Alors que l’expérience tunisienne en matière de PPP reste limitée malgré des cadres juridiques et institutionnels en place. La question est d’aborder les défis persistants, tels que les mentalités, la conception des projets et le manque de commercialisation. Tout en explorant des pistes d’amélioration, notamment en matière de gouvernance et de valorisation du patrimoine.
C’est ce qui ressort de la matinée-débat organisée par la CONECT Tunis au siège de l’IHET (Institut de hautes études de Tunis), ce jeudi 27 février 2025.
Il s’agit d’une occasion pour repenser les PPP – pour Partenariats publics/privés – non pas comme de simples outils de financement, mais comme de véritables moteurs de création de valeur et de développement durable en Tunisie.
Le consultant Chakib Ben Mustpaha apporte son analyse des partenariats publics-privés (PPP) en Tunisie, soulignant les défis et les opportunités.
Il estime dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que malgré plusieurs tentatives, l’expérience tunisienne en matière de PPP reste limitée et peine à se diversifier au-delà de quelques exemples emblématiques comme le projet du Lac de Tunis. « Bien que les PPP soient devenus une priorité à certains moments, avec la mise en place de cadres juridiques et institutionnels, cela ne s’est pas toujours traduit en réalisations concrètes », a-t-il expliqué.
Avant d’ajouter : « Les mêmes projets potentiels sont constamment remis sur la table sans aboutir. Ce qui suggère des problèmes de conception ou de présentation. On peut citer comme exemple les projets de Taparura, le port d’Enfidha, etc. »
Pour lui, les autorités publiques tunisiennes considèrent souvent les PPP comme une simple forme de financement pour des projets publics pré-identifiés, limitant l’implication des investisseurs dans la conception et la valeur ajoutée des projets.
M. Ben Mustapha rappelle que l’État impose souvent une conception spécifique des projets. Ce qui décourage les investisseurs qui préfèrent concevoir eux-mêmes des projets créateurs de valeur.
En outre, il estime que le manque de commercialisation reste un frein à la relance économique du pays. Ce qui veut dire que la Tunisie a encore beaucoup à apprendre en matière de commercialisation de grands projets et ne devrait pas hésiter à faire appel à des investisseurs étrangers pour cela.
Concrètement, la Tunisie peine à valoriser son riche patrimoine historique et ses sites magnifiques,. Ce qui représente un potentiel inexploité pour les PPP. « Les appels à propositions pour de petits projets ne donnent pas les résultats escomptés, alors que le secteur privé, notamment les PME et les jeunes promoteurs, pourraient apporter des idées novatrices », estime-t-il.
Par ailleurs, au delà d’un état des lieux, les solutions existent. Selon les recommandations pour un levier économique de PPP, Chakib Ben Mustapha préconise une gouvernance efficace pour améliorer les PPP.
Tout comme il est crucial d’analyser pourquoi certains projets n’ont pas trouvé preneur et d’adapter la vision de ces projets en tenant compte des recommandations des experts techniques.
Il conclut : « Il faut être prêt à reconsidérer la conception des projets et à donner aux investisseurs la possibilité de proposer leurs propres solutions pour atteindre les objectifs fixés. Cela sous-entend la nécessité d’informer et de sensibiliser les autorités publiques et les législateurs aux avantages des PPP. Et ce, afin de favoriser des discussions constructives et d’éliminer les obstacles potentiels ».
Quant à la question de privatisation, il faut s’inspirer des pratiques internationales en matière de privatisation des ports, en considérant ces derniers comme des éléments clés du développement économique global.
Bien que la législation actuelle soit basée sur les meilleures pratiques internationales et les besoins des bailleurs de fonds, il est important de sensibiliser les législateurs au rôle des PPP dans le développement économique national.
En somme, Chakib Ben Mustapha met en lumière les défis structurels et les mentalités qui entravent le développement des PPP. De même qu’il propose des pistes de réflexion et des recommandations pour améliorer la situation. Il insiste sur la nécessité d’une approche plus flexible, axée sur la valeur ajoutée et l’expertise des investisseurs, ainsi que sur une meilleure gouvernance et une sensibilisation accrue aux avantages des PPP.
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