Pourquoi la dette ne cesse dâaugmenter en Afrique? DĂ©tails.
âLâAfrique perd chaque annĂ©e 88,6 milliards de dollars Ă cause des flux financiers illicitesâ, a affirmĂ© Jason Braganza, directeur exĂ©cutif du rĂ©seau africain sur la dette et le dĂ©veloppement, lors de la 5e Ă©dition dâAFRODAD; tenue du 25 au 27 mars Ă Johannesburg, en Afrique du Sud. Il a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© dâune action concertĂ©e pour endiguer ces pertes, qui freinent le dĂ©veloppement Ă©conomique du continent.
âNous ne pouvons pas parler de dĂ©veloppement durable sans aborder la question des flux financiers illicites. Ce sont des ressources qui devraient ĂȘtre investies dans lâĂ©ducation, la santĂ© et les infrastructuresâ, a-t-il insistĂ©. Il a Ă©galement mis en avant la responsabilitĂ© des gouvernements africains dans la lutte contre lâĂ©vasion fiscale et les pratiques de corruption.
Selon lui, une meilleure transparence fiscale et une coopĂ©ration accrue entre les Ătats sont indispensables pour limiter ces pertes. âIl est temps dâadopter des politiques plus strictes et de renforcer les capacitĂ©s des institutions pour traquer et rĂ©cupĂ©rer ces fonds dĂ©tournĂ©sâ, a-t-il ajoutĂ©.
Dette en afrique: les raisons dâun cycle sans fin
Lors du mĂȘme Ă©vĂ©nement, Jason Braganza a dressĂ© un tableau critique de la structure Ă©conomique des pays africains et de la crise de la dette qui pĂšse sur le continent. Il a soulignĂ© que les Ă©conomies africaines restent dominĂ©es par lâexportation de matiĂšres premiĂšres, une hĂ©ritage du systĂšme colonial. âLa structure de lâĂ©conomie du Kenya nâa pas changĂ© depuis lâindĂ©pendanceâ, a-t-il dĂ©clarĂ©, en expliquant que bien que les produits exportĂ©s aient Ă©voluĂ©, la logique dâexploitation reste la mĂȘme.
Braganza a illustrĂ© son propos en prenant lâexemple des tĂ©lĂ©phones portables: âPlus de 50% des matĂ©riaux contenus dans votre tĂ©lĂ©phone proviennent de ce continent, mais regardez oĂč il est fabriquĂ©.â Il a mis en avant lâincohĂ©rence du modĂšle Ă©conomique oĂč lâAfrique exporte du lithium ou du cobalt Ă bas prix, puis importe les produits finis Ă des coĂ»ts bien plus Ă©levĂ©s.
Concernant la dette, il a rappelĂ© que ce phĂ©nomĂšne ne date pas dâhier, mais remonte aux annĂ©es 1970. Plusieurs tentatives de rĂ©duction ont Ă©tĂ© entreprises, comme lâinitiative en faveur des pays pauvres trĂšs endettĂ©s dans les annĂ©es 2000, qui a permis lâannulation de plus de 100 milliards de dollars de dette. Cependant, de nombreux pays africains se retrouvent aujourdâhui dans la mĂȘme situation.
Enfin, il a soulignĂ© lâabsence des institutions multilatĂ©rales dans ces nĂ©gociations, un Ă©lĂ©ment qui complique la recherche de solutions durables. Les dettes contractĂ©es auprĂšs du FMI, de la Banque mondiale ou de la Banque africaine de dĂ©veloppement ne sont pas incluses dans le cadre commun et doivent ĂȘtre remboursĂ©es intĂ©gralement. Cette rigiditĂ© contribue Ă perpĂ©tuer le cycle dâendettement des Ătats africains.
Par son intervention, Jason Braganza a appelĂ© Ă une refonte profonde du modĂšle Ă©conomique et des mĂ©canismes de gestion de la dette pour permettre Ă lâAfrique de sortir de cette spirale financiĂšre et dâenvisager un dĂ©veloppement durable et autonome.
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