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Banque centrale de Tunisie | Oui, l’amendement de la loi de 2016 s’impose

Dans cet article l’auteur récapitule les idées et arguments qu’il n’a cessé depuis trois ou quatre ans de défendre dans une quinzaine d’articles publiés dans Kapitalis pour recommander par des analyses d’un niveau académique et loin de toute politique politicienne d’amender la loi de 2016 qui accorde l’indépendance et l’autonomie de décision à la Banque centrale de Tunisie (BCT). Il approuve et soutient la décision récente prise par le chef de l’Etat dans ce sens. Et s’en explique…

Dr. Sadok Zerelli

Je dois dire tout d’abord et pour ne pas être soupçonné de faire de la politique sous couvert d’analyse économique, comme font certains «experts» omniprésents dans les médias, que je n’appartiens et je n’ai jamais appartenu à aucun parti politique et que je ne me suis même pas dérangé le jour des élections présidentielles pour aller voter pour ou contre Kais Saïed.

J’ajouterais même, pour être encore plus clair à ce sujet, que je suis un retraité âgé qui tient à savourer sa retraite après une vie de dur labeur et qui pour tout l’or du monde n’accepterait un poste de responsabilité quelconque ou de conseiller de qui que soit.

Pour moi, en tant qu’économiste, ce qui compte avant tout c’est l’efficacité de la politique économique et monétaire pour assurer le développement du pays et améliorer le niveau de vie de la population, peu m’importe qui est le Président, qu’il soit de gauche ou du centre ou de droite, islamiste ou laïc, dictateur ou démocrate républicain…

Selon cette conception de la politique, qu’on peut approuver ou pas mais qui est la mienne, je ne peux que saluer, une fois n’est pas coutume, les directives données par le chef de l Etat au gouverneur de la BCT lors de l’audience qu’il lui a accordée le vendredi 21 février 2025 pour amender la loi de 2016 sur l’indépendance de la BCT et redéfinir son rôle dans le développement économique et social du pays.

J’applaudis d’autant plus cette décision et la nouvelle mission que Kais Saïed a fixé à la BCT qu’il est juriste de formation et qu’il y a une différence comme entre ciel et terre entre le droit constitutionnel qu’il a enseigné pendant des années et l’économie monétaire que j’ai enseignée pendant des années également.

A ce titre, je suis bien placé pour savoir que ce n’est pas une discipline facile et qu’arriver à comprendre certains concepts économiques tels que l’économie réelle et l’économie monétaire, les mécanismes de transmission de l’une à l’autre, le fonctionnement d’un système bancaire, le rôle d’un Institut d’Émission, etc., n’est pas à la portée du premier responsable politique venu.

Une approche récapitulative

Je ne vais pas développer dans cet article tous les arguments et idées pour lesquels je soutiens fermement la décision le Président sur ce dossier. J’avais publié depuis deux ou trois ans dans Kapitalis une bonne vingtaine d’articles plus ou moins techniques et plus ou moins approfondis critiquant la politique monétaire menée par la BCT depuis qu’elle est devenue indépendante, que j’invite les lecteurs et lectrices à lire ou relire pour faire le lien avec cet article. J’y avais développé de long en large mes arguments, tantôt en m’adressant à des experts spécialistes en théorie monétaire en leur rappelant la formulation de l’équation de Cambridge sous-jacente à la politique monétaire suivie par la BCT ou en faisant la démonstration mathématique de l’efficacité de l’autre politique monétaire possible pour maîtriser l’inflation, à savoir celle des taux des réserves obligatoires (voir plus loin), tantôt en m adressant au grand public en expliquant avec le langage le plus simple  les fondements et les raisonnements économiques qui se trouvent à la base des différentes politiques monétaire de lutte contre l’inflation. 

Dans cet article, je vais juste rappeler les principaux arguments et idées que j’avais développés en détail dans des articles antérieurs et qui justifient la décision du chef de l’Etat d’amender le statut d’indépendance de la BCT que la loi de 2016 lui a accordé, en mettant à profit mes compétences pédagogiques d’ex-enseignant universitaire pour expliquer dans le langage le plus accessible à tous des concepts et des raisonnements économiques qui sont en réalité assez compliqués.

1) La loi de 2016 a détourné la BCT de sa vocation :

En théorie monétaire comme en pratique et dans tous les pays du monde, une banque centrale remplit trois fonctions essentielles pour faciliter l’activité économique dans un pays et qui sont par ordre hiérarchique d’importance :

  • celle d’un Institut d’Émission : c’est d’ailleurs le nom originel d’une banque centrale. A ce titre elle émet et fabrique la monnaie fiduciaire d’un pays, billets et pièces de monnaie, théoriquement selon le volume d’or et de devises qu’elle détient dans ses coffres. Ce processus de fabrication est sous-traité par la majorité des banques centrales du monde à des industries de haute précision technologique qui se trouvent pour la plupart en Suisse, pays qui en fait sa spécialité;
  • celle de banque des banques, et à ce titre, la banque centrale rachète aux banques commerciales les titres de créances et les bons du Trésor qu’elles détiennent pour leur permettre de reconstituer leurs liquidités. On appelle cela le mécanisme de refinancement des banques. D’autre part, la banque centrale assume une mission d’autorité de tutelle des banques commerciales et doit veiller à ce titre à ce qu’elles soient toujours solvables et continuent à jouir de la confiance de leurs clients sans laquelle l’ensemble du système bancaire s’écroulera comme un château de cartes par un effet de dominos (la faillite d’une banque entraine la faillite d’une autre);
  • celle de lutte contre l’inflation : c’est la troisième fonction en termes de hiérarchie des responsabilités. A ce titre, la banque centrale doit veiller en permanence par des opérations d’ «open market» réalisées tous les jours sur le marché monétaire à ce que la masse monétaire en circulation (monnaie fiduciaire + monnaie scripturale sous forme d’écriture dans les comptes bancaires des clients) soit suffisante pour répondre aux besoins de financement des agents économique et en même temps pas trop pour ne pas créer de pressions inflationnistes.

Il convient de mentionner à ce sujet que la lutte contre l’inflation ne relève pas de la responsabilité exclusive de la banque centrale, mais de l’ensemble des départements ministériels chacun dans le secteur qui le concerne pour augmenter la production et réduire les coûts et donc les prix de vente des biens et services, en particulier de la responsabilité du département du commerce qui doit mettre en place une politique efficace pour assainir les circuits de distribution et sévir contre les spéculateurs.

Or par ignorance du rôle et des fonctions de base d’une banque centrale, les députés qui ont voté la loi de 2016 lui ont attribué comme première mission la lutte contre l’inflation, reléguant au second plan sa mission plus fondamentale de financement de l’activité économique et de satisfaction des besoins de liquidités de tous les agents économiques, y compris l’Etat.

Kais Saïed, malgré sa formation de juriste non familier avec l’économie monétaire, semble avoir bien compris ce détournement de vocation de la BCT et a entièrement raison d’ordonner son retour à sa vocation initiale qui est d’être au service du financement de l’économie nationale pour permettre la plus grande croissance économique possible et créer assez de liquidités pour satisfaire les besoins de financement de l’ensemble des agents économiques y compris de l’Etat. Il a raison aussi de considérer que la BCT ne saurait se dérober à ses responsabilités dans le financement de l’activité économique sous prétexte de l’indépendance de décision que la loi de 2016 lui a accordée, car c’est une institution publique qui fait partie des structures de l’Etat.

2) Depuis son indépendance en 2016 et sous l’influence du FMI, la BCT applique une politique monétaire de type monétariste basée sur le taux directeur : 

Depuis qu’elle a acquît non seulement son indépendance administrative et financière mais aussi son indépendance de décision en matière de politique monétaire grâce à cette fameuse loi de 2016, la BCT a augmenté pas moins que huit fois son taux directeur, qui se situe encore aujourd’hui à 8%, entraînant des taux d’intérêt bancaires «d’enfer» selon le langage même des banquiers de l’ordre de 14% qui asphyxient aussi bien les ménages que les entreprises. 

Cette politique monétaire s’est traduite entre autres par un effet d’éviction des investissements et une aggravation de la récession économique et du chômage sans réussir pour autant à maîtriser l’inflation qui demeure élevée (6,7% en ajustement annuel pour le dernier mois). Pire, en augmentant les charges de financement des entreprises qui n’ont pas d’autres choix que de répercuter cette augmentation sur leurs prix de vente, cette politique du taux directeur menée par la BCT a contribué à alimenter l’inflation qu’elle est censée combattre !

Il existe une autre cause de l’échec de la politique du taux directeur pour maîtriser l’inflation que le premier Tunisien rencontré dans la rue connaît mais apparemment pas les responsables de la BCT : l’inflation n’est pas due seulement à l’accroissement de la consommation intérieure comme les responsables de la BCT le supposent, mais bien et en grande partie à l’insuffisance de l’offre, à l’inflation importée et à l’accroissement des coûts de production, toutes causes sur lesquelles le taux directeur de la BCT n’a aucun impact.

3) Les fondements théoriques de la politique monétaire menée par la BCT :

Sans entrer dans des considérations d’ordre théorique qui seraient inappropriées dans cet article destiné au grand public, il est nécessaire de rappeler qu’il existe non pas une mais plusieurs théories ou écoles de pensées économiques (d’où le nom de sciences économiques au pluriel) qui vont de l’école classique d’Adam Smith, à l’école néoclassique de Ricardo, à l’école de Keynes, à l’école monétariste  (qu’on appelle aussi l’école de Chicago) de Milton Friedmann, qui est l’école de pensée la plus récente et dominante actuellement notamment dans les institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale.

La politique monétaire préconisée par cette école de pensée, appliquée consciemment ou pas par l’ex et le nouveau gouverneur de la BCT, qui applique la même politique monétaire que son prédécesseur et a maintenu le même taux directeur à 8% (au point de se demander à quoi cela peut servir de changer de gouverneur si c’est pour appliquer la même politique?), repose sur une fameuse équation qu’on appelle «équation quantitative de la monnaie» ou «équation de Cambridge» pour laquelle Friedmann a reçu le Prix Nobel en économie. Celle-ci établit une relation mathématique et mécanique entre le PIB, la masse monétaire et la vitesse de circulation de la monnaie. Friedman lui-même explique que pour que cette équation fonctionne pour maîtriser l’inflation dans un pays, il faut que la vitesse de circulation de la monnaie soit stable à court terme et qu’il existe un bon mécanisme de transmission entre l’économie réelle (opérations de production, consommation, exportation, investissement, etc.) et l’économie monétaire (masse monétaire en circulation, taux d’intérêt, taux de change, niveau général des prix, etc.). Ces deux conditions se trouvent souvent remplies dans les pays développés tels que les Etats-Unis où la France qui ont appliqué avec succès une telle politique du taux directeur et ont effectivement réussi à ramener leur taux d’inflation qui a atteint plus de 10% à la suite de la flambée des prix des matières premières et du pétrole ayant suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine à environ 2% actuellement.

Mais chaque pays a ses spécificités, sa sociologie et la structure de son économie et la politique monétaire qui peut réussir dans un pays ne fonctionne pas forcément dans un autre. En particulier chez nous où la même politique du taux directeur appliquée par la BCT depuis la promulgation de la loi de 2016 s’est avérée non seulement inefficace pour maîtriser l’inflation mais a bloqué les investissements et la croissance économique.

4) les raisons de l’échec de la politique du taux directeur :

Il existe deux raisons principales qui expliquent l’échec cuisant de la politique du taux directeur pour maîtriser l’inflation, que tous les Tunisiens connaissent, sauf apparemment les responsables de notre banque centrale.

  • La première est l’importance de l’économie souterraine ou de ce qu’on appelle le secteur informel qui représente selon plusieurs experts 54% du PIB : à chaque fois que la BCT augmente son taux directeur que les banques commerciales répercutent automatiquement sur les taux d’intérêt débiteurs qu’elles facturent à leurs clients, rendant ainsi le crédit plus cher, les opérateurs économiques ont davantage recours à des transactions souterraines et hors des circuits bancaires. Le résultat est que la vitesse de circulation de la monnaie dans ce secteur augmente considérablement à court terme alors que, selon Friedman lui-même, l’équation quantitative de la monnaie ne peut fonctionner que si elle reste stable à court terme.
  • La deuxième raison qui explique l’échec de la politique du taux directeur suivie par la BCT est la faible inclusion financière en Tunisie : selon une étude récente réalisée par Fitch Solutions, seuls 35% des Tunisiens disposent d’un compte bancaire ou postal (contre plus de 95% dans les pays développés où cette politique fonctionne). Cette réalité propre à la Tunisie fait qu’il existe un faible mécanisme de transmission entre l’économie réelle (décisions de consommation, de production, d’investissement etc.) et l’économie monétaire (décision d’augmenter le taux directeur), parce que beaucoup d’agents économiques opèrent hors des circuits bancaires classiques.

A ce sujet, je voudrais rappeler un article que j’avais publié il y a quelques mois dans Kapitalis et que je considère comme l’un des plus intéressants que j’ai eu à publier et que j’invite les lecteurs et lectrices à lire ou à relire. Il s’intitule «La politique monétaire de la BCT jugée par l’IA» dans lequel je reproduis la réponse intégrale de ChatGPT à la question que je lui avais posée à ce sujet. J’ai été personnellement frappé par la perspicacité de son analyse et la pertinence de ses arguments, en particulier par le fait qu’il a bien identifier l’importance du secteur informel en Tunisie comme cause de l’échec de la politique du taux directeur menée par la BCT pour lutter contre l’inflation. L’IA serait-elle plus intelligente que les responsables de notre BCT ? Il y a lieu de le croire.

En tout cas, pour moi en tant qu’économiste ayant enseigné pendant des années un cours de théorie monétaire, ce sont des explications tellement évidentes qu’elles me rappellent la fameuse réplique de Sherlock Holmes qu’on retrouve dans tous les romans policiers écrits par Agatha Christie : «C’est élémentaires, mon cher Watson

Moi aussi, j’accuse…

Que ChatGPT ait raison ou pas, que j’aie raison ou pas et que l’explication théorique à laquelle nous arrivons tous les deux soit fausse ou pas, je n’arrive pas  à comprendre l’entêtement des responsables de la BCT, y compris du nouveau gouverneur (qui n’est pas, rappelons-le, monétariste mais expert en énergie), à continuer à appliquer la même politique du taux directeur depuis bientôt dix ans alors que les chiffres officiels de l’inflation publiés par l’INS sont là et montrent clairement qu’elle ne donne pas de résultat tangible puisque l’inflation demeure encore élevée jusqu’à aujourd’hui (la baisse à 6,7% actuellement contre 9,3% en 2023 n’est pas due à l’efficacité de cette politique monétaire comme les responsables de la BCT veulent le faire accroire au public, mais bien à une baisse relative des cours des matières premières et du pétrole sur le marché international après le pic atteint en 2023 et à la baisse du pouvoir d’achat en raison du blocage des salaires depuis deux ou trois ans).

On peut se tromper de politique monétaire une fois, deux fois, trois fois mais pas huit fois et décider encore il y a quelques semaines de maintenir le taux directeur à 8%, alors qu’il ne dépasse pas 3 à 4% dans des pays à économie similaire et concurrente à la nôtre tels que le Maroc ou la Jordanie ou le Sénégal.

Dans le style du célèbre article intitulé ‘‘J’accuse’’ écrit par Émilie Zola à propos de l’affaire Dreyfus, j’accuse ici les responsables de la BCT, anciens comme nouveaux, d’avoir, par leur incompétence et ignorance du minimum de connaissances en théorie monétaire, occasionné la faillite de milliers de PME qui ne pouvaient pas payer les taux d’intérêt d’enfer de 14 ou même 15% que les banques leur demandent à cause du niveau injustifié et très élevé du taux directeur fixé par la BCT, d’avoir ainsi mis en chômage des dizaines de milliers de salariés, d’avoir bloqué les investissements et  aggravé la récession économique et le chômage et d’avoir commis, ainsi, ce que j’appelle, en mesurant bien mes mots, un crime contre l’économie de ce pays! Un tel crime n’aurait pas été rendu possible sans cette loi de 2016 qui a été votée par des députés ignorants de la chose économique et financière et dont le président Kais Saïed, bien que juriste et n’ayant pas de formation en économie monétaire, a bien compris le caractère pernicieux et veut à juste raison amender, que cela plaise au puissant lobby de la BCT ou non.

Quant à l’argument que l’ex-gouverneur avait l’habitude de présenter pour justifier une telle politique monétaire basée sur le taux directeur (le nouveau est plus malin et n’a fait aucune déclaration depuis qu’il a pris ses fonctions il y a plus de six mois, ainsi il ne risque pas d’être critiqué et peut espérer garder plus longtemps son fauteuil!), à savoir que c’est le FMI qui impose à la BCT d’appliquer cette politique, je ne peux qu’être d’accord avec le président Kais Saïed qui rejette à juste raison  tout diktat et toute ingérence de cette institution dans la politique intérieure du pays.

5) Le financement du déficit budgétaire de l’Etat :

Un des articles de cette loi de 2016 interdit expressément à la BCT de financer directement le déficit ou l’impasse (déficit temporaire) du budget de l’Etat.

Le prétexte avancé par les auteurs de cet article est de se prémunir contre le risque que l’Etat n’abuse de son pouvoir de tutelle pour obliger la BCT à faire fonctionner à fond le mécanisme de la planche à billets pour financer à volonté ses déficits et impasses budgétaires.

Je vais expliquer en quelques lignes et dans les termes les plus clairs pourquoi cet argument ne tient pas la route et qu’on se retrouve en fait dans une situation bien illustrée par le proverbe tunisien qui dit «Moussa el-haj mouch el-haj moussa» !

Avant 2016, le ministre des Finances en tant qu’autorité de tutelle de la BCT, peut prendre son téléphone à tout moment et ordonner au gouverneur de la BCT de créditer le compte du Trésor public ouvert à la BCT de X millions de dinars pour financer le déficit ou l’impasse du budget de l’Etat. Le gouverneur de la BCT s’exécute s’il veut garder son fauteuil et en général il le veut.

C’est ce qu’on appelle le mécanisme de la planche à billets qui est très inflationniste car il se traduit par l’injection d’une nouvelle quantité de monnaie dans l’économie sans contreparties réelles (accroissement de la production, ou des exportations, ou des transferts effectués par nos TRE, ou des recettes touristiques, ou de nouveaux emprunts accordés par les bailleurs de fonds ou des pays amis).

Depuis la promulgation de la loi de 2016, le Trésor public est tenu d’émettre des bons du Trésor à court ou moyen ou long terme ou des emprunts obligataires à des taux suffisamment rémunérateurs pour que les banques commerciales acceptent d’y souscrire.

Cependant, ce que les auteurs de cette disposition de la loi de 2016 semblent ignorer, c’est que les banques commerciales ont la possibilité de céder sur le marché monétaire ces titres publics à la banque centrale qui les règle en créditant leurs comptes détenus chez elle par un jeu d’écriture. C’est donc toujours la planche à billets qui fonctionne puisque dans les deux cas il y a création monétaire sans contreparties réelles.

La seule différence entre les deux procédures de financement du déficit budgétaire est que dans celle introduite par la loi de 2016, les banques commerciales et leurs actionnaires encaissent des millions de dinars sur le dos de l’État et donc des contribuables. D’ailleurs, tout observateur de l’actualité économique et financière en Tunisie relève, qu’alors que le marasme économique est général et dure depuis des années, seules les banques tirent leur épingle du jeu et n’ont jamais réalisé autant de bénéfices que depuis l’entrée en vigueur de cette loi de 2016 (pour l’exercice de 2023,  une moyenne de 500 millions de dinars par banque avec un pic de 975 millions de dinars pour la seule BNA).

Ce qu’il faut faire remarquer est que le taux de rémunération des bons du Trésor émis par l’Etat pour financer son déficit ou impasse budgétaire sont indirectement indexés au taux directeur de la BCT d’une façon telle que toute augmentation de celui-ci entraîne automatiquement davantage de bénéfices pour les banques commerciales qui ont souscrit à ces titres! 

Un autre effet pervers de cette loi est que nos banquiers, qui cherchent toujours le maximum de bénéfices avec le minimum de risques, ont tendance à préférer souscrire à ces bons du Trésor aux rendement élevé et qui ne présentent pas de risques d’insolvabilité plutôt que de prêter aux entreprises pour financer leurs activités, obligeant certaines à déposer leurs bilans et mettre leurs salariés au chômage.

6) La politique monétaire alternative pour lutter contre l’inflation :

Pour tout économiste maîtrisant la théorie monétaire, il ne fait pas de doute que la politique de taux de réserves obligatoires est infiniment plus efficace qu’une politique de taux directeur pour réduire la masse monétaire en circulation et espérer ainsi maîtriser l’inflation. 

Dans l’un de mes articles, j’ai expliqué, démonstration mathématique à l’appui, que le processus de création monétaire par les banques commerciales (qui, contrairement à l’idée admise par le public, sont les premières responsables de l’accroissement de la masse monétaire dont 80% est sous forme de monnaie scripturale) constitue une suite algébrique convergente dont la somme est égale à l’inverse du taux de réserves obligatoires que la BCT impose aux banques par circulaire. Cela veut dire qu’augmenter ce taux par exemple de 5% réduit automatiquement et mécaniquement de 20 fois la capacité des banques à créer de la monnaie et à augmenter la masse monétaire.

La question que chacun(e) est en droit de se poser est la suivante : pourquoi les responsables de la BCT n’appliquent-t-ils pas une telle politique qu’ils connaissent certainement (c’est du niveau d’un maitrisard en sciences économiques)?

La réponse à laquelle j’arrive en toute objectivité va choquer plus d’un(e) : en augmentant le taux de réserves obligatoires imposé aux banques, la BCT réduit drastiquement leurs capacités à accorder des crédits donc leurs chiffres d’affaires et donc leurs bénéfices alors qu’en augmentant son taux directeur, elle augmente automatiquement leurs bénéfices à travers les bons de trésors qu’ils ont souscrits.

De là à conclure que la BCT est au service des lobbies bancaires avant d’être au service de l’économie nationale, c’est ce dont le président Kais Saïed semble être convaincu et que personnellement je rejoins, chiffres et analyses scientifiques à l’appui.

* Economiste, consultant international.

PS : Cet article sera probablement le dernier d’une série d’une quarantaine d’articles d’ordre économique que j’ai publiés dans Kapitalis, parce que j’ai fini par réaliser au bout de trois ou quatre ans que c’est une perte de temps dans le sens où ils n’ont aucun impact sur la politique économique et monétaire menée dans le pays. J’ai donc décidé de me reconvertir vers un autre domaine qui m’intéresse davantage, à savoir… la poésie ! J’ai créé dans ce but sur Google un blog que j’ai appelé «Poèmes de la vie» où je compte publier des poèmes d’ordre métaphysique traitant du sens de la vie  et de l’insignifiance des êtres et des choses que j’aurais plus de plaisir à écrire et que les lecteurs amateurs de poésie trouveront certainement plus de plaisir à lire que cette charabia sur l’économie monétaire !

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Le tourisme tunisien est-il encore rentable ?  

Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat s’est félicité, devant les députés au Palais du Bardo, le 18 février 2025, du fait que la Tunisie a accueilli 10,25 millions de touriste en 2024, oubliant que la rentabilité du secteur touristique ne se mesure pas seulement par le nombre de touristes entrés dans le pays mais par d’autres critères, tels que les recettes en devises, la couverture du déficit commercial et le taux annuel moyen de remplissage de la capacité d’hébergement.

Habib Glenza *

Ces chiffres s’établissent comme suit :  

Les recettes en devises (en millions de dollars):

– 2 340 en 2024;

– 2 458,8 en 2010;

– 2 572,9 en 2009;

– 2 754,2 en 2008.

Cette baisse des recettes en volume entre 2008 et 2024 est aggravée par la détérioration de la valeur du dinar face au dollar estimée à 40% au cours des 16 dernières années.

Arrivées de touristes internationaux:

– 10 250 000 en 2024;

– 6 902 304 en 2010;

– 6 901 406 en 2009;

– 7 048 999 en 2008.

Si l’on considère la hausse du nombre des entrées de touristes étrangers et la baisse des recettes touristiques globales, on mesure la forte baisse de rentabilité du tourisme dans notre pays.

Couverture du déficit commercial:

– 25,0% en 2024;

– 42,4% en 2010;

– 54.2% en 2009;

– 51,3% en 2008.

La division par deux du taux de couverture du déficit commercial par les recettes touristiques entre 2008 et 2024 montre un fort recul de l’activité touristique et l’affaiblissement de sa part dans le PIB.

L’examen de ces chiffres officiels, publiés le 23 mars 2023 par l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), la Banque centrale de Tunisie (BCT) et l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), lors du Forum Ibn Khaldoun pour le développement (FIKD), montre clairement que les recettes moyennes des exercices du secteur touristique tunisien en 2008/2009/2010 étaient de 2 500 millions de dollars, contre 2 340 millions de dollars en 2024! Alors que le nombre de touristes ayant visité notre pays, qui était de seulement 7 millions en en 2008/2009/2010, a atteint 10,25 millions en 2024!

Par ailleurs, depuis 2019, la capacité hôtelière a perdu 60 000 lits, passant de 240 000 à 180 000, soit l’équivalent de 300 unités d’hébergement perdues!

Pourquoi alors pavoiser pour des résultats en-deçà des attentes du secteur? 

D’autre part si l’on déduit des recettes les dépenses nécessitées par l’activité touristique en tant que telle (salaires du personnel, frais d’entretien des unités d’hébergement, énergie, eau, nourriture, frais financiers divers), les recettes en question diminueraient d’au moins 12%! 

Messieurs les responsables, l’autosatisfaction est la pire des conseillères.  Mettez-vous au travail pour mieux rentabiliser le tourisme tunisien en instaurant une stratégie agressive, réalisable sur 5 ans (2025 à 2030), à l’instar de ce qui se fait au Maroc qui prévoit de recevoir 15 millions de touristes et de réaliser 10 000 millions de dollars de recettes en 2027. 

Quand on sait qu’en 1995, les recettes touristiques tunisiennes dépassaient de 10% celles du Maroc, on mesure le chemin fait par nos frères marocains et le terrain que nous avons perdu depuis! 

* Conseiller en exportation.

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Demo Day à Tunis | Champions de l’innovation pour le changement climatique   

Dans le cadre du programme du projet «Recherche Action Participative des Jeunes» (YPAR), une Journée de présentation ou Démo Day sur le thème «Innovation Champions for Climate Change» (ICCC) se tiendra le jeudi 27 février 2025 à l’hôtel Mövenpick, au Lac, à Tunis.

Cet événement organisé par l’Association Réseau Enfants de la Terre en partenariat avec l’Unicef mettra en lumière les projets de 10 startups dirigées par des jeunes en Tunisie, proposant des solutions innovantes aux défis climatiques et environnementaux du pays. Il vise à habiliter les jeunes à analyser et comprendre les changements climatiques et à participer activement à la proposition de solutions innovantes pour leurs communautés.

Le programme d’accélération ICCC a été développé pour soutenir les startups vertes à travers un accompagnement technique, des conseils et des orientations afin de les aider à développer des solutions environnementales durables et efficaces.

Des opportunités d’innovation

Dans un monde où les défis climatiques s’intensifient, la jeunesse n’est pas seulement vulnérable aux crises environnementales; elle est aussi porteuse de solutions audacieuses et novatrices.

Le programme ICCC met en avant cette conviction en montrant que les changements climatiques ne sont pas seulement des menaces, mais aussi des opportunités d’innovation dans les domaines de l’économie verte et circulaire, tout en intégrant les Objectifs de Développement Durable (ODD).

Face aux défis environnementaux croissants, l’innovation portée par les jeunes est devenue l’un des moteurs essentiels pour faire face aux changements climatiques et promouvoir le développement durable.

Le projet vise également à soutenir les startups qui proposent des solutions environnementales innovantes en les accompagnant dans le développement de leurs idées et la définition de solutions créatives aux défis climatiques et environnementaux.

L’initiative ICCC, qui constitue un volet du projet YPAR, illustre comment la jeunesse, grâce à son audace, sa créativité et son accès aux technologies de pointe, peut transformer les défis climatiques en catalyseurs de durabilité et de résilience.

Encourager l’entrepreneuriat environnemental

La Journée de présentation vise à soutenir l’innovation des jeunes en offrant aux jeunes entrepreneurs l’opportunité de présenter leurs startups et de démontrer leurs solutions innovantes devant des experts en environnement et en entrepreneuriat. Elle vise également à promouvoir l’économie verte en encourageant l’entrepreneuriat environnemental et en favorisant la création d’emplois durables au sein de l’économie circulaire.

Elle vise enfin à favoriser les partenariats et la collaboration en mettant en place une plateforme de rencontres entre les acteurs du domaine environnemental, notamment les investisseurs, les institutions gouvernementales et les organisations internationales, et ce afin de soutenir l’innovation climatique en Tunisie.

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Pas de paix au Proche-Orient sans Etat palestinien

Il n’y aura jamais de paix au Proche-Orient sans la création d’un État palestinien conformément aux résolutions onusiennes et au droit international. On ne règle pas le conflit israélo-palestinien en inoculant aux Gazaouis le virus létal du nettoyage ethnique.

Salem Ben Ammar *

Gaza ne fait pas partie du plan du partage de 1947, on ne la débarrasse pas de sa population historique d’un claquement de doigts, sous prétexte de lui offrir une vie meilleure après en avoir massacré plus de 5%, l’avoir détruite à plus de 90%, sans compter la mise hors service de 156 000 infrastructures dont la majorité de ses hôpitaux.

Gaza c’est Guernica et Sabra et Chatila à la puissance 100. Le territoire palestinien est entièrement réduit en cendres, une tombe à ciel ouvert et des milliers de corps ensevelis sous les décombres, devenue l’enfer sur terre pour ses habitants en proie à 100 000 bombardements depuis le 8 octobre 2023.

De forts relents racistes et suprémacistes

Le nouveau locataire de la Maison Blanche, le Messie des Evangélistes messianiques, soucieux du «bien-être» des Gazaouis projette de nettoyer Gaza. Autrement dit de transférer et de déporter de force sa population sans espoir de retour et sans que cela ne fasse pousser le cri d’orfraie des pays dits arabes aux abonnés absents depuis 15 mois et ne suscite l’indignation des Nations-Unies. Un projet scélérat et une violation flagrante du droit international, assimilable à un crime contre l’humanité ou crime de génocide, selon l’article 7 du Statut de Rome, l’acte fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), signé par Bill Clinton en décembre 2000 juste avant la fin de son mandat mais jamais ratifié par le Sénat américain.

Ce projet porte en lui tous les germes du Grand Israël, empreint de forts relents racistes et suprémacistes, la marque de fabrique de l’extrême droite israélienne messianique qui a déjà dans ses cartons une Gaza israélienne depuis des années, un projet intitulé Gaza 2035. Une extrême droite qui déshumanise les Palestiniens et légitime leur extermination et qui se sent pousser des ailes avec le retour de Trump aux affaires.

L’idée de faire de Gaza une nouvelle Riviera du Proche-Orient n’est pas sortie de la manche de Trump. Elle lui a été soumise par son gendre, Jared Kushner, sioniste notoire, qui l’a reprise à son compte en 2024. Il s’agit de faire de Gaza une zone de villégiature pour des personnes fortunées et par la même occasion offrir à Israël une sécurité et une manne financière et lui permettre de mettre la main sur les gisements pétroliers et gaziers au large des côtes.

Droit dans ses bottes, Trump est convaincu que l’Égypte et la Jordanie devraient être des nouveaux foyers d’accueil des 2,4 millions Gazaouis, comme si ces deux pays étaient des vassaux américano-israéliens. 

Quant à la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie Saoudite, devant être actée par les Accords d’Abraham, il faut espérer que les Saoudiens maintiennent leurs positions qui paraissent rédhibitoires pour l’Etat hébreu : un État palestinien ayant pour capitale Jérusalem-Est.

Nous sommes à un tournant historique dans ce conflit de larmes et de sang pour les Palestiniens, qui vivent aujourd’hui sous la menace d’une nouvelle Nakba, dont l’issue dépend en grande partie de l’Arabie Saoudite et des pays arabes. Vont-ils enfin sortir de leur torpeur et aider les Palestiniens à se doter d’un Etat viable et pérenne ? Il est permis d’en douter.

La paix ne sera pas écrite par le sang des Palestiniens

Il ne peut y avoir d’Accords d’Abraham écrits avec le sang des Palestiniens, leur déplacement forcé de leurs territoires et la violation du droit international. L’expansionnisme d’Israël et son accaparement des terres palestiniennes, un jour ou l’autre reviendra comme un boomerang sur son visage. On n’étouffe pas les aspirations des peuples à leur dignité,  leur souveraineté et leur droit à disposer de leur destin humain et politique en les expulsant de chez eux.

Les Juifs eux-mêmes, qui ont connu des épisodes tragiques dans leur histoire, auraient été chassés de cette terre selon leur histoire fabulée et qui rêvaient de retrouver Sion, seraient mieux à même de comprendre que les Palestiniens rêvent aussi de retrouver un jour ou l’autre cette terre qui est la leur.

Israël ne peut pas prétendre historiquement que cette terre de Canaan est la sienne. Dieu n’a pas vocation à promettre et octroyer des territoires à ses créatures; et la Bible, qui  est un narratif légendaire, n’est pas un cadastre.

* Chercheur en sciences politiques et anthropologie sociale.

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Formation triangulaire à Tunis | Cardiologie pour l’Afrique 

Le procès-verbal pour le lancement du programme de formation triangulaire «Cardiologie pour l’Afrique» a été signé le lundi 24 février 2025 à Tunis entre l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), le ministère de la Santé et la Cité des Sciences à Tunis (CST).

La formation portera sur les techniques de traitement en cardiologie, essentiellement la valvulopathie cardiaque.

Une quinzaine de participants de plusieurs pays francophones africains participera à cette formation durant les trois prochaines années.

La première session de formation sera organisée en juillet 2025 à l’hôpital Rabta en Tunisie. Ce programme est l’un des projets partenaires de la Conférence Internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad 9) qui sera organisée en août 2025 au Japon.

La mise en œuvre de la formation sera assurée par Dr. Mohamed Sami Mourali, chef du service de cardiologie à l’hôpital Rabta, en collaboration avec Dr. Shigeru Saito, directeur des Laboratoires de cardiologie et de cathétérisme à l’hôpital général Shonan Kamakura au Japon avec son équipe. Dr. Saito est reconnu à l’international pour sa contribution au développement des aspects techniques des interventions transradiales (TRI).

Cette collaboration triangulaire entre la Tunisie, le Japon et l’Afrique a été rendue possible grâce au soutien du groupe médical Tokushukai, l’un des plus grands groupes médicaux du Japon. 

La Cité des Sciences à Tunis jouera également un rôle dans la prise en charge des aspects logistiques de cette formation triangulaire qui vise également à construire et à renforcer un réseau de médecins cardiologues entre la Tunisie et les pays participants, afin d’améliorer la cardiologie, surtout la valvulopathie cardiaque. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence de Takeshi Osuga, ambassadeur du Japon en Tunisie, Tetsuro Yano, président de l’Association japonaise pour le développement économique de l’Afrique (Afreco, Pr. Abderrazak Bouzouita, directeur général de la Santé publique, Sina Haj Amor, DG de la Coopération technique au ministère de la Santé, Fethi Zagrouba, DG de la Cité des Sciences et Mayumi Miyata, représentante résidente de la Jica en Tunisie.

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La cinéaste tunisienne Maja-Ajmia Yde Zellama distinguée à Berlin

 ‘‘Têtes brûlées’’ de la réalisatrice et scénariste belgo-tuniso-danoise Maja-Ajmia Yde Zellama a remporté deux mentions spéciales au 75e Festival international du film de Berlin (Berlinale).

Le film a été récompensé par le jury officiel Génération 14plus et le Jury indépendant de l’AG Kino-Gilde—Cinema Vision 14plus.

L’intrigue du premier long métrage de Zellama suit Eya, douze ans, et son frère Younès, 25 ans. Lorsque Younès meurt subitement, le monde d’Eya s’effondre. Elle trouve du réconfort dans sa créativité, sa résilience et le soutien des amis de Younès.

A travers le deuil d’Eya, les spectateurs découvrent la vie et les coutumes de la famille tuniso-musulmane de Bruxelles. Eya est consciente de la solidarité de sa communauté qui se mobilise autour de sa famille et du silence qui isole chaque individu dans son chagrin.

Le jury Génération 14+ a salué le film comme «un début remarquable qui offre un rare aperçu d’un monde de solidarité et d’amour à travers les yeux d’une jeune fille». «Avec des images visuellement fraîches et une narration sincère, le film met la complexité du deuil au premier plan, montrant à quel point la perte peut être douloureuse et transformatrice. Une œuvre à la fois audacieuse et douce, elle nous rappelle le pouvoir de l’unité dans les moments difficiles », ajoute le jury.

‘‘Têtes brûlées’’ a bénéficié d’une projection complète à la Berlinale et d’une séance de questions-réponses avec les acteurs et l’équipe. La deuxième projection a eu lieu dimanche.

La distribution met en vedette Safa Gharbaoui, Mehdi Bouziane, Mounir Amamra, Adnane El Haruati, Saber Tabi, Nicolas Makola, Mehdi Zellama et Monia Taieb.

I. B.

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Tunisie | Grève générale des agents municipaux

Les agents municipaux ont annoncé une grève générale pour le 13 mars 2025, ainsi qu’un rassemblement de protestation devant le siège de la présidence du gouvernement à la Kasbah, à Tunis.

La commission administrative du secteur des agents municipaux relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a expliqué cette décision par la dégradation du climat social au sein des municipalités et des entreprises œuvrant dans la gestion des déchets, ainsi que par le non-respect des conventions et des accords sociaux et de la détérioration du pouvoir d’achat des agents municipaux face à la hausse des prix.

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Tunisie | Premier laboratoire d’agriculture hydroponique à Nabeul

Le premier laboratoire vivant dédié à la culture de légumes feuilles, de tomates et de fraises sous serre protégée selon des techniques hydroponiques a été inauguré au siège de lUnion régionale tunisienne de lagriculture et de la pêche (Urap) à Nabeul.

Le projet de serre hydroponique, créé par l’expert du secteur, Salim Zouari assisté de Badreddine Attia, a été ouvert au public en présence du président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Moez Ben Zaghdane, qui a souligné l’importance stratégique de ce laboratoire dans la promotion de l’agriculture hydroponique, une méthode qui réduit la consommation d’eau jusqu’à 90% par rapport à l’agriculture conventionnelle au sol.

Cette initiative marque l’aboutissement des efforts déployés par les techniciens et experts de l’Utap pour relever les défis de la rareté de l’eau et du changement climatique, tout en favorisant le développement agricole durable, a déclaré Ben Zaghdane.

Selon lui, la culture hydroponique représente une alternative viable pour la Tunisie et l’évaluation de ce projet pilote devrait encourager une adoption plus large de ces techniques à l’échelle nationale.

De nombreux agriculteurs ont déjà manifesté leur intérêt pour la culture hydroponique, ouvrant la voie à une initiative agricole nationale intégrant cette approche innovante.

De son côté, Salim Zouari a souligné que la serre est le résultat de plusieurs années de recherche et a annoncé qu’elle sera ouverte aux visiteurs, aux agriculteurs et au public sur une base hebdomadaire pour sensibiliser et diffuser les connaissances sur la culture hydroponique.

Selon Zouari, cette technique permet de produire un kilo de légumes avec seulement 20 litres d’eau, contre environ 400 litres nécessaires pour une culture traditionnelle en pleine terre. De plus, elle réduit l’utilisation d’engrais de 75% et élimine le besoin de pesticides chimiques, favorisant ainsi un modèle agricole plus respectueux de l’environnement.

En recyclant l’eau dans un système en boucle fermée, la culture hydroponique offre non seulement des avantages écologiques, mais ouvre également de nouvelles voies pour l’agriculture urbaine, permettant la culture sur les toits et les balcons. Cette approche se base sur des modèles réussis dans des pays comme l’Égypte et Singapour, où l’agriculture hydroponique contribue de manière significative à la sécurité alimentaire.

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Tunisie | Retour du mauvais temps à partir de mercredi

Après plusieurs jours de soleil et de beau temps, la météo va se gâter de nouveau sur la plupart des régions en Tunisie à partir d’après-demain, mercredi 26 février 2025.

Selon Sarhane Rahali, ingénieur à l’Institut national de la météorologie (INM), qui intervenait ce lundi 24 février dans la matinale ‘‘Ahla Sbeh’’ sur Mosaïque FM, des intempéries vont caractériser le ciel tunisien à partir d’après-demain. Ce sera un climat hivernal avec une baisse des températures et des pluies éparses parfois accompagnées d’orages.  

La brume et les nuages apparaissant localement à partir d’aujourd’hui annoncent ce changement attendu, avec éventuellement des pluies à partir de cet après-midi.

I. B.

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Tunisie | 53 décès sur les routes en 20 jours  

Selon l’Observatoire national de la sécurité routière (ONSR), 187 accidents de la route ont été enregistrés entre le 1er et le 20 février courant, causant 53 décès et 263 blessés.

Selon l’ONSR, cité par l’agence Tap, 565 accidents ont été recensés depuis le début de 2025, entraînant le décès de 143 personnes et faisant 740 blessés.

L’observatoire précise aussi que 225 accidents, soit 39,82%, ont été provoqués par l’inattention et la distraction, tandis que la vitesse excessive est la deuxième cause, responsable de 83 accidents (14,69% du total) sur la période allant du 1er janvier au 20 février.

Concernant les décès liés aux accidents de la route, le gouvernorat de Sidi Bouzid arrive en tête, avec 21 personnes décédées pour 36 accidents enregistrés, suivi de Jendouba, qui déplore 12 décès pour 25 accidents.

L’ONSR indique aussi que les véhicules légers sont les plus impliqués dans les accidents, avec 315 cas recensés, suivis des motos, responsables de 273 accidents, des piétons, impliqués dans 191 accidents, et des camions légers dans 141 accidents.

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Tunisie | Le SNJT appelle à une grève générale  

Dans communiqué publié dimanche 23 février 2025, au lendemain de son assemblée générale ordinaire, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a appelé à une grève générale pour dénoncer la détérioration de la situation générale dans le secteur. La date et les modalités de cette action seront fixées ultérieurement.  

Le SNJT a, également, insisté sur la nécessité d’abroger le décret-loi n° 54 de 2022, jugé attentatoire à la liberté de la presse, et de libérer les journalistes emprisonnés sur la base de ce texte.

Le syndicat a, dans ce même contexte, appelé les médias publics à faire preuve de liberté et de responsabilité, au service de l’intérêt général, et les médias privés à améliorer les conditions de travail des journalistes.

I. B.

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Alice Weidel, la figure avenante de l’extrême-droite allemande

Alors que les Chrétiens-démocrates de la CDU et leurs alliés bavarois de la CSU sont arrivés en tête des législatives allemandes du dimanche 23 février 2025, l’AfD, le parti d’extrême-droite, a fait une percée historique de 20,4%, soit une hausse de 9 points par rapport au scrutin de 2021 ce qui donnera encore plus de poids à sa dirigeante Alice Weidel connue d’ailleurs pour être très appréciée par Elon Musk qui avait écrit une tribune appelant à voter pour son parti et a participé à son meeting à Halle. Qui est celle qui sera à la tête d’un bataillon de 149 députés au Bundestag?

Imed Bahri

Une enquête publiée par le New York Times met en lumière les contradictions de la dirigeante du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD). Bien qu’elle soit une politicienne nationaliste hostile aux immigrés et prônant les valeurs familiales traditionnelles, elle vit en Suisse avec sa conjointe sri-lankaise et les deux enfants qu’elles élèvent. 

Selon l’enquête rédigée par le correspondant du journal Christopher Schuetze, les contradictions personnelles de Weidel renforcent son leadership et la popularité de son parti en le faisant apparaître plus en phase avec le courant dominant dans la société et l’air du temps. 

Le NYT affirme que Weidel a joué un rôle clé dans les efforts du parti pour s’imposer sur la scène politique, le propulsant à la deuxième place avant les élections nationales allemandes qui ont lieu dimanche dernier. A un moment de la campagne électorale, Weidel a même été classée comme la candidate la plus populaire de tous les partis participants ce qui reflète sa capacité à attirer un soutien important malgré la controverse entourant ses positions et celles de son parti.

Les contradictions de Weidel s’étendent à sa vie professionnelle et personnelle. Elle s’oppose aux droits des homosexuels et des transgenres mais est lesbienne, promeut le nationalisme mais vit hors d’Allemagne, prétend représenter sa circonscription mais admet dans une interview qu’elle ne sait pas combien de personnes elle représente et ne passe pas beaucoup de temps dans sa région. Lorsqu’on l’interroge sur ces contradictions, elle évite souvent de répondre directement ou se retire des interviews.

Adoubée par la nouvelle administration américaine

L’enquête du NYT décrit Weidel comme une favorite de la nouvelle administration américaine notant que son expertise économique, sa maîtrise de l’anglais et son apparence publique l’ont aidée à gagner des alliés internationaux dont le milliardaire Elon Musk qui à son tour l’a soutenue lors d’une de ses campagnes électorales et minimisé le passé nazi de l’Allemagne.

Weidel a exploité le mécontentement croissant à l’égard des principaux partis allemands pour accroître la popularité du sien mais aucun grand parti n’a encore accepté de former une coalition avec l’AfD. 

L’enquête du NYT fait référence au commentaire d’Anne-Kathrin Mueller, experte de l’AfD au magazine allemand Der Spiegel, selon lequel ce parti est devenu plus extrême sous la direction de Weidel, tout en maintenant une image publique soigneusement étudiée afin de rendre la société allemande plus tolérante à son égard malgré l’association de certains de ses membres avec les nazis et les conspirations visant à renverser l’État.

Werner Patzelt, politologue, estime, de son côté, que la capacité de Weidel à articuler clairement le message du parti – malgré son manque d’empathie et de tolérance – a fait d’elle l’une des figures les plus efficaces du parti.

Un extrémisme rendu plus acceptable par les électeurs.

Weidel a déjà refusé de prendre ses distances vis-à-vis des membres extrémistes tels que Björn Höcke, un dirigeant du parti qui a été condamné à une amende pour avoir tenu des propos nazis et a même déclaré qu’elle l’inclurait dans son gouvernement s’il était élu.

Bien qu’elle insiste sur le fait que l’AfD est libertaire plutôt que nationaliste, Weidel soutient des politiques de droite telles que l’expulsion des réfugiés et s’oppose aux études sur la diversité sociale, le genre et les énergies renouvelables.

Le NYT conclut que la réussite de Weidel à intégrer son parti dans le courant politique dominant est indéniable mais les experts avertissent que son leadership n’a pas atténué l’extrémisme du parti mais l’a plutôt rendu plus acceptable aux yeux des électeurs.

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Lettre ouverte à ma sœur, en détention préventive

L’auteure a forcé sa pudeur et son silence pour écrire cette lettre ouverte à sa sœur, Saâdia Mosbah, militante de la société civile, présidente de l’association Mnemty luttant contre la discrimination raciale et œuvrant pour une Tunisie plurielle, arrêtée le 7 mai 2024 et poursuivie dans une vague affaire liée au financement de son Ong. «Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse»… Mais, parfois aussi, une parole libère.  

Affet Bent Mabrouk Mosbah

Saâdia, ce que nous traversons est fait de silence: curieusement, je ne ressens ni le vide de toi, ni ton silence: où que nous soyons, tu es en moi et ça ne peut être autrement. Nous sommes issues du même ventre, nous aurons côtoyé la même enfance, la même jeunesse, la même maturité et, entamons ensemble nos prochaines années. Ton rire, tes colères m’accompagnent comme toujours. De cela, c’est la vie et elle seule qui décide. Nos destins ne seront jamais dissociés. La leçon de notre Mère, que j’entends davantage aujourd’hui, est que nous sommes indéfectiblement unies.

Saâdia, à toi cette lettre que je ne t’envois pas là où tu ne dois pas être ou plutôt là où nous ne devons pas être. Les proches de détenus seuls savent qu’un détenu, c’est une famille gardée à vue. Je parle de toutes les familles, aussi bien celles des criminels ou des malfrats. L’expérience rapproche : nous sommes différents mais les mêmes.

Ta place est dans ta vie, dans ta maison…

Saâdia, depuis ce 6 mai 2024, je suis avec toi par la chair, par le sang, par le souffle, par la respiration, par le sommeil et son corolaire d’insomnies. Ton transfèrement à Nabeul où les conditions de détentions sont nettement améliorées ne me réconforte pas davantage. Certes, Néapolis c’est chez nous, souviens-toi : notre Père nous avait fait fouler chaque centimètre de notre pays. Nabeul des bigaradiers qui embaument les ruelles, des nattes de joncs, des potiers revenus d’Andalousie… Magnifique. Nabeul du centre de détention : nous n’y sommes pas, ta place étant dans ta vie, dans ta maison, avec ton fils et tous ces chats lestes qui la traversent.

Saâdia, je veux témoigner ici de la qualité de nos amis. La puissance de leur empathie, leur présence affective sont bouleversantes. Ma conviction est que la douleur ne se partage pas : elle se multiplie.

Saâdia : si surprise malgré l’âge par le crétinisme de ceux qui parlent de «ton affaire» sans la connaître, sans respect aucun pour l’instruction en cours, pour le principe universel de l’Habeas corpus anglais. En un mot, sidérée par l’irrévérence devant la Justice, et par ricochet, devant la République et ses règles et ses lois : «Tout homme est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire.» Il reste pour les sachants un devoir de pédagogie intense à mener, afin de nouveau, nous hisser sur les cimes de Carthage.

Au fond, Saâdia, c’est l’époque qui veut cela : l’horizontalité des réseaux sociaux annihile toute verticalité. Tu n’ignores pas mon dédain pour cet outil qui, mis entre n’importe quelles mains, se retourne contre son propre créateur, l’homo sapiens. Une idée me traverse l’esprit : créer un contre-Nobel rétribuant la bêtise et l’abaissement de l’intelligence. Pléthore de candidats creuseraient le sol, tant leur bonheur consiste à sonder les abysses. Une chute vertigineuse, mais enfin une catégorie ! Humaine tout compte fait.

Saâdia, je sais combien toi et moi tenons à la verticalité héritée de nos géniteurs. Je n’en dirai pas plus sous peine de fatuité. Juste te faire savoir qu’à propos de verticalité, Farès, ton fils, aura hérité du meilleur de Habib Gueblaoui et de toi. Un homme debout, que je voyais avec les yeux d’une tante, ou, l’éternel petit dernier. Aujourd’hui, je le regarde : un homme d’une loyauté comparable à la tienne, d’une indulgence semblable à celle de son père. Indulgence… dont je suis définitivement atrophiée. Il me l’apprend avec une douceur infinie.

Saâdia, à propos de géniteurs : il est étrange ce bonheur que je ressens, aujourd’hui, à la pensée qu’ils ne sont plus de ce monde. C’est bien ainsi, histoire de les préserver de notre épreuve. Bizarre tout de même ce sentiment qui consiste à se réjouir de l’absence de ceux que nous aimons tant. Ressens-tu la même chose ?

Saâdia, me traverse régulièrement l’esprit ton aversion de la haine qui demande tant d’énergie, là où la bienveillance, l’amour procurent souplesse et hauteur de vue. Hommage absolu à Mabrouk Mosbah et à nos éducateurs : puissent-ils percevoir là où ils se trouvent ce qu’ils nous ont donnés.

Saâdia, la dignité dont tu fais preuve force le respect sans me surprendre toutefois. Dans certaines circonstances, une mère ne s’épanchera pas devant son fils, là aussi par réflexe de protection. Nous sommes sœurs, je sais ce mutisme-là. Respect devant la dignité préservée et la transmission de l’esprit de dignité. Je te reconnais autant que j’admire ton fils.

Une planète qui semble tourner à contre-sens 

Saâdia, les questions migratoires nous dépassent aujourd’hui. Partout, je perçois un mouvement accéléré de notre planète qui semble tourner à contre-sens : il s’agit désormais d’éradiquer les pauvres, mais non la pauvreté. C’est une question, une véritable question : que se passera-t-il quand plus nombreux seront les réfugiés climatiques ? Il s’agira sans doute de repenser le monde, mais ni toi ni moi ne le referons. J’aurais traité du racisme de manière intime quand tu auras choisi une autre voie éclairante de certaines consciences. Mauvaise nouvelle : le racisme ne sera jamais éradiqué ou lorsque l’humanité dans son entièreté sera devenue… beige moyen. Et encore trouverons-nous autre matière à dissonance, les choses se distinguant irrémédiablement par leur contraire. Ecce homo, ma Sœur. Ecce homo.

Saâdia, tu sais ma théorie : les Empires ne meurent pas, ne se défont pas, ne se dissolvent pas dans l’Histoire. Carthage est debout. Et nous en sommes. Toi et moi, irrémédiablement Carthaginoises. Parce que c’est toi. Parce que c’est moi. Point.

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Tunisie | Ennahdha réitère son appel à la libération de tous les détenus politiques  

Le mouvement Ennahdha a réitéré, dans un communiqué publié ce dimanche 23 février 2025, son appel à la libération de tous les détenus politiques et à mettre fin aux atteintes aux droits et aux libertés individuelles et collectives.  

Le mouvement islamiste, dont la plupart des hauts dirigeants sont incarcérés et poursuivis dans diverses affaires, à commencer par son président Rached Ghannouchi, a également appelé, dans le même communiqué, à abandonner tous les procès intentés à l’encontre de la présidence de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) Sihem Bensedrine, du journaliste Mohamed Boughalleb et de l’ancien ministre Riadh Mouakhar, qui viennent d’être mis en liberté, et à mettre fin aux poursuites judiciaires dont ils font l’objet.      

L’ampleur de la crise où se trouve le pays impose de revenir sur toutes les procédures non démocratiques et contraires à la loi et de revenir à la raison, au droit et à l’Etat des institutions, de manière à assurer la justice sociale, la stabilité politique et sociale pour tous les Tunisiens, sans exclusion ni discrimination, souligne le communiqué.     

I. B.

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Japon | La Jica célèbre ses 50 ans en Tunisie

Pour commémorer le 50e anniversaire de la création du bureau de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) en Tunisie en 1975, une étape importante dans l’histoire de la coopération internationale, l’ambassade de Tunisie au Japon a organisé le 21 février 2025 une réception pour honorer les volontaires japonais qui ont consacré leurs efforts à la Tunisie depuis plus de cinq décennies, contribuant au développement durable et renforçant les liens culturels entre les deux nations.

La réception a réuni des invités de marque, parmi lesquels de hauts responsables de la Jica, du ministère japonais des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de l’Association d’amitié Japon-Tunisie.

Un groupe diversifié de bénévoles de différentes générations a également participé, partageant des témoignages sincères sur leurs expériences en Tunisie. Ils ont réfléchi sur «les amitiés profondes qu’ils ont nouées avec les Tunisiens, l’hospitalité chaleureuse qu’ils ont reçue et l’impact durable de leur travail – sur le plan professionnel et personnel». Ils ont raconté des histoires de croissance personnelle et des expériences en Tunisie.

Des musiciens japonais ont interprété une mélodie mêlant les traditions musicales tunisiennes et japonaises en rehaussant l’ambiance de la soirée. Les participants ont déclaré que cet échange culturel unique mettait en valeur les relations entre les deux pays, relations encore renforcées par l’événement.

Lors de l’événement, l’ambassadeur de Tunisie au Japon, Ahmed Chafra, a prononcé un discours liminaire, rendant hommage au rôle déterminant de la Jica dans le soutien au développement économique et social de la Tunisie. Il a particulièrement souligné le rôle des volontaires japonais en tant qu’ambassadeurs de l’amitié et de la coopération, dont les contributions ont laissé une marque indélébile dans divers secteurs. Leur travail, a-t-il souligné, va au-delà du partage d’expertise, témoignant de la profonde compréhension et de la collaboration entre la Tunisie et le Japon.

Ahmed Chafra.

L’ambassadeur a salué leur travail, qui a eu un impact significatif, et a déclaré que leur dévouement était un facteur clé dans le succès de la mission de la Jica en Tunisie.

L’événement comprenait également une exposition de photos retraçant les étapes importantes du travail bénévole japonais en Tunisie des années 1970 à aujourd’hui. Ce voyage visuel a non seulement mis en lumière l’évolution de la coopération bilatérale, mais a également constitué un puissant témoignage de l’engagement des deux pays en faveur d’un progrès partagé, inspirant l’espoir pour l’avenir, ont déclaré les participants.

L’ambassade du Japon a indiqué que cette célébration a réaffirmé le partenariat Tunisie-Japon, soulignant l’engagement des deux pays à faire progresser la coopération dans divers domaines. «C’était un témoignage renouvelé des liens profonds d’amitié et de respect mutuel entre la Tunisie et le Japon, ouvrant la voie à une collaboration encore plus grande et favorisant un sentiment d’optimisme pour l’avenir.»

D’après Arab News Japan.

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Mustapha Ferjani et la médecine du futur en Tunisie

«C’est à nous, décideurs, médecins, chercheurs et ingénieurs de veiller à ce que le progrès technologique reste bien au service de l’être humain et non l’inverse».

C’est ce qu’a souligné le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, dans une déclaration en marge du 10e Forum international de la santé numérique, organisé du jeudi 20 au samedi 22 février 2025 à Hammamet.

«Nous sommes à un tournant de l’histoire médicale, a ajouté le ministre, en insistant sur l’apport décisif de l’intelligence artificielle (IA) et de la santé numérique qui ne «ne sont plus un concept futuriste», mais «plutôt une réalité irréversible à vivre avec».

Selon M. Ferjani, celles-ci «offrent, certes, des avancées extraordinaires, mais par contre, doivent être appuyées et accompagnées d’un cadre éthique et réglementaire solide». Il a insisté sur «l’importance d’opter pour une approche responsable, humaniste et inclusive», où l’IA «complète et renforce l’intelligence naturelle des médecins, sans pour autant la remplacer intégralement. Ainsi, nous encourageons les innovations et les initiatives, afin de stimuler la créativité et encourager les solutions qui bâtiront la médecine du futur». Le ministre tunisien de la Santé pense que la télémédecine, notamment les chatbots médicaux, le suivi des patients à distance et les plateformes d’aide au diagnostic demeurent des outils qui offrent des opportunités uniques, à commencer par la réduction des inégalités d’accès aux soins, notamment au niveau des régions de l’intérieur, ainsi que l’amélioration de la formation continue et le développement d’une médecine plus personnalisée.

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La Tunisie, un pont entre la Chine et l’Afrique

La 22e Conférence sur la Chine s’est tenue samedi 22 février 2025 à Tunis, avec la participation de plus de 100 participants issus de la diplomatie, des universités et des instituts de recherche de Chine et de Tunisie.

Placé sous le thème «Approfondir la coopération sino-africaine pour diriger le processus de modernisation des pays du Sud» et co-organisé par l’Institut Chine-Afrique et l’Institut supérieur des langues de Tunis (ISLT), l’événement a porté sur des sujets tels que l’expérience chinoise en matière de réduction de la pauvreté, la coopération sino-tunisienne et l’inspiration de la modernisation chinoise pour la coopération sino-africaine.

Notant les expériences historiques similaires ainsi que le soutien et le respect mutuels constants entre la Tunisie et la Chine, le directeur de l’ISLT, Hichem Messaoudi, a déclaré que «la Chine, tout comme la Tunisie et son continent, l’Afrique, partagent une histoire parfaitement semblable fondée sur le pardon, la paix, l’amitié mutuelle, le respect et l’interculturalité, dans le respect de la diversité», a expliqué à Hichem Messaoudi, directeur de l’ISLT, ajoutant que la communauté universitaire tunisienne est disposée à servir de pont pour le développement des relations Tunisie-Chine et Afrique-Chine, et à promouvoir davantage la coopération Tunisie-Chine dans divers domaines.

L’ISLT, a-t-il souligné, restera toujours un portail pour concrétiser, approfondir, booster la coopération entre la Tunisie et la Chine, et aussi entre l’Afrique, la Chine et le monde arabe.

Pour Houda Hazami, professeur de l’Institut supérieur de management, le modèle chinois demeure un exemple à suivre pour les pays du Sud. L’initiative Ceinture et la Route constitue une opportunité en or pour la Tunisie, un pays qui a parié depuis 2011 sur l’ouverture sur de nouveaux horizons économiques émergents et prometteurs afin de diversifier ses ressources de financement et de bâtir de nouveaux partenariats plus équilibrés, a-t-elle déclaré, dans son intervention au forum, auquel nombreux d’étudiants tunisiens et chinois ont pris part.

La Tunisie avait signé en juillet 2018 l’accord d’intégrer l’initiative de Ceinture et la Route et, en septembre de la même année des accords pour réaliser trois mégaprojets dans le sud du pays, un pont mobile dans l’île de Djerba, le réaménagement du Pôle économique et commercial de Zarzis et une ligne ferroviaire reliant les eux gouvernorats de Gabes et Medenine.

Avec plusieurs canaux de financement et d’accès à cette initiative, notamment la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, la Banque africaine de développement (BAD) ou encore le Fonds de la Route de la soie, le Fonds de développement Chine-Afrique et le fonds de co-investissement Chine-Union européenne, la Tunisie «pourrait profiter du modèle chinois dans plusieurs vecteurs de croissance à forte valeur ajoutée, en particulier l’instrument de la Route de la Soie, l’infrastructure numérique, la sécurité cybernétique, la gouvernance numérique et les cités numériques, la formation professionnelle et l’éducation», a conclu la chercheure.

Zhou Yunfan, vice-présidente de l’Institut Chine-Afrique a rappelé que le dernier sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), tenu à Pékin du 4 au 6 septembre 2024, a défini dix actions de partenariat pour approfondir la coopération sino-africaine et faire avancer la modernisation des pays du Sud.

Zhou Yunfan et Houda Hazami.

«A cet égard, les institutions de recherche et les groupes de réflexion ont un rôle unique à jouer dans le renforcement de l’apprentissage mutuel entre les civilisations, le partage d’expériences de gouvernance, ainsi que dans l’apport d’un soutien intellectuel dans le processus d’élaboration des politiques», a-t-elle poursuivi.

Selon elle, l’Institut Chine-Afrique a organisé une série de séminaires et de conférences internationales, en plus de 50 projets de recherche collaborative sino-africaine. «Nous sommes également ouverts à l’accueil de chercheurs africains pour faire des recherches en Chine», a déclaré Mme Zhou.«Réaliser la modernisation est un droit inaliénable de tous les pays et une tâche commune pour la Chine et les pays africains dans la poursuite du développement national et du bien-être du peuple», a déclaré Zhou. Les expériences communes et les objectifs similaires ont rapproché la Chine et les pays africains, les deux parties se soutenant mutuellement en matière de développement économique et de renouveau national, et l’espace de coopération bilatérale s’élargissant constamment, a-t-elle ajouté. Et de conclure : «La Chine et les pays africains doivent travailler ensemble pour promouvoir une modernisation juste, ouverte et gagnant-gagnant, axée sur les personnes, diversifiée et inclusive, respectueuse de l’environnement, pacifique et sûre».

D’après Xinhua.

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 ‘‘Pleasure’’ | La face cachée de l’industrie du porno

 ‘‘Pleasure’’ est un film suédois de Ninja Thyberg, sorti en 2021, qui nous dessille les yeux sur le côté sordide, impitoyable et violent de l’industrie de la pornographie.

Mohamed Sadok Lejri *

Au début, J’étais attiré par le sujet du film pour de mauvaises raisons. J’ai cru que j’allais voir un film lubrique et me contenter de quelques scènes cochonnes, mais j’ai découvert un film dur et profond (sans mauvais jeu de mots). Le film ne contient pas de scènes explicites comme on pourrait le supposer, il est dépourvu d’érotisme et de voyeurisme, mais rend compte des préparatifs des tournages X.

Ce film raconte l’histoire d’une jeune femme de 19 ans qui quitte sa Suède natale pour percer dans le porno californien.

Bella Cherry est ambitieuse, prête à tout pour réussir et devenir une star du porno. Elle découvre petit à petit l’envers du décor de ce milieu, notamment la violence sexuelle que l’industrie impose.

Regard sans complaisance sur un milieu très particulier

‘‘Pleasure’’ est l’œuvre d’une réalisatrice suédoise qui produit une réalité authentique et soigneusement expurgée de toute retenue. Elle livre au public un regard très réaliste et sans complaisance sur ce milieu très particulier. Les coulisses de cette industrie sont montrées avec une précision et une subtilité dont la conjugaison dissuade toute envie d’approcher cet univers fondé sur la transgression sadique.

Ninja Thyberg fait passer un message à charge contre la vénalité, la misogynie et la toxicité du milieu du hard, malgré les apparences de bienveillance et de liberté, et ce, en dépeignant ses mœurs et sans jamais verser dans le discours victimaire et le manichéisme primaire – avec les actrices victimes d’un côté et les méchants pornographes de l’autre –. Ainsi, elle ne succombe pas à la facilité et à la médiocrité en proposant une œuvre moralisatrice.

D’ailleurs, malgré son côté candide et bon enfant, Bella Cherry n’est pas présentée comme une victime innocente. Bien au contraire, prête pour une irrésistible ascension, mettant toutes les chances de son côté, la jeune Suédoise navigue avec audace et détermination au sein d’un milieu dont la perversité est naturelle, un milieu implacablement dominé par la surenchère et la logique mercantiliste au détriment de l’éthique et de la dignité humaine.

Une plongée sans fard dans la réalité sordide

Ninja Thynberg impose, tantôt en force, tantôt en subtilité, avec un talent indéniable, sa réflexion sur le monde du porno et ses dérives. Elle montre l’ambiguïté d’une industrie qui repose sur une logique capitaliste et nous propose une plongée sans fard dans la réalité sordide qui se cache derrière ces images pornos dont des millions et des millions de jeunes et moins jeunes des quatre coins du monde sont si friands.

Ninja Thyberg montre dans ce film que les actrices du X ont beau être courageuses, voire un peu téméraires sur les bords, elles se trouvent tôt ou tard confrontées à des choix difficiles et à leurs propres limites. C’est vraiment une immersion dans un milieu qui suscite une certaine fascination chez les gens, étant donné que l’industrie en question repose sur le tabou suprême, en l’occurrence le sexe, et que tout un mythe s’est créé autour d’elle.

A mon humble avis, l’on ne peut rester insensible à un film pareil, a fortiori quand on est une femme. ‘‘Pleasure’’ est un film dur. C’est un long-métrage qui parle de porno et qui, en même temps, s’adresse à un public plutôt cultivé et cinéphile.

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Collège Sadiki | Bilan d’un siècle et demi de modernisation

20 février 2025, au fond de la médina, dans une demeure bourgeoise rénovée, Dar Ben Gacem, en face de la vieille bâtisse du lycée de la rue du Pacha, «Nadwa» a organisé la première conférence-débat sur la commémoration du 150e anniversaire de la fondation du collège Sadiki, œuvre du Grand ministre réformateur Kheireddine Bacha en 1875.

Saoussen Nighaoui *

Une exposition inédite de photos anciennes sauvegardant la mémoire du lieu et de ses occupants depuis la fin du XIXe siècle a garni l’espace du patio pour le bonheur de nostalgiques visiteurs dont la plupart sont d’anciens Sadikiens?

Exposition photographique et documentaire et conférence sur l’histoire de Sadiki.

Ensuite, le professeur Abdelhamid Larguèche a donné une conférence où il a exposé devant un public savant et curieux la longue marche sadikienne du savoir à travers les générations depuis les pionniers de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du siècle dernier.

Façade du collège sans cesse restaurée faite dans le style néo-mauresque de l’époque (1897).

Un débat centré sur la mémoire du lieu et l’image de l’excellence qu’il dégage.

Sadiki, la fabrique de la nation contemporaine

La thèse défendue et développée par l’historien est que l’école et en premier Sadiki est au cœur de la construction de la nation tunisienne contemporaine bien avant l’indépendance.

En effet, par son ancienneté, ses enseignements dans les deux langues et l’introduction des sciences exactes (mathématiques, physique et géométrie), ainsi que par sa réponse sans cesse renouvelée aux besoins élargis d’une société en mutations sous l’effet de la colonisation, Sadiki a su s’adapter au fil des décennies à cette spirale de la tourmente coloniale.

Plus que cela, Sadiki est devenu le foyer et la matrice des nouvelles élites tunisiennes désireuse du changement politique et de libération nationale.

Une dynamique irréversible sur un siècle a fait naitre, non seulement l’élite du mérite et du savoir depuis Béchir Sfar et Mohamed Salah Mzali, jusqu’à Habib Bourguiba, Slimane Ben Slimane, Mahmoud Messaadi et Ali Belhouane. Bref, Sadiki est devenu le haut lieu d’épanouissement du nationalisme tunisien qui a fini par influencer le mouvement de l’histoire, surtout à partir du 9 avril 1938 et la grande manifestation de Tunis revendiquant un parlement tunisien.

La Tunisie peut aujourd’hui s’enorgueillir des ses élites des Lumières qui ont élevé la Tunisie depuis plus d’un siècle au rang de nation moderne, désireuse de savoir et de progrès.

Un moment fort de la conférence fut consacré au devoir de mémoire, lorsque le conférencier a proposé à la salle de rendre hommage à deux illustres Sadikiens, victimes des injustices de l’Etat indépendant : Mohamed Salah Mzali, Premier ministre en 1954, et Mohamed Attia, directeur et réformateur infatigable de l’enseignement de l’après-guerre et jusqu’à l’indépendance. La Tunisie d’aujourd’hui a besoin de toute sa mémoire et est appelée de se réconcilier avec elle-même et avec tous ses enfants.

Album Photos

Salle de gymnastique au tout début du XXe siècle : la culture du corps fait son irruption.

De 1900 à 1960, Sadiki a radicalement changé : la jeunesse tunisienne (costumes, postures et mentalité).

Habib Bourguiba avec Hassan Hosni Abdelwahab, historien de la Tunisie.

Béchir Denguizli (1869-1934) : Sadikien et premier médecin tunisien musulman moderne.

Conférence de l’historien Abdelhamid Larguèche.

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