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Histoire : Marseille, une cité phénicienne, petite sœur de Carthage

Dans ‘‘Marseille phénicienne, chronique d’une histoire occultée’’, Gabriel Chakra remet en question l’idée reçue selon laquelle Marseille serait avant tout une ville d’origine grecque. Selon lui, entre le VIIIe et le VIIe siècle avant notre ère, bien avant l’arrivée des Grecs d’Ionie vers 600 avant J.-C., Marseille abritait déjà un comptoir et un sanctuaire phéniciens en lien étroit avec Carthage, la puissante cité phénicienne située sur le site de l’actuelle Tunis.

Djamal Ghettala

Mais pour l’auteur, cette thèse ne relève en aucun cas d’une simple «réévaluation audacieuse» de l’histoire de la ville. Dans un échange avec ses lecteurs, Gabriel Chakra insiste sur le fait que tout ce qu’il rapporte est corroboré par des faits précis et datés : «Tant l’onomastique (le nom du lieu) que les vestiges qu’on y a trouvés, sans le crier sur les toits. Avant l’arrivée des Phocéens, les Ligures qui vivaient sur le littoral marseillais avaient été en contact avec les navigateurs phéniciens. De Tyr à Gibraltar (contraction de Djebel Tarik), ces célèbres navigateurs furent les maîtres de la mer Méditerranée cinq siècles avant les Grecs», écrit-il.

Cette enquête, qu’il qualifie lui-même de contre-enquête, vise à débarrasser Marseille des «extravagances de sa mémoire». Chakra pointe du doigt une réticence académique à reconnaître cette filiation phénicienne, qu’il attribue à une vision idéalisée du passé hellénique de Marseille : «Je dérange nombre d’érudits mais aucun d’entre eux n’ose débattre avec moi. Et pour cause : il est plus noble et prestigieux à leurs yeux de rattacher Marseille à une filiation grecque, ou gréco-romaine, qu’à celle d’un peuple de race sémitique. J’y ai perçu un relent de xénophobie que je dénonce dans mon opus.»

Gabriel Chakra, journaliste honoraire et membre correspondant de l’Académie des Lettres, Sciences et Arts de Marseille, a consacré plus de cinquante ans à observer la cité phocéenne sous toutes ses facettes. Ancien correspondant pour L’Aurore, Le Quotidien de Paris et Le Figaro, il est l’auteur de plusieurs ouvrages et poursuit son exploration historique avec une curiosité insatiable.

Dans ‘‘Marseille phénicienne, chronique d’une histoire occultée’’, il invite à replacer la ville dans un mouvement méditerranéen plus large, où toutes les civilisations, des Phéniciens aux Carthaginois, ont joué un rôle central. Son livre, loin d’être une simple spéculation, s’appuie sur une longue et minutieuse investigation, et une fois la lecture terminée, il devient difficile de continuer à considérer Marseille sous le seul prisme grec.

À travers cette œuvre, Gabriel Chakra propose une lecture inédite et dérangeante de l’histoire marseillaise, une lecture qui, malgré la solidité des faits avancés, continue de susciter des résistances.

‘‘Marseille phénicienne, chronique d’une histoire occultée’’, de Gabriel Chakra, Éditions Maïa, 168 pages.

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