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L’expansionnisme agressif, nouvelle stratégie militaire israélienne

Israël a adopté une stratégie militaire risquée basée sur l’expansion géographique et qui se concrétise actuellement sur le terrain en Syrie, au Liban, à Gaza et en Cisjordanie. Les responsables militaires et sécuritaires israéliens parlent d’«une stratégie différente de gestion des risques» ce qui signifie qu’Israël n’agira pas sur la base de ce que ses services de renseignement estiment que ses ennemis planifient à court terme mais sur la base de leurs capacités potentielles. C’est un nouvel épisode de tensions du conflit israélo-arabe qui s’ouvre, la paix n’étant pas encore à l’ordre du jour de l’Etat hébreu qui bénéficie, dans le contexte trouble où se trouve le monde aujourd’hui, d’une carte blanche des pays occidentaux pour pousser son avantage autant qu’il le peut et le veut. 

Imed Bahri

Dans une enquête qu’il a consacrée à cette nouvelle stratégie israélienne, le magazine britannique The Economist rappelle que la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza avec lequel Israël et le Hamas ont convenu de mettre officiellement fin à la guerre devait commencer le 2 mars mais l’Etat hébreu a refusé d’entamer les négociations auxquelles il s’était engagé dans l’accord de janvier. Au lieu de cela, il exige une prolongation de la première phase de la trêve au cours de laquelle il veut que le Hamas libère les 59 détenus restants. 

Afin d’accroître la pression sur le Hamas et de le forcer à accepter l’amendement de l’accord, Israël a empêché l’aide humanitaire d’entrer dans la bande de Gaza déchirée par la guerre.

Le magazine britannique estime que la suspension de l’accord fait partie d’un changement stratégique plus large dans lequel l’armée israélienne tente de maintenir une large présence géographique y compris dans des zones non soumises à Israël. Elle a commencé à établir ce qu’elle entend être des «zones tampons» non délimitées sur quatre fronts : à Gaza, aux frontières avec le Liban, en Syrie, et en Cisjordanie.

Israël bénéficie d’une carte blanche de l’administration Trump

The Economist estime que cette décision est motivée par le chaos qui règne dans ces lieux, le choc continu de l’opération Déluge d’Al-Aqsa déclenchée le 7 octobre 2023, ainsi et surtout la pression des partis de droite de la coalition au pouvoir dirigée par Benjamin Netanyahu.

Cette situation est motivée également par la confiance dont bénéficie Netanyahu de la part de l’administration de Donald Trump qui n’a jusqu’à présent montré aucun signe de volonté de freiner l’expansion menée par l’armée israélienne et qui a levé les sanctions contre les colons ayant commis des crimes en Cisjordanie. 

La trêve de Gaza n’est pas le seul accord avec Israël à avoir échoué. Selon les termes d’un cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis entre Israël et le Hezbollah libanais, qui contrôlait certaines parties du Liban jusqu’à la guerre contre Israël l’année dernière, les forces israéliennes étaient censées quitter le territoire libanais à la fin du mois de janvier. Israël a exigé une prolongation du délai jusqu’à ce que l’armée libanaise ait achevé son contrôle sur la zone. Mais même après l’expiration de ce délai, le 18 février, Israël reste stationné dans cinq positions fortifiées dans le sud du Liban, invoquant pour justifier ce retard la nécessité de protéger les communautés israéliennes proches de la frontière avec le Liban.

Certes, le retour des combattants du Hezbollah dans le sud pourrait facilement mettre à nouveau le pays en danger. Le gouvernement israélien affirme que l’armée évacuera ces sites une fois qu’il sera certain que l’armée libanaise sera en mesure de sécuriser la frontière et d’empêcher le Hezbollah d’y pénétrer. Mais on ne sait pas encore si ces forces seront en mesure de mener à bien cette tâche et Israël n’a pas non plus fixé de date ni de conditions concernant sa confiance dans l’armée libanaise.

Israël réoccupe le Liban et la Syrie

Plus à l’est, sur les hauteurs du Golan, le cessez-le-feu avec la Syrie a également été rompu. L’accord a été signé avec le régime de Hafez Al-Assad en 1974. Lorsque les forces d’opposition ont chassé son fils Bachar du pouvoir, en décembre 2024, l’armée israélienne a traversé la frontière vers les hauteurs du Golan et occupé le territoire syrien. La justification initiale de cette action était l’absence de forces reconnues à la frontière. Hayat Tahrir Al-Cham a établi un gouvernement à Damas mais il n’a pas établi de contrôle sur toute la Syrie où des groupes rivaux sont toujours actifs. L’armée israélienne a commencé à construire des positions permanentes en Syrie.

Le 23 février, Netanyahu a déclaré qu’Israël ne permettrait pas aux forces de Hayat Tahrir Al-Cham ou à la Nouvelle armée syrienne d’entrer dans la zone au sud de Damas. Il a appelé à un désarmement complet des forces du nouveau régime dans le sud de la Syrie dans les provinces de Quneitra, Deraa et Soueida. 

Enfin, les forces israéliennes ont bafoué les accords précédents dans les villes palestiniennes de Jénine et de Tulkarem en Cisjordanie où environ 40 000 civils ont été contraints de quitter leurs maisons en raison des opérations israéliennes en cours contre les groupes armés. Les deux villes font partie de la «zone A» attribuée à l’Autorité palestinienne en vertu des accords d’Oslo II signés en 1995. Le 29 janvier, le ministre israélien de la Défense Yisrael Katz a déclaré: «Une fois l’opération terminée, les forces de Tsahal resteront dans le camp pour s’assurer que le terrorisme ne revienne pas»

Les responsables de la sécurité israélienne affirment que les événements des 17 derniers mois obligent Israël à adopter ce qu’ils appellent une «stratégie différente de gestion des risques» ce qui signifie qu’Israël n’agira pas sur la base de ce que ses services de renseignement estiment que ses ennemis planifient à court terme mais sur la base des capacités potentielles de ces derniers.

À l’heure actuelle, l’expansion de la présence militaire israélienne peut être durable et sans réaction violente. Le Hezbollah et le Hamas sont dans une situation de stagnation après les campagnes dévastatrices lancées par Israël à Gaza et au Liban. Le gouvernement Hayat Tahrir Al-Cham à Damas a d’autres priorités, en l’occurrence éviter l’effondrement de l’économie syrienne et le glissement du pays vers le chaos ou la guerre civile.

Le casse-tête du Hamas à Gaza

Gaza reste la principale source d’inquiétude. Le Hamas ne s’inquiète pas d’une reprise de la guerre puisqu’il a repris le contrôle de la bande de Gaza par les civils et reconstruit ses forces affaiblies par la guerre. Toutefois, si le groupe continue de refuser de modifier les termes de l’accord, Israël se prépare à lancer une nouvelle attaque massive à Gaza. Selon des officiers israéliens, cela pourrait ouvrir la voie à un plan annoncé pour la première fois par Donald Trump visant à expulser la population de Gaza et à construire une Riviera au Moyen-Orient.

Aucune décision n’est attendue jusqu’à ce que l’envoyé de Trump, Steve Witkoff, revienne dans la région pour chercher un nouvel accord. Cependant, les risques de guerre semblent réels.

The Economist estime que l’expansion de la présence israélienne sur ces fronts sera très coûteuse à long terme. D’un côté, la présence israélienne continue donne au Hezbollah un prétexte pour maintenir ses capacités militaires malgré la pression du nouveau gouvernement libanais en faveur du désarmement.

Pour Israël, le fardeau que représente le maintien de cette présence plus étendue sera lourd, à la fois financièrement et pour maintenir les niveaux de mobilisation des réservistes dont beaucoup entament leur quatrième mission depuis le début de la guerre à Gaza. Cela dépend également du soutien continu de l’administration Trump notoirement erratique.

Dans le même contexte, l’expansion de l’armée israélienne et son occupation de nouvelles terres arabes exposent Israël à un ensemble d’opportunités non dénuées de risques.

Depuis la signature de son premier traité avec un État arabe, l’Égypte, en 1978, Israël s’efforce d’équilibrer la dissuasion militaire et les manœuvres diplomatiques. Ce traité, ainsi qu’un autre avec la Jordanie, ont réussi à résister aux événements dont la région a été le théâtre. Les nouveaux gouvernements syrien et libanais souhaitent s’engager auprès de l’Occident et prouver qu’ils ne sont plus un refuge pour les groupes mandatés par l’Iran. Par conséquent, l’occupation continue de leurs territoires ne constitue peut-être pas un bon début pour améliorer ces relations.

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