
Au regard des chiffres fournis sur la masse salariale dans la fonction publique lors de l’adoption de la loi de finances 2025, la Tunisie aurait satisfait pleinement une condition exigée par le Fonds monétaire international (FMI) pour l’octroi de facilités de la Tunisie. La masse salariale programmée pour l’année en cours est estimée à 13,3% du PIB, contre 13,6% en 2024, soit en valeur 24 389 MDT.
Quant on sait que dans le programme de réformes présenté par le gouvernement tunisien et refusé par le conseil d’administration du FMI en décembre 2022, le Fonds a exigé de la Tunisie de faire tomber le taux de la masse salariale de 16,1% en 2020 à 14,5% du PIB, nous pensons que la Tunisie, avec une masse salariale représentant 13,3% du PIB, a franchi d’importants pas sur cette voie.
Cette amélioration de la situation a encouragé le gouvernement tunisien à programmer, en 2025, le recrutement de plus de 21.000 personnes dans la fonction publique, à programmer, au grand bonheur des diplômés chômeurs, des concours publics et à remédier, ainsi, au manque de personnel relevé dramatiquement en 2024, dans les services publics.
Le besoin de recruter s’est fait ressentir
Est il nécessaire de rappeler, juste à titre indicatif, que durant l’année écoulée, quelque 5300 postes non pourvus ont été signalés dans les collèges et lycées, que l’armée, à défaut de ressources humaines ne pouvait pas protéger les frontières ce qui permis à plus de 80 mille migrants de traverser la frontière, que les hôpitaux, par l’effet de manque de personnel (fuite de médecins et de cadres paramédicaux à l’étranger à la recherche de meilleures rémunérations) ne pouvaient pas assurer des prestations acceptables…
La masse salariale programmée pour l’année en cours est estimée à 13,3% du PIB, contre 13,6% en 2024, soit en valeur 24 389 MDT.
Par département ministériel, celui de l’éducation accaparera 28,7% du budget dédié à ces nouveaux recrutements. Il sera suivi des ministères de l’Intérieur (17,3%), de la Défense nationale (12,1%) , de la Santé (11,6%), de l’Enseignement supérieur (6,7%), des Finances (4,6%, de la Justice (3,4%) et de l’Agriculture (2,9%, soit 702 MTND).
Dans le détail, la loi de finances 2025 prévoit le recrutement de 21 376 personnes réparties comme suit:
- Education : 9 207 nouveaux emplois,
- Santé : 3 500 postes essentiellement pour les médecins,
- Défense nationale : 2 778 postes,
- Intérieur -Police : 1 529 postes,
- Justice : 1 080 postes,
- Finances : 863 postes,
- Jeunesse et sports : 700 postes
- et les autres ministères : 1 719 postes.
À cela il faudrait ajouter la régularisation de la situation des employés des chantiers et des enseignants suppléants.
Conséquence : l’effectif total de la fonction publique en Tunisie pour 2025 sera aux alentours de 680 000 agents. Ainsi, contrairement aux idées reçues quant au catastrophisme colporté à propos du personnel pléthorique dont souffrirait la Fonction publique et contrairement à l’approche comptable des bailleurs des fonds qui pensent que la masse salariale en Tunisie est une des plus élevées au monde, ce chiffre serait, d’après certains observateurs de la chose tunisienne c’est loin de subvenir aux besoins réels du pays en personnel.
Les recrutements interviennent 8 ans après leur suspension
Il faut dire qu’avec une masse salariale représentant 13,6% du PIB, la Tunisie revient de très loin. Et pour cause.
Rappelons que cette amélioration de la situation intervient 8 ans après la décision du gouvernement de Youssef Chahed de réduire, à partir de 2017, l’effectif de la fonction publique jugé pléthorique et satisfaire un tant soit peu le FMI, et ce, en suspendant depuis les recrutements dans la fonction publique, de ne pas remplacer les partants à la retraite et d’instituer un programme de départ à la retraite.
Le Fonds a exigé de la Tunisie de faire tomber le taux de la masse salariale de 16,1% en 2020 à 14,5% du PIB.
Avant 2011, le gouvernement recrutait dans la fonction publique en moyenne quelque 18.000 fonctionnaires par an, et remplaçait, régulièrement, ceux qui partaient à la retraite. Si on s’amuse à faire le calcul des emplois non créés depuis 2017 jusqu’à fin 2024, ceux supprimés par l’effet des départs à la retraite et non remplacés, on pourrait les estimer à environ 150 000, soit l’équivalent des fonctionnaires et agents intégrés, sans discernement, en 2011. Et si on leur ajoute les décès de 20 mille retraités en moyenne par an, durant la période de huit ans, les caisses de l’Etat devraient être logiquement soulagées.
Malheureusement, les gouvernements qui se sont succédé, depuis 2017, n’ont jamais communiqué sur les résultats de cette décision. Même le sérieux Institut national de la statistique, apparemment toujours aux ordres, n’a jamais osé s’en charger.
Cette amélioration de la situation a encouragé le gouvernement tunisien à programmer, en 2025, le recrutement de plus de 21.000 personnes dans la fonction publique.
Et même le fameux redéploiement de l’effectif pléthorique des fonctionnaires vers des services publics plus utiles (contrôle économique, douane, recouvrement fiscal,…) dont l’ancien ministre chargé des Grandes réformes, Taoufik Rajhi en avait fait son dada, n’a pas abouti à grand-chose.
Il a fallu l’apprentissage par le choc, voire la manifestation du besoin urgent de recruter pour que le gouvernement bouge.
Abou SARRA
EN BREF
Recrutements dans la fonction publique tunisienne en 2025
21 376 nouveaux recrutements annoncés après 8 ans de gel.
Masse salariale en baisse : 13,3% du PIB en 2025 contre 16,1% en 2020.
Secteurs prioritaires :
Éducation : 9 207 postes
Santé : 3 500 postes (médecins en priorité)
Défense & Intérieur : 4 307 postes
Objectif : combler le manque de personnel dans les services publics..
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