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Syrie | Ahmed Al-Charaa pourra-t-il tenir longtemps?

Le nouveau président syrien catapulté à la tête du principal pays du Levant à la suite de la chute vertigineuse de Bachar Al-Assad il y a seulement trois mois se trouve aujourd’hui face une équation pour le moins compliquée à résoudre. 

Imed Bahri

Ahmed Al-Charaa, ancien djihadiste lui-même, doit à la fois imposer son pouvoir à des factions islamistes qui sont légion, peu disciplinées et dont certaines sont très violentes, les derniers événements meurtriers dans la zone côtière à forte densité alaouite en attestent. S’il ne parvient pas à le faire, c’est le spectre de la désintégration de la Syrie qui pointe. Et en même temps, les troupes du nouveau pouvoir sont souvent confrontées à des embuscades tendues par des groupes armés liés à l’ancien pouvoir qui veulent que le pays sombre dans le chaos à la fois pour se venger et pour montrer que le nouveau président est incapable de tenir le pays. Et comme si tout cela ne suffisait pas, le pays est détruit par quinze ans de guerre civile et se trouve étranglé économiquement. Ahmed Al-Charaa peut-il réussir cette mission quasi-impossible? 

Le magazine britannique The Economist indique dans un récent éditorial que le temps presse pour le président syrien et qu’il ne doit pas accaparer le pouvoir mais associer et impliquer les différentes parties pour préserver l’unité de son pays. 

Le magazine note que la Syrie a été le théâtre des pires violences sectaires depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad il y a trois mois et peut-être depuis les attaques chimiques sur la Ghouta orientale en 2013. Le pays qui ressent encore l’impact de la très longue dictature et de la guerre civile et qui n’a pas encore pansé ses plaies a reçu un nouveau choc. On estime que 800 personnes ont été tuées dans les zones côtières de la Syrie considérées comme le bastion de la communauté alaouite à laquelle appartient la famille Al-Assad.

Le spectre de la désintégration

Les violences révèlent le dilemme de la gouvernance de la Syrie : le pays restera-t-il un État unifié avec un pouvoir concentré entre les mains d’un gouvernement central capable de faire régner l’ordre public, même si le président Ahmed Al-Charaa est un ancien djihadiste dont l’engagement à inclure d’autres protagonistes dans le projet de reconstruction du pays est douteux? Ou bien les minorités devraient-elles garantir leur propre sécurité dans les zones où elles vivent même si cela se fait au prix de la désintégration du pays?

Le The Economist note que les causes des récents événements restent floues, la meilleure hypothèse étant que des combattants de la minorité alaouite ont attaqué les forces gouvernementales et des hôpitaux le jeudi 6 mars 2025. En réponse, les milices sunnites se sont précipitées en convois dans les villages et les villes tuant des civils et incendiant des maisons. Comble de l’horreur, des vidéos ont montré que des civils étaient obligés d’aboyer comme des chiens avant d’être abattus.

The Economist estime que les milices sunnites sont probablement responsables de la plupart des meurtres. Certains pensent qu’Ahmed Al-Charaa n’est pas prêt à limiter le pouvoir des extrémistes parmi ses partisans quand d’autres considèrent qu’il a mis du temps à réagir aux événements et que son gouvernement n’a pas le contrôle de la situation. En tout état de cause, les événements violents dans les zones alaouites sont un signe de la désintégration de la Syrie.

Dans le nord du pays, les groupes kurdes ont leurs propres poches. Dans le sud, d’autres milices, notamment celles dirigées par les Druzes, ont eux aussi une sphère d’influence. Les puissances étrangères interviennent soit pour protéger leurs frontières du chaos soit pour saisir l’opportunité de contrôler l’avenir de la Syrie. Israël soutient les Druzes, la Turquie les groupes arabes sunnites et l’Amérique les Kurdes, du moins encore pour le moment.

Malgré qu’elle ait soutenu le régime détesté d’Al-Assad, la Russie reste réticente à réagir espérant conserver une certaine influence et peut-être l’accès à ses bases aériennes et navales.

Chef d’Etat ou chef de milice ?

Pour le magazine britannique, Al-Charaa a été jusqu’à présent décevant. Son expérience précédente consistait à diriger un régime illibéral dans la ville d’Idlib par l’intermédiaire de son groupe Hayat Tahrir Al-Cham. Jusqu’à présent, il dirige la Syrie en tant que chef de milice. Il n’a pas respecté les délais pour former un gouvernement inclusif, publier une déclaration constitutionnelle et nommer un organe législatif et il n’a montré aucun engagement envers les lois laïques, ne faisant preuve que d’une faible tolérance.

Cependant, les défauts de son gouvernement reflètent également la faiblesse de l’État syrien. Il ne dispose que d’un nombre relativement restreint de forces sous son contrôle direct. Les différentes milices ethniques sont également plus nombreuses et plus armées que l’armée et la police.

La Syrie a besoin d’un gouvernement central capable de déléguer son autorité aux provinces. L’Occident doit lever les sanctions économiques qu’il a imposées pour punir le régime odieux d’Al-Assad qui causent actuellement de graves difficultés financières à la Syrie.

Rétablir la confiance

Toutefois, la responsabilité incombe à Al-Charaa. Cette semaine, après les massacres, il a pris quelques mesures positives. Il a formé des comités pour enquêter sur les violences sectaires et a signé un accord pour intégrer les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans les forces de sécurité syriennes. Sauf qu’il doit faire plus et son armée doit être purgée des extrémistes et davantage de modérés doivent être invités à le rejoindre afin qu’il ait le pouvoir de réagir et n’apparaisse pas comme un instrument d’un pouvoir sunnite. Il doit également mettre en place des institutions et fixer un calendrier pour les élections qui rassureraient les Syriens sur le fait qu’un gouvernement fort ne serait pas l’expression de ce  pouvoir strictement sunnite. Il faudrait donc déléguer davantage de pouvoirs aux régions.

La reconstruction de la Syrie est une question de confiance. Si davantage de personnes croient en un avenir harmonieux, les chances d’y parvenir augmenteront. Cependant, un autre massacre sous l’ère d’Al-Charaa pourrait mettre fin à son pouvoir et le pays implosera.

The Economist affirme que les événements survenus le 6 mars ont transformé l’ouest de la Syrie en une «zone de catastrophe avec des cadavres jonchant les rues et des gens fuyant vers les forêts ou vers le Liban». Le magazine ajoute qu’Al-Charaa semble déchiré entre son passé djihadiste et son présent de président en citant la vidéo qu’il a publiée le premier jour du soulèvement qui était pleine de références religieuses, incitait au conflit et louait «nos honorables combattants».

Cependant, pragmatique, et alors que les tensions dans le pays s’intensifiaient, il a habilement changé de cap. Dans un deuxième discours vidéo prononcé deux jours plus tard, il s’est fait passer pour le chef d’une nation et non d’une communauté. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, il a nommé des Alaouites à des postes de direction et les a inclus dans deux comités: l’un pour enquêter sur les actes de violence et l’autre pour rétablir la paix civile. 

Maintenir l’unité du pays

Le lendemain, un accord a été annoncé pour intégrer les Forces démocratiques syriennes aux forces de sécurité gouvernementales. Il existe un possible accord avec les Druzes qu’Israël tente d’attirer. Le 11 mars, Al-Charaa a invité les imams à un iftar du Ramadan et les a exhortés à parler de l’égalité entre toutes les communautés syriennes dans leurs sermons et cours religieux. Parmi les participants se trouvait son ami d’enfance, Cheikh Abu Al-Khair Shukri.

Le défi auquel Al-Charaa est confronté est sa capacité à maintenir l’unité du pays qui, il y a une semaine, était au bord de l’effondrement. Les violences sur la côte ont rouvert des blessures sectaires qu’il avait pourtant promis de guérir.

Le The Economist note, à ce propos, que les Alaouites étaient également effrayés car le directeur de la radio de Damas, nommé par le nouveau pouvoir, a appelé à les jeter à la mer. Les nouveaux dirigeants syriens ont considéré la côte syrienne comme une zone militaire et de nombreux Alaouites ont fui cherchant protection à l’étranger et tentant de pénétrer dans les bases russes.

À Damas et dans d’autres villes, les minorités craignent que les djihadistes ne les prennent également pour cibles. Le calme apparent d’Al-Charaa leur rappelle celui de Bachar Al-Assad. Beaucoup craignent encore que leur nouveau président ne soit qu’un «terroriste» en costume.

Pour faciliter l’emploi et le logement aux sunnites, le nouveau président a dissous les anciennes forces armées, purgé la fonction publique et expulsé les anciens fonctionnaires de leurs logements de fonction. Comme dans le cas de la débaâsification en Irak, cela dissuade les minorités de rendre leurs armes et alimente le soutien à la rébellion. Ce qui fait dire au journal britannique que satisfaire à la fois les sunnites et les minorités est un défi majeur et difficile à relever.

Si Ahmed Al-Charaa veut avoir le contrôle sur les extrémistes, il doit mettre en place une justice transitionnelle. Il doit aussi veiller à ce que les Alaouites qui n’ont pas participé aux atrocités de l’ancien régime retrouvent leur emploi et une vie normale. Pour réussir sa mission, il a besoin d’argent qu’il n’a pas actuellement en raison des sanctions.

Lorsqu’il a pris le pouvoir, l’État était à court de main-d’œuvre et sans argent pour payer les salaires, il devait encore faire face au problème des partisans de la ligne dure qui défiaient l’armée et traitaient les minorités comme des butins de guerre. En fin de compte, il doit partager le pouvoir avec les autres composantes du pays. Sans cela, il perdra la confiance nationale et la détérioration de l’économie aggravera ses problèmes.

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Tunisie – Syrie : les liaisons dangereuses

Les liaisons dangereuses ont débuté très tôt, juste après la prétendue « Révolution du jasmin ». Lorsque l’ancien Président de la République en poste après les élections de 2011, qui ont vu Ennahdha prendre le pouvoir, il est vrai par les urnes, et placer à la tête de l’Etat, un homme à sa dévotion, qui n’avait pas réussi à récolter plus de 7000 voix lors des législatives. Le gouvernement islamiste de l’époque avait enfoncé le premier clou, dans les relations tuniso-syriennes. Alors que le ministre des Affaires étrangères, qui n’était autre que le beau-frère du chef des islamistes, avait organisé un symposium réunissant ce qu’on avait appelé « Rencontre des amis de la Syrie ».

L’Etat tunisien à l’époque, complètement sous la coupe de l’islam politique et ses satellites, était derrière l’organisation et certainement le financement de cet acte qui ne pouvait être qu’une ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays, voire un « pays frère », selon la terminologie diplomatique. Et ceci selon les critères définis par le droit international qui régit les rapports entre Etats. Le prétexte de lutte contre le régime autoritaire en Syrie, cachait mal une inféodation aux puissances occidentales et surtout turque, jusqu’à servir de sergent recruteur pour des pseudo-jihadistes, voire des mercenaires, embrigadés à la hâte contre des dollars, pour aller se faire massacrer.

Ainsi, des milliers de jeunes tunisiens ont été sacrifiés sur l’autel de ce qu’on prétendait être la défense de la démocratie. Beaucoup y ont péri sans qu’ils sachent pour quelle vraie cause ils ont combattu. En face, il y avait l’armée syrienne, le Hezbollah sur terre et les avions et hélicoptères russes dans les airs, sans compter les gardiens de la révolution iraniens. On a envoyé massacrer nos enfants dans une guerre qui n’est pas la nôtre. Le procès en cours sur l’affaire du tasfir lèvera le voile certainement sur une partie de ce qu’on peut considérer comme une trahison nationale. Mais jamais la vérité tout entière, car il est sûr que des services étrangers occidentaux, turcs ou arabes étaient derrière ce crime.

Ennahdha, partait en « guerre sainte » en Syrie

Mais les choses ne s’arrêtèrent pas là, puisque une véritable campagne de recrutements de jeunes, appelés pour l’occasion « djihadistes », a été lancée sous les regards complaisants, voire même complices du ministère de l’Intérieur. Et des sommes colossales ont été dépensées en dollars pour financer ce que Rached Ghannouchi et son ministère des Affaires religieuses ont considéré comme une guerre sainte contre le régime bathiste de Bachar el-Assad, considéré comme impie, parce que prétendu laïque.

Des milliers de jeunes, souvent appartenant à la frange délinquante de la société, furent rapidement embrigadés et même convertis à l’Islam, pour aller se faire tuer dans la fournaise syrienne. Jusqu’à maintenant, on ne connait pas le nombre exact, ni de ceux  tués, ni de ceux qui étaient encore dans les prisons syriennes avant d’êtres relâchés à la chute du régime d’El-Assad. Et dont une grande partie est certainement allée renforcer les nouvelles milices qui font office d’armée officielle, mais qui ne peut être qu’un ramassis de tueurs et d’assassins. Le massacre des Alaouites, adultes hommes et femmes et enfants, est la preuve irréfutable que nous sommes devant un des régimes les plus sanguinaire de l’histoire humaine. Dans les rangs de ces milices existent certainement des compatriotes, homme et femmes. Ces dernières, ont une mission spéciale, « jihad el Nikaah », littéralement, la guerre sainte par… Plus horrible que cela, aucune imagination humaine n’est capable d’en inventer.

Al-tasfir un terrorisme international

Se tiennent en ce moment à Tunis des assises pour juger les personnes impliquées, dans l’affaire dite « attasfir », littéralement « envoi en voyage ». Ledit voyage est une opération certainement organisée et payée par des services secrets de pays occidentaux, arabes et turcs pour renverser le régime de Bachar el-Assad, sous prétexte d’instaurer une démocratie et imposer la liberté et les droits de l’Homme. Dans ce procès, sont impliquées plus de 800 personnes, commanditaires, individus recrutés, policiers, hauts cadres du ministère de l’Intérieur, et à leur tête l’ancien ministre de l’intérieur, et ancien premier ministre Ali Laârayedh, figure emblématique et fondateur et dirigeant numéro deux du parti islamiste Ennahda.

Alors que le procès est ouvert, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Rafik Bouchlaka de son vrai nom, commentant récemment dans un post facebbok le massacre des Alaouites en Syrie par les milices de l’alter-égo syrien de Rached Ghannouchi, le dénommé al-Joulani, justifie ce massacre odieux et barbare, comme une action légitime de défense du nouveau pouvoir. Tout en regrettant qu’en Tunisie, son parti Ennahdha n’ait pas été aussi ferme avec les azlem, partisans de l’ancien régime tunisien. C’est-à-dire qu’il regrette de ne pas les avoir massacrés au vrai sens du terme. Cela prouve combien on l’a échappé belle. Et cela démontre combien les alliés crypto-démocrates d’Ennahdha qui sont toujours les mêmes d’ailleurs et dont une partie est en prison, pour tentative de « complot contre l’Etat » sont en fait des complices.

Les mêmes « démocrates » ont applaudi la prise du pouvoir en Syrie grâce à la force des armes et par des phalanges obéissant aux ordres d’Erdogan, comme étant une victoire de la liberté et de la démocratie. C’est vrai, que tous ces gens, ont les mêmes parrains occidentaux. Le comble, c’est qu’ils sont depuis quelques temps en campagne pour nous convaincre que les islamistes qui croupissent en prison, et qui sont jugés dans plusieurs affaires de terrorisme et de violences, sont de paisibles démocrates, qui subissent la tyrannie du régime et qu’ils sont innocents de tous les crimes dont la justice les accuse.

Dans tous les procès qui sont en cours, il est certain que des maladresses, des dépassements juridiques voire même des atteintes aux droits, ont été commis. Et ce, en raison de l’amateurisme de certains juges ou enquêteurs. Mais cela ne peut en aucun cas dédouaner les criminels et les assassins qui ont réellement sacrifié nos enfants pour asseoir leur hégémonie sur notre pays qui n’a jamais participé à une guerre en dehors de ses frontières et n’a jamais envoyé ses enfants massacrer des citoyens d’autres pays, surtout arabes ou musulmans.

En attendant le jugement du ciel, les jugements des tribunaux, l’Histoire a déjà jugé. On aurait dû se contenter de tels procès. Cela aurait suffi. C’est plus qu’un complot contre l’Etat, c’est un complot contre la nation, voire même contre l’humanité. Et ce qui se déroule sous nos yeux actuellement en Syrie n’est pas loin du génocide commis par l’Etat sioniste à Gaza.

Une affaire de politique intérieure tunisienne

A en juger par l’ampleur de ce qui se passe en Syrie et les réactions des Tunisiens, on en conclut que c’est désormais une affaire de politique intérieure. Le conflit oppose chez nous les partisans de l’islam politique, toutes couleurs confondues, aux partisans d’un Etat moderniste et nationaliste. En effet, ils voient dans le sort réservé à cet ex Etat et ex pays, ce qui aurait pu être le sort de la Tunisie si l’islam politique avait réussi à mettre sa main complétement dessus.

Les cas de la Libye, de la Syrie, de l’Irak et du Yémen ne laissent aucun doute sur notre sort, si par malheur, Ennahdha et ses dérivés reviennent au pouvoir : une guerre civile et des massacres ébranleront le pays. Alors nous disons, ce qu’un premier ministre britannique a dit : « Quand il s’agit de la sécurité de mon pays, il n’y a pas de droits de l’Homme qui tiennent ». Pour le paraphraser nous dirions : « Pour la stabilité, la sécurité et la prospérité, de notre patrie, il n’y a point de démocratie et de liberté pour les ennemis de la liberté et de la démocratie ». Les partisans d’Ennahdha ont tous applaudi l’avènement des barbares au pouvoir en Syrie, même les pseudos démocrates. La chose est entendue, point barre!

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Massacres de masse en Syrie : les Alaouites, bourreaux ou victimes?

Plus de 1 000 morts en trois jours : les violences qui ensanglantent des bastions de la minorité confessionnelle des Alaouites en Syrie prennent origine dans un demi-siècle de tensions entre la majorité sunnite et une minorité chiite dont est issue la communauté alaouite. Eclairage sur un conflit qui remonte au premier siècle de l’hégire lors de la Grande Fitna.

Cette tragédie était prévisible. Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, il y a trois mois, les  Syriens qui redoutaient ce scénario cauchemardesque, avaient espoir que leur vie reprenne son cours normal après un cycle infernal jalonné de violence, de sang et de larmes.

Hélas, la paix civile fut de courte durée quand les affrontements entre des partisans du président déchu Bachar al-Assad et les forces de sécurité du nouveau gouvernement dégénérèrent en massacre des Alaouites;  une minorité ethno-religieuse principalement installée dans la province de Lattaquié située au nord-ouest de la Syrie et dont étaient issus l’ancien président déchu et les cadres de l’ancien régime.

Folie meurtrière

Les violences ont fait en quelques jours plus de 230 morts dans les rangs des forces gouvernementales et 973 dans la population civile. La plupart, des Alaouites, auraient été victimes d’exécutions sommaires menées par les forces gouvernementales et leurs groupes alliés.

Cette folie meurtrière a-t-elle sonné le glas de la fragile transition pacifique en Syrie? Et surtout, est-il désormais envisageable de préserver l’unité nationale et la paix civile au sein d’une mosaïque de minorités religieuses uniques au Moyen-Orient : Musulmans sunnites, (environ 70 à 75 % de la population), Alaouites (10%), Chrétiens au total environ 10 % et les 5 à 10 % restants constitués de groupes ethno-religieux mineurs, notamment les Druzes (3 %), les Ismaéliens, les Mhallami, les Yézidis et les musulmans chiites duodécimains.

Alors, comment expliquer les relations à fleur de peau entre les Alaouites et les nouveaux maîtres de Damas?

Les Alaouites, ossature de l’ancien régime

Le clan al-Assad père et fils a régné d’une main de fer sur les destinées de la Syrie pendant plus d’un demi-siècle, en s’appuyant justement sur la communauté alaouite dont il est issu.

En effet, après l’indépendance de la Syrie et la montée en puissance du parti Baath, de nombreux Alaouites issus de classes rurales défavorisées rejoignent l’armée et les forces de sécurité, voyant en elles un moyen d’ascension sociale. C’est dans ce contexte que Hafez al-Assad, un officier issu de cette communauté, gravit les échelons militaires et politiques. En 1970, après un coup d’État interne au Baath, il s’empare du pouvoir et établit un régime dictatorial centré sur sa personne et son clan.

L’homme fort de la Syrie consolide rapidement son pouvoir en plaçant des Alaouites aux postes clés de l’armée et des services de renseignement. Il parvient à asseoir son autorité en écrasant toute opposition, notamment la révolte islamiste des Frères musulmans à Hama en 1982, où des milliers de personnes sont massacrées.

À la mort de Hafez en 2000, son fils Bachar al-Assad lui succède. D’abord présenté comme un réformateur, il maintient en réalité l’appareil répressif mis en place par son père. Lorsque les soulèvements du Printemps arabe atteignent la Syrie en 2011, son régime répond par une répression brutale, entraînant une guerre civile dévastatrice.

Face à une opposition majoritairement sunnite, Bachar al-Assad mobilise la communauté alaouite en lui faisant craindre un massacre en cas de chute du régime. Les Alaouites deviennent ainsi les principaux soutiens du pouvoir qui a su se maintenir au pouvoir grâce à la Russie et à l’Iran Chiite; fut-ce au prix d’un pays dévasté.

Une communauté à part

Historiquement, les Alaouites ont longtemps été marginalisés et persécutés sous l’Empire ottoman, qui privilégiait les sunnites. Ils vivaient principalement dans des montagnes reculées, ce qui leur conférait un certain isolement. Ce n’est qu’à l’époque du mandat français (1920-1946) qu’ils ont commencé à acquérir une influence notable. Les Français ont favorisé leur recrutement dans l’armée. Ce qui leur a permis d’accéder à des postes de pouvoir au sein des forces militaires et de l’administration.

Alors que les trois quarts des Syriens sont des Musulmans sunnites, les Alaouites adhèrent à une doctrine religieuse dérivée du chiisme – l’autre branche de l’islam – qui a émergé au 1er siècle de l’hégire. Celle-ci se distingue par des croyances ésotériques qui font des Alaouites un groupe à part au Moyen-Orient.

En effet, contrairement aux autres musulmans, les Alaouites vénèrent Ali, le cousin et gendre de Mahomet, considéré par les chiites comme le successeur du prophète. D’ailleurs, la branche alaouite est souvent perçue comme plus libérale, car elle n’impose à ses fidèles ni interdiction de l’alcool, ni port du voile pour les femmes. Les Alaouites ne pratiquent pas non plus strictement les cinq piliers de l’islam et rejettent le Hajj, le pèlerinage à la Mecque.

De plus, de nombreux aspects de leur foi sont tenus secrets, car transmis oralement au sein de la communauté. Alors, n’est-il pas compréhensible que cet aspect ésotérique alimente les incompréhensions, voire les soupçons de la part des Sunnites majoritaires en Syrie?

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Syrie – Violences confessionnelles : les masques sont tombés!

En Syrie, les affrontements entre des combattants pro-Assad et les forces gouvernementales ont dégénéré en massacre. La transition politique syrienne fait face à un défi majeur.

La paix civile en Syrie aura été de courte durée. Trois mois après la chute de Bachar al-Assad et son exil doré à Moscou, ce pays meurtri par 13 années de guerre civile est secoué par une série de violences confessionnelles dont la dernière en date est le massacre perpétué par le nouveau pouvoir islamiste sur pas moins de 973 civils alaouites. Et ce, dans une zone majoritairement alaouite, une minorité dont étaient issus l’ancien président déchu et les cadres de l’ancien régime.

En effet, la Syrie- ancien Bilad al-Sham, véritable carrefour de civilisations, façonné par des millénaires d’histoire et marqué par une diversité religieuse unique au Moyen-Orient- abrite depuis des siècles une mosaïque de confessions. Y coexistent une majorité de Musulmans sunnites, des Alaouites, bien que minoritaires, qui occupaient une place prépondérante dans le paysage politique depuis l’accession au pouvoir de la famille Assad et grâce au soutien de l’Iran et du Hezbollah. Mais aussi des Druzes, une communauté ésotérique issue du chiisme ismaélien. Et enfin, des Chrétiens constitués de Grecs-orthodoxes et d’Arméniens apostoliques.

Carnage

Alors que s’est-il passé au juste pour que ce modèle de pluralisme au cœur du monde arabe éclate après l’ascension du groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Cham, HTC au pouvoir?

Selon les autorités, l’escalade aurait débuté dans la nuit du jeudi 6 mars après une attaque sanglante de fidèles d’Assad contre des forces de sécurité près de la ville de Lattaquié, berceau de la minorité alaouite, branche de l’islam chiite à laquelle appartient la famille Assad.

Une vraie aubaine pour Ahmed al-Charaa, l’ancien dirigeant du HTC devenu président par intérim de la Syrie. Celui-ci lança donc en représailles une opération de ratissage à l’arme lourde dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, pour soutenir des opérations des forces de sécurité contre les pro-Assad.

Sa stratégie étant d’unifier les factions islamistes autour du HTC, officiellement dissous en janvier. Alors, rien de tel qu’une guerre contre les Alaouites, l’ancien ennemi!

Bilan : plus de 1 400 morts, dont 973 civils alaouites dont des femmes et des enfants tués par les forces de sécurité et des groupes alliés.

Tollé international

S’en est suivi  une pluie de condamnations internationales. l’ONU a appelé à la fin immédiate des tueries de civils. Les tueries de civils dans les zones côtières du nord-ouest de la Syrie « doivent cesser immédiatement », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, dans un communiqué. Il a évoqué des informations « extrêmement inquiétantes » faisant état de familles entières tuées.

De son côté, Washington a condamné les « terroristes islamistes radicaux » pour ces « massacres. Tout en appelant Damas à en poursuivre les auteurs.

« Choqué », Berlin a demandé « instamment à toutes les parties de mettre fin aux violences ». Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy a condamné les tueries « horribles » et appelé les autorités à Damas à « assurer la protection de tous les Syriens et tracer une voie claire vers la justice transitionnelle ». La France pour sa part avait « condamné avec la plus grande fermeté les exactions qui ont frappé des civils sur une base confessionnelle et des prisonniers » en Syrie. Enfin, le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X, a appelé Ahmed al-Charaa à « mettre fin aux massacres » dans l’ouest du pays. « Les zones ciblées étaient principalement habitées par des alaouites et des chrétiens. De nombreux chrétiens innocents ont également été tués. Ceux qui ont été tués n’étaient pas tous des hommes fidèles au régime, la majorité étaient des civils innocents et désarmés dont des femmes et des enfants », a affirmé l’homme d’Église.

Unité nationale?

Face à ce tollé international, le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa qui s’exprimant dans une mosquée de la capitale a annoncé hier dimanche 9 mars la formation d’une « commission indépendante » pour enquêter sur les « exactions » ayant visé des civils. Et ce, afin d’en identifier les responsables et de les traduire en justice.

« Nous devons préserver l’unité nationale, la paix civile autant que possible », a déclaré le nouveau maître de Damas. Tout en promettant de poursuivre « fermement et sans indulgence » tous ceux impliqués « dans l’effusion de sang des civils […] ou qui ont outrepassé les pouvoirs de l’État ».

« Aujourd’hui, nous nous portons garants de tout le peuple syrien et de toutes les confessions, et nous protégeons tout le monde de la même manière ». C’est ce qu’a assuré de son côté le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Al-Chaibani, en déplacement à Amman.

Plus facile à dire qu’à faire. Car le rétablissement de la sécurité étant le principal défi pour le nouveau pouvoir syrien après plus de 13 ans de guerre civile, le nouveau maître de Damas s’efforce de rassurer les minorités en appelant  ses troupes à faire preuve de retenue, afin d’éviter toute dérive confessionnelle. Mais cette ligne « modérée »  n’est pas forcement partagée par l’ensemble des factions composées en majorité de djihadistes radicaux qui opèrent sous son commandement. Ces « fous de Dieu » ne considèrent-ils pas les Alaouites comme des « ennemis de Dieu » ?

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Le spectre de la guerre civile ressurgit en Syrie

En Syrie, des centaines de personnes sont mortes dans des affrontements entre l’armée et les forces fidèles à Assad. Le spectre de la guerre civile ressurgit.

Le bilan de trois jours d’affrontements sanglants dans la région côtière de la Syrie entre les forces gouvernementales et les hommes armés fidèles au régime déchu de Bachar Al-Assad a atteint quelque 973 morts, selon un dernier bilan aujourd’hui, lundi 11 mars 2025.

Selon l’Observatoire national des droits de l’homme, 147 morts ont été enregistrés dès le premier jour, ajoutant que les forces gouvernementales sunnites ont exécuté sommairement des dizaines de miliciens alaouites – une branche du chiisme à laquelle appartiennent les clans au pouvoir en Syrie depuis des décennies – dans les localités de l’arrière-pays côtier syrien, dans la région de Lattaquié.

Selon l’Ong, le premier jour, 37 personnes ont été tuées dans les rangs gouvernementaux et les attaques contre la ville de Jableh et les villages proches de la côte méditerranéenne sont «les plus violentes contre les nouvelles autorités depuis la chute d’Assad» en décembre dernier.

L’escalade aurait également causé des dommages aux infrastructures critiques.

Des vols effectués dans les maisons des victimes et des flux de réfugiés syriens vers le Liban voisin sont également signalés, alors que le pouvoir en place, contrôlé par l’ancien chef terroriste Ahmed Charaa, cherche à se dérober à ses responsabilités dans les massacres enregistrés, se contentant de parler de la mise en place d’une commission d’enquête sur les violences en cours.

L’Unicef s’est dit «profondément alarmé par la récente vague de violence dans les zones côtières de la Syrie, qui aurait coûté la vie à au moins 13 enfants, dont un bébé de six mois.»

C’est ce qu’a déclaré le directeur régional de l’Unicef ​​pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Edouard Beigbeder, qui fait écho à l’appel à la modération du secrétaire général des Nations Unies pour éviter de nouvelles pertes en vies humaines. «Nous exhortons toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités et à respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, poursuit Beigbeder. Il est essentiel de prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils, en particulier les enfants, et sauvegarder les infrastructures civiles essentielles, telles que les hôpitaux. La violence continue souligne la nécessité urgente de respecter ces lois et de garantir un accès rapide, sûr et sans entrave aux travailleurs humanitaires pour fournir des services vitaux aux personnes touchées par les combats».

L’Unicef appelle toutes les parties à «donner la priorité à la réconciliation et à s’engager en faveur d’une transition politique pacifique, garantissant que les enfants syriens puissent survivre, s’épanouir et réaliser leur plein potentiel. Les enfants syriens ont assez souffert. Ils ont le droit de vivre en paix et d’espérer un avenir meilleur.»

I. B.

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