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78e festival de Cannes : Les films tunisiens pressentis

Deux films tunisiens seraient pressentis à la 78e édition du Festival international du film de Cannes qui se déroulera du 13 au 24 mai 2025.

« Tu ne feras point d’images », le nouveau long métrage de fiction de Kaouther Ben Henia,  pourrait faire partie de la sélection officielle de cette 78e édition du festival de Cannes. Le film raconte l’histoire d’Amira, une jeune femme réservée, qui entreprend des études à Tunis et se passionne pour le cinéma lorsqu’elle reçoit de sa grand-mère mourante une mystérieuse clé. Elle se lance alors dans l’exploration du passé de sa famille et des croyances de son village. Elle ne se doute pas alors que cela va lui ouvrir les portes de révélations de plus en plus incroyables, remettant en cause toutes les croyances qu’elle tenait pour vraies.

Alternant courts et longs métrages, documentaires et fictions, Kaouther Ben Henia s’est fait connaître avec le documentaire « Le Challat de Tunis » (2014), puis « Zeineb n’aime pas la neige », Tanit d’Or des JCC (2016), les fictions : « La belle et la meute » sélectionné à la section Un Certain Regard Cannes (2017), « L’homme qui a vendu sa peau» (2019) et « Les filles d’Olfa » docu-fiction César du meilleur film et Prix de la citoyenneté au festival de Cannes (2024).

« Marie et Jolie » d’Erige Shiri serait pressenti, quant à lui, pour la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes 2025. Le film met en scène Marie, 40 ans, Ivoirienne installée en Tunisie depuis 10 ans. Elle partage sa vie entre son métier de journaliste et sa vocation de pasteur évangéliste. Moderne et engagée, elle accueille chez elle des femmes dont la situation est fragile, comme Nané, une jeune maman dont le passeport a été confisqué par son employeuse et Jolie, une artiste prometteuse en situation précaire dont le père ordonne le retour en Côte d’Ivoire. Ensemble, elles forment un trio étonnant, caractérisé par la débrouillardise, l’inventivité et l’humour. Mais les récentes tensions entre les subsahariens, les Tunisiens et la police viennent remettre en question leur vie intime et les poussent à faire des choix.

En 2018, Erige Sehiri réalise son premier long métrage documentaire « La voie normale » sur les cheminots tunisiens. En 2021, elle réalise et produit son premier long métrage de fiction « Sous les figues », présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes 2022 et choisi pour représenter la Tunisie aux Oscars 2023.

Concert de Tarab du Club des médecins au Festival de la Médina : Une bouffée d’oxygène

L’espace Bir Lahjar ne pouvait contenir le nombre impressionnant de musiciens, chanteurs et spectateurs dont certains ont dû assister au spectacle debout. L’ensemble musical était composé de 29 instrumentistes et 23 chanteurs formant la chorale. Le spectacle s’est déroulé dans une ambiance euphorique et bon enfant. C’était la dernière soirée du festival de la médina. 

Le concert « Ya mdaouin ennsass » du Club des médecins de la faculté de médecine de Tunis sous la direction de Sofian Bouhamed, organisé le 28 mars 2025 à Bir Lahjar, et ce, dans le cadre de la 41e édition du Festival de la Médina, a drainé une foule compacte, sans doute des médecins venus assister à cette soirée de « Tarab ».

L’espace Bir Lahjar ne pouvait contenir le nombre impressionnant de musiciens, chanteurs et spectateurs dont certains ont dû assister au  spectacle debout. L’ensemble musical était composé de 29 instrumentistes et 23 chanteurs formant la chorale. Dans une ambiance euphorique et bon enfant, le chef d’orchestre donne le la avec un « Samaï Tatyouss » suivi d’un « Taqssim» exécuté par le cithariste Hatem Jmal qui a enchanté l’assistance.

Après une « Wasla de mouachahats » interprétée par la chorale, le micro est cédé à la jeune Saoussen Ben Ajima qui chante avec sa douce voix « Zahr el Banafsej » de Ali Riahi, puis cède la place à sa collègue Dora Boujlben qui reprend une chanson de Soulef « Zaâma el-jamel ». Après avoir donné le ton avec deux chansons du répertoire tunisien, Rania Laâbidi s’attaque à Oum Kalthoum avec « Baïd Anek », un gros morceau que la chanteuse s’est appliquée à restituer avec adresse. Ce qui lui a valu des applaudissements nourris. Toujours dans la même lancée, Faouzia Jaziri Jmal reprend le tube « Ama Baraoua » de Najet Essaghira. 

Retour à la chanson tunisienne avec la chorale accompagnée du violoniste Tarak Ben Khelifa qui s’est illustrée avec «Ya mdaouin ennass » puis une Wasla   et un « Istikhbar » du flûtiste Sami Bahroun. Suivent ensuite les mélodies « La nmathlek belchams » chantée par Majdi Boubakri, « Layaâtini bchid el-hawa » par Manel Mokrani, « Ghanili chway chway » par Lamia Fekih puis un cocktail de chansons tunisiennes proposé par Leila Saddem. Et enfin, pour clore cette soirée tarabique, la troupe a régalé l’assistance avec un cocktail marocain présenté par Meriem Jouness, Yassine Nahdi,  Abir Mansouri et Abir Wardlitou.  Les nombreux spectateurs ont manifesté leur admiration et leur soutien à ce club  de musiciens et chanteurs en leur consacrant une vague d’ovations qui va encore les stimuler dans cette approche à vocation thérapeutique. Une belle soirée en somme dans le cadre enchanteur de la médina de Tunis en cette fin du mois de ramadan.

Pour rappel, le club de musique de la faculté de médecine de Tunis a été fondé en 2002 et a pour objectif de promouvoir la richesse de la musique orientale tout en offrant un espace d’expression artistique au sein de l’univers médical. Le Club réunit des enseignants et des étudiants en médecine qui développent leurs talents musicaux, de recharger leurs batteries et de trouver un équilibre entre leur vie académique et personnelle. Une initiative qui devrait inciter d’autres corps d’enseignement à faire de même.

Retour sur la « Hadhra » de Fadhel Jaziri : Un monument intemporel toujours renouvelé

Dès l’entame, la ferveur s’installe. Les « Mounchidin », dos tournés au public, commencent par l’intonation de la « Fatiha », suivie des invocations portées par la voix haute de Samir Ressaissi. Le rythme évolue crescendo et la « Hadhra » prend des allures d’une assemblée où se jouent toutes formes de joie et de tristesse, de bonheur et de mélancolie.

Quoiqu’on dise, la « Hadhra », méga-spectacle musical conçu et mis en scène par Fadhel Jaziri, est un monument intemporel, qui, depuis sa création en 1991, a traversé les générations et est resté intact. Avec toujours le même enthousiasme et la même fougue, le public continue à suivre et à apprécier avec entrain ce « Chghol » (travail) comme aime à le nommer son auteur.

Une représentation a été donnée lors de la nuit du Destin, le 26 mars 2025, au théâtre de l’Opéra à la Cité de la culture. 24 ans sont passés depuis la première représentation de « Hadhra », qui a réuni les cheikhs les plus réputés de l’époque, dont plusieurs ont disparu. Véritable institution, cette manifestation de chants sacrés a fait d’innombrables émules, dont le plus célèbre « Ziara » de Sami Lajmi, copie spectaculaire de son aîné « Hadhra » qui draine aussi les foules par centaines. Mais « Hadhra » mère demeure une authentique création visant à restituer et à restaurer une mémoire musicale qui s’est effilochée avec le temps. 

Recueillir les paroles anciennes, œuvrer à les reconstituer et les habiller d’une musique évolutive et moderne en fusionnant les instruments orientaux, tels que « Bendir », « Tabla » et « Darbouka » avec des instruments occidentaux, à l’instar du saxophone, guitare électrique, piano et batterie, telle a été la tâche de Jaziri qui s’est attelé à faire de son projet une version indémodable.

La version de « Hadhra » proposée à la nuit du Destin est fulgurante de beauté. Une magnifique fiesta de couleurs, de lumière, de chants et de danses mystiques, résultat d’une longue fouille dans les entrailles des confréries de toutes les régions de la Tunisie. Moments impressionnants qui nous font oublier le quotidien harassant et stressant et nous transportent dans un univers de rêve et de quiétude bien que les rythmes soient soutenus.

Dès l’entame, la ferveur s’installe. Les « Mounchidin », dos tournés au public, commencent par l’intonation de la « Fatiha », suivie des invocations portées par la voix haute de Samir Ressaissi. Passé cet instant de recueillement, le rythme évolue crescendo et la « Hadhra » prend des allures d’une assemblée où se jouent toutes formes de joie et de tristesse, de bonheur et de mélancolie soutenues par les voix puissantes représentant différentes tonalités de chants réinventés.

Il s’agit là d’une démonstration sans faille d’un patrimoine séculaire titillé par des touches de modernité tant sur le plan instrumental que des costumes et des transes en vue d’orchestrer une symphonie nouvelle créant une parfaite alchimie entre le passé et le présent. Deux heures de chants, de musique et de tableaux chorégraphiques sur les différents paliers de la scène du théâtre de l’Opéra jamais autant exploitée auparavant. 

Les youyous, les ovations et les cris de joie fusaient de partout dans la salle à chaque passage de chaque chant appris par cœur au fil des générations : « Fogra », « Rais Labhar », « Béni Meriem », « Fares Baghdad » ou encore « Ellil Zahi », ce dernier est le seul chant interprété par un ensemble de voix féminines, ont été ravivés par les voix de Haythem Lahdhiri, Yahia Jaziri, Mondher Ahouri, Houssem Ben Moussa, Oussema Nabli et d’autres qui ont réussi à insuffler une nouvelle vie à ces invocations mystiques auxquelles participent les effluves d’encens et les étendards déployés au cours du spectacle. Toujours aussi belle et surprenante, la « Hadhra » de Fadhel Jaziri demeurera comme une création originelle qui ne s’épuise jamais.

Trio Malek Lakhoua au Festival de la Médina : L’atout jazz

Fluidité technique et toucher précis s’associent pour enrichir les rythmes hérités de l’art de l’improvisation, pour lequel Malek Lakoua a drainé un public nombreux. 

Du jazz au Festival de la médina et à Bir Lahjar ? C’est rare et pourtant la direction de la 41e édition du Festival a osé le pari de programmer une soirée consacrée à ce genre musical réservé jusqu’ici aux théâtres fermés ou de plein air. Généralement, ce sont les concerts de « Tarab », de « Malouf » ou encore de chants soufis qui meublent les soirées de cette manifestation. On se rend compte que le Festival de la médina a évolué au gré des sessions et s’ouvre à d’autres sensibilités musicales occidentales en l’occurrence pour élargir son public.

Vendredi 21 mars, la musique jazz a résonné dans le patio de Bir Lahjar. Le trio «Take 3», composé du pianiste Omar el Ouaer et du bassiste Fabricio Nicolas, français d’origine vénézuélienne et colombienne et du batteur Malek Lakoua, a drainé un public nombreux et sélect, féru de jazz. Le concert a démarré avec un morceau de plus de dix minutes, intitulé «Prélude» signé Omar el Ouaer, suivi d’autres standards de jazz dans ses multiples avatars. Les trajectoires respectives de ce trio de musiciens se sont croisées et ont convergé simultanément sur scène.

Leur communauté d’expérience et de pensée s’est épanouie superbement dans ce concert où l’improvisation se manifeste autour des notes et ses possibilités infinies à créer un univers à la limite poétique. Les musiciens semblent creuser le même sillon sans jamais donner l’impression de se répéter. Fluidité technique et toucher précis associés pour enrichir les rythmes hérités de l’art de l’improvisation qui caractérise ce genre de musique.

Après avoir roulé sa bosse dans plusieurs clubs, jam sessions, Malek Lakhoua, qui a plusieurs cordes à son arc, médecin, agriculteur et batteur autodidacte, a forgé son nom au contact d’un public qui apprécie son jeu à la batterie et sa volonté de proposer du nouveau dans le domaine de la musique. C’est grâce à son mentor, Azaiez Hamrouni, qu’il s’est initié à la batterie et en a fait son instrument de prédilection. Savourant les multiples succès, il fonde «Jazzit Records», premier label de jazz tunisien et parvient à le mettre  en synergie avec le producteur belge Igloo Records. 

Duke Ellington, Ahmed Jamal et d’autres grands ténors du jazz afro-américain constituent ses maîtres auxquels il voue une admiration sans faille et qui lui ont permis d’ouvrir la voie vers un jazz authentique en reprenant leurs standards. Mais Malek Lakhoua ne s’est pas contenté de reprises, il a créé ses propres titres auxquels il a insufflé une identité tunisienne que le public semble apprécier. Au terme de plus d’une heure, l’auditoire, resté silencieux tout au long du concert, a ovationné fougueusement la superbe performance de ce trio qui a encore de beaux  jours devant lui.

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