Obligations vertes
L’Afrique ne capte que 0,3% des fonds mondiaux
Les émissions d’obligations vertes en Afrique ont atteint un montant cumulé de 9,6 milliards de dollars, mais l’énorme potentiel de ce segment du marché de la dette dédié au financement des projets « verts » demeure largement inexploité sur le continent, selon un rapport publié par Financial Sector Deepening Africa (FSD Africa), une agence de développement financée par le gouvernement britannique.
Intitulé « Impact of Green Bonds in Africa », le rapport rappelle que les premières obligations vertes en Afrique verte ont été émises en 2013 par la Banque africaine de développement (BAD). Depuis, le marché africain de ce type de titres de dette destiné à financer les projets environnementaux, les énergies propres, les transports en commun à faibles émissions et d’autres projets sobres en carbone s’est développé pour atteindre 76 émissions réalisées par 40 entités, y compris des institutions financières multilatérales, des gouvernements et des sociétés (banques et entreprises). Ces émissions restent cependant très concentrées, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Maroc, l’Egypte et la BAD accaparant 91 % du total des opérations répertoriées.
Actuellement, l’Afrique représente moins de 1 % du nombre des émissions mondiales de « Green bonds » et seulement 0,3% de la valeur totale des fonds mobilisés grâce à ces émissions. Durant la dernière décennie, les émissions d’obligations vertes sur le continent ont augmenté à un taux de croissance annuel composé (Tcac) de 20%, un rythme beaucoup plus lent que ceux de l’Asie-Pacifique et de l’Amérique latine, où les émissions ont enregistré des progressions respectives de 70% et 43 % au cours de la même période.
Les émetteurs souverains et les institutions multilatérales ont donné le coup d’envoi du marché des obligations vertes sur le continent, et ont été à l’origine de la quasi-totalité des opérations durant les cinq années qui ont suivi la première émission de la BAD. Une fois que ce type de titres de dette a fait ses preuves, les entreprises et les banques ont fait des incursions remarquables sur le marché, à tel point qu’elles ont représenté plus de 60 % de la valeur totale des émissions au cours des cinq dernières années.
A l’échelle continentale, les obligations vertes financent principalement des projets à objectif mixte (atténuation du changement climatique et adaptation à ses conséquences) et des projets d’atténuation.
Finance
Une nouvelle place de marché pour l’échange de devises
L’Afrique a fait un grand pas vers l’intégration financière avec le lancement de l’Africa Currency Marketplace par le Système panafricain de paiement et de règlement (Papss). Cette plateforme devrait faciliter les échanges directs de devises à travers le continent, réduisant ainsi la dépendance à l’égard du dollar américain et favorisant l’émergence d’un marché des capitaux africain unifié.
Ce marché des devises africain pourrait améliorer la liquidité et stabiliser les devises sur les marchés africains. La mise en œuvre d’un tel système, nécessite une infrastructure financière solide et un alignement réglementaire entre les nations participantes.
L’initiative pourrait également servir de catalyseur pour l’établissement d’un marché des capitaux africain unifié.
« Ennova »
L’IA au service des entrepreneurs
La BAD a dévoilé récemment son Laboratoire de l’innovation et de l’entrepreneuriat, baptisé « Ennova ». Cette plateforme met en relation des entrepreneurs, des organisations de soutien aux entreprises, des établissements d’enseignement et des investisseurs de toute l’Afrique. « Ennova » est conçu dans le cadre d’une stratégie plus large visant à améliorer le développement des compétences et les opportunités d’emploi pour les jeunes et les femmes africaines, précise Hendrina Chalwe Doroba, de la BAD.
Entre autres fonctionnalités, « Ennova » est constitué d’un répertoire de plus de 1 300 organisations de soutien aux entreprises à travers l’Afrique, de 265 ressources professionnelles présentant des opportunités de financement et de formation, des fonctionnalités de réseautage pour faciliter la collaboration, d’un microsite présentant la série de livres blancs de la BAD sur l’entrepreneuriat et le libre-échange.
BAD
Soutenir les petits agriculteurs
La BAD a annoncé récemment son intention de lancer une facilité de 500 millions de dollars destinée à débloquer dix milliards de dollars de financement pour les petits exploitants agricoles et les petites entreprises agro-industrielles en Afrique.
Cette facilité déploiera de multiples instruments financiers, notamment des garanties de crédit commercial, des mécanismes de financement mixte et des incitations afin de réduire les coûts de transaction élevés liés aux services fournis aux entreprises, le tout complété par une assistance technique.
La BAD a appelé à une action mondiale : « Ensemble, libérons le potentiel de l’agriculture en Afrique. Faisons de l’Afrique le grenier du monde. Et ensemble, nourrissons l’Afrique avec fierté ! »
Faut-il savoir que les engagements financiers des partenaires du développement sont passés de 30 milliards dollars à 72 milliards dollars en moins d’un an. La Banque a approuvé 77 projets d’une valeur de 3,9 milliards $ pour soutenir la mise en œuvre des Pactes nationaux pour l’alimentation et l’agriculture dans 32 pays, avec un montant supplémentaire de 1,72 milliard $ prévu cette année.
Par ailleurs, plusieurs initiatives majeures ont été prises par la banque, comme le programme « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine », « la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence », « les Zones spéciales de transformation agro-industrielle », le programme « Afawa » à destination des femmes, et le Mécanisme africain de financement du développement des engrais.
Il n’en reste pas moins que les défis sont nombreux : seuls 6% des petits exploitants agricoles africains ont accès au crédit et moins de 20 % d’entre eux utilisent des semences améliorées. Les institutions financières considèrent souvent les petits exploitants agricoles comme des emprunteurs à haut risque en raison de la variabilité du climat et de l’absence de garanties. Les prêts bancaires au secteur agricole restent faibles, représentant moins de 5 % du total des portefeuilles de prêts dans de nombreux pays africains.
Marchés énergétiques en Afrique du Nord
Attrayants pour les acteurs mondiaux
L’Afrique du Nord est depuis longtemps un acteur clé dans le domaine de l’énergie mondiale. Son rôle est à développer à mesure que la région progresse dans les domaines du pétrole et du gaz, de l’hydrogène et des énergies renouvelables. Tel est le constat de la Chambre africaine de l’Énergie (AEC). De l’exploration et de la production aux opportunités d’investissement innovantes, le paysage énergétique de l’Afrique du Nord se caractérise par des marchés matures et des marchés pionniers qui attirent les acteurs mondiaux.
La Libye, en l’occurrence, a enregistré un renouveau dans le domaine de l’exploration et de la production, avec des activités en cours de réalisation dans les bassins de Ghadames, Syrte et Murzuq, ainsi qu’un prochain cycle d’octroi de licences pour 22 blocs qui vise à attirer les compagnies pétrolières internationales vers ses blocs inexplorés offshore et onshore. La National Oil Corporation fait avancer 45 projets de construction et de rénovation, dans le but de porter la production à 2 millions de milliards de barils par jour.
En Algérie, le gouvernement investit 50 milliards de dollars dans des projets pétroliers et gaziers jusqu’en 2027 afin de stimuler la production d’actifs phares tels que le champ de Hassi R’Mel et de mettre en service de nouvelles capacités. Le pays vise à porter sa production annuelle de gaz à 200 milliards de mètres cubes au cours des cinq prochaines années et à atteindre 1,2 million de barils par jour en 2025, grâce à sa dernière série d’octrois de licences onshore et à la récupération assistée du pétrole dans les champs historiques.
Selon les experts de l’AEC, l’Algérie se positionne comme un pionnier de l’énergie hydrogène, en étant le fer de lance du projet d’hydrogène vert du corridor SoutH2 en partenariat avec des acteurs européens, qui réaffectera les gazoducs pour transporter de l’hydrogène vert vers l’Europe. Grâce à sa situation stratégique et à ses ressources abondantes, l’Algérie vise à devenir un acteur mondial clé de l’hydrogène, offrant d’importantes opportunités d’investissement dans les technologies émergentes d’énergie verte.
Pour sa part, l’Égypte enregistre une croissance significative dans le pétrole et le gaz, avec de nouvelles opportunités de licences et des efforts de production accrus. Le dernier cycle de licences propose 13 blocs d’exploration et de production dans des régions clés telles que la mer Méditerranée et le delta du Nil, dans le but de stimuler l’exploration et d’attirer les investissements internationaux. Au cours de l’exercice 2024-2025, l’Égypte lance plusieurs projets, dont sept puits d’exploration et cinq initiatives de développement, avec des entreprises majeures. En 2025, Eni prévoit de forer deux puits de développement sur le champ gazier phare d’Égypte, Zohr, qui représentait autrefois jusqu’à 40 % de la production de gaz du pays.
Enfin, le Maroc affiche une transformation importante, signale l’AEC : le pays diversifie son mix énergétique, en mettant fortement l’accent sur le gaz et les énergies renouvelables. Le gazoduc Nigeria-Maroc, un projet majeur de plus de 5 600 kilomètres, devrait fournir du gaz naturel à plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord, les premiers appels d’offres devant être lancés cette année.
Parallèlement, le Maroc promet des investissements substantiels dans les énergies propres, notamment six projets d’hydrogène vert d’un montant total de 32,5 milliards $, et prévoit d’investir 3 milliards $ dans son réseau électrique national, d’ici 2030. Avec l’objectif de produire 52% de son électricité à partir d’énergies renouvelables à cet horizon, et d’accueillir l’une des plus grandes centrales solaires à concentration au monde, le Maroc offre d’importantes opportunités d’investissement dans les énergies propres.
« Avec ses vastes ressources naturelles, ses développements d’infrastructures en cours et ses objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables, l’Afrique du Nord est prête à jouer un rôle central dans l’avenir de l’énergie mondiale tout en étant pionnière dans une stratégie de développement équilibrée entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables pour le monde », commente Ore Onagbesan, directrice de programme, African Energy Week. Laquelle prépare la grande semaine AEW 2025 : Invest in African Energies, qui se tiendra au Cap (Afrique du Sud), du 29 septembre au 3 octobre 2025. L’événement mettra en lumière l’importance croissante de la région dans le mix énergétique mondial.