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Réouverture de l’enquête sur le meurtre de Chebba en 2018

Le témoignage accablant de l’épouse d’un suspect relance l’affaire du décès mystérieux d’une dame née en 1959, dont le corps avait été retrouvé en décomposition en juillet 2018, à Chebba, gouvernorat de Mahdia. Celle-ci affirme que son mari a tué la victime en l’étranglant.

L’affaire, rappelons-le, avait été classée après un rapport médico-légal ayant conclu à une mort naturelle, malgré les doutes soulevés par la famille de la victime. La chambre d’accusation de la cour d’appel de Monastir a décidé, vendredi 24 janvier 2025, de rouvrir l’enquête, sur la base de nouvelles preuves, et ce conformément à l’article 121 du Code de procédure pénale, qui permet la réouverture d’une enquête en cas de découvertes de nouvelles preuves. Cette décision a été confirmée par le porte-parole des tribunaux de Monastir et Mahdia, Farid Ben J’ha, dans l’émission Sbeh Ennes sur Mosaïque FM, ce lundi 27 janvier.

Les circonstances de la mort de la victime étaient restées floues pendant sept ans, jusqu’à ce que, le 6 janvier courant, l’épouse du suspect, parente de la victime, révèle que son mari avait volé les bijoux de la victime, épouse de son oncle, avant de l’étrangler, provoquant sa mort par étouffement.

Pour justifier son silence pendant sept ans, la témoin a expliqué que son mari lui avait annoncé le meurtre, mais qu’elle avait refusé d’accepter les bijoux volés et menacé de le dénoncer, l’obligeant à restituer les bijoux, qu’il remit à leur place au domicile de son oncle, qui était à l’étranger.

Dans une tentative de dissimuler le crime, le suspect aurait déplacé la victime dans la salle de bain pour faire croire à une chute et effacé ses empreintes avec une substance chimique.

Lors de l’audition de l’épouse du suspect, le juge d’instruction l’a interrogée sur sa complicité dans la dissimulation du crime. Elle a indiqué que son mari l’avait menacée de mort et obligée à se taire.

Le suspect a été entendu, confronté aux preuves et aux déclarations de son épouse, et une ordonnance de détention a été émise à son encontre. Farid Ben J’ha a précisé qu’avec la réouverture du dossier, les experts médico-légaux et les techniciens en criminalistique apporteront de nouveaux éléments permettant de faire la lumière sur ce crime et de vérifier les accusations portées par l’épouse du suspect.

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Succès pour la course de montagne Veneria Trail à Medjez El Beb

Environ 700 athlètes venus de Tunisie, de France et d’Algérie ont pris part, dimanche 26 janvier 2025, à la première édition du semi-marathon et course de montagne Veneria Trail à Medjez El Beb dans le gouvernorat de Béja.

Un événement organisé par Amal, l’association sportive féminine de Medjez El Bab, sous l’égide de la Fédération tunisienne d’athlétisme (FTA), composé de deux courses : la première un semi-marathon de 23 km à travers les montagnes et les espaces verts, avec départ de Toukaber et passage par Chaouch, Jebel Zaouia et Ksar Cheikh.

La seconde, une randonnée de 8 km sur un sentier touristique à travers champs et collines de Chaouch et Toukaber.

Hatem Ouertani, président de l’Association sportive féminine Amal, a déclaré à l’agence Tap combien il était fier de la réussite de cet événement sportif et touristique, qui a attiré 700 participants venus de toute la Tunisie et de l’étranger. Ouertani a souligné que cet événement contribue à promouvoir les régions de Chaouch, Toukaber et leurs environs en tant que destinations touristiques, tout en mettant en valeur la beauté des collines et des forêts locales.

Plusieurs participants au marathon, notamment venus de La Marsa, Sousse, Bizerte et d’Algérie, ont déclaré avoir découvert des zones forestières et montagneuses d’une beauté exceptionnelle grâce à ce marathon unique et avoir été séduits par les paysages naturels luxuriants qui jalonnent le parcours.

Les régions de Toukaber, Chaouch, Ksar Cheikh et Jebel Zaouia, situées à environ 60 km de la capitale Tunis, se caractérisent par une vaste forêt naturelle avec des arbres comme le pin d’Alep et l’arbousier, et par la présence de ruines historiques comme Tombes puniques et autres monuments.

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La Tunisie veut produire 550 000 quintaux de semences sélectionnés en 10 ans

La Tunisie prévoit de produire 550 000 quintaux de semences sélectionnées au cours des dix prochaines années dans le cadre dune initiative visant à renforcer la sécurité alimentaire et la résilience au changement climatique.

Ce projet exploite des variétés de semences innovantes et des mécanismes de mise à l’échelle au sein du système de production SeedSyst.

«Malgré les efforts en cours pour soutenir la production locale de semences, la dépendance aux importations reste un défi important», a déclaré le ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, lors d’un atelier scientifique axé sur les progrès du projet de recherche et développement intitulé «Améliorer la sécurité alimentaire et la résilience climatique en Tunisie à travers systèmes innovants de semences de blé et mécanismes de mise à l’échelle (SeedSyst)», le 23 janvier 2025.

Le ministre a souligné que le secteur agricole tunisien est confronté à des difficultés complexes en raison de la variabilité climatique et des changements géopolitiques mondiaux, qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement et augmenté les prix des denrées alimentaires et des intrants agricoles.

Organisé par l’Institut national de recherche agronomique de Tunis (Inrat), l’atelier, ayant pour thème «La filière semencière de blé en Tunisie : diagnostic et pistes damélioration», avait pour objectif d’évaluer l’état de la filière des semences céréalières sélectionnées et d’explorer des stratégies pour son développement, basées sur les résultats du projet. L’objectif ultime est de garantir aux agriculteurs l’accès à des semences de haute qualité susceptibles d’améliorer la productivité céréalière et de renforcer la sécurité alimentaire nationale.

Le projet SeedSyst vise à fournir des variétés de semences de classe mondiale, à favoriser la collaboration entre les secteurs public et privé et à établir des plateformes d’innovation pilotes pour faire progresser le secteur.

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Confirmation de la présence de la loutre eurasienne en Tunisie (Vidéo)

L’Association tunisienne de la faune sauvage (ATFS) a annoncé avoir réussi à filmer une loutre eurasienne en Tunisie, confirmant que cette espèce est toujours présente dans la zone humide de Garâa Sejnane, dans le gouvernorat de Bizerte et dans le port de Tabarka, dans le gouvernorat de Jendouba, malgré les nombreuses menaces environnementales auxquelles elle est confrontée. Vidéo.

L’ATFS a été missionnée pour réaliser un recensement de la faune de la zone humide Ramsar de Garâa Sejnane dans le cadre du projet Restore Now, géré par WWF Afrique du Nord, qui vise à améliorer la gestion et la conservation des espèces d’eau douce menacées, les pratiques agricoles durables et l’efficacité de l’eau d’irrigation et en apprendre davantage sur la conservation de la biodiversité et la gestion durable sur les sites des projets.

Le bureau Afrique du Nord du WWF a lancé un appel aux différentes associations de la société civile tunisienne pour la protection de la biodiversité de Gâraa Sejenane, notamment concernant la population de loutre eurasienne, espèce adaptée à la vie semi-aquatique et en grave danger d’extinction.

Cette espèce est intensément chassée pour sa fourrure et sa viande, mais aussi parce que ce «mangeur de poisson» est considéré comme un concurrent par les pêcheurs. Sa persécution a ensuite été exacerbée par la dégradation des habitats naturels, l’épuisement des systèmes d’eau et la pollution chimique.

D’après ANSAmed.

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Décès de l’ancien ministre des Finances Houssine Dimassi  

Houssine Dimassi, l’ancien ministre des Finances (24 décembre 2011 – 27 juillet 2012), est décédé ce lundi 27 janvier 2025 à l’âge de 77 ans.

Né le 18 novembre 1948 à Ksar Hellal, gouvernorat de Monastir, le défunt était titulaire d’un doctorat en sciences économiques (1983) et d’une agrégation en sciences économiques (1984) et avait occupé le poste de doyen de la Faculté de droit et des sciences économiques et de Tunis (1988-1989).   

Elu secrétaire général du syndicat de l’enseignement supérieur à la Faculté de gestion de Tunis, poste qu’il a occupé pendant cinq ans, Houssine Dimassi s’est frotté à l’action syndicale et s’est rapproché de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), dont il était devenu l’un des experts économiques. Et c’est via l’activité syndicale qu’il est venu à la politique.

Le défunt a été membre du Parti de l’Unité populaire (PUP), avant d’être appelé, au lendemain de la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, pour occuper le poste de ministre de l’Emploi dans le second gouvernement Mohamed Ghannouchi.

Au lendemain  des élections d’octobre de la même année, Houssine Dimassi a été nommé ministre des Finances dans le gouvernement Hamadi Jebali, issu du parti islamiste Ennahdha, vainqueur de ces élections. Mais il n’est resté à son poste que sept mois durant lesquels il a souvent montré son désaccord avec le gouvernement.

Il a aussi su, durant la même période, résister aux assauts de l’UGTT et à ses exigences d’augmentations salariales, se montrant soucieux des équilibres financiers de l’Etat qui commençaient déjà à vaciller. Sa démission de son poste était également un moyen de souligner ses divergences avec les orientations du parti Ennahdha, qu’il a combattu d’ailleurs jusqu’à son exclusion du pouvoir au lendemain du coup de force de Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021.

Le défunt, grand patriote devant l’Eternel dont la fibre sociale était très accentuée, était réputé pour son franc-parler, sa rigueur morale et son intransigeance dès qu’il s’agit de gestion des affaires publiques. Il est l’un des derniers représentants d’une génération qui ne transigeait pas avec l’intérêt supérieur de la nation.

I. B.

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Les visages des prisonniers trahissent la moralité de leurs geôliers

Les visages des prisonniers libérés sont le miroir impitoyable des valeurs de leurs geôliers. Le contraste frappant entre ceux, alertes, bien nourris et souriants, des otages israéliennes libérées par le Hamas et ceux, tristes et marqués par les mauvais traitements subis, des prisonniers palestiniens libérés par Israël en dit long sur l’humanité et la moralité de leurs geôliers respectifs. 

Khemaïs Gharbi *     

L’histoire se souvient. Elle grave dans notre mémoire collective les regards hagards, les silhouettes squelettiques et les corps brisés des prisonniers libérés des camps de la Seconde Guerre mondiale. Ces images, prises à la libération des camps nazis il y a 80 ans, hantent encore l’humanité comme un avertissement permanent contre la barbarie. Ces visages racontaient des histoires sans besoin de mots : celles de privations, d’humiliations et de traitements qui défiaient toute humanité. Le monde fut sidéré de constater jusqu’où la déshumanisation avait pu aller.

Il y a quelques jours, nous avons ressenti un soulagement de voir la libération de prisonniers dans un contexte bien différent, mais dont les échos rappellent ce que l’Histoire nous enseigne sur le traitement de l’ennemi. Des prisonniers palestiniens ont été libérés en contrepartie de la libération de soldates israéliennes. Et pourtant, un contraste saisissant a frappé les observateurs : les visages souriants des soldates israéliennes, otages du Hamas pendant quinze mois, leur allure soignée, leurs vêtements impeccables et leur énergie positive semblaient provenir d’un monde différent de celui des prisonniers palestiniens sortis des geôles israéliennes. Ces derniers, hagards, usés, marqués par des épreuves visibles, donnaient l’impression d’avoir été détenus dans des prisons du Moyen Âge.

Un contraste frappant

Le contraste devient encore plus frappant lorsque l’on examine les conditions de détention. Les soldates israéliennes, captives d’un groupe armé non étatique, ont été détenues sous des bombardements quasi quotidiens, dans des conditions épouvantables. Et pourtant, elles ont été protégées par leurs geôliers comme les prunelles de leurs yeux. À l’inverse, les prisonniers palestiniens étaient sous la garde d’un État constitué, bénéficiant de moyens modernes et à l’abri des bombardements. Cette réalité, inexplicable à première vue, interpelle même l’observateur le plus neutre. Que disent ces contrastes sur les valeurs de chaque camp et sur la manière dont l’ennemi est perçu et traité ?

Aujourd’hui, avec les moyens modernes de la télévision et des caméras, ces scènes ne sont plus seulement consignées dans les livres d’histoire : elles se déroulent sous nos yeux. Ces images frappent les consciences : elles révèlent, sans avoir besoin de témoignages, le traitement infligé aux captifs de chaque camp. Les premiers regards des prisonniers libérés parlent plus fort que mille discours. Leur état physique et mental devient un témoignage brut de leur captivité : étaient-ils nourris correctement ? Ont-ils subi des violences ou des humiliations ? Ont-ils été considérés comme des êtres humains ou réduits à de simples symboles de vengeance ?

À travers ces libérations, chaque camp expose une partie de son âme, souvent malgré lui. Les visages des prisonniers libérés témoignent, de manière cruelle mais implacable, des valeurs et de l’humanité — ou de son absence — des geôliers. «Dis-moi comment tu traites ceux que tu détiens, et je te dirai qui tu es». Et dans cet exercice, c’est le Hamas qui montre davantage d’humanité et de morale que l’Etat d’Israël.

Le terreau des crimes à venir

À la sortie des camps de la Seconde Guerre mondiale, l’humanité fut confrontée à l’horreur dans toute sa nudité. Ces scènes d’une brutalité inimaginable furent exposées, non pour humilier davantage, mais pour rappeler que l’oubli est le terreau des crimes à venir. Le peuple allemand, grand et capable de résilience, dut affronter cette mémoire collective, tout comme chaque nation confrontée à ses propres zones d’ombre.

Aujourd’hui encore, nous voyons les fantômes du passé ressurgir dans certains échanges de prisonniers. Les regards hagards, les corps fléchissant ou au contraire, les visages alertes et bien nourris nous rappellent une vérité simple et terrible : le traitement de l’ennemi prisonnier reflète la véritable nature de ses geôliers et des valeurs qu’ils prétendent défendre.

Puissions-nous, à travers ces images, nous regarder en face et comprendre que l’extrême, quel qu’il soit, n’est jamais un chemin vers la grandeur. L’histoire ne pardonne pas, pas plus que la mémoire humaine. Sauvegardons-nous de nous-mêmes, pour que ces horreurs appartiennent un jour définitivement au passé.

* Ecrivain, traducteur.

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Tunisie : l’UE pourrait conditionner son aide au respect des droits humains

La Commission européenne (CE) a décidé de revoir sa politique envers la Tunisie, après des révélations d’abus commis par les forces de sécurité tunisiennes contre les migrants et réfugiés subsahariens, rapportent plusieurs médias européens. (Illustration: démantèlement d’un camp de migrants à Tunis).

Les forces de sécurité tunisiennes, financées par l’Union européenne (UE) pour réduire les flux migratoires à destination de l’Europe, sont accusées de commettre de graves abus contre des exilés subsahariens, selon des médias et des organisations de défense des droits humains,  abus que Bruxelles a longtemps minimisés.

Alors que l’UE avait jusqu’à présent ignoré ces accusations, The Guardian révèle que la CE a décidé de revoir sa politique de financement envers la Tunisie. L’institution élabore désormais des «conditions concrètes» pour délivrer ses paiements au pays nord-africain en fonction du respect des droits humains, indique le journal britannique. Ces conditions auront un impact sur des paiements estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros sur une période de trois ans. Des sous-comités devraient être formés au cours des prochains mois pour «redynamiser» la relation avec Tunis, selon un responsable européen cité par le quotidien.

Cette décision intervient dix-huit mois après la signature d’un accord controversé, prévoyant une aide financière européenne d’environ 105 millions d’euros pour renforcer les contrôles migratoires en Tunisie. A l’époque, Bruxelles assurait que cette coopération aurait lieu dans le «plein respect du droit international». C’était avant les «révélations» médiatiques sur des violations graves des droits humains à l’encontre des migrants et réfugiés subsahariens imputées aux forces de sécurité tunisiennes. Mes migrants subsahariens, on le sait, utilisent souvent la Tunisie comme pays de transit avant de tenter de rejoindre l’Europe en traversant la mer Méditerranée.

Dans un rapport récent, la médiatrice européenne Emily O’Reilly a conclu que la CE n’avait pas été suffisamment transparente sur les informations qu’elle détenait concernant les violations des droits humains en Tunisie. Elle a notamment dénoncé le fait que l’UE ne communique pas clairement sur les abus documentés ou les mesures prises pour les arrêter. Selon l’ancienne journaliste irlandaise, l’accord signé entre l’UE et la Tunisie semble avoir donné la priorité à la réduction des flux migratoires au détriment des droits fondamentaux des migrants.

Selon Frontex, les franchissements irréguliers des frontières de l’UE ont ainsi diminué de 38 % en 2024, atteignant leur niveau le plus bas depuis 2021. Cette baisse est notamment due à une chute du nombre d’arrivées par la Méditerranée centrale (-59 %), en particulier depuis la Tunisie.

I. B.

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Imed Zitouni, Islem Rekik et Mohamed Jmaiel, lauréats des Tunisian AI Awards  2024

La Tunisian AI Society (Tais) vient d’annoncer les lauréats des Tunisian AI Awards, célébrant les talents les plus brillants qui façonnent l’avenir de l’intelligence artificielle en Tunisie et au-delà.

Cette distinction rend hommage aux réalisations exceptionnelles des professionnels, chercheurs et pionniers tunisiens qui contribuent de manière significative au paysage mondial de l’IA.

Les lauréats de cette année sont :

Imed Zitouni: directeur de l’ingénierie chez Google, il dirige les initiatives en matière d’IA et de recherche depuis Bellevue, dans l’État de Washington aux États-Unis, et Zurich, en Suisse. Depuis juin 2019, Imed supervise les efforts de recherche et développement en compréhension du langage naturel (NLU) et en ingénierie des connaissances (KE) visant à améliorer Google Search et Assistant. Son leadership visionnaire dans l’avancement des applications d’IA est démontré par ses travaux innovants chez Google ainsi que par sa participation active à des conférences majeures sur l’IA, comme son rôle de président de la piste industrielle pour EMNLP 2023. Il est expert en développement d’algorithmes d’apprentissage automatique pour la modélisation du langage et la reconnaissance vocale, en direction d’équipes axées sur l’IA conversationnelle et la compréhension du langage naturel, ainsi qu’en création de solutions de pointe pour les assistants numériques et les moteurs de recherche. Ses contributions ont révolutionné le fonctionnement des moteurs de recherche et des systèmes d’IA, renforçant sa réputation de leader dans le domaine.

Islem Rekik : maître de conférences à l’Imperial College London (I-X Hub), au Royaume-Uni, et directrice du laboratoire Brain And Signal Research and Analysis (BASIRA). Ses recherches novatrices portent sur le développement de modèles d’intelligence artificielle (IA) inclusifs, abordables et robustes, avec un accent particulier sur l’imagerie cérébrale et les neurosciences.

Au cours de sa carrière, Islem a dirigé plus de 90 projets de recherche innovants à l’intersection de l’intelligence artificielle (IA) et de la santé, et publié plus de 130 articles à fort impact. Pionnière dans le domaine de la neuroIA générative depuis 2018, elle a introduit la première génération de modèles de réseaux neuronaux génératifs sur graphes. Elle a également joué un rôle clé dans la communauté académique, en tant que coprésidente et organisatrice de plus de 20 conférences, ateliers et compétitions internationales, contribuant ainsi au dialogue mondial sur l’IA dans les domaines de la santé et des neurosciences.

Mohamed Jmaiel : professeur titulaire en informatique à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax, en Tunisie, depuis le 5 février 2009. Ses recherches couvrent plusieurs domaines avancés, notamment l’ingénierie logicielle des systèmes distribués, les méthodes formelles dans l’architecture orientée modèles, les systèmes adaptatifs et pervasifs, les intergiciels autonomes et les applications de l’intelligence artificielle. Il a publié plus de 220 articles dans des conférences et revues internationales, apportant ainsi des contributions importantes à son domaine. Il a également coédité six actes de conférences et cinq numéros spéciaux de revues, organisé et coprésidé des comités de programme pour de nombreuses conférences internationales, et dirigé plusieurs projets de recherche d’envergure. Par son travail, le professeur Jmaiel continue de stimuler l’innovation en informatique en Tunisie et à l’échelle mondiale.

Ces distinctions mettent en lumière la portée mondiale de la recherche et du développement en IA, en récompensant des leaders de l’industrie (États-Unis), du monde académique (Royaume-Uni) et de la recherche appliquée (Tunisie). Leur travail collectif fait progresser le domaine de l’IA dans divers secteurs, de la technologie de recherche aux applications dans le domaine de la santé et aux solutions pratiques d’IA.

Les critères d’attribution :

Les lauréats ont été sélectionnés sur la base des critères suivants :

– Contributions académiques et de recherche : Excellence dans les réalisations académiques et les publications liées à l’IA.

– Participation à des conférences : engagement dans des conférences régionales et internationales pour présenter leurs travaux.

– Expérience professionnelle et notoriété : Expertise en IA et reconnaissance dans la communauté professionnelle.

– Contributions à la communauté de l’IA : Efforts actifs pour soutenir et développer l’écosystème de l’IA en Tunisie.

– Impact éthique et social : Influence positive de leurs travaux sur des questions éthiques et sociétales.

– Innovation et potentiel d’avenir : Création de solutions innovantes avec des perspectives de croissance et de pertinence mondiale.

La Tunisian AI Society (Tais) est une association récemment créée dédiée à la promotion et au développement de l’intelligence artificielle en Tunisie. Fondée en 2023 par l’association Reconnectt, Tais est basée à Paris et œuvre pour favoriser l’innovation, la collaboration, et l’excellence dans le domaine de l’IA, tout en renforçant les liens entre les talents tunisiens en Tunisie et à l’échelle internationale.

Communiqué.

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Donald Trump ou la recette du chaos

Combien de présidents américains se sont succédé depuis la Nakba sans qu’aucun d’eux n’ait réussi à faire régner la paix entre Israéliens et Palestiniens faute de justice. Trump prétend aujourd’hui «réorganiser» le Moyen-Orient par des coups de téléphone. Une arrogance qui coûtera cher à l’humanité tout entière.

Khemaïs Gharbi *

Lors d’une interview à bord d’Air Force One, Donald Trump a affirmé avoir félicité le roi Abdallah II de Jordanie pour son accueil de réfugiés palestiniens, tout en exprimant son souhait que la Jordanie et l’Égypte en acceptent davantage. Il a déclaré : «Je lui ai dit que j’aimerais que vous receviez plus de Palestiniens, parce que tout Gaza est dans le chaos maintenant. C’est un vrai chaos. J’aimerais qu’il reçoive des gens.» Il a ajouté vouloir s’entretenir avec le président égyptien Abdelfattah Sissi pour lui demander également d’accueillir des réfugiés.

La déclaration de Donald Trump reflète une méconnaissance des dynamiques historiques et des équilibres géopolitiques qui façonnent le monde depuis des siècles. L’idée qu’un dirigeant puisse redessiner les cartes géographiques ou déplacer des populations par de simples injonctions témoigne d’une arrogance qui a souvent conduit à des échecs retentissants dans l’histoire.

Les Palestiniens ne cèderont pas

Comment peut-on oser proposer une telle idée à un peuple qui a déjà enduré plus de sept décennies de souffrance? Depuis 1948, les Palestiniens subissent des déplacements forcés, des guerres, et des destructions massives, mais ils continuent de s’accrocher à leur terre. Ils préfèrent vivre dans des camps de réfugiés, dans des conditions souvent inhumaines, plutôt que de l’abandonner. Cet attachement viscéral à leur pays, malgré les drames accumulés, est la preuve éclatante d’une identité profondément enracinée que nul ne peut effacer.

Et aujourd’hui encore, à Gaza, un peuple voit sa terre détruite à 90%, pleure plus de 50 000 morts, compte plus de 110 000 blessés, mais refuse de céder. Ce sang versé sur leur sol est un témoignage puissant de leur enracinement, un cri au monde pour dire que cette terre est la leur depuis des siècles, malgré les tentatives incessantes de l’occupant de les en expulser. Être aveugle face à une telle démonstration de résilience est une insulte à la nature humaine, au droit international et à la justice.

Les conquérants et décideurs, s’ils ont ignoré les réalités locales, ont souvent provoqué leur propre déclin. Alexandre le Grand, malgré ses succès militaires, a vu son empire éclater après sa mort, car il n’avait pas pris en compte les identités des peuples conquis. Napoléon, en voulant imposer un nouvel ordre en Europe, s’est heurté à la résistance des nations et à l’échec de la campagne de Russie, qui a conduit à sa perte.

Plus tard, les puissances coloniales européennes ont redessiné des frontières arbitraires en Afrique et au Moyen-Orient, ignorant les divisions ethniques et tribales – un héritage qui continue d’alimenter des conflits aujourd’hui. Ces puissances ont finalement dû plier bagage, incapables de maintenir leur domination sur des populations qui refusaient de céder.

Le Troisième Reich, à son tour, a plongé toute l’Europe et le monde dans le chaos, provoquant des dizaines de millions de morts sans réaliser le moindre de ses objectifs. Au contraire, il a précipité sa propre destruction et celle de l’Allemagne.

Le déplacement forcé de populations, que ce soit pour des motifs stratégiques ou idéologiques, a également mené à des catastrophes humanitaires. Pensons au partage de l’Inde en 1947, qui a provoqué des migrations massives et des violences entre Hindous et Musulmans, ou à l’expulsion des Palestiniens en 1948, un traumatisme qui n’a jamais été réparé et qui est à l’origine du conflit actuel. Combien de présidents américains se sont succédé depuis la Nakba sans qu’aucun d’eux n’ait réussi à faire régner la paix entre Israéliens et Palestiniens faute de justice?

Une incompréhension totale des réalités du monde

La prétention qu’une seule personne, fût-elle le président d’une grande puissance, peut «réorganiser» le Moyen-Orient par des coups de téléphone est non seulement irréaliste, mais dangereuse. Les peuples enracinés sur leur territoire depuis des siècles ne peuvent être déplacés ou effacés comme des pièces sur un échiquier sans engendrer des drames humains et des déséquilibres catastrophiques.

Croire qu’une telle entreprise pourrait être menée à bien, et ce en seulement quatre ans, révèle une incompréhension totale de la nature humaine et de la profondeur des liens qui unissent les peuples à leurs terres. Les sociétés ne se transforment pas par décret, et chaque tentative de forcer le destin dans un tel délai déterminé par la force ne peut que provoquer des guerres plus graves encore.

L’histoire nous enseigne une leçon universelle : quiconque se hasarde à remodeler le monde sans en comprendre les complexités sème le chaos et finit toujours par en payer le prix. À toucher à cet équilibre fragile, c’est un effondrement généralisé qui menace, et les étincelles d’aujourd’hui pourraient allumer un incendie que personne ne saura éteindre.

* Ecrivain et traducteur.

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Débat à Paris : Les Tunisiens de l’étranger au chevet de leur pays

Espérance. Un mot qui résonne particulièrement en Tunisie. Au temps de l’espoir a succédé le temps de l’espérance. Espérance rime avec tempérance. Le mot «espoir» a un impact sonore plus violent, plus bref, comme la soudaineté révolutionnaire. Les espoirs de la révolution, l’espérance d’une issue à la situation difficile actuelle du pays prédomine dans les esprits.

Jean-Guillaume Lozato, à Paris *

Pour demeurer dans le pragmatisme, les Tunisiens devront d’urgence analyser la situation aussi bien à partir d’une focalisation interne que d’un point de vue plus externe. Et ce samedi 25 janvier 2025, Paris a été une fois de plus le lieu de convergence de débatteurs issus de la diaspora. Après les habituelles initiatives de l’Atuge (Association des Tunisiens des grandes écoles), c’est au tour cette fois-ci d’un groupe  plus hétéroclite composé de politiciens, commerçants, ouvriers, intellectuels, d’ébaucher le débat.

Vers où se dirige la Tunisie ?

La révolution dite du Jasmin a éclaté, s’était propagée tel l’éclair. Elle avait agi en thuriféraire de la contestation formée dans la rue arabe. Une contre-culture s’est mise en place. Puis une culture à part entière par l’intermédiaire de la scène médiatique ou musicale. Avec la notion de dégagisme générateur de changement. Puis d’impatience.

Quatorze ans après, la ligne politique et institutionnelle présente un encéphalogramme plat tandis que l’électrocardiogramme populaire a voyagé l’euphorie à l’insatisfaction grandissante.

Oui, à l’origine la Tunisie qui était apparue réformiste, progressiste et en avance grâce à des résultats plus qu’encourageants en matière d’alphabétisation sous l’impulsion du courant bourguibiste. Sous la gouvernance Ben Ali, l’étendue de son appareil sécuritaire et l’efficience de ses services secrets étaient apparues au grand jour en sachant répondre sur le champ aux intimidations terroristes. Avec le revers de la médaille de la violence policière. Puis l’accord de privilèges exagérés et répétés à une caste minoritaire composée de personnes très proches des acteurs du régime. Aussi, lorsqu’eut lieu un fléchissement du niveau de vie et une diminution de l’accès au crédit sur lesquels le président Ben Ali  reposait sa légitimité pour calmer les esprits locaux comme internationaux, l’impensable se produisit suite à l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi.

Depuis ce mois de janvier 2011, des nouveaux partis politiques se sont créés. Des dirigeants se sont succédé. L’actuel président de la République Kaïs Saïed n’est ni politologue ni encore moins politicien de formation. Une chose, qui le différencie, pourrait néanmoins l’avantager et sauver le pays : en tant que constitutionnaliste réputé, cet universitaire de formation détient les capacités pour proposer une accélération des méthodes bureaucratiques marquées tantôt par l’immobilisme, tantôt par la complication menant à la subdivision arbitraire disharmonieuses des tâches puis à la division entre partenaires. Pour qu’après le gouvernement et les économistes aient tout le temps de mettre en œuvre des stratégies destinées à autre chose qu’à simplement limiter la casse.

Les opportunités offertes par le pays

La nation tunisienne compte parmi les destinations touristiques classiques. Un ensoleillement qui n’est pas à démontrer, des plages belles et variées, des étendues désertiques. Sans compter les possibilités de randonnée pédestre. Attention, le pays ne doit pas se résumer uniquement à l’image de cette Tunisie estivale et festive qui attend les nouveaux arrivants débarqués à l’aéroport et en route pour les clubs de Djerba, Hammamet ou Monastir. D’autant plus qu’elle dispose de sites moins mis en valeur à faire découvrir, qui redynamiserait l’image commerciale adaptée à un public en quête de nouveautés autres que le prélassement en bord de mer.

La superficie du territoire, alliée à un nombre peu élevé d’habitants, en fait un lieu plus facile à analyser et plus propice à une étude de marché pour les investisseurs étrangers. Les acteurs économiques et politiques tunisiens doivent prendre l’initiative d’informer tout en se faisant informer. De savoir se vendre comme l’on dit chez les commerciaux ou les publicitaires. Et pour qu’il y ait symbiose, il faut que s’opère une synergie des forces en présence.

Certes, le sol n’offre pas d’immenses richesses hydrocarbures. Et puis une population atteignant péniblement 13 millions d’habitants à la masse salariale peu élevée ne représente pas un marché de consommation à courtiser en priorité étant donné l’attentisme ambiant régissant l’import-export dont les acteurs sont conscients de l’importance de l’économie informelle.

Toutefois, des alternatives existent et l’intensification de la diversification est possible. L’économie est affaire d’argent mais aussi de vitesse de l’information. D’où la nécessité de repenser le rapport au temps par rapport à la productivité. D’où la nécessité de mieux diffuser les éléments contribuant à une meilleure connaissance du marché tunisien et de l’offre des exportateurs (par exemple le secteur de la bonneterie demeuré quasiment confidentiel avec l’Italie). Puis repenser la compétitivité s’impose. Le potentiel culturel intervient aussi pour compléter ce listing non exhaustif.

C’est ça la Tunisie. Un territoire non dénué de nationalisme, tout en étant ouvert vers l’international, en lui proposant des produits locaux variés, un artisanat de premier plan y compris dans des domaines réservés comme la sparterie. Un aperçu qui donne à voir plusieurs facettes en terre tunisienne. Une déclinaison qui a tout pour inciter les politiciens ou simples citoyens à repenser l’aménagement du territoire, non plus en fonction de la région du Sahel trop longtemps privilégiée, mais à partir de Tunis. La capitale aura par la suite le devoir d’indiquer la marche à suivre. Mais ses décideurs devront se montrer conscients de l’importance de toutes les wilayas, même si les directives seront lancées depuis la première ville du pays. L’occasion de décongestionner le centre-ville en délocalisant certaines missions. Puis de transposer cette échelle de raisonnement à tout le pays en contrôlant plus précisément les municipalités. Un monde marqué par le flou dans le recensement des intermédiaires ainsi que par des lourdeurs administratives justifiées ou non. Une réalité développée et dénoncée par les intervenants, ainsi que l’assistance, lors d’une récente réunion parisienne, samedi 25 janvier 2025.

Des opportunités avec la diaspora

Grâce à l’organisation déployée par Fouad Hammadi, Kamel Lourimi, Mokhtar Chaïbi et la collaboration de Najet-Najwa Guezzani, l’Assemblée du Peuple s’est vue représentée par le député Badreddine Gammoudi, secondé par quelques collaborateurs installés en France ou venus de Tunisie pour l’occasion. Allocutions et séance de questions/réponses autour du rôle des Tunisiens de l’étranger ont rapidement introduit des réclamations à propos des tarifs exorbitants pour les transferts d’argent, les billets vendus par l’avionneur Tunisair, la corruption nocive tant pour les immigrés que pour les résidents permanents. Une ambiance d’assemblée plénière s’y est substituée au fur et à mesure, tombant à la fin dans un capharnaüm démocratique à l’image des tâtonnements de l’espace politicien national apparu immédiatement après la fuite de Ben Ali.

En faisant abstraction de ce samedi parisien, on peut penser que c’est par l’entremise de ses représentants à l’étranger que le rebond est envisageable pour la Tunisie. Une éventualité forte reposant sur le triptyque suivant : des actifs tunisiens, une matière grise en mouvement, un regard pouvant passer de double à périphérique de la part des travailleurs installés en France, en Belgique, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Canada, aux Etats-Unis, en Arabie Saoudite…

Le Tunisien standard a pour particularité un certain ethnocentrisme auquel il tient comme un banquier tient à une valeur refuge. En parallèle, il sait faire preuve de curiosité, d’ouverture en partie grâce au contact avec les touristes, à la moyenne d’instruction des citoyens, au commerce ancestral.

Prenons le cas d’une localité comme Kairouan. Ville historique, elle s’est spécialisée dans la confection et la vente de tapis renommés. On peut la définir comme un exemple alliant traditionalisme, conservatisme mais aussi faculté d’échange en raison du talent de ses artisans et de son emplacement à l’intérieur des terres sans non plus se situer trop vers l’ouest si souvent délaissé du territoire national, c’est-à-dire dans une position éloignée du littoral mais pas exagérément non plus.

Le travailleur tunisien, salarié ou auto-entrepreneur, officiant à l’extérieur des frontières reprend ces codes. D’une époque où la plupart des expatriés travaillaient dans le secteur primaire ou dans le bâtiment, nous sommes passés à un moment-clé où le Tunisien émigré peut se présenter aussi bien comme chef d’entreprise, que comme restaurateur ou comme informaticien.

Désormais, les natifs du Grand Tunis, celui du Kef, de Bizerte, de Sousse, de Gafsa, de Gabès ou de Ghomrassen peuvent se croiser aussi bien à la City qu’à Wall Street ou Bruxelles. Paris ou Nice n’en ont plus l’exclusivité. La raison d’un tel phénomène est à chercher auprès de l’extension des compétences comprenant le savoir en économie, en finance, en gestion de patrimoine et en high-tech. Sans compter que le flux de Tunisiens partis travailler à l’étranger comprend plus de femmes qu’auparavant.

Les expatriés mais aussi les descendants des premiers Tunisiens installés en Occident forment un vivier utile dont il faut sonder les avis et les aspirations afin de les coordonner avec les idées et les attentes de leurs compatriotes restés dans la mère patrie.

Une autre catégorie à laquelle peu de spécialistes font référence intéresserait les chercheurs, politiciens, hommes d’affaires tunisiens .Ce sont les membres de la communauté euromaghrébine qui sont de parfaits intermédiaires entre Européens de souche et populations arabo-musulmanes. Ces derniers matérialisent un moyen d’effectuer des transversalités en matière de compréhension des autres pays arabes, de leur façon de s’insérer dans l’interface méditerranéenne.

En rentrant encore plus dans le détail, l’observateur s’aperçoit que le Grand Maghreb revêt une importance stratégique peu exploitée commercialement entre ses membres.

Un partenariat avec le Maroc

Entretemps, le Maroc s’est affirmé comme la révélation arabe et africaine de cette décennie. Et ceci a fait partie des sujets de discussion lancés en cette soirée pluvieuse.

L’ex-Empire Chérifien est passé d’un poste émergent à une position de confirmation. Dans l’image et dans les faits. Y compris dans des domaines jugés plus légers comme le divertissement, le sport comme l’ont démontré les Lions de l’Atlas à Qatar 2022 et actuellement son équipe de football féminine.

Ce pays arabo-berbère dont l’étymologie-même de sa désignation le rapproche directement du Grand Maghreb a su attirer des acteurs économiques de premier plan comme le constructeur automobile Renault, et leur permettre de faire fructifier leurs affaires. La recette? Une stabilité politique, un espace de vie nettement mieux sécurisé qu’il y a une vingtaine d’années, une autocritique sereine alliée à l’objectivité et dans le même temps à la fierté nationale comme lors du dernier séisme qui secoua la patrie de Mohammed VI.

Ce pays placé à l’extrémité occidentale de l’aire arabophone a le point commun, avec le pays du jasmin, de se baser sur une économie non centrée sur la rente pétrolière. Sans vraiment être concurrents, Maroc et Tunisie se présenteraient davantage comme complémentaires donc comme partenaires. Des différences (l’un est gouverné selon le système d’une royauté, tandis que l’autre suit le système républicain) se voient compensés par des similitudes ou au moins intérêts communs comme l’avantage de fournir des denrées agrumicoles de qualité, de posséder des richesses halieutiques, de réserves de phosphates… Un partenariat plus poussé détient les capacités pour avantager les deux parties. Le Maroc verrait son aura internationale encore plus renforcée tout en consolidant ses bases arabes. La Tunisie aurait la possibilité de bénéficier du carnet d’adresse d’un Etat caractérisé par une ouverture atlantique non négligeable, à tel point que le groupe danois de transport maritime Maersk a décidé de faire de Tanger Med son étape principale, au lieu du port espagnol d’Algesiras, pour ses itinéraires entre Moyen-Orient et Etats-Unis.

Malchance peut rimer avec chance. Espérance rime avec persévérance. C’est ce que se doit de penser le Palais de Carthage en misant sur les avis experts des compatriotes installés à l’étranger. Kaïs Saied doit les prendre en compte en tant que conseillers et non simplement comme des contestataires vivant seulement pour la critique.

En 2022, le Palais de Carthage a eu la mésaventure de découvrir que le déficit commercial s’était élevé à 58%. En 2023, le taux de couverture des importations par les exportations a progressé de 7,9%, permettant au déficit de reculer à 32,4%. Mais nous nous plaçons ici dans l’ambivalence. Ces signes de reprise restent timides ou ciblés, obligeant le PIB à subir une contraction de 1,5%. Quelques consolations sont arrivées, avec une reprise de la fréquentation touristique dont le danger serait de faire croire que parier sur l’extérieur serait seulement parier sur les visiteurs étrangers. Alors qu’une diaspora de plus en plus titrée et influente se tient à l’écoute.  Après les appels à la formation et à la prise en compte de la high-tech lancés par l’Atuge avant Noël, cette fois-ci ce fut le mot «rassemblement» qui a été scandé plusieurs fois par le député Badreddine Gammoudi et ses compagnons d’un soir.

L’ordre du jour s’apparente à une longue liste de perfectionnements ou de consolidations à souhaiter. En dehors des vigilances classiques prônées par les économistes, la Tunisie doit se concentrer sur les observations de sa diaspora, et tenter d’innover en développant une passerelle sous la forme d’une économie de niche, où le recours régulier à l’économétrie anticiperait mieux une demande coudée et ses conséquences .Tout en se renforçant diplomatiquement autour de cette nouvelle configuration qu’est la stratification sociale globalisée.

* Universitaire.

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Zina Mebkhout s’insurge contre la culture des régimes

Le 23 janvier 2025, Zina Mebkhout a présenté son premier ouvrage, ‘‘Manger sans culpabiliser’’, à la librairie Transit à Marseille, un événement marquant, riche en échanges et en réflexions. Militante féministe, thérapeute spécialisée en alimentation intuitive et ancienne boulimique, l’autrice a proposé une critique radicale de la culture des régimes et de ses effets dévastateurs sur la relation au corps et à la nourriture.

Djamal Guettala

Dans ‘‘Manger sans culpabiliser’’, Zina Mebkhout raconte avec sincérité son parcours personnel, traversé par la boulimie, la culture des régimes et la culpabilité alimentaire. Elle dévoile ce quotidien où chaque jour commence avec une promesse de «faire attention», mais où la culpabilité et l’angoisse liées à l’alimentation sont omniprésentes. À travers son vécu, elle dénonce la pression constante du contrôle alimentaire, la «grossophobie» et l’illusion des régimes, qui exacerbent le mal-être au lieu de résoudre les problèmes liés au poids.

Culture des régimes et culpabilité alimentaire

L’autrice va au-delà de la simple critique des régimes : elle démontre que ces pratiques ne font qu’alimenter une spirale de culpabilité et d’autocontrôle. Son livre devient un manifeste pour une alimentation intuitive, plus sereine et en harmonie avec les besoins réels du corps, libérée des injonctions sociétales. La méthode inspirée de l’alimentation intuitive permet ainsi d’envisager notre alimentation d’une manière inédite, en se reconnectant aux besoins naturels du corps.

Zina Mebkhout plaide également pour des outils pratiques pour se débarrasser des réflexes de restriction, en remettant en question les normes imposées par la culture des régimes. Des témoignages et récits de coaching qui font écho ponctuent son ouvrage, offrant aux lecteurs des exemples concrets de transformation et de réconciliation avec la nourriture.

Lors de la présentation du livre à la librairie Transit, Zina Mebkhout a échangé avec un public attentif et réceptif. Ce fut l’occasion pour elle de partager ses réflexions sur l’impact des régimes sur la santé mentale et physique et de promouvoir son approche de l’alimentation intuitive. Sa parole, à la fois bienveillante et pédagogique, a permis aux participants d’explorer la possibilité de se libérer des normes alimentaires imposées et de renouer avec une relation plus saine à la nourriture.

L’échange fut également un moment de réflexion collective, où le public a pu poser des questions et témoigner de ses propres parcours. Zina Mebkhout a su créer un espace bienveillant où chacun se sentait libre de partager son vécu, renforçant ainsi la solidarité et la compréhension entre les participants.

Ouvrage nécessaire pour repenser l’alimentation

‘‘Manger sans culpabiliser’’ se présente comme un ouvrage essentiel pour toute personne souhaitant se libérer des injonctions alimentaires et retrouver une relation plus intuitive et respectueuse avec son corps et sa nourriture.

En dénonçant la «grossophobie» et la culture des régimes comme des outils de contrôle social, Zina Mebkhout propose un regard critique et profondément humain sur les pressions contemporaines pesant sur nos comportements alimentaires.

Zina Mebkhout est coach et thérapeute spécialisée dans l’alimentation intuitive (une approche thérapeutique originaire des États-Unis). Ancienne boulimique vomitive (elle a pris publiquement la parole sur ce sujet en 2020), militante féministe, grosse et racisée, elle anime un compte Instagram consacré au rapport aux corps, aux genres et à l’alimentation.

Aujourd’hui, elle accompagne des personnes minorisées sur des thématiques de discriminations (grossophobie, sexisme, racisme, LGBTQI+phobie, validisme, jeunisme et psychophobie), avec un focus particulier sur le comportement alimentaire.

Son site : Alimentation intuitive | Zina Mebkhout | Marseille

Son Instagram : @zin_ai

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Donald Trump mettra-t-il fin à la guerre au Soudan?

La guerre civile soudanaise qui entrera au mois d’avril dans sa troisième année est actuellement la plus grave crise humanitaire dans le monde, le bilan humain a dépassé les 150 000 morts et a entraîné le déplacement forcé et l’exil de 10 millions de Soudanais. Toutes les atrocités sont commises et pourtant, elle demeure le conflit invisible que la communauté internationale et les médias ignorent sciemment. Aujourd’hui, certains espèrent que le nouveau président américain pourra y mettre fin. Encore faut-il qu’il y voit lui-même quelque intérêt pour les Etats-Unis.

Imed Bahri

Dans une analyse publiée dans le magazine américain Foreign Policy, Cameron Hudson, chercheur principal au programme Afrique du Centre d’études stratégiques et internationales, estime que le président américain est le seul capable de mettre fin à la guerre au Soudan en raison de sa grande et vaste influence sur Khartoum et les puissances régionales. 

Rout en admettant que l’Afrique ne figure généralement pas en tête des priorités de la politique étrangère de Trump, le chercheur souligne que le Soudan est l’un des pays où le besoin d’engagement américain est le plus grand et où l’intervention de Washington pourrait être l’ingrédient crucial manquant pour y mettre fin à la guerre actuelle.

Contrairement à la plupart des pays africains, Trump a une histoire avec le Soudan. Sa première administration a entamé un processus complexe pour retirer ce pays de la liste des États soutenant le terrorisme afin de le mettre sur la voie de l’allègement de la dette et de la réhabilitation économique et d’ailleurs, le retrait de la liste a été officialisé en décembre 2020.

L’opération a consisté à obtenir la garantie que les services de renseignement américain pourraient, avec le soutien du Congrès, négocier un accord pour la restitution de 335 millions de dollars pour les victimes américaines des attaques terroristes. Il a également promis de normaliser les relations entre Washington et Khartoum avec le premier échange d’ambassadeurs depuis 25 ans.

Hudson a aussi rappelé que Trump a poussé le gouvernement soudanais à signer les accords d’Abraham malgré l’opposition des dirigeants militaires et civils de ce pays d’Afrique de l’Est, les deux parties affirmant que la nature transitoire de leur gouvernement et l’absence d’un parlement permanent ne leur donnaient pas le mandat de s’engager dans de nouvelles obligations conventionnelles.

En fin de compte, le Soudan n’avait aucun moyen de résister et a été contraint d’accepter, dans l’espoir d’en finir avec les sanctions américaines.

La plus grave crise humanitaire au monde

Après que le Soudan ait accepté les conditions du ministère américain de la Justice pour le retirer de la liste des pays terroristes, Trump a annoncé triomphalement, en octobre 2020, que ce Soudan avait normalisé ses relations avec Israël en devenant l’un des trois seuls pays arabes à avoir signé les accords d’Abraham.

Hudson estime que Trump hérite aujourd’hui d’un dossier soudanais très différent de celui qu’il avait transmis à son prédécesseur Joe Biden il y a quatre ans. La guerre qui dure depuis près de deux ans a dévasté le pays qui connaît désormais la plus grave crise humanitaire au monde.

L’argument moral en faveur d’une réponse à la souffrance collective du peuple soudanais pourrait ne pas fonctionner avec une administration qui se consacre d’abord à servir les intérêts des Etats-Unis. Cependant, Washington a des intérêts stratégiques et une influence inexploitée au Soudan qui dépassent de loin le bilan humain du conflit ce qui place Trump dans une position unique pour proposer des solutions pour mettre fin à la guerre.

Il est tout à fait clair que l’administration Trump ne peut pas relancer les accords d’Abraham alors que l’un de ses cinq signataires, le Soudan, est en train de s’effondrer et de se désintégrer, d’autant que le conflit dans ce pays est plus qu’une simple guerre entre deux généraux rivaux qui se battent pour le contrôle du pays. L’enjeu de ce conflit pour les États-Unis et leurs alliés régionaux c’est le prestige, la richesse et l’influence dans la région de la mer Rouge et la Corne de l’Afrique, et le coût de cette compétition est assumé par le peuple soudanais.

Dans ce mélange d’ambitions régionales, il existe une opportunité de conclure un accord qui fasse taire les armes au Soudan, évite le pire scénario humanitaire et pose les bases d’un éventuel retour à un régime civil.

La paix au Soudan aidera à stabiliser le Moyen-Orient

En effet, les dirigeants militaires soudanais voient le retour au pouvoir de Trump avec ses relations personnelles, son respect partagé pour les puissances régionales et son penchant pour les négociations comme une opportunité de conclure un accord qui apporterait la stabilité au Soudan et une paix plus large au Moyen-Orient.

Mettre fin à la guerre au Soudan et au besoin d’armement qui en découle priverait deux des plus grands adversaires de Washington de l’opportunité qu’ils ont utilisée pour gagner une position stratégique dans la région. La Russie et l’Iran ont en effet bénéficié plus que tout autre pays de la guerre au Soudan pour relancer leur diplomatie, tirer profit des ventes d’armes et raviver leurs espoirs d’établir une présence navale sur la côte soudanaise de la mer Rouge.

Toutefois, les hauts responsables soudanais avancent avoir noué des liens avec Téhéran et Moscou parce qu’ils ont été rejetés par les responsables occidentaux qui ont ouvertement déclaré qu’ils considéraient l’armée soudanaise comme une autorité étatique illégitime.

Le chercheur conclut son analyse en affirmant que le peuple soudanais est au bord de la famine et que l’État lui-même est au bord de l’effondrement. Et que l’administration Trump a intérêt à agir pour y rétablir la stabilité. Et de se projeter comme une force pacificatrice dont les Soudanais ont besoin. Assumer ce rôle servirait non seulement les intérêts stratégiques américains en Afrique mais ferait également avancer les intérêts politiques de Trump au Moyen-Orient.

Il reste à savoir si ce dernier entendra cet appel et verra dans la fin de la guerre civile au Soudant quelque intérêt pour l’Amérique.

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Exposition à Marseille : Les Chibanis, une génération sans histoire

L’exposition ‘‘Chibanis, Chibanias : portraits d’une génération sans histoire ?’’, présentée du 7 janvier au 1er mars 2025 à la Bibliothèque de l’Alcazar à Marseille, rend hommage aux travailleurs maghrébins venus en France après la Seconde Guerre mondiale.

Ces hommes, surnommés «chibanis» (Vieux), ont joué un rôle crucial dans la reconstruction du pays, mais leur histoire a souvent été négligée.

À travers 42 portraits en noir et blanc, le photographe Abed Abidat capte la dignité, la souffrance et la résilience de ces travailleurs qui, bien que considérés comme temporaires, sont restés pour construire la France. Ces images sont accompagnées des témoignages d’Azouz Begag, écrivain et sociologue, qui raconte les vies marquées par l’exil, l’isolement et les difficultés d’intégration.

Arrivés en France dans les années 1950-1960 pour combler le manque de main-d’œuvre, ces hommes ont souvent été logés dans des conditions précaires, séparés de leurs familles, et ont dû lutter pour leurs droits. Leur histoire soulève des questions sur l’intégration, la mémoire collective et le traitement des immigrés dans l’histoire de la France.

L’exposition ‘‘Chibanis, Chibanias’’ est une invitation à réfléchir sur la place de ces hommes dans la société française et à rendre hommage à une génération essentielle, mais trop longtemps oubliée.

Djamal Guettala

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Exposition : Amine Inoubli inscrit l’éphémère dans l’éternité

L’exposition ‘‘En suspens’’ de Amine Inoubli s’est ouverte avant-hier, vendredi 24 janvier 2025, à Elmarsa Gallery. Elle se poursuivra jusqu’au 28 février 2025. Le peintre pose un regard doux sur des fragments de vie trop souvent oubliés.

Manel Albouchi *

Il est des regards qui transforment. Qui prélèvent, dans la banalité crue du réel, des éclats d’éternité. Celui d’Amine Inoubli est de ceux-là. Ses toiles ne s’explosent pas, elles se murmurent. Elles se posent comme une lumière douce sur des fragments de vie trop souvent oubliés.

Une pelle appuyée contre un maçon, un matelas à l’agonie, des câbles suspendus dans l’indifférence d’un vent absent. Ce n’est pas la réalité qu’il peint, mais son âme. Rien n’est futile, tout est sacré.

Dans l’univers d’Inoubli, les objets ne servent plus : ils se tiennent droits, fiers, presque solennels. Le panneau indicateur, penché comme un vieillard, ne guide plus. Il repose. Le maçon n’est plus qu’un fragment de ce monde dur, l’épaule collée à sa pelle comme un compagnon d’armes.

Inoubli ne peint pas le travail, mais l’arrêt, ce moment suspendu où les choses existent pour elles-mêmes.

Ce choix esthétique, loin de nous laisser indifférents, devient une quête : celle d’inscrire l’éphémère dans une dimension d’éternité.

En psychanalyse, comme dans l’art, les objets ne sont jamais anodins. Ils portent des significations enfouies, des fragments de vécu que l’artiste met en lumière.

Un monde sans hiérarchie

    Dans ses toiles, il n’y a pas de héros. Pas de personnages centraux. L’humain ne domine pas. Une femme vue de dos n’a pas plus d’importance qu’un fragment de mur en construction. Ce n’est pas une déchéance, mais une justice. Tout se tient. Tout a sa place.

    Inoubli semble nous dire qu’il n’existe pas de hiérarchie dans le réel, seulement un équilibre que nous ne savons plus voir. Gaston Bachelard disait : «Il n’y a pas de banalité. Il n’y a que des regards appauvris.» Mais chez Inoubli, le regard ne s’appauvrit jamais. Il révèle, il élève. L’éloge du silence et du vide

    Le silence, dans l’œuvre d’Inoubli, est un espace où les objets existent sans besoin d’être compris. Un monde qui refuse de se plier à nos attentes. Ce vide, perçu comme une instabilité, se traduit par un panneau indicateur penché, un matelas usé, des câbles suspendus. Ces éléments renvoient à une forme de déclin, mais ce déclin n’est pas une fin. C’est un instant figé avant la chute, une hésitation qui révèle la vérité profonde des choses. Dans ses toiles, le vide n’est jamais absence. Il est un souffle, une attente. Que faisons-nous de cet espace? Pourquoi le remplissons-nous d’angoisse, de bruit, de gestes inutiles? L’éphémère devient prière

    Amine Inoubli peint l’objet, mais pas ce qui l’entoure. Il nous offre alors l’éternité d’un hors-temps, un moment suspendu où chaque chose devient une prière muette. Le panneau penché, le matelas épuisé, la corde qui ploie sous le poids des câbles… Tous ces éléments s’inscrivent dans une temporalité qui n’est ni passé ni futur, mais un éternel présent. Dans ce geste, il y a une révolte douce, une révolte contre la vitesse, contre l’éphémère, contre l’oubli. Camus disait : «Il y a toujours un moment où nous devons choisir entre contempler et agir.» Inoubli nous force à choisir la contemplation, et c’est là tout son courage.

    La beauté de l’effacement

    Et pourtant, ce monde suspendu n’est pas figé. Un détail glisse d’une toile à l’autre, comme une brise qui traverse des champs séparés.

    L’œuvre d’Inoubli est toujours en devenir, comme la vie elle-même.

    Dans cette simplicité, il y a un écho puissant à l’amour, celui qui transcende la condition humaine.

    Amine Inoubli nous rappelle que l’éternité n’est pas un ailleurs, mais un ici. Que l’art n’est pas une fuite, mais un retour. Ses toiles ne peignent pas seulement le silence, elles le rendent audible. Elles nous murmurent que tout est là, juste là, sous nos yeux, prêt à être vu. Prêt à devenir sublime.

    * Psychologue, psychanalyste.

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    ‘‘Une étrange défaite’’: la démocratie occidentale a vendu son âme aux enchères

    «On changea jusqu’au sens usuel des mots par rapport aux actes dans les justifications qu’on en donnait», disait Thucydide.

    Si on ne peut pas prétendre que l’armée israélienne a subi une défaite à Gaza, même si le mythe de l’inviolabilité du sanctuaire israélien n’a pas survécu face aux missiles en provenance du Yémen, la mine défaite des ministres israéliens annonçant la conclusion de l’accord avec les combattants du Hamas, les ennemis qu’ils s’étaient juré d’abattre, prouve qu’il ne s’agit pas de victoire. 

    Dr Mounir Hanablia *

    Un accord (provisoire) de cessez-le-feu entre les belligérants est entré en vigueur justement il y a une semaine. Il n’en rend que plus actuel ce livre. Son titre énigmatique évoque d’abord une défaite, dans une guerre asymétrique, certes, mais sans en préciser l’identité du vaincu.

    Comparativement à l’ampleur des dégâts infligés, il y a une ironie amère à entendre les chantres de la Résistance parler de la victoire parce qu’ils ne se sont pas soumis à l’exigence de leurs ennemis, celles d’une reddition sans conditions.

    Nul ne peut contester leur bravoure mais la réalité est là: si les Israéliens ont parlé en terme de pertes humaines par rapport à la taille de leur population, pour les Palestiniens, le ratio a été de 1700, et le nombre de pertes civiles a été 185 fois plus élevé chez les uns que chez les autres, près de la moitié des victimes ont été des femmes et des enfants, durant les six premiers mois du conflit, et deux millions de personnes aujourd’hui sont sans abri, alors que l’UNRWA dont on aurait aujourd’hui plus que jamais besoin pour secourir la population est en voie de démantèlement.

    Il faudra encore plusieurs mois avant de faire le décompte final des pertes, dont une proportion indéterminée gît toujours sous les décombres. Le Hamas n’a pas baissé les armes mais les réalités sont là. Et pour y arriver il a fallu 16 mois d’une guerre incessante d’agression qui n’aurait pas été possible sans le soutien militaire et politique de l’ensemble des gouvernements occidentaux, Etats Unis en tête, avec l’accord tacite d’une bonne partie de leurs homologues arabes ou musulmans (Turquie).

    La police (occidentale) de la pensée

    Il a fallu que les gouvernements de ces pays censés être démocratiques sanctionnent la liberté d’expression, interdisent les manifestations de rues, contre la guerre, et répriment les intellectuels dissidents, au nom de la lutte contre l’antisémitisme, assimilé avec opportunisme et mauvaise foi à l’antisionisme.

    On a ainsi abouti à cette situation paradoxale où le gouvernement de droite allemand a fustigé des juifs israéliens s’opposant à la politique de leur propre gouvernement et dont parfois les parents ou les ascendants étaient morts dans les camps de concentrations nazis.

    Cette police de la pensée n’a pas épargné les universités et le monde académique, censés jouir d’une immunité établie par la loi et les traditions par rapport au pouvoir politique. Et naturellement l’insistance sur l’Allemagne est significative dans le contexte parce qu’outre sa responsabilité dans la Shoah, ce pays prétend occulter un génocide, en en justifiant un autre, tout en fournissant 30% de l’aide militaire à l’agresseur.

    Or l’Allemagne avait déjà en 1909 exterminé les populations de Namibie bien avant l’arrivée des Nazis au pouvoir, et depuis Angela Merkel, le soutien à l’entité sioniste est qualifié de «raison d’état».

    Comment la propagande gouvernementale occidentale véhiculée par les médias est elle arrivée à «vendre» à sa population la destruction des écoles et des hôpitaux et l’assassinat ou la détention dans des conditions inhumaines des médecins, infirmiers, et journalistes?

    L’auteur évoque le racisme, qui a débuté avec le 11 Septembre 2001 lorsqu’une communauté religieuse, les musulmans, a commencé à être mise au banc de l’humanité, avec subséquemment le justificatif suprême pour qualifier les guerres coloniales menées contre leurs pays en Afghanistan, Irak, et ailleurs, celui d’absence de valeurs communes au sein d’une culture valorisant la guerre et faisant peu de cas de la vie humaine. Et à cela s’ajoute la question de l’immigration, bouc émissaire commode des problèmes des pays occidentaux, le legs colonial, ainsi que l’antagonisme historique avec l’Occident dont les sources premières remontant au Moyen-âge sont issues de l’Eglise Catholique.

    La valeur d’une vie musulmane ne vaut- elle plus rien ?

    Si donc la valeur d’une vie musulmane ne vaut plus rien aujourd’hui dans le champ visuel médiatique qui compte, celui contrôlé par les Etats, ce n’est pas l’effet du hasard, mais celui d’un effort continu pour discréditer idéologiquement les populations cibles, qui s’est renforcé aux Etats Unis d’Amérique de l’action des lobbys sionistes la plupart du temps chrétiens, et qui a visé les Doyens des institutions universitaires les plus réputées lorsqu’il est devenu évident que les étudiants, juifs et non juifs, devenaient critiques de l’action de leur gouvernement et de son soutien au génocide.

    Un génocide? Certainement ! La délégation sud-africaine a fourni à la Cour de Justice International un dossier riche dont les arguments sont étayés autant par des considérations juridiques que les témoignages issus du terrain. Et la Cour Pénale Internationale a inculpé le Premier ministre israélien Netanyahu et son ancien ministre de guerre, Galland, de crime contre l’humanité.

    A l’heure des bilans, si on ne peut pas prétendre que l’armée israélienne a subi une défaite même si le mythe de l’inviolabilité du sanctuaire israélien n’a pas survécu face aux missiles en provenance du Yémen, la mine défaite des ministres israéliens annonçant la conclusion de l’accord avec les ennemis qu’ils s’étaient juré d’abattre prouve qu’il ne s’agit pas de victoire. 

    Il est encore trop tôt pour connaître les raisons qui ont poussé Netanyahu à accepter  maintenant ce à quoi il s’est toujours opposé avec acharnement.

    Si défaite il y a, elle ne peut que concerner la classe politique occidentale qui a allègrement démontré à sa propre opinion publique le peu de cas qu’elle fait des valeurs humaines universelles dont elle tire sa légitimité, sa fierté, et sa propension à critiquer ceux qui selon elle ne les respectent pas.     

    * Médecin de libre pratique.

    ‘Une étrange défaite: Sur le consentement à l’écrasement de Gaza’’ de Didier Fassin,  éditions La Découverte, Paris, le 5 septembre 2024, 198 pages.

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    Le poème du dimanche : ‘‘Poème de la science arabe’’ de Sleim Ammar

    Né à Sousse en 1927 et décédé à Tunis en 1999, Sleim Ammar est l’un des pionniers de la psychiatrie au Maghreb. Il est aussi poète à ses heures.

    Outre son exercice médical en Tunisie, il se distingue par de nombreux essais consacrés à la médecine et aux sciences arabes. Et dans la grande tradition musulmane, il met son savoir érudit en vers, laissant une œuvre originale, scientifique et littéraire..

    Poème de la science arabe, préface du Pr Jean Bernard, Alif, Tunis, 1990; Poème de la folie; L’art de la composition, Tunis, 1993.

    Tahar Bekri

    Avicenne*

    Puis c’est au XIe siècle, en Orient, l’apogée

    Qu’illustre Avicenne, une ère prolongée

    Dans le Maghreb arabe et à l’extrême Ouest

    Par l’éclat du XII e siècle sans conteste.

    «Prince des Médecins», le «Maître par excellence»

    Fut sans doute Avicenne culminant dans la science.

    Génie précoce, dont la vie aventureuse

    Mais exaltante aussi sera talentueuse,

    Dans nombre de domaines : chimie et physique,

    Sciences naturelles, morale et logique.

    Il excella de plus dans la géodésie,

    Dans les mathématiques et dans la poésie..

    Philosophe éminent, connu pour ses maximes,

    C’est en médecine qu’il atteignit les cimes,

    Son Canon embrassa les règles en usage

    D’un savoir médical enrichi davantage.

    Bible médicale, selon William Osler

    Jusqu’au VIIIe siècle, elle sera le bréviaire

    Auquel toute faculté d’Europe se référait,

    Traitant par le mépris celui qui l’ignorait

    Son «Urjuza fi Ettib» ou poème médical

    Résumant le Canon fut aussi un régal

    Pour tous les connaisseurs de toute prosodie

    Et des commentateurs de ce qui est bien dit.

    De mIlle trois cent vingt six vers il fut composé

    Traduit en plusieurs langues, souvent analysé.

    Depuis, la médecine fut caractérisée

    Par ces fameux poèmes d’où a été puisé

    Le style des cantiques latins et médiévaux

    Et qui furent chantés et par monts et par vaux.

    Avicenne connut l’action des moisissures

    Des ankylostomes, filaires, oxyures,

    Il traita de l’empyème et de la méningite,

    De la goutte, du cancer, des signes de pleurite,

    Comme l’apoplexie, issue de la pléthore

    De l’ulcère d’estomac, des spasmes, du pylore,

    Et d’autres maladies internes ou exogènes

    Et de l’hérédité en pressentant les gênes

    Mais aussi d’obstétrique et de chirurgie,

    De la thérapeutique, loin de toute magie

    En dorant la pilule et tout l’enrobant,

    Il la fit accepter au plus récalcitrant.

    Puis sous son impulsion, l’organothérapie

    Ouvre plus tard la voie de l’opothérapie.

    Psychologue émérite, psychosomaticien,

    Nombre d’anecdotes en témoignent fort bien

    Dans la prophylaxie, il eut un grand apport

    Par les bains, les régimes, et les vertus du sport

    Finalement aucun chapitre de notre art

    Ne sera délaissé ni traité sans égards

    Son œuvre capitale appréciée pour longtemps

    A vraiment culminé dans l’espace et le temps

    Extrait de ‘‘Poème de la médecine arabe’’, éd. Alif, Tunis, 1990.

    * Ibn Sina, (Boukhara, 980-Hamadhan,1037) NTD

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    Kenenti, la startup tunisienne qui redonne vie aux chaussures usagées

    Au cœur de La Goulette, banlieue balnéaire historique de Tunis, la startup Kenenti révolutionne le concept de mode durable en proposant des services de restauration, de personnalisation et de nettoyage de chaussures et sacs usagés. Vidéo.

    Fondée en 2020 par Chérif Zaroui, créateur de 30 ans, l’entreprise se démarque par son approche écologique et innovante de l’industrie de la mode.

    L’inspiration de Kenenti est née pendant la crise sanitaire mondiale, lorsque Zaroui a décidé de transformer sa passion pour le design en un projet concret.

    En Tunisie, on estime qu’environ 3 à 4 millions de paires de chaussures sont jetées chaque année. Face à ce constat alarmant, Zaroui a vu une opportunité : «Nous pensions donner une valeur ajoutée à ces chaussures, alors nous les avons restaurées», a-t-il déclaré à l’agence italienne Ansamed.

    Aujourd’hui, Kenenti compte une équipe de onze artistes qui travaillent ensemble pour redonner vie à des chaussures et des sacs autrement destinés aux déchets.

    Utilisant des tissus, des lacets et du cuir récupérés auprès de diverses usines, l’entreprise propose des produits uniques et personnalisés.

    Impact positif sur la communauté et l’environnement

    Basma Ben Ayadi, l’une des artistes de l’atelier, est fière de son expérience et se dit «heureuse de pouvoir redonner de la valeur à des pièces qui ont perdu de leur éclat au fil des années».

    Les débuts de Kenenti n’ont pas été sans obstacles, notamment en raison de la pandémie qui a limité l’accès aux matières premières, mais Zaroui a transformé ce défi en opportunité, en développant en interne une peinture résistante à l’eau et à la chaleur, réduisant ainsi la dépendance aux importations coûteuses. Cette innovation a permis à l’entreprise de vendre également la peinture à d’autres artistes et artisans locaux.

    L’initiative de Kenenti promeut non seulement la durabilité environnementale, mais offre également aux consommateurs un moyen de renouveler leur garde-robe sans acheter de nouveaux articles. Des clients comme Rada Gabsi apprécient cette approche : «Pour des sacs comme le mien, qui sont assez chers, je pense quil vaut mieux leur donner une nouvelle vie plutôt que de les jeter».

    Kenenti a été récompensé pour sa contribution à l’économie circulaire en Tunisie, remportant le prix du meilleur projet dans ce secteur lors du dernier Sommet de la Francophonie.

    Tournée vers l’avenir, l’entreprise prévoit d’élargir sa gamme de produits en créant des chaussures, des sacs et des portefeuilles à partir de chutes de cuir récupérées dans des usines et ateliers locaux. Cette vision s’aligne sur la philosophie de la «slow fashion», promouvant des pratiques durables dans l’industrie de la mode, avec un impact positif sur l’environnement et la communauté.

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    Vient de paraître : Trump, Musk et les algorithmes du chaos   

    Le journaliste Mehdi Kattou vient de publier un livre intitulé ‘‘L’algorithme du chaos’’, un essai sociopolitique qui explore le chaos numérique qui a déferlé en silence sur le monde.

    Ce livre a paru à la veille de l’investiture de Donald Trump et dans un contexte marqué par les frasques d’un Elon Musk, patron du réseau social X, plus hystérique que jamais.

    L’auteur y raconte comment les Big Techs ont remodelé notre quotidien où l’intermédiation algorithmique est devenue hégémonique.

    «Les environnements numériques se sont infiltrés partout où un marché existait, y compris dans l’industrie de l’opinion et de la politique», affirme Kattou qui ajoute : «Croire en une philanthropie digitale serait naïf : les réseaux sociaux jouent un rôle central dans les dysfonctionnements politiques».

    La manière dont le réseau X a récemment contribué à l’élection de Trump et les ingérences de son patron dans les affaires politiques de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne où il soutient tapageusement la montée de l’extrême droite xénophobe et raciste en est la parfaite illustration. Et on n’est qu’au début d’une ère où la vérité va être noyée sous des tonnes de mensonges outrageusement diffusés par des réseaux sociaux de plus en plus mercantiles et irresponsables.

    À travers les chapitres, se dessine une réalité troublante : la marchandisation de l’influence sociale et l’essor du capitalisme de surveillance, qui ont profondément ébranlé la démocratie. «Dans ce paysage numérique, la promesse d’émancipation s’est transformée en un instrument de contrôle et de propagande. La crise dépasse les simples enjeux électoraux ou la montée du populisme : elle fragilise les institutions, érode la confiance publique et conduit à une véritable déconstruction démocratique et sociale», souligne Kattou dans son quatrième ouvrage où il présente une cartographie des facteurs à l’origine de ce chaos, qu’il illustre avec des épisodes marquants. «Imaginer que ces dysfonctionnements sont passagers serait illusoire. Loin d’être un simple réquisitoire, cet essai est un appel à mesurer l’ampleur de la menace, à prendre conscience de la polarisation croissante des sociétés, de débats publics gangrenés par la désinformation et d’une ère de post-vérité alarmante», souligne encore l’auteur. Qui avertit : «Face au pouvoir tentaculaire des Big Techs, l’indignation ne suffit plus. Législation, sensibilisation, éducation, réorganisation des institutions, reconfiguration des modes de scrutin : chaque aspect doit être repensé pour faire face à ce fléau».

    Ce livre se veut un outil pour comprendre, appréhender et agir face à des réseaux qui nous entraînent tous dans ce tourbillon numérique.

    I. B.

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    La Tunisie sera-t-elle affectée par la révision de l’aide américaine?

    Mauvaise nouvelle pour les pays en développement bénéficiant jusque-là de l’aide américaine, comme la Tunisie : l’ouragan Trump pointe à l’horizon. Tout indique, en effet, que cette aide va être suspendue, repensée et recalibrée selon les diktats de la nouvelle administration. Il y aurait certainement des gagnants et, surtout, des perdants.

    Moktar Lamari *

    Le secrétaire d’État américain aux Affaires Étrangères, Marco Rubio, a ordonné l’arrêt immédiat de pratiquement tous les programmes d’aide étrangère en cours en attendant d’examiner s’ils sont conformes aux politiques du président Donald Trump, indique un câble interne vu par le Financial Times. Une revue doit être faite dans 85 jours, et en attendant, tout est arrêté, stoppé net.

    La Tunisie, qui pourrait être concernée par cette révision, risque de perdre quelques programmes d’aides de l’USAID et des programmes spécifiques (militaires et investissements divers). Finie la philanthropie et les dons non conditionnels.

    La décision affectera les contrats d’assistance internationale administrés par Washington, y compris par l’intermédiaire de l’Agence américaine pour le développement international, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars et couvrant des pays du monde entier.

    Trump s’insurge contre «l’industrie de l’aide étrangère»

    Dans le câble envoyé au département d’État et à l’USAID vendredi 24 janvier 2025, Rubio a déclaré que tous les nouveaux décaissements d’aide étrangère devaient être suspendus et que les agents de négociation des contrats et les agents de subventions devaient «émettre immédiatement des ordonnances d’arrêt de travail… jusqu’à ce que le secrétaire déterminera, après un examen».

    La période d’examen devrait durer jusqu’à 85 jours, laissant le sort de centaines de contrats d’aide étrangère aux États-Unis, qui valaient plus de 70 milliards de dollars au cours de l’exercice 2022, potentiellement dans les limbes pendant trois mois.

    Rubio a également ordonné que toute aide étrangère versée par l’intermédiaire d’une agence ou d’un département soit approuvée par le secrétaire d’État, ce qui centraliserait l’examen de tous les programmes d’aide internationale au niveau de son bureau.

    Le câble de Rubio met en œuvre un décret signé par Trump lors de son premier jour au pouvoir. Le nouveau président dénonce «l’industrie de l’aide étrangère et la bureaucratie» comme «non alignées sur les intérêts américains et dans de nombreux cas contraires aux valeurs américaines», et demandé la suspension de l’aide.

    Dans les premiers jours de son deuxième mandat à la Maison Blanche, Trump a pris des mesures agressives pour remodeler et rediriger toutes les agences du gouvernement américain pour mettre en œuvre ses politiques.

    Les agences scientifiques telles que les National Institutes of Health ont également suspendu les subventions en attendant l’examen par la nouvelle administration, ce qui a alarmé les chercheurs.

    Il y a quelques exceptions à l’ordonnance de gel de l’aide de Rubio, parmi lesquelles des «renonciations approuvées» pour le financement militaire pour Israël et l’Égypte, ainsi que pour l’aide alimentaire d’urgence étrangère.

    Mais l’ordonnance a précisé qu’en plus de suspendre les contrats nouveaux et en cours, les agences gouvernementales américaines, y compris l’USAID, doivent cesser de publier des propositions de projets d’aide étrangère.

    Les diktats de la nouvelle administration Trump

    Plus tôt cette semaine, Rubio a déclaré que Trump lui avait demandé «de placer notre intérêt national fondamental comme la mission directrice de la politique étrangère américaine», affirmant que parmi ses principales priorités étaient de freiner la migration de masse et de supprimer les politiques climatiques qui «affaiblissent» l’Amérique.

     «Chaque dollar que nous dépensons, chaque programme que nous lançons et chaque politique que nous poursuivons doivent être justifiés par la réponse à trois questions simples : Cela rend-il l’Amérique plus sûre? Cela rend-il l’Amérique plus forte? Est-ce que cela rend l’Amérique plus prospère?»

    Tout indique que la générosité de l’aide américaine aux pays pauvres, comme la Tunisie, va être repensée, re-calibrée selon les diktats de la nouvelle administration Trump. Chaque dollar alloué à l’aide internationale devient un levier pour servir les intérêts et exigences américaines. Une nouvelle période s’annonce!

    À suivre

    * Economiste universitaire.

    Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

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