Que révèle vraiment la chute du taux de couverture commerciale en Tunisie ?

L’Institut National de la Statistique (INS) publie mensuellement le solde de la balance commerciale, révélant ainsi le taux de couverture. Ce taux est essentiel pour évaluer l’attractivité des biens d’un pays vis-à-vis du reste du monde et de réévaluer ses politiques commerciales en fonction de ses intérêts.
Ce qui est étrange ces derniers temps est que dans les publications de l’INS, nous n’avons pas les chiffres sur les biens de consommation importés en valeur et en quantités tout comme il est surprenant qu’à ce jour, nous n’avons pas encore le taux de chômage enregistré au dernier trimestre de l’année 2024.
Les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants durant le mois de janvier 2025* montrent que les exportations ont atteint le niveau de 5025,8 MD contre 5148,5 MD durant le mois de janvier 2024.
Quant aux importations, elles ont atteint le niveau de 6791,3 MD contre 5726,1 MD en janvier 2024. La hausse des importations de +18,6% provient de l’augmentation enregistrée au niveau des importations des produits énergétiques de +24% à la suite de l’augmentation des achats des produits raffinés de l’ordre de 1219,2MD contre 623,2MD l’année dernière, de même, les importations sont en hausse pour les biens d’équipement de +14,1%, les matières premières et demi-produits de +13,2%, les biens de consommation de +18,5% et les produits alimentaires de +37,9%. Nous l’avons compris, la hausse des importations des produits alimentaires est éventuellement due à l’approche du mois de ramadan 2025.
Au site de l’ONAGRI (Observatoire National de l’Agriculture) on parle d’une balance commerciale alimentaire qui a enregistré au cours du mois de janvier 2025 un excédent de 174,4 MD contre un excédent de 469,2 MD durant le même mois de l’année précédente ; enregistrant ainsi, un taux de couverture de 125,0% à fin janvier 2025 contre 192,8% à fin janvier 2024.
En termes de valeur et c’est le plus important, les exportations alimentaires ont enregistré une baisse de 10,6% alors que les importations ont augmenté de 37,9%. La régression enregistrée est essentiellement le résultat d’une part de la baisse des exportations de l’huile d’olive de -14,7%, des dattes de -2,7% et des produits de la pêche de -54,4%. D’autre part, précise-t-on à l’ONAGRI, il y a eu une hausse des importations du sucre de +65,1% et des céréales de +32,2%.
Le prix moyen à l’exportation de l’huile d’olive a chuté à 12,33 DT/kg, enregistrant une diminution de 54,4% par rapport à l’année précédente. Les prix à l’importation des produits céréaliers ont diminué de 1% à 17%, à l’exception du maïs dont le prix a augmenté de 10,3%.
Des éclairages que l’INS apportait, traditionnellement chaque mois, par produit et par chapitre. A titre d’exemple : “Cette année, nous avons importé et exporté des céréales, du sucre, du café, des parfums, des pièces de rechange, des intrants et ainsi de suite”.
Les chiffres publiés, les quantités les valeurs pour chaque chapitre sont importants à savoir, parce que le coût du commerce a un impact sur les flux commerciaux, détermine qui échange quoi et avec qui, quels biens et services sont proposés aux consommateurs et à quel prix.
Les coûts du commerce interagissent avec les fondamentaux économiques, tels que la technologie et la dotation en facteurs de production, façonnent la structure des échanges et de la production observée à travers le monde et par conséquent peuvent grandement influencer la trajectoire de développement économique d’un pays.
Mais nous n’en sommes pas encore là dans notre pays où la gestion de la chose économique est soumise à la règle de “sauve moi aujourd’hui, demain est un autre jour”. (sic).
Une autre raison possible qui pourrait expliquer l’absence de précisions dans la publication de l’INS pourrait être la baisse des exportations, notamment celles d’huile d’olive. Le déficit commercial a considérablement augmenté par rapport à l’année 2020. Fin janvier 2025, il a enregistré plus de trois fois le déficit commercial de janvier 2024, faisant de ce déficit le plus élevé depuis 2020. Ce déficit est principalement dû à une augmentation des importations d’une valeur d’un milliard de dinars et à une baisse des exportations.
Le taux de couverture actuel est de 74 %, le plus bas depuis 2020, où il était de 89,9 % en 2024. Cette baisse significative indique une détérioration de la santé économique du pays mais ce n’est pas en jouant aux autruches que nous sauverions la Tunisie et donnerons de l’espoir au peuple.
A.B.A
*Source : INS
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