus commode de jeter la pierre Ă  Vladimir Poutine, opportunĂ©ment qualifiĂ© de nouvel Hitler, dans la paternitĂ© de la guerre en Ukraine. Et naturellement c’est le massacre de Bucha qu’on ne manque pas d’évoquer pour justifier du bien-fondĂ© de la comparaison.

A Gaza, l’Occident a perdu toute crĂ©dibilitĂ©

Outre qu’il est encore trop tĂŽt pour se prononcer sur de telles accusations dont seuls des historiens indĂ©pendants Ă©tabliront ou non la vĂ©racitĂ©, la prudence s’impose d’autant plus que le silence de l’Occident sur le gĂ©nocide perpĂ©trĂ© Ă  Gaza et le transfert des populations dans les territoires occupĂ©s l’exclut de facto de toute crĂ©dibilitĂ©, sinon de bonne foi, relativement au respect des droits humains.

En vĂ©ritĂ© aucun homme d’Etat russe, de Gorbatchev Ă  Eltsine, n’a acceptĂ© que l’Ukraine fasse partie de l’Otan et les AmĂ©ricains savaient fort bien qu’il s’agissait lĂ  d’un casus belli, un cas de guerre, pour les Russes. En faire porter la responsabilitĂ© Ă  Poutine, qualifiĂ© en la circonstance de dictateur, relĂšve plutĂŽt de la propagande de guerre que l’auteur, emportĂ© par des sentiments patriotiques bien comprĂ©hensibles, n’a pas identifiĂ©e. Mais avant d’attribuer aux Ukrainiens des sentiments dĂ©mocratiques issus de l’égalitarisme cosaque dont leurs cousins russes soumis aux khans mongols et Ă  l’autocratie tsariste auraient Ă©tĂ© privĂ©s par le vent de  l’Histoire, il convient de rappeler que, lors de l’invasion nazie de l’Ukraine, plusieurs milliers d’Ukrainiens originaires de Galice avaient constituĂ© des unitĂ©s combattantes contre les communistes soviĂ©tiques en collaborant avec les envahisseurs et que beaucoup s’étant engagĂ©s dans les SS avaient commis des massacres, notamment contre la population juive.

En effet, des comparaisons douteuses entre Hitler et Poutine servent Ă  justifier auprĂšs de l’opinion publique amĂ©ricaine les largesses financiĂšres attribuĂ©es par le CongrĂšs des Etats-Unis soumis Ă  l’influence du lobby militaro-industriel et financier, au gouvernement ukrainien vĂ©ritablement croupion, pour poursuivre une guerre sans solution militaire, et rembourser par la suite les dettes accumulĂ©es par le bradage des richesses nationales et la colonisation Ă©conomique du pays par les intĂ©rĂȘts amĂ©ricains. Au nom de la libertĂ© !

‘‘The Russo-Ukrainian War: The Return of History’’ de Serhii Plokhy, W. W. Norton & Company, 16 mai 2023, 400 pages.

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Le poĂšme du dimanche | ‘‘Des lointains’’ de Victor Segalen

Victor Segalen, mĂ©decin et poĂšte français, auteur des ‘‘ImmĂ©moriaux’’, est fascinĂ© (et inspirĂ©) par les cultures extrĂȘme orientales, notamment chinoise.

NĂ© en 1878 Ă  Brest, en Bretagne, Victor Segalen part en Chine en 1909. S’installe Ă  PĂ©kin. DĂ©couvre la beautĂ© de la ville impĂ©riale. SubjuguĂ© par le personnage de l’Empereur, il dĂ©cide de lui consacrer son premier livre.

Le  poĂšte publie ‘‘StĂšles’’ en 1912. D’abord en livre d’art. S’ensuivent de nombreuses Ă©ditions confirmant l’engouement et l’intĂ©rĂȘt Ă  la culture extrĂȘme-orientale qui mobilisent voyageurs, auteurs et artistes en quĂȘte de nouveaux espaces et imaginaires, commencĂ©s au 19e siĂšcle.

Il décÚde en 1919.

Tahar Bekri

Des lointains, des si lointains j’accours, ami, vers toi, le plus cher. Mes pas ont dĂ©pecĂ© l’horrible espace entre nous.

De longtemps nos pensers n’habitaient plus le mĂȘme instant du monde : les voici Ă  nouveau sous les mĂȘmes influx, pĂ©nĂ©trĂ©s des mĂȘmes rayons.

Tu ne rĂ©ponds pas. Tu observes ? Qu’ai-je dĂ©jĂ  commis d’inopportun ?

Sommes-nous bien rĂ©unis : est-ce bien toi, le plus cher ?

Nos yeux se sont manquĂ©s. Nos gestes n’ont plus de symĂ©trie. Nous nous Ă©pions Ă  la dĂ©robĂ©e comme des inconnus ou des chiens qui vont mordre.

Quelque chose nous sépare. Notre vieille amitié se tient entre nous comme un mort étranglé par nous.

Nous la portons d’un commun fardeau, lourde et froide.

Ha ! Hardiment retuons-la ! et pour les heures naissantes, prudemment composons une vivace et nouvelle amitiĂ©.

Le voulez-vous, ĂŽ mon nouvel ami, frĂšre de mon Ăąme future ?

StÚles, Poésie/ Gallimard.

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Impacts de la nouvelle politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine sur la Tunisie, selon l’IACE

L’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) a publiĂ© l’étude suivante sur les «Impacts Ă©conomiques de la nouvelle politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine sur la Tunisie» et notamment la hausse du dollar, l’augmentation des droits de douane et la baisse de l’aide internationale. Et propose des recommandations pour anticiper leurs effets.

La rĂ©Ă©lection de Donald Trump en 2024, avec la poursuite de la doctrine America First, pourrait avoir des rĂ©percussions significatives sur l’économie mondiale, notamment en raison de son approche protectionniste, de ses rĂ©formes fiscales et de sa stratĂ©gie monĂ©taire agressive.

Pour la Tunisie, ces politiques pourraient engendrer Ă  la fois des dĂ©fis et des opportunitĂ©s, nĂ©cessitant une analyse approfondie et des mesures adaptĂ©es pour en anticiper les effets. D’une part, la hausse du dollar, l’augmentation des droits de douane et la baisse de l’aide internationale peuvent fragiliser son Ă©conomie. D’autre part, ces changements pourraient inciter la Tunisie Ă  diversifier ses partenariats Ă©conomiques et Ă  renforcer sa production locale. Cette note analyse les impacts de ces mesures et propose des recommandations pour anticiper leurs effets.

1. Une nouvelle donne Ă©conomique mondiale

Protectionnisme et réorientation commerciale

L’administration Trump a intensifiĂ© ses politiques protectionnistes, notamment en augmentant les droits de douane sur les importations provenant de pays concurrents comme la Chine. Cette stratĂ©gie a perturbĂ© les chaĂźnes d’approvisionnement mondiales, crĂ©ant un environnement commercial plus incertain pour les partenaires Ă©conomiques des États-Unis, y compris la Tunisie.

Les mesures protectionnistes ont non seulement augmentĂ© le taux moyen des droits de douane sur les produits chinois mais ont Ă©galement encouragĂ© d’autres pays Ă  adopter des pratiques similaires, exacerbant ainsi la conflictualitĂ© commerciale mondiale.

Le nouveau mandat de Trump pourrait conduire Ă  une escalade encore plus prononcĂ©e du protectionnisme amĂ©ricain. Cela pourrait inclure l’imposition de droits de douane universels ou significativement accrus sur toutes les importations, ce qui risquerait d’entraĂźner une guerre commerciale mondiale. De telles mesures ne manqueraient pas d’affecter nĂ©gativement le commerce international et potentiellement entraĂźner une perte du PIB mondial.

Réformes fiscales et croissance américaine

Les baisses d’impĂŽts entreprises par l’administration Trump visent principalement Ă  stimuler l’économie amĂ©ricaine en encourageant l’investissement privĂ© et la crĂ©ation d’emplois.

Cependant, ces rĂ©formes comportent des risques significatifs : elles pourraient creuser le dĂ©ficit budgĂ©taire amĂ©ricain et exacerber les inĂ©galitĂ©s sociales. Un dĂ©ficit budgĂ©taire accru pourrait avoir des implications importantes pour la stabilitĂ© financiĂšre globale et influencer nĂ©gativement les flux d’investissement vers des pays Ă©mergents comme la Tunisie.

En outre, ces politiques fiscales peuvent renforcer le rĂŽle dominant du dollar dans le commerce international tout en accentuant sa volatilitĂ© face aux autres devises. Cela complique encore davantage l’environnement Ă©conomique pour des pays dĂ©pendants du dollar dans leurs transactions internationales.

Appréciation du dollar et fluctuations monétaires

La politique monĂ©taire menĂ©e par la Fed a conduit Ă  une apprĂ©ciation notable du dollar ces derniers mois, d’abord marquĂ©e par plusieurs hausses successives des taux directeurs. En 2024, la Fed a rĂ©duit ses taux Ă  trois reprises (-0,25 % Ă  chaque fois), mais elle adopte une approche plus prudente en 2025 en raison des risques inflationnistes liĂ©s aux mesures de Trump. Cette dynamique a rendu difficile la gestion de la dette extĂ©rieure pour de nombreuses Ă©conomies Ă©mergentes. AprĂšs l’élection de Trump, le dollar s’est apprĂ©ciĂ© de 3% en termes nominaux et de 4% face Ă  l’euro en novembre 2024, portĂ© par les annonces de tarifs douaniers universels et de baisses d’impĂŽts.

Pour un pays comme la Tunisie dont une grande partie des transactions se fait en dollars (comme beaucoup d’autres), cette situation se traduit par un coĂ»t accru pour ses importations ainsi qu’une inflation importĂ©e qui affecte directement le pouvoir d’achat intĂ©rieur. L’inflation rĂ©sultante peut aggraver davantage l’instabilitĂ© macro-Ă©conomique locale si elle n’est pas correctement gĂ©rĂ©e via une politique monĂ©taire adaptĂ©e ou grĂące Ă  diversification accrue dans ses relations commerciales internationales.

2. ConsĂ©quences pour l’économie tunisienne

Inflation et hausse des coûts des importations

L’apprĂ©ciation du dollar a un impact significatif sur l’économie tunisienne, notamment en renforçant le coĂ»t des matiĂšres premiĂšres et de l’énergie. En 2024, les coĂ»ts de l’énergie ont augmentĂ© de 18%, tandis que les prix des produits alimentaires ont grimpĂ© de 12%. Ces hausses affectent directement le pouvoir d’achat des mĂ©nages tunisiens, dĂ©jĂ  fragilisĂ© par un contexte Ă©conomique tendu. L’inflation importĂ©e rĂ©duit la capacitĂ© des mĂ©nages Ă  faire face aux dĂ©penses courantes, entraĂźnant une contraction de la consommation intĂ©rieure, moteur clĂ© de l’économie nationale.

Par ailleurs, la dĂ©prĂ©ciation du dinar face au dollar complique la gestion des finances publiques, augmentant le poids de la dette extĂ©rieure libellĂ©e en devises et restreignant les marges de manƓuvre budgĂ©taires du gouvernement.

Commerce extérieur et investissements

Le commerce extĂ©rieur est fortement impactĂ© par la forte dĂ©pendance Ă  l’égard du dollar pour environ 60% des transactions commerciales. L’augmentation du coĂ»t des importations pĂšse sur la balance commerciale tunisienne, particuliĂšrement dans les secteurs stratĂ©giques comme le textile et l’agroalimentaire. Le textile, qui reprĂ©sente une part significative des exportations tunisiennes, souffre de l’augmentation du coĂ»t des matiĂšres premiĂšres importĂ©es (coton, teintures, Ă©quipements), rĂ©duisant ainsi la compĂ©titivitĂ© des entreprises locales sur les marchĂ©s internationaux. De mĂȘme, le secteur agroalimentaire, fortement dĂ©pendant des importations de cĂ©rĂ©ales et d’huiles vĂ©gĂ©tales, voit ses coĂ»ts de production grimper, ce qui limite sa capacitĂ© Ă  exporter Ă  des prix compĂ©titifs et aggrave le dĂ©sĂ©quilibre commercial.

De plus, l’incertitude Ă©conomique mondiale combinĂ©e au rapatriement massif de capitaux a entraĂźnĂ© une baisse significative (15% en 2025) des investissements directs Ă©trangers (IDE), fragilisant ainsi davantage le tissu Ă©conomique local.

Les secteurs stratĂ©giques comme le textile et l’agroalimentaire sont particuliĂšrement touchĂ©s par cette dynamique. En outre, les exportations tunisiennes vers les États-Unis, principalement dans le secteur agroalimentaire (huile d’olive conditionnĂ©e) et dans le textile (filiĂšre jeans), pourraient ĂȘtre impactĂ©es par la hausse annoncĂ©e des droits de douane.

Fluctuations du prix du pétrole

La production pĂ©troliĂšre amĂ©ricaine a atteint un niveau record en 2024, avec 13,2 millions de barils par jour, grĂące Ă  l’assouplissement des rĂ©glementations environnementales et Ă  l’augmentation des investissements dans l’exploitation des gisements non conventionnels.

Cette surproduction, combinĂ©e Ă  une politique Ă©nergĂ©tique axĂ©e sur l’indĂ©pendance des États-Unis, exerce une pression Ă  la baisse sur les prix du pĂ©trole, qui pourraient se stabiliser autour de 70 USD le baril.

Pour la Tunisie, un tel scĂ©nario prĂ©sente des avantages immĂ©diats, notamment une rĂ©duction de la facture Ă©nergĂ©tique du pays, qui dĂ©pend fortement des importations pour couvrir ses besoins en hydrocarbures. Une baisse du prix du pĂ©trole permettrait de contenir les coĂ»ts des carburants et de l’électricitĂ©, limitant ainsi les tensions inflationnistes et allĂ©geant la pression sur le budget de l’État.

Cependant, cette dynamique comporte aussi des risques majeurs pour l’économie tunisienne. Une baisse prolongĂ©e des prix du pĂ©trole affecterait directement les revenus des pays exportateurs de pĂ©trole, en particulier ceux du Golfe. Une rĂ©duction des excĂ©dents budgĂ©taires de ces États pourrait se traduire par une diminution des investissements directs Ă©trangers (IDE) en Tunisie.

De plus, les transferts financiers des travailleurs tunisiens expatriĂ©s dans les pays du Golfe pourraient Ă©galement ĂȘtre affectĂ©s par une contraction des revenus pĂ©troliers. Cette rĂ©duction des recettes entraĂźnerait des coupes budgĂ©taires dans les Ă©conomies du Golfe et de la Libye, ce qui impacterait l’emploi et les salaires des travailleurs Ă©trangers, y compris ceux d’origine tunisienne. Il est crucial de suivre l’impact de cette diminution des recettes pĂ©troliĂšres des pays limitrophes sur les exportations tunisiennes vers ces pays, ainsi que sur les dĂ©penses des touristes maghrĂ©bins et le soutien financier. Ces aspects doivent ĂȘtre observĂ©s avec prudence durant la pĂ©riode Ă  venir.

Aide internationale et présence économique américaine en Afrique

La rĂ©duction des budgets allouĂ©s aux programmes d’aide amĂ©ricains, notamment via l’USAID, limite considĂ©rablement les capacitĂ©s de financement des projets de dĂ©veloppement en Tunisie.

Historiquement, ces fonds ont soutenu des initiatives essentielles dans des domaines tels que l’éducation, la gouvernance, l’entrepreneuriat et les infrastructures, contribuant ainsi Ă  la stabilitĂ© Ă©conomique et sociale du pays. La diminution de ces ressources, amorcĂ©e sous la premiĂšre administration Trump avec une rĂ©duction de 28% de l’aide bilatĂ©rale en 2018, et alors qu’en 2023, le budget de l’USAID s’élevait Ă  43,79 milliards de dollars, risque de ralentir certains projets en cours, de fragiliser les ONG locales et d’accroĂźtre la dĂ©pendance de la Tunisie Ă  d’autres sources de financement, notamment europĂ©ennes et multilatĂ©rales.

Toutefois, en parallĂšle Ă  cette rĂ©duction de l’aide directe, l’administration Trump encourage un modĂšle alternatif basĂ© sur l’investissement privĂ© Ă  travers des initiatives comme «Prosper Africa». Ce programme vise Ă  stimuler les Ă©changes commerciaux et les investissements amĂ©ricains en Afrique en offrant des incitations aux entreprises souhaitant s’implanter sur le continent.

Bien que la Tunisie ne figure pas parmi les pays prioritaires du programme, elle pourrait bĂ©nĂ©ficier indirectement de cette dynamique en renforçant ses relations commerciales avec les États-Unis et en attirant des investisseurs intĂ©ressĂ©s par les opportunitĂ©s qu’offre l’économie tunisienne, notamment dans les secteurs de la technologie, des Ă©nergies renouvelables et de l’industrie manufacturiĂšre.

3. Enjeux et recommandations

Face aux défis économiques mondiaux actuels, notamment ceux induits par les politiques américaines et les fluctuations monétaires internationales, la Tunisie doit adopter des stratégies proactives pour renforcer sa résilience économique. Voici quelques pistes clés pour y parvenir :

Diversifier les partenariats Ă©conomiques

Face aux tensions Ă©conomiques mondiales et aux Ă©volutions de la politique amĂ©ricaine, la Tunisie doit adopter une approche proactive en diversifiant ses partenaires commerciaux.

Maintenir des relations solides avec l’Union europĂ©enne tout en renforçant les liens avec la Chine pourrait offrir Ă  la Tunisie une meilleure rĂ©silience face aux incertitudes mondiales. La Chine est dĂ©jĂ  devenue le deuxiĂšme plus grand fournisseur de biens pour la Tunisie, aprĂšs la France. Cela permettrait Ă©galement d’exploiter pleinement les opportunitĂ©s commerciales offertes par ces deux gĂ©ants Ă©conomiques. La Tunisie bĂ©nĂ©ficie dĂ©jĂ  de plusieurs accords commerciaux qui peuvent lui permettre d’élargir ses dĂ©bouchĂ©s Ă  l’international. L’accord d’association avec l’UE, ainsi que les accords prĂ©fĂ©rentiels avec des blocs rĂ©gionaux africains, offrent des opportunitĂ©s que les entreprises tunisiennes pourraient mieux exploiter Ă  travers une stratĂ©gie d’exportation plus ciblĂ©e. En outre, l’exploration de nouveaux accords bilatĂ©raux avec des partenaires Ă©mergents, comme l’Inde ou la Turquie, pourrait permettre Ă  la Tunisie de diversifier encore davantage ses flux commerciaux et d’accroĂźtre sa rĂ©silience face aux chocs externes.

Soutenir la production locale

Renforcer la production locale est essentiel pour rĂ©duire la dĂ©pendance aux importations et stabiliser l’économie intĂ©rieure.

Le renforcement des chaĂźnes de valeur locales est essentiel pour favoriser une Ă©conomie plus autonome et rĂ©siliente. Il s’agit de soutenir des secteurs Ă©conomiques stratĂ©giques, tels que le textile, l’agroalimentaire, et d’autres industries locales. En investissant dans ces secteurs, on pourrait rĂ©duire la dĂ©pendance du pays vis-Ă -vis des importations. Cela implique Ă©galement d’amĂ©liorer l’intĂ©gration verticale dans ces secteurs.

Pour que ces investissements dans les secteurs stratĂ©giques soient rĂ©ellement fructueux, il est crucial d’encourager les entreprises locales Ă  se dĂ©velopper et Ă  ĂȘtre compĂ©titives Ă  l’échelle internationale. Cela peut passer par un accĂšs facilitĂ© Ă  des financements adaptĂ©s.

Optimiser la gestion monétaire et budgétaire

Une gestion prudente du systĂšme financier est cruciale pour limiter les impacts nĂ©gatifs des perturbations externes sur l’économie tunisienne. Cela implique la mise en place de stratĂ©gies Ă  la fois monĂ©taires et budgĂ©taires pour protĂ©ger la stabilitĂ© financiĂšre et soutenir le pouvoir d’achat des citoyens.

La politique monĂ©taire doit ĂȘtre un outil central dans la gestion des chocs externes, comme les fluctuations des taux de change, notamment l’apprĂ©ciation du dollar par rapport au dinar tunisien. Cette apprĂ©ciation peut rendre les importations plus chĂšres, exacerbant ainsi l’inflation et rĂ©duisant le pouvoir d’achat des citoyens.

L’adaptation du budget national afin de soutenir la stabilitĂ© Ă©conomique face aux crises externes nĂ©cessite une gestion rigoureuse et visĂ©e des finances publiques, notamment par le biais de subventions ciblĂ©es, pour attĂ©nuer les effets nĂ©gatifs de l’inflation, en particulier en ce qui concerne les hausses de prix des biens essentiels.

Cela dit, la clĂ© du succĂšs rĂ©side dans notre capacitĂ© Ă  mettre en Ɠuvre ces mesures dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©es, qui s’avĂšrent de plus en plus urgentes pour permettre l’adaptation aux Ă©volutions Ă©conomiques mondiales et aux besoins de la population tunisienne.

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Les droits de douane américains | Effets limités sur la Tunisie

 Â«Les effets directs de la dĂ©cision du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump d’imposer des droits de douane plus Ă©levĂ©s sur les importations en provenance de divers pays seront globalement limitĂ©s pour la Tunisie, contrairement Ă  l’impact indirect, qui sera aussi bien nĂ©gatif que positif.»

C’est ce qu’a dĂ©clarĂ© l’expert Ă©conomique et ancien ministre du Commerce Mohsen Hassan Ă  l’agence Tap, ajoutant que les mesures protectionnistes annoncĂ©es par Trump incluent la Tunisie, avec des droits de douane sur les marchandises importĂ©es de 28%. Ces droits de douane, qui s’inscrivent dans une guerre commerciale, auront un impact nĂ©gatif sur l’économie mondiale et rĂ©duiront les exportations tunisiennes vers les États-Unis, notamment l’huile d’olive, les dattes et les produits textiles.

La compétitivité de ces produits diminuera, entraßnant une hausse des prix sur le marché américain et réduisant la demande.

Cependant, l’impact direct de ces mesures protectionnistes sur l’économie et la balance commerciale de la Tunisie sera limitĂ©, compte tenu des flux commerciaux relativement faibles entre les deux pays par rapport aux autres pays.

Hassan a indiquĂ© que la Tunisie a enregistrĂ© un excĂ©dent commercial avec les Etats-Unis de 215,8 millions de dinars (65,39 millions d’euros) pour l’ensemble de l’annĂ©e 2024. Les exportations de la Tunisie vers les Etats-Unis se sont Ă©levĂ©es Ă  360 millions de dinars (109 millions d’euros) en janvier et fĂ©vrier 2025, tandis que les importations ont dĂ©passĂ© 480 millions de dinars (65,39 millions d’euros), selon les statistiques de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri). «Le marchĂ© amĂ©ricain a reprĂ©sentĂ© 17,2% des exportations totales d’huile d’olive de la Tunisie entre novembre 2024 et janvier 2025», a-t-il ajoutĂ©.

Hassan a notĂ© que les augmentations des droits de douane amĂ©ricains sur les marchandises importĂ©es de divers pays auront des effets positifs indirects sur la Tunisie, notamment la baisse du prix du pĂ©trole brut Brent Ă  70 dollars le baril, contre 80 dollars dĂ©but janvier 2025. Cela aura un impact positif sur les finances publiques, sachant que la loi de finances 2025 reposait sur une hypothĂšse de prix du pĂ©trole Ă  74 dollars le baril. La baisse des prix du pĂ©trole brut contribuera Ă©galement Ă  rĂ©duire la facture des importations Ă©nergĂ©tiques de l’État.

Un autre impact positif indirect des mesures protectionnistes amĂ©ricaines est la dĂ©prĂ©ciation du dollar amĂ©ricain par rapport Ă  l’euro, ce qui entraĂźnera un affaiblissement du dollar par rapport au dinar tunisien.Cela rĂ©duira Ă  son tour les coĂ»ts d’importation des matiĂšres premiĂšres et des produits Ă©nergĂ©tiques.

La dĂ©prĂ©ciation du dollar par rapport Ă  l’euro et au dinar aura un impact positif sur les rĂ©serves de change de la Tunisie et contribuera Ă  attĂ©nuer les dĂ©sĂ©quilibres macroĂ©conomiques du pays.

D’autre part, a averti Hassan, la guerre commerciale mondiale de Trump aurait des rĂ©percussions nĂ©gatives indirectes sur la Tunisie, comme un possible ralentissement et une stagnation Ă©conomique, notamment dans les pays europĂ©ens. Cela entraĂźnerait une baisse de la demande europĂ©enne pour les exportations tunisiennes, aggravant le dĂ©ficit commercial et affaiblissant la rĂ©silience des entreprises tunisiennes.

En consĂ©quence, l’expert Ă©conomique a estimĂ© qu’il est nĂ©cessaire pour la Tunisie de reconsidĂ©rer ses politiques commerciales et de revoir certains accords de libre-Ă©change, notamment avec l’Union europĂ©enne, pour dynamiser les exportations, limiter l’afflux de biens de consommation non essentiels et protĂ©ger les secteurs vulnĂ©rables.

De telles rĂ©visions politiques ne devraient pas porter atteinte Ă  l’ouverture Ă©conomique de la Tunisie, mais plutĂŽt intĂ©grer davantage l’économie nationale dans les chaĂźnes de valeur mondiales, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’augmenter les droits de douane sur les biens de consommation non essentiels aux niveaux fixĂ©s par l’Organisation mondiale du commerce. Il a Ă©galement recommandĂ© de revoir tous les accords commerciaux bilatĂ©raux et multilatĂ©raux, notamment ceux avec les pays oĂč la Tunisie connaĂźt un dĂ©ficit commercial important.

L’expert a soulignĂ© enfin l’importance de diversifier les partenaires commerciaux de la Tunisie et d’explorer de nouveaux marchĂ©s, tels que l’AmĂ©rique latine et l’Afrique, tout en continuant Ă  renforcer les liens Ă©conomiques avec l’Europe.

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Le salon Bio-Expo 2025 du 17 au 19 avril Ă  Tunis

La 15e Ă©dition du salon international de l’agriculture et de l’alimentation biologique Bio-Expo 2025, se tiendra du 17 au 19 avril 2025, au siĂšge de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Ă  Tunis, avec la participation de plus de 100 exposants.

OrganisĂ©e par Foires et expositions internationales (Ife), en collaboration avec la Direction gĂ©nĂ©rale de l’agriculture biologique du ministĂšre de l’Agriculture, Bio-Expo sera l’occasion pour les producteurs et transformateurs du secteur de l’agriculture biologique de prĂ©senter leurs produits Ă  un large public de professionnels et de consommateurs. Il offrira donc «une opportunitĂ© de nouer des liens plus solides entre producteurs, agriculteurs et experts des diffĂ©rentes rĂ©gions du pays, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de partenariat et en Ă©largissant les rĂ©seaux nationaux et internationaux», lit-on dans un communiquĂ© des organisateurs.

L’objectif du salon est de promouvoir la filiĂšre bio en Tunisie et d’anticiper les Ă©volutions des marchĂ©s locaux et euro-mĂ©diterranĂ©ens, en favorisant le dialogue avec les agriculteurs, les producteurs, les transformateurs et les dĂ©cideurs.

En marge du salon, seront organisĂ©es des confĂ©rences animĂ©es par des experts renommĂ©s du secteur de l’agriculture biologique, ainsi que des ateliers destinĂ©s aux Ă©tudiants afin de les sensibiliser Ă  l’importance des produits biologiques pour leur santĂ©.

Un concours de dĂ©gustation de la meilleure huile d’olive biologique, Dido Kids, sera organisĂ© dans le but d’inculquer une culture de la qualitĂ© aux enfants dĂšs le plus jeune Ăąge.

I.B.

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La LTDH appelle à protéger les migrants irréguliers tunisiens en Europe

La Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a braquĂ© les projecteurs sur les violations subies par les migrants tunisiens en situation irrĂ©guliĂšre en Europe, ainsi que «le manque de transparence des accords migratoires et l’inaction des autoritĂ©s tunisiennes» dans la dĂ©fense de leurs citoyens.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le 3 avril 2025, la LTDH souligne que ces agressions physiques et morales, ainsi que les conditions de détention inhumaines, sont «en contradiction flagrante avec les conventions internationales ».

«Les migrants sont notamment privĂ©s d’exercer leur droit de recours contre l’expulsion, en violation de la Convention de GenĂšve et de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme», dĂ©nonce la LTDH, qui «condamne fermement» ce traitement rĂ©servĂ© aux migrants tunisiens et appelle les autoritĂ©s tunisiennes Ă  intervenir d’urgence pour garantir la sĂ©curitĂ© et la dignitĂ© des Tunisiens Ă  l’étranger, en adoptant des mesures diplomatiques et judiciaires.

Dans le communiqué, la Ligue demande également la révision des accords migratoires conclus avec les pays européens, dénonçant «leur opacité et leur incompatibilité avec les principes fondamentaux du droit international».

Dans le mĂȘme temps, l’ONG appelle Ă  la mise en Ɠuvre de politiques nationales de dĂ©veloppement pour offrir aux jeunes Tunisiens des alternatives Ă  l’émigration clandestine. Et elle appelle la sociĂ©tĂ© civile et la communautĂ© internationale Ă  lutter contre les violations des droits de l’homme, tout en demandant aux pays europĂ©ens, notamment l’Italie, la France et l’Allemagne, de cesser leurs pratiques considĂ©rĂ©es comme «illĂ©gales et discriminatoires».

La protection des migrants et le respect de leur dignitĂ© ne sont pas seulement une question juridique, c’est aussi un impĂ©ratif moral et humanitaire qui requiert l’engagement de toutes les parties intĂ©ressĂ©es, conclut le communiquĂ©, qui est publiĂ© sur fond de polĂ©mique sur les rĂ©seaux sociaux sur les mauvais traitements auxquels sont soumis les migrants subsahariens en Tunisie et des migrants tunisiens en Europe, ainsi que sur le manque de rĂ©activitĂ©s des autoritĂ©s tunisiennes sur ce dossier.

I. B.

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Vers un printemps algĂ©rien, inĂ©luctable et nĂ©cessaire   

Il y a toujours un moment oĂč le rĂ©el dĂ©passe la fiction, oĂč les rapports de force se fissurent sans qu’on puisse dire exactement quand la bascule s’est produite. C’est un peu comme un fleuve dont le lit semble immobile mais qui, Ă  force d’érosion, finit par changer de trajectoire. Et c’est lĂ , peut-ĂȘtre, que l’AlgĂ©rie se trouve aujourd’hui. Le pays est-il vraiment Ă  ce point de rupture ? Pas encore. Mais tout indique que l’équilibre apparent n’est qu’une illusion de stabilitĂ©, un mirage plus qu’un socle immuable. 

Manel Albouchi * 

Comprendre un pays, c’est d’abord comprendre son inconscient collectif. En AlgĂ©rie, quelque chose bouge, mais non pas dans la rue, comme on pourrait le penser, mais dans l’imaginaire collectif. Une tension latente, presque invisible, qui se lit dans les discours des jeunes, dans la maniĂšre dont ils se projettent dans l’avenir, dans la distance croissante qu’ils prennent vis-Ă -vis des rĂ©cits officiels. 

Sigmund Freud, dans ‘‘Malaise dans la civilisation’’, expliquait la tension permanente entre l’individu et le cadre qui lui est imposĂ©. Lorsque cet Ă©cart devient trop grand, l’angoisse surgit, et avec elle, la rĂ©volte. L’AlgĂ©rie traverse aujourd’hui cette angoisse sourde : elle n’est plus totalement dans l’acceptation du systĂšme, mais n’a pas encore franchi le seuil du rejet frontal. C’est comme si le pays se trouvait dans un point de bascule cognitif, un moment oĂč l’imaginaire collectif peine Ă  maintenir la cohĂ©rence de son rĂ©cit intĂ©rieur.

Le Hirak de 2019 a Ă©tĂ© la premiĂšre secousse, une mise Ă  nu du besoin urgent de renouveau. Mais, comme dans toute transformation, l’inertie du passĂ©, du systĂšme de contrĂŽle, freine le passage Ă  l’acte. 

Le Printemps Noir de 2001 (├⎰⎌┙┓├ ├⎰⎱└⎜⎰┏├), qui a vu la Kabylie se soulever contre l’injustice et la marginalisation, a Ă©tĂ© un prĂ©curseur de cette dynamique. La rĂ©volte a Ă©tĂ© matĂ©e par une rĂ©pression sanglante, mais elle a laissĂ© une empreinte indĂ©lĂ©bile dans l’imaginaire collectif algĂ©rien. Elle a montrĂ© que le dĂ©fi Ă  l’ordre Ă©tabli pouvait surgir d’une rĂ©gion spĂ©cifique avant de se diffuser plus largement, anticipant les revendications plus globales du Hirak. 

AlgĂ©rie et Tunisie : un dialogue en miroir 

Historiquement, l’AlgĂ©rie s’est construite dans une posture de la lutte et de la rĂ©sistance Ă  la colonisation, alors que la Tunisie a choisi la nĂ©gociation et l’adaptation. Deux trajectoires opposĂ©es, qui se croisent parfois en rivalitĂ© implicite, parfois en inspiration mutuelle.  

La Tunisie, pendant longtemps, a Ă©tĂ© un laboratoire politique pour toute la rĂ©gion. Un espace d’expĂ©rimentation dĂ©mocratique, oĂč des rĂ©formes ont Ă©tĂ© tentĂ©es, Ă©chouĂ©es, puis recommencĂ©es. Paradoxalement, cette instabilitĂ© a permis Ă  la Tunisie d’innover politiquement. L’AlgĂ©rie, quant Ă  elle, a suivi une logique plus monolithique, oĂč le changement est contrĂŽlĂ©, maĂźtrisĂ©, contenu. Mais cette dynamique a aujourd’hui ses limites. Et si l’AlgĂ©rie commence Ă  douter de son propre modĂšle, peut-elle rĂ©ellement trouver une alternative dans l’expĂ©rience tunisienne ? 

Pierre Bourdieu parlait de l’effet de champ, cette idĂ©e que les acteurs d’un systĂšme modifient leurs comportements en fonction des transformations de leur environnement. Si l’AlgĂ©rie change, la Tunisie, elle aussi, devra redĂ©finir sa posture, non plus comme un simple spectateur, mais comme un acteur stratĂ©gique. Un acteur qui, fort de son expĂ©rience du chaos, peut proposer des clĂ©s pour Ă©viter la dĂ©sintĂ©gration. Une vision partagĂ©e, une coopĂ©ration fondĂ©e sur la comprĂ©hension mutuelle. 

Illusion du contrĂŽle et nĂ©cessitĂ© d’un nouveau pacte 

Dans les cercles du pouvoir algĂ©rien, la confusion entre contrĂŽle et maĂźtrise est prĂ©gnante. On croit que, en Ă©touffant les tensions, on Ă©vite l’explosion. Mais en rĂ©alitĂ©, on ne fait que dĂ©placer la pression. C’est l’illusion du contrĂŽle, la mise sous silence de l’invisible. Mais cette illusion ne dure qu’un temps. La violence symbolique, concept cher Ă  Bourdieu, est omniprĂ©sente : un pouvoir qui impose une vision unilatĂ©rale du rĂ©el, oĂč contester revient Ă  trahir la nation. Et cette violence, subtile mais constante, commence Ă  se fissurer. 

L’État peut agir sur trois leviers : 

1. la coercition, qui fonctionne un temps, mais gĂ©nĂšre Ă  long terme un rejet violent; 

2. l’illusion de rĂ©forme, qui crĂ©e une façade de changement sans altĂ©rer la structure profonde; 

3. la transformation rĂ©elle, un processus de reconfiguration des rapports de pouvoir, qui demande un courage bien plus grand. 

L’AlgĂ©rie oscille actuellement entre les deux premiers leviers. Mais pour combien de temps encore? 

L’Histoire nous enseigne que les systĂšmes qui survivent ne sont pas ceux qui rĂ©sistent Ă  l’adversitĂ©, mais ceux qui savent se rĂ©inventer. Ce n’est pas nĂ©cessairement sous la pression d’une rue en colĂšre, mais par une anticipation intelligente des changements Ă  venir. Une mutation nĂ©gociĂ©e, pas une rupture brutale. 

Vers une nouvelle dynamique algĂ©ro-tunisienne ? 

Et si la Tunisie, avec son expĂ©rience du changement, avait un rĂŽle Ă  jouer dans cette transition? Non pas en donnant des leçons, mais en agissant comme un partenaire stratĂ©gique, capable d’accompagner les mutations sans prĂ©cipiter le chaos.  

Il ne s’agit pas d’importer un modĂšle dĂ©mocratique fragile, ni de plaquer des solutions toutes faites sur un contexte aux dynamiques internes profondes. Mais bien d’ouvrir un dialogue. De proposer une expertise, une lecture psychologique et sociologique des dynamiques en cours, car, en fin de compte, la politique n’est pas seulement un jeu de dĂ©cisions rationnelles. Elle repose sur des perceptions, des Ă©motions collectives, des croyances profondes.  

Transformation contrĂŽlĂ©e ou implosion soudaine ?

Anticiper les mutations, c’est savoir lire entre les lignes. Observer les signes faibles avant qu’ils ne deviennent des Ă©vidences. C’est comprendre que la stabilitĂ© n’est pas un Ă©tat figĂ©, mais un Ă©quilibre en perpĂ©tuel rĂ©ajustement.  

L’AlgĂ©rie est Ă  un tournant. Le choix n’est plus entre le statu quo et la rĂ©volution, mais entre une transformation contrĂŽlĂ©e et une implosion soudaine. Le pays traverse un espace transitionnel, une phase oĂč les reprĂ©sentations collectives sont en recomposition, oĂč l’ancien et le nouveau s’affrontent. La dissonance cognitive, cette tension entre des valeurs anciennes et les besoins actuels, empĂȘche encore une Ă©volution vĂ©ritable.

Dans ce processus, la Tunisie a une carte stratĂ©gique Ă  jouer. 

* Psychologue, psychanalyste.

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Jean-Louis H. DuprĂ© et la mĂ©moire Ă  vif de la guerre d’AlgĂ©rie

La guerre d’AlgĂ©rie demeure une plaie ouverte dans les relations entre la France et son ancienne colonie, un terrain minĂ© par les rĂ©cits partisans et les reconstructions mĂ©morielles. Dans ‘‘La Guerre d’AlgĂ©rie : Sebabna et les AurĂšs’’(Ă©d. SociĂ©tĂ© des Ă©crivains, 9 novembre 2023, 302 pages), Jean-Louis H. DuprĂ©, ancien fusilier-marin commando, livre un tĂ©moignage personnel, loin des idĂ©ologies et des simplifications historiques.

Dans un entretien accordĂ© au Matin d’AlgĂ©rie, l’auteur revient sur les raisons qui l’ont poussĂ© Ă  Ă©crire ce livre : rĂ©tablir une vĂ©ritĂ© souvent occultĂ©e ou dĂ©formĂ©e, en particulier sur la question de la torture, et contrer certaines reprĂ©sentations qu’il juge biaisĂ©es. Refusant les raccourcis, il restitue, soixante-dix ans aprĂšs, la complexitĂ© du conflit, oĂč les destins individuels se mĂȘlent aux errements politiques.

DuprĂ© raconte une guerre qu’il a vĂ©cue Ă  son corps dĂ©fendant, dĂ©couvrant Ă  la fois la rudesse du combat et la beautĂ© Ăąpre de l’AlgĂ©rie. Il s’attarde sur la rĂ©gion des AurĂšs, thĂ©Ăątre d’affrontements parmi les plus violents, oĂč il fut engagĂ© dans des opĂ©rations majeures. Son rĂ©cit met en lumiĂšre le fossĂ© entre le vĂ©cu des soldats et les discours officiels, ainsi que la confusion d’un conflit d’abord prĂ©sentĂ© comme une «pacification» avant d’ĂȘtre enfin reconnu comme une guerre.

Loin de tout manichĂ©isme, DuprĂ© reconnaĂźt la lĂ©gitimitĂ© du combat des indĂ©pendantistes et souligne l’aveuglement des dirigeants français, qui auraient dĂ» accorder l’indĂ©pendance bien plus tĂŽt. Il critique Ă©galement la maniĂšre dont cette pĂ©riode est enseignĂ©e aujourd’hui, regrettant une approche culpabilisante en France et une instrumentalisation en AlgĂ©rie.

Son livre n’est ni une justification ni une revendication, mais le tĂ©moignage d’un homme qui, des dĂ©cennies aprĂšs les faits, ressent encore le poids de cette histoire. «L’Histoire semble se rĂ©pĂ©ter», conclut-il, en appelant Ă  une mĂ©moire apaisĂ©e, libĂ©rĂ©e des dĂ©formations et des procĂšs rĂ©trospectifs.

Djamal Guettala 

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«La femme doit pouvoir respirer et vivre», dixit Bourguiba

Dans cette Tunisie qui m’a vu naĂźtre, oĂč j’ai vĂ©cu les 20 premiĂšres annĂ©es de ma vie, sous le rĂšgne de feu Bourguiba, je n’ai pas souvenir qu’un homme ait refusĂ©, en public, de serrer la main d’une femme, comme l’a fait le nouvel homme fort du rĂ©gime islamiste en Syrie qui a refusĂ© rĂ©cemment de serrer la main Ă  la ministre allemande des Affaires Ă©trangĂšres alors qu’il venait de serrer celle de son homologue français.

Salem Ben Ammar * 

Dans les films Ă©gyptiens de l’époque, dont les Tunisiens Ă©tait fĂ©rus, les actrices et acteurs se claquaient la bise spontanĂ©ment comme dans les films occidentaux. 

La vie Ă©tait un hymne Ă  l’amour et Ă  la joie malgrĂ© les soucis en tous genres du quotidien.

C’était une autre Ă©poque oĂč la religion Ă©tait confinĂ©e dans les foyers et les mosquĂ©es, oĂč la bonne moralitĂ© ne rimait pas avec la pratique religieuse, oĂč la vertu de la femme ne s’évaluait pas Ă  l’aune du voile qu’elle porte ou pas. L’espace public n’était pas un espace de restriction des libertĂ©s individuelles, qui Ă©taient toujours exercĂ©es (sauf peut-ĂȘtre dans le domaine de la politique oĂč elles Ă©taient limitĂ©es) dans le respect des us et coutumes et de l’ordre public. Les bars ne cĂŽtoyaient certes pas les mosquĂ©es, mais ils Ă©taient ouverts au public. Ainsi que les cafĂ©s et les restaurants pendant Ramadan, sans que cela ne trouble les croyants dans leurs convictions. On pouvait avoir, Ă  la mĂȘme table, juifs, chrĂ©tiens, musulmans, athĂ©es
 ils Ă©taient avant tout Tunisiens et enfants du mĂȘme quartier. Le vivre-ensemble avait du sens, et il n’y avait pas de ligne Maginot sĂ©parant les communautĂ©s, les unes des autres.

Cette Tunisie, qui a posĂ© les premiers jalons de l’émancipation et de l’éducation de la femme dans le monde arabe et musulman, a brisĂ© les tabous et fait tomber le voile de la femme : «Le visage de la femme a plutĂŽt besoin de prendre un contact avec l’air pur. La femme doit pouvoir respirer et vivre», plaida feu Habib Bourguiba en 1960, devant des femmes venues l’écouter dans le village de Ras Jebel. Il n’hĂ©sitait pas, d’ailleurs, de faire tomber le voile des femmes qu’il rencontrait au grĂ© de ses sorties publiques, en prononçant Ă  l’occasion un plaidoyer pour l’émancipation de la moitiĂ© de la sociĂ©tĂ©.    

La Tunisie, oĂč la pauvretĂ© Ă©tait transcendĂ©e par la joie de vivre de sa population, Ă©tait bercĂ©e par les hymnes Ă  l’amour chantĂ©s par les divas de l’époque Habiba Msika, Oum Kalthoum, Saliha, Naama et autres Oulaya.

Il est vrai que le voile dit «islamique» a refait surface dĂšs les annĂ©es 1970-80 et qu’il est trĂšs visible aujourd’hui dans les lieux publics en Tunisie (rues, Ă©coles, hĂŽpitaux, administrations, etc.), mais l’islamisme, dont Ahmed Al-Charaa est aujourd’hui l’une des incarnations politiques dans la rĂ©gion, n’a pas pu s’implanter durablement dans notre pays et la parenthĂšse de la «dĂ©cennie noire» marquĂ©es par la prise du pouvoir par le parti islamiste Ennahdha (2011-2021) semble avoir Ă©tĂ© fermĂ©e. Et nous ne pouvons que nous en fĂ©liciter, tout en restant vigilants pour que ces annĂ©es-lĂ  ne reviennent jamais. Et cette vigilance, nous la devons pour nos femmes maos aussi pour nous-mĂȘmes.

* Chercheur en sciences politiques et anthropologie sociale.

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ArrĂȘt des poursuites pĂ©nales contre Abderrahmane Tlili

La justice a mis un terme aux poursuites pĂ©nales engagĂ©es contre Abderrahmane Tlili, ancien prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de l’Office de l’aviation civile et des aĂ©roports (Oaca), et ce en application de la loi relative Ă  la rĂ©conciliation administrative.

Cette décision a été prise par la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financiÚre auprÚs du tribunal de premiÚre instance de Tunis, annonce Mosaïque.

Auparavant, la chambre d’accusation compĂ©tente en matiĂšre de corruption financiĂšre auprĂšs de la cour d’appel avait ordonnĂ© le renvoi du prĂ©venu devant la chambre criminelle pour rĂ©pondre de deux affaires relatives Ă  des soupçons de corruption financiĂšre et administrative, en lien avec l’ancien prĂ©sident Feu Zine El Abidine Ben Ali.

À l’issue des dĂ©libĂ©rations, la chambre a donc dĂ©cidĂ© l’arrĂȘt dĂ©finitif des poursuites Ă  l’encontre de Tlili, conformĂ©ment aux dispositions de la loi sur la rĂ©conciliation administrative, et a classĂ© l’affaire concernant Ben Ali en raison de son dĂ©cĂšs.

Fils du syndicaliste Ahmed Tlili, Abderrahmane Tlili est un homme politique et un homme d’affaires. Membre du NĂ©o-Destour, parti au pouvoir sous Bourguiba, il fonde, en novembre 1988, Ă  la demande du pouvoir, l’Union dĂ©mocratique unioniste (UDU), un parti de dĂ©cor dĂ©mocratique, dont il devient secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et qu’il dirigera jusqu’à ses embrouilles avec Ben Ali, en 2003.

Commis de l’Etat, il a dirigĂ© l’Office national de l’huile (ONH) pendant 11 ans, la SociĂ©tĂ© de transport pĂ©trolier saharien de 1991 Ă  1995, la Compagnie franco-tunisienne de pĂ©trole de 1995 Ă  1996 et des sociĂ©tĂ©s pĂ©troliĂšres publiques jusqu’en 2000, quand il devient le Pdg de l’Office de l’aviation civile et des aĂ©roports (Oaca), avant d’ĂȘtre mis Ă  la retraite en 2003 et agressĂ© en pleine rue par des sbires de Ben Ali, dont il Ă©tait trĂšs proche. Un audit interne ordonnĂ© par son successeur conclut Ă  des abus «dans d’importants marchĂ©s avec certains fournisseurs» et aboutit Ă  des poursuites judiciaires. On lui reproche l’octroi illĂ©gal de marchĂ©s pour des travaux d’amĂ©nagement dans trois aĂ©roports tunisiens en 2001, et ce au dĂ©triment de la sociĂ©tĂ© française Sodica.

Il restera en prison jusqu’à la chute de Ben Ali et sera libĂ©rĂ© le 17 janvier 2011.

I. B.  

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Dix ans de prison pour Imed Trabelsi pour corruption 

Imed Trabelsi, neveu de Leila Trabelsi, veuve de l’ancien prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali, rĂ©fugiĂ©e depuis 2011 en Arabie saoudite, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  une peine de 10 ans de prison, dans trois affaires liĂ©es au dĂ©tournement de fonds publics ainsi qu’à des abus administratifs et financiers.

IncarcĂ©rĂ© depuis le 14 janvier 2011 et condamnĂ© de lourdes peines de prison dans plusieurs affaires de corruption, Imed Trabelsi a comparu hier, jeudi 3 avril 2025, devant la chambre criminelle spĂ©cialisĂ©e dans les affaires de corruption financiĂšre auprĂšs du tribunal de premiĂšre instance de Tunis. Il a niĂ© l’ensemble des faits qui lui sont reprochĂ©s, mais le tribunal l’a condamnĂ© Ă  10 ans de prison ferme, rapporte MosaĂŻque.

Pour rappel, la mĂȘme chambre criminelle avait dĂ©jĂ  infligĂ© Ă  Imed Trabelsi une peine de 8 ans de prison, assortie d’une amende de trois millions de dinars, pour des faits liĂ©s Ă  l’obtention d’avantages indus ayant causĂ© un prĂ©judice Ă  l’administration.

Il avait demandĂ© de bĂ©nĂ©ficier de la procĂ©dure de rĂ©conciliation pĂ©nale mais sa demande n’a pas Ă©tĂ© retenue par la commission nationale de rĂ©conciliation nationale

I. B.

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Tunisie – Espagne | Des liens sĂ©culaires pour un avenir commun

DĂ©marrage Ă  Madrid de Foco PaĂ­s TĂșnez 2025, un projet phare de coopĂ©ration entre la Tunisie et la Casa Árabe, qui jette la lumiĂšre sur la culture tunisienne Ă  travers une sĂ©rie d’évĂ©nements culturels tuniso-espagnols qui seront organisĂ©s au cours des six premiers mois de cette annĂ©e.

Au programme, des projections de films, des expositions d’arts plastiques, des spectacles et des confĂ©rences sur le patrimoine commun et la coopĂ©ration entre les deux peuples, annonce le ministĂšre des Affaires Culturelles.

Foco PaĂ­s TĂșnez 2025 s’inscrit dans le cadre de la cĂ©lĂ©bration du 30e anniversaire de la signature du TraitĂ© d’amitiĂ©, de bon voisinage et de coopĂ©ration entre la Tunisie et l’Espagne conclu en 1995.

Lors d’une confĂ©rence au siĂšge de la Casa Árabe, dans le cadre d’une visite de travail en Espagne, les 27 et 28 mars dernier, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, de la Migration et des Tunisiens Ă  l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a officiellement lancĂ© le programme Foco PaĂ­s TĂșnez 2025.

Le siĂšge de Casa Árabe a accueilli, jeudi 3 avril, la projection du film ‘‘Bab’ Aziz, le prince qui contemplait son Ăąme’’ (96â€Č, 2005), en prĂ©sence du rĂ©alisateur Naceur Khemir qui a Ă©galement participĂ© Ă  une table ronde Ă  l’issue de la projection.

L’École de Tunis sera Ă  l’honneur Ă  travers une exposition d’arts plastiques qui sera organisĂ©e Ă  partir du 23 avril. Un spectacle musical de Syrine Ben Moussa, voix emblĂ©matique de la musique arabo-andalouse, est Ă©galement au programme.

Casa Árabe souligne sur son site web l’histoire millĂ©naire de la Tunisie, rappelant la lĂ©gendaire ville de Carthage, fondĂ©e vers 900 avant J.-C., qui rivalisa avec Rome pendant des siĂšcles.

Casa Árabe a aussi Ă©voquĂ© la gastronomie tunisienne, «une dĂ©licieuse fusion d’influences mĂ©diterranĂ©ennes, arabes et amazighes».

«Avec sa CĂŽte montagneuse et verdoyante au Nord, ses plaines au Centre et un Sud aride, dominĂ© par le dĂ©sert du Sahara, la Tunisie est un pays disposant d’un cadre gĂ©ographique assez diversifié», lit-on sur le mĂȘme site.

«Nous partageons une position stratĂ©gique en MĂ©diterranĂ©e, servant de ponts entre l’Europe et l’Afrique, entre le Monde arabe et l’Occident», indique encore l’institution publique espagnole crĂ©Ă©e en 2006 pour constituer une passerelle culturelle entre l’Espagne et le monde arabe.

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Appel à la levée des sanctions contre la Syrie

La Syrie est sur la voie de la rĂ©habilitation internationale. La chaĂźne israĂ©lienne I24 a indiquĂ© que le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump rencontrera le prĂ©sident syrien Ahmad Al-Charaa en marge de sa prochaine visite en Arabie saoudite. En mĂȘme temps, de plus en plus de voix influentes appellent Ă  la levĂ©e des sanctions Ă©conomiques contre la Syrie afin de lui permettre de se relever. Si la situation Ă©conomique et financiĂšre dĂ©sastreuse se poursuit, le pays s’enfoncera de nouveau dans le chaos, comme le souhaitent ceux qui aimeraient voir le nouveau pouvoir Ă©chouer. Le succĂšs d’Al-Charaa est tributaire de la levĂ©e des sanctions. 

Imed Bahri

Le magazine britannique The Economist, bible de l’establishment occidental, a consacrĂ© son Ă©ditorial Ă  la Syrie post-Assad, plaidant pour la levĂ©e des sanctions qui ont Ă©puisĂ© le grand pays du Levant et pour permettre au nouvel homme fort de la Syrie de rĂ©ussir.  

The Economist dresse tout d’abord un tableau noir de la conjoncture actuelle avec une Ă©conomie agonisante qui Ă©puise la population, une situation politique instable et des centaines de personnes, peut-ĂȘtre plus, qui ont Ă©tĂ© tuĂ©es Ă  cause de la violence sectaire.

Cependant, un sondage rĂ©alisĂ© par le magazine britannique dans les jours prĂ©cĂ©dant et suivant le dĂ©clenchement des violences en mars dernier a montrĂ© que les Syriens semblaient Ă©tonnamment optimistes, ce que le magazine considĂšre comme une opportunitĂ© Ă  ne pas gĂącher aussi bien pour le prĂ©sident Al-Charaa que pour les pays occidentaux dĂ©sireux d’aider la Syrie Ă  se relever.

Al-Charaa bĂ©nĂ©ficie d’une opinion favorable

L’enquĂȘte d’opinion indique que 70% des Syriens issus de l’ensemble des rĂ©gions du pays et des diffĂ©rents groupes ethniques et religieux ont exprimĂ© leur optimisme quant Ă  l’avenir de leur pays. Environ 80% d’entre eux estiment avoir aujourd’hui plus de libertĂ© que sous Al-Assad, avec un pourcentage similaire d’opinion favorable Ă  M. Al-Charaa. Également, deux tiers des personnes interrogĂ©es estiment que la sĂ©curitĂ© s’est amĂ©liorĂ©e malgrĂ© les affrontements.

L’éditorial souligne nĂ©anmoins que ces chiffres doivent ĂȘtre lus avec prudence dans un pays souffrant de traumatismes psychologiques et manquant d’une grande expĂ©rience en matiĂšre de libertĂ© d’expression. Ils indiquent, toutefois, que malgrĂ© de profondes divisions –notamment entre la majoritĂ© musulmane sunnite et la minoritĂ© alaouite autrefois dominante–, les Syriens font toujours confiance Ă  Al-Charaa pour tenter de reconstruire le pays.

Depuis qu’il a pris ses fonctions de prĂ©sident par intĂ©rim fin janvier, Al-Charaa a pris certaines mesures pour rĂ©pondre aux attentes des Syriens. Au cours du week-end, il a tenu la promesse qu’il avait faite de nommer un gouvernement intĂ©rimaire, un gouvernement ne contenant pas uniquement des sunnites mais reprĂ©sentatif des diffĂ©rentes communautĂ©s prĂ©sentes en Syrie avec des ministres kurde, alaouite, chrĂ©tien et druze. 

EmpĂȘcher de nouvelles violences sectaires

The Economist salue la formation de ce nouveau gouvernement qui apaiserait les inquiĂ©tudes en particulier si les ministres disposaient d’une rĂ©elle autoritĂ© pour mener Ă  bien les tĂąches qui leur sont assignĂ©es. Cela pourrait Ă©galement apaiser les inquiĂ©tudes concernant la tendance d’Al-Charaa Ă  concentrer le pouvoir entre ses mains.

Le magazine britannique conseille au prĂ©sident syrien d’exploiter ce climat de soutien populaire pour achever l’unification des groupes armĂ©s disparates de Syrie et pour empĂȘcher l’éclatement de nouvelles violences sectaires.

Cependant, le plus grand dĂ©fi auquel le prĂ©sident est confrontĂ© reste de relancer l’économie syrienne dĂ©vastĂ©e. Le magazine rapporte que le prĂ©sident Al-Charaa n’a pas payĂ© les salaires de la plupart des fonctionnaires depuis qu’il a pris le contrĂŽle de Damas en dĂ©cembre et qu’il y a une pĂ©nurie d’argent. Si les conditions ne s’amĂ©liorent pas rapidement, sa popularitĂ© actuelle ne devrait pas durer.

L’un des principaux obstacles ce sont les sanctions occidentales contre la Syrie, qui n’ont pas encore Ă©tĂ© levĂ©es. ImposĂ©es dans le but d’isoler Al-Assad, elles entravent dĂ©sormais les tentatives du nouveau gouvernement de reconnecter la Syrie Ă  l’économie mondiale.

Ces sanctions empĂȘchent les entreprises Ă©trangĂšres d’investir dans la reconstruction et restreignent l’accĂšs de la Syrie au systĂšme bancaire mondial rendant pratiquement impossible pour le pays d’obtenir le paiement des marchandises qu’il exporte.

La levée des sanctions est la seule issue

La Syrie a Ă©tĂ© contrainte d’acheter du pĂ©trole russe transportĂ© par bateau en raison des sanctions amĂ©ricaines. Sans investissements Ă©trangers suffisants et sans recettes d’exportation, le prĂ©sident Al-Charaa ne peut pas Ɠuvrer Ă  la relance de l’économie du pays.

The Economist met en garde contre l’hĂ©sitation des États-Unis et de l’Europe Ă  lever ces sanctions et considĂšre que cette attitude est une erreur. Si l’économie syrienne continue de se dĂ©tĂ©riorer, les seuls bĂ©nĂ©ficiaires seront les extrĂ©mistes et tous ceux qui ont intĂ©rĂȘt Ă  crĂ©er le chaos. Dans ce cas, la violence Ă©clatera inĂ©vitablement de nouveau.

La levĂ©e des sanctions est la seule issue pour donner au peuple syrien qui souffre depuis longtemps une chance de reconstruire son pays et d’avoir un meilleur avenir.

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Marine Le Pen ou la «trumpisation» de la vie politique France

CondamnĂ©e en premiĂšre instance Ă  4 ans de prison ferme dont 2 en sursis et 4 ans d’inĂ©ligibilitĂ©, Marine Le Pen n’est pas victime d’une cabale des juges rouges, ou d’un gouvernement des juges ni d’un quelconque abus de droit, comme prĂ©tendent ses partisans.

Salem Ben Ammar *

Les juges ont rendu leur verdict en vertu de la loi Sapin 2, un texte majeur du droit français en vigueur depuis 2016, qui vise Ă  renforcer la transparence et l’éthique dans les sphĂšres Ă©conomiques et publiques, ainsi que la Loi organique et loi ordinaire du 15 septembre 2017 pour la confiance dans la vie politique.

Les deux lois prĂ©voient des peines de prison et d’inĂ©ligibilitĂ©, sachant qu’elle-mĂȘme prĂ©conisait, dĂšs 2013, l’inĂ©ligibilitĂ© Ă  vie des Ă©lus condamnĂ©s dans les affaires de dĂ©tournement de fonds publics. Mais les prĂ©venus Ă©taient issus, Ă  l’époque, d’autres familles politiques que la sienne.
Les juges n’ont donc pas une dent contre l’extrĂȘme-droite incarnĂ©e par Le Pen et son parti, le Rassemblement national (RN). Ils n’ont pas non plus outrepassĂ© leur pouvoir. Ils n’ont fait qu’appliquer les dispositions lĂ©gales votĂ©es par les dĂ©putĂ©s.

Attrapée la main dans le sac

Ce sont les lĂ©gislateurs eux-mĂȘmes, et Mme Le Pen en est un, qui ont fixĂ© et votĂ© les peines encourus par les acteurs politiques accusĂ©s de dĂ©tournement de fonds publics. Elle doit savoir, en tant qu’élue et ex-avocate, que les juges n’ont pas inventĂ© ces peines spĂ©cialement pour elle et qu’elle ne doit pas, par consĂ©quent, en faire les boucs Ă©missaires de ses propres dĂ©rives et abus.

Onze ans de pratiques frauduleuses sans jamais ĂȘtre inquiĂ©tĂ©e, des millions d’euros d’argent public europĂ©en dĂ©tournĂ© Ă  des fins de financement de son parti, Mme «TĂȘte haute et mains propres», a Ă©tĂ© attrapĂ©e la main dans le sac et elle doit payer pour les dĂ©lits qu’elle a commis comme n’importe quel autre justiciable.

PlutĂŽt que de reconnaĂźtre les faits avĂ©rĂ©s qui lui sont reprochĂ©s Mme Le Pen se rĂ©fugie dans la posture de la victime qu’elle affectionne, prĂ©tendant ĂȘtre victime d’un systĂšme dont elle s’est rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre l’un des piliers essentiels, et tire Ă  boulets rouges sur la justice, exacerbant la haine des juges chez ses idolĂątres pour en faire une cible Ă  abattre. Certains de ses partisans ont d’ailleurs lancĂ© des appels au meurtre implicite contre les juges qui ont pris des proportions inquiĂ©tantes avec les menaces de mort profĂ©rĂ©es Ă  l’encontre de la prĂ©sidente de la 11e chambre et les deux procureurs derriĂšre la sentence la concernant, dĂ©signĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux comme «les vermines qu’il faut Ă©craser» ou «les juges qu’il faut juger pour avoir dĂ©cidĂ© Ă  la place des citoyens du sort de l’élection de 2027 en assassinent Marine Le Pen». «Les procureurs et la prĂ©sidente devront rendre des comptes ni oubli ni pardon», ont Ă©galement Ă©crit sur les rĂ©seaux sociaux des partisans de Mme Le Pen.

Un coup de force contre l’Etat de droit

Ces hashtags en disent long sur le climat de violence qui entoure cette affaire qui n’est pas sans rappeler, dans une certaine mesure, la sortie tumultueuse de Donald Trump de la Maison Blanche au terme de son premier mandat, en 2021, avec notamment l’attaque du Capitole par ses partisans qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  7 policiers. C’est dire aussi que la France n’est pas Ă  l’abri d’une montĂ©e de la violence politique, si jamais l’arrĂȘt de la cour d’appel confirme ou aggrave le jugement de premiĂšre instance.

La Trumpisation de la vie politique France est en marche avec la manifestation de soutien Ă  Marine Le Pen ce dimanche qui est en rĂ©alitĂ© un coup de force contre l’Etat de droit et un avertissement aux juges qui auront Ă  statuer sur l’appel dans un an.

* Chercheur en science politique et anthropologie sociale.

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La Tunisie interdit la pĂȘche au poulpe pour lutter contre la pĂ©nurie

La Tunisie a interdit la pĂȘche au poulpe sur toutes ses cĂŽtes pour lutter contre le dĂ©clin de la population de cette espĂšce, une dĂ©cision saluĂ©e par une association de protection de l’environnement. (Ph. Les pots de terre cuite (karours) utilisĂ©s pour la pĂȘche au poulpe).

Selon l’ONG Kraten, qui lutte pour le dĂ©veloppement durable, les pĂȘcheurs tunisiens tirent la sonnette d’alarme depuis le dĂ©but de l’annĂ©e sur une baisse «catastrophique» des stocks stratĂ©giques de poulpes.

C’est pour cette raison que le ministĂšre de l’Agriculture et de la PĂȘche a dĂ©cidĂ©, dans un arrĂȘtĂ© publiĂ© fin mars, d’interdire leur pĂȘche Ă  partir du 1er avril. Chaque annĂ©e les autoritĂ©s Ă©tablissent une pĂ©riode pendant laquelle la pĂȘche au poulpe est interdite, afin de respecter son cycle de reproduction. Dans son communiquĂ©, le ministĂšre n’a pas donnĂ© de date de fin pour l’interdiction. La saison actuelle de pĂȘche au poulpe a dĂ©butĂ© le 16 novembre et devait se terminer le 15 mai.

«C’est une bonne dĂ©cision, mĂȘme si elle est prise tardivement», a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP Ahmed Souissi, prĂ©sident de l’association Kraten, basĂ©e dans l’archipel de Kerkennah, connu pour la pĂȘche au poulpe en Tunisie. L’objectif est de «permettre la conservation de cette espĂšce menacĂ©e pendant la pĂ©riode de reproduction et de croissance», a expliquĂ© Souissi. «Ces derniĂšres annĂ©es, la pĂȘche au poulpe a Ă©tĂ© rĂ©duite par la surpĂȘche, mĂȘme hors saison, mais aussi par l’utilisation de mĂ©thodes peu respectueuses de l’environnement, ce qui a conduit Ă  une rarĂ©faction de l’espĂšce», a-t-il expliquĂ©.

Avec d’autres ONG, son association a alertĂ© Ă  plusieurs reprises les autoritĂ©s sur la menace qui pĂšse sur cette ressource importante pour les pĂȘcheurs, notamment dans les Ăźles Kerkennah, a-t-il ajoutĂ©.

Pour les habitants de cet archipel, la pĂȘche, notamment le poulpe, est la principale source de revenus. Sa raretĂ©, selon Souissi, a poussĂ© les pĂȘcheurs Ă  surexploiter d’autres espĂšces, provoquant un dĂ©sĂ©quilibre dans l’écosystĂšme marin.

Entre les Kerkenniens et les poulpes, une vieille histoire d’amour de milliers d’annĂ©es, une vĂ©ritable richesse, le poulpe possĂšde des qualitĂ©s culinaires remarquables, il est le symbole de la force et de l’intelligence et qui constitue surtout la principale source de revenus des Kerkenniens.

Il existe plusieurs techniques de pĂȘche aux hauts fonds qui entourent l’archipel pour attraper les poulpes d’oĂč «les pĂȘchers Ă  claies, les nasses et les pierres taillĂ©es et Ă©vidĂ©e», ces piĂšges traditionnels ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par «les pots de terre cuite (karours)», ces poteries munies d’une ouverture et portant un trou Ă  la base sont disposĂ©e en chapelet. 

La pĂȘche au poulpe est trĂšs dĂ©licate et nĂ©cessite une mĂ©thode bien prĂ©cise, car l’animal aime en effet se cacher, ĂȘtre en retrait et squatter des rĂ©cipients. Par contre les petits poulpes doivent ĂȘtre remis en libertĂ© jusqu’à leur maturitĂ© et ce sont les plus grands qui sont vendus sur le marchĂ©.

I. B.

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ClÎture du projet ProSol pour la protection des sols dégradés en Tunisie

La journĂ©e de clĂŽture du projet ProSol (Protection et rĂ©habilitation des sols dĂ©gradĂ©s en Tunisie), mis en Ɠuvre par la GIZ Tunisie en partenariat avec le ministĂšre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la PĂȘche (MARHP), aura lieu mardi 8 avril 2025 de 9H00 Ă  13H30 Ă  l’HĂŽtel Royal ASBU, Ă  Tunis. 

La cĂ©rĂ©monie aura lieu en prĂ©sence de hauts responsables du MARHP, de reprĂ©sentants de l’ambassade d’Allemagne  et des organismes partenaires, experts et acteurs du secteur agricole.

Mis en Ɠuvre depuis 2019 par la GIZ Tunisie et la Direction gĂ©nĂ©rale de l’amĂ©nagement et de la conservation des terres agricoles (DG-Acta) au MARHP), le projet ProSol a Ă©tĂ© implantĂ©, sur cinq ans et demi, dans 7 gouvernorats du nord-ouest et du centre-ouest du pays, Ă  savoir BĂ©ja, Jendouba, Siliana, Kef, Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine. Il visait Ă  aider les petits agriculteurs Ă  mettre en Ɠuvre les meilleures pratiques de protection des sols et de rĂ©habilitation des terres dĂ©gradĂ©es outre l’introduction d’instruments financiers appropriĂ©s et l’amĂ©lioration du cadre rĂ©glementaire.

Le projet a Ă©tĂ© d’un grand appui aux efforts de l’Etat tunisien et Ă  la stratĂ©gie d’amĂ©nagement et de conservation des terres agricoles (Acta) lancĂ©e en 2017, qui envisage, Ă  l’horizon 2050, de dĂ©velopper des territoires ruraux prospĂšres qui gĂšrent de maniĂšre durable les ressources naturelles.

La mise en Ɠuvre du projet a nĂ©cessitĂ© des approches innovantes, un savoir-faire technique, une amĂ©lioration des connaissances et des services de conseils multidisciplinaires, outre une gouvernance participative qui a impliquĂ© tous les acteurs concernĂ©s et les groupes cibles des zones d’intervention.

Un nouveau projet «Soil Matters» dans le cadre de la coopĂ©ration tuniso-allemande sera aussi annoncĂ© lors de cette journĂ©e de clĂŽture.  

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Tunisie | Kaïs Saïed et les «semeurs de troubles»

«Ceux qui propagent [en Tunisie] un discours de crise visent, en fait, à semer le doute. Ces parties auraient dû proposer des solutions plutÎt que de diffuser un discours de désespoir et de découragement», déclaré le président de la République Kaïs Saïed.

Recevant, mercredi 2 avril 2025, au Palais de Carthage, la cheffe du gouvernement, Sarah ZaĂąfrani Zenzeri, pour examiner  l’ordre du jour du prochain Conseil des ministres, le chef de l’Etat a ajoutĂ© qu’il est grand temps d’écarter ces individus des postes de dĂ©cision, les qualifiant d’«agents qui ne font qu’exĂ©cuter les directives de parties extĂ©rieures», qui, comme Ă  son habitude, n’a pas nommĂ©ment dĂ©signĂ©es, bien qu’on peut deviner qu’il s’agit de certains bailleurs de fonds internationaux qui conditionnent leur aide financiĂšre par des rĂ©formes structurelles, tel que le Fonds monĂ©taire international (FMI).

Saïed a aussi affirmé que «les projets réalisés grùce aux efforts du peuple tunisien continueront démentir ces semeurs de troubles».

Sur un autre plan,le chef de l’État a soulignĂ© que la «rĂ©volution lĂ©gislative» qu’il prĂ©conise ne peut ĂȘtre menĂ©e par «les demi-mesures ou des textes de loi qui n’entrent jamais en application».

La lĂ©gislation n’est pas une fin en soi, «mais un outil permettant de renverser une lĂ©gitimitĂ© et d’en instaurer une autre», selon ses termes, ajoutant que «les rĂ©volutions n’admettent pas les demi-mesures ni les vestiges d’une lĂ©gitimitĂ© illĂ©gitime que le peuple a rejetĂ©e», selon ses dĂ©clarations rapportĂ©es par l’agence officielle Tap. Etant entendu que le projet politique qu’il a initiĂ© depuis la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, incarne la «rĂ©volution» et ses opposants la «lĂ©gitimitĂ© illĂ©gitime que le peuple a rejetĂ©e».  

Reste cependant Ă  espĂ©rer que la «rĂ©volution lĂ©gislative» que SaĂŻed appelle de tous ses vƓux ne tarde pas Ă  ĂȘtre mise en place pour que ses fruits soient cueillis dans les meilleurs dĂ©lais et que la prospĂ©ritĂ© promise ne soit pas renvoyĂ©e aux calendes grecques, d’autant plus que les remous actuels dans le monde ne prĂ©sage rien de bon pour l’économie mondiale, y compris pour la «petite» Tunisie.  

I. B. (avec Tap).    

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Tunisie | Qui bloque les projets prĂ©sidentiels ?  

Le prĂ©sident de la RĂ©publique, KaĂŻs SaĂŻed, continue de fulminer contre l’administration publique qui ne fait pas preuve de cĂ©lĂ©ritĂ© dans la rĂ©alisation des projets publics en cours, malgrĂ© la disponibilitĂ© des fonds qui leur sont allouĂ©s.

Recevant, mercredi 2 avril 2025, au Palais de Carthage, le ministre de l’Équipement et de l’Habitat, Salah Zouari, SaĂŻed lui a rĂ©itĂ©rĂ© les griefs qu’il avait faits Ă  maintes reprises Ă  ses prĂ©dĂ©cesseurs.

Tout en insistant sur «la nĂ©cessitĂ© d’accĂ©lĂ©rer la rĂ©alisation des projets bloquĂ©s, malgrĂ© la mobilisation des fonds nĂ©cessaires Ă  cet effet», le chef de l’Etat a pris connaissance de l’état d’avancement de certains projets en cours, dont notamment celui de rĂ©amĂ©nagement et de restauration des bassins des Aghlabides de Kairouan, qu’il avait visitĂ©s la veille de l’AĂŻd Al-Fitr.

«Les fonds sont disponibles et les procĂ©dures lĂ©gales ont Ă©tĂ© finalisĂ©es. Il n’y a aucune raison d’interrompre les travaux», s’est-il indignĂ©, selon un communiquĂ© du Palais de Carthage, laissant ainsi entendre que de mystĂ©rieuses parties bloquent sciemment le projet ou cherchent Ă  retarder sa rĂ©alisation. «Les personnes qui ont causĂ© ces retards doivent ĂȘtre tenus pour lĂ©galement responsables», a-t-il lancĂ©, sans que l’on sache de qui il parle.

Quant au ministre Zouari, qui aurait pu nous Ă©clairer Ă  ce propos, il n’a pas cru devoir faire une confĂ©rence de presse pour rĂ©vĂ©ler l’identitĂ© de ces saboteurs qui portent atteinte Ă  l’intĂ©rĂȘt public.

Le prĂ©sident de la RĂ©publique a Ă©galement Ă©voquĂ© d’autres projets, et donnĂ© ses instructions pour recenser tous ceux sont bloquĂ©s, tout en rappelant, au cas oĂč on l’aurait oubliĂ©, que c’est le peuple qui paye le prix de ces retards. «Il supporte les intĂ©rĂȘts des prĂȘts [contractĂ©s pour la rĂ©alisation des projets en question] sans voir ces projets aboutir.»

Il reste Ă  savoir ce que le prĂ©sident cherche Ă  nous dire en laissant entendre Ă  chaque fois que de mystĂ©rieuses parties bloquent ou retardent la rĂ©alisation des nombreux projets publics en cours. Cherche-t-il Ă  fuir ses responsabilitĂ©s en se dĂ©faussant sur une tierce partie non identifiĂ©e – lobbys, cartels, saboteurs, etc.–, comme l’en accusent ses opposants, ou dĂ©signe-t-il de vrais saboteurs tapis au cƓur de l’Etat et de l’administration publique et qu’il s’apprĂȘte Ă  dĂ©masquer et Ă  sanctionner. MystĂšre et boule de gomme !

I. B.

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Industrie des paris en ligne | Comment les sites de paris sportifs se développent-ils ?

Aujourd’hui, les amateurs de jeux d’argent ne rencontrent aucune difficultĂ© et le secteur se dĂ©veloppe rapidement. Au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, les paris en ligne sont passĂ©s d’une nouvelle tendance Ă  une activitĂ© moderne et diversifiĂ©e. Les utilisateurs ont reçu de nombreuses offres avantageuses qui facilitent la sĂ©curitĂ© et l’accĂšs rapide. Les clients des plateformes rĂ©putĂ©es ont une chance de gagner, car ils sont protĂ©gĂ©s par les rĂ©gulateurs internationaux.

L’avenir du secteur fait l’objet de nombreuses discussions. Les joueurs sont intĂ©ressĂ©s par la crĂ©ation de conditions d’utilisation transparentes, et la marque https://www.bizbet.africa/fr est soucieuse de rĂ©pondre Ă  cette exigence. En outre, il est devenu possible d’attirer l’attention de nouveaux utilisateurs grĂące Ă  :

⊁ L’élargissement du nombre d’options de paris. Au dĂ©but du dĂ©veloppement de l’industrie, les joueurs avaient le choix entre les paris simples, les lignes et les paris express. Aujourd’hui, les paris en direct ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s Ă  la liste. Il est plus facile pour les dĂ©butants d’identifier un gagnant potentiel lorsqu’ils disposent de plus d’informations utiles. Regarder la retransmission ou lire les commentaires des experts sur Africanews vous aidera Ă  Ă©valuer correctement l’issue de la rencontre.

⊁ Ajouter de nouvelles disciplines. Un livre de sport est une liste des principales disciplines apprĂ©ciĂ©es par les joueurs. Cependant, vous ne devez pas vous limiter Ă  la liste des Ă©vĂ©nements qui se dĂ©roulent entre de vraies Ă©quipes. GrĂące Ă  l’émergence des paris eSports, les utilisateurs ont pu surmonter la crise de 2020 et augmenter leurs profits. Pour ce faire, ils ont tirĂ© parti des compĂ©titions virtuelles. La courte durĂ©e et la diversitĂ© des Ă©vĂ©nements aident les joueurs Ă  manifester leur intĂ©rĂȘt et Ă  placer des paris sur les sports Ă©lectroniques.

⊁ AccĂšs rapide. La mobilitĂ© de la plateforme de divertissement permet Ă  l’entreprise de recevoir beaucoup d’attention de la part des fans. Les joueurs eux-mĂȘmes utilisent des applications et des plateformes mobiles pour faire des paris rapides.
Bien que l’avenir de l’industrie du divertissement en ligne soit plutĂŽt vague, il existe de nombreuses options pour les prochaines Ă©tapes. Les experts conseillent aux entreprises de commencer par briser les mythes sur l’accumulation des gains. Pour ce faire, les fournisseurs devront prouver leur intĂ©gritĂ© en obtenant l’autorisation d’un rĂ©gulateur international ou local. Étant donnĂ© que ce n’est pas difficile, ces progrĂšs devraient ĂȘtre partagĂ©s par les leaders de l’industrie.

Comment placer des paris rentables en 2025 ?

La recherche d’évĂ©nements intĂ©ressants et la rĂ©alisation d’analyses ne prennent plus beaucoup de temps. Pour ce faire, les joueurs peuvent utiliser des outils d’intelligence artificielle et des milliers de portails d’information. Pour placer un pari, vous devez suivre quelques Ă©tapes simples : bizbet.africa/fr/mobile et effectuer le premier dĂ©pĂŽt. La sociĂ©tĂ© rĂ©compense les nouveaux arrivants pour leur attention, de sorte que vous pouvez commencer Ă  jouer avec un profit immĂ©diat.

Le chemin entre l’analyse prĂ©liminaire et le placement d’un pari est raccourci grĂące Ă  la disponibilitĂ© des informations. Bien sĂ»r, il faut du temps pour se familiariser, mais l’IA Ă©limine le besoin de donnĂ©es supplĂ©mentaires. De plus, de nouveaux avis d’experts provenant de Africatopsports sont publiĂ©s quotidiennement. GrĂące aux mises Ă  jour rĂ©guliĂšres, il n’y a pas de problĂšme de recherche.

Il existe d’autres moyens d’amĂ©liorer vos statistiques personnelles. Prenons l’exemple des bookmakers qui proposent de parier sur des Ă©vĂ©nements qui ont dĂ©jĂ  commencĂ©. Pour ce faire, le site web de la sociĂ©tĂ© propose :

⊁ une description détaillée du calendrier des compétitions dans les différentes ligues et disciplines sportives ;

⊁ des retransmissions en direct depuis le centre de la rencontre entre deux équipes ou athlÚtes ;

⊁ des mises à jour constantes des cotes pendant la partie programmée.

CrĂ©er des conditions confortables pour les utilisateurs ne demande pas beaucoup d’efforts de la part du bookmaker. Il suffit de fournir un accĂšs rapide au site web en proposant une application ou une version mobile. L’utilisation de permis de travail internationaux, la crĂ©ation de conditions favorables et l’ajout de mĂ©thodes de paiement alternatives aident Ă  gagner en popularitĂ©. Tout cela contribue Ă  la diffusion des offres du prestataire auprĂšs d’un large public.

L’intelligence artificielle et son impact sur l’industrie en ligne

Les nouvelles technologies amĂ©liorent l’expĂ©rience d’utilisation des plateformes. Aujourd’hui dĂ©jĂ , les joueurs sont en mesure d’effectuer une analyse prĂ©liminaire rapide. Le seul problĂšme est que pour se familiariser avec la situation du marchĂ©, il faut utiliser plusieurs applications : une pour parier et une autre pour contacter l’IA.

NĂ©anmoins, les fans s’attendent Ă  ce que les marques ne restent pas Ă  l’écart de la nouvelle technologie. Les experts estiment que les entreprises seront en mesure d’adapter les modĂšles d’algorithmes aux besoins de leurs clients. L’outil sera d’abord introduit sur le site https://bizbet.africa/fr/allgamesentrance, puis l’idĂ©e s’étendra Ă  d’autres domaines.

Par exemple, l’expĂ©rience d’utilisation de la plateforme peut ĂȘtre amĂ©liorĂ©e en offrant des consultations aux joueurs grĂące Ă  l’IA. Des solutions instantanĂ©es, la garantie d’une rĂ©ponse honnĂȘte et l’absence de frontiĂšres liĂ©es Ă  la langue contribueront Ă  crĂ©er un nouveau monde de l’iGaming dans quelques annĂ©es.

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IsraĂ«l prĂ©voit d’installer un camp de concentration Ă  Gaza

IsraĂ«l, Ă©manation de l’idĂ©ologie sioniste suprĂ©maciste et gĂ©nocidaire, ne recule devant aucun crime pour se dĂ©barrasser des Palestiniens et notamment des Gazaouis. Le mĂ©dia israĂ©lien +972 Magazine a rĂ©vĂ©lĂ© le plan du gouvernement israĂ©lien concernant l’avenir des habitants de Gaza dans l’enclave palestinienne assiĂ©gĂ©e. Alors que le transfert des Gazaouis vers l’Égypte voulu par le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump et le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu n’a pas abouti jusque-lĂ , l’État hĂ©breu a un plan encore plus radical : un camp de concentration appelĂ©, comble du cynisme, «zone humanitaire». (Ph. Un soldat israĂ©lien gardant la clĂŽture entourant la bande de Gaza).

Imed Bahri

Dans son enquĂȘte intitulĂ©e «La derniĂšre vision d’IsraĂ«l pour Gaza porte un nom: un camp de concentration», Meron Rapoport rĂ©vĂšle qu’IsraĂ«l a l’intention de forcer les habitants de la bande de Gaza Ă  vivre dans une zone confinĂ©e et fermĂ©e, les laissant souffrir de faim et de dĂ©sespoir, aprĂšs avoir Ă©chouĂ© dans ses tentatives pour les dĂ©placer vers l’étranger. 

Il y a deux semaines, un texte publiĂ© sur X par le journaliste israĂ©lien Yinon Magal affirmait que l’armĂ©e israĂ©lienne avait l’intention de transfĂ©rer tous les habitants de la bande de Gaza vers une «nouvelle zone humanitaire» amĂ©nagĂ©e comme un lieu d’habitat fermĂ©. Toute personne y entrant sera contrĂŽlĂ©e pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de «terroriste» (sic !).

Un plan d’évacuation forcĂ©e des Palestiniens

Le journaliste ajoute que l’armĂ©e israĂ©lienne ne permettrait pas Ă  ceux qu’elle dĂ©crit comme des «renĂ©gats» de refuser l’évacuation. Rester en dehors de la nouvelle «zone humanitaire» sera considĂ©rĂ© comme un acte criminel, prĂ©cise-t-il.

Ce n’était pas le seul avertissement. Rapoport a Ă©galement indiquĂ© que le ministre de la DĂ©fense Yisrael Katz avait fait allusion Ă  une telle possibilitĂ© dans une dĂ©claration faite le mĂȘme jour en s’adressant Ă  la population de Gaza affirmant qu’il s’agissait du dernier avertissement et que la phase suivante serait beaucoup plus dure. Il a mĂȘme menacĂ© les Gazaouis en disant: «Vous paierez le prix fort !», ajoutant que l’évacuation des habitants des «zones de combat» reprendrait bientĂŽt.

Dans sa dĂ©claration, Katz disait aussi: «Suivez le conseil du prĂ©sident amĂ©ricain: libĂ©rez les otages, expulsez le Hamas et d’autres options s’ouvriront Ă  vous y compris la rĂ©installation dans d’autres pays pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction et la dĂ©vastation totales».

Les similitudes entre les dĂ©clarations de Magal et de Katz ne sont pas une coĂŻncidence, a notĂ© Rapoport, ajoutant que mĂȘme si Magal n’a pas appris le nouveau plan de guerre d’IsraĂ«l directement de Katz ou du nouveau chef d’état-major de Tsahal, Eyal Zamir, il est raisonnable de supposer qu’il l’a appris par d’autres sources militaires de haut rang.

Dans son enquĂȘte, +972 Magazine conclut qu’IsraĂ«l se prĂ©pare Ă  dĂ©placer de force tous les habitants de Gaza par une combinaison d’ordres d’évacuation et de bombardements intensifs, les forçant ainsi Ă  se rĂ©fugier dans une zone fermĂ©e et peut-ĂȘtre clĂŽturĂ©e. Toute personne surprise en dehors de cette zone serait tuĂ©e et les bĂątiments sur l’ensemble du territoire seraient probablement rasĂ©s.

Rapoport explique qu’il n’exagĂšre pas lorsqu’il assimile la «zone humanitaire», selon l’expression de Magal, dans laquelle l’armĂ©e a l’intention de confiner les deux millions d’habitants de Gaza, Ă  un «camp de concentration», semblable Ă  ceux dans lesquels les Nazies allemands ont enfermĂ© les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le projet d’établir un camp de concentration Ă  l’intĂ©rieur de Gaza n’est pas rĂ©aliste dans les circonstances actuelles car peu de Gazaouis seraient prĂȘts Ă  partir mĂȘme sous des bombardements continus et parce qu’aucun pays n’accepterait un afflux aussi massif de rĂ©fugiĂ©s palestiniens sur son territoire, souligne Rapoport.  

Un objectif totalement irréaliste

Pour qu’un «dĂ©part volontaire» rĂ©ussisse, comme le souhaitent les responsables IsraĂ©liens, et permette ainsi l’annexion des terres palestiniennes et le rĂ©tablissement des colonies juives dans la bande de Gaza, il faudrait Ă©vacuer au moins 70% de la population de Gaza, soit plus de 1,5 million de personnes. Cet objectif est totalement irrĂ©aliste compte tenu des circonstances politiques actuelles tant Ă  Gaza que dans le monde arabe.

IsraĂ«l reste donc piĂ©gĂ© par sa propre politique Ă  l’égard de la bande de Gaza. Jusqu’en octobre 2023, la vision des services de sĂ©curitĂ© Ă©tait de contenir les Palestiniens Ă  Gaza oĂč ils pourraient ĂȘtre surveillĂ©s et contrĂŽlĂ©s plutĂŽt que de les disperser dans toute la rĂ©gion. Cela explique pourquoi l’occupant israĂ©lien n’a pas cherchĂ© Ă  forcer la population Ă  quitter la bande pendant les 17 annĂ©es de blocus.

En effet, jusqu’au dĂ©but de la guerre, quitter Gaza Ă©tait extrĂȘmement difficile et coĂ»teux et n’était accessible qu’aux Palestiniens riches et disposant de relations auprĂšs des ambassades Ă©trangĂšres Ă  JĂ©rusalem ou au Caire pour obtenir un visa.

La vision israĂ©lienne concernant Gaza semble dĂ©sormais passer d’un contrĂŽle externe Ă  un contrĂŽle complet puis Ă  l’expulsion et Ă  l’annexion. Cependant, l’enquĂȘte de +972 Magazine souligne que la rĂ©solution du problĂšme de Gaza ou de la question palestinienne dans son ensemble sur la base de l’expulsion de tous les habitants de Gaza de leurs maisons et leur transfert hors de la bande de Gaza ne peut pas ĂȘtre obtenue comme l’espĂšrent les extrĂ©mistes du gouvernement israĂ©lien tels que le ministre des Finances Bezalel Smotrich et celui de la DĂ©fense Yisrael Katz.

Leur plan semble ĂȘtre de confiner d’abord la population dans une ou plusieurs enclaves puis de laisser la famine et le dĂ©sespoir les anĂ©antir, en voyant Gaza complĂštement dĂ©truite, leurs maisons rasĂ©es et leurs enfants sans prĂ©sent ni avenir. Ils espĂšrent voir les Palestiniens eux-mĂȘmes chercher Ă  Ă©migrer et forcer les pays arabes Ă  les accepter.

Le gouvernement et l’armĂ©e israĂ©liens peuvent croire que le «dĂ©part volontaire» des habitants de Gaza effacera les crimes sionistes et qu’une fois que les Palestiniens auront trouvĂ© un avenir meilleur ailleurs, ces crimes seront oubliĂ©s. Wishful Thinking que ne partage pas Rapoport, qui estime que le dĂ©placement forcĂ© de deux millions de personnes est pratiquement impossible et que les mĂ©thodes qu’IsraĂ«l pourrait utiliser pour mettre en Ɠuvre son plan pourraient conduire Ă  des crimes encore plus graves.

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Dévaluation stratégique du dollar | Le retour du Plaza Accord ?

L’économie amĂ©ricaine se trouve aujourd’hui Ă  un point de rupture historique. Entre une dette fĂ©dĂ©rale vertigineuse, des taux d’intĂ©rĂȘt Ă©levĂ©s, un dĂ©ficit budgĂ©taire hors de contrĂŽle et une inflation persistante, les marges de manƓuvre de la premiĂšre puissance mondiale s’amenuisent. Incapable de corriger ses dĂ©sĂ©quilibres par les outils budgĂ©taires classiques, l’administration Trump serait tentĂ©e de recourir Ă  des leviers monĂ©taires non conventionnels : affaiblissement volontaire du dollar, restructuration sĂ©lective de la dette, voire lancement d’un crypto-dollar souverain. Mais ces choix — aux implications gĂ©opolitiques majeures — feraient peser un risque systĂ©mique inĂ©dit sur l’économie mondiale, en particulier sur celles des pays du Sud Global.

Yahya Ould Amar *

Ce basculement stratĂ©gique, inspirĂ© de l’hĂ©ritage du Plaza Accord, signale une redĂ©finition potentielle de l’ordre Ă©conomique global, dans un climat politique amĂ©ricain profondĂ©ment fragmentĂ©, oĂč la cohĂ©rence doctrinale et la discipline institutionnelle font dĂ©faut.

La conjonction d’un niveau Ă©levĂ© des taux d’intĂ©rĂȘt, d’une inflation persistante et d’un endettement public historique — Ă©valuĂ© Ă  36 500 milliards de dollars, dont 28 900 milliards arriveront Ă  Ă©chĂ©ance au cours du mandat de Trump — rĂ©duit drastiquement la flexibilitĂ© budgĂ©taire de l’administration amĂ©ricaine.

À ce fardeau s’ajoutent un dĂ©ficit annuel de prĂšs de 1900 milliards de dollars et une charge d’intĂ©rĂȘt estimĂ©e Ă  prĂšs de 900 milliards de dollars par an. Or, avec un taux d’intĂ©rĂȘt moyen actuel sur la dette fĂ©dĂ©rale de 2,7 %, la dette arrivant Ă  maturitĂ© devra ĂȘtre refinancĂ©e Ă  des conditions moins favorables, Ă  des taux dĂ©passant les 4%. Cette dynamique entraĂźnera une hausse mĂ©canique du service de la dette, qui pourrait passer de 900 milliards Ă  plus de 1500 milliards de dollars par an dans les toutes prochaines annĂ©es, exacerbant le risque d’effet boule de neige sur les finances publiques.

Economie sous contrainte, géopolitique sous pression

Dans ce contexte, les choix politiques, Ă©conomiques et gĂ©ostratĂ©giques de Washington seront nĂ©cessairement subordonnĂ©s Ă  une contrainte de soutenabilitĂ© budgĂ©taire croissante, forçant l’administration Trump Ă  arbitrer entre stabilitĂ© financiĂšre, ambition gĂ©opolitique et impĂ©ratifs de croissance.

Certes, un ratio d’endettement public avoisinant aujourd’hui les 130% du PIB ne constitue pas, en soi, un facteur dĂ©clencheur immĂ©diat de crise dans un monde oĂč le dollar demeure la principale monnaie de rĂ©serve et oĂč la demande pour les obligations du TrĂ©sor amĂ©ricain reste soutenue. Ce seuil ne devient vĂ©ritablement critique qu’au-delĂ  de 250%, niveau Ă  partir duquel la confiance des marchĂ©s, Ă  l’égard des États-Unis, pourrait vaciller, compliquant le financement des dĂ©ficits et contraignant la Federal Reserve (FED) – la Banque centrale amĂ©ricaine – Ă  des choix douloureux entre inflation, croissance et stabilitĂ© monĂ©taire.

À ces vulnĂ©rabilitĂ©s Ă©conomiques majeures s’ajoutent des contraintes institutionnelles structurelles et une incertitude politique grandissante, nourrie par le caractĂšre encore incertain des rĂ©sultats de la politique Ă©conomique menĂ©e Ă  l’approche des Ă©lections de mi-mandat, prĂ©vues dans un an et huit mois. Ce scrutin, qui renouvellera l’ensemble des 435 siĂšges de la Chambre des reprĂ©sentants ainsi qu’un tiers des 100 siĂšges du SĂ©nat, pourrait profondĂ©ment reconfigurer les Ă©quilibres du pouvoir lĂ©gislatif et, partant, la capacitĂ© de l’exĂ©cutif Ă  mettre en Ɠuvre son agenda.

Le prĂ©sident Trump ne dispose ni d’un contrĂŽle effectif sur le CongrĂšs (Ă©lection de John Thune Ă  la tĂȘte des sĂ©nateurs rĂ©publicains, au dĂ©triment de Rick Scott, le prĂ©fĂ©rĂ© de Trump), ni d’un ascendant incontestĂ© sur l’ensemble de son parti, limitant de facto sa capacitĂ© Ă  abroger des textes structurants tels que l’Inflation Reduction Act – IRA (de nombreux États rĂ©publicains bĂ©nĂ©ficient directement des investissements de l’IRA).

Cette fragilitĂ© politique est aggravĂ©e par une Ă©quipe Ă©conomique fragmentĂ©e, oĂč coexistent sans cohĂ©rence doctrinale des profils technocratiques, des faucons protectionnistes et des reprĂ©sentants des intĂ©rĂȘts financiers de Wall Street.

En l’absence de vision stratĂ©gique unifiĂ©e en raison des clivages idĂ©ologiques et d’un pilotage institutionnel stabilisateur, les orientations Ă©conomiques de l’administration Trump pourraient non seulement accentuer la volatilitĂ© macroĂ©conomique dans le monde, mais aussi perturber l’équilibre financier international, dans un contexte oĂč la prĂ©visibilitĂ© et la cohĂ©rence des politiques publiques deviennent des actifs critiques.

La doctrine Trump : vers un affaiblissement monétaire assumé

Face Ă  la dĂ©rive de l’endettement, les rĂ©ponses classiques – relĂšvement des impĂŽts, rĂ©duction des dĂ©penses discrĂ©tionnaires, retour Ă  une stricte discipline budgĂ©taire – apparaissent insuffisantes, voire inopĂ©rantes. Le total des recettes fiscales fĂ©dĂ©rales s’élĂšve Ă  environ 5 000 milliards de dollars par an, un niveau structurellement insuffisant au regard des besoins budgĂ©taires actuels. MĂȘme en envisageant une hausse thĂ©orique de 50% des impĂŽts, hypothĂšse Ă©conomiquement irrĂ©aliste et politiquement inapplicable, le dĂ©sĂ©quilibre fondamental des finances publiques amĂ©ricaines ne serait pas rĂ©sorbĂ©.

Faute de marges budgĂ©taires et conscient de la position centrale du dollar dans l’ordre monĂ©taire international offrant une latitude unique dont aucun autre pays ne dispose, l’attention de l’équipe Ă©conomique de Trump se dĂ©place alors vers les leviers monĂ©taires et commerciaux.

Dans la vision qui semble se dessiner, Trump attribue l’érosion de l’économie amĂ©ricaine Ă  un dollar structurellement surĂ©valuĂ©, consĂ©quence directe de son statut de monnaie de rĂ©serve mondiale, qui attire les capitaux internationaux mais pĂ©nalise la compĂ©titivitĂ© industrielle des États-Unis. Ce dĂ©sĂ©quilibre, amplifiĂ© selon lui par les subventions injustes accordĂ©es Ă  l’industrie dans des pays comme la Chine, aurait conduit Ă  la dĂ©sindustrialisation, Ă  l’explosion des importations et Ă  la perte d’emplois — un diagnostic qu’il conviendrait toutefois de nuancer : le taux de chĂŽmage amĂ©ricain demeure proche de 4%, soit un quasi plein emploi, et l’économie regorge d’emplois de qualitĂ© dans les secteurs non industriels Ă  haute valeur ajoutĂ©e notamment les technologies de pointe.

À cela s’ajoute, dans sa lecture, le rĂŽle stratĂ©gique des États-Unis en tant que garant de la sĂ©curitĂ© mondiale, qui engendre un fardeau militaire croissant, financĂ© par une dette publique soutenable uniquement grĂące Ă  la primautĂ© du dollar.

Dans ce cadre, Trump considĂšre qu’un affaiblissement volontaire du dollar, combinĂ© Ă  une limitation des importations et Ă  un rĂ©Ă©quilibrage du partage des dĂ©penses de dĂ©fense avec les alliĂ©s, permettrait de restaurer l’appareil productif national. Ceux qui refuseraient ces nouvelles rĂšgles du jeu seraient, selon cette doctrine, privĂ©s de la protection sĂ©curitaire amĂ©ricaine.

Cependant, cette analyse fondĂ©e sur la seule apprĂ©ciation du dollar apparaĂźt aujourd’hui discutable. Si le billet vert a connu d’importantes fluctuations, l’indice du dollar (DXY), mesurĂ© face Ă  un panier de six grandes devises, se situe actuellement autour de 104, un niveau dĂ©prĂ©ciĂ© par rapport Ă  celui de janvier 1971, oĂč il culminait Ă  120.

DĂ©valuer pour dominer : l’hĂ©ritage du Plaza

Cette vision n’est pas sans rappeler l’Accord du Plaza de 1985, lorsque les États-Unis, rejoints par la France, le Japon, l’Allemagne de l’Ouest et le Royaume-Uni, avaient coordonnĂ© leurs efforts pour provoquer une dĂ©prĂ©ciation du dollar, jugĂ© alors excessivement fort. Ce prĂ©cĂ©dent historique rĂ©sonne aujourd’hui avec une acuitĂ© particuliĂšre, tant il semble offrir une grille de lecture intellectuelle aux orientations actuelles de la politique Ă©conomique et stratĂ©gique amĂ©ricaine. L’affaiblissement dĂ©libĂ©rĂ© du dollar, loin d’ĂȘtre une simple tactique conjoncturelle, s’inscrit de plus en plus clairement dans une doctrine cohĂ©rente visant Ă  restaurer la compĂ©titivitĂ© industrielle, rĂ©Ă©quilibrer les charges gĂ©opolitiques et redĂ©finir les rapports de force commerciaux et sĂ©curitaires.

Dans le contexte actuel de marchĂ©s financiers hautement interconnectĂ©s et dominĂ©s par des acteurs privĂ©s, tenter de piloter le niveau du dollar via une intervention concertĂ©e ou unilatĂ©rale serait infiniment plus complexe qu’à l’époque du Plaza Accord oĂč la majoritĂ© des monnaies Ă©taient encore administrĂ©es par les banques centrales et les marchĂ©s financiers jouaient un rĂŽle beaucoup plus marginal dans les Ă©conomies.

Pour mĂ©moire, le volume des transactions sur le seul marchĂ© des changes Ă©quivaut, en Ă  peine deux semaines, Ă  l’intĂ©gralitĂ© du produit intĂ©rieur brut mondial annuel. Ce simple ordre de grandeur illustre Ă  quel point les États ou banques centrales, malgrĂ© leur puissance nominale, pĂšsent peu face Ă  la profondeur, la vitesse et la masse de feu des marchĂ©s financiers internationaux. Toute tentative de manipulation monĂ©taire ou d’intervention unilatĂ©rale s’y heurte Ă  des dynamiques systĂ©miques largement hors de portĂ©e du contrĂŽle public.

Les droits de douane

Les droits de douane instaurĂ©s par l’administration Trump apparaissent vraisemblablement comme le prĂ©lude Ă  une stratĂ©gie plus large visant Ă  refaçonner l’économie par le biais d’une dĂ©valuation progressive du dollar, amorcĂ©e dĂšs son arrivĂ©e au pouvoir. En combinant un retrait mĂ©thodique des engagements multilatĂ©raux, des pressions accrues sur les partenaires traditionnels — notamment europĂ©ens, canadiens, mexicains — ainsi que des incitations fiscales ciblĂ©es en faveur de l’investissement productif domestique, Trump initie une dynamique de dĂ©saffection relative envers le dollar.

Vers une restructuration de la dette américaine?

Dans ce contexte, une mesure encore hypothĂ©tique mais de plus en plus discutĂ©e Ă  Washington serait une restructuration explicite de la dette publique amĂ©ricaine. Celle-ci pourrait prendre la forme, entre autres, d’une taxation des coupons obligataires perçus par les non-rĂ©sidents, d’une rĂ©duction unilatĂ©rale des taux faciaux des obligations du TrĂ©sor amĂ©ricain. Une telle Ă©volution remettrait en cause l’intĂ©gritĂ© perçue d’un pilier central de l’architecture financiĂšre mondiale : la dette souveraine amĂ©ricaine, dont moins d’un tiers est actuellement dĂ©tenue par des entitĂ©s Ă©trangĂšres, mais qui demeure le principal actif de rĂ©serve Ă  l’échelle planĂ©taire. Le risque majeur rĂ©side dans le reflux des capitaux Ă©trangers hors des Titres du TrĂ©sor qui provoquerait une hausse brutale des taux d’intĂ©rĂȘt amĂ©ricains, se rĂ©percutant instantanĂ©ment sur les taux de rĂ©fĂ©rence internationaux.

Dans la logique doctrinale de l’équipe Trump, une telle restructuration de la dette publique ne pourrait qu’ĂȘtre suivie d’une intervention massive sur les marchĂ©s des changes. Faute de consensus international, notamment avec les alliĂ©s et partenaires des Etats-Unis, la stratĂ©gie amĂ©ricaine pourrait alors basculer vers des mesures unilatĂ©rales coercitives, visant Ă  restreindre les flux de capitaux entrants ou Ă  taxer les achats Ă©trangers de titres du TrĂ©sor amĂ©ricain. Si de telles actions contribueraient mĂ©caniquement Ă  affaiblir le dollar, elles exerceraient en revanche une pression haussiĂšre sur les taux d’intĂ©rĂȘt amĂ©ricains, allant Ă  rebours des objectifs de relance Ă©conomique et de soutenabilitĂ© budgĂ©taire.

Une autre option envisagĂ©e serait d’imposer aux dĂ©tenteurs Ă©trangers une conversion forcĂ©e de leurs titres en obligations du TrĂ©sor Ă  trĂšs longue maturitĂ© — 50 ou 100 ans —, peu liquides, mais adossĂ©es Ă  des lignes de swap de court terme mises en place par la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale (FED). Ce mĂ©canisme, reposant sur des accords bilatĂ©raux entre la FED et d’autres banques centrales, permettrait Ă  ces derniĂšres d’obtenir des dollars contre leur propre monnaie, avec engagement de rachat Ă  une Ă©chĂ©ance convenue, au mĂȘme taux de change, majorĂ© d’un intĂ©rĂȘt. Cette architecture viserait Ă  lisser les tensions de liquiditĂ©, tout en forçant une extension de la duration de la dette dĂ©tenue par les non-rĂ©sidents.

Un fonds souverain pour peser sur la valeur du dollar

ParallĂšlement, l’administration pourrait Ă©galement envisager la crĂ©ation d’un fonds souverain amĂ©ricain, financĂ© par endettement ou rĂ©allocation budgĂ©taire, dont l’objectif serait de procĂ©der Ă  des achats massifs d’actifs Ă©trangers pour peser structurellement sur la valeur du dollar. Ce levier financier pourrait ĂȘtre combinĂ© Ă  des instruments de pression gĂ©opolitique — notamment tarifaires ou militaires — pour inciter, voire contraindre, des partenaires stratĂ©giques tels que l’Europe, le Canada, le Japon, TaĂŻwan, la CorĂ©e du Sud ou l’Arabie Saoudite Ă  souscrire Ă  des titres de dette Ă  trĂšs long terme – 50 ou 100 ans.

L’inflation comme outil d’érosion discrĂšte

Moins visible mais historiquement redoutablement efficace, l’approche qui consisterait Ă  laisser l’inflation autour de 4% Ă©roder progressivement la valeur rĂ©elle des dettes. Cette stratĂ©gie peut ĂȘtre pilotĂ©e de maniĂšre indirecte par des choix politiques : en exerçant une pression sur la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale pour qu’elle baisse ou limite les relĂšvements de taux, en nommant des gouverneurs favorables Ă  une politique monĂ©taire accommodante, et en façonnant un discours public centrĂ© sur la croissance et l’emploi. Trump a dĂ©jĂ  demandĂ© Ă  la FED de faire baisser son taux directeur (Federal Funds Rate).

Monnaie digitale adossée aux titres du Trésor à échéance

Plus audacieuse, mais porteuse d’un potentiel stratĂ©gique considĂ©rable, l’introduction d’une monnaie digitale souveraine amĂ©ricaine adossĂ©e aux titres du TrĂ©sor Ă  maturitĂ©s longues : 50 ou 100 ans – un crypto-dollar officiel – reprĂ©senterait une vĂ©ritable innovation de rupture dans l’ordre monĂ©taire international.

Conçue comme un instrument exclusivement garanti par la dette fĂ©dĂ©rale Ă  trĂšs long terme, et accessible aux banques centrales Ă©trangĂšres via un rĂ©seau sĂ©curisĂ©, cette devise numĂ©rique consoliderait le rĂŽle des obligations du TrĂ©sor sur 50 ou 100 ans en tant que collatĂ©ral de rĂ©fĂ©rence Ă  l’échelle mondiale. Un tel dispositif constituerait un levier inĂ©dit de projection de la puissance monĂ©taire amĂ©ricaine Ă  l’ùre numĂ©rique.

Dollar faible entre soulagement géopolitique et risque systémique

Toutefois, affaiblir significativement le dollar reviendrait sans doute Ă  un renchĂ©rissement des prix Ă  l’importation aux Etats-Unis mais aussi Ă  une remontĂ©e brutale des taux d’intĂ©rĂȘt domestiques avec un risque systĂ©mique de panique des marchĂ©s financiers s’ils venaient Ă  douter de la solvabilitĂ© ou de la fiabilitĂ© du TrĂ©sor amĂ©ricain. Une telle rupture de confiance dĂ©graderait profondĂ©ment la crĂ©dibilitĂ© du dollar en tant que monnaie de rĂ©serve mondiale et rendrait Ă  terme insoutenable le service de la dette fĂ©dĂ©rale.

Certes, ces scĂ©narios comportent des risques majeurs mais l’histoire Ă©conomique est sans appel : les grandes crises systĂ©miques surviennent non parce qu’aucune solution n’existe, mais parce que les dirigeants refusent d’embrasser la complexitĂ© et d’agir Ă  temps. L’inaction Ă©quivaudrait Ă  exposer l’économie mondiale Ă  une crise Ă©vitable, dont le fardeau pĂšserait de maniĂšre disproportionnĂ©e sur les pays les plus vulnĂ©rables. Mais comment espĂ©rer bĂątir un consensus international Ă©quilibrĂ© lorsque l’administration amĂ©ricaine actuelle rĂ©cuse les principes mĂȘmes du multilatĂ©ralisme?

Enfin, une politique amĂ©ricaine visant Ă  affaiblir le dollar s’accompagnerait vraisemblablement d’un apaisement des tensions gĂ©ostratĂ©giques, notamment en mer de Chine ou au Moyen-Orient, afin de maintenir un climat de faible risque systĂ©mique.

En Ă©vitant de dĂ©clencher un effet refuge vers leurs propres actifs, les États-Unis chercheraient Ă  limiter l’apprĂ©ciation involontaire de leur monnaie. Si le coĂ»t d’une telle stratĂ©gie est portĂ© Ă  l’échelle globale, ses retombĂ©es, dans cette perspective, pourraient paradoxalement favoriser la stabilitĂ© internationale et contribuer Ă  une forme de paix systĂ©mique, au moins temporairement.

Choc pour les Ă©conomies du Sud Global

Si la vision de Trump, stratĂ©giquement plausible, venait Ă  concrĂ©tiser une politique amĂ©ricaine d’affaiblissement coordonnĂ© ou pas du dollar, les Ă©conomies du Sud Global seraient en premiĂšre ligne. Loin d’ĂȘtre un simple ajustement monĂ©taire, ce projet reprĂ©senterait une rupture majeure dans l’architecture Ă©conomique mondiale, dont les consĂ©quences se feraient sentir bien au-delĂ  des frontiĂšres amĂ©ricaines.

La dĂ©pendance structurelle des Ă©conomies du Sud au dollar — en tant que monnaie de facturation, d’endettement et de rĂ©serve — les rend particuliĂšrement vulnĂ©rables Ă  toute dĂ©valuation du billet vert. Une telle Ă©volution provoquerait une apprĂ©ciation artificielle de nombreuses monnaies locales, dĂ©tĂ©riorant leur compĂ©titivitĂ© Ă  l’export et rĂ©duisant la valeur rĂ©elle des rĂ©serves en dollars des pays. Dans les pays fortement dollarisĂ©s, cela se traduirait par une instabilitĂ© monĂ©taire aiguĂ«, une pression accrue sur les taux de change et des sorties de capitaux dĂ©stabilisatrices.

Resserrement financier au détriment du développement

En parallĂšle, l’un des axes clĂ©s de cette vision reposerait sur l’éviction des investisseurs Ă©trangers des obligations du TrĂ©sor amĂ©ricain pour faire baisser la demande en dollar, via des mesures fiscales ou rĂ©glementaires. Ce retrait forcĂ© ferait mĂ©caniquement grimper les taux d’intĂ©rĂȘt amĂ©ricains, avec un effet domino immĂ©diat sur les taux mondiaux. Pour les pays en dĂ©veloppement, cela signifierait un accĂšs plus coĂ»teux et plus restreint aux marchĂ©s internationaux de capitaux, une contrainte budgĂ©taire renforcĂ©e, et des arbitrages douloureux entre service de la dette et investissement dans les prioritĂ©s nationales.

À cela s’ajouteraient les retombĂ©es d’un climat commercial globalement plus conflictuel, caractĂ©risĂ© par le retour aux logiques bilatĂ©rales, les mesures de rĂ©torsion et la fragmentation des chaĂźnes d’approvisionnement — autant de facteurs qui affaibliraient l’intĂ©gration des pays du Sud dans le commerce mondial.

Fragmentation monétaire et recul du multilatéralisme

Enfin, au-delĂ  de l’impact financier immĂ©diat, la vision de Trump remettrait profondĂ©ment en question les fondements du multilatĂ©ralisme Ă©conomique. En substituant aux rĂšgles collectives une logique de rapports de force, les États-Unis fragiliseraient davantage encore des institutions dĂ©jĂ  sous tension, comme l’OMC, le FMI ou la Banque mondiale — prĂ©cisĂ©ment celles oĂč les pays du Sud peuvent encore faire entendre leur voix. Sur le plan monĂ©taire, la perte de confiance dans le dollar pourrait contraindre ces pays Ă  diversifier leurs ancrages, sans qu’aucune alternative crĂ©dible (euro, yuan, monnaies rĂ©gionales) ne soit vĂ©ritablement prĂȘte. Ce processus, s’il est prĂ©cipitĂ©, risque d’aboutir Ă  une fragmentation monĂ©taire dĂ©sordonnĂ©e, propice aux crises de change et Ă  l’érosion des rĂ©gulations financiĂšres nationales.

Stratégie de positionnement

Au-delĂ  de la sphĂšre diplomatique, la rĂ©ponse du Sud Global doit ĂȘtre financiĂšrement structurante. Il s’agit d’accĂ©lĂ©rer la diversification des ancrages monĂ©taires par la mise en place de mĂ©canismes rĂ©gionaux robustes : paniers de devises pour le commerce intra-Sud, fonds de rĂ©serves multilatĂ©raux, et accords de swap entre banques centrales du Sud.

SimultanĂ©ment, le dĂ©veloppement de marchĂ©s de capitaux rĂ©gionaux devient un levier indispensable pour rĂ©duire la dĂ©pendance au dollar : cela implique le renforcement des bourses rĂ©gionales, la crĂ©ation ou la consolidation d’agences de notation indĂ©pendantes, et un soutien accru aux banques publiques de dĂ©veloppement. Cette stratĂ©gie vise Ă  accroĂźtre la souverainetĂ© financiĂšre, Ă  amortir les chocs liĂ©s Ă  la hausse des taux internationaux, et Ă  offrir aux Ă©conomies du Sud une capacitĂ© de financement endogĂšne, plus prĂ©visible et mieux adaptĂ©e Ă  leurs prioritĂ©s structurelles. Il s’agit de bĂątir une architecture Ă©conomique plus rĂ©siliente, fondĂ©e sur la coopĂ©ration Sud-Sud, l’innovation monĂ©taire et la rĂ©duction des asymĂ©tries systĂ©miques.

En somme, la doctrine Ă©mergente autour d’un dollar affaibli, d’un repli fiscal et d’un dĂ©sengagement multilatĂ©ral marque une rupture avec l’ordre Ă©conomique qui a prĂ©valu depuis l’aprĂšs-guerre. Si cette stratĂ©gie offre, Ă  court terme, une illusion de rĂ©industrialisation et de souverainetĂ© budgĂ©taire, elle ouvre en rĂ©alitĂ© la voie Ă  une instabilitĂ© financiĂšre accrue, Ă  une fragmentation monĂ©taire mondiale et Ă  une remise en cause des Ă©quilibres multilatĂ©raux.

Pour les Ă©conomies du Sud Global, l’enjeu est vital : il ne s’agit plus seulement de s’adapter, mais de construire une rĂ©ponse proactive et coordonnĂ©e, afin de prĂ©server leur souverainetĂ© Ă©conomique et d’éviter d’ĂȘtre les victimes collatĂ©rales d’une nouvelle Ăšre de dĂ©sordre financier international.

* Economiste, banquier et financier.

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Alger accueille l’ICT Africa Summit 2025

L’ICT Africa Summit 2025 se tiendra du 21 au 23 avril 2025 au Palais des Expositions d’Alger, Pavillon A, Safex, AlgĂ©rie. Cette Ă©dition du salon marque la convergence historique de trois Ă©vĂ©nements majeurs : le Digital Africa Summit, ICT Maghreb et Alvetic.

Cette synergie crĂ©e une plateforme pour l’innovation, la collaboration et la transformation numĂ©rique en Afrique. Les participants dĂ©couvrent les derniĂšres innovations technologiques, rencontrent des leaders de l’industrie et des startups prometteuses, explorent les opportunitĂ©s de partenariat et d’investissement et prennent part Ă  des confĂ©rences de haut niveau, des ateliers et des sessions de rĂ©seautage.

Cette annĂ©e, grĂące au B2B Lab, la plateforme intelligente de matchmaking B2B, ils peuvent avoir des rencontres professionnelles intĂ©ressantes, trouver des partenaires pour dĂ©velopper leur business, planifier des rendez-vous d’affaires qualifiĂ©s avant et pendant l’évĂ©nement, rencontrer d’autres participants dans l’espace B2B dĂ©diĂ© pour maximiser leur prĂ©sence et leurs opportunitĂ©s commerciales.

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Etats-Unis | Avis aux demandeurs de visa

L’ambassade des États-Unis en Tunisie a publiĂ© un communiquĂ© ce mercredi 2 avril 2025, adressĂ© aux demandeurs de visa, leur recommandant d’éviter de recourir Ă  des intermĂ©diaires et de payer des frais supplĂ©mentaires.

Dans le cas oĂč les informations figurant sur la demande de visa s’avĂšrent fausses (comme le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone du demandeur ou son adresse e-mail), l’ambassade se rĂ©serve le droit d’annuler le rendez-vous en question.

Les demandeurs de visas sont responsables de l’exactitude et de la vĂ©racitĂ© des informations figurant dans leur demande, souligne l’ambassade.

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La dĂ©cision de la BCT de baisser son taux directeur de 50 points ou quand la montagne accouche d’une souris !

L’auteur de cet article, un Ă©conomiste spĂ©cialiste en thĂ©orie monĂ©taire et expert international, considĂšre que la derniĂšre dĂ©cision prise par la Banque centrale de Tunisie (BCT) de rĂ©duire son taux directeur de 50%, va certes dans le bon sens, mais est de loin trop timide pour provoquer une reprise de confiance des investisseurs et une vĂ©ritable bouffĂ©e d’oxygĂšne pour les opĂ©rateurs Ă©conomiques. L’article se termine par la proposition de mesures monĂ©taires choc afin de relancer la croissance Ă©conomique et sortir l’économie du marasme qu’elle connaĂźt depuis plusieurs annĂ©es. Son analyse, objective et basĂ©e sur les enseignements de la science Ă©conomique, ne prĂ©sage rien de bon si un tel Ă©lectrochoc d’ordre monĂ©taire n’est pas dĂ©cidĂ© dans les plus brefs dĂ©lais, y compris s’il le faut par un dĂ©cret prĂ©sidentiel, pour remettre l’économie tunisienne sur les rails de la croissance Ă©conomique et de la crĂ©ation d empois et de richesses.

Dr. Sadok Zerelli

Tous les opĂ©rateurs Ă©conomiques, mĂȘmes des observateurs et experts comme moi-mĂȘme, attendaient avec impatience que la BCT se dĂ©cide enfin Ă  desserrer l’étau qu’elle maintenait sur les opĂ©rateurs Ă©conomiques avec un taux directeur qu’elle a augmentĂ© Ă  huit reprises depuis la promulgation de la loi de 2016 qui lui accorde l’autonomie de dĂ©cision, et l’a portĂ© jusqu’à 8%, niveau auquel il se situe depuis deux ans. Ni la nomination d’un nouveau gouverneur, qui n’a fait que reconduire la politique de son prĂ©dĂ©cesseur, ni les pressions exercĂ©es par le PrĂ©sident de la RĂ©publique lui-mĂȘme qui, bien que juriste de formation, a bien compris le caractĂšre nocif d’un taux directeur aussi Ă©levĂ© et l’inefficacitĂ© de la politique monĂ©taire menĂ©e par la BCT, sous le prĂ©texte de lutter contre l’inflation, n’y ont rien fait

Finalement, la montagne a accouchĂ© d’une souris et la BCT a bien voulu baisser son taux directeur de 50%, le ramenant de 8% Ă  7,5%, comme si cette baisse infime va changer grand-chose dans le comportement des agents Ă©conomiques et permettre de relancer les investissements, la crĂ©ation d’emplois et la croissance Ă©conomique qui stagne depuis plusieurs annĂ©es entre 1% et 2%, justement depuis que la BCT mĂšne cette politique monĂ©taire trĂšs restrictive basĂ©e sur une spirale d’accroissement de son taux directeur, dans l’espoir d’arriver Ă  maĂźtriser l’inflation, objectif qu’elle a lamentablement Ă©chouĂ© Ă  atteindre puisque celle-ci avait plafonnĂ© Ă  11,3% et qu’elle demeure encore aujourd’hui relativement Ă©levĂ©e (7% en 2024, pour un taux de croissance du PIB qui n’a pas dĂ©passĂ© 1,4% pour la mĂȘme annĂ©e, soit une baisse du pouvoir d’achat gĂ©nĂ©ral et du niveau de vie de la population de 5,6% pour cette seule annĂ©e). 

Plus dĂ©cevant encore est le fait que la BCT a baissĂ© par le mĂȘme communiquĂ© le taux de rĂ©munĂ©ration de l’épargne de 50% aussi, le ramenant de 7% Ă  6,5% et annihilant ainsi du mĂȘme coup le peu d’effet que pourrait avoir la baisse de 50% de son taux directeur.

En tant qu’économiste universitaire ayant enseignĂ© pendant des annĂ©es la thĂ©orie monĂ©taire et expert international ayant plus de vingt ans d’expĂ©rience dans une trentaine de pays africains pour le compte de grands bailleurs de fonds (BAD, BEI, Banque Mondiale, UE
), je dĂ©nonce dans le prĂ©sent article la timiditĂ© voire l’inefficacitĂ© de cette dĂ©cision pour relancer les investissements et sortir l’économie nationale de sa torpeur et je propose Ă  la fin de mon analyse les mesures choc d’ordre monĂ©taire qu’il faudrait prendre, Ă  mon avis, pour provoquer un vĂ©ritable soubresaut et remettre notre Ă©conomie sur le chemin de la croissance et de la crĂ©ation d’emplois et de richesses.

En introduction, je voudrais faire remarquer Ă  l’attention de mes fidĂšles lecteurs et lectrices qui ont dĂ©jĂ  lu un ou plusieurs de mes prĂ©cĂ©dents articles sur ce mĂȘme sujet (au moins une bonne quinzaine publiĂ©s depuis trois ou quatre ans dans Kapitalis) que la plupart des idĂ©es et arguments que je prĂ©sente dans le prĂ©sent article ne sont pas vraiment nouveaux, mais quitte Ă  me rĂ©pĂ©ter, j’en reprends un certain nombre pour argumenter le prĂ©sent article et convaincre les plus sceptiques et les plus hauts responsables du pays de l’inefficacitĂ© et de la nuisance de la politique monĂ©taire que la BCT mĂšne depuis 2016, et de la pertinence des mesures que je propose Ă  la place.

Pour la facilité de compréhension de mon analyse, je vais la présenter, dans le langage le plus simple et accessible au grand public, idée par idée ou argument par argument.

Argument 1 / La premiĂšre fonction d’un Institut d’Emission est de financer l’activitĂ© Ă©conomique

Fixer et inscrire dans le statut mĂȘme de la BCT que sa premiĂšre mission est la lutte contre l’inflation comme l’ont fait les dĂ©putĂ©s qui ont Ă©laborĂ© et votĂ© cette loi de 2016 est une preuve de leur ignorance totale des enseignements de la science Ă©conomique et des mĂ©canismes de base de financement d’une Ă©conomie. Je leur rappelle que la thĂ©orie monĂ©taire est une discipline universitaire qui s’enseigne dans toutes les facultĂ©s de sciences Ă©conomiques du monde et dont certains spĂ©cialistes ont obtenu le prix Nobel en Ă©conomie pour leurs travaux de recherche dans ce domaine. Ne s’improvise pas Ă©conomiste qui veut, surtout spĂ©cialiste en Ă©conomie monĂ©taire, une des disciplines parmi les plus complexes et difficiles de la science Ă©conomique, en particulier nos ex-lĂ©gislateurs en herbe.

Ces ex-dĂ©putĂ©s amateurs en politique auraient dĂ» savoir que la premiĂšre responsabilitĂ© de la BCT est d’abord de veiller Ă  la solvabilitĂ© de l’ensemble du systĂšme bancaire (en imposant Ă  chaque banque de dĂ©tenir un minimum de rĂ©serves obligatoires pour faire face Ă  des demandes de retraits de dĂ©pĂŽts), ensuite de mettre Ă  la disposition de l’ensemble des agents Ă©conomiques, y compris l’Etat, assez de liquiditĂ©s pour leur permettre de financer leurs activitĂ©s Ă  travers ce qu’on appelle le processus de refinancement des banques commerciales (achat et vente de titres de crĂ©ance publics et privĂ©s sur le marchĂ© monĂ©taire, ce qu’on appelle des opĂ©rations d’open market). Sa responsabilitĂ© dans la lutte contre l’inflation n’arrive qu’en troisiĂšme position et se limite au contrĂŽle de la masse monĂ©taire en circulation et la fixation du taux directeur qui sert de  base de calcul du taux du marchĂ© monĂ©taire (TMM) qui lui-mĂȘme sert de base de calcul des taux d’intĂ©rĂȘt dĂ©biteurs que les banques appliquent Ă  leurs clients (TMM + une marge bĂ©nĂ©ficiaire de 4 Ă  5 points selon les banques, soir 12 Ă  13% pour un taux directeur de 8%).

En matiĂšre de politique monĂ©taire, ce qui est fondamental de savoir et que les responsables de notre banque centrale semblent ignorer, est que le taux directeur d’une banque centrale est LA variable de base qui dĂ©termine l’équilibre macroĂ©conomique gĂ©nĂ©ral dans une Ă©conomie, en assurant l’équilibre simultanĂ© sur le marchĂ© des biens et services (tel que l’épargne est Ă©gale Ă  l’investissement) et l’équilibre sur le marchĂ© monĂ©taire (tel que l’offre de monnaie est Ă©gale Ă  la demande de monnaie). Selon le niveau du taux directeur de la banque centrale, cet Ă©quilibre gĂ©nĂ©ral peut correspondre Ă  un Ă©quilibre de plein emploi sans chĂŽmage ou un Ă©quilibre de sous-emploi avec chĂŽmage involontaire, comme c’est le cas en Tunisie oĂč la croissance Ă©conomique n’a jamais Ă©tĂ© aussi faible et le chĂŽmage aussi Ă©levĂ© que depuis que la BCT a enclenchĂ© cette spirale infernale et stupide d’accroissement de son taux directeur (Je renvoie Ă  ce sujet les  responsables de notre BCT aux travaux de recherche et au modĂšle du type keynĂ©sien IS/LM dĂ©veloppĂ© par Hicks et pour lesquels il a reçu le Prix Nobel en Ă©conomie).

Argument 2 / L’inflation n’est pas seulement un phĂ©nomĂšne monĂ©taire 

Il n’est pas nĂ©cessaire d’ĂȘtre un Ă©minent Ă©conomiste ni l’un de ces  Â«professeurs des universitĂ©s» en sciences Ă©conomiques qui n’ont que le titre et qui ne publient jamais aucun article, pour savoir qu’il existe quatre causes principales d’inflation, sur trois desquelles le taux directeur de la BCT ne peut avoir aucun effet. Cette rĂ©alitĂ© explique pourquoi, malgrĂ© les huit accroissements successifs auxquels la BCT a procĂ©dĂ© depuis sept Ă  huit ans jusqu’à le porter 8% depuis deux ans, celle-ci n’a jamais rĂ©ussi Ă  la ramener au niveau oĂč elle Ă©tait avant l’adoption de la loi de 2016 (4%) et l’inflation reste Ă©levĂ©e encore aujourd’hui (7% pour 2024, aprĂšs avoir atteint mĂȘme 11,3% en 2022/2023).

Je dois faire remarquer Ă  ce sujet que la baisse relative de l’inflation qu’on enregistre depuis deux ans n’est pas due au succĂšs de la politique monĂ©taire du taux directeur, comme les responsables de la BCT s’en vantent, mais Ă  baisse de la demande intĂ©rieure en raison du blocage des salaires et de la baisse du pouvoir d’achat d’un cĂŽtĂ©, et de la dĂ©tente des cours du pĂ©trole et des matiĂšres premiĂšres sur le marchĂ© international de l’autre.

La premiĂšre cause de l’inflation en Tunisie est le dĂ©sĂ©quilibre entre l’offre et la demande sur chacun des marchĂ©s de biens ou services. Lorsque l’offre globale (production locale plus importations,) diminue ou reste stable, alors que la demande globale (consommation intĂ©rieure plus exportation) augmente, les prix s’élĂšvent pour ajuster l’offre Ă  la demande.

Ce phĂ©nomĂšne est aggravĂ© par l’opacitĂ© des circuits de distribution et les spĂ©culateurs qui y sĂ©vissent Ă  tous les niveaux.

Compte tenu du stress hydrique en Tunisie, de la baisse de la production agricole et des contraintes d’importations posĂ©es par la BCT pour prĂ©server les rĂ©serves en devises pour pouvoir payer les Ă©chĂ©ances de la dette extĂ©rieure, on peut considĂ©rer que cette premiĂšre cause est responsable d’au moins 30% ou 40% de l’inflation globale, sur laquelle le niveau du taux directeur ne peut avoir aucun effet.

Pire, en rendant le crĂ©dit plus cher pour les entreprises qui veulent investir et accroĂźtre leur production pour satisfaire la demande, on peut accuser cette politique du taux directeur Ă©levĂ© de gĂ©nĂ©rer et alimenter l’inflation au lieu de la combattre.

 La deuxiĂšme cause de l’inflation est celle importĂ©e Ă  travers notre commerce extĂ©rieur et qui est dĂ» Ă  l’accroissement des cours du pĂ©trole et certaines matiĂšres premiĂšres et produits agricoles sur le marchĂ© international, aggravĂ© par la dĂ©prĂ©ciation lente et continue du taux de change du dinar, qui est une rĂ©sultante directe du dĂ©ficit de notre balance des paiements.

Il est Ă©vident que le taux directeur de la BCT est impuissant pour lutter contre cette deuxiĂšme source de l’inflation qui est loin d’ĂȘtre nĂ©gligeable compte de tenu de la grande ouverture de notre Ă©conomie 

La troisiĂšme cause est l’accroissement des coĂ»ts de production des entreprises, salaires, matiĂšres premiĂšres, taxes, etc. LĂ  encore, en augmentant les taux d’intĂ©rĂȘt et les charges de financement des entreprises les obligeant Ă  les rĂ©percuter sur leurs prix de vente si elles ne veulent pas faire faillite, on peut accuser la politique du taux directeur Ă©levĂ© de la BCT de contribuer Ă  crĂ©er de l’inflation au lieu de la combattre.

Il ne reste donc plus Ă  mon sens que 10 ou 20% d’inflation qui est d’origine strictement monĂ©taire que la BCT pourrait combattre en augmentant son taux directeur dans l’espoir que cela va rĂ©duire les crĂ©dits accordĂ©s par les banques et donc la masse monĂ©taire en circulation, si les conditions de rĂ©ussite de cette politique sont remplies, ce qui est loin d’ĂȘtre le cas comme je vais l’expliquer par la suite.

Argument 3 / Les conditions de rĂ©ussite d’une politique de type monĂ©tariste ne sont pas rĂ©unies en Tunisie 

L’ex-Gouverneur, qui est Ă  l’origine de la loi d’indĂ©pendance de la BCT et qui l’a dirigĂ©e jusqu’à son remplacement il y moins d’un an, a appliquĂ© sur recommandation du FMI (selon ses dires) et probablement sans le savoir (encore moins pour le nouveau qui n’est mĂȘme pas un Ă©conomiste spĂ©cialiste en Ă©conomie monĂ©taire mais en Ă©conomie de l’énergie) une politique monĂ©taire de type monĂ©tariste basĂ©e sur les enseignements de la thĂ©orie quantitative de la monnaie dont le chef de file est l’AmĂ©ricain Milton Friedmann.

Cette thĂ©orie repose sur une fameuse «Equation de Cambridge» qui stipule que lorsque la masse monĂ©taire en circulation baisse suite Ă  une augmentation du taux directeur (ou des rĂ©serves obligatoires imposĂ©es aux banques, une autre politique monĂ©taire alternative), le niveau gĂ©nĂ©ral des prix baisse automatiquement pour le mĂȘme niveau de la production (PIB) si la vitesse de circulation de la monnaie reste constante Ă  court terme (nombre de fois oĂč un dinar change de mains durant une pĂ©riode de temps donnĂ©e,)

Or, en Tunisie cette condition fondamentale pour la rĂ©ussite d’une politique monĂ©taire de type monĂ©tariste n’est pas remplie Ă  cause de l’importance du secteur informel ou de ce qu’on appelle l’économie souterraine (54% du PIB selon certains experts) oĂč le volume et le nombre de transactions s’accroĂźt Ă  chaque fois que la BCT Ă©lĂšve son taux directeur, obligeant davantage d’opĂ©rateurs Ă©conomiques Ă  recourir Ă  des financements hors des circuits bancaires classiques. Les Ă©conomistes appellent cela les mĂ©canismes de transmission entre l’économie rĂ©elle et l’économie monĂ©taire, qui sont d’autant plus faibles en Tunisie que, selon une Ă©tude de Fich Solutions, seuls 35% des Tunisiens disposent d’un compte courant bancaire ou postal.

Argument 4 | L’inefficacitĂ© de la politique d’«ajouter de l’eau, ajouter de la semoule»

Ce proverbe tunisien illustre bien Ă  mon sens la politique monĂ©taire appliquĂ©e par la BCT depuis qu’elle est indĂ©pendante, qui consiste Ă  lutter contre l’inflation par un accroissement de son taux directeur qui lui-mĂȘme contribue Ă  crĂ©er davantage d’inflation (en rendant plus cher les crĂ©dits pour les entreprises qui veulent investir ou accroĂźtre leur production et en les obligeant Ă  rĂ©percuter l’accroissement de leurs charges de financement sur leurs prix de vente si elles ne veulent pas faire faillite), ce qui engendre un autre accroissement du taux directeur
 

Argument 5 | La baisse simultanĂ©e du taux de rĂ©munĂ©ration de l’épargne de 50% annule les effets possibles de la baisse de 50% du taux directeur 

Dans l’un de mes articles, j’avais expliquĂ©, analyse des agrĂ©gats macro-Ă©conomiques Ă  l’appui, que le problĂšme numĂ©ro un de l’économie tunisienne, Ă  l’origine de tous les autres (faiblesse des investissements, de la croissance Ă©conomique, accroissement du chĂŽmage, de l’inflation, dĂ©ficit de la balance des paiements, dĂ©prĂ©ciation du dinar, baisse du niveau de vie, etc.) est la faiblesse de l’épargne nationale qui est passĂ©e de 27% du PIB en 2010 Ă  6% actuellement. Une des causes principales est que depuis que l’inflation s’est emballĂ©e, soit pratiquement depuis 2017, le taux de rĂ©munĂ©ration de l’épargne est restĂ© presque le mĂȘme rĂ©duisant ainsi le taux de rĂ©munĂ©ration rĂ©el de l’épargne.

Or, les mĂ©nages ne sont pas dupes et mĂȘme ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans une Ă©cole, comprennent instinctivement qu’ils n’ont pas intĂ©rĂȘt Ă  Ă©pargner parce qu’ils seront perdants en termes de pouvoir d’achat.

Pire, dans un contexte inflationniste comme celui que nous connaissons depuis plusieurs annĂ©es, lorsque les opĂ©rateurs Ă©conomiques n’ont pas confiance dans la capacitĂ© des autoritĂ©s monĂ©taires pour maĂźtriser l’inflation, ils ont tendance Ă  accĂ©lĂ©rer leurs consommations Ă  court terme parce qu’ils anticipent une inflation plus grande dans le futur (d’aprĂšs la thĂ©orie des anticipations rationnelles de Lucas).

C’est exactement ce qui se passe en Tunisie oĂč la consommation intĂ©rieure ne diminue pas malgrĂ© l’augmentation continue du taux directeur de la BCT et en consĂ©quence des taux d’intĂ©rĂȘt dĂ©biteurs appliquĂ©s par les banques commerciales Ă  leurs clients. La seule rĂ©sultante certaine de cette politique monĂ©taire est une baisse de l’épargne et un accroissement de l’endettement des mĂ©nages et des entreprises.

Dans ce sens, je peux l’affirmer sans me tromper que la dĂ©cision de baisser de 50% le taux de rĂ©munĂ©ration de l’épargne va Ă  contre sens et annule les effets possibles sur le comportement des agents Ă©conomiques de sa dĂ©cision de rĂ©duire son taux directeur de 50% aussi.

La seule explication que personnellement je trouve (il y a toujours une explication derriĂšre chaque dĂ©cision, il suffit de bien chercher) est que la BCT tient Ă  garder intacte la marge bĂ©nĂ©ficiaire des banques qui provient de la diffĂ©rence entre le taux de rĂ©munĂ©ration des dĂ©pĂŽts d’épargne qu’elles reçoivent et le taux d’intĂ©rĂȘt dĂ©biteur qu’elles appliquent Ă  leurs clients. A partir du moment oĂč elles seront obligĂ©es de rĂ©percuter la baisse de 50% du taux directeur sur leurs taux d’intĂ©rĂȘts dĂ©biteurs, la baisse de 50% du taux de rĂ©munĂ©ration de l’épargne leur permet de prĂ©server leurs marges bĂ©nĂ©ficiaires. Pour moi, c’est une preuve de plus que notre banque centrale est au service des lobbies bancaires avant d’ĂȘtre au service de l’économie nationale 

Argument 6 | La politique monĂ©taire alternative 

A supposer que l’école de pensĂ©e monĂ©tariste Ă  laquelle semblent adhĂ©rer consciemment ou pas l’ex comme le nouveau gouverneur de notre BCT soit juste (beaucoup d’économistes, comme moi-mĂȘme, n’en sont pas convaincus – voir mon article oĂč je prĂ©sente les diffĂ©rentes Ă©coles de pensĂ©es Ă©conomiques et intitulĂ© «Quel modĂšle de dĂ©veloppement Ă©conomique pour la Tunisie de Kais SaĂŻed ?»), Ă  savoir qu’il suffit de contrĂŽler la masse monĂ©taire en circulation pour contrĂŽler l’inflation, les Ă©conomistes monĂ©taristes eux-mĂȘmes, Friedmann en premier lieu, mentionnent clairement qu’il existe un autre moyen pour arriver Ă  contrĂŽler la masse monĂ©taire en circulation : le taux de rĂ©serves obligatoires que les banques commerciales sont tenues de dĂ©tenir, par des circulaires de la banque centrale

Il faut savoir Ă  ce sujet qu’en Tunisie, environ 80% de la masse monĂ©taire en circulation est sous forme de monnaie scripturale, c’est-Ă -dire de monnaie crĂ©Ă©e par les banques commerciales Ă  l’occasion des crĂ©dits qu’elles accordent Ă  leurs clients. Or, on dĂ©montre mathĂ©matiquement, que le processus de crĂ©ation monĂ©taire par les banques commerciales est une suite algĂ©brique qui converge vers l’inverse du taux de rĂ©serves obligatoires. Cela veut dire qu’augmentant par circulaire le taux moyen des rĂ©serves obligatoires des banques commerciales par exemple de 5% seulement, rĂ©duit automatiquement de 20 fois leur capacitĂ© de crĂ©er de la monnaie scripturale et gonfler ainsi la masse monĂ©taire en circulation.

La question que tout un chacun(e) se pose est : puisque c’est si facile et plus efficace, pourquoi la BCT n’applique-t-elle pas cette politique des rĂ©serves obligatoires? La seule rĂ©ponse que j’ai est que si elle le fait, les banques commerciales vont pouvoir accorder beaucoup moins de crĂ©dit et donc gagner beaucoup moins de bĂ©nĂ©fices alors qu’en augmentant son taux directeur, les banques commerciales vont faire beaucoup plus de bĂ©nĂ©fices, surtout Ă  cause de cet article 25 de la loi de 2016 qui interdit au TrĂ©sor d’emprunter directement auprĂšs de la banque centrale et l’oblige Ă  Ă©mettre des bons du TrĂ©sor dont le taux de rĂ©munĂ©ration est d’autant plus Ă©levĂ© que le taux directeur de la BCT est Ă©levĂ©. C’est aussi simple et aussi choquant que cela. Un Ă©conomiste qui enseigne et vit au Canada, Moktar Lamari pour ne pas le nommer, dont les analyses et conclusions rejoignent totalement les miennes, parle de «vampirisation» de l’économie nationale par le lobby bancaire avec la BCT Ă  sa tĂȘte, un terme que je n’ai jamais entendu ou lu mais que je reprends Ă  mon compte.

Argument 7 | OpacitĂ© des dĂ©cisions de la BCT 

Aujourd’hui, la mode parmi les hauts responsables de l’Etat est de se cacher derriĂšre telle ou telle commission, tel ou tel conseil d’administration ou structure administrative pour Ă©chapper Ă  leurs responsabilitĂ©s et ne pas subir les consĂ©quences de leurs dĂ©cisions. Cela permet aussi de donner l’impression au public que c’était la bonne dĂ©cision Ă  prendre puisqu’elle a Ă©tĂ© dĂ©battue et votĂ©e souvent Ă  l’unanimitĂ© des membres de cette structure administrative ou CA.

Dans le cas de la BCT, aussi bien l’ex que le nouveau gouverneur excellent dans cet art dilatoire de responsabilitĂ© et commencent toujours la moindre dĂ©claration par : le CA a dĂ©cidé  comme s’ils ne sont eux-mĂȘmes que les porte-paroles de leur CA et non pas des Gouverneurs payĂ©s 120 000 dinars par an avec Mercedes, chauffeur, etc., pour tracer et assumer la responsabilitĂ© de la politique monĂ©taire Ă  mener dans le pays.  

A propos de ce mystĂ©rieux CA de la BCT, il faut savoir que la liste, les CV, et l’expĂ©rience de ses membres n’est jamais Ă©tĂ© publiĂ©e. C’est dĂ©jĂ  une entorse de taille Ă  la transparence des dĂ©cisions prises par ce fameux CA. Tout ce qu’on sait est qu’ils sont une vingtaine, souvent des directeurs gĂ©nĂ©raux d’administration nommĂ©s par leur ministre de tutelle pour reprĂ©senter leurs dĂ©partements ministĂ©riels au sein du CA de la BCT, en plus de trois Ă©conomistes universitaires nommĂ©s par le Gouverneur lui-mĂȘme ou sur sa proposition. A ce sujet, deux remarques s’imposent.

La premiĂšre est que les diffĂ©rents directeurs gĂ©nĂ©raux d’administration, membres du CA de la BCT, peuvent ĂȘtre trĂšs compĂ©tents dans leurs domaines respectifs (agriculture, industrie, commerce, transport, etc.) mais n’ont certainement pas une formation en Ă©conomie monĂ©taire suffisante pour savoir quelles sont les fondements thĂ©oriques de la politique monĂ©taire qu’ils ont en train d’appliquer, quelles autres politiques monĂ©taires possibles pour maĂźtriser l’inflation, quel est le rĂŽle et l’impact du taux directeur non seulement sur l’inflation mais aussi sur le niveau auquel s’établit l’équilibre macroĂ©conomique gĂ©nĂ©ral, Ă  quelles conditions l’équation de Cambridge, qu’ils sont en train d’appliquer et dont ils n’ont certainement jamais entendu parler, pourrait-elle rĂ©ussir


La deuxiĂšme remarque est que les trois Ă©conomistes universitaires qui sont censĂ©s Ă©clairer leur collĂšgues non Ă©conomistes sur les enseignements de la thĂ©orie monĂ©taire et les diffĂ©rentes politiques monĂ©taires possibles pour lutter contre l’inflation selon les diffĂ©rentes Ă©coles de pensĂ©e Ă©conomique (monĂ©tariste, keynĂ©sienne, nĂ©olibĂ©rale), sont nommĂ©s d’une façon opaque par le gouverneur sur la base d’affinitĂ©s d’idĂ©es quand ce n’est pas de relations personnelles. Personnellement, cela m’intĂ©resse beaucoup de savoir Ă  travers la lecture de leurs publications scientifiques (au cas oĂč ils en ont, ce qui n’est souvent pas le cas), s’ils appartiennent bien chacun Ă  l’une de ces  trois Ă©coles et procĂšdent bien Ă  des dĂ©bats contradictoires avant de proposer Ă  leurs collĂšgues ou au gouverneur de prendre telle ou telle dĂ©cision. Le philosophe allemand Hegel ne disait-il pas que c’est seulement de la contradiction que naĂźt la vĂ©ritĂ©?

Argument 8 / Benchmark 

Admettons que je ne comprends rien Ă  l’économie monĂ©taire et que Hicks ne mĂ©ritait pas le Prix Nobel en Ă©conomie qui lui a Ă©tĂ© dĂ©cernĂ© pour ses travaux de recherche sur lesquels je me base dans mes analyses, montrant sans Ă©quivoque le lien entre le taux directeur d’une banque centrale et le niveau auquel s’établit le niveau du PIB et donc le taux de croissance Ă©conomique d’un pays, il y a quand mĂȘme des comparaisons internationales (benchmark) qui parlent d’elles-mĂȘmes. 

Je ne vais pas citer des pays dĂ©veloppĂ©s comme la Grande-Bretagne ou le Japon ou les Etats-Unis
 des pays desquels des annĂ©es lumiĂšres nous sĂ©parent tant en termes de transparence de leurs politiques monĂ©taires que de compĂ©tence des gouverneurs de leurs banques centrales et des rĂ©sultats qu’ils arrivent Ă  obtenir, mais de pays proches et de taille et niveau de dĂ©veloppement proches de la Tunisie.

Au Maroc, un pays oĂč l’économie est basĂ©e essentiellement sur les phosphates, l’agriculture et le tourisme, comme la nĂŽtre, le taux directeur de la banque centrale est de 2,25%, le taux d’inflation annuelle pour l’annĂ©e 2024 est de 0,8% (ce n’est pas une erreur de frappe, je dis bien 0,8% par an et non pas par mois comme chez nous) et le taux de croissance Ă©conomique est de 3,5% avec 3,9% attendu pour 2025 selon le FMI (contre, je le rappelle, un taux directeur de 7,5% selon la derniĂšre dĂ©cision de la BCT, un taux d’inflation officiel en 2024 de 7% et un taux de croissance de 1,4% en Tunisie).

Dans les huit pays de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire ouest-africaine (UEMOA) qui partagent une monnaie commune, le «franc CFA» et une politique monĂ©taire gĂ©rĂ©e par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO : BĂ©nin, Burkina Faso, CĂŽte d’Ivoire, CĂŽte d’Ivoire, GuinĂ©e-Bissau, Mali, Niger, SĂ©nĂ©gal et Togo), le taux directeur actuel est de 3,5%, le taux d’inflation en glissement annuel s’est Ă©tabli Ă  2,6% en dĂ©cembre 2024 et le taux de croissance du PIB rĂ©el pour la mĂȘme annĂ©e 2024 s’est Ă©tablit Ă  6,2%.

Est-ce que ces dirigeants des banques centrales africaines, auxquels on a tendance Ă  se croire supĂ©rieurs parce qu’on a la peau plus claire, sont plus compĂ©tents que les nĂŽtres? Il y a lieu de le croire. En tout cas, moi je le crois sur la base de leurs performances en matiĂšre de bonne gouvernance Ă©conomique par rapport Ă  celles de nos responsables.

Conclusion 

Pour cet article, j’ai deux conclusions, l’une est sĂ©rieuse et professionnelle et l’autre est humoristique.

Sur le plan professionnel, je considĂšre d’aprĂšs ma formation d’économiste, mon suivi rĂ©gulier de tous les indicateurs et agrĂ©gats macro-Ă©conomiques et mon expĂ©rience internationale, que notre Ă©conomie est non seulement malade mais elle est mĂȘme mourante (je ne lui donne pas plus de trois ou quatre ans de survie, avant la banqueroute de l’Etat, le dĂ©faut de paiement et le passage devant les crĂ©anciers des clubs de Paris pour nĂ©gocier le rĂ©Ă©chelonnement la dette publique et celui de Londres pour la dette privĂ©e, avec Ă  la clĂ© une explosion sociale Ă  cĂŽtĂ© e laquelle la rĂ©voltĂ© du pain de1980 et la rĂ©volution  de 2011 apparaĂźtront comme des incidents mineurs).

Or, quand quelqu’un est mourant, le seul espoir de le sauver est un Ă©lectrochoc. Dans le cas de notre Ă©conomie, cet Ă©lectrochoc doit consister Ă  mon avis en une baisse de 4 points du taux directeur pour le ramener Ă  3,5%, simultanĂ©ment qu’une augmentation de 4 points du taux moyen de rĂ©serves obligatoires des banques pour limiter drastiquement leur capacitĂ© Ă  crĂ©er de la monnaie et une augmentation de 2 points du taux de rĂ©munĂ©ration de l’épargne pour le porter Ă  8,5% et encourager l’épargne, source de l’investissement, de la crĂ©ation d’emplois et de croissance Ă©conomique.  

Je parie publiquement tous mes diplĂŽmes obtenus de trois des meilleurs universitĂ©s du monde (Sorbonne, et Dauphine en France et MIT aux Etats-Unis) et mes vingt ans d’expĂ©rience internationale dans une trentaine de pays, que dans dĂ©lai six mois au maximum, les opĂ©rateurs Ă©conomiques reprendront confiance, les investissements et la croissance Ă©conomique seront relancĂ©s et le sang recommencera Ă  couler dans les veines de notre Ă©conomie. Si le Gouverneur de la BCT et son CA ne veulent pas prendre ces mesures, c’est au prĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed, premier responsable du pays et du sort de son Ă©conomie, de le faire par dĂ©cret prĂ©sidentiel s’il le faut.

Ma conclusion d’ordre humoristique est basĂ©e sur un article que j’avais publiĂ© il y a deux ans environ dans cette mĂȘme magazine Kapitalis intitulĂ© «La politique monĂ©taire de la BCT jugĂ©e par l’IA». Dans cet article, j’avais reproduit la rĂ©ponse intĂ©grale de ChatGPT 4 Ă  la question que je lui avais posĂ©e d’évaluer la politique monĂ©taire suivie par notre banque centrale. J’avais Ă©tĂ© frappĂ© et mĂȘme impressionnĂ© par la pertinence de sa rĂ©ponse, la profondeur de son analyse et la perspicacitĂ© de ses conclusions qui rejoignaient totalement les miennes. Il a reconnu que la politique monĂ©taire suivie par la BCT est  d’ordre monĂ©tariste, basĂ©e sur la thĂ©orie quantitative de la monnaie et l’équation de Cambridge dont il a reproduit la formule exacte et expliquĂ© la signification de chacun des paramĂštres ainsi que les hypothĂšses sous-jacentes pour son succĂšs. Il a identifiĂ© que ces hypothĂšses ne se vĂ©rifient pas en Tunisie Ă  cause de l’importance du secteur informel qui affaiblit le mĂ©canisme de transmission entre l’économie rĂ©elle et l’économie monĂ©taire
 Ainsi, sans avoir jamais mis les pieds en Tunisie (puisqu’il n’en a pas !), il semble connaĂźtre la structure de l’économie tunisienne et la sociologie de sa population mieux que les responsables de notre BCT qui y vivent!

D’oĂč m’est venue l’idĂ©e de proposer au PrĂ©sident Kais SaĂŻed de nommer comme Gouverneur de la BCT Monsieur ChatGPT (ou Mme l’IA, pour ne pas ĂȘtre accusĂ© de sexisme). Lui au moins, il n’aurait pas besoin d’un salaire annuel de 120 000 dinars, d’une Mercedes avec chauffeur, d’une autre voiture pour sa femme et ses enfants (puisqu’ il n’en a pas) et de billets en classe affaires pour ses allers et retours Ă  Washington ou Davos. Les opĂ©rateurs Ă©conomiques seront contents puisqu’ ils auront moins d’intĂ©rĂȘt Ă  payer sur leur crĂ©dit, la croissance Ă©conomique reprendra, les chĂŽmeurs trouveront du travail et le budget de l’Etat fera l’économie du salaire et avantages du Gouverneur. Que demande le peuple ?

 PS : Ceux et celles que la morositĂ© de l’actualitĂ© Ă©conomique, politique et culturelle dans notre pays dĂ©prime comme elle me dĂ©prime, peuvent visiter mon blog «PoĂšmes de la vie» pour y lire des poĂšmes d’ordre mĂ©taphysique oĂč je laisse mon esprit voyager dans le temps et l’espace Ă  la recherche de sĂ©rĂ©nitĂ© et de sens de notre passage Ă©phĂ©mĂšre sur cette belle planĂšte qu’on appelle la Terre, un grain de sable dans l’immensitĂ© de l’univers


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Une barque de migrants partie de Tunisie, perdue en mer   

L’organisation Alarm Phone a alertĂ©, mardi 1er avril 2025,  sur une petite embarcation avec Ă  son bord environ 34 migrants, expliquant que les naufragĂ©s ont quittĂ© la Tunisie dimanche soir en direction des cĂŽtes italiennes.

«Nous avons prĂ©venu les autoritĂ©s, nous nous inquiĂ©tons pour elles car les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont terribles», a-t-elle Ă©crit sur X. Et d’ajouter : «Les autoritĂ©s tunisiennes affirment ne pas avoir pu les retrouver.»

Lundi, toute la journĂ©e, l’avion de reconnaissance Sea Watch, a Ă©galement recherchĂ© le petit bateau, mais sans succĂšs. «La recherche doit se poursuivre», conclut Alarm Phone.

I. B. (avec Ansamed).

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Tunisie | Les revenus touristiques en hausse de 5%  au 1er trimestre 2025

Les revenus touristiques en Tunisie ont enregistrĂ© une hausse de 5% au premier trimestre 2025 par rapport Ă  la mĂȘme pĂ©riode de l’annĂ©e derniĂšre, rĂ©vĂšlent les statistiques publiĂ©es par la Banque centrale de Tunisie (BCT).

Au 20 mars 2025, les recettes touristiques se sont chiffrĂ©es Ă  environ 1 210,6 millions de dinars (366,84 millions d’euros), contre 1 152,8 millions de dinars (349 33 millions d’euros) Ă  la mĂȘme pĂ©riode de 2024.

Le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya, a récemment annoncé que le nombre de touristes attendus pour la saison 2025 devrait dépasser les 11 millions, contre 10,25 millions en 2024.

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Tunisie | La nouvelle loi sur les chÚques perturbe le marché

Avec la nouvelle loi sur les chĂšques, introduite en fĂ©vrier, qui interdit les chĂšques postdatĂ©s pour rĂ©gler les achats en Ă©chelonnant les paiements sur plusieurs mois, les Tunisiens se sentent frustrĂ©s de ne plus pouvoir procĂ©der Ă  des achats avec des paiements fractionnĂ©s, dans ce qui ressemble Ă  une forme de crĂ©dit souvent tolĂ©rĂ©e par les commerçants.  

La rĂ©forme a instaurĂ© un plafond sur le montant des chĂšques, basĂ© sur les revenus et le patrimoine de l’acheteur. Elle permet Ă©galement au commerçant de vĂ©rifier si le payeur dispose de suffisamment de fonds Ă  chaque transaction en scannant un code QR sur son chĂšque. Mais ses effets sur les transactions commerciales sont dĂ©vastateurs et risquent d’aggraver la rĂ©cession que vit le pays depuis 2011.   

Dans un pays en crise, la nouvelle loi censĂ©e «lutter contre les chĂšques sans provision», «rĂ©duire l’endettement des consommateurs» et «amĂ©liorer le climat des affaires», la nouvelle loi a perturbĂ© les budgets de beaucoup de mĂ©nages et portĂ© un coup aux activitĂ©s des petites entreprises, dont beaucoup ont vu leur chiffre d’affaires chuter de moitiĂ©. Ce qui, ne manquera pas de rejaillir nĂ©gativement sur la consommation et la croissance Ă©conomique, qui a Ă©tĂ© de 1,4% en 2024 et qui ne devrait pas dĂ©passer 1,6% en 2025, selon les prĂ©visions du Fonds monĂ©taire international (FMI).

Autre effet prĂ©visible, et qui n’a pas manquĂ© de se confirmer les deux premiers mois de l’entrĂ©e en vigueur de la nouvelle loi : le recours systĂ©matique au cash qui alimente davantage les circuits parallĂšles, assĂšche les liquiditĂ©s et aggrave les pressions inflationnistes. Au grand dam des banques qui sont les plus affectĂ©es par ce changement qui a Ă©tĂ© mal prĂ©parĂ© et mis en Ɠuvre Ă  la hĂąte sans Ă©tudes prĂ©alables. L’objectif y ayant prĂ©sidĂ© Ă©tant surtout d’ordre politique : cette rĂ©forme Ă©tait au programme du prĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed depuis la prĂ©sidentielle de 2019.

I. B.

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La coexistence judĂ©o-musulmane au Maghreb en regard du conflit israĂ©lo-palestinien 

Au regard du conflit israĂ©lo-palestinien dominant l’actualitĂ© depuis 76 ans, l’opinion publique israĂ©lienne pourrait tirer une grande inspiration de l’Histoire, en l’occurrence de la cohabitation millĂ©naire entre juifs et musulmans en Afrique du Nord. Ces derniers ont fait preuve de tolĂ©rance envers les juifs alors qu’en Europe, ils n’ont eu de cesse d’ĂȘtre persĂ©cutĂ©s, puis exterminĂ©s par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. (Ph. PĂšlerinage des juifs Ă  la synagogue de la Ghriba, Ă  Djerba, Tunisie).

Samia Ladgham *

Dans un article du New York Times du 16 mai 2024 intitulĂ© «The view within IsraĂ«l turns bleak», l’auteur, Megan K. Stack, soulignait que l’opinion israĂ©lienne envers les Palestiniens s’était durcie bien avant le 7 octobre 2023.  Ces derniĂšres annĂ©es, l’attitude de nombreux IsraĂ©liens envers leurs voisins, considĂ©rĂ©s comme menaçants, s’est traduite par de l’indiffĂ©rence ou encore par cette conviction : les chasser de leur terre et les soumettre sont la volontĂ© de Dieu. Les Ă©vĂšnements du 7 octobre ont accĂ©lĂ©rĂ© ce sentiment. À l’appui de cette affirmation, Megan K. Stack cite un sondage conduit en janvier 2024 par l’UniversitĂ© de Tel Aviv : 94% des juifs israĂ©liens estiment que l’emploi de l’usage de la force Ă  Gaza est appropriĂ©, sinon insuffisant. Un sondage subsĂ©quent montre que la plupart des juifs israĂ©liens s’opposent Ă  ce que nourriture et mĂ©dicaments entrent Ă  Gaza.

En tant que ressortissante d’un pays du Maghreb qui a recueilli les juifs fuyant la persĂ©cution en Espagne et ailleurs en Europe dĂšs le 14e siĂšcle, j’ai Ă©tĂ© choquĂ©e de lire cela, tout comme d’apprendre les crimes commis par le Hamas envers les civils israĂ©liens (et autres nationalitĂ©s) le 7 octobre 2023. Quant Ă  la rĂ©ponse militaire israĂ©lienne, faisant fi des civils palestiniens, elle m’a atterrĂ©e. Lors d’un rĂ©cent sommet sur la crise humanitaire Ă  Gaza tenu en Jordanie, le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies a dĂ©clarĂ© Ă  ce sujet que le rythme et l’ampleur des tueries Ă  Gaza dĂ©passaient tout ce qu’il a connu depuis qu’il a pris ses fonctions. 

Une présence trÚs ancienne

Mon propos ici est de montrer qu’au regard du conflit israĂ©lo-palestinien dominant l’actualitĂ© depuis 76 ans, l’opinion publique israĂ©lienne pourrait tirer une grande inspiration de l’Histoire, en l’occurrence de la cohabitation millĂ©naire entre juifs et musulmans en Afrique du Nord. Ces derniers ont fait preuve de tolĂ©rance envers les juifs alors qu’en Europe, ils n’ont eu de cesse d’ĂȘtre persĂ©cutĂ©s, puis exterminĂ©s par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Bien sĂ»r les relations entre juifs et musulmans au Maghreb n’ont pas Ă©tĂ© qu’un long fleuve tranquille. La coexistence  entre les deux communautĂ©s a connu des soubresauts et des pĂ©riodes de tension au fil des siĂšcles et des Ă©vĂšnements. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les Arabes musulmans au Maghreb ont Ă©galement connu l’oppression du colonisateur. 

Un peu d’Histoire s’impose. La prĂ©sence juive est attestĂ©e en Afrique du Nord et sur le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e dĂšs l’AntiquitĂ©.  L’Afrique du Nord est Ă  ce moment-lĂ  peuplĂ©e par les BerbĂšres. À l’arrivĂ©e de la religion chrĂ©tienne, Ă  la fin du 2e siĂšcle, la religion juive est donc largement reprĂ©sentĂ©e en Afrique du Nord. Toutefois, les conversions massives au christianisme des tribus berbĂšres indigĂšnes puis l’arrivĂ©e de l’islam au 7e siĂšcle (aprĂšs JĂ©sus Christ) vont diminuer l’influence du judaĂŻsme.

Un statut particulier

Les juifs considĂ©rĂ©s comme gens du livre en Islam se voient alors attribuer un statut particulier. En Ă©change de la garantie d’un certain nombre de droits (libertĂ© de culte, droit de propriĂ©tĂ© notamment), ceux que l’on nommera les dhimmis devaient se soumettre Ă  l’autoritĂ© protectrice et payer un impĂŽt.

S’ajoutent Ă  cela une sĂ©rie de dispositions dĂ©finies dans les ouvrages juridiques, dont l’interdiction de monter Ă  cheval ou de porter une arme (par consĂ©quent d’accĂ©der Ă  des fonctions militaires), l’obligation de porter des marques vestimentaires distinctives, l’interdiction de construire de nouveaux Ă©difices religieux, etc. Ces dispositions furent diversement appliquĂ©es selon les Ă©poques et les lieux.  

Quand l’autoritĂ© musulmane censĂ©e protĂ©ger les juifs Ă©tait Ă©clairĂ©e, les juifs vĂ©curent en paix, ce qui fut notamment le cas dans l’Espagne musulmane (7e – 15e siĂšcles). Les communautĂ©s juives et arabes y vĂ©curent en bonne intelligence, sauf lors du rĂšgne des Almoravides, suivi des Almohades venus du Maroc au 12e siĂšcle, dont la conception de l’islam Ă©tait plus rigoureuse.  De nombreux juifs atteignirent une haute position Ă©conomique et sociale, et leur culture, fortement influencĂ©e par la culture arabe, connut un vĂ©ritable Ăąge d’or, plus particuliĂšrement Ă  partir de l’instauration du califat de Cordoue en 929. 

Le refuge maghrébin

À la prise de Grenade en 1492 (qui correspond Ă  la fin de la reconquĂȘte espagnole devant les musulmans), et Ă  la suite d’un dĂ©cret royal du 31 mars 1492, la plupart des juifs quittent l’Espagne, suivis, en 1496, par ceux du Portugal. Fuyant l’inquisition et son lot de persĂ©cutions, bon nombre d’entre eux se dirigent vers l’empire ottoman, qui domine l’Afrique du Nord du 16e  et 17e siĂšcles (Ă  l’exception du Maroc), et le Maroc. En effet, la Turquie est dĂ©jĂ  un pays d’accueil pour les juifs ashkĂ©nazes. Le sultan veille Ă  ce qu’ils soient bien reçus.

Mais bien avant la chute de Grenade, des tensions intercommunautaires entre juifs et chrĂ©tiens d’Espagne avaient provoquĂ© des exodes de juifs d’Espagne dit sĂ©farades, dont une partie s’installa en Afrique du Nord. Selon l’historien français Robert Brunschvig, ces nouveaux venus furent considĂ©rĂ©s d’un Ɠil favorable par les pouvoirs publics et la population musulmane. Leur afflux, prĂ©cise-t-il, loin de passer pour inquiĂ©tant, Ă©tait prometteur de rĂ©alisations Ă©conomiques nouvelles utiles Ă  tous.

Cet afflux se poursuivit avec l’arrivĂ©e des juifs livournais Ă  partir du 17e siĂšcle, notamment en Tunisie. Aux 18e et 19e siĂšcles, Tunis devint une place juive importante. Ce qui frappe, souligne Robert Brunschvig, c’est la continuitĂ© du mouvement migratoire qui s’effectue par vagues successives. Cette constance prouve que les immigrĂ©s, comme le reste de la population juive, jouissaient d’une relative sĂ©curitĂ©. Les juifs, prĂ©cise-t-il, eurent nĂ©anmoins Ă  souffrir de l’occupation espagnole de 1535 Ă  1574, de mĂȘme que des luttes entre le dey d’Alger et le bey de Tunis. Le Pacte fondamental, promulguĂ© en septembre 1857 par le bey de Tunis, marque une Ă©tape importante dans 1’évolution de la condition des Juifs : il va les Ă©manciper.

La colonisation divise pour rĂ©gner  

La colonisation française va venir bouleverser la coexistence entre ces communautĂ©s. Le 24 octobre 1870, le dĂ©cret CrĂ©mieux accorde la nationalitĂ© française Ă  tous les juifs d’AlgĂ©rie. Divisant pour mieux rĂ©gner, la France sĂ©pare ainsi les juifs des musulmans qui, eux, seront soumis au code de l’indigĂ©nat en 1881. Ce code, qui sĂ©vira plus tard dans toutes les colonies françaises, instaure un rĂ©gime juridique d’exception pour les populations autochtones, les privant de leurs droits individuels. Le dĂ©cret CrĂ©mieux conduira Ă  l’assimilation des juifs algĂ©riens Ă  la culture et la langue français et gĂ©nĂšrera du ressentiment avant tout français mais aussi arabe Ă  l’égard des juifs d’AlgĂ©rie. 

Le Maroc et la Tunisie, des protectorats, Ă©chappent au dĂ©cret CrĂ©mieux. Celui-ci est abrogĂ© en 1940 (puis rĂ©tabli en 1943) ramenant les juifs d’AlgĂ©rie au statut d’indigĂšnes.

Sous le rĂ©gime de Vichy (10 juillet 1940-9 aoĂ»t 1944), un statut spĂ©cial pour les juifs de France est Ă©dictĂ©. Il s’appliquera dans les colonies et protectorats français avec des dĂ©calages dans le temps et des diffĂ©rences dans leur rigueur. Un but Ă  cette lĂ©gislation discriminatoire : empĂȘcher les juifs d’exercer toute fonction ou influence dans le domaine Ă©ducatif ou Ă©conomique.

En Tunisie, les lois discriminatoires devaient ĂȘtre soumises au bey pour ratification. Cela a permis Ă  des gouverneurs comme Moncef Bey de ralentir leur mise en application. Le Bey avait toutefois des pouvoirs limitĂ©s sous le protectorat.  Certains Ă©crits affirment que c’est le RĂ©sident General Esteva reprĂ©sentant la France qui ralentit l’application des lois discriminatoires en Tunisie invoquant le fait que le Bey s’opposerait Ă  ce que ses sujets (les juifs Ă©taient sujets du Bey au mĂȘme titre que les musulmans) soient traitĂ©s de cette façon. ArrivĂ© au pouvoir en juin 1942, Moncef Bey Ă©vite aussi aux juifs de Tunis le port de l’étoile. Lorsque les Allemands – ils occupent la Tunisie durant six mois – veulent imposer, Ă  leur profit, un enrĂŽlement gĂ©nĂ©ralisĂ© pour le travail obligatoire, le bey refuse de signer l’ordonnance.

Le roi Mohamed V du Maroc aurait Ă©galement pris fait et cause contre les lois discriminatoires de Vichy. En 1942, en AlgĂ©rie, le dĂ©barquement des alliĂ©s amĂ©ricains arrĂȘte le processus de dĂ©portation des juifs. En Libye, colonie italienne (1911-1943), les juifs sont arrĂȘtĂ©s et dĂ©portĂ©s aprĂšs l’adoption par l’Italie des lois raciales de 1938.

Le conflit israélo-arabe

Ce sont les remous de la dĂ©colonisation et le conflit israĂ©lo-arabe qui vont faire que les juifs d’Afrique du nord Ă©migrent vers IsraĂ«l, la France et les États-Unis. En Tunisie, selon Sophie Bessis, historienne franco-tunisienne, une petite partie de cette population craignant une indĂ©pendance aux consĂ©quences incertaines serait de toute façon partie avec les colons français. Il faut savoir qu’à l’indĂ©pendance, les juifs de Tunisie sont devenus citoyens tunisiens. La crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l en 1948, affirme-t-elle, a transformĂ© en fracture la diffĂ©rence communautaire, car dĂšs sa crĂ©ation, l’ùre de la confusion entre sionistes et juifs a commencĂ©. La crĂ©ation de cet État, la crise de Suez et la guerre des six jours vont engendrer des rĂ©actions hostiles et parfois violentes envers la communautĂ© juive. 

L’agence juive, organisation sioniste originellement chargĂ©e de l’administration de la communautĂ© juive en Palestine sous mandat britannique, va de son cĂŽtĂ© jouer un rĂŽle actif dans l’émigration des juifs en IsraĂ«l. Quoi qu’il en soit, ce dĂ©part volontaire engendre nombre de dĂ©ceptions. En IsraĂ«l, les juifs marocains seront longtemps maltraitĂ©s et feront face Ă  des attitudes hostiles, voire xĂ©nophobes, notamment de la part de juifs issus d’Europe centrale et de l’Est, les juifs ashkĂ©nazes. Selon Myriam Charbit, les juifs sĂ©farades auraient Ă©tĂ© accueillis froidement par un establishment ashkĂ©naze percevant les arabes juifs comme Ă©tant arriĂ©rĂ©s.

En 1948, on estimait le nombre de juifs au Maghreb Ă  plus de 500 000. Ce nombre est passĂ© Ă  5000 aujourd’hui.

Comme on l’a vu, les juifs furent profondĂ©ment enracinĂ©s au Maghreb jusqu’à l’arrivĂ©e du colonialisme. Ils parlaient l’arabe pour la plupart, accĂ©daient pour certains Ă  de hautes fonctions Ă  la cour des Beys ou au lendemain des indĂ©pendances, militaient pour d’autres au sein des mouvements de libĂ©ration nationale, etc. AprĂšs leur dĂ©part, beaucoup continuĂšrent Ă  garder des liens forts avec leur pays d’origine. Pourquoi alors tant d’indiffĂ©rence et d’insensibilitĂ© Ă  l’égard de la tragĂ©die du peuple palestinien, entre autres de la part des juifs sĂ©farades d’IsraĂ«l ?

Je veux croire que les nouvelles gĂ©nĂ©rations ignorent tout de leur passĂ© commun avec les berbĂšres, les maures et les arabes du Maghreb. Elles ignorent que les portes de l’Afrique du Nord et du Maghreb se sont ouvertes Ă  leurs ancĂȘtres alors mĂȘme que toutes les autres, au Moyen Âge, se fermaient pour eux en Europe. 

Je veux croire enfin que, dans un avenir pas si lointain, ces gĂ©nĂ©rations se rĂ©veilleront de ce grand hiver et tendront enfin la main au peuple palestinien. Sinon, qui a-t-il Ă  dĂ©sespĂ©rer de l’humanitĂ©?

* Ancienne fonctionnaire des Nations-Unies.

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Miguel Cardoso | «Nous ne nous rendons pas en Tunisie pour dĂ©fendre» 

 Â«Je tiens Ă  assurer aux supporters des Sundowns que nous ne nous rendons pas en Tunisie pour dĂ©fendre. Nous y allons pour marquer et gagner le match retour», a dĂ©clarĂ© l’entraĂźneur portugais Miguel Cardoso aprĂšs le match gagnĂ© Ă  domicile par l’équipe  sud-africaine, mardi 1er avril 2025, au stade Loftus Versfeld Ă  Pretoria, contre une trĂšs prenable EspĂ©rance de Tunis (1-0).  

C’est l’attaquant namibien Peter Shalulile qui a inscrit l’unique but du match à la 54e minute, trompant le gardien Bechir Ben Said à bout portant de Pretoria.

La rencontre fut Ă  sens unique au profit des locaux qui l’ont outrageusement dominĂ©, les EspĂ©rantistes s’étant contentĂ©s de se dĂ©fendre, se montrant incapables de porter le danger dans les buts  adverses.

Ce fut un match ennuyeux des deux cĂŽtĂ©s et les Tunisiens peuvent se consoler de n’avoir concĂ©dĂ© qu’un seul but, car le score aurait pu ĂȘtre plus lourd au vu de leur sortie catastrophique d’hier. Les «Sang et Or» ont en effet jouĂ© leur plus mauvais match depuis le dĂ©but de la saison sous la fĂ©rule de leur nouveau coach Maher Kanzari, en place depuis seulement deux semaines.

Le coach portugais des Sud-africains, qui Ă©tait trĂšs nerveux durant toute la premiĂšre mi-temps face Ă  l’indigence de ses protĂ©gĂ©s, a repris quelque peu confiance en constatant l’absence de rĂ©pondant de la part des EspĂ©rantistes, qu’il avait connus plus saillants lorsqu’il les entraĂźnait lui-mĂȘme.

«Nous avons perdu le fil aprĂšs avoir menĂ©. Notre but m’a ravi, notamment la façon dont nous avons fait basculer le jeu d’un cĂŽtĂ© Ă  l’autre du terrain», a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  l’issue de la rencontre. Et d’admettre : «Il y a beaucoup de travail devant nous», en rĂ©fĂ©rence au match retour Ă  RadĂšs, dans la banlieue de Tunis, le 8 avril ajoutĂ©, oĂč ses adversaires du jour se montreront sans doute moins timorĂ©s et plus conquĂ©rants.

I. B.

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Trois supporters de l’EspĂ©rance de Tunis hospitalisĂ©s Ă  Pretoria

L’ambassade de Tunisie Ă  Pretoria affirme s’ĂȘtre coordonnĂ©e avec les autoritĂ©s sud-africaines pour assurer la sortie sĂ©curisĂ©e des supporters de l’EspĂ©rance sportive de Tunis (EST) aprĂšs le match de leur Ă©quipe contre Mamelodi Sundowns, mardi 1er avril 2025. (Ph.  Phill Magakoe / AFP).

Aucun incident grave n’a Ă©tĂ© signalĂ© et les supporters ont Ă©tĂ© escortĂ©s sous protection sĂ©curitaire, a prĂ©cisĂ© le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, de la Migration et des Tunisiens Ă  l’étranger dans un communiquĂ© publiĂ© mardi soir.

Des ambulances ont Ă©tĂ© mobilisĂ©es pour transporter les supporters blessĂ©s vers l’hĂŽpital, oĂč ils ont reçu les premiers soins nĂ©cessaires et leur Ă©tat de santĂ© est jugĂ© stable, ajoute le communiquĂ©.

Par ailleurs, l’ambassade assure un suivi continu afin de garantir le retour en toute sĂ©curitĂ© des supporters tunisiens. Des laissez-passer seront dĂ©livrĂ©s Ă  ceux dont les passeports ont Ă©tĂ© volĂ©s ou perdus.

Ces «assurances» n’expliquent pas ce qui s’est rĂ©ellement passĂ© : les supporters espĂ©rantistes ne se sont tout de mĂȘme pas blessĂ©s tous seuls! Il y a donc bien eu des violences.

En fait, des affrontements ont eu lieu dans les tribunes entre supporters adverses pendant plusieurs minutes. Les mĂ©decins ont indiquĂ© avoir soignĂ© quelques supporters pour des blessures lĂ©gĂšres. «On m’a rapportĂ© que des supporters adverses se sont jetĂ©s des bouteilles d’eau en plastique et qu’il y a eu des Ă©chauffourĂ©es. Nous avons soignĂ© quelques coupures et contusions, mais rien de grave», a dĂ©clarĂ© un mĂ©decin Ă  l’AFP.

L’EspĂ©rance de Tunis s’est inclinĂ©e 1-0 face Ă  Mamelodi Sundowns lors du match aller des quarts de finale de la Ligue des champions africaine disputĂ© Ă  Pretoria. Le match retour est prĂ©vu pour mardi prochain au stade de RadĂšs.

L’EST a tenu Ă  rassurer via ses rĂ©seaux sociaux que tous ses supporteurs Ă©taient sains et saufs et sont retournĂ©s sans encombre Ă  Johannesburg. Seuls trois blessĂ©s, dans un Ă©tat stable, ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s.

I. B.

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Le droit du sel | Une tradition sympathique à (re)découvrir

RĂ©cemment, un ami m’a interrogĂ© sur une coutume que j’ignorais totalement : «haq el-melh» ou droit du sel. Curieux, j’ai entrepris quelques recherches et dĂ©couvert que cette tradition, encore vivace au Maghreb, existe Ă©galement en Tunisie. Pourtant, bien que nĂ© dans ce pays, je n’en avais jamais entendu parler avant cette annĂ©e 2025 – ce qui m’a amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir sur la transmission et l’évolution des coutumes.

KhemaĂŻs Gharbi *

Le terme «sel» dans cette expression ne fait pas rĂ©fĂ©rence Ă  l’aliment en lui-mĂȘme, mais plutĂŽt Ă  la relation de vie commune entre Ă©poux. Offrir ce prĂ©sent Ă  sa femme le jour de l’AĂŻd El-Fitr est une façon de reconnaĂźtre et de cĂ©lĂ©brer le lien qui unit le couple. D’ailleurs, certains rĂ©cits expliquent que la coutume tire son nom du fait que l’épouse, durant le Ramadan, goĂ»te l’assaisonnement des plats sans avaler, afin de s’assurer de leur Ă©quilibre, malgrĂ© son propre jeĂ»ne.

Un rituel de l’Aïd El-Fitr

Le jour de l’AĂŻd El-Fitr, la femme se pare de ses plus beaux habits, parfume sa maison avec de l’encens et la prĂ©pare pour accueillir son mari au retour de la priĂšre. Elle lui sert alors du cafĂ© accompagnĂ© des traditionnelles pĂątisseries de fĂȘte. Mais la particularitĂ© de cette tradition rĂ©side dans la tasse de cafĂ© : elle ne doit jamais ĂȘtre rendue vide. AprĂšs l’avoir bue, le mari y dĂ©pose un prĂ©sent – en fonction de ses moyens.

Ce geste simple et symbolique rappelle d’autres traditions dans le monde, comme offrir des fleurs à la Saint-Valentin en Europe. Finalement, il s’agit d’un moment de gratitude et d’attention mutuelle au sein du couple, ce qui en fait une coutume plutît charmante.

Tradition, liberté et polémiques inutiles

Libre Ă  chacun de respecter ou non cette tradition. Ce qui est regrettable, c’est que certaines pratiques culturelles deviennent des sujets de discorde. Comme souvent, les extrĂ©mistes des deux camps en profitent pour instrumentaliser ces coutumes, mĂȘlant religion, politique et crispations inutiles. Pourtant, nous avons dĂ©jĂ  bien assez de divergences pour ne pas y ajouter son «grain de sel» supplĂ©mentaire.

Finalement, le droit du sel n’est ni une obligation ni un dogme. C’est juste une belle maniĂšre d’exprimer son affection, un simple geste qui, s’il est pratiquĂ©, ne peut qu’ajouter un peu de douceur dans les foyers. Alors pourquoi pas ?

* Ecrivain et traducteur.

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Une Ong exige la lumiĂšre sur le dĂ©cĂšs en prison de l’homme d’affaires Ali Ghedamsi

Dans un communiquĂ© publiĂ© ce mardi 1er avril 2025, le Centre pour le respect des libertĂ©s et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) «exprime sa profonde consternation face au silence suspect et indĂ©cent des autoritĂ©s carcĂ©rales et du ministĂšre de la Justice, autoritĂ© de tutelle», Ă  la suite du dĂ©cĂšs d’Ali Ghedamsi, homme d’affaires originaire de Sousse, survenu le 30 mars  dans la prison civile de MessaĂądine.

Le dĂ©funt Ă©tait incarcĂ©rĂ© dans le cadre de l’affaire Instalingo et inculpĂ© dans d’autres dossiers judiciaires. Il faisait notamment l’objet de poursuites dans l’affaire n°04/2023 ouverte le 28 octobre 2023, aux cĂŽtĂ©s de Lazhar Loungou, ancien directeur gĂ©nĂ©ral des services spĂ©cialisĂ©s du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, et du frĂšre de l’ex-dĂ©putĂ© Lotfi Ali. Tous Ă©taient accusĂ©s de constitution d’une entente criminelle, d’escroquerie et de blanchiment d’argent.

Le 18 mars 2025, la 10e chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis avait rejetĂ© sa demande de libĂ©ration provisoire, malgrĂ© son Ă©tat de santĂ© fortement dĂ©gradĂ©, indique le CRLDHT dans son communiquĂ©, en condamnant ce qu’il a qualifiĂ© de «nĂ©gligence systĂ©matique des droits des personnes dĂ©tenues, qui caractĂ©rise aujourd’hui les services pĂ©nitentiaires tunisiens», ainsi que «les conditions de dĂ©tention sont fortement dĂ©gradĂ©es dans un contexte de rĂ©pression et de dĂ©mantĂšlement progressif des garanties fondamentales».

Tout en pointant «le comportement inhumain des autoritĂ©s carcĂ©rales et judiciaires face aux conditions de santĂ© des dĂ©tenus», le CRLDHT cite les dĂ©clarations de la famille de Ali Ghedamsi qui «souffrait d’un cancer et n’a pas bĂ©nĂ©ficiĂ© des soins et traitements mĂ©dicaux indispensables Ă  son Ă©tat», ce qui, aux yeux de l’Ong tunisienne basĂ©e en France, serait «une cause directe de sa mort».

Enfin, le CRLDHT «exige que toute la lumiĂšre soit faite sur les causes exactes du dĂ©cĂšs d’Ali Ghedamsi et que les vĂ©ritables responsables soient poursuivis».

I.B.

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