• Plus de 180 détenus palestiniens libérés, dont 150 envoyés à Gaza, contre trois otages sionistes
• 50 malades ont été évacués en Égypte via le passage de Rafah (Sud du territoire)
SYNTHÈSE — Le Hamas a libéré hier trois otages sionistes (Yarden Bibas, Keith Siegel et Ofer Kalderon) après 484 jours de captivité à Gaza, contre plus de 180 prisonniers palestiniens, le quatrième échange depuis le début de la trêve dans le territoire palestinien.
Déployés en nombre, des combattants du mouvement palestinien ont organisé dans la bande de Gaza les cérémonies de libération rapidement, sans encombre et en l’absence de foules de Palestiniens
À Khan Younès, plusieurs bus et véhicules sont arrivés hier après-midi au milieu d’une foule en liesse venue accueillir 150 prisonniers palestiniens libérés par l’entité sioniste dans le cadre de l’accord de trêve avec le Hamas.
Devant l’hôpital européen de cette ville du Sud de la bande de Gaza largement détruite par la guerre, plus d’une centaine de personnes, des hommes pour la plupart, dont certains portent des armes, crient de joie alors que les bus progressent lentement au milieu de l’effervescence ambiante.
Dans les étroites impostes coulissantes des bus, des hommes portant le pull en molleton gris des services pénitentiaires sionistes se bousculent pour tenter de passer la tête au dehors. Parfois trois paires de bras ont réussi à se glisser dans l’embrasure et saluent la foule frénétiquement.
Emu, un homme se saisit d’un micro tendu par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera pour dire sa joie d’être sorti de prison et le temps qu’il doit tenter de rattraper malgré les morts de la guerre de plus de quinze mois.
Un autre tend les bras pour attraper un petit enfant qu’on lui tend. Un autre encore, les yeux humides, embrasse la paume de sa main avant de la poser sur celle, de l’autre côté de la vitre du bus, d’une personne venue l’accueillir.
Quand finalement les prisonniers sortent du bus, la foule les acclame à nouveau, leur tape dans la main à mesure qu’ils avancent au milieu de la cohue afin de se rendre à l’hôpital pour des tests médicaux réalisés par la Croix-Rouge.
Un prisonnier plus jeune que les autres semble ébloui par le grand soleil et cligne des yeux. D’autres semblent gênés par l’agitation, mais la plupart crient de joie en se prenant la tête entre les mains.
En face, le public est nerveux. Des regards cherchent fébrilement à reconnaître un proche attendu parfois depuis des années.
A Ramallah, retrouvailles émues
A sa descente du bus qui le ramène à Ramallah, en Cisjordanie occupée, après 23 ans dans les prisons sionistes, Ata Abdelghani (55 ans) ne retrouve pas que sa liberté. Ses jumeaux, Zain et Zaid, l’attendent aussi, pour leur première rencontre.
Ses fils, aujourd’hui âgés de 10 ans, ont été conçus alors que leur père était incarcéré. Son sperme a été clandestinement transféré hors de prison.
Ata Abdelghani purgeait une peine à perpétuité, selon une liste publiée par le Club des prisonniers palestiniens à Ramallah. «Ces enfants sont les ambassadeurs de la liberté, la génération future», lance-t-il en les serrant dans ses bras.
Pour cette quatrième vague de libérations depuis l’entrée en vigueur de la trêve à Gaza, le 19 janvier, une foule enthousiaste s’est rassemblée pour accueillir les 25 Palestiniens ramenés en Cisjordanie occupée.
Vêtus de l’uniforme carcéral, un survêtement gris, le crâne rasé, ils sortent du bus l’air las et fatigué. Mais ils sont emportés par la foule, beaucoup juchés sur des épaules, et accueillis en héros.
«Moment bouleversant»
M. Abdelghani peine à décrire ses émotions: «c’est difficile à décrire avec des mots», dit-il, «j’ai besoin de beaucoup de sang-froid pour me contrôler, calmer mes nerfs, pour absorber ce moment bouleversant». La situation en prison était «difficile, tragique», ajoute-t-il.
Riad Marshoud, un autre ex-détenu, pleure en serrant dans ses bras ses deux fils, qu’il a laissés enfants lorsqu’il a été emprisonné il y a 22 ans. Il s’assoit sur une chaise pendant que ses proches passent des appels vidéo aux cousins et aux oncles qui n’ont pas pu venir l’accueillir.
L’un d’eux est en Jordanie, un autre aux Emirats arabes unis. Tous veulent voir la scène tandis que Riad Marshoud est félicité de toutes parts, étourdi de fatigue mais ravi. «Le moment où les portes du bus se sont ouvertes et où je suis sorti a été très difficile, c’est dur de décrire cela en quelques mots», confie-t-il.
La foule dense qui l’entoure s’ouvre à l’arrivée de son père, coiffé du traditionnel keffieh, qui embrasse son fils en pleurant.
M. Marshoud a été incarcéré pour appartenance à une organisation non autorisée, coups de feu et conspiration […], selon les données du ministère sioniste de la Justice.
Au total, 183 prisonniers, dont un Egyptien, ont été libérés hier. Sept d’entre eux qui purgeaient des peines de prison à perpétuité ont été expulsés vers l’Egypte, dont l’Egyptien, et 150 envoyés à Gaza selon le Club des prisonniers palestiniens.
Après l’échange, 50 malades ont été évacués en Égypte via le passage de Rafah (Sud de Gaza), ouvert pour la première fois depuis que l’entité sioniste en a pris le contrôle en mai 2024, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Quinze otages — dix sionistes et cinq Thaïlandais — et 400 prisonniers palestiniens avaient déjà retrouvé la liberté depuis le 19 janvier.
Durant les six semaines de la première phase de l’accord de trêve, 33 otages sionistes au total, dont huit décédés, doivent être remis à l’entité sioniste contre environ 1.900 prisonniers palestiniens.
Selon les termes de l’accord de trêve, les négociations doivent reprendre lundi pour discuter des modalités de la deuxième phase qui vise à la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre. Cette reprise, si elle a lieu, coïncidera avec une rencontre le mardi 4 février du Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu avec le président Donald Trump à la Maison-Blanche.
Sur 251 personnes enlevées, 76 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 mortes selon l’armée.
L’offensive sioniste sur l’enclave palestinienne a fait au moins 47.487 morts à Gaza en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
La Presse de Tunisie avec agences
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