Les pays du Sud mènent la transformation du commerce international
Les pays du Sud mènent désormais la transformation du commerce international et de la coopération économique, avec la présidence du G20 qui est passée de l’Indonésie à l’Inde, puis au Brésil et aujourd’hui à l’Afrique du Sud.
Lors de la session géopolitique de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, le 20 février 2025 en Afrique du Sud, Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), a souligné, selon le site de la Cnuced, un tournant majeur dans la gouvernance mondiale. Elle a mis en exergue le fait que cette année marque la fin d’un cycle inédit : pour la première fois, la présidence du G20 a été assurée successivement par quatre pays du Sud — l’Indonésie, l’Inde, le Brésil, et désormais l’Afrique du Sud.
Selon Mme Grynspan, cette évolution est révélatrice du potentiel de la multipolarité pour renforcer le multilatéralisme plutôt que de l’affaiblir. Dans ses déclarations, elle a affirmé : « Ces quatre dernières années ont prouvé que le bon choix est d’avoir multipolarité et multilatéralisme ». Pour elle, cette transition montre que la diversité géopolitique mondiale est un atout stratégique permettant une coopération internationale plus dynamique et équilibrée.
Un nouveau paysage économique mondial
Dans un monde où l’incertitude économique persiste, de nouvelles dynamiques commerciales se dessinent, offrant des perspectives de croissance plus inclusives et durables. Selon la Cnuced, les reprises économiques post-pandémie ont été inégales, certaines économies étant confrontées à des défis comme la stagnation, l’incertitude des investissements, ou encore le surendettement. Toutefois, ce climat incertain a également ouvert la voie à des dynamiques inédites. En particulier, le commerce Sud-Sud et l’intégration régionale ont pris de l’ampleur, offrant ainsi des voies alternatives vers la résilience économique.
Par exemple, des initiatives telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), et l’accord UE-Mercosur illustrent comment la coopération régionale et interrégionale peut compléter l’engagement mondial. Ces partenariats ont permis d’émerger des nouvelles sources de croissance, facilitant un commerce plus équitable et un renforcement des capacités économiques des pays en développement.
D’après la Cnuced, cette coopération constitue une réponse face aux défis mondiaux, comme les disruptions des chaînes d’approvisionnement et les risques d’inflation.
Les défis d’une croissance durable et inclusive
Malgré ces avancées, les défis économiques demeurent de taille. En effet, l’incertitude liée aux investissements, la stagnation de certaines économies et les problématiques de surendettement continuent de peser sur la stabilité mondiale.
Rebeca Grynspan a averti que la conjonction de perturbations commerciales, d’inflation et de volatilité des taux de change pourrait exacerber la situation. Ces facteurs, ajoutés à l’augmentation des coûts d’emprunt, risquent de forcer les pays les plus vulnérables à détourner des ressources destinées à leur développement à long terme pour couvrir leur dette.
Cette situation met en péril les perspectives de croissance inclusive, alors que les pays en développement risquent de voir leurs efforts pour promouvoir l’industrialisation et la diversification économique contrariés par des pressions financières à court terme. La Cnuced appelle donc à une action concertée pour permettre aux économies émergentes de naviguer à travers ces défis, notamment par le biais de réformes financières et commerciales adaptées.
Réformes nécessaires pour un système commercial plus équilibré
Afin de garantir une croissance durable et inclusive, la Cnuced plaide en faveur de réformes en profondeur des systèmes commerciaux et financiers mondiaux. Dans son discours, Grynspan a insisté sur la nécessité de donner aux pays en développement une plus grande marge de manœuvre pour investir à long terme dans l’industrialisation et la diversification économique.
Cette réforme devrait inclure la modernisation des accords commerciaux internationaux, afin de permettre une plus grande équité dans les échanges mondiaux. La Cnuced estime que les règles du commerce mondial doivent évoluer pour garantir que toutes les économies, et non seulement les plus grandes puissances économiques, en bénéficient. Ce cadre reformé devrait permettre un accès plus équitable aux investissements et aux marchés mondiaux, tout en stimulant les efforts pour un développement plus équilibré.
La secrétaire générale de la Cnuced a rappelé que l’objectif ne doit pas être de créer un « monde sans règles », mais plutôt de mettre en place des règles qui soient bénéfiques pour l’ensemble de la communauté internationale.
Enfin, la coopération Sud-Sud, soutenue par les initiatives régionales, devient de plus en plus un moteur d’intégration économique et d’innovation. Dans ce contexte, les pays en développement, soutenus par des partenariats régionaux renforcés, ont la possibilité de se positionner comme acteurs clés d’une nouvelle gouvernance économique mondiale.
Rebeca Grynspan a conclu ses propos en soulignant qu’en favorisant des chaînes de valeur régionales et en adoptant des politiques commerciales plus inclusives, les pays peuvent transformer les incertitudes économiques en véritables opportunités de développement. En effet, une telle transformation économique permettrait de veiller à ce que les bénéfices de cette croissance se répartissent plus équitablement entre toutes les nations.
Selon la Cnuced, ce modèle pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de coopération économique internationale, où le multilatéralisme et la multipolarité se rejoignent pour créer un système commercial plus juste et plus durable.
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