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La LTDH dénonce les violences contre les migrants subsahariens en Tunisie

La Ligue tunisienne de défense des droits de lhomme (LTDH) exprime sa profonde préoccupation face à la grave détérioration de la situation des migrants subsahariens en Tunisie.

«Victimes dagressions et de violations de leurs droits, ils se retrouvent dans une situation de plus en plus précaire, exposés à des violences qui menacent leur dignité et leur sécurité», écrit la LTDH dans un communiqué note, dénonçant «une gestion chaotique de la crise migratoire qui ne cesse dexacerber les tensions économiques et sociales, touchant aussi bien les migrants que les Tunisiens, notamment les populations vulnérables».

La Ligue met en avant la situation à El-Amra, dans le gouvernorat de Sfax, «où les habitants sont privés du droit de cultiver leurs terres, conséquence directe dune gestion inefficace de la question migratoire».

Tout en reconnaissant les défis posés par l’afflux massif de migrants, la LRDH «rejette fermement toute réponse sécuritaire répressive ou discours raciste qui agit comme une soupape de sécurité à une crise mal gérée», soulignant la nécessité d’adopter des politiques inclusives, respectueuses des engagements internationaux de la Tunisie, pour préserver la cohésion sociale et garantir la protection des droits fondamentaux pour tous.

Enfin, la Ligue formule des appels à «la fin immédiate de toutes les formes de violences, dabus et de pratiques discriminatoires à légard des migrants, à la pleine prise en charge par les autorités tunisiennes des mauvais choix dans la gestion de la question migratoire, qui ont contribué à laggravation de la crise et à la mise en œuvre de politiques migratoires humaines et équitables, qui concilient le respect des droits des migrants avec les impératifs économiques et sociaux du pays, et à renforcer la coordination entre lEtat et la société civile pour aborder la question migratoire sans recourir à aux discours haineux et discriminatoires, qui ne font qualimenter les tensions.»

La LTDH exprime également «une ferme condamnation du racisme institutionnel et des discours stigmatisants émanant de certains dirigeants politiques, notamment des parlementaires, jugés contraires aux principes démocratiques et aux droits de l’homme».

Dans son communiqué, la Ligue réitère l’importance du respect des droits fondamentaux sans aucune distinction, exhortant les autorités à adopter des politiques migratoires responsables, conjuguant la protection des droits de l’homme avec la nécessité de maintenir la stabilité économique et sociale, et met en garde contre toute exploitation populiste ou rhétorique incitant à la haine raciale.

Le communiqué intervient dans un contexte de tensions croissantes liées à la gestion des flux migratoires dans le pays, avec des milliers de personnes originaires d’Afrique subsaharienne transitant ou s’installant en Tunisie, notamment dans le gouvernorat de Sfax, souvent dans des conditions précaires.

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Italie | Un étranger dangereux rapatrié en Tunisie

C’est le 13e depuis le début de 2025, des policiers d’Ancône (Italie) ont procédé à une expulsion judiciaire contre un citoyen tunisien de 29 ans. Il était incarcéré à la prison d’Ancona di Montacuto.

Le rapatrié, dont le nom n’a pas été divulgué, a un casier judiciaire fourni pour vol, cambriolage, blessures et trafic de drogue, indique l’agence Ansa qui a rapporté l’information.

Samedi 15 mars 2025, dans la matinée, la police italienne l’a fait sortir de prison et l’a emmené à la frontière aérienne de l’aéroport de Fiumicino à Rome où il a été pris en charge par les opérateurs du Bureau d’Immigration de la préfecture de police de Doric, spécialisés dans les escortes internationales, pour l’emmener en Tunisie, car il était un citoyen étranger en situation irrégulière sur le territoire italien et considéré comme dangereux pour l’ordre et la sécurité publics.

Les autorités tunisiennes l’ont pris en charge à son débarquement à l’aéroport de Tunis-Carthage.

«Expulser publiquement du territoire les étrangers en situation irrégulière qui sont dangereux pour l’ordre et la sécurité permet d’éviter qu’ils ne séjournent de manière irrégulière et ne commettent des délits de toutes sortes», a déclaré le commissaire de police Cesare Capocasa. Et d’ajouter : «Être sur place signifie également travailler sur le front de la prévention, pour que soit augmentée la sécurité perçue par les citoyens de la capitale et de la province».

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Musée du Bardo | Les déesses antiques entre mythologie, art et mémoire

Préparée à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, l’exposition artistique consacrée aux figures féminines mythologiques, «Isis, Aphrodite, Cybèle et les autres…», a été inaugurée samedi 15 mars 2025, au Musée du Bardo.

Le musée s’est ainsi transformé en un véritable théâtre de mémoire et de création, offrant aux visiteurs une plongée fascinante dans l’héritage des grandes figures féminines de l’Antiquité.
Sur les traces des Aphrodite, Isis, Cybèle et autres déesses de la fécondité, de la puissance et de la sagesse, le Bardo a célébré la femme à travers les âges dans un voyage immersif et sensoriel où les sculptures en marbre et les récits mythologiques ont pris une résonance contemporaine.
A l’image des grands musées dans le monde, qui accueillent régulièrement des performances artistiques et des défilés de mode, le Musée du Bardo a offert à l’assistance un moment où les arts, l’histoire et la mode ont dialogué dans un écrin unique.

Dans l’espace d’exposition du musée, les sculptures en marbre qui se dressaient comme autant de témoins du passé, lançaient l’invitation à redécouvrir des figures féminines mythiques ayant marqué les civilisations antiques. Phéniciennes, Grecques, Romaines, Phrygiennes, Carthaginoises, Libyques… Isis, Aphrodite, Cybèle, Fortuna, Déméter… autant de noms qui évoquent la force, la beauté et le pouvoir des femmes à travers les âges. Parmi elles, Aphrodite-Vénus, muse de l’amour et de la beauté, Tyché chez les Grecs, Fortuna chez les Romains, Cybèle à Carthage, déesse de la prospérité et du destin, souvent représentée avec les ailes de la Victoire, la couronne crénelée d’une cité, la corne d’abondance et le bouclier de Méduse.

Outre l’exposition conçue par l’archéologue Hajer Krimi et scénographiée par Leila Daami, l’un des moments forts de la soirée a été un défilé de mode d’exception, où l’héritage vestimentaire des impératrices romaines et des figures féminines carthaginoises a pris vie. Orchestré par la créatrice tunisienne Fatma Ben Abdallah, ce spectacle a puisé dans les trésors du passé pour offrir une collection où les coupes fluides et majestueuses se mêlaient à des broderies dorées, évoquant l’opulence des civilisations phénicienne, romaine et carthaginoise.

Les modèles, parées de diadèmes scintillants, drapées dans des étoffes aux reflets chatoyants, ont traversé la salle de Carthage avec une grâce souveraine, celle des reines, déesses, prêtresses ou tout simplement femmes du monde. Entre colonnes antiques et fresques mosaïques millénaires, elles ont offert aux spectateurs une immersion fascinante, à mi-chemin entre la réalité et la légende.

«Depuis des années, je rêvais de voir un défilé de mode au sein d’un musée tunisien, à l’image de ce qui se fait dans les plus grandes capitales du monde. Ce soir, nous avons prouvé que notre patrimoine est un écrin idéal pour raconter des histoires à travers l’art et la mode», a confié Fatma Ben Abdallah à l’agence Tap.

A travers cette soirée enchantée par les notes envoûtantes du violon de Yasmine Azaiez, le Bardo s’est métamorphosé en un lieu où les statues des déesses antiques semblaient s’éveiller, frémissant sous les lumières douces et mystérieuses du musée.

Avec Tap.

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La Tunisie, 1er fournisseur de l’UE en vêtements professionnels

La Tunisie a été classée premier fournisseur de l’Union européenne (UE) en vêtements professionnels en 2024, avec une part de marché de 17,44% et 4e fournisseur de l’UE en jeans avec une part de marché de 8,21%.

Selon des données récemment publiées par le Centre technique du textile (Cettex), la Tunisie a exporté, en 2024, environ 9,7 millions de vêtements professionnels sur le marché européen pour une valeur de 317,7 millions d’euros, soit un prix moyen de 32,66 euros. La Tunisie détient ainsi le prix moyen unitaire le plus élevé sur l’UE en vêtements professionnels.

Toutefois, bien que la Tunisie demeure le fournisseur privilégié de l’Europe pour les vêtements de travail haut de gamme, les exportations tunisiennes vers l’UE affichent une baisse de 7% en nombre de pièces en 2024, par rapport à 2023.

Environ 76% des exportations tunisiennes en vêtements professionnels sont destinées à 3 principaux marchés : la France (35,6%), l’Allemagne (30,7%) et l’Italie (9,7%). D’après le Cettex, des marges de progression sont possibles notamment sur les marchés allemand et italien.

En ce qui concerne les jeans, la Tunisie a exporté vers l’UE 16,84 millions de pièces en 2024 avec une valeur de 357,6 millions d’euros, affichant ainsi une croissance de 4,26% et de 3,53% respectivement en valeur et en nombre de pièces par rapport à 2023.

La Tunisie a aussi connu une légère croissance de 0,7% du prix moyen par pièce en 2024 par rapport à 2023, passant de 21,09 euros à 21,23 euros, détenant ainsi le prix moyen unitaire le plus élevé sur l’UE.

Selon le Cettex considère, la Tunisie dispose d’une grande opportunité pour développer les exportations en jeans et vêtements de travail, notamment vers l’Allemagne et les marchés classiques. Cette opportunité pourrait rapporter un gain de l’ordre de 160 millions d’euros en termes d’exportations et générer plus de 25 000 postes d’emplois.

Le Cettex estime, à ce propos, que le développement des exportations tunisiennes en habilement nécessite un accompagnement technique et financier renforcé pour soutenir les PME dans leur transition durable et numérique en vue de se conformer aux réglementations européennes et le passage rapide à l’application de quotas de simple transformation bénéficiant de règles d’origine.

Cela nécessite par ailleurs, un accompagnement personnalisé pour les nouveaux investisseurs désirant s’implanter en Tunisie, un appui diplomatique et économique de la part de l’Ambassade de la Tunisie en Allemagne pour promouvoir le site tunisien et la mise en œuvre d’un plan de promotion spécifique par marché avec des actions d’accompagnement des opérateurs du secteur.

D’après Tap.

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Invasion, exode et crise en Tunisie | La prophétie d’une Nouvelle Ere 

J’ai lu, presque distraitement, un article signalant une invasion de criquets dans le sud de la Tunisie. Un fait banal, en apparence. Mais un mot, un seul, a accroché mon regard : nuée. Et soudain, une image. Un souvenir ancien, hérité de récits qui traversent les âges. Une réminiscence biblique, celle des Dix Plaies d’Égypte. La huitième plaie : une armée d’insectes, sombre et vorace, qui recouvre le sol, dévore les cultures et ne laisse derrière elle qu’un désert. 

Manel Albouchi *

L’image s’est imposée à moi, avec cette impression étrange que certaines choses ne se répètent pas par hasard. 

Par curiosité, j’ai voulu comprendre. J’ai fouillé, cherché des précédents. Une date a surgi : 1987. Cette année-là, une invasion de sauterelles avait ravagé la Tunisie, coïncidant avec un autre événement majeur : le coup d’État de Ben Ali. 

Et si ce n’était pas une simple coïncidence? 

Si ces fléaux naturels étaient des signaux? Des symptômes visibles d’un désordre plus profond? 

Si, à certains moments de l’Histoire, la nature devenait le reflet de nos propres crises? 

J’ai poursuivi mon enquête. Et ce que j’ai découvert m’a troublée. 

Les sauterelles, messagères d’une transition  

Les invasions de sauterelles ne sont pas rares en Tunisie. Mais elles semblent surgir à des périodes où le pays vacille. Comme si elles reflétaient un malaise sous-jacent, un déséquilibre invisible mais bien réel. 

Dans certaines traditions, on dit que lorsque les hommes ne savent plus lire les signes, la nature prend le relais. 

Regardons de plus près : 

1955 : Une invasion massive frappe la Tunisie et l’Algérie. À ce moment-là, la Tunisie est en pleine lutte pour son indépendance. Quelques mois plus tard, les accords d’autonomie interne sont signés. Un cycle colonial s’achève. 

1958-1959 : Une nouvelle invasion survient alors que la jeune République tunisienne peine à se stabiliser. 

1977 : Les criquets reviennent, au moment même où les tensions sociales montent dangereusement. L’année suivante, la Tunisie connaît sa première grève générale et une répression sanglante. 

1987 : Nouvelle invasion, et cette fois, c’est un régime qui bascule. Bourguiba tombe, Ben Ali prend le pouvoir. 

2003 : En pleine période de crispation politique, un nouvel essaim ravage le pays. Une fissure dans un système qui se veut immuable. 

2011 : Alors que la Révolution du Jasmin bouleverse la Tunisie, les criquets reviennent. Encore une fois, ils précèdent une transition majeure. 

2020-2021 : En pleine pandémie, la Tunisie s’enfonce dans la crise, et les criquets refont surface. Quelques mois plus tard, le président Kaïs Saïed a renforcé ses pouvoirs. 

2025 : Nous y sommes. Une nouvelle invasion. Un pays exsangue. Un État en crise. Un peuple à bout de souffle. 

Est-ce un hasard ? 

Les fléaux ne sont pas des causes. Mais ils sont des révélateurs.

Un pays en train de se vider 

Les sauterelles sont une métaphore. Elles viennent dévorer ce qui reste, laissant derrière elles un sol stérile, une terre appauvrie. 

Et si cette invasion n’était que l’écho d’un autre phénomène, bien plus grave encore? 

La Tunisie se vide de ses ressources, de ses talents, de son avenir. 

L’eau se raréfie. Le stress hydrique atteint des niveaux critiques, les barrages sont à sec, et l’agriculture s’effondre. Comme si la terre elle-même nous signifiait son épuisement. 

Les compétences fuient. Médecins, ingénieurs, chercheurs, étudiants… Tous partent. Un exode massif, une saignée intellectuelle qui affaiblit un peu plus la nation. 

L’avidité règne. Une élite corrompue capte les richesses, détourne les fonds, exploite jusqu’au dernier filon. Comme ces criquets qui prennent tout, sans rien laisser derrière eux. 

L’État tergiverse. Institutions paralysées, services publics à l’agonie, inflation galopante. L’avenir devient un désert. 

La crise migratoire explose. 

Les criquets ne sont peut-être qu’un symptôme. 

Un dernier avertissement. 

Un pays devenu un carrefour du chaos 

En parallèle de l’exode de ses propres élites, la Tunisie devient un point de transit (et de rejet) pour des milliers de migrants subsahariens en quête d’un avenir en Europe. 

Le paradoxe est saisissant : les Tunisiens fuient leur pays, pendant que d’autres viennent y chercher refuge… pour se retrouver piégés dans une impasse. 

Les côtes de Sfax sont devenues des cimetières flottants. Des corps rejetés par la mer. Des vies broyées entre les violences policières, l’exploitation et le rejet. 

Les discours xénophobes montent. Les tensions explosent. 

Et pourtant, n’est-ce pas là une autre manifestation du même effondrement ? 

Un pays qui ne sait plus accueillir, qui rejette l’Autre, est un pays qui se rejette lui-même. 

Les sauterelles ne détruisent pas seulement les cultures. Elles révèlent les fractures invisibles. 

Un cycle qui se referme ?  

Dans L’Exode, après les plaies vient le départ. Un exode vers la liberté. Mais avant la Terre promise, il y a quarante ans d’errance dans le désert. 

La Tunisie est-elle prête à partir ? À briser le cycle ? 

Ou préfère-t-elle rester sous l’emprise de ses propres Pharaons, ces figures de pouvoir qui exploitent les vulnérabilités et maintiennent le pays dans une aliénation moderne ? 

Osera-t-elle traverser son désert ? Ce passage éprouvant mais nécessaire, où il faut renoncer aux illusions du passé pour bâtir autre chose. 

Le problème, c’est que la transition n’est jamais confortable. 

En psychologie, nous parlons de résistance au changement. Même lorsque tout s’effondre sous nos yeux, une partie de nous s’accroche encore. Par peur du vide. Par crainte de ce qui pourrait advenir. 

Mais il arrive un moment où ne pas choisir devient le pire des choix. 

Un test pour la conscience collective  

L’invasion des sauterelles n’est pas seulement un phénomène naturel. C’est un événement symbolique, un test. 

Si nous devions poser la question en termes psychanalytiques, nous dirions : qu’est-ce que cet événement met en lumière? 

Que reste-t-il à dévorer en Tunisie? 

Quelles structures doivent être abandonnées avant qu’elles ne nous entraînent dans leur chute? 

Sommes-nous prêts à revoir notre rapport au monde, à nos ressources, à nos valeurs? 

Les fléaux sont des manifestations du refoulé. Ils surgissent lorsque les mots ne suffisent plus. 

Tant que nous refusons de voir, ils se répètent. 

Oui, les sauterelles finiront par partir. 

Mais la vraie question est : aurons-nous compris la leçon, ou attendrons-nous la prochaine plaie

* Psychologue, psychanalyste.  

Podcast de l’auteure : FeMENA Network

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Tunisie | BMI prévoit une aggravation des pénuries en 2025

Dans son bulletin de veille économique d’avril 2025, BMI, filiale de Fitch Solutions Company, prévoit pour la Tunisie une aggravation des pénuries de biens de première nécessité risquant d’intensifier le mécontentement populaire.

La société de recherche multinationale britannique qui fournit des analyses macroéconomiques, industrielles et financières couvrant 22 secteurs et 200 marchés mondiaux estime que «les difficultés des autorités à résoudre les problèmes économiques structurels rendront le marché vulnérable aux chocs externes, ce qui pourrait aggraver les pénuries de biens de première nécessité».

«La récente crise du gaz exacerbera le mécontentement social existant en raison de la détérioration des conditions socio-économiques, ce qui maintiendra le risque de manifestations de grande ampleur élevé en 2025», ajoute l’agence, qui estime que «le risque élevé de futures pénuries d’eau mettront à l’épreuve les relations entre la Tunisie et l’Algérie, même si la convergence d’intérêts des deux présidents maintiendra la coopération bilatérale solide.»

Nous reproduisons ci-dessous la traduction de l’analyse de BMI concernant la Tunisie avec les réserves d’usage. Car il s’agit de simples prévisions et qui nous semblent excessivement alarmistes, étant donné que, jusque-là, et au cœur d’une crise qui perdure depuis 2011, la Tunisie a souvent trouvé des ressources pour détromper les plus sombres présages.

Ce sont là, également, des conjectures d’experts qui valent pour les avertissements qu’elles lancent aux responsables afin qu’ils prennent les mesures nécessaires susceptibles de nous éviter le pire.

I. B.

* * *

Nous pensons que la récente pénurie de gaz domestique va alimenter la frustration de la population face à la détérioration socio-économique en Tunisie. Depuis début 2025, les ménages et les entreprises tunisiens sont confrontés à des pénuries de gaz pour le chauffage et la cuisson, en particulier dans les zones rurales touchées par un froid intense. Cela a entraîné de longues files d’attente devant les centres de distribution de gaz et une montée des tensions entre citoyens, qui se sont disputés des bouteilles de gaz, ce qui a entraîné l’intervention de la police.

Ces pénuries ont également perturbé le fonctionnement de nombreuses entreprises, pesant sur leurs sources de revenus.

Les citoyens ont exprimé leur frustration face à l’incapacité du gouvernement à répondre à la demande croissante de gaz pendant l’hiver, aggravant ainsi le mécontentement déjà élevé causé par les pénuries d’autres biens de première nécessité qui durent depuis plus de deux ans.

Le gouvernement continue de faire face à de fortes pressions budgétaires et externes, qui limitent sa capacité à financer l’importation de biens, notamment ceux subventionnés, ce qui est à l’origine de ces pénuries.

Cette crise renforce notre conviction que les problèmes socio-économiques constitueront un défi majeur pour le président Kais Saïed durant son second mandat. Dans notre analyse précédente, nous avions avancé que le rejet persistant par Saïed des réformes structurelles recommandées par le FMI, son recours accru aux banques nationales et les hausses d’impôts pour financer les déficits budgétaires et extérieurs aggraveraient les difficultés socio-économiques, car ils entraîneraient probablement un ralentissement de la croissance économique et une hausse du chômage.

Nous avions également souligné que l’absence de résolution des problèmes économiques structurels rendrait l’économie extrêmement vulnérable aux chocs, tels que les intempéries.

La Tunisie a été confrontée à une grave sécheresse au cours des cinq dernières années, qui a provoqué une forte contraction du secteur agricole ainsi que de graves pénuries d’eau. Cette situation a non seulement eu un impact sur les moyens de subsistance de nombreux Tunisiens travaillant dans le secteur agricole (environ 15% de la population active), mais a également contraint le gouvernement à augmenter le prix de l’eau potable de 16% en 2024.

Par conséquent, l’aggravation continue des pénuries de biens maintiendra les pressions inflationnistes à un niveau élevé, compensant largement les nouvelles mesures gouvernementales visant à renforcer le pouvoir d’achat des ménages à faibles revenus et vulnérables.

Ces facteurs, conjugués au renforcement des restrictions imposées à l’opposition et aux militants, maintiendront le risque de manifestations de grande ampleur à un niveau élevé au cours des 12 prochains mois.

Le score de la Tunisie sur la composante «Risque sociétal» de notre indice de risque politique continue d’être supérieur à ses niveaux d’avant la Covid-19.

Dans ce contexte, nous pensons que les questions environnementales, telles que la sécurité hydrique, mettront à rude épreuve les relations entre la Tunisie et l’Algérie, mais que leurs intérêts respectifs aideront les deux pays à gérer leurs divergences.

En janvier 2025, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, s’est rendu en Algérie pour discuter de questions de sécurité hydrique, telles que l’exploitation par l’Algérie des eaux souterraines communes et la construction de barrages sur la rivière Medjerda, commune avec la Tunisie, qui a affecté le débit du fleuve alors que la Tunisie est confrontée à une grave sécheresse. Cette visite faisait suite à l’accord tripartite de gestion de l’eau conclu entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye, visant à prévenir les tensions liées à l’eau entre les trois pays et à promouvoir des projets hydrauliques conjoints.

Les trois pays partagent les eaux souterraines du système aquifère du Sahara septentrional, l’un des plus grands aquifères du monde avec plus d’un million de km². Notre équipe ESG Pays estime que si cet accord rassure les investisseurs sur le fait que les pénuries ne sont pas susceptibles de provoquer des tensions politiques entre ces pays, il ne suffira pas à résoudre les pénuries d’eau à court terme, en raison des investissements limités dans les projets d’infrastructures hydrauliques. Cependant, les pénuries d’eau ayant déjà déclenché des manifestations en Tunisie, nous pensons que la multiplication des problèmes d’eau alimentera la colère de l’opinion publique envers le gouvernement et Saïed. Cela pourrait contraindre ce dernier à adopter une approche plus affirmée dans les négociations avec l’Algérie sur la sécurité hydrique, voire à menacer de se retirer de l’accord.

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Impact limité  des droits de douane américains sur les pays de la région Mena  

Dans son bulletin de veille économique d’avril 2025, BMI, filiale de Fitch Solutions Company, estime que l’imposition des droits de douane américains sur les biens stratégiques aura un impact limité sur la région Mena (Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord).

«Il est peu probable que les marchés de la région Mena soient directement soumis à des droits de douane américains en raison des excédents/déficits commerciaux faibles des États-Unis avec la plupart d’entre eux, des alliances stratégiques et des considérations géopolitiques», note  Fitch.

«Les droits de douane sur des biens comme l’aluminium auront des effets limités sur la région Mena. Les exportations d’aluminium vers les États-Unis ne représentent qu’une petite partie des exportations de Bahreïn et des Émirats arabes unis. Une forte demande mondiale et la possibilité de réorienter les exportations atténuent davantage les risques», ajoutent les analystes de l’agence.  

Cependant, ces prévisions sont aussitôt relativisées et nuancées : «La région Mena subirait toujours les effets indirects des droits de douane américains, notamment un dollar américain plus fort, des taux d’intérêt élevés, une baisse des prix du pétrole et un ralentissement de la croissance dans la zone euro, ce qui impacterait les exportations et la croissance économique», notamment pour les pays comme la Tunisie dont l’essentiel des échanges se fait avec l’Union européenne.

I. B.

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Emna Belhaj Yahia | ‘‘80 mots de Tunisie’’, un voyage linguistique et intime

C’est une œuvre vibrante et intime où la langue devient un miroir d’une société complexe et en perpétuelle évolution. Par le biais de 80 mots choisis avec une délicatesse presque palpable, Emna Belhaj Yahia nous invite à plonger dans l’univers profond de sa terre natale, la Tunisie. Chaque mot est un fragment d’histoire, une bribe de mémoire, mais aussi un témoin vivant des fractures et des métamorphoses de ce pays à la croisée des chemins.

Djamal Guettala

‘‘80 mots de Tunisie’’  est bien plus qu’un dictionnaire : il est un carnet de voyage à travers la langue et l’âme tunisiennes, un entrelacs de souvenirs personnels et de réflexions sociales. Comme le souligne Frédéric Bobin dans la préface, il s’agit d’un «dictionnaire de ses humeurs», où chaque mot devient une exploration, un écho des joies et des tourments d’une femme qui a vu son pays changer.

Réflexion sur la langue et l’identité

Ce qui frappe d’emblée dans ‘‘80 mots de Tunisie’’, c’est la finesse et la profondeur de l’analyse linguistique. Emna Belhaj Yahia, forte de ses années d’enseignement et de son érudition, explore la richesse du vocabulaire tunisien à travers le prisme de l’arabe dialectal, souvent perçu comme un reflet des tensions et des contrastes internes du pays. Elle scrute les mots avec une précision presque clinique, et chaque terme devient le porteur d’une histoire, d’une lutte ou d’une mélancolie.

Ce lexique est, pour l’autrice, un miroir de la société tunisienne : un terrain où l’intime et le politique s’entrelacent. Les mots de l’amour, du désir, du rejet et de l’espoir se mêlent pour former un tableau poignant et nuancé d’un pays tiraillé entre héritage et modernité. Le mot hob (amour) en est un parfait exemple. Ce terme, souvent perçu comme osé et impudique, contraste avec m’habba, un synonyme plus respecté, exprimant un amour de l’autre, de la communauté, du prochain. Cette différence n’est pas simplement linguistique; elle révèle les tabous sociaux et les résistances culturelles qui façonnent les mentalités tunisiennes.

Voyage entre tendresse et lucidité

À travers ce lexique, Emna Belhaj Yahia nous livre ses propres souvenirs d’enfance, avec la mélancolie d’un passé révolu. Elle nous raconte la vie au sein d’une famille traditionnelle, un monde où les mots, empreints de douceur, reflétaient des valeurs de solidarité et de proximité. Cependant, elle ne se contente pas de célébrer cette époque : elle expose aussi les contradictions et les difficultés de la Tunisie contemporaine avec une lucidité implacable.

Son regard sur la société tunisienne est celui d’une observatrice avertie, qui ne cache ni les souffrances ni les résistances. Elle dépeint les fractures sociales, les inégalités persistantes, l’obscurantisme qui menace encore une société en quête de réconciliation avec son histoire. Mais au-delà du constat amer, son ouvrage est aussi un cri d’espoir et un hommage à ceux qui, dans le silence ou la révolte, luttent pour un avenir meilleur.

Voix féminine forte et déterminée

Femme de culture, philosophe et intellectuelle engagée, Emna Belhaj Yahia incarne à travers son œuvre une voix féminine incontournable dans la littérature tunisienne contemporaine. Née en 1945 à Tunis, elle a consacré sa vie à l’enseignement et à la réflexion sur les questions sociales et politiques. L’un des axes principaux de son œuvre a toujours été la question des femmes et de leur place dans une société marquée par des résistances patriarcales.

Son engagement pour la cause des femmes et sa réflexion sur les fractures sociales et politiques qui traversent son pays résonnent dans chaque mot de ‘‘80 mots de Tunisie’’. En scrutant la langue tunisienne, elle nous invite à regarder au-delà des apparences et à interroger les normes, les traditions et les tabous qui façonnent la société.

Dans ‘‘80 mots de Tunisie’’, Emna Belhaj Yahia nous offre un véritable voyage sensoriel à travers les mots, les images et les souvenirs. Ce livre n’est pas seulement une invitation à explorer la langue d’un peuple; il nous invite à nous pencher sur la société elle-même, ses tensions, ses blessures et ses espoirs. À travers les mots qu’elle choisit d’explorer, elle nous révèle les forces invisibles qui structurent son pays, des forces souvent invisibles, mais pourtant profondément ancrées dans l’âme tunisienne.‘‘80 mots de Tunisie’’ est un ouvrage à la fois intime et universel, où chaque mot, chaque fragment de mémoire, résonne comme un appel à l’humanité partagée. Un livre qui, par sa richesse et son souffle, s’inscrit pleinement dans la grande tradition de la littérature tunisienne, tout en offrant une réflexion profonde sur les enjeux de demain.

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Renforcement de la coopération universitaire entre la Tunisie et l’Italie

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mondher Belaid a eu, le 14 mars 2025 à Tunis, une rencontre fructueuse avec l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, qui a porté sur le renforcement de la coopération universitaire et les programmes conjoints de recherche et d’innovation : autant de secteurs clés du partenariat italo-tunisien dans le cadre du plan Mattei pour l’Afrique mis en œuvre par l’Italie et dont la Tunisie est un partenaire central.

Prunas et Belaid ont salué l’excellent niveau de partenariat entre la Tunisie et l’Italie, soulignant l’efficacité du protocole de coopération signé en avril 2024.

En application de cet accord, un appel à propositions conjoint pour le financement de projets de recherche et d’innovation tuniso-italiens sera publié dans les prochaines semaines, indique le ministère de l’Enseignement supérieur dans un communiqué de presse.

Au cours de la rencontre, plusieurs sujets d’intérêt commun ont été abordés, notamment la recherche scientifique et l’innovation dans le domaine des énergies renouvelables et du développement durable, le renforcement de la coopération dans les technologies spatiales, l’augmentation de la mobilité des jeunes chercheurs et la double encadrement des thèses de doctorat, poursuit la même source.

Reconnaissance mutuelle des qualifications académiques

Les deux parties ont discuté de l’importance de promouvoir le partage d’expertise et ont examiné les progrès réalisés dans la définition d’un cadre pour la reconnaissance mutuelle des qualifications académiques entre les deux pays. Une initiative qui a déjà été examinée lors d’une visioconférence bilatérale entre la ministre de l’Université et de la Recherche, Anna Maria Bernini, et Belaid, en février dernier. Les deux ministres ont ensuite signé un protocole d’accord, en avril dernier, visant à renforcer la coopération académique et scientifique entre l’Italie et la Tunisie, à encourager l’échange d’informations entre les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche, à promouvoir l’enseignement des langues, des littératures, des cultures et des histoires des deux pays, ainsi qu’à faciliter l’accès bidirectionnel aux infrastructures de recherche.

Le mémorandum met particulièrement l’accent sur la mobilité estudiantine, mais pas seulement. D’autres points sont consacrés à l’échange de personnel technico-administratif afin de renforcer les compétences en gestion des ressources humaines dans les universités tunisiennes. Un autre point fort de la coopération entre Tunis et Rome est la promotion d’une collaboration conjointe au sein de programmes multilatéraux tels que Prima et Horizon Europe, afin de renforcer la capacité du pays d’Afrique du Nord à accéder aux financements dédiés à la recherche.

La Tunisie figure parmi les premiers pays au monde en termes de nombre de bourses offertes par le ministère italien des Affaires étrangères.

L’enseignement supérieur est d’ailleurs un pilier du Plan Mattei, qui vise à fournir aux jeunes Africains les outils nécessaires pour participer activement au progrès de leur pays et au développement de leurs relations avec le reste du monde.

Opportunités pour étudiants, enseignants et chercheurs

Dans ce contexte, l’Université de Carthage et l’Université de Bologne ont récemment signé trois accords de partenariat stratégique, ouvrant de nouvelles opportunités pour les étudiants, les enseignants et les chercheurs.

Signés le 6 février 2025 à l’Université de Carthage, à Tunis, ces accords s’articulent autour de trois axes principaux.

Premièrement, la mobilité estudiantine a été instaurée, permettant aux étudiants des deux universités de participer à des programmes d’échange académique. Cette opportunité leur permettra de vivre une expérience internationale, d’enrichir leurs études et d’élargir leurs horizons culturels.

Deuxièmement, un accord d’échange d’enseignants et de chercheurs a été signé. Cette mesure favorisera la collaboration scientifique entre les deux universités, renforçant le partage d’expertise et la mise en œuvre de projets de recherche communs.

Enfin, un accord-cadre a été signé impliquant l’ensemble des institutions de l’Université de Carthage. Cet accord plus large vise à renforcer les synergies entre les deux universités et à promouvoir des initiatives conjointes à grande échelle.
Traduit de l’italien.

Source : Agenzia Nova.

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Tunisie | Entraînement collaboratif de militaires américains, tunisiens et sénégalais

Des techniciens militaires américains en neutralisation des explosifs et munitions ont participé à une formation dans ce domaine organisée en Tunisie à l’intention de leurs homologues tunisiens et sénégalais.

Maj. Joe Legros

Une détonation contrôlée fait trembler le sol tandis qu’un nuage de fumée s’élève au-dessus du champ de tir. Pour les techniciens en neutralisation des explosifs et munitions (NEM), de tels moments sont monnaie courante, mais leur impact s’étend bien au-delà du champ de tir. Ces petites explosions calculées contribuent à la sécurité des communautés et au renforcement des partenariats en Afrique.

La Force opérationnelle sud-européenne de l’armée américaine, Afrique (Setaf-Af), a récemment poursuivi sa collaboration de longue date avec les équipes EOD des forces armées tunisiennes (TuAF), en invitant cette fois les techniciens EOD des Forces armées du Sénégal (FAS) en Tunisie pour un échange trilatéral. L’entraînement a mis l’accent sur l’interopérabilité, le partage des connaissances et la préparation de futures missions conjointes, notamment l’exercice African Lion 2025 (AL25) qui se déroulera en avril.

«Cet échange ne se limitait pas à perfectionner les compétences techniques», a déclaré le major Ian Bloomsburg de l’armée américaine, directeur adjoint de la cellule de fusion C-IED Setaf-Af pour la lutte anti-engins explosifs improvisés (C-IED). «Il s’agissait de renforcer la confiance et les liens entre trois équipes EOD compétentes et engagées», a-t-il ajouté.

Le partenariat entre la Setaf-Af et les forces EOD tunisiennes repose sur des années d’engagement.

Une formation mutuellement bénéfique

Les techniciens tunisiens ont participé à de nombreux événements d’entraînement aux États-Unis, notamment le Raven’s Challenge à Camp Williams, dans l’Utah, et le concours «Équipe EOD de l’année» du 52e Groupe d’artillerie à Fort Campbell, dans le Kentucky. Ces expériences offrent un aperçu précieux des tactiques EOD avancées et permettent aux équipes tunisiennes de se mesurer aux meilleures équipes mondiales.

L’intégration de techniciens EOD sénégalais au sein de la Setaf-Af marque une avancée significative. L’intégration d’une troisième force partenaire favorise la coopération régionale et garantit que les solutions africaines aux menaces explosives restent à l’avant-garde.

Le Sénégal et la Tunisie accueilleront l’AL25, démontrant ainsi l’engagement de chaque pays à promouvoir la paix par la force militaire.

«Nous sommes toujours à la recherche de champions de la neutralisation des explosifs et munitions (NEM) au sein des forces partenaires, capables de mettre à profit leurs connaissances et de continuer à renforcer leurs capacités», a déclaré le sergent Beau Martindale de l’armée américaine, responsable du programme de lutte antimines humaines (HMA) de la Setaf-Af.

Lors de cet échange, les participants se sont entraînés aux tâches essentielles de la NEM, de l’identification et de la neutralisation des munitions non explosées (UXO) à la neutralisation en toute sécurité des engins explosifs improvisés (EEI). Chaque pays a apporté son expertise et son point de vue, rendant la formation mutuellement bénéfique.

«Il ne s’agit pas seulement d’une intervention des forces américaines pour enseigner», a déclaré Martindale. Et d’ajouter : «Il s’agit d’un véritable échange : nos partenaires apportent une expérience concrète qui enrichit notre approche commune de la mission NEM.»

Donner un exemple non américain à suivre

La collaboration en Tunisie n’est qu’un exemple de l’engagement de la Setaf-Af à collaborer avec ses partenaires africains pour réduire la menace des explosifs. Le prochain exercice AL25 offrira à ces équipes une nouvelle occasion d’opérer ensemble dans un environnement multinational plus vaste, affinant ainsi leur capacité à répondre aux menaces réelles.

«Cet échange a permis de montrer à la Direction du génie sénégalaise comment d’autres pays africains ont développé leurs capacités de formation Nedex; c’est-à-dire de leur donner un exemple non américain à suivre», a ajouté Bloomsburg.

Alors que la Setaf-Af, la Tunisie et le Sénégal continuent de renforcer ensemble leurs capacités Nedex, l’impact s’étend au-delà du champ de bataille : elle garantit des communautés plus sûres et une sécurité régionale renforcée pour les années à venir.

La Setaf-Af prépare les forces de l’armée de terre, met en œuvre des interventions de crise, favorise la concurrence stratégique et renforce les partenariats pour atteindre les objectifs de campagne de l’armée américaine en Europe et en Afrique et du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom).

Traduit de l’anglais

Source : US Army.


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Liberté économique | La Tunisie avance à reculons !  

Avec un score de 49,1 en 2025 (+0,3 point par rapport à 2024), la Tunisie se classe au 149e rang sur 176 pays (+1 place), avec un score inférieur à la moyenne (59,7), dans le classement mondial de liberté économique publié le 4 mars 2025 par le think tank américain Heritage Foundation.

Le classement de Heritage Foundation repose sur 12 indicateurs regroupés en quatre catégories : (i) Etat de droit; (ii) la taille du gouvernement; (iii) l’efficacité réglementaire; et (iv) l’ouverture des marchés.

Sur le continent africain, la Tunisie occupe le 38e rang d’un classement dominé par l’Île Maurice (score de 75; 15e rang mondial), le Botswana (69,9; 31e) et le Cap Vert (68,7; 40e).

Selon le think thank, le degré de liberté économique en Tunisie est entravé par plusieurs faiblesses structurelles et notamment : (i) l’inefficacité et l’opacité du cadre réglementaire ; (ii) la rigidité du marché du travail ou encore; (iii) la faiblesse des finances publiques.

Quand on connait la situation actuelle de l’économie tunisienne, ses faiblesses structurelles, la lenteur des réformes engagées, le renforcement des restrictions sur le marché du travail et l’accroissement continu de l’interventionnisme de l’Etat, on ne peut espérer une amélioration de ce classement au cours des prochaines années. Et dire que, dans les années 1990-2000, la Tunisie était classée parmi les 5 premiers pays africains en matière de liberté économique. Cela s’appelle avancer à reculons…

I. B.

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Maroc | Le Tunisien Chaabani offre son premier championnat à Berkane

A cinq journées de la fin de la Botola Pro D1 «Inwi» de football 2024/25, la Renaissance de Berkane a décroché, hier soir, samedi 15 mars 2025, son premier Championnat du Maroc, sous la férule de son coach tunisien Mouine Chaabani.

Né le 18 juin 1981 à Béja, Mouine Chaabani est un ancien défenseur central de l’Espérance de Tunis et de l’équipe de Tunisie. En tant qu’entraîneur, il a entraîné le Club d’Hammam-Lif et l’Espérance de Tunis (en Tunisie) et Al-Masry Sporting Club et Ceramica Cleopatra Football Club (en Égypte), avant de prendre les rênes de la Renaissance de Berkane au Maroc en 2024.

Il est le jeune entraîneur le plus titré en Tunisie et même en Afrique. Il a remporté le Championnat de Tunisie en 2019, 2020 et 2021 avec l’Espérance de Tunis, la Supercoupe de Tunisie en 2018 et 2019 et la Ligue des champions de la CAF en 2018 et 2019 avec la même équipe. Et il vient d’offrir à Berkane son premier championnat du Maroc après avoir été finaliste à la Coupe de la CAF en 2024.

«On croyait à ce sacre dès le début de la saison. On a beaucoup travaillé pour le décrocher», a déclaré Chaabani.

En effet, leaders indéboulonnables et réguliers au cours d’une saison qu’ils ont contrôlée de bout en bout, les Berkanis n’ont jamais laissé filer leur chance.

N’ayant besoin que d’un petit point, les Oranges ont opté pour la prudence en se contenant du nul face à l’Union Touarga (1-1).

La Renaissance de Berkane a joué 25 matchs jusqu’à présent. Elle en a gagné 18, fait 6 nuls et n’a perdu qu’un seul contre le FUS de Rabat (0-1) pour le compte de la 5e journée, le 6 octobre 2024.

Elle a battu le Raja de Casablanca en match aller comme en retour (1-0), (2-0). Elle a fait match nul contre l’AS FAR en manche aller avant de prendre le dessus en retour (1-1), (2-0). Contre le Wydad de Casablanca, les Oranges ont gagné à l’aller (1-0) et fait match nul blanc au retour.

La Renaissance de Berkane, qui avait remporté la Coupe de la Confédération à deux reprises, la Coupe du Trône 3 fois et une Supercoupe de la CAF, tenait coûte que coûte, à figurer parmi les vainqueurs du Championnat marocain. Maintenant c’est fait : elle est entrée de plein pied dans le club des grands.

I. B.

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L’huile d’olive tunisienne exonérée de droit de douane au Brésil  

Le gouvernement brésilien vient de supprimer totalement les droits de douane sur les importations d’huile d’olive vierge tunisienne, qui étaient de 9%. Cette exonération est entrée en vigueur à partir du 14 mars 2025.

Cette mesure exceptionnelle constitue une opportunité majeure pour renforcer la présence de l’huile d’olive tunisienne sur ce marché en pleine expansion, indique un communiqué publié le même jour par l’ambassade de Tunisie au Brésil, Elle vient appuyer la stratégie tunisienne pour soutenir le secteur oléicole, optimiser la saison en cours et préparer efficacement la campagne 2025-2026.

L’ambassade a réaffirmé, aussi, son engagement à accompagner les entreprises nationales exportatrices d’huile d’olive en leur fournissant toutes les informations nécessaires et en les soutenant, notamment pour l’enregistrement de leurs laboratoires dans la base de données du ministère brésilien de l’Agriculture, une démarche indispensable pour accéder à ce marché.

Elle a, également, souligné la disponibilité permanente de ses services, ainsi que de son bureau commercial et consulaire à São Paulo, pour fournir toutes les précisions requises aux opérateurs économiques. A noter qu’en 2024, le Brésil avait importé environ 250 000 tonnes d’huile d’olive, pour une valeur totale estimée à 695 millions de dollars. 

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Immigrés irréguliers en Tunisie | Pour une réponse internationale concertée à la crise

La crise de l’immigration irrégulière des Africains subsahariens en Tunisie est une problématique complexe et qui prend de l’ampleur au fil des jours nécessitant une réponse humanitaire coordonnée sur les plans régional et international.

Leith Lakhoua *

La Tunisie, pays traditionnellement connu pour sa stabilité relative et son rôle de pont entre l’Afrique et l’Europe, fait face à une crise migratoire sans précédent. La situation des immigrés irréguliers originaires d’Afrique subsaharienne prend des proportions dramatiques, exacerbée par l’absence d’une assistance significative de la part des organisations internationales telles que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ou le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Cette crise, loin de se résorber, s’aggrave de jour en jour, posant des défis humanitaires, sociaux et sécuritaires majeurs pour le pays.
Selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur tunisien, environ 23 000 immigrés en situation irrégulière seraient présents sur le territoire. Cependant, des estimations non officielles suggèrent que ce nombre pourrait dépasser les 100 000 personnes. Les régions de Sfax, El-Amra et Jebeniana sont particulièrement touchées, avec des campements anarchiques abritant plus de 60 000 immigrés. Ces zones agricoles, autrefois paisibles, sont aujourd’hui le théâtre de tensions croissantes entre les populations locales et les migrants.

Les conséquences de cette présence massive sont multiples et préoccupantes. Les infrastructures publiques sont vandalisées, les oliviers centenaires, symbole de l’agriculture tunisienne, sont détruits, et les biens des citoyens sont fréquemment attaqués. Ces actes ont transformé la coexistence en un véritable calvaire pour les habitants, alimentant des conflits qui frôlent parfois la guerre civile. Les autorités locales, déjà confrontées à des défis économiques et sociaux, peinent à contenir cette situation explosive.

Afflux continu et défis démographiques

Malgré les efforts des autorités tunisiennes pour démanteler les réseaux de trafic d’êtres humains, l’afflux quotidien de migrants ne faiblit pas. Des centaines, voire des milliers de personnes, continuent d’arriver chaque jour, souvent avec l’espoir de rejoindre l’Europe. Cependant, une réalité nouvelle émerge : de plus en plus de migrants s’installent durablement en Tunisie. Cette tendance est renforcée par le taux de natalité élevé parmi les femmes migrantes. Cette dynamique démographique complexifie davantage la situation, transformant ce qui était perçu comme un transit en une installation permanente.

Les autorités tunisiennes ont tenté de répondre à cette crise par des mesures sécuritaires, notamment en démantelant les réseaux de passeurs et en renforçant les contrôles aux frontières terrestres et maritimes. Cependant, ces efforts, bien que louables, ne suffisent pas à résoudre le problème de fond. La Tunisie, déjà confrontée à des difficultés économiques et sociales, ne peut assumer seule le fardeau de cette crise humanitaire.

Une solution durable nécessite une coordination internationale. Les organisations onusiennes, telles que l’OIM et le HCR, doivent jouer un rôle plus actif en apportant un meilleur soutien financier, logistique et technique à la Tunisie.

Par ailleurs, un dialogue avec les pays d’origine des migrants est essentiel pour faciliter leur rapatriement volontaire et sécurisé.

En parallèle, des fonds internationaux devraient être mobilisés pour aider la Tunisie à gérer cette crise, notamment en établissant des camps sous contrôle de l’armée. Ces camps permettraient d’identifier les migrants, de les enregistrer et de les prendre en charge tout en préparant leur répartition entre les pays volontaires pour les accueillir.

Sommet international pour une solution globale

Face à l’ampleur de cette crise, un sommet international dédié à la question migratoire en Tunisie s’impose. Ce sommet réunirait les pays concernés, les organisations internationales et les acteurs régionaux pour élaborer une stratégie commune. Les objectifs seraient multiples : renforcer les contrôles aux frontières, lutter contre les réseaux de trafic, organiser le rapatriement des migrants dans leurs pays d’origine et répartir équitablement la responsabilité de l’accueil des réfugiés entre les nations.

En conclusion, la crise de l’immigration irrégulière des Africains subsahariens en Tunisie est une problématique complexe qui nécessite une réponse humanitaire coordonnée. Sans une action internationale concertée, cette situation risque de dégénérer, menaçant non seulement la stabilité de la Tunisie, mais aussi la sécurité régionale.

Il est temps que la communauté internationale prenne ses responsabilités et apporte son soutien à un pays qui, malgré ses limites, continue de faire face à cette crise avec dignité et détermination.

* Consultant en organisation industrielle et logistique.  

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Le Soudan rejette la proposition américano-israélienne d’accueillir les Palestiniens de Gaza

Les médias israéliens ont rapporté, citant un rapport de l’Associated Press ayant obtenu l’information de sources américaines et israéliennes, que les États-Unis et Israël ont contacté des responsables de trois pays d’Afrique de l’Est pour discuter de la réinstallation des Palestiniens de Gaza.

Les sources contactées ont affirmé que le Soudan avait rejeté la proposition, tandis que la Somalie et le Somaliland ont déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de la proposition, a rapporté Kan TV.

Selon le plan de Donald Trump, les 2 millions d’habitants de Gaza devraient être déplacés et relocalisés définitivement.

Le président américain a proposé que les États-Unis prennent possession du territoire et y développent un projet immobilier pour le transformer en une riviera sur la côte est de la Méditerranée.

I. B.

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‘‘Un homme’’ | Qui voulait donc la peau de Panagoulis, ce héros ambigu ?

Les personnes qui accordent leur pardon à leurs tortionnaires après avoir été soumises à de graves sévices physiques et psychologiques et qui refusent de les accabler appartiennent certainement à une catégorie rare de l’humanité. Le Grec Aleko Panagoulis en fait certainement partie…

Dr Mounir Hanablia *

Emprisonné après l’échec d’une tentative d’assassinat contre le Premier ministre du régime des colonels. Il avait caché sous un pont les explosifs qui auraient dû faire sauter la voiture de sa cible alors qu’elle circulait sur la route qu’elle emprunte normalement et l’explosion ne s’était pas produite au moment opportun.

Capturé rapidement, Panagoulis avait été torturé mais n’avait avoué ni son identité ni les noms de ses complices. Ses vieux parents furent détenus pendant plus de trois mois et son frère, officier de l’armée qui avait quitté le pays, fut livré par les Israéliens avant de mourir en détention, probablement sous la torture. 

Finalement condamné à mort, sa peine avait été commuée en emprisonnement à vie après la campagne internationale en sa faveur qui avait fait de lui une icône de la liberté contre la dictature. Mais Alekos s’était révélé durant sa détention particulièrement combatif. Il n’avait pas hésité à agresser ses tortionnaires quand il en avait l’occasion et à les humilier. Il s’était montré insolent et irrespectueux de la Cour lors de son procès. Naturellement il en avait payé le prix. Ses côtes avaient été toutes brisées lors des passages à tabac que ses gardiens n’hésitaient pas à lui infliger pour se venger, ce qui l’avait poussé à entreprendre d’innombrables grèves de la faim pour obtenir le droit de lire, écrire, être visité par sa famille. Il avait été piégé lorsqu’on l’avait photographié à son insu tenant un ballon de football dans une cour déserte de la prison afin de prouver au monde qu’il était en bonne santé.

Panagoulis s’était enfui une première fois avec l’aide d’un de ses gardiens, un jeune soldat, mais il avait été trahi par ceux chez qui il s’était réfugié en pensant qu’il pouvait leur faire confiance. La seconde, le directeur de la prison prévenu de ses projets avait attendu de le prendre en flagrant délit. La troisième, il avait été repris à la périphérie du camp de détention. Il fut même victime d’une tentative de meurtre lorsqu’on mit le feu à son cachot. Tout ceci ne l’empêcha pas de composer des poèmes. 

Au bout de cinq années de cachot, Panagoulis fut gracié avec tous les prisonniers politiques mais il refusa sa grâce, et se montra, comme il en a l’habitude, peu respectueux lors de la cérémonie tenue pour marquer sa libération de prison. Soumis à une surveillance constante de la police, il fut victime de nouvelles tentatives  de meurtre lorsqu’une voiture banalisée s’efforça sans succès de pousser la sienne dans un ravin en Crète, puis en Italie lorsque son taxi fut pris en chasse par une autre automobile qui tenta de le percuter.

Les généraux tenaient le haut du pavé

Après de multiples tracasseries administratives, Panagoulis s’exila en Italie avec sa compagne, la journaliste Oriana Fallaci, dont il fit la connaissance à sa sortie de prison, l’auteur du livre, et s’efforça d’organiser un réseau de résistance clandestin, dans son pays, dont l’une des bombes tua trois artificiers. Cet événement fut le signal de son engagement politique contre la dictature et le convainquit d’abandonner la lutte violente.

Cependant, en 1974, à l’instigation de la Grèce, un coup d’Etat militaire mit fin au régime civil à Chypre, ce qui entraîna en réaction une invasion du nord de l’île par l’armée turque. Les militaires grecs, responsables de cette situation, décidèrent d’abandonner le pouvoir et de le confier aux civils. C’est ainsi que la démocratie fut rétablie et Alekos Panagoulis, rentré dans son pays quelques semaines plus tard, fut élu député sur une liste d’un parti centriste qu’il ne connaissait pas mais qu’il avait choisi parce qu’il ne croyait pas aux leaders des grands partis de droite ou de gauche, Constantin Caramanlis et Georges Papandréou.

Néanmoins, pour Panagoulis, le rétablissement de la démocratie n’avait été qu’un processus purement formel alors que les véritables détenteurs du pouvoir continuaient d’être les généraux qui avaient tenu le haut du pavé pendant la dictature, entre 1967 et 1974.

Dès lors le nouveau député n’eut de cesse de découvrir les preuves de la collusion du nouvel homme fort, le ministre de la Défense Evangelos Avéroff, avec le fascisme italien pendant la guerre, puis avec le régime militaire, celui des colonels supplantés par des généraux. Les documents qu’il réunit grâce à la complicité de l’épouse de l’un des membres des services secrets, Fani Hazizikis, qu’il réussit à séduire, furent interdits de publication.

Finalement, Panagoulis fut tué une nuit du premier mai 1976 lorsque sa voiture fut prise en chasse par deux autres avant d’être percutée pour s’écraser contre un mur.

Quelques jours plus tard, un ancien coureur automobile établi au Canada, Michel Stefas, un adhérent du parti socialiste grec de Papandréou, se livra à la police et prétendit être le responsable de ce qui n’était qu’un accident malheureux. Il démentit la présence d’une seconde voiture malgré les témoignages de personnes présentes sur les lieux, et naturellement rares furent ceux qui le crurent. La Justice cependant  en fit sa thèse en refusant de tenir compte des conclusions de l’enquête scientifique en faveur des deux poursuivants et le condamna à 5 années de prison avec sursis.

Héros, démagogue ou charlatan ?

L’enterrement de Panagoulis fut grandiose tant la foule qui accompagna son cercueil vers le cimetière fut nombreuse, des centaines de milliers de personnes se pressèrent devant le cortège funèbre qui ne réussit à joindre le cimetière normalement situé à dix minutes, qu’après plus de quatre heures. Les représentants de tous les partis politiques ne manquèrent pas d’être présents, particulièrement le futur premier ministre, le socialiste Papandréou qui prononça l’éloge politique du défunt alors que Panagoulis le considérait comme un démagogue et un charlatan.

Mort, Panagoulis connut enfin la reconnaissance et la popularité alors que toute sa vie il demeura un marginal et un solitaire qui affrontait le système en ne comptant que sur ses seules forces. Il est vrai que quelques-uns de ses poèmes avaient été chantés, en particulier par le grand musicien Mikis Theodorakis, depuis l’époque de sa détention.

Naturellement ce livre écrit par sa compagne italienne dévoile les véritables ressorts de sa personnalité. Homme sensible et passionné, Panagoulis se révélait capable de graves actes de violence, et se réfugiait parfois dans de monumentales beuveries pour dissiper son désespoir. Disciple de Dionysos, le dieu de la jouissance, et de Mars celui de la guerre, il devint obsédé par Hadès, le maître de la Mort, qui finit par avoir raison de lui. Si on s’en réfère à ses traits de caractère pathologiques, ceux d’un maniacodépressif, on peut se demander comment, en étant un odieux manipulateur, il parvint à entretenir l’amour que lui portait sa compagne, malgré tous les préjudices subis par elle dont il fut bel et bien le responsable (avortement), ou dont elle l’accusa peut être abusivement après sa mort de l’être (cancer).

Face à une dictature militaire rabaissée par ses excès, Panagoulis le héros formidable et solitaire qui se dressait face à elle, apparut ne le lui céder en rien, en sacrifiant tous ceux qui l’admiraient ou toutes celles qu’il séduisait, au nom d’une chimère, la liberté, afin d’abattre la tête du système, le rocher sur la montagne qui sitôt précipité des hauteurs reprenait sa place.

Parti pour terrasser le dragon Avéroff, ministre de la Défense et selon lui véritable maître du pays, le Héros formidable se retrouva face une hydre à trois têtes, associant au précédent, Caramanlis, et de Papandréou, qui lui fut fatale.

Il reste à savoir si cet acharnement contre le ministre de la Défense ne constituait pas le prolongement de son caractère porté à tous les excès, à la recherche d’un adversaire qu’il estimait digne de lui. En effet, dans la Grèce des années 70, les collaborateurs des occupants fascistes et nazis ne manquaient certainement pas, et ce sont ceux-là même que les Anglais ont utilisés à la fin de la guerre pour lutter contre le parti communiste grec, et l’empêcher de prendre le pouvoir. Et Panagoulis confirma son mépris pour le menu fretin en s’abstenant de charger ses tortionnaires lorsqu’ils passèrent en justice, tout comme lors du procès des grandes têtes de la dictature rendu nécessaire pour crédibiliser le retour à la démocratie il jugea leur condamnation aussi superflue et inutile qu’une comédie, y compris celle de Papadopoulos qu’il avait tenté d’assassiner et qui l’avait gracié, parce qu’ils n’étaient plus les détenteurs du pouvoir. Mais à côté de cela, il accordait beaucoup d’importance aux signes et aux rêves prémonitoires qui devenaient prophétiques une fois accomplis.

une tragédie grecque

Les commentaires sur la fatalité, le caractère fatal des couleurs (vertes) et des voitures annonçant le drame qui se préparait servait de justificatif à l’angoisse de la mort qui avait pris le héros aux tripes avant que ne s’accomplisse son destin. Mais peut être n’est-ce là que la touche latine de l’auteur, de culture chrétienne catholique, encensant le sacrifice et le don de soi, qui s’était sans aucun doute culpabilisée d’avoir été absente au moment de sa mort alors qu’elle venait d’embarquer à l’aéroport de New York pour venir le rejoindre à Athènes, et qui s’efforçait de transformer ce fait divers politique comme il y en a tant dans le monde, dont plusieurs avaient été les sujets de ces propres articles au Vietnam, au Brésil, ou ailleurs, en un drame unique, en une tragédie grecque, en une nouvelle crucifixion l’absolvant de ses péchés.

Il n’en demeure pas moins que si la mort du héros fut limpide, et que les coupables ne souffrent aucune discussion, sa vie apparaît l’avoir été beaucoup moins. Ce retour précipité d’Union Soviétique au cours d’un voyage où il était l’invité d’une organisation de jeunesse présidée par des vieillards, parce qu’il avait reconnu sa propre souffrance dans le passage à tabac par la police d’un indésirable dans l’hôtel où il résidait,  suscite la perplexité. Tout comme la suscitent  les voyages clandestins en Grèce à l’époque de la dictature et la pose de bombes dans de multiples endroits d’Athènes.

Enfin on ne comprendra pas comment le ministre de la défense de l’île de Chypre, membre d’un gouvernement démocratiquement élu dans un Etat indépendant dont la majorité de la population est hellénophone, de langue grecque, où les Britanniques disposent d’une importante base militaire, aura fait confiance à un obscur jeune idéaliste mathématicien et poète venu de Grèce opposé au régime des colonels, au point de bénéficier d’un stage de sabotage, et de disposer des explosifs nécessaires à un futur attentat contre le chef d’un gouvernement grec installé par la CIA.

Quand de la folie commence à émerger une méthode, il convient de se poser beaucoup de questions, particulièrement sur le cheminement politique qui mène la Grèce, membre de l’Otan, de la monarchie constitutionnelle, appelée à voir l’alliance socialiste-communiste remporter les élections législatives et la majorité parlementaire, à la dictature dite des colonels mettant fin au processus électoral, puis à celle des généraux après le soulèvement de la marine et ce qu’on a cru être le soulèvement populaire  suivi du massacre de l’école polytechnique d’Athènes, enfin à la décrispation avec la libération des prisonniers politiques, la politique des ponts envers l’opposition avant le retour de la démocratie imposé par la débâcle de Chypre, et l’instauration d’un régime militaire soft avec une façade civile institutionnelle qui fera de l’amnistie son leitmotiv, plus pour épargner les bourreaux que réhabiliter les condamnés.

Etonnants remakes en Algérie et en Tunisie

Les généraux algériens des années 80-90 dans un étonnant remake n’agiront pas différemment en écrasant le mouvement populaire escamotant les luttes pour le pouvoir au plus haut sommet de l’Etat, en interrompant le processus électoral, et en conférant une apparence de légalité à leur autorité derrière des personnalités civiles reconnues détenant l’apparence du pouvoir, et non sa réalité, et qui se compromettront avec l’amnistie en faveur des auteurs des massacres. Le général tunisien Rachid Ammar, en obtenant le départ de Ben Ali, en 2011, et en installant une autorité civile révocable (!!!), apportera la preuve que, s’agissant de partager le pouvoir, ou son apparence, les différends opposant tortionnaires et prisonniers d’hier s’estompent aisément dans la grande Réconciliation. Un homme comme Béji Caïd Essebsi, directement impliqué dans la détention des prisonniers politiques en 1963, n’aura même pas besoin, de dissimuler son passé de tortionnaire, pour devenir, en 2014, le premier président de la république issu du régime démocratique. Pas plus que les accointances sionistes révélées au grand jour de Nabil Karoui n’auront empêché son parti de devenir, en 2019, un membre de la nouvelle troïka au pouvoir et de permettre l’accession catastrophique de Rached Ghannouchi à la présidence du parlement.

Les Grecs seraient-ils donc plus vertueux que les Tunisiens? Pourquoi donc dans le contexte politique grec, le ministre Avéroff aura-t-il eu besoin de tenter de dissimuler un passé de traître que nul n’ignore, pour se réfugier derrière les visages rassurants de Caramanlis et  Papandréou, les opposants réfugiés à l’étranger durant la dictature et de retour dans le pays pour prendre les rênes du gouvernement? Et plus que tout, pourquoi aura-t-il eu besoin de prendre au sérieux ce qu’il convient bien de nommer la névrose obsessionnelle d’un député paumé en rupture de ban nommé Panagoulis, au point de le faire assassiner, pour d’obscurs documents dérobés aux services secrets dont rien ne dit qu’ils n’eussent pas été des faux fabriqués pour la circonstance? Est-ce là l’œuvre de l’Araignée (Arachnoïdes), cette organisation paneuropéenne parafasciste semblable au Gladio italien et noyautée par les services secrets de l’Otan durant la guerre froide? Beaucoup de choses le suggèrent en tout cas.

Panagoulis n’était pas tenu en odeur de sainteté par les Américains qui lui avaient refusé le visa d’entrée dans des conditions assez conflictuelles, au point de voir la décision du consul américain à Athènes paraphée par Henry Kissinger lui-même. Léonardo  Sciascia le Sicilien aurait pu comparer cette signature du secrétaire américain à une sentence de mort. Mais si on considère qu’il pouvait représenter une menace pour les intérêts américains, elle n’aurait pu provenir que des preuves recueillies auprès des services secrets sur la collusion de la CIA avec le putsch de Chypre qui avait entraîné l’occupation turque du nord de l’île. Et l’enquête sur Avéroff et les documents en sa possession prouvaient effectivement les contacts entretenus par Panagoulis avec les services secrets grecs. Quelques officiers traduits en justice avaient  d’ailleurs évoqué la thèse de la provocation américaine dans l’affaire de Chypre. Or de telles révélations étaient susceptibles d’entraîner un revirement politique de la Grèce limitrophe des Dardanelles, de la Bulgarie, de la Yougoslavie, et de l’Albanie, que l’Otan n’était nullement prête à accepter.

Pour conclure,  par quel mécanisme, en dehors d’une foi chrétienne, un homme politique ostracisé durant sa vie devient-il du fait de sa seule mort, le héros de tout un peuple, si les médias eux mêmes tributaires de leurs propriétaires ne le suggèrent pas? On comprend que la journaliste Oriana Fallaci, impliquée par la force des choses au-delà de toute mesure dans le récit, ait tenté de se mettre en règle avec sa conscience grâce à son témoignage. Son livre soulève malheureusement plus de questions qu’il n’apporte de réponses. 

‘‘Un homme’’ de Oriana Fallaci, éditions Grasset, Paris, 17 mars 2004.  658 pages.

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Quand le G7 enterre la cause palestinienne !

Dans la Déclaration commune de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 tenue à Charlevoix (Québec, Canada), le 14 mars 2025, il n’y a aucune référence à la solution à deux Etats Israël-Palestine. On parle désormais d’«horizon politique palestinien», aussi vague qu’ambigu.  Une manière d’enterrer la cause d’un peuple occupé, humilié et martyrisé depuis près de 80 ans.

Dans leur déclaration, les membres du G7 «ont souligné l’impératif d’un horizon politique pour le peuple palestinien, obtenu grâce à une solution négociée au conflit israélo-palestinien qui réponde aux besoins et aspirations légitimes des deux peuples et favorise une paix, une stabilité et une prospérité globales au Moyen-Orient».

La référence à une solution à deux États, évoquée dans un précédent projet également relancé par les médias internationaux, a donc disparu.

La déclaration finale indique également que les membres du G7 «ont affirmé leur volonté de travailler avec leurs partenaires arabes sur leurs propositions visant à tracer la voie à suivre pour la reconstruction de Gaza et la construction d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens».

Ces chers ministres des Affaires étrangères des puissances occidentales, soutenant toutes l’Etat génocidaire d’Israël, ne nous expliquent pas comment ils conçoivent «une paix durable entre Israéliens et Palestiniens»… sans Etat Palestinien. Ils ne nous disent pas non plus ce qu’ils entendent par «horizon politique palestinien», si ce n’est l’enterrement purement et simplement de la cause palestinienne après son abandon par ceux-là même qui sont censés la faire vivre : les Arabes, plus soumis que jamais à  la Pax Americana.

I. B.  

 

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Le poème du dimanche | ‘‘Tintin au cimetière’’ de Niels Hav

Né en 1949 à Gudum, au Danemark, Niels Hav est poète et nouvelliste vivant à Copenhague. Il publie poésie et fiction dans de nombreux magazines.

Auteur de sept recueils de poésie et trois livres de nouvelles. Des extraits de sa poésie dont traduits traduite dans différentes langues, dont le portugais, l’arabe, l’anglais, le turc et le chinois. Son écriture, ironique et sarcastique, est dans le prolongement de la tradition littéraire danoise, où humour et regard critique s’entremêlent, créant des effets inattendus, non sans constat désabusé.

Tahar Bekri

La dernière fois que j’ai rencontré Tintin

il était assis au cimetière Assistens.

J’étais sur mon vélo, on s’est salué,

mais je ne me suis pas arrêté –

J’ignorais que je le voyais pour la dernière fois.

De temps en temps, on faisait un peu de conversation

quand on se rencontrait auprès des lacs

ou à Ravnsborggade. Lui toujours en compagnie

de femmes qu’il distrayait

de façon charmante, en maniant sa canne comme une épée

et en commentant la circulation.

Cette fois, il était assis seul, sans femme ni rien.

Lorsque vous arrivez sur vos quatre-vingt-dix

la plupart de ceux que vous connaissiez 

se sont glissés dans leurs cercueils.

la plupart de tes amis se sont glissés dans leurs cercueils.

Il avait l’air un peu perdu. Peut-être qu’il était ici

pour préparer l’itinéraire de son dernier voyage.

C’était fin septembre, les oiseaux voletaient en silence.

«Salut, Palle» *, ai-je appelé depuis mon vélo.

Il leva les yeux, des yeux pétillants,

puis il souleva sa canne, vif, comme toujours.

«Salut, salut», a-t-il crié avec un signe de la main.

C’était la dernière fois que je voyais Tintin.

Traduit du danois par Marilyne Bertoncini

* À l’âge de 15 ans, Palle Huld (1912-2010) remporta un concours pour voyager autour du monde à l’occasion du centenaire de la naissance de Jules Verne. La presse internationale suivit son parcours, l’accueil à son retour fut enthousiaste et il écrivit plus tard le livre ‘‘Le tour du monde avec Palle en 44 jours’’. Il a été traduit dans de nombreuses langues et a inspiré Hergé pour créer le personnage de Tintin.

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Tunisie | Le SNJT dénonce des lacunes dans la couverture médiatique de la crise migratoire

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) appelle les médias publics et privés à assurer une couverture journalistique apportant l’information nécessaire sur la question des migrants irréguliers en Tunisie.

Dans une note d’orientation publiée le 13 mars 2025 et intitulé «Les devoirs des journalistes, leurs droits et leurs rôles envers l’opinion publique dans le cadre de la crise de la migration irrégulière», le syndicat souligne que la migration irrégulière est désormais devenue «une question d’opinion publique par excellence, où se croisent les dimensions sociales, humanitaires et sécuritaires aux niveaux national, régional et international».

Le SNJT affirme avoir constaté plusieurs lacunes dans la couverture médiatique de la crise de la migration irrégulière, dénonçant des «fautes journalistiques» et notant que la «crise» des migrants irréguliers en Tunisie a créé un climat de panique parmi les citoyens, alimenté principalement par une campagne massive de désinformation visant à susciter les émotions des Tunisiens. À cet égard, le syndicat des journalistes a souligné la nécessité d’une approche équilibrée dans la couverture médiatique de la migration, garantissant que toutes les parties prenantes, y compris les organisations de la société civile spécialisées dans les questions de migration, aient une voix.

Pour le Syndicat, la migration irrégulière est un problème ayant des implications économiques, géopolitiques, sociales et sécuritaires. C’est pourquoi elle requiert un contenu journalistique sérieux qui permette aux citoyens de comprendre les responsabilités de l’État envers les migrants irréguliers.

Le SNJT a souligné que la manière dont certains médias publics couvrent la situation des migrants irréguliers en Tunisie reste lacunaire et ne répond pas aux exigences du contexte actuel, qui nécessite une pleine mobilisation des ressources pour fournir une information approfondie à travers des enquêtes de terrain, des rapports et des explications analytiques.

Le syndicat souligne également l’importance du fact-checking pour lutter contre la désinformation et permettre aux médias publics de remplir leur mission d’information du public.

Le SNJT exhorte les autorités concernées par la migration à veiller à ce que les journalistes aient accès aux informations qu’ils détiennent, leur permettant d’exercer leur travail. Il appelle également les journalistes à faire preuve de vigilance, à vérifier rigoureusement les informations avant de les publier et à faire la distinction entre migrants irréguliers et réfugiés.

Enfin, le syndicat tire la sonnette d’alarme sur «la politique de communication du gouvernement sur ce sujet», dénonçant un silence inquiétant.

I. B.

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