Un collectif d’intellectuels français a récemment publié une tribune dans Le Monde, appelant l’État français à reconnaître pleinement les violences perpétrées entre 1961 et 1962 par l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS). Ces actions terroristes, visant à maintenir l’Algérie sous domination française, avaient fait de nombreuses victimes, tant en Algérie qu’en France.
Le 24 janvier 2020, Emmanuel Macron déclarait que « les sujets mémoriels sont au cœur de la vie des nations (…) La guerre d’Algérie est ce qui fait la Ve République (…) C’est donc quelque chose qui pèse dans la vie institutionnelle, politique, militaire française ». Aucune autre présidence n’avait jusqu’alors accordé autant d’importance à ce volet mémoriel.
Macron a engagé la France dans un processus de reconnaissance, en mettant en place dix-neuf initiatives mémorielles, dont sept déclarations officielles, soulignant ainsi la place centrale de cette guerre dans l’histoire moderne du pays.
Les intellectuels signataires de la tribune s’interrogent sur le silence observé par le président concernant les 3 000 victimes de l’OAS, dont 2 551 en Algérie et 71 en France.
On trouve parmi les victimes des militaires, des gendarmes (dont le général Philippe Ginestet), des policiers, ainsi que des civils, des élus, des magistrats et autres fonctionnaires. Ce silence interroge la manière dont cette part de l’histoire est gérée et reconnue.
Les archives nationales, désormais accessibles grâce à l’arrêté du 22 décembre 2021, révèlent que les membres de l’OAS n’étaient pas des « patriotes », mais des criminels agissant pour des intérêts personnels. Selon ces intellectuels, le président Macron devrait rendre hommage à toutes les victimes de l’OAS et reconnaître officiellement cet aspect de l’histoire, qui continue d’influencer la politique, les institutions et l’armée françaises. Ignorer cette histoire, selon eux, c’est courir le risque de la revivre.
Pour rappel, en 2018, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de la France dans la répression de la guerre d’Algérie, en particulier en ce qui concerne les crimes commis par l’OAS. Ce geste s’inscrivait dans une démarche de réconciliation avec l’Algérie, visant à réparer les « blessures » laissées par ce conflit. En 2022, il a également reconnu le rôle de l’armée française dans l’assassinat de Maurice Audin, un militant anticolonialiste.
Malgré ces avancées, la question des crimes commis par l’OAS reste délicate. Macron a appelé à la réconciliation, mais évite de reconnaître officiellement les exactions commises par l’organisation. Bien que le processus de normalisation des relations entre la France et l’Algérie soit en cours, des tensions subsistent, notamment autour de l’histoire coloniale et des réparations…
L’organisation a notamment tenté d’assassiner le général de Gaulle en 1962. Elle a aussi été responsable de nombreuses attaques contre des personnalités politiques, des membres du FLN, ainsi que des civils.
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