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ECLAIRAGES – L’inflation? Quelle inflation?

Depuis plusieurs décennies, la Tunisie fait face à des défis économiques sans précédent. Economistes et analystes, en Tunisie et ailleurs, ont souvent présenté des graphiques illustrant l’état de l’économie tunisienne, mettant en lumière la dégradation de notre situation par rapport à d’autres pays émergents.

Ils ont également observé les indicateurs d’inflation qui, mois après mois, témoignent d’une montée inexorable des prix, notamment des produits essentiels.

Mais pourquoi, dans le paysage médiatique tunisien, a-t-on souvent négligé de rappeler que la situation économique est devenue alarmante pour une grande partie de la population?

Les Tunisiens, qui vivent au quotidien les augmentations incessantes des prix de première nécessité, ressentent l’impact de l’inflation bien plus intensément que les chiffres ne le reflètent.

Pourtant, ceux d’entre nous qui ont vécu les épisodes d’inflation des décennies passées (1960, 1980, 2011) savent que cette réalité est souvent synonyme de troubles économiques et sociaux.

En Tunisie, l’inflation ne se limite pas à des chiffres sur un graphique. Elle se manifeste aussi dans le quotidien des citoyens qui voient leur pouvoir d’achat diminuer de manière préoccupante.

Les augmentations des salaires réels, lorsqu’elles existent, n’ont que peu d’impact sur les ressentis de la population. Car les Tunisiens ne se fient pas aux indicateurs officiels publiés par les administrations. Ils se forment leur propre opinion sur la cherté des prix à travers leurs expériences de consommation, que ce soit sur les marchés locaux ou dans les supermarchés.

N’est-il pas temps de tirer un enseignement important de la situation actuelle en Tunisie? A savoir que l’inflation est un phénomène ressenti au quotidien, jour après jour, dans chaque transaction.

N’est-il pas temps de réaliser que les citoyens ne se préoccupent pas des chiffres avancés par les économistes ou les institutions? Et que ce qui compte pour eux, c’est ce qu’ils paient à la caisse.

En ce mois de Ramadan, cette réalité met en exergue un fait essentiel : le consommateur tunisien n’est pas un économiste. Il vit les conséquences des décisions économiques sur le terrain et sa voix doit être entendue.

Un autre point à prendre en compte est que, en dehors de la crise économique transitionnelle aiguë, l’inflation a un impact plus vaste que le chômage (16 %), qui, pour sa part, ne touche qu’une partie de la population.

Dans un pays comme la Tunisie, même dans des périodes difficiles, une majorité des travailleurs continuent d’être actifs sur le marché de l’emploi (formel et informel). Cela souligne un fait, peut-être nouveau, mais incontournable : la population tunisienne pourrait préférer une croissance économique plus modérée si cela signifie que l’inflation est maîtrisée.

Par conséquent, la stabilité des prix prend une place prépondérante dans les préoccupations des citoyens, se révélant parfois même comme une priorité sur l’emploi lui-même.

L’économie tunisienne, malgré les défis qu’elle continue de rencontrer, a commencé à montrer des signes de reprise. Et ce, notamment grâce à des initiatives visant à attirer des investissements étrangers, une certaine relance du secteur touristique et une volonté claire de réformer l’économie.

Néanmoins, ces progrès sont souvent éclipsés par une inflation persistante, qui découle des décisions des responsables peinant à stabiliser les marchés et à lutter contre la spéculation. Les véritables entrepreneurs, qu’ils soient de grande ou de petite taille, sont souvent considérés comme les véritables moteurs de la création de richesse.

Cependant, il est tout aussi important que les consommateurs prennent conscience que des actions concrètes pour lutter contre l’inflation nécessitent leur engagement, par exemple en boycottant les points de vente qui ne respectent pas l’affichage des prix.

Enfin, n’est-il pas temps de comprendre que la gestion de l’inflation est une priorité sociale qui requière la participation de chacun et de chacune?

À bon entendeur…

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGES – Tunisie Notation: Signes de reprise mais les défis persistent

L’agence de notation américaine Moody’s vient de relever la note souveraine de la Tunisie, la faisant passer de « CAA2 » à « CAA1 » avec une perspective stable. Ce changement met en lumière la stabilité financière du pays et des déficits de compte courant historiquement faibles.

De plus, la notation de la dette senior non garantie de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a également été améliorée.

Cette évolution suggère une amélioration du profil d’amortissement de la dette extérieure du secteur privé et souligne la capacité de la BCT à maintenir des réserves de change stables. Par conséquent, les besoins de financement extérieur de la Tunisie sont désormais moins importants et mieux couverts, tandis que la réduction progressive des déficits budgétaires contribue à atténuer le risque de remboursement, bien que certaines contraintes de financement persistent.

Les faits stylisés …

Une analyse des indicateurs monétaires et financiers au 28 février 2025 révèle que l’économie tunisienne oscille entre des signes de reprise encourageants et des défis persistants. Des problèmes structurels, tels qu’un chômage élevé, une dette publique croissante et des déséquilibres budgétaires, continuent d’inquiéter.

Le premier fait stylisé, le solde du compte courant du trésor a enregistré une baisse préoccupante, atteignant 2029,5 millions de dinars tunisiens (MDT). Cela souligne la nécessité d’une réévaluation de la gestion des finances publiques. Les dépenses continuent d’augmenter, tandis que les recettes stagnent, compromettant ainsi la capacité de l’État à financer ses priorités. Il est donc temps de réexaminer la structure des dépenses et d’adopter des mesures d’austérité ciblées pour encourager les investissements dans des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures.

Le deuxième fait stylisé, le solde des comptes ordinaires des banques a chuté à 253,6 MDT, indiquant une contraction de la liquidité bancaire, ce qui pourrait nuire à la capacité des entreprises et des ménages à disposer des liquidités nécessaires à leurs opérations. Il serait opportun pour la BCT d’envisager des mesures proactives pour stimuler cette liquidité, notamment à travers des politiques de refinancement et des incitations à l’épargne.

En outre, la masse monétaire en circulation a atteint 23 249 MDT, en hausse, ce qui pourrait soutenir la consommation. Néanmoins, cette augmentation soulève des préoccupations parmi les acteurs économiques concernant les tensions sur les capacités et le risque d’inflation. Il est temps que la BCT veille à ce que cette croissance de la masse monétaire soit accompagnée d’une amélioration correspondante de la capacité d’offre et de la production, afin d’éviter une érosion du pouvoir d’achat des ménages.

Le troisième fait stylisé, le taux d’intérêt directeur est maintenu à 8 % pour contrôler l’inflation tout en soutenant la croissance, comme l’indiquent les communiqués de la BCT. Cependant, cette décision risque de décourager les investissements. Il serait donc judicieux que la BCT suive de près l’évolution des indicateurs économiques afin d’envisager une éventuelle réduction des taux d’intérêt, ce qui pourrait relancer l’investissement.

Le quatrième fait stylisé, les recettes touristiques ont connu une forte augmentation, atteignant 801,8 MDT. Cette reprise témoigne d’une confiance croissante des consommateurs et d’un redémarrage du secteur touristique. Il est essentiel de maintenir cette dynamique en renforçant les infrastructures et en garantissant la sécurité pour attirer davantage de visiteurs.

Par ailleurs, les revenus du travail, estimés à 1 075,4 MDT, ont également enregistré une hausse significative, ce qui est de bon augure pour le pouvoir d’achat des ménages. Cependant, le service de la dette extérieure, évalué à 4 901,4 MDT, en augmentation, soulève des inquiétudes quant à la soutenabilité de la dette publique.

Le cinquième fait stylisé, Les avoirs nets en devises, qui s’élèvent à 23 282,6 MDT, offrent une couverture d’environ 102 jours d’importation. Bien que cette situation soit relativement stable, la diminution du nombre de jours de couverture par rapport à l’année précédente appelle à une vigilance accrue pour garantir la sécurité des réserves de change.

 

… Et les perspectives

À court terme (2025), il est crucial d’implémenter un ensemble de mesures visant à consolider le budget, en optimisant les dépenses publiques, en améliorant la collecte des recettes et en renforçant le soutien aux secteurs stratégiques comme le tourisme et l’agriculture. Parallèlement, la BCT pourrait stimuler la liquidité bancaire pour faire face à la contraction actuelle.

À moyen terme (2026-2027), il est impératif de prioriser les réformes structurelles en cours, notamment la simplification des démarches administratives, l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la corruption. La diversification économique et une gestion rigoureuse de la dette doivent également être envisagées pour réduire la dépendance à des secteurs fragiles.

L’économie tunisienne se trouve à un carrefour où des signes de reprise coexistent avec des défis majeurs. En mettant en œuvre des politiques socialement responsables, adaptées à un moment charnière, les décideurs sont appelés à renforcer la résilience économique et à garantir une stabilité sociale durable.

 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

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