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Israël et la «solution finale» de la question palestinienne

L’histoire jugera notre silence. Ce qui se passe à Gaza dépasse le cadre d’un simple conflit militaire : c’est une «solution finale» de la question palestinienne à laquelle on tente de donner un autre nom. Une politique israélo-américaine d’anéantissement du peuple palestinien en plusieurs étapes.

Khémaïs Gharbi *

Déjà, depuis le 7 octobre 2023, plus de 60 000 morts et 100 000 blessés, sans compter les disparus sous les décombres et non encore dénombrés. Des quartiers entiers rasés, une population affamée et déplacée sous les bombes. Des enfants meurent sous les décombres, des familles errent sans refuge, et des corps s’entassent dans des morgues de fortune.

Le mot «génocide» n’est pas à employer à la légère. Mais comment qualifier autrement cette destruction systématique, cette volonté affichée d’écraser une population, de rendre un territoire inhabitable?

Est-ce une sorte de «solution finale» à la manière nazie exécutée cette fois par les juifs sionistes de l’Etat d’Israël, et qui tente de s’habiller d’un autre vocabulaire.

Depuis plus de 17 mois, Gaza subit un siège total. Les bombardements ne laissent aucun répit, visant délibérément les infrastructures vitales.

Destruction des hôpitaux : médecins tués ou arrêtés, malades expulsés des blocs opératoires.

Famine organisée : Israël bloque l’entrée de l’eau, des médicaments et de l’aide humanitaire, condamnant la population à mourir lentement.

Déplacement forcé : des centaines de milliers de personnes fuient en permanence, chassées d’un point à un autre sous les bombes, sans destination sûre.

Ce ne sont pas des «dommages collatéraux». C’est une stratégie d’anéantissement.

Des massacres à répétition

Ce qui se joue aujourd’hui à Gaza n’est pas une guerre ordinaire, mais l’aboutissement d’une longue série d’opérations militaires où les civils sont particulièrement visés. Il s’agit d’une stratégie exécutée en plusieurs étapes, et qui a commencé avec l’instauration de l’Etat d’Israël sur la terre de Palestine en 1947 et le massacre du village palestinien de Deir Yassin, à l’ouest de Jérusalem, le 9 avril 1948.

1. **Opération Kaddesh** – Crise du canal de Suez, 1956

2. **Opération Tonnerre (Jonathan)** – Raid d’Entebbe, 1976.

3. **Opération Litani** – Conflit du Sud-Liban, 1978.

4. **Opération Opéra** – 1981.

5. **Opération Paix en Galilée** – Intervention militaire israélienne au Liban, 1982.

6. **Opération Jambe de bois** – Raid israélien à Tunis contre le siège de l’OLP, 1985.

7. **Opération Justice rendue** – 1993.

8. **Opération Raisins de la colère** – 1996.

9. **Opération Rempart** – 2002.

10. **Opération Arc-en-ciel** – Opération militaire à Rafah, 2004.

11. **Opération Jours de pénitence** – 2004.

12. **Opération Pluies d’été** – 2006.

13. **Opération Changement de direction** – contre le Liban, 2006.

14. **Opération Orchard** – 2007.

15. **Opération Plomb durci** – contre Gaza, 2008-2009.

16. **Opération Pilier de défense** – contre Gaza, 2012.

17. **Opération Divulgation totale** – 2014.

18. **Opération Bordure protectrice** – contre Gaza, 2014.

19. **Opération Gardien de nos frères** – 2014.

20. **Opération Bouclier du nord** – 2018.

21. **Opération Ceinture noire** – 2019.

22. **Opération Gardien du Mur** – contre les Palestiniens de Cisjordanie, 2021.

23. **Opération Épées de fer** – contre le Hamas, depuis 2023.

Peu d’armées au monde ont effectué une telle série discontinue d’attaques contre des peuples voisins et pendant une si longue durée (1947-2025). Ces actes ne sont pas le fruit du hasard. Ils répondent à un objectif final, une volonté d’effacement d’un peuple à qui on a volé sa terre et qu’in tente aujourd’hui d’exterminer.

Nous n’avons plus d’excuses

L’histoire nous a appris que la déshumanisation précède toujours l’extermination. À Gaza, la communauté internationale regarde ailleurs pendant que l’indicible se produit.

Si nous restons silencieux, si nous ne réclamons pas des sanctions immédiates, un embargo sur les armes, si nous n’exigeons pas des gouvernements occidentaux qu’ils cessent de cautionner l’impunité israélienne, alors nous sommes complices.

Les gouvernements qui prétendent incarner la démocratie et les droits de l’homme ne peuvent plus se cacher derrière des discours vides. Leur silence, leur inaction, et pire encore, leur complicité active en armant, finançant et soutenant politiquement cette guerre, les rendent coupables. C’est le cas notamment des Etats-Unis, mais pas seulement.

Quand des civils sont massacrés sous les bombes, quand des enfants meurent de faim, quand un peuple est anéanti sous nos yeux, il ne s’agit plus de géopolitique, mais d’un choix moral. Ceux qui, par intérêt ou lâcheté, refusent de condamner cette extermination seront jugés par l’histoire.

Les soi-disant démocraties du monde entier doivent rendre des comptes. Elles ne pourront pas dire qu’elles ne savaient pas.

* Ecrivain et traducteur.

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Réformer la BCT | Jusqu’où peut aller Kais Saïed ?

Le système bancaire, sous la houlette de Banque centrale de Tunisie (BCT), n’inspire plus la confiance des Tunisiens. Le président Kais Saïed multiplie les injonctions et les critiques à l’égard du système bancaire dans son ensemble. Il exige des réformes et ajustements structurels, le plus tôt possible. Mais, jusqu’où peut-il aller et quels sont les risques liés à une réforme précipitée et peu concertée ?

Moktar Lamari *

Faut-il le rappeler, la tension est à son comble entre d’un côté, le pouvoir monétaire et son «cartel» de banques, et d’un autre côté, le pouvoir exécutif appuyé par une opinion publique qui a perdu sa confiance envers les politiques monétaires et le système bancaire.

Et depuis une semaine, le duel passe à la vitesse supérieure. Un duel devenant parfois émotionnel et souvent erratique. La nouvelle cheffe du gouvernement (nommée depuis quelques  jours) veut accélérer le processus de la réforme de la banque centrale et du système bancaire, en impliquant uniquement les parties prenantes gouvernementales. Sans publier davantage de documents et d’études étayant les faits et les enjeux par des analyses scientifiques portant sur les dérives du système bancaire et de la Banque centrale surtout depuis la révision de sa loi organique en 2016.

Une opacité totale

Mercredi, la Banque centrale de Tunisie (BCT) baisse très légèrement son taux directeur, mais avec beaucoup de réticence et surtout une opacité totale sur les délibérations. On ne sait rien sur l’ordre du jour, sur les délibérations, les votes et encore moins sur les avis de ces élites présentes au conseil d’administration et qui opèrent derrière des portes closes, et parfois à la merci des lobbyistes et de groupes d’intérêts connus.

Aucune étude empirique n’est communiquée, et le gouverneur de la BCT n’est même pas en mesure de sortir dans les médias pour faire expliquer sa vision et articuler une logique rationnelle pour la réforme de son institution.

C’est un déficit de leadership qui n’arrange rien à la réputation et au branding de l’institut d’émission. Une institution pourtant historiquement respectée, par son histoire, ses leaders d’antan et ses positions avant-gardistes depuis sa création en 1958.

En cause, des taux d’intérêt usuraires, un blocage de l’investissement, une institution infectée par la corruption, le blanchiment d’argent, fuite de capitaux et évasion fiscale. Un code de change qui aggrave les choses et qui incarne tous les vices cachés du monétarisme en vigueur. En cause aussi la smala qui gère le système bancaire, agissant «hors la loi» et bloquant franco l’entrée de nouveaux acteurs, investisseurs et joueurs dans les marchés financier et économique en Tunisie.

Durant les derniers mois et semaines, le président Kais Saïed a «sermonné» publiquement et à plusieurs reprises le gouverneur de la BCT, appelant les banques à «respecter la loi» et à «réformer la politique monétaire». Peine perdue.

Le président a visité le siège de la BCT et des banques connues avec des dossiers sous les bras pour illustrer l’ampleur de la corruption et malversations au sein de certaines institutions monétaires et financières.

Citoyens et élites sont laissés dans le flou total. C’est quoi le problème? Pourquoi le système bancaire fait-il la sourde oreille aux injonctions du chef de l’exécutif? Es-ce un une sorte d’Etat dans l’Etat?

Des questions complexes qui taraudent les esprits des acteurs économiques et des citoyens avertis des enjeux financiers et monétaires en Tunisie.

La Loi de 2016 est anachronique et obsolète

La Loi 2016 sur la BCT est devenue «anachronique», en faisant maladroitement décrocher l’institut d’émission des instances de gouvernance de la Tunisie, et en la mettant de facto aux ordres du FMI et autres influences inspirées par les accords de Bretton Woods (1944).

Une grave erreur, une telle loi a mal compris le concept de l’indépendance des banques centrales. Les économistes liés au parti intégriste de Rached Ghanouchi n’ont rien compris aux théories et principes régissant l’indépendance des politiques monétaires.

La loi de 2016 sur la BCT a été conçue par un parlement tunisien, dominé par les Frères musulmans. Une Loi qui répond aux diktats et conditionnalités imposés par le FMI, au prétexte de l’«indépendance de la BCT».

Le parlement a à l’évidence voulu légitimer son pouvoir en obéissant aux impératifs de l’orthodoxie monétariste, de plus en plus contestée en Europe et même aux Etats-Unis, depuis le premier mandat de Trump.

Les islamistes ont volontairement centré le mandat de la BCT sur la lutte à l’inflation, et donc sur l’utilisation des leviers liés aux taux d’intérêt composé, pourtant interdit par l’islam (al-riba). Ils ont aussi et sciemment occulté le rôle stratégique de la politique monétaire en matière de relance économique du PIB et de l’emploi.

Sous leur gouverne, la BCT et le système bancaire ont été mis sur des listes noires pour blanchiment de l’argent sale et des transferts de devises visant à financer le terrorisme et l’enrichissement illicite d’élites politiques proches du pouvoir. En même temps, le dinar a perdu plus de 60% de sa valeur d’échange avec les devises fortes.

Sans aucun doute, la Loi de 2016 sur la Banque centrale doit rapidement être repensée et réécrite. Tout en favorisant l’indépendance de l’institution des pouvoirs politiques, le nouveau texte de loi doit tenir compte de la responsabilité de la politique monétaire, non seulement dans la lutte contre l’inflation, mais aussi dans la promotion de la croissance et la création de l’emploi.

Taux d’intérêt manipulés par les lobbyistes

Certes l’inflation a frôlé les 10% depuis 2019, année de la Covid-19. Une inflation principalement importée et amplifiée par la rupture des chaînes d’approvisionnement au niveau international, suite aux confinements et ruptures de stocks.

Depuis l’adoption de la loi de 2016, la BCT a exagérément sur-calibré les taux d’intérêt directeurs, permettant à la trentaine de banques d’engranger des centaines de millions de dinars de profit net, sans encourir aucun risque. Alors que l’économie est à genoux et les taux de croissance sont nuls et parfois négatifs.

La trentaine de banques organisées en cartel, au grand jour, font payer à leurs PDG des salaires mirobolants pouvant atteindre presque 2 millions de dinars par an (salaires, actions et bonus).

Il faut dire que ces banques profitent aussi de leur engagement pour financer les déficits budgétaires à des taux qui dépassent 2 à 3 fois les taux pratiqués par le FMI, ou les autres organisations internationales. Elles sont appuyées pour ce faire par la planche à billet de la BCT.

La situation actuelle et les textes en vigueur pour gérer la BCT et la politique monétaire sont devenus contreproductifs, incapables de maîtriser totalement l’inflation et générateurs de récession, de chômage et de stagflation. La part de l’investissement dans le PIB a chuté de 28% en 2010, à moins de 6% en 2020-2022.

En plus des textes législatifs à repenser, la Tunisie de Kais Saïed doit infléchir les objectifs et les instruments de la politique monétaire et les mettre au service de l’économie.

Des banques qui n’inspirent plus confiance

L’opinion publique tunisienne est remontée contre le système bancaire. Les citoyens ont compris les manigances et les enjeux de pouvoir financier qu’exercent les banques sur l’économie, pour s’enrichir et vampiriser aussi bien les épargnants que les investisseurs.

Plusieurs banques de développement ont été déplumées ou bradées au profit d’intérêt privés avant d’être absorbées par d’autres banques, souvent étrangères. On se rappelle de la Banque du Sud, et d’autres sociétés à capital de risque aussi absorbées au grand mépris des règles de la concurrence et de la transparence. Les actionnaires ont été saignées à blanc. Nos parents ont du temps de Bourguiba cotisé par des retenus sur salaire à la constitution de nombreuses banques de développement liquidées depuis, par la privatisation et la corruption de l’ère de Ben Ali.

On se rappelle aussi des cartons de liasses en devises acheminées mensuellement au dictateur Ben Ali et les membres de sa famille directe, avec évidemment la complicité des autorités supérieures de la BCT, gouverneur et membres de son conseil d’administration de l’époque.

Ces dernières années, les frais bancaires ont atteint des niveaux mirobolants. En plus, les banques limitent les montants des retraits, pour démultiplier les frais, introduisant toujours plus d’agios et de prélèvement pour la gestion des comptes. On délivre les cartes de crédits au compte-goutte et on limite l’ouverture de comptes bancaires aux personnes récipiendaires de salaires réguliers.

Les sondages d’opinion confirment cette perte de confiance collective envers le système bancaire tunisien. Les bases de données du World value Survey (WVS) démontrent l’ampleur de l’in-confiance affichée par les Tunisiens et les Tunisiennes envers leurs banques et envers les institutions monétaires internationales (FMI, Banque mondiale).

Le sondage WVS mené en 2022 montre que 75% des Tunisiens et Tunisiennes ne font pas confiance à leurs banques. Ce taux se repartit entre 27,3% de répondants qui ne font aucune confiance aux banques tunisiennes, et 47,5% déclarent ne pas faire assez confiance.

La déchéance de la confiance est réelle. Le même sondage mené en 2013 par cet organisme universitaire reconnu montre que seulement 54% des répondants ne font pas assez ou pas du tout confiance à leur système bancaire.

Risques et périls

Au sujet de l’imperfection de la gouvernance de la BCT et des comportements cartélistes des banques, l’unanimité est acquise. Le président Saïed bénéficie d’un appui total de l’opinion publique nationale. Mais, dans la précipitation, il faut réformer les comportements, sans déformer les fondamentaux économiques régissant le rôle et la valeur ajoutée du système bancaire, agent majeur de la macroéconomie.

Les banques privées ou publiques ont leurs actionnaires, leurs épargnants et leurs clients. Il ne faut pas que les réformes pénalisent ces personnes (morales ou physiques). Les théories économiques basées sur la croissance économique stipulent une relation négative entre des taux d’intérêt très élevés d’un côté et un engagement collectif pour investir et créer la richesse par la stimulation de l’investissement.

Repenser et réécrire la Loi de 2016 sur la BCT doit impliquer plus que les membres du gouvernement et des cercles de conseillers du président ou du ministère des Finances.

Les universitaires doivent se prononcer explicitement et doivent sortir d’une approche girouette, fondée sur les portes tournantes, passant d’un parti à un autre, d’une approche à une autre, comme si de rien n’était.

Les universitaires doivent démontrer les écueils à éviter dans ce genre de réformes complexes et pour élaborer une nouvelle loi qui fait l’unanimité, sans prendre le risque d’une autre refonte après quelques années, et à la fin de mandat de l’actuel président.

Trois principes directeurs

Les institutions internationales sont aux aguets, et il ne faut pas politiser les enjeux pour décrédibiliser la Tunisie, ses élites et son système bancaire. Trois principaux principes sont à faire valoir.

Un : l’indépendance doit être totale, et elle se doit de se doubler d’une distance officielle et franche face aux institutions de Bretton Woods, et leurs pseudos valeurs anti-État, antisocial et manipulations des taux de changes et autres conditionnalités dites «rationnelles».

Deux : intégrité des responsables agissant au sein et dans la périphérie de la BCT et des banques qui vampirisent l’économie et qui multiplient les frais et les «répressions financières» contre les investisseurs et les épargnants. Ces banques doivent respecter leurs clients et agir de façon à insuffler la croissance économique, l’investissement, l’emploi.

Trois : transparence et souveraineté nationale sur les politiques monétaires et toutes ces ententes entourant une dette toxique, qui ruine le pouvoir d’achat et obscurcit l’avenir des nouvelles générations. L’opinion publique mérite le respect, notamment pour savoir les curriculum-vitae des membres du Conseil d’administration de la BCT et leurs votes pour ou contre les graves décisions liées au taux d’intérêt, aux taux de change, et à toutes dépendances liées aux va-et-vient au FMI, pour représenter la BCT et la Tunisie dans son ensemble.

Ce n’est pas simple, et il faudra associer toutes les parties prenantes dans ce processus fort délicat, qui demande autant de mobilisation que d’adhésion. La consultation et l’utilisation des données probantes doivent guider la réforme du système bancaire et comprendre les déterminants de l’efficience des politiques monétaires en Tunisie.

D’ici trois semaines auront lieu les Spring meeting du FMI à Washington, faut-il que la Tunisie s’y rende, pour quelle finalité et avec quelle délégation? Sachant que notre pays a officiellement réitéré plusieurs fois des fins de non recevoir aux diktats au FMI…

* Economiste universitaire.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

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Ce dossier que l’administration Trump s’honorerait de réouvrir

Ce dossier que l’administration Trump s’honorerait de réouvrir | Univers News

Tawfik BOURGOU

Rubio a su trouver les mots pour pointer la menace majeure contre la Nation tunisienne, à savoir le viol de ses frontières par des mafias et des immigrations massives

• Les erreurs des administrations démocrates, celles de Monsieur Obama, ont contribué à démolir la Tunisie et à effondrer toues les standards de vie des Tunisiens

• Le parti Ennahdha ainsi que ses amis du CPR, dont le « Provisoire », avaient permis l’humiliante invasion de l’ambassade américaine à Tunis

• Est-il nécessaire de rappeler que parmi les « promus » à la tête du pays offert par les démocrates aux islamistes, figuraient certains compagnons de Ben Laden ?

• Les « printemps arabes » ont amené les USA à abandonner leurs amitiés traditionnelles et à se mettre à la remorque de ceux qui les ont combattus les armes à la main

• La Tunisie est l’objet de convoitises de son voisinage qui ne rêve que de vassaliser le pays… quand ce n’est pas l’Iran qui étend ses tentacules chaque jour un peu plus

TUNIS – UNIVERSNEWS –  Comme beaucoup, nous avons été très agréablement surpris par les vœux du Secrétaire d’Etat Rubio à l’adresse de la Tunisie et des Tunisiens à l’occasion du soixanteneuvième anniversaire de l’indépendance de la Nation Tunisienne.

Il faut remonter à l’administration Reagan pour trouver autant de respect et retrouver le réalisme typique de la diplomatie américaine dans l’indentification des vrais problèmes.

Nous n’avons pas l’habitude de remercier, notre rôle est de critiquer et de pointer les manquements. Mais pour une fois nous le faisons. Ces dernières années, depuis 2011, nous avons été très critiques vis-à-vis des Etats-Unis, mais le dernier message sonne agréablement à nos oreilles.

Il semble certain que le nouveau Secrétaire d’Etat, Monsieur Rubio, a su trouver les mots et l’expression pour pointer ce qui constitue la menace majeure contre la Nation tunisienne, à savoir le viol de ses frontières par des mafias et des immigrations massives poussées par les pays du voisinage.

Le nouvel ambassadeur nominé aura beaucoup à faire, pour faire oublier les
maladresses de son prédécesseur, comme celle de considérer les envahisseurs subsahariens « comme les vrais habitants de la Tunisie ».

Monsieur Rubio quant à lui, saura rattraper la condescendance de Monsieur Blinken à l’égard de la Tunisie allant jusqu’à prédire son effondrement. Il peut ne pas apprécier un régime politique, c’était son droit, mais annoncer l’effondrement d’un pays au point de l’insécuriser est simplement une honte. Car l’effondrement d’un pays c’est l’effondrement des conditions de vie d’une population qui n’est en rien responsable.

En revanche les erreurs des administrations démocrates, celles de Monsieur Obama, ont contribué à démolir la Tunisie et à effondrer tous les standards de vie des Tunisiens à commencer par la sécurité et la sécurité aux frontières. C’est certainement ce point que devrait explorer la nouvelle administration américaine.

Ce dossier que l’administration Trump s’honorerait de réouvrir | Univers News

 

Pour notre part, nous accordons le bénéfice des bonnes intentions au Secrétaire d’Etat, notamment en ce qui concerne le seul sujet qui nous intéresse dans les relations avec les Etats-Unis, à savoir la Tunisie et les problèmes frontaliers qui lui sont imposés par des Etats voyous, limitrophes ou plus lointains.

Nous pensons que les États-Unis, comme la Tunisie, sont confrontés à un
mouvement de populations qui part des profondeurs de l’espace subsaharien et atteint le Rio Grande et remonte jusqu’à la ville de New York. C’est la même dynamique qui frappe la Tunisie, qui va des profondeurs de l’ellipse de toutes les crises subsahariennes et qui a pour objectif d’installer des populations, de trafics de drogue, des réseaux prostitution, un terrorisme et un trafic d’armes vers la Tunisie pour l’effondrer et en faire une zone grise, qui tôt ou tard finira par constituer une menace pour la sécurité des Etats-Unis.

Nous lui sommes tout fait reconnaissants d’avoir enfin dit officiellement ce que nous dénoncions depuis des années.

Les Etats-Unis, via leur secrétaire d’Etat soulignent le souci quant à la question des frontières. C’est une excellente nouvelle. 

Nous serions ravis, si la nouvelle administration pouvait aller plus loin, en mettant en place une commission d’enquête digne de ce que fut l’histoire politique américaine (que nous connaissons très bien), pour lever le voile sur ce qui a été le point de bascule qui a valu pour la Tunisie, d’être la cible d’une destruction de tout son système frontalier. Nous ciblons ici le processus dit des « printemps arabes » dans lequel se sont enrôlées les administrations démocrates (et quelques républicains), processus qui a été à la source de la destruction du pays, et de la démolition des relations entre les Etats-Unis et une grande partie de l’élite tunisienne.

Le Secrétaire d’Etat Rubio et l’Administration américaine, n’ignorent pas que ce processus fut l’occasion d’une dilapidation de l’argent du contribuable américain octroyé à des organisations, des ONG qui pour la plupart étaient « peuplées » par les ennemis mêmes des Etats-Unis.

Est-il nécessaire de rappeler que parmi les « promus » à la tête du pays offert par les démocrates aux islamistes, figuraient certains compagnons de Ben Laden, que parmi eux, certains avaient applaudi et se sont réjouis ouvertement de l’attaque contre New York et Washington et ont fêté ostensiblement la mort de milliers d’américains en ce 11 septembre 2001 ? Un simple retour vers les archives de l’époque suffirait.

Les nouveaux « amis », aussitôt installés avaient immédiatement entrepris
d’humilier les Etats-Unis. C’est ainsi que le parti Ennahdha au pouvoir, en Tunisie, ainsi que ses amis du CPR, dont le « Provisoire », avaient permis l’humiliante invasion de l’ambassade américaine à Tunis, l’abaissement de la bannière étoilée et son remplacement par le drapeau de DAECH en haut du mât surplombant le bâtiment central de l’Ambassade américaine de Tunis. Certains semblent avoir oublié. Nous n’avons pas oublié ce moment de l’histoire.

Ces mêmes « printemps » financés par des fonds publics américains, en dépit du bon sens, contre les intérêts stratégiques des Etats-Unis, ont permis que soit lynché le propre représentant des Etats-Unis à Ben Ghazi même. Les images circulent toujours sur les réseaux. Certains s’en réjouissent toujours.

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Ces printemps ont amené les Etats-Unis à abandonner leurs amitiés traditionnelles et à se mettre à la remorque de ceux qui les ont combattus les armes à la main, ouvertement et partout.

C’est à ceux-là que furent offerts des pays entiers, dont la Tunisie. Pays qu’ils vont démolir méthodiquement parfois avec la bénédiction d’officiels américains et de certains Think Tank. C’est ce processus qui va démolir les relations entre les Etats-Unis et les populations.

Toute cette destruction est partie de la réunion de Paris en février 2011, sous la férule de Madame Clinton où l’on a adoubé les ennemis du moment, les islamistes, pour remplacer les amis de longue date.

Ce tragique épisode a fait de la Tunisie l’objet de convoitises de son voisinage qui ne rêve que de vassaliser le pays, quand ce n’est pas l’Iran qui étend ses tentacules chaque jour un peu plus ou alors les réseaux de l’immigration massive et la cohorte des trafiquants de drogue. C’est à cause de ce « printemps » autorisé par l’administration Obama que la Tunisie se trouve aujourd’hui plus affaiblie que jamais.

Le nouveau secrétaire d’Etat, mais plus largement, la nouvelle administration
s’honorerait d’ouvrir ce dossier qui s’est soldé par un fiasco diplomatique d’une rare ampleur, qui s’est soldé par la dilapidation du crédit politique des Etats-Unis en même temps que la dilapidation de fonds colossaux.

Monsieur le Secrétaire d’Etat, ouvrez ce dossier, cette action sera inscrite à l’honneur des Etats-Unis, telles que nous les avons connus, beaucoup, dont nous-mêmes, aideront à la manifestation de la vérité sur cette sombre période.

Forces de «maintien de la paix» en Ukraine | Les mensonges des impuissances européennes

Sans la signature de l’accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, la présence à titre officiel du moindre contingent militaire ne serait-ce que d’un seul des pays membres de l’Otan sur le sol ukrainien vaudra l’entrée directe de l’Alliance de l’Atlantique Nord en guerre contre la Fédération de Russie. Et cela, la plupart des pays de l’Otan le savent très bien qui réfléchiront par deux fois avant de faire le moindre pas en ce sens, malgré les gesticulations de la France et de la Grande-Bretagne. (Ph. L’Union européenne joue toutes ses cartes sur Volodymyr Zelenski).

Oleg Nesterenko *

Quelques jours après que le premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé que le plan de «coalition des volontaires» entrait dans une «phase opérationnelle», le 20 mars dernier, les représentants de la majorité des pays de l’Otan se sont réunis dans les banlieues de Londres pour discuter de la création de «la force de maintien de la paix» en Ukraine et élaborer les plans de son action.

Londres s’attend à ce que plus de 30 pays, dont l’intégralité des membres de l’Otan, prennent une participation dans la nouvelle coalition et apportent leurs contributions.

Lors de ladite réunion, les participants ont convenu que les forces «de maintien de la paix» en Ukraine comprendront autant de troupes terrestres que de forces aériennes et navales. Notamment, des militaires britanniques et français seront déployés tant dans les villes que dans les ports et les infrastructures critiques ; les navires de patrouille et dragueurs de mines de l’Otan opéreront en mer Noire.

De son côté, le 27 mars, Emmanuel Macron a organisé un nouveau sommet à Paris entre Volodymyr Zelensky et ses partenaires de guerre : «On a fait un gros travail avec les Britanniques sur les conditions d’encadrer le cessez-le-feu et donc là, je pense que ça va être l’occasion d’en discuter et de le préciser», a déclaré le président français.

Bien évidemment, en parlant d’une coalition et d’un grand déploiement militaire des forces de l’alliance du Traité de l’Atlantique Nord, ce n’est guère une action d’une durée de 30 jours couvrant le cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis d’Amérique qui est en discussion, mais une opération stratégique à long terme.  

Les tentatives désespérées de se sauver la face

La grandeur des ambitions des idées exprimées et des plans élaborés par la coalition anglo-franco-centrique ne peut être comparée qu’à la profondeur abyssale de leur coupure de la réalité. Car, jamais aucune force d’aucun pays de l’Otan ne participera dans le prétendu processus de «maintien de la paix» sur le sol de l’Ukraine post-conflit.

Après la remise démonstrative des pays du Vieux continent à leur véritable place – celle des vassaux du maitre outre-Atlantique – par le rejet de leur présence à la table des futures négociations de paix en Ukraine qui n’auront lieu qu’entre les deux réelles puissances en guerre : les Etats-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie – les récentes déclarations des pays-membres du camp en défaite face à la Russie ne sont que des tentatives maladroites et désespérées de sauver les débris restant de leur réputation, en tant que puissances militaires, aux yeux du monde qui les observent d’une manière de plus en plus sceptique.

Contrairement à ces mensonges et illusions propagés depuis la réunion à Londres au sujet des futures actions des prétendues forces du «maintien de la paix» en Ukraine dans la période post-guerre, mon affirmation sur l’impossibilité de la participation des forces armées des pays de l’Otan dans le «maintien de la paix» en Ukraine est sans équivoque et basée sur des fondements juridiques incontournables.

Plusieurs facteurs-clés rendent parfaitement impossible l’initiative occidentale de «contrôler» la paix en Ukraine à la fin du conflit armé. 

La condition sine qua non de Moscou

Sans la signature de l’accord de paix entre Moscou et Kiev, la présence à titre officiel du moindre contingent militaire ne serait ce que d’un seul des pays membres de l’Otan sur le sol ukrainien vaudra l’entrée directe de l’Alliance de l’Atlantique Nord en guerre contre la Fédération de Russie.

Il est connu d’avance via de multiples déclarations de Moscou qui n’ont jamais varié au sujet des rapports entre Kiev et l’Otan : l’une des conditionssine qua non de la signature de l’accord de paix sera l’interdiction signée et ratifiée par la partie adverse de la présence des forces armées du bloc de l’Otan sur le territoire de l’Ukraine. 

Soit, juridiquement, c’est bien le Kremlin et personne d’autre qui décidera de la présence du camp ennemi à ses frontières du sud-ouest. Une présence qui n’aura jamais lieu : sa seule menace a été l’une des raisons principales pour Moscou d’entrer en guerre qui dure depuis plus de trois ans.

L’unique moyen de réaliser les fantasmes des dirigeants des pays de l’Otan sur la présence en Ukraine de leurs forces «de maintien de la paix» est celui d’entrer en guerre contre la Russie et de l’importer.

Les casques bleus

Les Casques bleus sont une force qui agit au nom de l’Organisation des Nations unies (Onu) dans le cadre des opérations de maintien de la paix (OMP). Il est donc logique de supposer que leur présence peut avoir lieu en Ukraine post-guerre. 

Cela étant, le déploiement d’une telle mission ne peut être décidé que par le principal organe des Nations Unies qui est le Conseil de sécurité. Le Conseil, dont la Fédération de Russie est membre permanent et, à ce titre, dispose du droit de veto lorsque des résolutions doivent être votées.

Ainsi, une fois de plus, c’est bien Moscou qui décidera si la présence des casques bleus en Ukraine aura lieu ou non.

Navires de patrouille et dragueurs de mines en mer Noire

Lors de la réunion de 20 mars à Londres, l’une des décisions qui a été prise était celle de la future présence des navires de patrouille et dragueurs de mines de l’Otan qui opéreront en mer Noire.

Les propagateurs de la désinformation depuis Londres ont «oublié» de parler de l’existence de la convention de Montreux. La convention de Montreux, signée le 20 juillet 1936, détermine l’exercice de la circulation dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore (Turquie), ainsi que dans la mer Noire. Et le §2 de son article 18 est sans équivoque : «Quel que soit l’objet de leur présence en mer Noire, les bâtiments de guerre des Puissances non riveraines ne pourront pas y rester plus de vingt et un jours».

Soit, aucune sérieuse présence supplémentaire de la marine du bloc de l’Otan ne peut y avoir lieu. Hormis celles de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Turquie riveraines qui y sont déjà présentes et peuvent naviguer librement dans leurs eaux territoriales et les eaux internationales – ce qu’elles font depuis toujours.   

Les déclarations européennes sur la future présence des navires de l’Otan qui opéreront en mer Noire dans le cadre de «la force de maintien de la paix» en Ukraine ne sont donc que de la rhétorique vide.

La constitution de l’Ukraine

En vue des grossières violations au quotidien de la Constitution de l’Ukraine depuis 2014 et, plus particulièrement, depuis les 3 dernières années par les régimes  successifs installés à Kiev, il est presque déplacé de mentionner l’existence d’une Constitution dans ce pays et, encore moins, de mentionner l’existence de l’article 17 de ladite Constitution qui est sans équivoque : «Le déploiement de bases militaires étrangères sur le territoire ukrainien est interdit».

Il est tout à fait certain qu’une violation constitutionnelle de plus, parmi tant d’autres, par le déploiement des forces armées de l’Otan sur le territoire de l’Ukraine serait passé tout à fait inaperçu. De plus que l’existence de la Cour constitutionnelle qui est l’unique organe de juridiction constitutionnelle en Ukraine a été réduite par le régime de Zelensky à n’exister que sur papier.

Post-scriptum : En mettant de côté les fantaisies propagées par la composante européenne de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, revenons à la réalité : d’une manière incontournable, seule la Fédération de Russie peut réellement garantir la paix sur le territoire de l’Ukraine. Il n’y aura aucune paix, si les conditions de sécurité et la prise en compte des intérêts russes exigées par Moscou, durant tant d’années avant-même le déclenchement de la guerre, ne sont pas respectées par le camp-ennemi. Et en mentionnant l’ennemi, ce n’est guère du camp ukrainien qui n’a jamais été qu’un outil périssable entre les mains des tireurs de ficelles anglo-saxons dont je parle.

L’intervention directe et officielle de la moindre composante militaire d’un seul des pays de l’Otan sur le sol ukrainien vaudra directement son entrée en guerre contre la Russie avec toutes les conséquences pour le monde qui en découleront.

Cela étant, si une telle situation a été soigneusement évitée dans les heures les plus sombres du règne belliqueux des «démocrates» sur la Maison Blanche – ce n’est certainement pas demain que cela arrivera dans le cadre des gesticulations archaïques et impuissantes des anciennes puissances européennes, dont «l’âge d’or» a sombré à tout jamais dans l’oubli du passé.

* Président du CCIE, spécialiste de la Russie, CEI et de l’Afrique subsaharienne.

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Elections municipales en Tunisie | Un retard qui fragilise la démocratie locale

Depuis la révolution de 2011, la Tunisie a fait des avancées notables en matière de réformes politiques et institutionnelles. Cependant, il y a un domaine où le retard devient inquiétant : les élections municipales [les dernières ayant eu lieu en 2018 et celles initialement prévues pour mai 2023  ayant été supprimées par une décision du président de la république Kaïs Saïed, le 9 mars de la même année Ndlr].

Leith Lakhoua *

Bien que les élections municipales soient inscrites comme une exigence fondamentale dans la Constitution tunisienne de 2022, force est de constater qu’elles continuent de se faire attendre.

Ce retard soulève une question cruciale : comment concilier la nécessité d’élire nos représentants locaux avec l’absence de cadre législatif adapté à la réalité politique actuelle?

Un vide juridique problématique

La loi électorale municipale qui était en vigueur n’est plus compatible avec les évolutions politiques du pays après 2021. Elle ne reflète plus les aspirations démocratiques des Tunisiens ni les nouvelles réalités du système politique en place. L’absence d’une loi électorale municipale révisée empêche la mise en place de mécanismes de gouvernance clairs et transparents pour les municipalités.

Pourtant, les élections municipales, comme le stipule la Constitution tunisienne de 2022, sont un maillon essentiel dans la construction d’une démocratie locale solide, permettant aux citoyens de choisir leurs dirigeants à l’échelle communale et d’assurer une gestion de proximité plus réactive et adaptée à leurs besoins.

Malheureusement, la mise en place de cette nouvelle loi électorale semble faire face à des obstacles politiques et institutionnels. L’incertitude quant à son adoption soulève un dilemme : doit-on organiser les élections municipales sans cette loi, en attendant que celle-ci soit enfin adoptée? Ou faut-il impérativement attendre sa promulgation pour garantir un cadre juridique cohérent?

Un retard qui fragilise les municipalités

En attendant cette fameuse loi électorale, la situation actuelle est marquée par un vide institutionnel de plus en plus préoccupant. Actuellement, les municipalités sont dirigées par des secrétaires généraux, des fonctionnaires qui n’ont pas nécessairement été élus pour gérer ces collectivités. Cette gestion administrative a engendré une forme d’anarchie et de désorganisation qui va à l’encontre des besoins réels des citoyens. Les décisions sont prises de manière centralisée et éloignées des préoccupations locales, ce qui nuit à l’efficacité de l’administration municipale et renforce la distance entre l’État et les citoyens.

De plus, l’absence de représentants élus dans les communes prive les citoyens d’une véritable prise en charge de leurs besoins quotidiens. Les municipalités, qui devraient être les premières à répondre aux attentes des citoyens, sont déconnectées de la réalité locale, et cette déconnexion engendre un désintérêt croissant des populations pour la politique locale. La gestion des services municipaux devient de plus en plus opaque, alimentant le sentiment de frustration des Tunisiens, qui ne voient plus dans leurs autorités locales un interlocuteur capable de répondre à leurs préoccupations.

Une urgence pour le pays

Dans cette situation, il est essentiel de se poser la question de savoir si nous devons continuer à attendre une loi électorale municipale ou si, au contraire, il serait plus pragmatique d’organiser les élections, quitte à adapter la loi par la suite.

Ne pas organiser les élections municipales dans les délais prévus revient à priver les Tunisiens de leur droit fondamental à élire leurs représentants locaux, et cela fragilise davantage le système démocratique tunisien.

Cependant, il ne fait aucun doute qu’une fois les élections organisées, il faudra, dans les plus brefs délais, adopter une loi électorale municipale moderne et adaptée. Cette loi devra non seulement assurer la transparence et la rigueur dans l’organisation des élections, mais aussi garantir une gestion locale efficace et proche des préoccupations des citoyens.

En attendant, il est impératif de ne pas laisser les municipalités entre les mains des secrétaires généraux, car cette situation engendre une forme d’anarchie qui porte préjudice aux citoyens et au pays tout entier. Il est essentiel que les autorités politiques et législatives prennent leurs responsabilités pour éviter que cette gestion décentralisée ne devienne un frein à l’évolution démocratique de la Tunisie.

Prendre des décisions pour l’avenir

La Tunisie ne peut plus se permettre d’attendre indéfiniment pour organiser ses élections municipales et mettre en place une nouvelle loi électorale municipale. Il est crucial d’agir rapidement pour répondre aux attentes des citoyens et permettre une gestion locale responsable et démocratique.

La situation actuelle, marquée par l’absence de gouvernance légitime et d’une véritable représentation locale, nuit à l’intérêt des Tunisiens et compromet l’avenir de la démocratie en Tunisie. Il est donc urgent de prendre des mesures concrètes et de garantir que les élections municipales se tiennent dans les meilleurs délais, pour que la Tunisie puisse avancer sur la voie de la décentralisation et de la gouvernance participative.

* Consultant en organisation industrielle et logistique.

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Être ou ne pas être chef de gouvernement en Tunisie

Le président Kais Saïed a nommé Sarra Zaafrani Zenzeri comme 4e chef de gouvernement, depuis 2021, et 11e depuis 2011, date de la Révolte du Jasmin en Tunisie. Une espérance de vie politique moyenne de seulement 15 mois pour chacun. Une rotation effrénée et qui ne rassure ni l’économie, ni la société. Est-ce un indicateur d’instabilité ? Est-ce un corrélât d’une inefficacité chronique au niveau gouvernemental?

Moktar Lamari *

Plusieurs questions se posent et plusieurs enjeux s’imposent dans le contexte d’une crise économique et monétaire sans précédent. Une crise économique qui secoue le sens du travail, qui vampirise l’investissement et qui enfonce le pays dans la dette et la stagflation.

Être chef de gouvernement est un métier qui ne s’improvise pas. C’est un métier politique que ceux et celles qui n’ont pas assumé une vie politique active et engagée ne peuvent pas exercer de façon efficace.

En Tunisie, on a tendance à négliger la complexité de la fonction et à sous-estimer les compétences liées.

Être ou ne pas être chef de gouvernement

Être chef de gouvernement, c’est un métier complexe et jonché de difficultés et d’imprévus. Il faut convaincre par un leadership assumé et efficace, pour pouvoir communiquer et mobiliser les parties prenantes (pouvoirs, ministères, régions, etc.). Et il faut comprendre les mécanismes de l’État, et les rouages macroéconomiques de l’économie nationale et de ses interdépendances avec les pays étrangers et les organismes internationaux.

On doit avoir une compréhension des concepts économiques clefs et de leur impact sur le niveau de vie des citoyens et sur les processus de la création de la richesse.

Multiplier les changements du chef de gouvernement a été un sport national pour l’ère post-2011. On préfère limoger le chef de gouvernement que de remettre en question les politiques publiques qui de facto n’ont pas fonctionné efficacement, parce qu’elles ont été mal conçues ou mal-implantées, ou les deux à la fois.

On enseigne à nos étudiants en sciences politiques et en sciences économiques qu’il faut détenir une expérience politique et une expertise technique pour pouvoir fixer de manière réaliste les bonnes priorités et pour faire tourner l’État, en créant la richesse et pas l’inverse.

Il faut au moins 9 mois pour maîtriser tous les mécanismes et les rouages de l’État, quand on occupe le poste de ministre, et un peu plus pour occuper efficacement celui de Premier ministre.

Durant l’ère de Ben Ali ou de Bourguiba (50 ans), les 8 premiers ministres duraient dans leur poste plusieurs années, peut-être un peu trop. Ils étaient tous des hommes et de la région de Monastir et environs.

Vision programme et agendas

Dans les régimes démocratiques, on ne change pas de chef de gouvernement sur un coup de tête, sans évaluation et sans consultation crédible (élections ou vote parlementaire). On ne prend pas le risque de brouiller en un rien de temps, les repères du fonctionnement économiques et les cibles visées par une équipe dirigée par un chef de gouvernement.

L’économie n’aime pas l’instabilité politique, hait les incertitudes et peut sanctionner toutes les mauvaises décisions, par des fuites de capitaux, atrophie des investissements, ou même contraction de l’emploi et de la croissance.

Dans les régimes démocratiques, on évalue les performances de chaque gouvernement, par des évaluations de politiques (domaine de recherche en sciences sociales); on mesure le niveau de confiance populaire à l’égard des gouvernements et des élites.

La confiance compte en politique publique et le citoyen a son mot à dire, durant ces moments clefs. Elle constitue le principal carburant de la vie politique, et le principal propulseur de l’économie.

Le changement de chef de gouvernement constitue un moment clef pour changer de vision, instaurer un nouveau momentum et dessiner un nouvel agenda.

La nomination de la nouvelle chef de gouvernement, à qui on souhaite tout le succès dans ses nouvelles fonctions, doit être assortie de transparence et de vision, quant aux priorités et à l’agenda gouvernemental dans le court terme.

L’économie tunisienne est à la peine, et les tensions sociopolitiques sont nombreuses et parfois explosives. Notre économie est handicapée par une productivité qui recule sans cesse et une politique monétaire qui vampirise l’investissement, la libre concurrence entre les opérateurs économiques.

Sans un vrai programme économique mobilisateur et sans une révision structurelle de la politique monétaire, on ne peut rien faire de différent et de concluant.

La marge de manœuvre gouvernementale est tributaire de la relance de la croissance, de la création d’emplois, du retour de l’investissement, et ultimement de la restauration de la confiance envers l’État dans son ensemble et ses institutions officielles ou informelles.

Les chiffres actuels indiquent que 2 à 3 citoyens sur 4 ne font pas du tout confiance aux principales institutions de l’État (administration, gouvernement, banque, parlement). Ces données viennent de la World Value Survey (2022).

La nouvelle cheffe de gouvernement doit restaurer la confiance du citoyen. Elle doit aussi nous afficher clairement sa vision, ses priorités et les changements à introduire pour faire autrement, et obtenir les résultats que ses prédécesseurs n’ont pas pu réaliser.

On n’obtient pas des résultats différents en faisant toujours les mêmes erreurs.

* Economiste universitaire.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

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Gaza | Quand la France oublie ses principes

Pour les droits d’un seul homme, la France est capable de mobiliser toute sa puissance diplomatique, quitte à mettre en péril ses relations politiques, économiques et financières avec n’importe quel pays. Ce qui est louable en soi car les principes et les valeurs ne se négocient pas. Cependant, cette même France, face à la souffrance de millions d’êtres humains, demeure parfois étrangement  passive.

Khémais Gharbi

Le dernier exemple en date est celui du drame qui se joue à Gaza et en Cisjordanie : plus de 60 000 morts, principalement des enfants, des femmes, des personnes âgées et des civils. Plus de 100 000 blessés, amputés, mutilés, exclus à jamais d’une vie normale. Et pourtant, la France ne réagit pas, ou si peu. Comme l’a fait le président Macron qui a appelé, mercredi, à la cessation immédiate des «hostilités» (sic !) en prévenant qu’il n’y aurait «pas de solution militaire» possible dans le territoire palestinien, sans condamner clairement les crimes perpétrés par Israël à Gaza et en Cisjordanie.

La diplomatie française se limite à un service minimum, bien loin de l’exigence morale que l’on attend du pays de la Déclaration des droits de l’homme. Comme frappée d’une étrange paralysie, elle semble avoir renoncé à cette voix qui, jadis, portait haut les principes du droit international et de la justice universelle.

Le legs de Mitterrand, Chirac et Villepin

Les exemples d’un passé pas si lointain sont pourtant là pour lui rappeler son rôle et sa responsabilité. Comment oublier l’intervention mémorable de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l’Onu, s’opposant avec éloquence à l’invasion américaine de l’Irak? Ce moment d’histoire a alors placé la France en leader moral, et aujourd’hui encore, elle en recueille le respect et les bénéfices. Il a montré qu’une nation peut choisir la voie de la raison face aux passions guerrières.

Comment ne pas se souvenir des paroles de Jacques Chirac à Jérusalem, défendant avec fermeté le droit des Palestiniens à s’exprimer et à venir à sa rencontre? Ce jour-là, il n’était pas seulement un chef d’État, mais le porte-voix du pays des droits de l’Homme, rappelant que la dignité humaine ne connaît ni frontières ni conditions.

Et que dire enfin de la comparaison poignante de François Mitterrand entre l’un des nombreux massacres en Palestine et celui d’Oradour-sur-Glane? Par ces mots, il affirmait que l’horreur n’a ni époque ni géographie, et que la mémoire collective doit éclairer l’action politique. Chaque perte humaine est un appel à l’empathie et à la justice.

Un héritage à réhabiliter

C’est de tels hommes d’État dont la France aurait aujourd’hui besoin. Des dirigeants dotés de courage, de lucidité et d’une vision historique. Mais pour entrer dans l’Histoire ou, mieux encore, pour la construire, il ne suffit pas d’en avoir l’ambition. Il faut la force morale et les valeurs qui l’accompagnent.

Aujourd’hui, ces vertus font cruellement défaut. Pourtant, la politique ne devrait pas être uniquement guidée par des intérêts stratégiques immédiats, mais aussi par des principes intangibles, par la capacité d’écouter les souffrances des opprimés et d’y répondre avec détermination. La France a, entre ses mains, le pouvoir de capter l’attention du monde et de donner un sens à la part lumineuse de son héritage.

Le moment est venu pour elle de prouver qu’elle est, et doit rester, le pays des droits de l’Homme. Non pas en paroles, mais en actes. Car c’est dans l’épreuve que se révèlent les véritables valeurs d’une nation, et c’est dans leur fidélité qu’elle écrit l’Histoire.

* Ecrivain et traducteur.

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Les trois empires

Depuis 20 ans, on observe une confrontation feutrée entre trois empires : les États-Unis, la Russie et la Chine. La mondialisation est en lambeaux, et les couteaux sont aiguisés. La bataille ne fait que commencer avec une fuite en avant dans la guerre commerciale et le réarmement…

Helal Jelali *

D’abord, une question adressée aux éminents spécialistes de géopolitique et analystes des affaires internationales qui hantent les studios des télévision spour nous expliquer la marche du monde : pourquoi le mot «empire» a-t-il presque disparu de votre lexique? Pourtant, et le constat est limpide, nous assistons actuellement à une bataille entre les empires américain, russe et chinois. Ce concept d’empire ne fait pas partie de l’histoire ancienne, il est bien vivace, en tout cas dans l’esprit des dirigeants de ces trois puissances.

Depuis la Mésopotamie, les hommes ont vécu plus de temps sous des empires que sous l’autorité d’un petit État ou d’un petit royaume, rappelle l’historien Yuval Noah Harari dans son livre ‘‘Sapiens, une brève histoire de l’humanité’’

La mondialisation est un leurre

Le siècle dernier était celui des guerres européennes, de la reconstruction, et d’une course à l’armement entre les États-Unis et l »URSS dans une atmosphère lourde de guerre froide. Avec la chute de l’URSS, nous avons eu droit à la «fin de l’Histoire» et au projet d’une «bienheureuse» mondialisation. Aujourd’hui, rares sont ceux qui osent dire la vérité –au risque d’être traités de gauchistes ou de woke–, à savoir que la dite mondialisation n’était qu’un leurre pour envahir les marchés des pays du Sud sans grand frais et sans taxes douanières, et surtout pour mettre la main sur les matières premières du globe au moindre coût. 

Les empires n’affichent pas toujours leur identité, même si chacun d’entre eux possède la sienne : par les conquêtes, ils peuvent montrer leur force militaire, comme la Rome antique et l’empire ottoman, leurs motivations d’expansion religieuse, comme les empires omeyade et abbasside, leurs appétits économiques comme la Chine, ou au XXe siècle, leur messianisme soi-disant démocratique comme chez les Américains et les Russes, avec deux idéologies aux antipodes l’une de l’autre. 

La principale motivation des empires et qui dicte leurs actions, c’est la stabilisation des territoires périphériques pour un accès plus facile aux ressources dont ils ont besoin pour renforcer leur puissance. On le constate aujourd’hui avec la Chine et la bataille non avouée qu’elle livre dans les mers du sud avec la récupération du Tibet et de Hong Kong et la poursuite du harcèlement de Taïwan.

Pour la Russie, l’obsession est de récupérer tout le Caucase et d’affaiblir un voisin qui risque avec ses alliances, européenne et américaine, de devenir une puissance régionale : l’Ukraine. 

Aux Etats-Unis, le président Donald Trump, nouvellement élu, voudrait mettre la main sur le Canada et le Groenland pour profiter des richesses minières du pôle nord, avec, au sud, des prétentions sur le Golfe du Mexique, qui devrait dorénavant s’appeler le Golfe américain ou, pourquoi pas, le Golfe Trump…

Une logique expansionniste 

Pourquoi les Etats depuis la Mésopotamie tiennent-t-ils à construire des empires? Pour instaurer la paix et la prospérité à l’intérieur de leurs frontières et dans leur environnement immédiat. Mais pas seulement, car les progrès techniques, scientifiques et culturels ne peuvent être réalisés dans le cadre étriqué des petits États ou royaumes.

Quels traits communs décelons-nous aujourd’hui entre les empires américain, russe et chinois ? Un néo-libéralisme décomplexé et l’apparition d’une oligarchie financière rapace qui réduit les aspirations de la classe moyenne à la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires : avoir juste où se loger, de quoi manger et regarder la télé avant de dormir… Pour survivre, ces empires ont besoin d’autocratie et de populisme.

Quand est-ce qu’un empire entame sa décadence, car les empires naissent et meurent nécessairement ? Le jour où il commence à coûter plus cher qu’il ne rapporte, répondent les économistes. Autre facteur : le déclin démographique. Dans la Rome antique, la péninsule italienne comptait sept millions d’habitants dont la moitié étaient des esclaves. Quant les esclaves étaient devenus rares et chers, l’empire a commencé à décliner. Emmanuel Todd prévoit le même scénario pour l’empire américain.

Et l’Europe dans tout cela? Elle reste actuellement un enjeu pour les Russes et les Américains qui cherchent à y étendre leurs influences respectives. Pour se libérer, les Européens doivent bâtir une fédération et se doter d’une force militaire autonome et puissante. Ils doivent sortir du «Printemps des Peuples» de 1848 pour préparer un avenir unitaire avec une identité fédérative qui mettrait en veilleuse les nationalismes d’antan.

* Retraité, ancien rédacteur en chef à RFI.

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Le secteur IT tunisien face à de lourds défis

Alors que la Tunisie affiche des progrès notables dans sa transformation numérique, plusieurs faiblesses structurelles continuent de freiner le plein développement de son secteur IT, notamment des inégalités régionales préoccupantes.

Aymen Achouri *

Si les grandes agglomérations comme Tunis, Sfax et Sousse bénéficient d’infrastructures modernes et d’un accès Internet de qualité, avec notamment le récent développement de la 5G, de vastes zones rurales restent encore largement sous-équipées. Ce déséquilibre dans l’accès aux technologies numériques limite non seulement le potentiel économique des régions éloignées, mais creuse également un fossé d’inclusion numérique qui menace la cohésion sociale.

L’accélération de la digitalisation expose les entreprises et les institutions tunisiennes à une multiplication des cyberattaques. Malgré quelques initiatives pour renforcer la sécurité, le rythme effréné des évolutions technologiques en matière de menaces crée une inquiétude grandissante quant à la résilience des systèmes d’information. Les experts soulignent la nécessité de déployer des mesures de cybersécurité robustes et actualisées pour protéger les données sensibles.

Déficit de compétences et fuite des talents

Le secteur IT fait face à un décalage majeur entre les compétences enseignées par le système éducatif et celles attendues par le marché. Ce manque d’adéquation engendre une pénurie de professionnels qualifiés et encourage nombre de talents à chercher de meilleures opportunités à l’étranger. Cette fuite des cerveaux, ou «brain drain», fragilise encore davantage la capacité de la Tunisie à innover dans un environnement technologique compétitif.

Par ailleurs, les lourdeurs administratives et un cadre réglementaire parfois inadapté compliquent la mise en œuvre de projets innovants. Et le financement – qu’il soit public ou privé – demeure insuffisant pour moderniser les infrastructures et soutenir l’émergence de nouvelles startups.

Ce manque de ressources, matérielles et humaines, freine l’élan entrepreneurial et limite les perspectives de croissance dans un secteur pourtant stratégique pour l’économie nationale.

Vers une transformation nécessaire

Face à ces défis, les acteurs économiques et institutionnels tunisiens doivent impérativement repenser leurs stratégies. Une réforme en profondeur de la formation, un renforcement des dispositifs de cybersécurité et une simplification des procédures administratives pourraient transformer ces obstacles en véritables opportunités pour dynamiser l’ensemble du secteur IT. Si la Tunisie possède un potentiel indéniable pour devenir un leader régional dans le domaine numérique, il est essentiel de s’attaquer à ces problématiques afin de bâtir une infrastructure IT solide et résiliente, capable de soutenir la croissance économique et d’assurer une transition numérique inclusive pour tous.

* Expert en management, relation et coaching client.

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La dialectique de l’intelligence artificielle et de l’intelligence humaine

L’intelligence artificielle (IA) représente indéniablement une extension substantielle à l’intelligence humaine. Complémentaire, utile et bientôt nécessaire, mais pas seulement.   

Raouf Laroussi

On a tous connu l’évolution de la puissance de calcul des ordinateurs qui a boosté le développement de la modélisation mathématique et lui a fourni un outil pour résoudre les équations auxquelles elle aboutit. L’IA générative vient aujourd’hui appuyer les aptitudes humaines à élaborer des raisonnements permettant de résoudre des problèmes dans tous les domaines. L’IA s’appuie en cela, outre les modèles de machine learning ou de deep learning, sur une énorme quantité de données. Ceci est réalisé, dans l’une des étapes cruciales de la démarche qu’elle adopte à travers la «comparaison» des raisonnements et la sélection de ceux qui sont les plus adaptés au problème qu’on lui pose et qui aide à le résoudre.

Cette démarche me rappelle une citation du mathématicien polonais Stefan Banach (1892- 1945), qui décrit la démarche intellectuelle du mathématicien pour résoudre un problème. Je cite : «Un mathématicien est une personne qui peut trouver une analogie entre les théorèmes, un meilleur mathématicien est celui qui trouve des analogies entre les démonstrations, les très bons mathématiciens sont ceux qui peuvent déceler des analogies entre les théories. Mais on peut supposer que le meilleur des mathématiciens est celui qui peut voir des analogies entre les analogies.»

L’intelligente humaine est encore en avance

Ainsi, Banach établit un classement des niveaux d’appréhension des problèmes mathématiques; en d’autres termes, un classement des niveaux des intelligences humaines. Cette vision pourrait être élargie à toute activité cognitive de l’être humain face à un problème qu’il cherche à résoudre. L’IA est certainement maintenant au niveau de l’analogie entre les démonstrations. Si ce constat est correct, l’intelligente humaine la plus poussée serait encore en avance par rapport à l’IA.

Par ailleurs, il faut rappeler que dans le cheminement que décrit Banach, chaque étape nécessite une bonne connexion neuronale (l’équivalent des modèles d’IA), une certaine érudition et des connaissances bien assimilées (l’équivalent, en termes informatiques, d’un ensemble de données analysées, épurées et classées).

Mais, même à son niveau actuel de développement, l’IA constitue un apport considérable à l’intelligence humaine. Primo, en raison de sa capacité à assimiler beaucoup plus de données que ne le peut un être humain. Secundo, pour la rapidité d’exécution des tâches à réaliser que lui confère la puissance de calcul des processeurs.

Montée en puissance de la collaboration entre les deux intelligences

Ce soutien à l’intelligence humaine ne manquera pas de se transformer en un mouvement bidirectionnel. En effet, le traitement humain de la production de l’IA pour valider et affiner cette production sera à son tour injecté dans les données utilisées par l’IA.

S’il est encore trop tôt pour prévoir les conséquences de la montée en puissance d’une collaboration entre les deux intelligences, une certitude se dégage : les activités intellectuelles, y compris les plus spécialisées, ne peuvent plus se passer de ce qu’on appelle désormais le copilote IA. La seule chance pour une société qui ne veut pas subir les effets pervers voire nocifs de l’IA qui existent bel et bien et qui feraient probablement l’objet d’une suite de cette réflexion, est de la maîtriser. Et nous sommes tous concernés !

* Mathématicien.

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Tunisie | L’indépendance est un combat inachevé  

L’indépendance… Un mot chargé d’histoire, de fierté. Mais aussi d’ambiguïté. Qu’est-ce que l’indépendance, au fond ? Un territoire libéré ? Une souveraineté politique? Ou une quête plus profonde, plus intime, celle d’une identité qui cherche encore sa forme? 

Manel Albouchi *

La Tunisie d’aujourd’hui ressemble à une sculpture inachevée. Une œuvre qui se modèle sous l’effet des vents contraires : l’héritage et l’avenir, la tradition et l’innovation, la mémoire et la réinvention. Comme un individu en quête de soi, elle oscille entre ce qui lui a été transmis et ce qu’elle aspire à devenir. Mais cette quête est-elle un cheminement naturel, ou sommes-nous enfermés dans un entre-deux stérile ? 

Le passé, le présent : un entre-deux incertain 

Chaque année, le 20 mars, nous commémorons. Nous saluons la mémoire d’une époque où l’ennemi était visible, où l’oppression avait un visage clair. Habib Bourguiba a donné à la Tunisie son indépendance matérielle, un cadre étatique, une structure. Il nous a appris à marcher debout. Mais avons-nous appris à marcher seuls ? 

Le pays semble figé dans une tension permanente. Entre nostalgie et sidération. Entre admiration pour le passé et paralysie face à l’avenir. Nous nous racontons notre indépendance, mais nous la vivons comme une perte. 

Nous avons coupé les chaînes visibles, mais avons-nous brisé les chaînes invisibles? 

Nous avons récupéré notre terre, mais avons-nous récupéré notre souveraineté intérieure? 

Nous avons obtenu le droit de gouverner, mais savons-nous réellement choisir notre destin? 

La Tunisie vit un conflit identitaire. Un clivage, dans le sens psychanalytique du terme : une coexistence de réalités contradictoires, où l’on oscille entre fierté et désillusion, sans parvenir à réconcilier les deux. 

L’indépendance piégée dans le regard des autres 

L’indépendance, ce n’est pas seulement se libérer d’un oppresseur. C’est aussi se libérer du besoin d’être validé. Or, nous vivons dans le regard des autres. 

Nous négocions notre souveraineté économique avec des bailleurs de fonds étrangers. 

Notre scène politique oscille entre ruptures superficielles et conformisme de façade. 

Nos jeunes rêvent d’ailleurs, convaincus que l’avenir ne se conjugue pas ici. 

Nous sommes comme un individu pris dans un locus de contrôle externe, cette sensation d’être déterminé par des forces extérieures, plutôt que d’agir sur le monde. Nous subissons, plus que nous n’habitons notre propre histoire. 

Alors, où est notre souveraineté ? 

Sortir de l’ignorance pour retrouver notre liberté intérieure 

L’ignorance n’est pas qu’un manque d’information. C’est une prison cognitive. Un peuple qui ne comprend pas son époque ne peut que la subir. 

Aujourd’hui, notre inconscience nous maintient en servitude : esclaves d’un modèle économique où nous produisons sans créer; esclaves d’un climat politique où l’instantané écrase la réflexion;  esclaves d’un fatalisme qui nous fait croire que le changement est impossible.  Mais alors, comment sortir de cette inertie ? 

Vers une indépendance réelle : déconstruire pour reconstruire 

1. Penser autrement : notre vision du monde est façonnée par des schémas anciens. Si nous continuons à penser comme hier, nous revivrons hier. Aussi devons-nous : 

– développer un esprit critique, une capacité à analyser les structures invisibles; 

– revaloriser la culture du débat, non pas pour opposer, mais pour construire;

– réhabiliter la complexité en cessant de chercher des solutions simplistes à des problèmes profonds. 

2. Soigner notre rapport à notre pays : un peuple qui doute de sa propre terre est un peuple en exil intérieur. Aussi devons-nous :

– redonner du sens à l’engagement, au lieu d’alimenter l’évasion; 

– restaurer la notion de responsabilité collective, au lieu de toujours blâmer l’Autre; 

– sortir du déni en reconnaissant nos failles pour mieux les dépasser. 

3. Bâtir une gouvernance incarnée : l’indépendance ne se décrète pas, elle se construit par : 

– un leadership qui ne se contente pas de «gérer», mais qui impulse une vision ; 

– un peuple qui comprend que la souveraineté implique des devoirs, pas seulement des droits;

– un modèle économique qui cesse de mendier et qui commence à innover.  

Vers une souveraineté intégrale : de la mémoire à l’action 

Aujourd’hui, notre ambition ne doit pas se limiter à préserver ce qui a été acquis, mais à créer une nouvelle souveraineté, celle de l’esprit et de la vision. 

L’Histoire nous a donné un territoire libre. Il est temps maintenant d’y inscrire une vision libre. 

Bonne fête de l’Indépendance, et que cette journée soit le point de départ d’un renouveau, visible et invisible. 

* Psychologue et psychanalyste.  

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Soixante-neuf ans après, une indépendance attaquée de l’extérieur et de l’intérieur

Soixante-neuf ans après, une indépendance attaquée de l’extérieur et de l’intérieur | Univers News

Tawfik BOURGOU

• Ces derniers jours, contre l’avis des petites coteries qui espèrent encore un destin à la Martin Luther King, la population, bien résignée, a commencé à mesurer l’ampleur du désastre
• La « petite république des donneurs de leçons », ne donne plus de la voix car, désormais, toutes les dynamiques contredisent point par point leurs allégations
• Tous les indicateurs sont dramatiques pour la Tunisie et, à moins d’un sursaut collectif, nécessaire et salutaire, cette génération perdra la terre des ancêtres définitivement
• Après la fin de l’aide militaire et sécuritaire, la Tunisie (et les autres) se trouvent face au tsunami migratoire subsaharien
• L’Algérie et la Libye poussent les vagues migratoires vers la Tunisie… avec l’Algérie qui peut les arrêter, mais ne le fait pas et la Libye qui opère aussi à détruire la Tunisie
• La population et la mafia de l’immigration et des trafics ont démoli le pays en se faisant les auxiliaires des mafias africaines et ensuite des mafias italiennes
• En élargissant le domaine du sauvetage en mer, la Tunisie s’est engagée à arraisonner les navires et à débarquer en Tunisie tous les migrants et de les laisser dans la nature

 

Tunis, UNIVERSNEWS (TRIBUNE) – La Tunisie commémore aujourd’hui même un vingt mars d’ une rare tristesse avec une montée sans précédent des périls qui, s’ils devaient se réaliser emporteraient une lutte de 75 ans et le sacrifice des pères fondateurs de la Tunisie moderne.

Depuis 2011, sous la férule de l’islam politique et du « printemps » turko-obamo-qatari, les références à l’histoire nationale ont été éradiquées, quand ce n’est pas la détestation du pays et le dénigrement de la Nation Tunisienne qui ont été professés par les tenants de l’internationalisme qu’il soit de khwanji ou gauchiste prétendument tiers-mondiste, africaniste et wokiste à souhait.

Le 20 mars 2025 coïncide avec la menace insistante et mortelle de l’invasion subsaharienne de la Tunisie.

Cette menace contre la société tunisienne a été minimisée par ceux qui ont tiré un profit matériel et financier, directement de l’implantation des populations étrangères en fraude sur le sol national au point que les chiffres officiels ne démontrent que 23 milles légaux (à peine le stade de Zouiten) alors qu’il passait des milliers en une seule nuit depuis l’Algérie, avec l’aide de la population algérienne et les autorités algériennes, ouvertement, directement et sans vergogne.

Ces derniers jours, contre l’avis des petites coteries qui espèrent encore un destin à la Martin Luther King, la population, bien résignée, a commencé à mesurer l’ampleur du désastre, ce que nous n’avons jamais cessé de dénoncer, de souligner.

La « petite république des donneurs de leçons », ne donne plus de la voix, nous sommes ravis qu’ils gardent le silence, car désormais, toutes les dynamiques contredisent point par point leurs allégations. Tous les faits démentent aussi la thèse défendue par certains (amis) de l’Algérie et de la Libye et qui hier encore, comparaient la perte de la terre des ancêtres à une querelles entre virages d’équipes de foot. Une honte absolue, celle de comparer la Nation héritière de Hannibal (ibéro-carthaginois et non un afro-washingtonien), héritière de Kahina la berbère, la mère de notre Nation tunisienne, de Jarjar, de Ben Ghedhahem, de Daghbéji, de Mosbah Al Jarbou, de Bourguiba et des vrais nationalistes tunisiens, à un virage d’un vulgaire stade de foot.

Décidément, le relativisme de la gauche internationaliste, stalino-poutinienne n’a pas de limite. L’histoire, dans peu de temps leur opposera leurs écrits.

Mais là n’est pas encore le problème. Le solde de tout compte avec ceux qui ont vendu la terre des ancêtres, ceux qui se sont fait les « collabos » des nouveaux occupants, viendra, très vite. Il est inéluctable.

Afin de hâter et d’enrichir la prise de conscience du drame et de la menace, nécessaire à la lutte pour la terre des ancêtres, qui elle aussi viendra inéluctablement, nous allons verser des éléments techniques, dont nous avons pu avoir connaissance dans le cadre d’un « workshop » sur l’immigration clandestine depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe avec un point de situation durant le premier trimestre de 2025.

Dans un très proche avenir, nous allons publier l’intégralité des éléments techniques, libre à chacun de voir ou de se cacher les yeux devant l’ampleur du tsunami qui se prépare.

Ce que nous redoutions en 2023 et que nous avons décrit avec minutie, sur la base du workshop de 2023 et en train d’advenir.

Tous les indicateurs sont dramatiques pour la Tunisie et, à moins d’un sursaut collectif, nécessaire et salutaire, cette génération perdra la terre des ancêtres définitivement. Méditons avant d’aller plus loin les remises en question du principe de l’uti possedetis juri par des pays comme les Etats-Unis dans l’affaire du Groenland.

Dernier élément et là aussi, non des moindres, si nous nous permettons d’écrire cette tribune, outre le fait qu’il est de notre devoir de défendre la terre des ancêtres par tous les moyens, mais c’est aussi, parce que nous avons passé la totalité de notre carrière et avons prodigué des formations dans le domaine précis des risques géopolitiques. Cela peut se vérifier aisément, y compris en Tunisie même.

Premier élément technique. Une simple carte, croisée avec quelques indicateurs fait de l’Afrique du nord, le « bassin de déversement » potentiel pour un bloc démographique de plus d’un 900 millions de personnes. Ce bassin démographique est aussi le domaine des Etats faillis, des Etats sur la carte, sans aucune consistance ni politique, ni sécuritaire, ni juridique, autrement en potentiel effondrement rapide. On pourrait dire immédiat. Or, après le départ de l’Union Européenne, de la France et des Etats-Unis, après la fin de l’aide militaire et sécuritaire, la Tunisie (et les autres) se trouvent face au tsunami migratoire subsaharien.

Dans les mois et dans les semaines qui viennent, les conditions vont empirer. A la défection des occidentaux expulsés par les africains eux-mêmes, s’ajoute la désertion russe et l’évaporation du cartel des « BRICS » mort-né. Plus aucun Etat digne de ce nom ne fait tampon entre nous et le bassin démographique.

Second élément technique. L’Algérie et la Libye poussent les vagues migratoires vers la Tunisie. L’Algérie peut les arrêter, mais ne le fait pas. Nous avons pur visionner l’aide directe des autorités algériennes et de la population algérienne aux subsahariens en les poussant à entrer en Tunisie avec un ravitaillement, en nourriture et en transports prodigués par les autorités algériennes elles-mêmes. Nous attendons un démenti de leur part depuis deux ans. La Libye opère aussi à détruire la Tunisie. Toutes les composantes libyennes sans exception aucune sont dans une haine contre la Tunisie.

Troisième élément technique. La Tunisie s’est piégée elle-même et à deux niveaux.

D’une part la population et la mafia de l’immigration et des trafics a démoli le pays en se faisant les auxiliaires des mafias africaines et ensuite des mafias italiennes. Ces mêmes contrebandiers qui ont démoli l’économie nationale, sont en train de démolir la terre des ancêtres et récemment se sont enrôlés dans les trafics des drogues dures, de blanchiments et des réseaux de prostitution transcontinentaux.

L’accord avec l’Italie que peu ont lu (nous avons lu la version en anglais) est un piège mortel pour la Tunisie d’aujourd’hui et de demain. Nous mettons au défi quiconque de prouver le contraire. C’est une condamnation à mort du pays.

En effet, en élargissent le domaine du sauvetage en mer, la Tunisie devient responsable des navires qui viendraient même de Chypre, d’Egypte ou même d’autres pays croisant au large de la Tunisie. La Tunisie s’est engagée à arraisonner les navires et à débarquer en Tunisie tous les migrants et de les laisser dans la nature. C’est un suicide social, économique, c’est une destruction de l’attractivité du pays, de sa réputation.

Cet accord a la particularité d’attirer les pays en mal de dépotoirs, comme le miel attire les mouches. Le ministre du Royaume-Uni avec lequel nous avons que des relations anecdotiques, a fait le voyage pour s’assurer lui-même des conditions de détention des futurs migrants issus du Nigéria, anglophone, le fameux kults, des ganges nigérians qui pullulent en Angleterre et en Irlande.

L’italienne en Pons Pilate a crucifié la Tunisie, s’en est lavée les mains. Elle arrêtera bientôt de livrer à la Tunisie l’équivalent d’une pizza par habitant tunisien, sans garniture pour devenir le bassin de rétention de toute la démographie du monde qui aurait le projet d’entrer en Italie, fut-ce depuis l’Adriatique. Son acolyte Mark Rutte qui est venu signer l’accord avec la Tunisie pour la partie hollandaise, alors qu’il n’y a aucune immigration clandestine vers la Hollande depuis la Tunisie, s’est réfugié dans une OTAN en sursis de mort. Tout ce beau monde s’est essuyé les pieds sur la Tunisie pour quelques piécettes qui seront suspendues.

Quatrième élément technique. Les accords avec le voisinage n’ont aucun intérêt, ces accords n’ont même pas la valeur de l’encre qui a servi à les imprimer. Car la Tunisie n’a aucune capacité coercitive, militaire contre ceux qui déversent chez nous des populations étrangères. En revanche, nos voisins n’hésitent pas à embastiller, arrêter, molester des Tunisiens quand ils ne s’ingèrent pas dans les affaires internes du pays. Arrivera le moment

crucial où la terre des ancêtres, la dignité du peuple passera devant les bonbonnes de gaz et les produits de contrebande. Il faudra que cela vienne, cela viendra, car nous n’allons pas laisser se perdre le rêve qui sont morts avant de voir et de jouir de l’indépendance du pays.

La question vient tout de suite, que faire ? Dans ce genre de situation, nous l’avons dit et redit à maintes reprises, il faut une stratégie de choc. Cela doit commencer par déclarer à la terre entière que la Tunisie refusera désormais toute arrivée sur ses frontières terrestres ou maritimes ou aériennes de toute personne qui chercher à coloniser le pays ou qui cherche à passer en Europe. Il faut assortir l’interdiction de punition et de mesure s de rétention comme en Allemagne ou aux Etats-Unis (qui récemment ont expulsé des Tunisies). Le

second acte sera de déclarer toutes les frontières zones militaire en situation de menace de guerre, les arrivées massives sont une forme de guerre hybride. La mise en place d’un système de visa total, pour tous pour entrer sur le territoire tunisien. Imposer la détention d’un passeport valide et d’un équivalent d’un billet retour dans le pays d’origine. Eriger le trafic d’êtres humains au rang de crime contre la sûreté de l’Etat punissable par la peine extrême.

Enfin, et surtout dénoncer l’accord avec l’Italie comme l’ont si bien exigé hier quelques députés au sein même de notre parlement, car de toute façon l’Union Européenne va le stopper dans les meilleures des cas dans les trois ou quatre mois qui viennent. L’Union

Européenne est en phase de réorientation du jeu vers le guerrier et pourrait interpréter l’immigration clandestine comme outil de déstabilisation politique par l’action de la Russie, ce que les russes ont fait en Biélorussie, ce qu’ils tentent de faire contre la France via des Etats voisin de la Tunisie. Dans ce cas précis l’action des marines européennes peut légalement se faire dans les eaux internationales face à la Libye (mais ceci n’est pas notre problème) ou face à la Tunisie. Ceci ne rendrait pas l’action inamicale, elle relèverait en réalité du droit maritime internationale, ce que les marines européennes font dans la zone caribéenne.

Il existe deux règles simples en diplomatie. La première, on ne se fait pas payer pour tenir sa propre frontière. La seconde, on ne monnaye par la pérennité de sa société, de sa culture, de son pays sur la base de l’ouverture des frontières à toutes les misères du monde dont on n’est en rien responsable.

Triste anniversaire.

T.B.

Politologue

Rétrécissement de l’espace géostratégique de la Tunisie

A l’occasion de la célébration du 69e anniversaire de son indépendance, il n’est pas excessif de penser que la Tunisie peut mieux faire et mérite très certainement mieux en matières de relations diplomatiques et de coopération  internationale.

Elyes Kasri *

Alors que les Etats-Unis d’Amérique ont pris conscience du fardeau stratégique et moral que représente pour eux une Europe de plus en plus vieille et décadente moralement et économiquement avec un délire belliciste suicidaire, du moment que les véritables enjeux se dessinent désormais dans la zone Asie-Pacifique, et qu’un nouveau Yalta avec une reconfiguration géostratégique et des zones d’influence se profile à l’horizon, la Tunisie se trouve confrontée à de nombreux défis depuis les errements de sa révolution de la liberté et de la dignité, auxquels s’ajoutent les prémices de naufrage géostratégique et économique de son principal partenaire européen avec lequel elle a conclu de nombreux accords dont le dernier qualifié de mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global le 16 juillet 2023.

Outre le rétrécissement de l’espace géostratégique de la Tunisie dans la région maghrébine, tant en raison de l’abandon de la politique traditionnelle d’impartialité positive sur l’affaire du Sahara Occidental que du naufrage du voisin libyen, l’espace africain de notre pays a été chahuté par des positions et déclarations tunisiennes sur la vague migratoire subsaharienne et un désintérêt pour les réunions et les questions continentales.

L’atmosphère d’incompréhension s’alourdit jour après jour

En même temps, le maximalisme prôné au sujet de la cause palestinienne a fait sortir la Tunisie de la zone de confort relatif que lui procurait le consensus arabe et la positionne paradoxalement dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord (Mena) dans un front du refus qui se marginalise de jour en jour et fond comme de la neige sous le soleil ardent du Sahara.

Quant à l’Europe, en dépit du mémoire d’entente de juillet 2023, l’atmosphère d’incompréhension s’alourdit de jour en jour et les quelques visites à un niveau gouvernemental se limitent à la question migratoire et au rôle de la Tunisie dans la protection des frontières européennes.

Le dialogue politique tant à Bruxelles qu’à Strasbourg et dans les principales capitales européennes, semble au point mort avec la paralysie du conseil d’association depuis 2019 en dépit de sa fréquence annuelle convenue entre la Tunisie et l’Union Européenne.

Quant aux relations avec le partenaire classique américain, après une période de négligence et des relents d’animosité au sein de la Chambre des représentants et du Sénat, la nomination pour la première fois d’un ambassadeur politique (Bill “Bilel” Bazzi), proche du président Trump, d’origine libanaise et de confession chiite, peut se prêter à toute sorte d’interprétations.

Toutefois, dans l’attente de son audition de confirmation par le sénat et l’ordre de mission qui lui sera donné par le législatif américain, il suffit de relever ce qui semble être une méthode chère au président Trump qui est de nommer un émissaire proche du pays sur lequel il compte exercer une attention personnelle et des pressions qui selon le tempérament du président américain peuvent être cassantes et brutales.

La Russie et la Chine, conscientes des nouvelles réalités géostratégiques, recentrent, quant à elles, leurs priorités sur l’Europe pour la Russie et la région Asie-Pacifique pour la Chine qui se prépare à une exacerbation de l’adversité américaine en commençant par une guerre tarifaire avec un potentiel non négligeable de dérapage militaire.

Le lâchage sans états d’âme par la Russie du régime syrien et des bases stratégiques à Tartous et Hmeimim donne des sueurs froides à ses clients dans le monde arabe et notre voisinage immédiat. Il devrait être pris comme un avant-goût du nouveau Yalta qui se profile à l’horizon.

Des opportunités de coopération insuffisamment explorées

Avec l’Inde, l’autre géant asiatique et pays fondateur du groupe des Brics, en plus d’être un partenaire et client traditionnel de la Tunisie en engrais chimiques, la coopération bilatérale semble au ralenti avec un projet de jumelage entre le gouvernorat de l’Ariana et l’Etat de Karnataka en hibernation.

L’Etat de Karnataka (69 millions d’habitants) a pour capitale Bangalore, le vivier technologique de l’Inde avec son plus grand pôle technologique, des filiales opérationnelles des plus grandes entreprises mondiales, en plus du siège de l’Isro, l’agence spatiale indienne qui a envoyé une navette spatiale sur la lune en août 2023. Je me rappelle que lors d’une visite à Isro en 2004, son directeur m’avait confié que son agence prévoyait d’envoyer une navette sur la lune à l’horizon 2024.

Autant d’opportunités de dialogue et coopération gagnant-gagnant insuffisamment explorées et concrétisées avec l’Inde et d’autres pays asiatiques comme la Corée du Sud et la Malaisie, dénués de passé et d’arrière-pensées coloniaux et qui étaient il y a quelques décennies au même niveau de développement que la Tunisie.

Il n’est pas exagéré de penser qu’il est temps de donner à la coopération internationale stratégiquement étudiée et suivie sa part dans la solution des problèmes tunisiens et de la nécessité vitale d’ adopter une politique de relance en dehors des sentiers battus des slogans idéologiques éculés, de l’endettement et de la solidarité/charité internationale qui, même entre frères, ne vient pas son lot d’arrière-pensées et de compromissions.

A l’occasion de la célébration du soixante neuvième anniversaire de son indépendance, il n’est pas excessif de penser que la Tunisie peut mieux faire et mérite très certainement mieux.

* Ancien ambassadeur.

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L’économie mondiale en panne | Un dérèglement temporaire ou une mutation irréversible ?

Loin d’un simple ajustement conjoncturel, l’économie mondiale traverse une mutation structurelle d’ampleur inédite. Le paradigme cyclique, longtemps considéré comme une loi immuable du capitalisme, s’efface au profit d’une transformation permanente où l’innovation, la démographie et le climat redessinent les dynamiques de croissance.

Yahya Ould Amar *

Faut-il encore parler de «crise économique» quand le monde ne connaît plus de reprise? Depuis longtemps on s’est habitué à voir l’économie comme une alternance de hauts et de bas, de prospérité et de récession. Mais aujourd’hui, ce modèle semble obsolète.

L’intelligence artificielle (IA) redéfinit le travail, le vieillissement des populations dans les économies dominantes transforme profondément les modèles de consommation et de production, et les dérèglements climatiques ne sont plus des chocs isolés, mais un nouveau facteur permanent de déstabilisation perturbant durablement les chaînes de production.

Désormais, l’économie ne fonctionne plus en cycles, mais en perpétuelle adaptation à des mutations systémiques : c’est un changement de paradigme.

Sommes-nous entrés dans un monde où la croissance n’est plus qu’un mirage, où l’innovation profite davantage aux rentes qu’à la prospérité collective?

Face à ces bouleversements systémiques, l’État redevient le grand architecte de l’économie, redessinant de nouvelles règles du jeu puisque celles existantes sont devenues inopérantes pour de bon. Une seule certitude demeure : les vieux repères économiques ne tiennent plus.

Le grand dérèglement économique est-il une mutation permanente ?

Les cycles économiques traditionnels, fondés sur l’alternance de phases d’expansion, de surchauffe, de récession et de reprise, apparaissent de plus en plus obsolètes face à des transformations structurelles profondes. L’IA et l’automatisation bouleversent le facteur travail, entraînant une dé-corrélation entre croissance et emploi, un phénomène inédit dans l’histoire économique.

Par ailleurs, le vieillissement démographique, notamment en Europe, aux USA, en Chine, au Japon et dans le reste de l’Asie, modifie la structure de la demande en réduisant la consommation de biens durables et en réorientant l’économie vers les services aux seniors.

Simultanément, les dérèglements climatiques introduisent des chocs asymétriques permanents, perturbant les chaînes de production et imposant une restructuration continue des infrastructures énergétiques et industrielles. Contrairement aux crises cycliques classiques, ces bouleversements ne sont pas temporaires mais s’inscrivent dans un horizon de long terme, modifiant en profondeur les dynamiques macroéconomiques.

L’ampleur des transformations en cours s’observe déjà à travers plusieurs tendances concrètes. Aux États-Unis, en Chine ou au Japon, la montée en puissance des robots et de l’IA dans de nombreux domaines et pour ne citer que l’industrie automobile (Tesla, Toyota…) réduit l’élasticité emploi-croissance, rendant obsolètes les politiques traditionnelles de stimulation par l’emploi.

En parallèle, le vieillissement de la population a provoqué un basculement vers une économie de services à la personne. A titre d’exemple, ceci est illustré au Japon par la forte expansion des entreprises de soins aux seniors comme Nichii Gakkan.

De même, la fréquence croissante des catastrophes climatiques – ouragans aux États-Unis, sécheresses en Afrique et inondations en Asie et en Europe – entraîne une reconfiguration constante des chaînes logistiques. L’exemple du canal de Panama, où la baisse du niveau de l’eau force à limiter le trafic maritime, illustre bien la nécessité d’une adaptation structurelle continue face aux chocs climatiques.

Ces mutations confirment que l’économie mondiale ne suit plus des cycles de crise et de reprise, mais des transformations systémiques permanentes.

La stagnation économique est-elle notre avenir ?

Les transformations susmentionnées orientent l’économie vers un régime de croissance plus linéaire et stagnante, marqué par une tendance structurelle à la faible productivité et aux taux d’intérêt bas.

L’hypothèse de stagnation séculaire, théorisée par Lawrence Summers, devient une réalité observable, où les politiques monétaires perdent de leur efficacité et où la relance de la demande par l’investissement productif se heurte aux rigidités structurelles du marché du travail et du capital.

De plus, l’émergence d’un capitalisme de plateformes et de la finance algorithmique génère une concentration extrême des richesses, favorisant des logiques de rente plutôt que d’innovation et limitant les effets redistributifs de la croissance. Dans ce contexte, les cycles économiques traditionnels sont remplacés par des dynamiques de long terme, où les marchés ne répondent plus aux mêmes impulsions cycliques qu’auparavant.

L’économie japonaise illustre parfaitement ce nouveau régime de faible croissance et de taux bas structurels : depuis les années 1990, malgré des politiques monétaires ultra-accommodantes – comme également observé depuis plus de dix ans en Europe – l’investissement privé peine à se traduire en productivité accrue.

Par ailleurs, l’essor du capitalisme de plateforme renforce les positions dominantes de quelques grandes entreprises. En Chine, Alibaba et Tencent concentrent des pans entiers de l’économie numérique, captant la majorité des flux de paiements, de commerce en ligne et de données, ce qui freine l’émergence de nouveaux acteurs innovants. Dans la finance, l’essor du trading algorithmique amplifie les tendances spéculatives plutôt que l’investissement productif, comme en témoignent les mouvements erratiques sur les marchés boursiers déclenchés par les algorithmes à haute fréquence. De grands investisseurs préfèrent aujourd’hui la spéculation à l’investissement dans l’économie réelle.

L’accumulation de ces facteurs déforme la logique classique des cycles économiques et installe un capitalisme plus centré sur la captation de valeur que sur la création de richesse.

Vers une économie sous pilotage permanent ?

Dès lors, l’économie mondiale semble évoluer vers un nouveau paradigme économique, où l’interventionnisme public devient une variable permanente pour gérer les transitions écologiques et technologiques. La nécessité d’une planification à long terme, notamment dans le cadre d’un Green New Deal permanent, impose un cadre où l’État joue un rôle central dans l’orientation des investissements et la stabilisation des déséquilibres. Les politiques économiques ne cherchent plus seulement à moduler les cycles, mais à réorganiser en profondeur les structures productives pour répondre aux défis de la transformation numérique, du vieillissement et du climat. Ce basculement remet en cause les fondements même de l’analyse économique classique et ouvre la voie à de nouvelles théories, davantage axées sur la soutenabilité et la régulation proactive des mutations en cours.

L’importance croissante de l’État se manifeste dans de nombreux pays à travers des plans d’investissement massifs. Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act (IRA) vise à réindustrialiser le pays en orientant les capitaux vers l’énergie et la relocalisation des semi-conducteurs. En Europe, le Green Deal impose une régulation forte pour transformer les infrastructures énergétiques et les transports, forçant les entreprises à intégrer la transition écologique dans leurs stratégies. La Chine, quant à elle, adopte une approche dirigiste avec son plan Made in China 2025, qui vise à renforcer sa souveraineté technologique en réduisant sa dépendance aux technologies occidentales.

Ces politiques marquent un tournant : plutôt que de simplement corriger les cycles, elles redessinent les structures économiques elles-mêmes. Dès lors, la macroéconomie classique, centrée sur l’ajustement conjoncturel, cède la place à une économie de transition permanente, nécessitant de nouveaux cadres théoriques pour penser la soutenabilité et la résilience face aux mutations en cours.

Quels choix stratégiques pour le Sud global ?

Une première voie consiste à accélérer l’industrialisation de préférence verte et la montée en gamme des chaînes de valeur. Au cœur de cette voie, l’industrialisation des biens intermédiaires, qui sont naturellement exemptés de contraintes de certification ou de normes imposées habituellement sur les marchés étrangers, constitue un levier clé de montée en gamme et de compétitivité.

Plutôt que de rester cantonnés à l’exportation de matières premières, les économies du sud doivent favoriser la transformation locale des ressources. Ce qui permet de créer des emplois qualifiés, d’augmenter la valeur ajoutée locale et de réduire la vulnérabilité aux fluctuations des prix des matières premières.

Une seconde priorité stratégique pour le Sud global est de renforcer sa souveraineté technologique et son intégration dans l’économie numérique mondiale. À l’image de l’Inde, qui s’est imposée comme un acteur clé dans le développement de logiciels et de services informatiques, d’autres économies émergentes peuvent tirer parti de la révolution numérique, ce qui leur permettrait d’accélérer leur diversification économique, d’améliorer leur productivité et d’attirer des investissements étrangers.

L’interventionnisme d’État est-il une arme à double tranchant ?

Alors que les grandes économies mondiales réhabilitent le rôle de l’État dans l’orientation économique, les pays du Sud global doivent trouver un équilibre entre interventionnisme stratégique et efficacité du marché. Un État stratège peut jouer un rôle déterminant en stimulant l’investissement dans les infrastructures, l’éducation et la recherche, autant de secteurs essentiels pour garantir une croissance soutenable à long terme.

De même, une intervention ciblée permettrait de réduire les inégalités économiques et sociales grâce à des politiques publiques renforçant les mécanismes de protection sociale.

Le retour de l’interventionnisme présente aussi des risques majeurs. Une implication excessive de l’État peut conduire à une bureaucratie inefficace, une allocation sous-optimale des ressources et une corruption accrue, transformant les bonnes initiatives économiques en rentes pour des groupes restreints.

Loin d’un simple ajustement conjoncturel, l’économie mondiale traverse une mutation structurelle d’ampleur inédite. Le paradigme cyclique, longtemps considéré comme une loi immuable du capitalisme, s’efface au profit d’une transformation permanente où l’innovation, la démographie et le climat redessinent les dynamiques de croissance.

Face à ces bouleversements, l’intervention de l’État s’impose non plus comme un instrument de stabilisation, mais comme un architecte de long terme, réorientant les investissements, encadrant les nouvelles formes de création de valeur et arbitrant les tensions entre souveraineté et ouverture économique. Mais ce retour du dirigisme n’est pas sans risque : un interventionnisme mal calibré pourrait étouffer l’initiative individuelle et rigidifier des économies déjà fragilisées par la concentration des richesses et l’érosion de la productivité.

Dès lors, le véritable défi pour les économies du Sud comme du Nord n’est pas de choisir entre marché et État, mais d’inventer un modèle hybride, capable d’accompagner les transitions sans compromettre la dynamique entrepreneuriale.

Si les anciennes certitudes s’effondrent, une chose demeure : seuls les pays qui sauront anticiper et adapter leurs structures aux nouvelles réalités du XXIᵉ siècle émergeront comme les gagnants de cette ère de recomposition économique.

* Economiste, banquier et financier.

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L’Occident, ses «valeurs» et nos malheurs

Voir un peuple palestiniens délogé, désarmé, affamé et bombardé en toute impunité avec l’aval d’un Occident qui n’a cessé d’agiter la bannière humanitaire pour arriver à ses fins en Irak, en Libye, en Syrie, pour protéger l’Ukraine, et voir une certaine élite de ce pays, une décennie durant, faire les larbins devant les ambassades, sans parler des hystériques débilement Charlie, c’est juste effarant.

Dr Monem El Achkham *

J’ai une pensée, en ce mois saint, pour ceux qui ont été un jour, immédiatement et tendrement, Charlie et qui n’ont jamais, soit dit en passant, été Christchurch ni Rohingya d’ailleurs.

Cette émouvante naïveté de ces concitoyens qui pensait que l’Occident défendait des valeurs universelles, qu’on avait les mêmes ennemis, que la seule voie à la liberté et à la sécurité était de porter haut et fort ces valeurs, indépendamment de l’appartenance culturelle et de la nationalité, était d’une niaiserie attendrissante.

Pour les non regardants, ça pourrait tenir comme ligne de pensée, même s’il n’y avait pas besoin d’avoir fait de grandes écoles pour comprendre que chez ces gens-là, monsieur, les êtres humains ne sont pas tout à fait égaux et que comme disait Coluche, il y en a même qui sont plus égaux que d’autres.

Les plus téméraires, pour être conséquents dans leur philosophie à deux balles ou par conviction, poussaient la plaisanterie jusqu’à comprendre voire même défendre des déclarations et des positions litigieuses, quand bien même elles sont allusivement insultantes pour ce qu’on est et ce qu’a toujours été notre culture.

Les Chalghoumi et compagnie

Nous ne nous attarderons bien entendu pas sur ceux qui revendiquent et partagent l’attitude méprisante et la répulsion que l’Occident a pour tout ce qui est arabo-musulman, ceux-là ne sont même pas dignes du mépris.

Il faut reconnaître cependant que les Occidentaux ne nous logent pas tous à la même enseigne, il y a leurs amis comme le vénérable Hassen Chalghoumi **, ceux qui ont allumé les bougies devant la résidence de l’ambassadeur de France pour déclarer qu’ils étaient Charlie jusqu’à la moelle, et il y a les autres. Ce que nos conquis à l’Occident n’ont pas intégré, c’est que les Chalghoumi et compagnie, ainsi que tous les pays soumis à ne plus en pouvoir, n’ont pas plus de valeur que les autres et que le seul intérêt qu’ils suscitent est qu’ils soient servilement soumis, qu’ils soient docilement utilisables jusqu’ à ce que leur tour soit venu.

J’ai une réelle peine pour ces pauvres concitoyens, qui ont misé sur des valeurs universelles et qui viennent à comprendre que, sans l’ombre d’un doute, dans le mot «universel», il n’a jamais été question d’Arabo-musulmans, de bougnoules quoi, sauf qu’ils n’étaient pas assez doués pour le voir. Encore que, quelque chose me dit qu’ils ne pouvaient pas ne pas s’en apercevoir, sauf que ça les arrangeaient de ne pas l’admettre.

Le génocide perpétré par les sionistes à Gaza nous gâche la vie, nous attriste, nous blesse et nous humilie tous autant que nous sommes. Ce sinistre sentiment d’impuissance, cette injustice exhibée sans gêne, de manière récurrente, et dans un total dédain des valeurs humaines, incite à la haine.

Voir un peuple palestinien délogé, désarmé, affamé et bombardé en toute impunité avec l’aval d’un Occident qui n’a cessé d’agiter la bannière humanitaire pour arriver à ses fins en Irak, en Libye, en Syrie, pour protéger l’Ukraine et voir une certaine élite de ce pays, une décennie durant, faire les larbins devant les ambassades, sans parler des hystériques débilement Charlie, c’est juste effarant.

Cet Occident qui nous méprise

Le jour où on se sera rendu compte qu’il ne suffirait pas d’aligner trois mots dans la langue de Molière, de courber l’échine à se briser les lombaires et de dénigrer sa propre culture pour être assimilé, ça sera un début de redressement quant à notre dignité et on aura peut-être alors une chance de commencer une véritable réflexion sur ce qui conviendrait d’entreprendre pour vivre libre, en sécurité et avec un positionnement lucide, droit et sans ambiguïté aucune, face à un Occident qui nous méprise et qui nous abhorre ouvertement. Cet occident qui porte plainte contre un président russe pour crime de guerre, pour avoir tué des civils et qui ne se soucie pas de protéger un Premier ministre israélien ayant contre lui un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale.

Continuer à aider et à soutenir cet abject criminel de guerre dans cette barbarie sans nom, est immonde, ignoble, immoral et infâme mais ne leur pose absolument pas le moindre problème. Est-ce que cette effrayante réalité est suffisante pour que l’on comprenne et qu’on se positionne une fois pour toute ou est-ce qu’il faudra plus pour nos Chalghoumi ?

* Chirurgien, Gafsa.

** Responsable associatif et religieux franco-tunisien connu pour ses positions qui suintent la haine de soi et qui défend les thèses occidentales en toute chose.

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L’Occident s’acharne sur les Palestiniens, par Israël interposé

Nous avons de plus en plus l’impression que les gouvernements occidentaux s’acharnent sur les Palestiniens, par Israël interposé, pour rappeler aux peuples du Sud global la puissance de feu de leurs armes. Le conflit meurtrier entre Israéliens et Palestiniens est aussi un conflit symbolique entre l’Occident et Sud global.

Lahouari Addi *

Comment définir Benjamin Netanyahu? C’est la ruse au service de la cruauté et de la méchanceté. Il signe des accords tout en sachant qu’il les rompra à tout moment. Cet homme a été au-delà du machiavélisme à qui il a donné la plus inhumaine et la plus barbare des significations.

Le Premier ministre israélien piétine le droit international avec arrogance et prétend combattre le Mal alors qu’il est le Mal incarné. Il est insensible à la douleur de mères dont les enfants sont tués par les bombes des avions bourrés de technologie. Il dira: mais les Palestiniens aussi tuent des Israéliens. Mais dès lors que les Palestiniens reconnaissent l’existence d’Israël, y compris le Hamas qui a changé sa charte à cet effet en 2017, pourquoi alors cette guerre?

Terroriser les Palestiniens

L’homme n’est pas un ange, qu’il soit Israélien ou Palestinien, et il y a toujours eu et il y aura toujours des guerres. Mais les guerres prennent fin quand les protagonistes se reconnaissent. Dans ce cas, les Palestiniens reconnaissent Israël installé sur une grande partie de leur terre, mais Israël ne reconnait pas aux Palestiniens le droit d’avoir un Etat sur une petite partie de leur territoire historique.

Par ailleurs, après les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, le droit a essayé de «civiliser» la guerre, de la maintenir dans les limites de «œil pour œil, dent pour dent». Mais avec Netanyahu, la guerre n’a pas de limites. Elle ne vise pas que les combattants, elle tue aussi femmes, enfants, vieillards sans distinction et en masse.

Netanyahu affirme qu’il fait la guerre au Hamas et non aux Palestiniens, bien que les faits contredisent son discours puisque les bébés et les enfants sont aussi victimes par milliers de ses agressions. Mais comme tout leader colonial, il nie le sentiment nationaliste du colonisé palestinien qui se reconnaît dans le Hamas.

C’est un fait attesté par les observateurs sur le terrain que le Hamas est populaire à Gaza et en Cisjordanie. Toute la stratégie de l’armée israélienne à Gaza a été de terroriser les Gazaouis afin de les pousser à se détacher du Hamas et à dénoncer ses militants qui vivent parmi eux. Mais peine perdue. Cette stratégie a échoué lors de la guerre d’Algérie et aussi la guerre du Vietnam.

Un ancien chef d’état-major israélien a dit publiquement que le Hamas n’est pas un mouvement terroriste ; c’est un mouvement idéologique qui utilise la violence qui, par définition, est terroriste.

Colonisé contre colonisateur

Le rapport entre le colonisé et le colonisateur est marqué par la haine qui mène à des évènements tragiques s’inscrivant dans un enchaînement de causes. C’est pourquoi, aussi dramatiques que soient les attaques du 7 octobre 2023, elles ne sont pas la cause du conflit comme le dit la propagande israélienne relayée par les médias de droite occidentaux. Expliquer l’attaque du 7 octobre, c’est la situer dans son contexte historique afin de donner des chances à la paix.

Il appartient aux Israéliens de changer de politique vis-à-vis des Palestiniens qu’ils oppriment s’ils ne veulent pas que d’autres attaques similaires à celle du 7 octobre ne se reproduisent. Et c’est pourquoi, face à l’inhumanité de Netanyahu, seul un embargo total d’Israël mettra fin à cette guerre centenaire.

Ce qui manque cruellement aux Israéliens, c’est un leader qui leur dise que la puissance américaine à la faveur de laquelle ils tuent par milliers les Palestiniens n’est pas éternelle.

Car, en effet, Netanyahu n’est rien sans l’appui que lui accordent les gouvernements occidentaux. Nous avons l’impression que les gouvernements occidentaux s’acharnent sur les Palestiniens, par Israël interposé, pour rappeler aux peuples du Sud global la puissance de feu de leurs armes. Le conflit meurtrier entre Israéliens et Palestiniens est aussi un conflit symbolique entre l’Occident et Sud global.

* Professeur à l’Institut des études politiques de l’Université de Lyon.

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Faisons de l’immigration une opportunité !

Nous publions ci-dessous la tribune d’un conseiller municipal français originaire de Tunisie (ville d’Echirolles) consacrée à la question de l’immigration. Ses réflexions de Français issu de l’immigration éclairent le débat actuel en Tunisie sur l’immigration des Subsahariens, assimilée par certains à une invasion (sic !).

Mohamed Makni *

Avec l’ambiance qui court en ce moment en France et de l’autre côté de la Méditerranée. Une immigration incontrôlée des deux côtés, une Europe frileuse et une Tunisie exsangue, presque étouffée par des vagues de Subsahariens.

En ces temps où l’immigration fait débat, je voulais rappeler que c’est un sujet complexe et aux multiples facettes, qu’il est essentiel d’aborder avec nuance et en s’appuyant sur des faits vérifiés.

Selon l’INSEE, en 2023, 7,3 millions d’immigrés vivent en France, soit 10,7% de la population totale. La population étrangère vivant en France s’élève à 5,6 millions de personnes, soit 8,2% de la population totale.

Il y a des motivations économiques, comme la recherche d’un travail ou la poursuite d’études; il y a des motivations politiques, pour trouver une sécurité qui n’existe plus dans son pays de naissance et des raisons personnelles, comme le regroupement familial.

Si la France est une opportunité pour les personnes qui y migrent, l’immigration représente aussi une opportunité pour la France. Notre population est vieillissante et les personnes qui rejoignent notre pays contribuent à son dynamisme démographique. Elles participent à l’économie du pays, à travers leur consommation quotidienne et leur activité professionnelle, souvent dans des secteurs enregistrant des pénuries de main d’œuvre. Cela enrichit aussi la diversité culturelle de la France, à travers le brassage de musique, de cuisine…

Pour tirer parti de cela, il faut s’atteler à relever des défis, dont celui de l’intégration : accueillir de façon digne des personnes qui ont besoin de se loger, de trouver un travail, et parfois d’apprendre notre langue.

L’immigration a souvent été associée à l’insécurité, et les nouveaux arrivants se heurtent à des discriminations, second défi à relever.

Cela freine leur intégration et initie un cercle vicieux de rejet.

Ce cercle peut devenir vertueux dès lors que nous apprenons à réfléchir avec des faits et des données vérifiées, à comprendre l’autre et que nous encourageons les échanges interculturels et la coopération.

Cela nécessite de mettre en place des politiques publiques adaptées et de former les nouveaux arrivants tout autant que les personnes accueillantes.

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