DOSSIER – Donald Trump à la Maison-Blanche : quel avenir pour le dolla? (I)
L’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis soulève de nombreuses interrogations quant à l’évolution du billet vert. Depuis fin septembre 2024, la monnaie américaine a progressé de 9 % face à un panier de devises mesuré par l’indice DXY de la Fed, et de 8 % et 9 % respectivement face à l’euro et à la livre sterling. Bien que cette hausse ne soit pas inédite, de nombreux analystes estiment qu’elle pourrait se poursuivre dans les mois à venir, avec des conséquences notables. Pour mieux cerner cette dynamique, il convient d’identifier les facteurs ayant conduit au rebond du dollar et d’examiner leur pérennité à court et moyen terme.
Le dollar, symbole d’un « nouvel âge d’or » ?
La récente appréciation du dollar reflète les attentes du marché avant l’élection présidentielle, puis la victoire de Donald Trump. Les investisseurs ont exprimé leur confiance dans son programme économique, notamment la protection de secteurs stratégiques via une taxation accrue des importations (notamment en provenance de Chine), la consolidation de monopoles dans certains domaines clés et l’assouplissement des réglementations environnementales et financières. Ces mesures ont été perçues comme des leviers pouvant renforcer l’économie américaine, réduire les déficits extérieurs et consolider la domination du dollar.
Un autre facteur joue en faveur du billet vert : les taux d’intérêt américains, nettement plus élevés que ceux des autres économies avancées, à l’exception du Royaume-Uni. Les taux obligataires à 10 ans dépassent de plus de 100 points de base ceux des économies européennes. Une situation alimentée par une inflation persistante, soutenue par une conjoncture robuste et des tensions sur le marché du travail.
L’inflation sous-jacente s’établit à 3,2 %, un niveau toujours éloigné de l’objectif de la Fed ce qui contribue à maintenir l’attractivité du dollar à court terme.
Des perspectives incertaines
Toutefois, la pérennité de ce scénario optimiste reste incertaine. Plusieurs économistes soulignent que la hausse des droits de douane sur les importations aura un effet inflationniste, même si elle devait être compensée par des baisses d’impôts sur les entreprises dont le financement reste flou. De même, le renvoi de travailleurs immigrés pourrait accentuer les tensions inflationnistes.
Ainsi, si la flambée des prix a joué un rôle clé dans la défaite des démocrates, l’administration républicaine pourrait rapidement faire face à des désillusions.
Conscients de ces risques, les futurs dirigeants américains ont déjà laissé entendre que la mise en place des hausses tarifaires serait progressive, évitant dans un premier temps les niveaux extrêmes annoncés durant la campagne.
Dans ce contexte, la Réserve fédérale devrait maintenir, voire durcir, sa politique monétaire restrictive. Ce qui pourrait pénaliser l’investissement, notamment dans un secteur immobilier encore fragilisé par la crise et confronté à des taux hypothécaires en hausse (autour de 7 % pour un prêt immobilier à taux fixe sur 30 ans).
Par ailleurs, le futur secrétaire au Trésor a rassuré sur le maintien de l’indépendance de la Fed, écartant pour l’instant toute pression en faveur d’un assouplissement monétaire.
Cependant, la compatibilité de cette politique avec les autres orientations économiques de la nouvelle administration reste une question ouverte.
Enfin, l’orientation protectionniste de Donald Trump pourrait avoir un impact négatif sur l’économie mondiale, notamment en Chine et chez les alliés européens des États-Unis.
La réorganisation du commerce international et la hausse du dollar risquent d’accroître les pressions inflationnistes pour les pays importateurs de matières premières, dont les prix sont libellés en dollars. Si ce phénomène ne semble pas être une priorité pour le président américain, il pourrait néanmoins inciter certains pays à dépasser leurs divisions pour répondre aux nouvelles orientations de Washington. Un tel changement pourrait modifier en profondeur les équilibres économiques et la trajectoire future du dollar, dont l’évolution demeure incertaine.
A suivre : décryptage…
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)
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