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Tebboune joue subtilement la carte de la désescalade

Jouant l’apaisement, le président algérien Abdelmadjid Tebboune appelle à « régler tous les problèmes » avec Emmanuel Macron, son « alter ego »; avec lequel cependant il y eut alternativement « des moments de sirocco, des moments de froid ».

Alors que les relations, au demeurant tumultueuses, entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale prenaient un tournant dangereux- notamment depuis que le ministre de l’Intérieur Bruno Retaillau, la nouvelle coqueluche de la droite, a mis sa démission dans la balance si la France venait à céder sur le dossier des Algériens expulsables- le président algérien Abdelmadjid Tebboune semble jouer la carte de l’apaisement en estimant que la crise entre Alger et Paris a été « créée de toutes pièces » et en réitérant sa volonté de « régler tous les problèmes » avec Emmanuel Macron.

« Alter ego »

Il faut, a-t-il dit, « savoir raison garder, nous avons d’excellentes relations, beaucoup d’amis (en France) qui aiment l’Algérie ». Emmanuel Macron est « mon alter ego, on a eu des moments de sirocco, des moments de froid »; mais « c’est avec lui que je travaille ».

Ainsi, en indiquant clairement que son homologue français est son seul et unique interlocuteur, le locataire du palais d’Al-Mouradia coupe ainsi de facto l’herbe sous les pieds du patron de la place Beauvau. Ce dernier voyant sa popularité monter en flèche à la faveur de son hyperactivité médiatique et de ses prises de position très droitières. Au point de croire désormais en ses chances de prendre la tête des Républicains, et rêve même de l’Elysée.

Ainsi, « pour ne pas tomber dans le brouhaha, ni le capharnaüm politique là-bas [en France], je dirais seulement trois mots : nous, on garde comme point de repère et unique point de repère le président Macron ». C’est ce qu’affirmait le président algérien Tebboune dans une interview retransmise samedi 22 mars à la télévision algérienne. En indiquant ainsi qu’Emmanuel Macron reste son « unique point de repère » dans la crise actuelle entre Alger et Paris.

Dressant le constat de « deux États indépendants » avec « deux présidents qui travaillent ensemble. Tout le reste ne nous concerne pas », a-t-il souligné. Abdelmadjid Tebboune estime d’ailleurs que les tensions entre son pays et la France sont « un moment d’incompréhension ». Tout en affichant sa volonté de « régler tous les problèmes » uniquement avec le président français ou « avec la personne qu’il délègue, à savoir les ministres des Affaires étrangères entre eux ».

Les sujets qui  fâchent

La prise de position du président algérien est-elle en mesure de calmer les esprits alors que la crise entre les deux pays est attisée par des manœuvres de « l’extrême droite française revancharde et haineuse », selon les termes du communiqué émanant du ministère algérien des Affaires étrangères?

Difficile d’y croire, tellement les contentieux hérités des blessures du passé colonial et qui demeurent vives des deux rives de la Méditerranée, empoisonnent encore les relations entre les deux pays.

Le Sahara occidental encore et toujours

Parmi les sujets qui fâchent, figure la crise depuis l’été 2024 lorsque Emmanuel Macron, au mépris de la traditionnelle neutralité de la France dans ce dossier explosif, reconnut la marocanité du  Sahara occidental. Alger avait alors retiré son ambassadeur à Paris. Une victoire pour Rabat, un coup dur pour Alger.

Sur un ton virulent, le ministère algérien des Affaires étrangères avait publié un communiqué par lequel Alger affirmait vouloir « en tirer toutes les conséquences » en indiquant « que la France en assumera seule la pleine et entière responsabilité ». Une précision lourde de sous-entendus était ajoutée : « Les puissances coloniales, anciennes savent se reconnaître, se comprendre et se tendre des mains secourables. »

Pourtant, le président Tebboune semble tourner la plage en assurant samedi dernier que l’amitié entre Paris et Rabat « ne nous dérange pas du tout, contrairement à ce qu’on dit ». Tout en condamnant les visites récentes de Rachida Dati et Gérard Larcher dans ce territoire, dont le Maroc contrôle de facto 80%, considéré « non autonome » par l’ONU qui propose une large autonomie sous sa souveraineté. Alors que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, réclame un référendum d’autodétermination.

L’affaire Sansal

Or, à peine cette couleuvre avalée par Alger, voila que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal lance une bombe en déclarant le 2 octobre- lors d’une émission du média marqué à droite Frontière– que l’ouest algérien faisait partie du Maroc au moment de la colonisation française. « Tout le problème vient d’une décision prise par le gouvernement français : quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc, Tlemcen, Oran et même jusqu’à Mascara […] la France a décidé comme ça, arbitrairement, de tracer une frontière», a-t-il  avancé. Des  propos considérés comme portant atteinte à l’intégrité du territoire algérien et qui auraient motivé en partie son arrestation par les autorités algériennes pour « atteintes à la sûreté de l’État ».

En déplacement à Bruxelles, Emmanuel Macron a répété son appel à « une issue rapide » pour que l’auteur emprisonné et atteint d’un cancer « retrouve la liberté », appelant à la « clairvoyance » de son homologue algérien.

Le dossier brûlant des OQTF

Dernière dossier ayant  fini de ternir la relation bilatérale : le refus de l’Algérie d’accueillir plusieurs ressortissants algériens sous OQTF expulsés par la France. La crise ayant atteint son paroxysme après l’attentat de Mulhouse ayant fait un mort, commis par un Algérien qui avait fait l’objet de plusieurs OQTF.

A noter que  Bruno Retailleau aura menacé d’une « riposte graduée » si l’Algérie continue de refuser d’admettre ses ressortissants expulsés. Une démarche « rejetée sur la forme et le fond » par le gouvernement algérien qui invite les autorités françaises « à suivre le canal d’usage en l’occurrence celui établi entre les préfectures et les consulats ». Le sujet est clos.

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Nouvelle nomination au palais de La Kasbah

Kamel Maddouri a été remercié dans la nuit de jeudi à vendredi et remplacé dans la foulée par la ministre de l’Équipement, Sarra Zaafrani Zenzri. Sans explication aucune.

 

Au soir d’un jeudi gris où les drapeaux n’ont même pas été hissés pour égayer la commémoration des soixante-neuf ans de la déclaration de l’indépendance de la Tunisie, le président de la République décida, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 mars 2025, de limoger son chef du gouvernement, Kamel Maddouri, et de nommer dans la foulée la ministre de l’Équipement et de l’Habitat, Sarra Zaafrani Zenzri, pour lui succéder.

Six chefs de gouvernement en un seul mandat

La nouvelle locataire du palais de La Kasbah est la seconde femme à être promue à cette haute charge, et la quatrième à occuper ce poste depuis le 25 juillet 2021 après Najla Bouden (du 11 octobre 2021 au 1er août 2023), Ahmed Hachani (du 1er août 2023 au 7 août 2024), et Kamel Maddouri (du 7 août 2024 au 20 mars 2025).

À noter que depuis son accession à la magistrature suprême en octobre 2019, six (6) chefs de gouvernement se sont succédé à ce siège éjectable. En effet, aux quatre précédemment nommés, il faut y ajouter Elyès Fakhfakh (de février à septembre 2020), puis Hichem Mechichi (de septembre 2020 à juillet 2021).

À titre de comparaison et durant plus de 30 ans au pouvoir, de 1956 à 1987, le président Bourguiba usa cinq locataires du palais de La Kasbah. Béhi Ladgham en tant que secrétaire d’État à la présidence puis Premier ministre après la création de ce poste en 1969, et ce, de 1958 à 1970 ; ensuite, Hédi Nouira de 1970 à 1980 auquel a succédé Mohamed Mzali d’avril 1980 à juillet 1986 ; puis Rachid Sfar (de juillet 1986 à octobre 1987) ; enfin, Zine El Abidine Ben Ali, du 2 octobre 1987 au 7 novembre 1987, date du « coup d’État médical ».

Pour sa part, Ben Ali a eu trois Premiers ministres en 23 ans de pouvoir : Hédi Baccouche de novembre 1987 à septembre 1989 ; Hamed Karoui, de septembre 1989 à novembre 1999, et enfin Mohamed Ghannouchi, de novembre 1999 jusqu’à la fuite du président déchu en Arabie saoudite le 14 janvier 2011.

Griefs obscurs

Révocation ou démission ? Le protocole observé lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale à laquelle l’ancien Premier ministre a pris part, était le signe avant-coureur de sa disgrâce : sa chaise à la droite du président était occupée par le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Brahim Bouderbala.

Mais que reproche Kaïs Saïed à son ancien Premier ministre ? Rien de très précis, sauf que lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale du 20 mars 2025, il aura évoqué l’existence de « bandes criminelles opérant dans plusieurs services publics, avec des agents à leur solde » en déplorant que certains « lobbys de la corruption et leurs agents cherchent à étendre leurs activités à La Kasbah, oubliant que la mission du gouvernement est d’assister le président dans l’exercice de ses fonctions exécutives ».

Il a par ailleurs jugé suspecte une série de mouvements sociaux et d’immolations par le feu avant le mois de ramadan. « Tout cela a coïncidé avec le début du procès des accusés dans l’affaire du complot contre la sûreté de l’État », a-t-il lancé. « Pas besoin d’en dire plus » !

Il semble donc que M. Maddouri, qui n’a passé que 7 mois à son poste, ait servi de « fusible ». Dans la conception du chef de l’État, Premier ministre, chef de gouvernement ou « secrétaire d’État à la présidence » ne sont que des appellations pour désigner un « collaborateur » chargé d’exécuter les orientations présidentielles, comme il l’a rappelé non sans insistance lors du Conseil de sécurité nationale.

Compétence et intégrité

Kaïs Saïed a-t-il fait le bon choix en plaçant Mme Sarra Zaafrani Zenzri, 62 ans, au palais de La Kasbah ?

Diplômée en génie civil de l’École nationale d’ingénieurs de Tunis (ENIT) et spécialisée en génie géotechnique de l’Université de Hanovre en Allemagne, Sarra Zaafrani Zenzri aura dirigé, à partir de 2009 au sein du ministère de l’Équipement, la division chargée de la construction des autoroutes, où elle négociait notamment avec les bailleurs de fonds.

Polyglotte, maîtrisant l’arabe, le français, l’anglais et l’allemand, un atout pour représenter la Tunisie sur la scène internationale, sans affiliation partisane connue, perçue comme une fonctionnaire efficace et intègre, dotée d’une maîtrise des rouages administratifs, elle incarne le profil technocratique en ces temps où la Tunisie est confrontée à de graves difficultés économiques et financières, avec une croissance poussive de 0,4% en 2024, un taux de chômage de 16% et une dette équivalente à environ 80% de son produit intérieur brut (PIB).

In fine, Sarra Zaafrani Zenzri semble tout indiquée pour occuper ce poste exposé afin de mettre en pratique les réformes, ô combien urgentes, qui s’imposent. À condition qu’on lui laisse les coudées franches pour affronter la tempête. Elle en a l’étoffe et la carrure.

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Tahar Ben Ammar, « l’autre père de l’indépendance »

C’est lui qui négocie les accords d’autonomie interne le 3 juin 1955. Puis le 20 mars 1956, il signe avec Christian Pineau, le ministre français des Affaires étrangères, le protocole d’accord qui reconnaît l’indépendance de la Tunisie. Pourtant, à sa mort, Tahar Ben Ammar fut privé de funérailles nationales. Son unique tort aux yeux du Combattant suprême qui ne souffre point qu’on lui fasse de l’ombre? Avoir eu l’insigne honneur de parapher l’accord de l’indépendance, à Paris. 

Tahar Ben Ammar (1889-1985), à qui Béchir Ben Yahmed, fondateur de Jeune Afrique, lui avait décerné le titre de « l’autre Père de l’indépendance », fut successivement président de la Chambre d’agriculture, membre du Conseil consultatif pour l’Afrique du Nord, avant-dernier chef de gouvernement de Lamine Bey, négociateur en chef et architecte de l’autonomie interne. Enfin, signataire du protocole d’indépendance de la Tunisie, l’acte fondateur de l’Etat national. Et ce, dans un contexte explosif marqué d’une part par l’hostilité du lobby colonial français; et d’autre part par la rivalité entre Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef, les deux têtes du néo-Destour. Sans négliger les manœuvres et les coups tordus portés au processus de l’indépendance de la Tunisie aussi bien par le palais beylical que par la résidence générale française.

Discrétion et dignité

Pourtant – lors de la grande discorde entre Bourguiba et Salah Ben Youssef sur les accords d’autonomie interne de 1954, qui donnent une autonomie progressive à la Tunisie tout en maintenant des liens avec la France, Salah Ben Youssef rejette ces accords et prône une rupture totale et immédiate avec la France, en s’inspirant des luttes armées en Algérie et en Égypte. Alors que Bourguiba adopte une vision modérée et pragmatique, cherchant une indépendance par la négociation et non par la confrontation directe avec la France; Tahar Ben Ammar, qui était l’un des membres fondateurs du Parti libéral constitutionnel (Destour) présidé par Abdelaziz Thaalbi, est adepte de la « politique d’étapes » chère à Bourguiba et se range par conséquent dans son camp et contre celui du secrétaire général du Néo-Destour déchu qui s’enfuit en Libye en janvier 1956. Mettant ainsi fin à la guerre civile qui menaçait l’existence même de la jeune République naissante.

Le 9 avril 1956, au lendemain de l’installation de la Constituante convoquée par ses soins, laquelle élut Habib Bourguiba comme premier président, il démissionna avec dignité, forçant même la main au Bey pour désigner Habib Bourguiba.

Une affaire montée de toute pièce

Il fut largement récompensé : Bourguiba, devenu entre temps le maître absolu du palais de Carthage, emprisonna en 1958 son frère d’armes sous l’accusation, qui ne repose sur aucun fondement juridique, de recel et vol de bijoux appartenant à la famille beylicale.

Jalousie, calculs politicards, nombrilisme du grand homme réputé pour sa mégalomanie? Le Combattant Suprême avait de quoi reprocher à son rival l’étendue de ses relations internationales, son rayonnement à l’intérieur même du pays, et surtout le prestige – qui devait à ses yeux lui revenir – d’avoir signé le protocole d’accord qui reconnaît l’indépendance de la Tunisie. Sachant que cet épisode controversé intervient dans un contexte de consolidation du pouvoir par le régime bourguibien après l’abolition de la monarchie husseinite en 1957.

Toutefois, nombre d’historiens estiment qu’il s’agit d’une affaire politique : profitant du fait que Tahar Ben Ammar aurait refusé de livrer un faux témoignage accusant Lamine Bey de collaboration avec le pouvoir colonial, Bourguiba – qui cherchait à éliminer toute opposition politique et à asseoir son autorité sur le pays – sauta sur l’occasion pour discréditer un homme devenu gênant pour le pouvoir en place.

Ainsi, l’affaire des bijoux beylicaux, qui auraient disparu après la dissolution de la monarchie, devient alors un prétexte pour écarter définitivement un sérieux rival de la scène publique.

Rivalité

Ainsi, Tahar Ben Ammar, autrefois respecté pour son rôle dans la libération du pays, termine ainsi sa vie dans l’ombre, loin des honneurs qu’il aurait pu espérer. Lui qui était devenu par son prestige international l’interlocuteur indispensable lors des négociations pour l’indépendance de la Tunisie.

Ultime humiliation pour ce grand patriote. A sa mort le 8 mai 1985, la presse nationale passa l’événement sous silence et il fut privé de funérailles nationales!

Alors, avec le recul et loin des passions qui marquèrent l’époque, n’est-il pas légitime de penser que face au nationalisme parfois ombrageux de Bourguiba, Tahar Ben Ammar, le grand propriétaire terrien, était l’emblème d’un certain « compromis » entre les milieux d’affaires locaux et le capitalisme étranger, notamment français? Autrement dit, ne représentait-il pas une alternative politique acceptable pour l’ancienne puissance coloniale?

Manipulation de la mémoire collective? Toujours est-il qu’en éliminant son rival potentiel, Bourguiba, l’animal politique mais également le Père de l’indépendance et le bâtisseur de la Tunisie moderne, eut ainsi toute latitude de remodeler l’Histoire. A sa guise.

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