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Ridha Chkoundali : « La Tunisie doit recourir à des réformes courageuses pour consolider sa notation »

La Tunisie vient de voir sa notation financière relevée par l’agence Moody’s passer de CAA2 (risque spéculatif élevé) à CAA1; tout en maintenant des perspectives stables. Une décision qui, selon l’économiste Ridha Chkoundali, reflète une « légère amélioration » de la capacité du pays à honorer ses dettes extérieures, mais qui ne change pas fondamentalement la donne. « La Tunisie reste classé dans la catégorie des pays à très haut risque, loin d’être considéré comme un investissement sûr », souligne-t-il.

Selon la méthodologie de Moody’s, la Tunisie a démontré une meilleure gestion de ses obligations financières internationale. Cette progression s’explique notamment par le remboursement de trois tranches d’euro-obligations depuis octobre 2023, pour un montant total de 2,4 milliards de dollars.

En parallèle, l’absence de nouvelles émissions a permis de réduire la dette extérieure du secteur privé à 6 % de la dette gouvernementale totale en décembre 2024; contre 25 % en 2019. Un autre facteur clé réside dans la stabilité des réserves de devises étrangères, maintenues par la Banque centrale tunisienne au cours des deux dernières années. Cette stabilité a également permis de contenir les fluctuations du taux de change face au dollar et à l’euro. Enfin, le déficit du compte courant a atteint un niveau historiquement bas en 2023 et 2024, à 2 % du PIB, contre une moyenne de 8 % entre 2011 et 2022. Cette amélioration est principalement portée par la reprise du tourisme et les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger.

Malgré ces avancées, la Tunisie conserve une notation spéculative, synonyme de risques très élevé pour les investisseurs. L’économiste explique que le passage de CAA2 à CAA1 ne change pas fondamentalement la donne. « Le pays reste classé parmi les États de « mauvaise qualité », avec une incapacité à rembourser ses dettes à court terme et des risques majeurs sur le long terme », précise Ridha Chkoundali.

Pour sortir de cette zone rouge, la Tunisie devra gravir six échelons dans la notation de Moody’s. Et ce, un défi de taille qui nécessitera des réformes structurelles et une confiance accrue des investisseurs internationaux.

Les risques qui pèsent sur l’avenir

Il convient de rappeler que Moody’s met en garde contre plusieurs menaces persistantes qui pourraient faire rechuter la notation tunisienne. Parmi elles :

  1. La dépendance au financement local : le gouvernement tunisien éprouve des difficultés à accéder aux marchés financiers internationaux. Ce qui le pousse à dépendre davantage de la Banque centrale et des sources de financement locales.
  2. La rupture avec le FMI : la Tunisie a mis fin à son programme avec le Fonds monétaire international sans trouver d’alternative viable. Seulement 2 % des budgets prévus sont réalisés. Ce qui limite les réserves en devises étrangères.
  3. Les déséquilibres budgétaires : les dépenses publiques, notamment les salaires du secteur public et les subventions énergétiques, pèsent lourdement sur les finances de l’État.
  4. La faible croissance économique : bien que Moody’s prévoie une légère amélioration à 2,4 % en 2025, ce taux reste insuffisant pour absorber la demande d’emplois et réduire les tensions sociales.
  5. Les défis climatiques : la Tunisie est vulnérable aux changements climatiques, avec 80 % de sa production concentrée dans les zones côtières exposées à la montée des eaux et à la désertification.

Les recommandations de l’économiste Ridha Chkoundali

Interrogé sur les solutions possibles, Ridha Chkoundali plaide pour une politique économique axée sur l’investissement privé, seul moyen de stimuler la croissance et de créer des richesses durables. Il recommande également une révision de la politique monétaire, notamment une hausse des taux d’intérêt pour réduire le coût de l’investissement.

L’économiste insiste sur la nécessité de réformes courageuses, comme l’intégration des fonds de l’économie informelle dans les circuits régulés grâce à une amnistie fiscale. Il propose également des mesures pour relancer des secteurs clés comme les phosphates et moderniser les infrastructures, notamment le réseau ferroviaire.

Enfin, il appelle à une clarification du discours gouvernemental : « Soit la Tunisie se conforme aux exigences des agences de notation et du FMI; soit elle se concentre sur les indicateurs de l’économie réelle pour rassurer sa population. »

En conclusion, si la notation de Moody’s offre une lueur d’espoir, elle rappelle surtout que la Tunisie reste confrontée à des défis majeurs. Sans réformes profondes et une vision claire, le pays risque de stagner dans la zone rouge, avec des conséquences économiques et sociales potentiellement dévastatrices.

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