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 ‘‘War’’: Biden le jésuite, ou l’enfer pavé  de bonnes intentions

Exprimant le politiquement correct cher à l’establishment américain et croyant pouvoir contribuer à empêcher le retour au pouvoir de l’Amérique populiste, brouillonne et fasciste de Donald Trump, le célèbre journaliste américain Bob Woodward nous dépeint dans son dernier livre, ‘‘War’’, publié avant la dernière présidentielle américaine un Joe Biden qui s’apparente plus à un jésuite maître du double langage qu’au chrétien charitable qu’il prétend être. Mais du côté des infidèles que nous sommes, l’un ou l’autre, c’est Hadj Moussa et Moussa Hadj.

Dr Mounir Hanablia *

Quel a été le bilan du Président américain Joe Biden? Il est sans doute trop tôt pour l’évaluer. L’impression première est celle d’un président aligné comme aucun président ne l’avait jamais été sur de présupposés atlantistes en Ukraine et sionistes en Palestine, qui n’a pas résisté à sa vieillesse et qui a fini par remettre en selle son vieux challenger Donald Trump, celui dont plusieurs membres de l’establishment étatsunien considèrent l’accès à la présidence comme absolument catastrophique pour les intérêts de  leur pays.

Si on s’en réfère à la récente performance de Trump face à Zelenski, humilié et tourné en ridicule, on peut considérer que le nouveau président américain n’a pas dérogé à sa promesse de prendre à contre-pied la politique de son prédécesseur, dont le prestige avait été d’emblée terni par le catastrophique retrait d’Afghanistan et le fiasco des services de renseignement sur l’effondrement immédiat du régime afghan fantoche face aux talibans après le retrait militaire américain.

Bob Woodword s’efforce à travers les pages du livre d’opposer un Biden attaché aux valeurs morales et juridiques d’un ordre international prédictible, au comportement impulsif ou compulsif d’un Trump que son égo surdimensionné empêche d’écouter la voix de conseillers choisis d’ailleurs avant tout pour leur soutien indéfectible et dont on ignore s’ils sont à même de lui prodiguer les conseils nécessaires.

On apprend ainsi que loin d’être l’anti-guerre qu’il se vante d’être, ce dernier n’avait pas hésité à conduire son pays au seuil de l’affrontement nucléaire avec la Corée du Nord que seul le sang froid d’une poignée de généraux avait évitée. 

A contrario, Biden avait tout fait pour dissuader le Président russe de recourir aux armes nucléaires, face aux difficultés militaires de son armée en Ukraine. Ainsi, il y aurait eu les deux méchants parce qu’imprévisibles, Trump et Poutine, auxquels on peut sans hésiter associer le pire parmi tous, Benjamin Netanyahu, le criminel de guerre israélien, qui n’offre à la population civile palestinienne et Gaza et dans les territoires occupés que deux alternatives : l’exode ou la mort.

Dichotomie entre le discours et les actes  

Cependant, Biden avait-il proposé autre chose lors de son séjour à Jérusalem dans un hôpital palestinien, lorsque face à ses interlocuteurs rappelant les malheurs issus de l’occupation, il avait répondu que lui-même était un fils d’immigrés irlandais?

Il y aurait suffisamment matière à discussion pour savoir si les politiques russe et israélienne seraient aussi imprévisibles du moment que les intérêts géostratégiques des uns et des autres ont toujours été clairement définis.

Tout compte fait, c’est la dichotomie entre le discours soucieux du respect du droit international et de la protection des civils, et les actes du gouvernement américain livrant des dizaines de milliards de dollars en armement qui doivent être notés.

La guerre en Ukraine, brillamment annoncée par le renseignement américain plusieurs semaines avant ses débuts, n’a pas pris l’Administration Biden de cours. Elle  est peut-être née de l’esprit de Poutine désirant passer à la postérité comme l’a été Pierre le Grand, en tant que héros russe, et il n’est nul besoin d’être un dictateur pour nourrir de tels rêves. 

C’est bien le refus américain de fournir des garanties contre l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, qui a précipité l’agression militaire russe. Les Américains ne pouvaient pas permettre à la Russie de remettre en cause le nouvel équilibre européen issu de l’effondrement de l’Union Soviétique.

Ainsi qu’on l’apprend incidemment dans le livre, le président américain peut se targuer à la fin de sa présidence d’avoir infligé des dommages irréparables à la puissance de la Russie par le biais du conflit militaire et des sanctions économiques auxquelles ses alliés européens se sont associés.

Un soutien militaire indéfectible aux Israéliens

Si on s’en réfère à la guerre à Gaza, on ne peut que souligner le soutien militaire indéfectible accordé aux Israéliens dans leur entreprise d’épuration ethnique.

L’auteur du livre souligne toute la défiance de l’administration américaine, en particulier ses services de renseignement, aux thèses israéliennes. Celle-ci se targue d’avoir évité une attaque préventive contre le Hezbollah dont le prétexte aurait été un vol d’oiseaux perçu sur les radars comme une attaque de drones.

En réalité, c’est le Hezbollah qui, en prenant les devants et en ouvrant les hostilités, a imposé à l’état-major sioniste la modification de ses plans, une réalité totalement occultée par l’auteur du livre et qui semble lui avoir échappé.

Les Israéliens tout en continuant la destruction méthodique de Gaza ont préparé leur future attaque contre le Sud Liban, et ils n’auraient pu mener une guerre de cette ampleur et sur une aussi longue durée sans l’appui financier logistique méthodique et systématique de l’allié américain, et même de ses firmes high tech, à l’instar de Microsoft, dont on a appris plus tard qu’elle a participé directement à la guerre aux côtés de l’armée israélienne, sans doute en lui fournissant les données nécessaires à ses opérations de ciblage et de destruction du commandement de ses adversaires. Biden a bien qualifié Netanyahu de menteur et de foutu «trou du c.», mais dans le même esprit de Franklin Roosevelt parlant de l’ancien dictateur du Nicaragua Somoza : «cet homme est un foutu trou du c., mais c’est notre trou du c.». Et si Netanyahu a été près de mettre le feu aux poudres au Moyen-Orient, en tuant deux généraux iraniens dans un bombardement à Damas, il est difficile d’opposer à cela une volonté de désescalade du Président Biden après lui avoir fourni toute l’aide nécessaire pour le faire, de circonscrire l’affrontement à Gaza et de protéger les civils. Force est de constater que depuis lors les bases américaines ont été attaquées et des soldats sont morts.

C’est Hadj Moussa et Moussa Hadj

Un autre volet traité par le livre est celui de la frontière Sud des Etats-Unis probablement à cause de son incidence sur la campagne présidentielle (dont les résultats ne sont pas traités par l’auteur). Il est curieux de comparer l’afflux de plusieurs centaines de milliers de personnes cherchant du travail et fuyant des pays calamiteux à la  guerre. Mais ici c’est le langage de Trump qui finit par s’imposer même si l’auteur crédite l’ancien président de sa volonté de respecter une nouvelle fois le droit international des réfugiés et de ne pas recourir aux moyens que son adversaire républicain promet, de reconduire manu militari les étrangers à la frontière, de les parquer dans des camps de concentration et de ne pas hésiter pour ce faire à séparer les enfants de leurs parents.

On sort de cette lecture avec une impression d’un ouvrage écrit dans l’urgence avant les élections présidentielles pour parer à une menace, celle du retour au pouvoir d’un homme, Donald Trump, considéré comme catastrophique et pouvant remettre une nouvelle fois en question les fondements de la démocratie américaine.

Dans ce cas, les opinions exprimées sur l’Ukraine et Gaza ne l’ont pas été dans le but d’écrire l’Histoire, mais de faire l’apologie du président sortant trahi par son âge ainsi que par sa volonté de sauver à tout prix son fils Hunter. Kamala Harris est ainsi présentée comme se situant dans la continuité d’une politique américaine rationnelle et responsable.

L’ouvrage est plus révélateur de l’auteur, inséré en tant qu’ancien journaliste du Washington Post dans l’establishment médiatique américain et exprimant le politiquement correct, contre la perspective du retour au pouvoir de l’Amérique populiste, brouillonne et fasciste de Trump. Le Biden dépeint s’apparente plus à un jésuite maître du double langage qu’au chrétien charitable qu’il prétend être. Mais du côté des infidèles que nous sommes, l’un ou l’autre, c’est Hadj Moussa et Moussa Hadj.         

* Médecin de libre pratique.

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Ukraine – Russie | De quelles garanties parle-t-on ?

Lorsque le président ukrainien Volodomyr Zelenski exige des garanties de paix avant de s’engager à signer un cessez-le-feu, il a sans doute de bonnes raisons de le faire, Vladimir Poutine n’étant pas un adversaire commode et digne de confiance, mais ces garanties de paix ne doivent-elles pas être discutées autour d’une table de négociation… après un cessez-le feu ? (Illustration : Zelensky serait bien inspiré de reprendre langue avec Poutine pour négocier une paix juste et durable).

Habib Glenza écrit de Lodz, Pologne.

Ce cessez-le-feu ne semble pas encore à l’ordre du jour, car aussi bien l’Ukraine que l’Union européenne (UE) semblent vouloir continuer la guerre sur leur franc est, en dépit de la bouée de sauvetage que leur a tendue le président Donald Trump, qui s’est donné pour mission première de mettre définitivement un terme à ce conflit insensé qui a coûté la vie a plus d’un million de personnes des deux côtés.

Il faut donc d’abord se mettre d’accord sur un cessez-le-feu, s’asseoir ensuite autour d’une table de négociation pour d’éventuelles concessions réciproques. Ce dont nous sommes aujourd’hui très loin. Aussi exiger des garanties de paix, comme le font avec entêtement de l’Ukraine et l’UE, équivaudrait-il à la continuation de la guerre.

La Crimée et les régions du Donbass, occupées par la Russie, pourront-elles être rendues à l’Ukraine au terme d’une éventuelle négociation, comme l’espèrent certains ? 

Nous ne le pensons pas. Car ce n’est pas à la partie qui a perdu la guerre, ou qui a, d’une certaine façon, provoqué la guerre sans parvenir à la remporter, de dicter ses conditions.

Dans la gueule de l’ours russe

De l’avis du président américain, l’Ukraine n’aurait jamais dû provoquer cette guerre, en demandant d’adhérer à l’UE et à l’Otan, tout en sachant que la Russie s’y opposerait par tous les moyens. Le président américain va d’ailleurs jusqu’à reconnaître que c’est l’administration Biden et les Européensqui ont poussé l’Ukraine dans la gueule de l’ours russe. Et il n’a pas totalement tort sur ce point.  

Pour mieux comprendre la genèse du conflit russo-ukrainien, il faut remonter le cours de l’histoire. Beaucoup pensent que c’est la Russie qui a agressé l’Ukraine le 24 février 2022, ce qui n’est pas totalement faux, mais il faut admettre aussi que ce conflit remonte à 35 ans, lorsque James Baker avait promis à Gorbatchev, le 9 février 1990, que l’Otan ne s’étendra pas  davantage à l’Est. Cette promesse a été donnée dans un contexte où le pacte de Varsovie existait encore, mais la disparition du bloc soviétique suffit-elle pour justifier son non-respect par les Occidentaux ?

Eviter une 3e guerre mondiale

Les garanties de paix que pourraient donner aujourd’hui les Russes aux Ukrainiens auraient-elles plus de valeur que celles données en 1990 par les Occidentaux à la Russie?  Que ce soit à l’est ou à l’ouest, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Tout est affaire de rapports de forces.  Et dans ce contexte, l’extension de l’Otan jusqu’aux frontières de la Russie, envisagée un moment par l’Alliance atlantique, est perçue comme un danger existentiel par Poutine, tout comme ce fut le cas en 1961 avec l’affaire de l’installation de missiles nucléaires soviétiques à la Baie des Cochons, à Cuba, non loin des côtes des Etats-Unis.

En ce temps-là, John F. Kennedy et Nikita Chruszczow ont su éviter une 3e guerre mondiale qui aurait pu être déclenchée par une invasion de Cuba par l’armée américaine. C’est à cet épisode qu’a fait allusion Trump lorsqu’il a accusé Zelensky, lors de leur dernière rencontre à la Maison Blanche, de vouloir provoquer une 3e guerre mondiale.

Il suffit d’imaginer les conséquences de l’installation d’une base militaire américaine à Taïwan ou d’une base militaire russe au Canada ou au Mexique pour comprendre – sans la justifier – la réaction violente de Moscou au projet d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan! 

Au final, les garanties demandées par l’Ukraine et l’UE n’auront pas plus de valeur que la promesse faite par James Baker aux Russes en 1990, ni celle donnée à la Russie par les Occidentaux en 2015 au moment des accords de Minsk I et de Minsk II.

La seule garantie qui compterait aujourd’hui c’est le rétablissement de la confiance entre la Russie et l’Ukraine et le retour aux relations politiques et économiques entre les deux voisins telles qu’elles étaient avant le conflit.

Par ailleurs, l’Occident doit renoncer au projet d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, car ce projet est la principale cause de la, guerre russo-ukrainienne.    

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