ECLAIRAGES – Désinflation ou meilleur emploi, que choisira la Banque centrale de Tunisie ?
La Banque centrale de Tunisie (BCT) se retrouve face à un dilemme et à des défis similaires à ceux rencontrés par les Banques centrales des pays occidentaux au cours des dernières décennies. Si la BCT a réussi quand bien que mal à gérer l’inflation (?), notamment à travers des politiques monétaires strictes, son bilan en matière de lutte contre le chômage endémique et de soutien à la croissance économique demeure très préoccupant.
En effet, en Tunisie, la lutte contre l’inflation a parfois été privilégiée au détriment d’une véritable stratégie de création d’emplois, entraînant une hausse continue du taux de chômage dans le pays et son maintien à des niveaux élevés (16%).
Ce chômage élevé s’est ancré dans les mentalités tunisiennes, devenant une réalité quotidienne pour de nombreux citoyens. Cela a conduit à une normalisation de la précarité de l’emploi, où une part importante de la population active se retrouve en situation de vulnérabilité extrême. Dans le cadre de la libéralisation financière inachevée initiée sous Ben Ali, la Banque centrale (la Banque des banques) avait pour principal objectif de maîtriser les pressions inflationnistes, reléguant parfois au second plan la question du meilleur emploi. D’autant qu’un taux de chômage bas pourrait en effet entraîner des revendications salariales plus fortes, ce qui risquerait de relancer l’inflation.
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Pour cette raison, à la limite, la BCT pourrait être tentée de maintenir un niveau de chômage suffisamment élevé pour garder les salaires sous contrôle. Ce qui ne risque pas de déplaire aux patrons et autres lobbies financiers. Ce choix, bien que pragmatique d’un point de vue de la gestion de l’inflation, soulève des interrogations éthiques et économiques.
Aujourd’hui, en Tunisie, Il est temps de se demander si cette approche (socialement déviante) répond réellement aux besoins d’une société en quête de « mieux vivre », où le chômage des jeunes est un enjeu majeur.
Aujourd’hui, en Tunisie, Il est temps de se demander si cette approche (socialement déviante) répond réellement aux besoins d’une société en quête de « mieux vivre », où le chômage des jeunes est un enjeu majeur.
À l’instar de la Réserve fédérale américaine (Fed) que nos banquiers centraux vénèrent, qui a, par le passé, manifesté une volonté d’équilibrer ses objectifs en matière de chômage et d’inflation, la BCT pourrait envisager une stratégie similaire. En 2012, la Fed avait annoncé qu’elle continuerait ses programmes de baisse des taux d’intérêt jusqu’à atteindre un taux de chômage de 6,5%. Une telle initiative, bien que moins ambitieuse, pourrait être adaptée à la réalité tunisienne, où l’amélioration du marché de l’emploi est essentielle pour réduire les déséquilibres économiques.
Vivement une vision sociale intégrée
N’est-il pas temps que nos banquiers centraux à la mémoire sélective, réévaluent les priorités nationales afin de favoriser une approche socio-responsable plus équilibrée, qui ne se limite pas à la lutte contre une inflation en très grande partie structurelle, mais intègre également des mesures concrètes pour soutenir l’emploi et la croissance ?
N’est-il pas temps que nos banquiers centraux retrouvent la mémoire pour considérer que la création d’emplois est une priorité sociale car elle est essentielle pour assurer la stabilité sociale et économique du pays ?
En somme, face à la dualité entre lutte contre l’inflation structurelle et création d’emplois, il est temps que la Banque centrale de Tunisie adopte une vision sociale intégrée qui prenne en compte l’ensemble des enjeux socio-économiques du pays.
En somme, face à la dualité entre lutte contre l’inflation structurelle et création d’emplois, il est temps que la Banque centrale de Tunisie adopte une vision sociale intégrée qui prenne en compte l’ensemble des enjeux socio-économiques du pays.
Une telle approche permettrait de restaurer les fondamentaux socioéconomiques et de sortir d’une logique de chômage structurel et d’inégalités croissantes.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)
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