Au 38á” sommet de lâUnion africaine, qui sâest tenu Ă Addis-Abeba, les 15 et 16 fĂ©vrier 2025, la traite transatlantique des esclaves et la colonisation ont figurĂ© parmi les principaux thĂšmes abordĂ©s par lâorganisation panafricaine.
En effet, lâUnion africaine (UA) a adoptĂ© une rĂ©solution en ce sens, prĂ©sentĂ©e par le Ghana et appuyĂ©e par lâAlgĂ©rie. IntitulĂ©e âJustice pour les Africains et les personnes dâorigine africaine Ă travers les rĂ©parationsâ, ladite rĂ©solution a Ă©tĂ© retenue comme thĂšme de lâannĂ©e 2025 pour lâAfrique, selon Le Courrier international, sous le titre « Esclavage, colonisation : lâAfrique demande rĂ©paration ».
Pour ce faire, cette rĂ©solution prĂ©voit la mise en place dâune « front commun et uni » en faveur de la justice et des rĂ©parations, et appelle Ă :
- Une reconnaissance internationale des crimes historiques commis contre les Africains et leurs descendants, y compris le colonialisme, lâapartheid et les gĂ©nocides;
- Un effort collectif pour remédier aux conséquences de ces injustices, notamment par la justice réparatrice et la réhabilitation historique;
- Un rĂŽle central pour la Commission de lâUnion africaine, chargĂ©e de piloter les efforts de documentation et de reconnaissance des impacts du colonialisme et de lâesclavage sur les sociĂ©tĂ©s africaines.
Pour sa part, Africa Inside estime que « cette initiative marque une avancĂ©e majeure dans la construction dâun front africain uni pour porter ces revendications sur la scĂšne internationale ». Câest mĂȘme la premiĂšre fois dans son histoire que lâUA place les rĂ©parations au premier plan, renchĂ©rit le quotidien britannique The Guardian.
Combien et comment payer?
Mais alors, comment calculer ces dommages causĂ©s Ă lâAfrique? Combien Lisbonne, Paris, Rome, Londres, Madrid et Bruxelles et autres doivent aux Africains?
Selon un site web de la place, « de lâĂ©poque de lâesclavage en passant par la pĂ©riode de colonisation, câest un lourd tribut que lâEurope doit Ă lâAfrique ». Et de citer le Dr. al-Tayeb Abdul Jalil, professeur soudanais de droit international, qui a crĂ©Ă© « une vĂ©ritable carte des rĂ©parations pour le passĂ© colonial de lâAfrique ». Par exemple, il estime Ă 700 milliards de dollars ce que Londres doit au Soudan, « qui a subi dâĂ©normes pertes en raison de la domination coloniale britannique ».
Toujours selon lui, la France devrait 653 milliards de dollars Ă lâAlgĂ©rie et 177 milliards Ă la Tunisie. Pour sa part, la Belgique devrait 1 600 milliards Ă la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (ex-Congo belge)âŠ
Dans ce cadre, soulignent nos confrĂšres du site de la place, le Dr. al-Tayeb Abdul Jalil a Ă©laborĂ© une « carte des rĂ©parations dĂ©taillĂ©e, sâappuyant sur des critĂšres prĂ©cis : durĂ©e de la colonisation, travail forcĂ©, pillage des ressources, dĂ©gĂąts environnementaux et retard de dĂ©veloppement ».
Voici un aperçu des montants réclamés, selon les travaux du Dr. Jalil :
- Maroc : 548 milliards de dollars (France et Espagne).
- Algérie : 653 milliards (France).
- Tunisie : 177 milliards (France).
- Ăgypte : 1 600 milliards (France).
- RDC : 1 600 milliards (Belgique).
- Nigeria : 3 200 milliards (Royaume-Uni).
- Angola : 504 milliards (Portugal).
- Mali : 302 milliards (France).
- Burkina Faso : 320 milliards (France).
- Guinée : 193 milliards (France).
- Tchad : 261 milliards (France).
Au total, cela fait 7 753 mille milliards de dollars de dommages Ă payer pour les anciennes puissances coloniales. Rien pour que ces pays â anciennes colonies -, et si cette revendication va Ă son terme, Ă elle seule la France devrait sâacquitter dâune ardoise de 4 054 mille milliards de dollars.
Vous aurez compris que cette carte est loin dâĂȘtre exhaustive et complĂšte, car plusieurs anciennes colonies nây sont pas citĂ©es: GuinĂ©e Bissau et Cap-Vert, Mozambique, SaĂŽ TomĂ© et PrĂncipe (pour le Portugal); Mauritanie, Togo, BĂ©nin, Gabon, Cameroun, Madagascar, Iles des Comores, Somalie française, Ile Maurice⊠(pour la France); Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe, Tanzanie, Zambie, Eswatini (pour la Grande-Bretagne et les Pays-Bas), etc.
Autrement dit, si une loi internationale pouvait ĂȘtre instaurĂ©e exigeant que les colonisateurs paient les dommages causĂ©s par la colonisation et lâesclavage, alors beaucoup de pays africains deviendraient automatiquement et de facto « riches ».
Mais ne soyons pas naĂŻfs, cela nâarrivera jamais. Pour plusieurs raisons, dont notamment le fait que certains Etats du continent (qui se reconnaissent) sont impliquĂ©s dans la « vente » dâesclaves envoyĂ©s en AmĂ©rique. Par consĂ©quent, ces derniers ne peuvent en aucun cas demander rĂ©paration, en ce sens quâils ont fait partie de lâopĂ©ration d' »esclavagisme ».
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