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ECLAIRAGES – Tensions de liquidité et stratégie monétaire en Tunisie : une équation délicate

L’évolution des indicateurs monétaires et financiers en Tunisie (au 21 mars 2025) met en lumière des tensions grandissantes sur la liquidité, aussi bien au niveau du secteur public que bancaire.

Dans un contexte économique marqué par une croissance atone, une inflation persistante et une pression sur les réserves en devises, la Banque centrale de Tunisie (BCT) adopte une posture prudente, tout en naviguant entre stabilisation macroéconomique et nécessité de relancer l’investissement. Il s’agit de liquidité.

Un Trésor sous pression

La baisse du solde du compte courant du Trésor, qui recule à 296,2 millions de dinars (MDT), témoigne des tensions sur les finances publiques. Cette contraction reflète l’augmentation des décaissements, probablement en raison du règlement des salaires de la fonction publique et/ou du service de la dette.

Dans un contexte où les recettes fiscales peinent à suivre le rythme des dépenses, l’État tunisien pourrait être contraint d’intensifier ses émissions de Bons du Trésor à court terme, accroissant ainsi la pression sur les marchés financiers domestiques.

Cette situation met en exergue un défi majeur : comment concilier la nécessité de financer le déficit budgétaire sans fragiliser davantage l’équilibre financier des banques et sans alourdir la charge de la dette publique.

 

La Tunisie semble opter pour une stratégie d’allongement de la maturité de sa dette, comme en témoigne la progression des Bons du Trésor Assimilables (BTA), qui atteignent désormais 21,4 milliards de dinars. Si cette approche réduit la pression immédiate sur la trésorerie de l’État, elle ne résout pas pour autant la question de la soutenabilité de la dette à moyen terme.

Une liquidité bancaire sous tension

En parallèle, le solde du compte courant des banques affiche un recul, traduisant une demande accrue de liquidités. Ce resserrement pourrait être lié à plusieurs facteurs, notamment une hausse de la demande de crédit ou une augmentation des besoins en monnaie fiduciaire, comme en témoigne la progression des billets et monnaies en circulation, qui s’élèvent à 23,2 milliards de dinars.

Cette évolution suggère un certain essoufflement des dépôts bancaires à court terme, ce qui contraint les établissements financiers à puiser davantage dans leurs réserves pour assurer le bon fonctionnement du système.

Face à cette situation, la BCT ajuste prudemment son intervention sur le marché monétaire. L’encours global des opérations de refinancement s’établit à 12,8 milliards de dinars, en recul de 1,4 milliard par rapport à la période précédente. Si cette contraction témoigne d’un resserrement des conditions monétaires, elle s’inscrit également dans une volonté de maîtriser l’excès de liquidité afin d’atténuer les pressions inflationnistes.

Une politique monétaire sous contrainte

Le maintien du taux directeur à 8 % confirme la posture prudente de la BCT, qui privilégie la lutte contre l’inflation au détriment d’un assouplissement monétaire susceptible de dynamiser l’investissement.

Cette politique vise à stabiliser le dinar et à limiter la fuite des capitaux vers des devises plus attractives. Toutefois, elle a pour effet collatéral de renchérir le coût du crédit, ce qui freine la reprise économique et pénalise les entreprises déjà fragilisées par un environnement incertain.

Le taux du marché monétaire (TMM) évolue autour de 7,99 %, en légère hausse, ce qui reflète une certaine tension sur les taux interbancaires. Ce resserrement des conditions de financement pourrait accentuer les difficultés d’accès au crédit pour les entreprises et les ménages, limitant ainsi les perspectives de croissance.

Les moteurs extérieurs de résilience

Dans ce contexte complexe, les entrées de devises constituent un facteur clé de stabilisation.

Les recettes touristiques affichent une progression de 5,1 % sur un an, atteignant 1 071,6 millions de dinars, confirmant la reprise du secteur après plusieurs années difficiles.

De même, les revenus des Tunisiens à l’étranger augmentent de 7,3 %, représentant un apport essentiel à la balance des paiements.

Cependant, ces signaux positifs ne suffisent pas à compenser la baisse des avoirs nets en devises, qui reculent de 785,3 millions de dinars en un an pour s’établir à 22,6 milliards de dinars.

Cette érosion des réserves, désormais à 99 jours d’importation contre 106 jours précédemment, reflète une dépendance persistante aux financements extérieurs et une vulnérabilité face aux fluctuations des prix des matières premières et de l’énergie sur les marchés internationaux.

Sur le marché des changes, le dinar affiche une évolution contrastée : une légère appréciation face au dollar (+0,24 %), qui pourrait atténuer l’impact de l’inflation importée, mais une dépréciation face à l’euro (-0,15 %), renchérissant le coût des importations essentielles.

Un marché boursier en attente de catalyseurs

Dans ce climat d’incertitude, la Bourse de Tunis fait preuve d’une relative stabilité, avec un indice Tunindex qui progresse modestement à 10 884 points (+0,06 %).

 

Ce calme apparent masque néanmoins une prudence accrue des investisseurs, qui restent attentifs aux évolutions macroéconomiques et aux éventuelles décisions de politique monétaire.

Entre stabilisation et relance : quel cap pour la BCT?

L’analyse des indicateurs monétaires et financiers révèle une économie tunisienne confrontée à des arbitrages délicats. La BCT maintient une politique monétaire restrictive pour contenir l’inflation et préserver la stabilité du dinar, mais cette stratégie se heurte à la nécessité de stimuler une croissance en berne.

Dans un contexte où les marges de manœuvre budgétaires sont réduites et où la liquidité bancaire se tend progressivement, la question centrale demeure : la Tunisie peut-elle se permettre de poursuivre cette politique de rigueur monétaire sans compromettre sa dynamique économique?

Si le pays parvient à mobiliser davantage d’investissements étrangers et à renforcer ses réserves en devises, un certain assouplissement monétaire pourrait être envisagé pour soutenir l’investissement et la consommation.

À défaut, la contrainte financière risque de se durcir davantage, avec des répercussions sur l’activité économique et le marché de l’emploi.

L’équation reste donc complexe : entre nécessité de stabilisation macroéconomique et impératif de relance, la Tunisie devra trouver le juste équilibre pour préserver sa résilience et éviter un enlisement économique.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

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ECLAIRAGES –USA – Maghreb – Incertitudes économiques …2/2

Le ralentissement économique américain et ses répercussions sur les pays du Maghreb : une réflexion rationnelle.

 

Dans un monde interconnecté, où les destins économiques des nations se croisent et s’entrelacent, le poids des grandes puissances, en particulier celui des États-Unis, se fait sentir avec une intensité palpable.

Aujourd’hui, alors que l’Amérique traverse une période de ralentissement économique, une ombre inquiétante plane non seulement sur ses propres rivages, mais également sur les terres vibrantes du Maghreb. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie se voient confrontés à un tournant qui pourrait redéfinir leur avenir économique et social.

 

L’écho des exportations et des investissements 

Les économies maghrébines, liées par un fil invisible aux États-Unis, ressentent déjà les tremblements de ce ralentissement. Le Maroc, par exemple, envoie une multitude de ses produits, des textiles élégants aux fruits gorgés de soleil, vers les marchés américains.

Une baisse de la demande américaine n’est pas qu’une question de chiffres : c’est une menace qui pèse sur les familles, des artisans aux agriculteurs, dont la subsistance dépend des échanges commerciaux. Lorsque les exportations diminuent, c’est comme si une part de l’espoir s’évanouissait, laissant place à l’anxiété et à l’incertitude.

Les entreprises locales, souvent déjà frêles, se voient contraintes de réduire leurs effectifs, et avec elles les rêves d’une vie meilleure s’effacent lentement.

De plus, la perspective d’une diminution des investissements directs étrangers (IDE) américains ne fait qu’aggraver ce sentiment d’inquiétude. Les projets d’infrastructure, qui pourraient transformer des régions entières, sont désormais menacés par la prudence des investisseurs, craintifs face à un horizon économique incertain. Les promesses de progrès s’effritent, et avec elles les aspirations d’un futur radieux pour des millions de citoyens.

Un secteur touristique en danger 

Le tourisme, fleuron des économies maghrébines, se retrouve au cœur de cette tempête. Des destinations comme le Maroc et la Tunisie, qui ont longtemps séduit les voyageurs américains par leurs paysages enchanteurs et leur riche patrimoine culturel, pourraient voir leurs rives désertées.

La peur d’un avenir incertain pourrait pousser les visiteurs à restreindre leurs envies d’évasion, réduisant ainsi les flux touristiques qui nourrissent non seulement les entreprises, mais aussi l’âme de ces nations.

Les conséquences d’une telle diminution vont bien au-delà des simples statistiques : elles touchent des cœurs, des familles, et des communautés entières qui, dans leur quotidien, dépendent de l’afflux des touristes.

La diaspora maghrébine, vibrant lien entre ces pays et les États-Unis, joue également un rôle crucial. Les transferts d’argent, qui permettent à des milliers de familles de vivre dignement, pourraient s’assécher face à un ralentissement économique.

La douleur de l’incertitude se propage, affectant non seulement le bien-être immédiat de ces familles, mais aussi la vitalité de petites entreprises et d’initiatives locales qui comptent sur ces fonds pour fleurir et grandir.

 Une volatilité éprouvante sur les marchés financiers 

La volatilité des marchés financiers, exacerbée par le ralentissement américain, amplifie encore davantage le sentiment d’angoisse. Les capitaux, hésitants, s’éclipsent des marchés émergents, tels ceux du Maghreb, laissant derrière eux des promesses non tenues et un accès plus difficile au financement. Les gouvernements et les entreprises, déjà fragilisés, se retrouvent confrontés à une insurmontable montagne de défis pour réaliser leurs projets de développement.

Avec un dollar américain qui se déprécie, les coûts d’importation explosent, entraînant une inflation qui étrangle littéralement le pouvoir d’achat des consommateurs locaux. Les familles, déjà en difficulté, voient leurs ressources s’amenuiser, plongeant encore plus profondément dans un cycle de précarité qui semble inéluctable. 

La dépréciation du dollar pourrait être globalement bénéfique pour la Tunisie en réduisant la facture des importations. Mais cet effet dépendra de l’évolution d’autres devises et des prix internationaux des matières premières. Une appréciation de l’euro ou des hausses de prix sur les marchés mondiaux pourraient limiter les avantages pour l’économie tunisienne.

Vers un avenir incertain mais résilient?

Les défis posés par le ralentissement économique aux États-Unis ne sont pas que des chiffres sur un tableau statistique. Ils incarnent des luttes, des espoirs et des rêves d’une génération au-delà des graphiques abstraits.

Les pays du Maghreb, bien que confrontés à des obstacles, doivent puiser dans leur résilience et leur ingéniosité pour naviguer à travers une conjoncture éclectique.

La route est semée d’embûches, mais c’est souvent dans les moments les plus sombres que la lumière de la solidarité et de la créativité humaine brille le plus intensément.

En ces temps incertains, le Maghreb doit se dresser avec courage, se réinventer et tracer un chemin vers un avenir meilleur.

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Article en relation :

ECLAIRAGES – USA : incertitudes économiques …

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGES – USA : incertitudes économiques …

Le maintien des taux d’intérêt par la Réserve fédérale (Fed) américaine, annoncé mercredi 19 mars, témoigne d’une situation d’incertitude sans précédent dans la première économie mondiale. Deux mois après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les responsables de la Fed signalent une dégradation de leurs prévisions économiques, reflétant une méfiance croissante face aux décisions politiques récentes et à la dynamique économique.

incertitudes économiques
Incertitudes économiques américaines

Le contexte …

La Fed, institution incontournable pour la régulation monétaire aux États-Unis, a une mission essentielle : maintenir la stabilité des prix et maximiser l’emploi. Sa récente décision de maintenir les taux d’intérêt dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 % — des niveaux conservés depuis décembre — reflète une prudence face à un environnement économique tumultueux. Ce statu quo était largement anticipé par les marchés, qui s’attendaient à ce que la Fed prenne le temps de digérer les implications des nouvelles politiques économiques de l’administration Trump.

Jerome Powell, le président de la Fed, a affirmé que l’incertitude est « inhabituellement élevée». Cette déclaration souligne non seulement les inquiétudes concernant la trajectoire économique à court terme, mais aussi l’impact potentiellement profond des décisions politiques sur l’économie américaine. En effet, les nouvelles mesures tarifaires et les réformes proposées par Trump pourraient entraîner de réelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et la consommation.

 

Jerome Powell, le président de la Fed, a affirmé que l’incertitude est « inhabituellement élevée ». Cette déclaration souligne non seulement les inquiétudes concernant la trajectoire économique à court terme, mais aussi l’impact potentiellement profond des décisions politiques sur l’économie américaine.

 

Des bouleversements aux révisions des prévisions …

Les révisions effectuées par la Fed dans ses prévisions économiques sont révélatrices des défis à venir. La croissance du produit intérieur brut (PIB) est désormais anticipée à +1,7 % pour fin 2025. Soit un abaissement significatif par rapport à l’estimation précédente de 2,1 %. Un tel ralentissement soulève des questions sur la capacité des États-Unis à maintenir un rythme économique soutenu face aux bouleversements récents.

Parallèlement, l’inflation est projetée à 2,7 %. Ce qui vient contrarier les efforts de la Fed de maintenir les prix sous contrôle, la cible étant de 2 %. Une telle hausse pourrait résulter des nouvelles taxes sur les importations, qui, selon Powell, commencent à alimenter une pression inflationniste dans l’économie. De plus, le taux de chômage a été légèrement rehaussé à 4,4 %, ajoutant une autre couche de complexité à la situation. Cette augmentation, bien que modeste, est un indicateur préoccupant d’un possible affaiblissement du marché du travail.

Lire aussi : ECLAIRAGES – La « Trump-economics » à l’épreuve des marchés

Du politique à l’économique, impacts …

L’impact des politiques économiques de Donald Trump est déjà perceptible. L’imposition de nouvelles taxes sur les importations a créé une pression supplémentaire sur les entreprises américaines, qui doivent maintenant naviguer dans un environnement de coûts accrus. Cela a conduit les consommateurs à devenir plus vigilants dans leurs dépenses. Ce qui pourrait potentiellement ralentir la croissance économique. Les entreprises, de leur côté, commencent à questionner leur stratégie d’investissement dans un climat d’incertitude.

Les mesures controversées prises par Trump, en particulier celles concernant les droits de douane et la réduction des dépenses publiques, suscitent des critiques, y compris de la part d’économistes habituellement en faveur de ses réformes. Cette situation a engendré un climat de scepticisme parmi les investisseurs, qui commencent à douter de la capacité des États-Unis à surmonter cette « essoreuse » économique, dans une conjoncture éclectique.

 

Cette situation a engendré un climat de scepticisme parmi les investisseurs, qui commencent à douter de la capacité des États-Unis à surmonter cette « essoreuse » économique, dans une conjoncture éclectique.

 

Les attentes du marché

Dans ce contexte incertain, les anticipations entourant les mouvements futurs de la Fed deviennent concluantes. Les marchés cherchent des indices quant à une éventuelle baisse des taux d’intérêt, qui pourrait survenir dans la seconde moitié de l’année. Toutefois, cela doit être mis en balance avec les pressions inflationnistes croissantes. Lesquelles pourraient inciter la Fed à relever ses taux pour éviter un emballement des prix.

Les économistes ont des points de vue divergents sur la direction que pourrait prendre l’économie américaine. Certains craignent qu’une hausse de l’inflation, associée à un ralentissement de la croissance, puisse précipiter une récession. D’autres, cependant, estiment qu’il est encore possible pour Trump de regagner la confiance des investisseurs et des consommateurs, à condition que ses politiques soient ajustées pour répondre aux besoins économiques actuels.

Des embûches …

La décision de la Fed de maintenir les taux d’intérêt face à une incertitude économique croissante témoigne d’une volonté de prudence dans un environnement en mutation rapide. Les conséquences des politiques de Trump, marquées par des interventions abruptes et des changements dans la réglementation, créent un climat d’appréhension tant pour les investisseurs que pour les consommateurs. Ce climat d’incertitude amène la Fed à jongler avec des signaux contradictoires, dans un contexte où l’inflation et la croissance économique évoluent dans des directions opposées.

 Suivra – « Impacts sur la Tunisie »

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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20 Mars – Prêter – Coloniser : le revers de la médaille

La colonisation, telle qu’elle était pratiquée par le passé, a pris un visage nouveau au XXIe siècle. Aujourd’hui, plutôt que d’utiliser des méthodes militaires pour asseoir leur domination, les puissances économiques recourent à l’endettement comme moyen de contrôle. En Tunisie, ce phénomène est particulièrement palpable.

Alors que le pays tente de se redresser économiquement après une période de bouleversements politiques et sociaux, il se retrouve contraint de s’endetter pour financer ses besoins essentiels. Cependant, cette stratégie, loin d’assurer une véritable autonomie, pourrait bien mener à une nouvelle forme de dépendance de la Tunisie.

L’illusion de l’indépendance économique

Depuis son indépendance en 1956, la Tunisie a cherché à établir son identité et sa souveraineté. Cependant, cette indépendance est régulièrement mise à mal par la réalité des relations financières internationales.

Aujourd’hui, le pays est confronté à un endettement croissant, tant vis-à-vis d’institutions financières internationales que de créanciers privés, souvent étrangers. Ce phénomène est exacerbé par les conditions économiques difficiles, où le financement des déficits publics devient une nécessité pour maintenir les services essentiels et stabiliser l’économie.

Le rôle grandissant de la Chine

Dans ce contexte, la Chine est devenue un acteur incontournable sur la scène économique tunisienne. Par le biais de son initiative de la « ceinture économique de la Route de la soie », elle accorde d’importants prêts à des pays en développement, dont la Tunisie fait partie. Ces investissements, qui sont souvent présentés comme des coups de pouce pour le développement, sont en réalité des mécanismes d’influence.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un nombre croissant de pays, notamment en Afrique, se retrouvent liés à la Chine par des dettes qui dépassent parfois 10 % de leur PIB.

Cette stratégie de prêt, bien que séduisante à première vue, peut rapidement se transformer en piège. Les emprunts, contractés par des entreprises locales ou des projets d’infrastructure, échappent souvent à la transparence et à la régulation.

Les dirigeants tunisiens se retrouvent alors dans une situation délicate, où la gestion de la dette publique se complique avec l’augmentation des engagements privés. La réalité est que les sommes considérables qui transitent entre la Chine et les entreprises tunisiennes ne sont que très peu déclarées.

Cela soulève des interrogations sur la capacité des autorités tunisiennes à gérer une situation où la frontière entre la dette publique et la dette privée devient floue.

Du contrôle à la transparence

L’absence de transparence dans les contrats de prêt et les modalités d’emprunt rend difficile toute analyse véritable de l’impact de ces dettes sur l’économie tunisienne. Dans de nombreux cas, les emprunts à des entreprises privées ne sont pas soumis aux mêmes règles de déclaration que ceux contractés par l’État. Ce qui signifie que la véritable ampleur de la dette est souvent sous-estimée.

Cela complique la tâche des économistes et des décideurs qui tentent de tracer une ligne claire entre des engagements financiers sains et ceux qui pourraient mener à une crise.

Face à ce constat, les dirigeants tunisiens sont confrontés à un dilemme : comment protéger les intérêts de leurs citoyens, tout en naviguant dans un environnement où une proportion significative de la dette échappe à tout contrôle?

La réponse n’est pas simple. Il est essentiel que la Tunisie mette en place des mécanismes de transparence et de régulation permettant de suivre les flux financiers et de garantir que les investissements réalisés soient véritablement bénéfiques à la population.

Un nouvel asservissement économique…

Le véritable danger réside dans le fait que cette forme d’endettement ne mène pas seulement à une dépendance économique, mais peut également s’accompagner d’une perte de souveraineté. Les créanciers, en exerçant un contrôle sur les finances des pays endettés, peuvent dicter des politiques économiques, sociales et même politiques.

Ce phénomène rappelle les pratiques coloniales, où les puissances occupantes imposaient leurs propres lois et régulations sur les territoires colonisés.

La Tunisie, qui aspire à un avenir prospère et autonome, doit être vigilante face à cette dynamique. Les leçons de l’histoire nous montrent que la dépendance économique peut rapidement se transformer en un nouveau type de colonisation, où la souveraineté nationale est compromise au profit d’intérêts étrangers.

Il est temps que le pays prenne des mesures pour protéger sa souveraineté économique et veiller à ce qu’elle ne devienne pas une victime des jeux de pouvoir des créanciers internationaux.

La situation actuelle de la Tunisie illustre les défis contemporains liés à l’endettement et à la souveraineté économique. En choisissant de s’endetter, le pays court le risque de se retrouver piégé dans un cycle d’asservissement économique, où l’indépendance est simplement une illusion.

Pour éviter cela, il est temps d’adopter une approche plus socio-responsable transparente en matière de gestion de la dette, en veillant à ce que les intérêts des citoyens soient au cœur des décisions économiques.

La Tunisie doit se réapproprier son destin économique pour assurer son avenir et qu’il ne soit pas dicté par des créanciers, mais construit par et pour son peuple.

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

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ECLAIRAGES – Tunisie – L’inflation étouffera-t-elle la reprise… ?

La Banque centrale de Tunisie (BCT) a récemment dû faire face à une inflation croissante qui menace sérieusement la stabilité économique du pays. À l’instar des économies émergentes, la Tunisie éprouve des pressions inflationnistes qui remettent en question la reprise économique. Les décisions de hausse des taux d’intérêt ont été envisagées dans un contexte où les prix des denrées alimentaires et des matières premières importées continuent d’augmenter.

En effet, des indicateurs montrent que les prix des matières premières ont atteint des niveaux de volatilité alarmants, dépassant même les pics observés lors des crises passées. Cette flambée des coûts, notamment pour les produits énergétiques et de première nécessité, pourrait conduire à des resserrements de la politique monétaire en Tunisie, comme cela a été le cas dans d’autres pays émergents.

Dans un contexte d’incertitude géopolitique, cette hausse des prix des matières premières pose un risque significatif pour la fragile reprise économique que le pays connaissait récemment. Le souvenir des crises précédentes, comme celle de 2008, rappelle les conséquences dévastatrices que de telles situations peuvent engendrer sur l’économie globale. La hausse des prix pourrait à terme affecter l’indice général de l’inflation en Tunisie, entraînant une augmentation des taux d’intérêt qui pourrait ralentir davantage une croissance déjà hésitante.

En outre, l’inflation affecte également les valorisations des actions et des obligations et des actifs immobiliers qui sont particulièrement sensibles aux variations des prix. Bien que la BCT prenne des mesures pour injecter des liquidités sur le marché, des questions subsistent concernant la durabilité de ces politiques, notamment en ce qui concerne les programmes d’assouplissement quantitatif.

Au-delà des chiffres et des statistiques les décideurs économiques et autres experts de la BCT doivent donc prêter attention aux signaux avant-coureurs d’alerte concernant l’inflation, comme les tensions sur les capacités et sur les circuits de distribution, tout en veillant à ne pas freiner une croissance qui peine à décoller. Les taux d’intérêt « mesurés », bien qu’ils soient censés stimuler l’économie, pourraient au contraire aggraver la situation en favorisant l’augmentation des prix, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs et impactant les marges bénéficiaires des entreprises.

En définitive, la Tunisie, au cours de ce mois de Ramadhan et à la veille d’une saison touristique prometteuse, se trouve à un carrefour très critique. La gestion de l’inflation sera déterminante pour éviter de compromettre la reprise économique et pour garantir la stabilité financière du pays dans un environnement global incertain.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

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