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Liban | Marwan Chahine rouvre les plaies du 13 avril 1975

C’est une date gravée dans la mémoire du Liban, une ligne de fracture, un basculement irréversible. Le 13 avril 1975, à Beyrouth, un bus transportant des Palestiniens est criblé de balles. Une embuscade, un massacre, et la guerre civile libanaise s’embrase pour quinze longues années. Un demi-siècle plus tard, Marwan Chahine remonte le fil de cet instant zéro…

Djamal Guettala

Dans ‘‘Beyrouth, 13 avril 1975’’ (éditions Belfond, Paris, 2024), Marwan Chahine propose une enquête d’une rare intensité, menée avec la rigueur du journaliste et le souffle du romancier.

Si l’événement est inscrit dans l’histoire, ses contours restent flous, noyés sous les récits contradictoires et les silences gênés. Qui a tiré? Pourquoi ce bus, pourquoi ce jour-là? Officiellement, c’est une riposte des milices chrétiennes aux tensions montantes avec les factions palestiniennes. Mais derrière cette version figée dans les manuels, d’autres récits émergent, plus troublants, plus politiques.

Beyrouth, une ville hantée

Dans un pays où l’histoire est une plaie mal refermée, Chahine enquête, interroge, exhume. Il croise les témoignages des survivants, explore les archives, confronte la mémoire collective à la réalité des faits. Il s’attarde sur ce moment suspendu où l’histoire aurait pu bifurquer, où l’engrenage de la guerre aurait pu être évité. Son enquête, loin d’être une simple autopsie historique, interroge aussi le silence : pourquoi, cinquante ans plus tard, ce massacre demeure-t-il si peu documenté ?

En creusant le passé, Chahine révèle un Liban toujours hanté par ses fantômes. Beyrouth porte encore les stigmates de la guerre civile, ses quartiers gardent la mémoire des lignes de front, et ses habitants vivent avec une histoire à la fois omniprésente et insaisissable. Le silence autour du 13 avril 1975 n’est pas un hasard : c’est un symptôme, celui d’un pays qui peine à affronter son passé.

Récompensé par le Prix France-Liban 2024, ‘‘Beyrouth, 13 avril 1975’’ suscite le débat et s’impose comme une œuvre essentielle pour comprendre les mécaniques invisibles de la guerre civile libanaise.

Djamal Guettala avec l’auteur…

Un événement inaugural

Dans la lignée d’un Patrick Radden Keefe ou d’un Javier Cercas, Marwan Chahine fait bien plus que raconter un fait historique : il met en lumière les non-dits, les mensonges d’État, et la manière dont une nation façonne – ou efface – son passé. Avec une plume à la croisée du reportage et du roman noir, il recompose un puzzle où la réalité dépasse la fiction. Il traque les non-dits, confronte les récits officiels, démonte les rouages d’un mensonge d’État.

Extrait de la quatrième de couverture qui parle d’«une spectaculaire enquête, la première du genre», sur un «événement inaugural». «Si l’événement est connu de tous, personne ne sait ce qui s’est réellement passé ce jour-là. Était-ce une opération planifiée? Un acte de représailles? Un incident fortuit? Les rumeurs sont nombreuses, les légendes tenaces. De retour dans le pays de son père, le journaliste Marwan Chahine se met à enquêter sur cette affaire aussi taboue que sulfureuse. Malgré la culture du silence et l’amnésie générale, il va retrouver, un à un, les protagonistes du drame et parvenir à rassembler les innombrables pièces de ce puzzle tragique où la réalité dépasse bien souvent la fiction. À la croisée du récit journalistique, de l’essai historique et du thriller, ‘‘Beyrouth, 13 avril 1975’’ est aussi une quête personnelle et le portrait poignant d’un pays hanté par les fantômes. Avec en toile de fond cette question plus que jamais d’actualité : comment raconter nos histoires ?»

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