La Tunisie continue de décrocher dans le domaine de l’IA
Evoquant l’événement le plus important de la semaine écoulée, qui est le tremblement de terre déclenché par la start-up chinoise Deepseek, l’économiste Hachemi Alaya a souligné, dans sa mettre de veille Ecoweek (XVIe année, N° 5 du 2 février 2025) ce qu’il considère comme le décrochage de la Tunisie dans le domaine de l’Intelligence artificielle (IA).
L’économiste estime que l’appropriation de l’IA n’est pas une affaire restreinte aux géants de la tech qui disposent de moyens financiers stratosphériques, mais qu’elle est accessible à tous les pays. Mais il déplore que, dans ce domaine, la Tunisie, qui préfère les sociétés communautaires aux startups, ne cesse, hélas, de décrocher.
«C’est en tout cas ce que révèlent les rapports publiés cette semaine. Notre pays souffre un choix politique où l’économie sociale distributiviste éclipse l’économie de l’innovation et de la production; une utopie nostalgique de préférence à une vision d’avenir», écrit Hachemi Alaya, estimant qu’«en prenant le risque de rater le train de l’IA, la Tunisie consacre son déclin».
Ecoweek publie d’ailleurs un graphique du le «Top 10 des pays d’Afrique les mieux préparés à l’IA», établi à partir des données du FMI – AI Preparedness Index, où la Tunisie apparaît au 4e rang africain (84e mondial sur 174 pays), avec un score global inférieur à la moyenne (0,465 sur 1 point), derrière les Seychelles, 1er africain (57e mondial), Maurice, 2e africain (60e mondial), et l’Afrique du Sud, 3e africain (69e mondial).
Cette piètre performance est d’ailleurs confortée par l’Indice mondial de préparation à l’intelligence artificielle 2024 établi par Oxford Insights, publié la semaine écoulée, et qui place la Tunisie au 92e rang mondial (sur 188 pays), en recul de 11 places par rapport à son classement 2023 et de 38 places depuis le classement de 2019.
La Tunisie, qui fut le premier pays africain et arabe à s’engager fermement dans le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et ce dès la fin des années 1980, peut cependant se consoler de devancer (pour combien de temps encore ?) les autres pays d’Afrique du Nord, le Maroc (96e mondial), l’Egypte (108e mondial), l’Algérie (117e mondial) et la Libye (162e mondial). Mais il n’y a pas de quoi pavoiser, car notre pays aurait pu faire beaucoup mieux s’il avait su profiter de la qualité de ses ingénieurs dans ce domaine, dont un grand nombre ont quitté le pays pour aller monnayer leurs compétences sous d’autres cieux plus cléments. Et on ne peut sérieusement les en blâmer, puisqu’ils servent ainsi mieux leur pays que s’ils y sont restés à se morfondre sans la frustration.
I. B.
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