Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Kenenti, la startup tunisienne qui redonne vie aux chaussures usagées

Au cœur de La Goulette, banlieue balnéaire historique de Tunis, la startup Kenenti révolutionne le concept de mode durable en proposant des services de restauration, de personnalisation et de nettoyage de chaussures et sacs usagés. Vidéo.

Fondée en 2020 par Chérif Zaroui, créateur de 30 ans, l’entreprise se démarque par son approche écologique et innovante de l’industrie de la mode.

L’inspiration de Kenenti est née pendant la crise sanitaire mondiale, lorsque Zaroui a décidé de transformer sa passion pour le design en un projet concret.

En Tunisie, on estime qu’environ 3 à 4 millions de paires de chaussures sont jetées chaque année. Face à ce constat alarmant, Zaroui a vu une opportunité : «Nous pensions donner une valeur ajoutée à ces chaussures, alors nous les avons restaurées», a-t-il déclaré à l’agence italienne Ansamed.

Aujourd’hui, Kenenti compte une équipe de onze artistes qui travaillent ensemble pour redonner vie à des chaussures et des sacs autrement destinés aux déchets.

Utilisant des tissus, des lacets et du cuir récupérés auprès de diverses usines, l’entreprise propose des produits uniques et personnalisés.

Impact positif sur la communauté et l’environnement

Basma Ben Ayadi, l’une des artistes de l’atelier, est fière de son expérience et se dit «heureuse de pouvoir redonner de la valeur à des pièces qui ont perdu de leur éclat au fil des années».

Les débuts de Kenenti n’ont pas été sans obstacles, notamment en raison de la pandémie qui a limité l’accès aux matières premières, mais Zaroui a transformé ce défi en opportunité, en développant en interne une peinture résistante à l’eau et à la chaleur, réduisant ainsi la dépendance aux importations coûteuses. Cette innovation a permis à l’entreprise de vendre également la peinture à d’autres artistes et artisans locaux.

L’initiative de Kenenti promeut non seulement la durabilité environnementale, mais offre également aux consommateurs un moyen de renouveler leur garde-robe sans acheter de nouveaux articles. Des clients comme Rada Gabsi apprécient cette approche : «Pour des sacs comme le mien, qui sont assez chers, je pense quil vaut mieux leur donner une nouvelle vie plutôt que de les jeter».

Kenenti a été récompensé pour sa contribution à l’économie circulaire en Tunisie, remportant le prix du meilleur projet dans ce secteur lors du dernier Sommet de la Francophonie.

Tournée vers l’avenir, l’entreprise prévoit d’élargir sa gamme de produits en créant des chaussures, des sacs et des portefeuilles à partir de chutes de cuir récupérées dans des usines et ateliers locaux. Cette vision s’aligne sur la philosophie de la «slow fashion», promouvant des pratiques durables dans l’industrie de la mode, avec un impact positif sur l’environnement et la communauté.

L’article Kenenti, la startup tunisienne qui redonne vie aux chaussures usagées est apparu en premier sur Kapitalis.

Vient de paraître : Trump, Musk et les algorithmes du chaos   

Le journaliste Mehdi Kattou vient de publier un livre intitulé ‘‘L’algorithme du chaos’’, un essai sociopolitique qui explore le chaos numérique qui a déferlé en silence sur le monde.

Ce livre a paru à la veille de l’investiture de Donald Trump et dans un contexte marqué par les frasques d’un Elon Musk, patron du réseau social X, plus hystérique que jamais.

L’auteur y raconte comment les Big Techs ont remodelé notre quotidien où l’intermédiation algorithmique est devenue hégémonique.

«Les environnements numériques se sont infiltrés partout où un marché existait, y compris dans l’industrie de l’opinion et de la politique», affirme Kattou qui ajoute : «Croire en une philanthropie digitale serait naïf : les réseaux sociaux jouent un rôle central dans les dysfonctionnements politiques».

La manière dont le réseau X a récemment contribué à l’élection de Trump et les ingérences de son patron dans les affaires politiques de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne où il soutient tapageusement la montée de l’extrême droite xénophobe et raciste en est la parfaite illustration. Et on n’est qu’au début d’une ère où la vérité va être noyée sous des tonnes de mensonges outrageusement diffusés par des réseaux sociaux de plus en plus mercantiles et irresponsables.

À travers les chapitres, se dessine une réalité troublante : la marchandisation de l’influence sociale et l’essor du capitalisme de surveillance, qui ont profondément ébranlé la démocratie. «Dans ce paysage numérique, la promesse d’émancipation s’est transformée en un instrument de contrôle et de propagande. La crise dépasse les simples enjeux électoraux ou la montée du populisme : elle fragilise les institutions, érode la confiance publique et conduit à une véritable déconstruction démocratique et sociale», souligne Kattou dans son quatrième ouvrage où il présente une cartographie des facteurs à l’origine de ce chaos, qu’il illustre avec des épisodes marquants. «Imaginer que ces dysfonctionnements sont passagers serait illusoire. Loin d’être un simple réquisitoire, cet essai est un appel à mesurer l’ampleur de la menace, à prendre conscience de la polarisation croissante des sociétés, de débats publics gangrenés par la désinformation et d’une ère de post-vérité alarmante», souligne encore l’auteur. Qui avertit : «Face au pouvoir tentaculaire des Big Techs, l’indignation ne suffit plus. Législation, sensibilisation, éducation, réorganisation des institutions, reconfiguration des modes de scrutin : chaque aspect doit être repensé pour faire face à ce fléau».

Ce livre se veut un outil pour comprendre, appréhender et agir face à des réseaux qui nous entraînent tous dans ce tourbillon numérique.

I. B.

L’article Vient de paraître : Trump, Musk et les algorithmes du chaos    est apparu en premier sur Kapitalis.

La Tunisie sera-t-elle affectée par la révision de l’aide américaine?

Mauvaise nouvelle pour les pays en développement bénéficiant jusque-là de l’aide américaine, comme la Tunisie : l’ouragan Trump pointe à l’horizon. Tout indique, en effet, que cette aide va être suspendue, repensée et recalibrée selon les diktats de la nouvelle administration. Il y aurait certainement des gagnants et, surtout, des perdants.

Moktar Lamari *

Le secrétaire d’État américain aux Affaires Étrangères, Marco Rubio, a ordonné l’arrêt immédiat de pratiquement tous les programmes d’aide étrangère en cours en attendant d’examiner s’ils sont conformes aux politiques du président Donald Trump, indique un câble interne vu par le Financial Times. Une revue doit être faite dans 85 jours, et en attendant, tout est arrêté, stoppé net.

La Tunisie, qui pourrait être concernée par cette révision, risque de perdre quelques programmes d’aides de l’USAID et des programmes spécifiques (militaires et investissements divers). Finie la philanthropie et les dons non conditionnels.

La décision affectera les contrats d’assistance internationale administrés par Washington, y compris par l’intermédiaire de l’Agence américaine pour le développement international, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars et couvrant des pays du monde entier.

Trump s’insurge contre «l’industrie de l’aide étrangère»

Dans le câble envoyé au département d’État et à l’USAID vendredi 24 janvier 2025, Rubio a déclaré que tous les nouveaux décaissements d’aide étrangère devaient être suspendus et que les agents de négociation des contrats et les agents de subventions devaient «émettre immédiatement des ordonnances d’arrêt de travail… jusqu’à ce que le secrétaire déterminera, après un examen».

La période d’examen devrait durer jusqu’à 85 jours, laissant le sort de centaines de contrats d’aide étrangère aux États-Unis, qui valaient plus de 70 milliards de dollars au cours de l’exercice 2022, potentiellement dans les limbes pendant trois mois.

Rubio a également ordonné que toute aide étrangère versée par l’intermédiaire d’une agence ou d’un département soit approuvée par le secrétaire d’État, ce qui centraliserait l’examen de tous les programmes d’aide internationale au niveau de son bureau.

Le câble de Rubio met en œuvre un décret signé par Trump lors de son premier jour au pouvoir. Le nouveau président dénonce «l’industrie de l’aide étrangère et la bureaucratie» comme «non alignées sur les intérêts américains et dans de nombreux cas contraires aux valeurs américaines», et demandé la suspension de l’aide.

Dans les premiers jours de son deuxième mandat à la Maison Blanche, Trump a pris des mesures agressives pour remodeler et rediriger toutes les agences du gouvernement américain pour mettre en œuvre ses politiques.

Les agences scientifiques telles que les National Institutes of Health ont également suspendu les subventions en attendant l’examen par la nouvelle administration, ce qui a alarmé les chercheurs.

Il y a quelques exceptions à l’ordonnance de gel de l’aide de Rubio, parmi lesquelles des «renonciations approuvées» pour le financement militaire pour Israël et l’Égypte, ainsi que pour l’aide alimentaire d’urgence étrangère.

Mais l’ordonnance a précisé qu’en plus de suspendre les contrats nouveaux et en cours, les agences gouvernementales américaines, y compris l’USAID, doivent cesser de publier des propositions de projets d’aide étrangère.

Les diktats de la nouvelle administration Trump

Plus tôt cette semaine, Rubio a déclaré que Trump lui avait demandé «de placer notre intérêt national fondamental comme la mission directrice de la politique étrangère américaine», affirmant que parmi ses principales priorités étaient de freiner la migration de masse et de supprimer les politiques climatiques qui «affaiblissent» l’Amérique.

 «Chaque dollar que nous dépensons, chaque programme que nous lançons et chaque politique que nous poursuivons doivent être justifiés par la réponse à trois questions simples : Cela rend-il l’Amérique plus sûre? Cela rend-il l’Amérique plus forte? Est-ce que cela rend l’Amérique plus prospère?»

Tout indique que la générosité de l’aide américaine aux pays pauvres, comme la Tunisie, va être repensée, re-calibrée selon les diktats de la nouvelle administration Trump. Chaque dollar alloué à l’aide internationale devient un levier pour servir les intérêts et exigences américaines. Une nouvelle période s’annonce!

À suivre

* Economiste universitaire.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

L’article La Tunisie sera-t-elle affectée par la révision de l’aide américaine? est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie : le CRLDHT dénonce un «complot contre l’opposition» 

Dans le communiqué rendu public hier, vendredi 24 janvier 2024, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) considère que l’affaire dite de «complot contre la sûreté de l’Etat» dans laquelle sont poursuivis de nombreux opposants serait, selon ses termes, un «complot contre l’opposition».     

Ce procès, initialement prévu pour le 7 février 2025, et qui a été reporté au 4 mars prochain sans explication, «reflète les dérives autoritaires du régime de Kaïs Saïed et l’instrumentalisation de la justice pour anéantir l’opposition», estime le CRDHT. Ce report, estime-t-il, vise à «limiter les mobilisations populaires en programmant l’audience au début du mois de Ramadan, une période généralement marquée par un repli vers les pratiques religieuses et sociales».

Rappelons qu’une quarantaine de personnes dans cette affaire. Il s’agit d’acteurs politiques, de journalistes, d’avocats et de militants de la société civile, qui sont «accusés sur la base d’un dossier vide», souligne ledit Comité, qui cite, parmi les charges retenues contre ces derniers, «des réunions secrètes, des contacts avec des parties étrangères et des tentatives présumées de déstabilisation du régime».

«Sept accusés, dont des figures publiques comme Kamel Letaief, Khayem Turki, Issam Chebbi, Jaouhar Ben Mbarek, Ghazi Chaouachi, Abdelhamid Jelassi et Ridha Belhaj, sont en détention arbitraire, tandis que d’autres opposants, comme Noureddine Bhiri, Sahbi Atig et Saïd Ferjani, sont incarcérés pour des affaires distinctes», indique le CRLDHT, en soulignant que «parmi les accusés figurent d’anciens ministres, des dirigeants de partis politiques et des figures publiques connues pour leur opposition à Kaïs Saïed».

«Depuis les arrestations spectaculaires de février 2023, les accusés dénoncent de graves violations de leurs droits fondamentaux, telles que le non-respect de la présomption d’innocence, le dépassement des délais légaux de détention et des restrictions arbitraires aux droits de défense», ajoute le communiqué, en rappelant que des avocats des détenus, tels que Me Essid Abdelaziz, Me Islam Hamza et Me Dalila Mssadek, «ont eux-mêmes été pris pour cible par des poursuites judiciaires, démontrant une volonté d’intimider les défenseurs des droits humains et de restreindre l’exercice de la profession d’avocat.» «Le procès symbolise la dérive autoritaire d’un régime qui, au nom de la sûreté de l’État qu’il fragilise lui-même, bafoue les principes fondamentaux des droits humains, muselle l’opposition et instrumentalise les institutions pour asseoir son contrôle», conclut le CRLDHT.

L’article Tunisie : le CRLDHT dénonce un «complot contre l’opposition»  est apparu en premier sur Kapitalis.

‘‘Bled al Abar’’, un projet de valorisation des puits dans le désert tunisien

 ‘Bled El Abar’’ (‘‘Le pays des puits’’) est un projet d’exposition et de réparation de puits dans le désert tunisien. Il est porté par le Laboratoire d’architecture de Mounir Ayoub et Vanessa Lacaille, en partenariat avec l’architecte Hamed Kriouane et le 32 Bis.

Ce projet, intitulé en allemand ‘‘Land der Brunnen’’, est une collaboration entre l’Institut français de Tunisie (IFT) et le Goethe-Institut Tunis. Il figure parmi les 31 projets lauréats du Fonds culturel franco-allemand (FCFA) pour l’année 2025.

Ce projet associe une exposition et des actions concrètes sur le terrain, principalement axées sur la réhabilitation des puits dans le désert tunisien. Il vise à restaurer ces infrastructures vitales pour les communautés locales tout en sensibilisant le public à la richesse culturelle et historique de ces territoires, menacés aujourd’hui par les crises climatiques, économiques et migratoires.

‘‘Le pays des puits’’ s’inscrit dans une démarche globale de valorisation du patrimoine hydraulique et de soutien aux communautés locales, en mettant l’accent sur la préservation des ressources en eau et les savoir-faire traditionnels liés à leur gestion dans le désert tunisien.

Témoins de l’adaptation continue des populations aux défis environnementaux, les puits ont joué un rôle essentiel dans l’histoire d’approvisionnement en eau en Tunisie, notamment dans les régions arides et semi-arides.

Dès l’Antiquité, les habitants ont mis au point des techniques traditionnelles pour extraire l’eau souterraine, garantissant ainsi leur approvisionnement en eau.

Doté d’une roue à eau (noria) actionnée par un dromadaire, le puits Bir Barrouta à Kairouan, qui constitue l’un des plus anciens puits en Tunisie, est un exemple édifiant de l’ingéniosité de la population pour accéder à une ressource précieuse dans un environnement difficile.

Retenu, parmi les 31 projets issus de 30 pays, par la commission de sélection du Fonds culturel franco-allemand, ‘‘Bled al Abar’’ s’inscrit dans la thématique 2025 ‘‘Vers un nouveau monde’’, invitant à réfléchir au rôle des arts, de la culture et des idées pour comprendre l’importance et la complexité des mutations actuelles, et pour réinventer des modes d’action face à des nombreux enjeux notamment de la transition écologique et de la question identitaire.

Le Fonds culturel franco-allemand, institué en 2003, a pour objectif d’encourager et de soutenir des initiatives de coopération culturelle conduites dans des pays tiers par les réseaux diplomatiques et culturels français et allemands, en étroite collaboration avec des acteurs culturels locaux.

Les projets soutenus relèvent de domaines variés: arts visuels, arts numériques, arts de la scène, design, mode, architecture, théâtre, cinéma, audiovisuel, nouveaux médias, débats d’idées, littérature, etc.

Fondé en 2013 par les deux architectes Mounir Ayoub (Tunisie) et Vanessa Lacaille (France), le Laboratoire d’architecture, actif en Europe et en Afrique, travaille sur des projets d’architecture, de paysage, des études de territoires ainsi que des projets éditoriaux et curatoriaux.

Lauréat des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes en 2014, prix européen de la jeune création architecturale et paysagère, le Laboratoire d’architecture a remporté en 2016 le concours Europan en Suisse.

En 2021, Vanessa Lacaille et Mounir Ayoub étaient les curateurs du Pavillon suisse de la 17e Biennale d’architecture de Venise.

D’après Tap.

L’article ‘‘Bled al Abar’’, un projet de valorisation des puits dans le désert tunisien est apparu en premier sur Kapitalis.

Affaire Taoufik Mekacher : l’ancien ministre Samir Saïed maintenu en liberté

Samir Saïed, ancien ministre de l’Economie et de la Planification  (11 octobre 2021 – devant le ministère public auprès du Tribunal de première instance de Tunis qui a ordonné sa mise en liberté.

Saïed avait été entendu par la quatrième brigade centrale de lutte contre les crimes financiers et économiques de la Garde nationale de l’Aouina pour des soupçons de violation de la législation douanière dans le cadre de l’enquête sur l’homme d’affaire Taoufik Mekacher. Ce dernier, également président du Croissant sportif de Chebba, avait été condamné, en juillet 2021, à 5 ans de prison ferme, par le tribunal de première instance de Tunis, pour émission de chèques sans provision et pour falsification.

Saïed avait eu affaire avec ce dernier lorsqu’il était Pdg de la Société tunisienne de banque (STB) entre 2016 et 2019.

Après sa présentation hier devant le ministère public et l’examen des résultats de l’enquête, il a été décidé de le maintenir en liberté.

Diplômé en 1982 de l’École centrale Paris, ce brillant financier à dirigé, depuis 1986, de nombreuses entreprises en Tunisie (Arab Tunisian Bank, Tunisie Telecom) et dans les pays du Golfe, avant d’intégrer le gouvernement de Najla Bouden, le 11 octobre 2021, en tant que ministre de l’Économie et de la Planification. Le président Kaïs Saïed le limogera de ses fonctions, le 17 octobre 2023, pour avoir affiché publiquement ses divergences avec le chef de l’Etat à propos de la conduite des politiques économiques et financières, et notamment à propos des relations de la Tunisie avec le Fonds monétaire internationale (FMI). En l’absence d’explication officielle des raisons de ce limogeage, c’est cette thèse qui été avancée, à l’époque, par les médias.

I. B.

 

L’article Affaire Taoufik Mekacher : l’ancien ministre Samir Saïed maintenu en liberté est apparu en premier sur Kapitalis.

Football : Mootez Zaddem signe pour 6 mois au Modern Future Football Club

Le milieu de terrain relayeur de l’Espérance sportive de Tunis, Mootez Zaddem, a été officiellement engagé par le club égyptien Modern Future Football Club. Le contrat de prêt est d’une durée de six mois, avec option d’achat.

Modern Future Football Club occupe actuellement l’avant-dernière place du championnat égyptien, avec 7 points en 9 matchs. Ce n’est pas un cadeau pour le brave Zaddem, âgé de 24 ans et qui est en train de passer à côté d’une carrière qui aurait pu être brillante.

Zaddem a joué pour Valmiera FC (2020-2022) et l’Étoile du Sahel sous forme de prêt (2021-2022), avant d’être engagé par l’Espérance de Tunis (2022-2025), et sous forme de prêt à Al Masry FC (2024).

Ce transfert va lui permettre au moins de jouer et de montrer ce dont il est capable sur un terrain. Une dernière chance peut-être pour se relancer. Espérons qu’il saura la saisir pour taper dans l’œil des recruteurs.

I. B.

L’article Football : Mootez Zaddem signe pour 6 mois au Modern Future Football Club est apparu en premier sur Kapitalis.

Nouvelle : ‘‘Al-Jidar’’ (Le mur)

Cette nouvelle est parue pour la première fois dans le quotidien arabe international ‘‘Al-Qods Al-Arabi’’ daté du 30 janvier 2004. Plus de vingt ans après, elle garde toute sa fraîcheur, car la réalité qu’elle décrit, de manière fantasmagorique, n’a pas changé d’un iota. Elle s’est même aggravée. Le mur dont parle l’auteur s’est transformé en une immense prison où tout un peuple est aujourd’hui enfermé, bombardé, martyrisé, génocidé…

Taoufik Grira * (traduit de l’arabe par Abdelatif Ben Salem)

Au Palestinien que le mur a coupé de son ombre

Quand le bon Dieu m’a expédié dans l’autre monde au cours de l’un de ces jours qui se suivent et se ressemblent, j’ai eu comme une sensation d’apesanteur onirique, pareille à celle que nous ressentons lors d’un assoupissement furtif.

Sous la forme d’un corps sensible, je me suis lancé dans les immensités intersidérales. En me retournant, je vis à mes côtés un être de pure luminescence, j’ai immédiatement compris, grâce au pressentiment intuitif des âmes vagabondes, qu’il s’agissait de mon ange exterminateur, qui avait pour mission de me conduire jusqu’à l’antre qui m’était réservé dans le barzakh des âmes. Un spleen comme celui auquel j’étais habitué au royaume de l’éphémère m’envahit. Je me suis dis à part moi : ‘‘Je dois, étant donné l’état de subtilité et d’extase jubilatoire dans laquelle je me trouve, goûter un peu aux délices de la liberté que j’avais en vain quêté ma vie durant’’.

Avant de réfléchir à la ruse qui me permettrait de fausser compagnie à mon ange de la mort, je l’ai bien dévisagé, je l’ai trouvé avenant, sa face candide était empreinte d’une douceur amène et sa compagnie était agréable. J’ai alors pensé que, pour endormir la vigilance de cette créature séraphique, rien n’était plus facile qu’une ruse d’enfant. J’ai montré du doigt une direction derrière lui. Il s’est retourné, j’en ai profité pour prendre congé, me propulsant de tout mon être, fendant l’air vif et lévitant subtilement en direction de l’Orient. Je me suis dit : la meilleure façon de le semer est de partir à la recherche des cieux plus cléments ou les âmes errent en abondance.

Un sentiment de satisfaction a effleuré ma conscience quand je me suis souvenu que du côté de l’Orient la mort frappait sans répit. Quelques instants après, mes appréhensions prenaient corps; une nuée d’âmes transhumantes en ascension volaient à ma rencontre, j’ai ralenti et obliqué légèrement pour me dissoudre dans leur banc.

Malheureusement mon stratagème n’a pas fonctionné; mon ange exterminateur était toujours là, il s’approchait en me scrutant avec une attention soupçonneuse. Je tremblais de tout mon être, quand l’une des ces âmes curieuses m’a dit : ‘‘Tu n’as qu’à descendre dans ce catafalque si tu veux échapper à ton poursuivant’’, et elle fit un geste vers le bas. Sans hésiter, j’ai piqué dans la direction indiquée. La civière, lorsque j’ai atterri, se souleva violemment entre les mains des porteurs et retomba par terre; affolés, ceux-ci lâchèrent prise et détalèrent dans la confusion générale.

Assis et souffrant le martyre en raison des contusions causées par la chute, j’ai tâté le corps ou j’avais échu. Le trouvant noueux et bien en chair, j’ai pensé : ‘‘En plein dans le mille !’’ Voilà le corps dont j’ai rêvé toute ma vie. J’ai mangé la meilleure nourriture, bu l’eau la plus claire et me suis soumis à une discipline Spartiate, mais cela n’a servi à rien, mon corps était demeuré difforme et insignifiant jusqu’au jour où je l’ai inhumé dans un endroit éloigné pour m’en débarrasser une bonne fois pour toutes. Plus d’embonpoint, plus de jambe claudicante ni de dos voûté, plus de poitrine comprimée, plus d’oreilles décollées ni de taille plutôt petite. Tout est pour le mieux. Avec ma main j’ai palpé ce corps; mais à un endroit précis du dos, j’ai senti une blessure profonde auréolée de sang coagulé. La sensation de douleur avait disparu en passant la main dessus.

Posté à une certaine distance, le groupe de personnes qui s’est enfui tout à l’heure m’observait, la crainte et l’espoir peints sur leur visage.

Je me suis redressé, sain et sauf, j’ai promené mon regard sur la civière. Elle était faite de planches en bois aux nervures visibles, et nouées par des cordelettes en branchage tressé.

J’ai scruté «ma» dépouille; pas de suaire, pour toute vêture quelques morceaux de tissus et fragments de vêtements déchirés sur les parties honteuses. J’ai senti pour la première fois que le corps où je me suis réincarné était digne de commisération. Son propriétaire d’origine était pauvre et démuni, il n’a pas dû être bien différent de ceux qui sont venu l’ensevelir sous terre.

La présence de ces gens suscitait en moi une sensation d’intimité confiante. J’ai voulu crier à leur adresse, mais ma langue n’a émis qu’une parole aux mots saccadés et brefs. Les visages détendus, ils se sont avancés vers moi pour mieux entendre. J’ai appelé quelqu’un par son nom, j’ai dit sur un ton dont je me souviens encore : ‘‘Shubrâk !…Shubrâk !’’ C’était le nom de son frère, mon frère.

Un jeune homme à la carrure robuste hasarda un pas dans ma direction, ensuite s’arrêta. Je me suis avancé vers lui, il m’a serré dans ses bras avec effusion et je l’ai étreint comme si j’étais son propre frère. Rassuré, il a passé sa main sur la blessure. Constatant qu’elle avait disparu, il hurla : ‘‘Udjodor Ha ha !… Udjodor Ha ha !’’ (Vivant !… Il est vivant !).

Les hommes avancèrent et formèrent un cercle autour de moi, criant en chœur ‘‘Udjodor Ha ha … .Udjodor Ha ha !’’ Ils dansèrent et entonnèrent des chants enjoués et émouvants, ceignirent mon front d’un diadème de roses, me portèrent à nouveau sur leurs épaules, dans cette même civière qui remplit désormais une fonction différente.

Grisé par l’arôme des fleurs déposées sur ma tête, je me mis à mon tour à danser, reprenant le refrain d’une mélodie dont j’avais l’impression de connaître par cœur les paroles — elle raconte l’histoire d’une petite fille triste à qui l’on a confié la garde du taureau d’un maître despotique. Le taureau mourut de chagrin de la voir toujours si mélancolique. La petite pleura sa mort. Terrorisée par le courroux du maître qui allait s’abattre sur elle, elle adjura la divinité de la métamorphoser en taureau; son vœu exaucé, elle devint taureau, pourchassa son maître et l’éventra jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le conte ne nous dit pas si la fillette avait ensuite repris son apparence première.

Au milieu de la danse, j’ai entendu des propos à travers lesquels j’ai cru comprendre que j’étais mort d’un coup de couteau assené par un tyran vivant de l’autre côté de la lointaine muraille. Je fus assassiné pour avoir découvert le secret du labyrinthe mural; je n’ai pas cherché à en savoir plus et me suis contenté de ce que j’ai pu entendre, quoique que je ne sache pas trop ce que voulait dire labyrinthe mural. J’ai espéré que les jours se chargeraient de me fournir davantage de détails.

Un cheval étrange, aux fers en or, aux rênes magnifiquement parées surgit au beau milieu du cercle. Il était monté par un homme masqué. Regardant autour de moi, j’ai lu sur les visages la rage et l’exécration, j’ai en déduit qu’il s’agissait de l’un des maîtres qui croupissait derrière la muraille. J’ai senti percer son regard brûlant derrière le masque protecteur. L’homme s’exclama : ‘‘Budjodor ?’’ (Tu es vivant ?). D’un hochement de tête, les présents répondirent oui, par défi. Il se tut avant de lancer à la cantonade : ‘‘A moi de jouer maintenant !’’ Les gens restèrent immobiles et persistèrent d’autant plus dans leur immobilité qu’il m’intima l’ordre de le suivre; je me suis avancé mais Shubrâk s’interposa entre nous, m’empêchant d’aller plus loin. Je lui ai pris les mains en les serrant et, me retournant vers les présents, je leur fis comprendre qu’ils ne devaient avoir aucune crainte à mon sujet. Shubrâk me susurra à l’oreille : ‘‘Ne le laisse pas te tuer une seconde fois’’. Je l’ai rassuré et je suis parti.

Les gens s’ébranlèrent derrière moi pour m’accompagner mais je leur ai fit signe de rebrousser chemin. Ils s’en retournèrent alors vers les vastes champs étalés à l’infini et entourés de vergers. Jamais je n’ai vu de contrée aussi magnifique. Chatouillant les narines, ses exhalaisons vous procurent la sensation que la vie y est votre destinée naturelle. Les arbres sont si nombreux et si variés que je ne pourrais les reconnaître, certains m’apparurent comme des vignes — des plus beaux, je n’en ai jamais vu —, d’autres, comme des oliveraies plutôt orientales qu’occidentales, d’autres encore, comme des orangeraies, mais leur parfum était plus acide, des pommiers qui te persuadent plus que tout qu’Adam n’a commis aucune erreur en succombant à la pomme qui fut la cause de son expulsion de l’Eden.

J’ai suivi ce maître qu’un destin étrange m’a jeté entre ses mains, jusqu’à ce que nous arrivions à un portail aux dimensions gigantesques, pareil à ceux des antiques forteresses romaines. A l’entrée, des cerbères aux uniformes chamarrées, brodées et rehaussées d’or montaient la garde. Ils ouvrirent le portail et se mirent au garde-à-vous. Le cheval s’engouffra, suivi par d’autres, qui veillaient de loin, à ce qu’il semblait, à la sécurité du maître.

Où sommes-nous ? Et à quelle époque sommes-nous ? J’ai réalisé que la question était idiote, le temps ou l’espace m’importaient peu, à présent que j’aie un but pour lequel j’agis. Les interrogations se bousculaient dans mon esprit, quand la voix du maître me parvint : ‘‘Voici le labyrinthe, conduis-nous sur la bonne voie’’.

En face de moi se dressaient des murs cyclopéens de dimensions et de hauteurs inégales. Sombres et sinistres, ils paraissaient invincibles. Leur gigantisme vous donnait l’impression d’être lilliputien. Ils sont construits de ce matériau qui ressemble à ce qui sera connu comme béton armé. Lancinante, la question m’assaillait toujours : A quelle époque sommes-nous ? J’ai détaillé minutieusement le masque du maître mais je n’ai rien relevé de datable, rien qui puisse livrer une quelconque information historique. Il a dit : ‘‘Allons-y ! Engageons-nous dans le labyrinthe puisque c’est toi qui as découvert le secret de ses dédales’’.

J’ai remarqué que les murs dressés derrière moi ont eux aussi été aménagés de sorte qu’une fois à l’intérieur on se prend dans le réseau d’un labyrinthe. Me revenait alors à l’esprit le jeu que je pratiquais dans ma vie antérieure pour chasser l’ennui et prouver que j’étais le plus doué. C’était le jeu du labyrinthe, ces enceintes disposées en lacis enchevêtrés et hermétiquement fermés, conduisant à une issue unique. J’ai compris que ce fut le maître qui trucida le corps dans lequel mon âme s’est réincarnée, parce qu’il a percé le secret et découvert l’énigme de la muraille. Le maître s’écria : ‘‘Allons ! allons ! La balade post mortem ne t’a pas fait perdre la mémoire, que je sache ?’’ Des coups des fouets se mirent à pleuvoir sur moi mais je n’entendais que leur sifflement. Pauvre de moi, j’ai perdu toute sensation de douleur. Le cheval galopa dans mille directions, si bien que je fus pris d’étourdissement.

Nous traversâmes les murs sinistres, je n’entendais rien d’autre que le bruit des sabots. L’écho des sabots du cheval du maître résonnait avec ceux des autres chevaux. Je ne pouvais rien distinguer tellement l’ombre obscure des murs planait sur toute chose.

Tout oreilles, j’écoutais seulement l’écho de mes pas qui n’étaient plus branlants comme au bon vieux temps de ma vie antérieure. J’appuyai sur le talon du pied droit, et ma taille s’allongea, je devins démesurément grand. Ma tête toucha la hauteur du mur le moins élevé. Je me suis dit que ce n’était pas assez. Elle s’étira encore jusqu’à atteindre la hauteur de la deuxième muraille. C’est alors que j’aperçus mon ombre. Mais dès que j’ai senti s’arrêter le cheval du maître, je me suis fait tout petit par crainte que celui-ci ne découvre ma taille de géant. Il se retourna, voyant que ma stature de géant avait disparu. Et je redevins lilliputien. Il me lança, avec une satisfaction ironique : ‘‘As-tu survolé la géhenne ? Tu t’es peut-être dis, le brasier du mur plutôt que celui de Dieu. Quoi qu’il en soit, vous, vous n’échapperez pas… Nous et le Dieu nous vous assiégeons.’’  

De nouveau, le bruit des sabots assourdissait mes pas. Et les murs me coupaient de mon ombre. La noirceur projetée sur moi me donnait l’impression d’être plongé dans une nuit éternelle, me séparant des exhalaisons de la vie répandues par les champs, me séparant des balades poignantes des miens et de la danse de la vie et de la mort. Je me suis dit : ‘‘Il me faut grandir de nouveau. Il faut se battre contre cet ennemi sournois, il faut découvrir le secret de sa puissance et lui arracher la substance de sa force pour en construire une nouvelle capable de l’anéantir’’.

Je me suis rapproché du mur et j’y ai planté mes ongles. Ils grillèrent. J’ai passé ma main dessus, elle se carbonisa; mais je n’ai senti aucune douleur. Mes ongles repoussèrent plus longs et plus vigoureux et j’ai repris du poil de la bête. J’ai labouré le mur, je l’ai fendillé à plusieurs endroits, j’ai lui ôté un peu de sa superbe, et j’ai découvert qu’il n’était pas si solide qu’on le prétendait. La matière dont il était construit était mélangée à un fluide inconsistant qui s’effiloche entre les doigts avant même que tu le pétrisses. Rien à voir avec la substance que j’avais imaginée dans mon esprit. Le mur que j’avais mentalement érigé était plus résistant et titanesque, et c’était ce mur-là qui existait dans ma tête et m’avait en réalité vaincu.

Je n’étais devenu lilliputien qu’à l’avènement du mur. Après un bref répit, j’ai appuyé de toutes mes forces sur mes talons, j’ai monté, monté jusqu’à ce que ma silhouette atteigne la dernière hauteur, je dominais la muraille de la forteresse, j’ai monté encore et j’ai aperçu des fellahs vaquant à leurs travaux, j’ai cherché des yeux Shubrâk, je l’ai aperçu, j’ai lui ai fait signe de la main, il m’a reconnu. Alors je suis revenu à ma taille normale.

Au sortir du labyrinthe nous aperçûmes des palais et des édifices somptueux. Le maître marcha jusqu’à ce que son cortège débouchât sur un édifice majestueux sur lequel était inscrit : «Maison de la Conférence».

Je suis resté à l’extérieur, sous la surveillance des sbires. Je pensais à ce que j’allais faire d’eux et non à ce qu’ils allaient faire de moi. On me fit finalement introduire dans leur conférence. Leur Grand Chef me demanda si je me souvenais encore des dédales du labyrinthe. Avant que je ne lui réponde, le maître qui m’avait conduit jusqu’à eux me dit : ‘‘Nous avons modifié le tracé du labyrinthe, au cas où ta première mort n’aurait pas effacé ta mémoire.’’ J’ai trouvé absurde de lui rétorquer que dans la loi des philosophes, la mort n’est pas oubli mais souvenance. Leur Grand Chef a décrété : ‘‘La puissance du labyrinthe gît dans ses dédales inextricables, s’il réussit à en trouver l’issue, attachez-le au mur, foudroyez-le et passez ses restes au fil de l’épée, on n’échappera pas deux fois à la mort.’’

J’ai eu la confirmation que le propriétaire du corps est mort sous la torture, car il a réussi à triompher du mur. C’est sa volonté sincère et inébranlable qui généra le phénomène de métempsycose, l’insufflation de mon esprit dans son corps, pour que je puisse venger sa mort. L’ange auquel j’ai faussé compagnie fut chargé de m’épauler dans cette tâche pendant l’émigration de la quarantaine dans le barzakh (1), avant que mon âme ne se réfugiât dans sa demeure en attente du Jugement. J’ai compris également que mon salut éternel ne faisait pas partie de sa feuille de route.

J’ai attendu jusqu’à ce que les gardes soient plongés dans un sommeil profond pour m’envoler à nouveau dans l’atmosphère. J’ai lévité jusqu’à une baraque illuminée où les hommes attendaient mon retour. Nous avons procédé à une répartition des rôles. Je leur ai dit : ‘‘Je m’occupe du mur et vous du reste. N’ayez crainte après la destruction du mur.’’ Mon frère m’a dit qu’ils y ont déposé une substance capable d’anéantir les corps. Je lui répondis : ‘‘Tu ne dois rien craindre pour ton corps tant que ton âme est ardente.’’ Je lui ai susurré quelque chose à l’oreille qui l’apaisa. Il m’embrassa entre les yeux.

Les ténèbres couvraient encore de leur manteau le mur et ses alentours quand nous lançâmes l’attaque. Les gardes ont pris la fuite sans opposer de résistance, tellement ils étaient effrayés par nos cris lugubres. Nous nous faufilâmes à travers les dédales des corridors jusqu’à déboucher sur un endroit au centre duquel se trouvait la substance de la puissance du mur. J’ai ordonné à mon frère de la larguer loin de la portée des hommes. Ensuite j’ai introduit ma main dans un trou secret et j’ai arraché son nodule, sa materia prima, elle était visqueuse, je l’ai jetée par terre, elle s’embrasa et se rigidifia, ses flammes dévorèrent la chair de la moitié droite de mon corps. J’ai introduit la main qui me restait au fond du second trou et j’ai purgé celui-ci d’une substance fangeuse et nauséabonde que j’ai jetée par terre. Elle s’enflamma, libérant des rayons radioactifs et crachant au loin des gaz toxiques. Au moment de la combustion, ses flammes consumèrent la moitié restante du corps.

Instantanément, les murs s’effondrèrent en un amas de poussière. Et j’ai vu soudain poindre à l’horizon, la ville des maîtres, nue et découverte. L’ange se tenait toujours à mes côtés, je lui ai tendu une parcelle de mon âme, le priant de patienter pour le reste. Shubrâk était occupé à ligoter les mains du dernier des maîtres en hurlant à tue-tête : ‘‘Vous ne nous échapperez pas! Nous et le Dieu nous vous encerclons.’’ Et il leva la tête vers le ciel. J’ai dit à l’ange : ‘‘Emmène-moi.’’ Nous volâmes tant que nous pûmes, durant un laps de temps que je ne saurais déterminer. J’ai aperçu Shubrâk et ses amis chevauchant des montures magnifiques, étendards claquant au vent. J’ai humé l’air dans leur direction et mes narines furent nimbées de senteurs douces et fraîches émanant de leurs contrées. J’ai apostrophé mon ange : ‘‘Tu veux le testament du défunt au préposé à l’éternité !’’ ‘‘Vas-y, je t’écoute !’’ me répondit-il. Cela m’est égal que vous me jetiez dans l’Averne ou au paradis, ce qui m’importe c’est que vous érigiez des murs pour que je les abatte, pour que ma souffrance prenne un sens et mon éternité une valeur’’.

* Professeur à l’université de Tunis.

Note:

1. Dans l’eschatologie musulmane, l’âme, une fois sortie du corps du défunt, rejoint le bareac, intermonde qui sépare le monde sensible du monde subtil. Là, elle erre pendant quarante jours avant de se réfugier en un lieu où elle attendra le jugement dernier. NDT.

L’article Nouvelle : ‘‘Al-Jidar’’ (Le mur) est apparu en premier sur Kapitalis.

Entretien : Sophie Paine explore l’islam en Chine à travers la photo

La rencontre avec Sophie Paine s’est déroulée à la Grande Librairie de Marseille, un lieu qui, comme son nom l’indique, regorge de découvertes littéraires. Ce moment de détente s’est transformé en une occasion de découverte en assistant à une conférence sur les mosquées en Chine, un sujet cher à la photographe, elle-même convertie à l’islam,qui vient de publier ‘‘Travels Throug Muslim China (2005-2012). A muslim Woman’s Discovry of Chinese Mosques’’. Passionnée par l’islam en Chine et forte d’une expérience unique, elle a accepté de nous parler de son parcours, de ses recherches et de ses photographies capturant l’essence de cette tradition. Cet entretien nous plonge dans une exploration fascinante de l’islam en Chine à travers son objectif.

Entretien réalisé à Marseille par Djamal Guettala 

Kapitalis : Vous avez vécu à Hong Kong et à Shanghai avant de parcourir la Chine continentale. Comment ces expériences ont-elles façonné votre compréhension de l’islam en Chine et de la manière dont les musulmans y vivent au quotidien, notamment à travers les photos que vous avez capturées?

Sophie Paine : Pour être tout à fait précise, j’ai voyagé à travers la Chine continentale alors que je vivais à Hong Kong, puis à Shanghai. C’est à Hong Kong, où je fréquentais une mosquée et rencontrais des musulmans locaux, que ma compréhension de l’islam en Chine a réellement commencé. À Shanghai, ces échanges se sont approfondis grâce aux discussions avec d’autres fidèles. 

Ces voyages m’ont ensuite permis de réaliser l’ampleur de la présence musulmane en Chine.

Les communautés musulmanes sont présentes dans toutes les régions : parfois en minorité, comme à Pékin ou dans les villes côtières, et parfois en majorité, comme dans le Gansu ou l’ouest de la Chine. Les panneaux explicatifs des mosquées m’ont également révélé l’ancienneté de cette présence, remontant au VIIe siècle.

Enfin, après avoir quitté la Chine en 2012, j’ai complété mon travail photographique par des lectures approfondies sur l’histoire et l’ethnographie des musulmans chinois.

Dans votre livre, vous présentez des mosquées qui combinent des éléments chinois et islamiques. Pourriez-vous décrire certaines caractéristiques architecturales uniques que vous avez photographiées ?

Les mosquées situées dans l’est de la Chine adoptent souvent une architecture chinoise traditionnelle. Cela s’explique par deux raisons principales. Tout d’abord, les techniques et matériaux locaux influençaient les constructions. Par exemple, les artisans utilisaient le bois et des techniques spécifiques comme le dougong, un système d’emboîtement conçu pour résister aux tremblements de terre. Ensuite, les musulmans souhaitaient s’intégrer au paysage urbain en montrant que l’islam faisait partie intégrante de la culture chinoise.

Ces mosquées suivent souvent le plan classique chinois avec des cours intérieures entourées de bâtiments, où des pavillons servent des fonctions islamiques comme l’appel à la prière ou l’observation de la lune. Cette combinaison architecturale unique reflète l’harmonie entre l’islam et la civilisation chinoise. 

Sophie Paine avec Djamal Guettala.

Vous mentionnez avoir visité des mosquées pour femmes, une caractéristique propre à l’islam chinois. Comment ces mosquées diffèrent-elles de celles réservées aux hommes, et quel rôle jouent-elles dans la pratique religieuse?

Les mosquées pour femmes sont distinctes des mosquées principales, souvent situées dans une autre rue. Leur architecture est beaucoup plus simple, avec une cour intérieure et trois bâtiments principaux : un pour les ablutions, un pour les salles de classe ou bureaux, et un dernier pour la prière. Contrairement aux mosquées masculines, il n’y a pas de minbar, et le mihrab est souvent une simple calligraphie.

Ces mosquées sont nées du «mouvement éducatif Jingtang», lancé au XVIe siècle pour préserver la foi musulmane face au risque d’assimilation. L’objectif était de former les femmes sur les préceptes religieux et les pratiques, afin qu’elles puissent non seulement pratiquer leur foi, mais aussi la transmettre. J’ai eu l’occasion d’assister à des séances où des femmes enseignaient la récitation du Coran, un moment empreint de spiritualité et d’efforts éducatifs remarquables.

Quelles ont été les principales difficultés ou découvertes surprenantes lors de vos voyages à travers la Chine musulmane? 

La première difficulté a été de localiser certaines mosquées. Si certaines, comme celles de Pékin ou Xi’an, sont très connues, d’autres ont été déplacées avec la modernisation des villes. Par exemple, à Xiamen, un quartier musulman mentionné dans un guide des années 1990 avait disparu, et la mosquée avait été relocalisée dans un immeuble moderne.

Une autre difficulté était la barrière linguistique. Mon chinois était rudimentaire, et la plupart des musulmans ne parlent que cette langue. Heureusement, les imams maîtrisent souvent l’arabe, ce qui m’a aidée à communiquer. À la grande mosquée de Xi’an, un imam m’a même accueillie en français, ayant étudié en Algérie. 

Malgré tout, mes interactions avec les communautés locales ont été très chaleureuses. On m’a souvent invitée à partager des repas ou à discuter. Une exception notable est le Xinjiang, où les mosquées étaient déjà fermées en dehors des prières en 2007. Là-bas, les Ouïghours que j’ai rencontrés exprimaient leurs frustrations face à la situation politique. 

Entrée de la mosquée des femmes à Kaifeng – Ph. Sophie Paine.
Mosquée de Tongxin- Ph. Sophie Paine.
Mosquée Niujie de Beijing – Ph. Sophie Paine.

En tant que Française convertie à l’islam, comment votre parcours personnel a-t-il influencé votre regard sur l’islam en Chine?

Je me suis convertie à l’islam alors que je vivais à Hong Kong. C’est là que j’ai pris mes premiers cours d’arabe et de religion. En quelque sorte, je me sens donc «chinoise musulmane».

Ce qui m’a toujours fascinée, c’est la manière dont les musulmans chinois ont réussi à s’intégrer tout en préservant leur foi. Depuis l’arrivée des premiers émissaires musulmans au VIIe siècle, cette communauté a traversé des périodes de fermeture, comme après les expéditions de Zheng He au XVe siècle. Malgré cela, ils ont préservé leur religion et leur identité, notamment à travers l’éducation des femmes.

Pour moi, en tant que musulmane vivant dans un pays non majoritairement musulman, ces efforts résonnent profondément. Ce sentiment de préservation et d’adaptation se reflète dans mes photos, qui capturent la richesse et la résilience de l’islam en Chine.

Quel message ou quelle leçon souhaitez-vous que vos lecteurs retiennent de vos recherches et de vos photographies sur l’Islam en Chine ?

Un message fort est que l’islam est présent en Chine depuis les débuts de l’islam, et est imbriqué dans l’histoire de ce pays depuis près de 1 400 ans. Tout en devenant chinois, les musulmans ont préservé leur religion – non comme un folklore ou par tradition, mais comme une source de vie spirituelle. Et le matérialisme qui caractérise le système actuel en Chine est sans doute une de ses grandes menaces.

* * *

Paine est l’auteure de plusieurs ouvrages où elle mêle ses compétences en photographie et son engagement personnel pour raconter l’histoire des musulmans en Chine. Elle a notamment publié : «Travels Through Muslim China (2005-2012)» et «A Muslim woman’s discovery of Chinese Mosques» et «Muslim China.  A photographic recollection».

L’article Entretien : Sophie Paine explore l’islam en Chine à travers la photo est apparu en premier sur Kapitalis.

Ooredoo Tunisie s’apprête à lancer son réseau 5G

Suite à la publication officielle au Jort du décret-loi 2025-38 du 21 janvier 2025, Ooredoo Tunisie annonce qu’elle est reconnue en tant opérateur officiel de la 5G en Tunisie et s’apprête dans les jours à venir à lancer son Réseau 5G, sur tout le territoire tunisien, marquant une nouvelle étape dans la connectivité dans le pays.

Dans un communiqué publié ce vendredi 24 janvier 2025 à Tunis, l’opérateur annonce qu’il «s’engage à offrir la meilleure expérience réseau 5G avec une couverture complète et une technologie de pointe dans toutes les régions.»

Ooredoo Tunisie réaffirme son engagement à offrir un réseau 5G qui répond aux besoins de ses divers clients : entreprises, entrepreneurs, créateurs de contenu, gamers, développeurs IT, étudiants, etc.

«Avec une vitesse, une fiabilité et une innovation inégalées, Ooredoo Tunisie promet à tous ces utilisateurs de libérer leur plein potentiel dans ce nouveau monde hyperconnecté», ajoute l’opérateur qui a toujours promu une meilleure expérience client en combinant une connectivité supérieure avec des solutions innovantes conçues pour répondre aux modes de vie digitales modernes. Du jeu et du streaming sans interruption aux outils avancés pour les entreprises, il c herche à propulser la satisfaction client à de nouveaux sommets.

L’avenir de la connectivité

Mansoor Rashid Al-Khater, Pdg de Ooredoo Tunisie, a déclaré : «Notre préparation au lancement de la 5G reflète l’engagement indéfectible de Ooredoo à offrir une connectivité et une innovation inégalées en Tunisie. Nous sommes fiers de mener cette transformation, en garantissant une expérience réseau de classe mondiale à nos clients tout en stimulant la croissance économique et technologique de notre chère Tunisie.»

Tout en réaffirmant son engagement à fournir à la Tunisie un réseau qui représente l’avenir de la connectivité et alors que les dernières retouches pour le lancement de la 5G touchent à leur fin, Ooredoo Tunisie se dit «concentré sur la construction d’une infrastructure robuste et la création de solutions impactantes qui répondent aux exigences de demain.» Il conclut en lançant à ses clients : «Restez connectés sur nos différents canaux pour suivre l’actualité afin d’accéder, très prochainement, à notre réseau et profiter pleinement de la meilleure expérience 5G.»

L’article Ooredoo Tunisie s’apprête à lancer son réseau 5G est apparu en premier sur Kapitalis.

La librairie Le Gai Savoir tire le diable par la queue

La librairie Le Gai Savoir, qui appartient au patrimoine culturel de la Tunisie moderne, lance un cri de détresse, appelant ses clients et tous les passionnés de lecture à venir acheter un livre pour que cette librairie recommence à respirer financièrement et ne mette pas la clef sous la porte. Mohamed Sadok Lejri, grand lecteur et cinéphile devant l’Eternel, a publié à ce sujet le post suivant sur sin compte Facebook.  

La librairie 𝐿𝑒 𝐺𝑎𝑖 𝑆𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 se trouve dans une situation financière très difficile. En réalité, cela ne date pas d’hier puisque son patron actuel Badreddine Daboussi, fils du fondateur de la librairie Moncef Daboussi, tire le diable par la queue depuis plusieurs années. Et la nouvelle réglementation sur les chèques n’a fait qu’empirer les choses ! Cette librairie, sise en plein centre-ville de Tunis, juste en face de la gare de la place de Barcelone, dégage beaucoup d’authenticité et fait partie du paysage patrimonial de la ville de Tunis. Elle est également très riche en ouvrages littéraires et philosophiques.

Aujourd’hui, 𝐿𝑒 𝐺𝑎𝑖 𝑆𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 lance un cri de détresse, appelant ses clients et tous les passionnés de lecture à venir acheter un livre pour que cette librairie recommence à respirer financièrement et ne mette pas la clef sous la porte. Il faut dire que dans un pays comme la Tunisie, on n’ouvre pas une librairie pour faire fortune, mais par conviction. En effet, les libraires ne sont pas des commerçants comme les autres. Ils sont, avant toutes choses, des résistants qui se battent pour une cause noble : la survie du livre.

En effet, le fait d’investir une partie de son patrimoine, voire tout son patrimoine financier, dans une librairie est économiquement suicidaire dans un pays majoritairement composé de conformistes ignares qui aiment bien traînasser dans les cafés – certainement pas pour y rédiger des livres comme le faisait Sartre au 𝐶𝑎𝑓𝑒́ 𝑑𝑒 𝐹𝑙𝑜𝑟𝑒 –, de bigots qui se contentent d’un seul livre et de diplômés universitaires qui ne lisent pas.

Les quelques téméraires qui sautent le pas en ouvrant une librairie en Tunisie, ceux-là partent d’un sentiment très noble. Mine de rien, ils font preuve d’une certaine grandeur en créant des ilots de résistance à la médiocrité générale.

Pour toutes les raisons précitées, 𝐿𝑒 𝐺𝑎𝑖 𝑆𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 mérite votre soutien.

L’article La librairie Le Gai Savoir tire le diable par la queue est apparu en premier sur Kapitalis.

Dr Wahid Koubaa décède à Paris  

Dr Wahid Koubaa, médecin psychiatre d’enfants et d’adolescents, est décédé aujourd’hui, vendredi 24 janvier 2025, à Paris, France, a annoncé son collègue Dr Samir Ayadi sur les réseaux sociaux.

Le défunt, qui exerce à Tunis, était membre de l’Association de recherche et d’études en santé mentale (Aresm).

L’article Dr Wahid Koubaa décède à Paris   est apparu en premier sur Kapitalis.

Trump mettra-t-il fin à l’alignement aveugle de l’Occident sur les intérêts d’Israël?  

Les premiers indices du début du nouveau règne du président Trump confirment ses promesses électorales et son indépendance de plus en plus prononcée vis-à-vis de l’État profond et, à un degré moindre, du lobby pro-israélien, car il reste lui-même entouré d’éléments sionistes notoires, dont certains ont ouvertement appelé au rattachement de la Cisjordanie à Israël.

Elyes Kasri *

Dès les premiers jours du deuxième mandat du président Trump, Israël ne cesse pas d’accumuler les revers.

Après l’ultimatum délivré par l’envoyé spécial du président élu Trump au chef de gouvernement Netanyahu convoqué dans son bureau en plein Sabbath pour avaliser sans broncher le plan de cessez-le-feu à Gaza, une déclaration du nouveau président américain a signalé un revirement de taille dans la politique étrangère des Etats-Unis d’Amérique en confessant son incertitude que les parties en présence respecteront les clauses de la première phase du cessez-le-feu pour passer à une deuxième phase plus permanente, en adressant un avertissement subtil aux responsables israéliens en ajoutant : «après tout, c’est leur guerre», rompant ainsi une assimilation historique des guerres israéliennes de conquête à la défense des intérêts vitaux des Etats-Unis et de l’Occident.

Par ailleurs, les campagnes de déstabilisation par procuration des principaux alliés européens d’Israël commencent à porter leurs fruits. Ainsi, le Parti social démocrate allemand est en perte de vitesse et en voie d’être laminé lors des prochaines élections anticipées grâce aux coups de butoir d’une extrême droite renforcée par la verve de l’archi-techno-milliardaire Elon Musk. Tandis que le président Macron, principal allié d’Israël en Europe, est sérieusement déstabilisé par l’influenceuse américaine Candace Owens, protégée du président Trump et d’Elon Musk, qui promet de déballer le 30 janvier les dessous de l’histoire sordide de la première dame française.

En plus, compte tenu de l’emprise de la communauté juive sur le système politique et les médias français, en faisant le principal relais de l’extrême droite israélienne en Europe et au sein de l’Otan, Trump a désigné le père de son gendre Jared Kushner comme ambassadeur à Paris. Fort de sa confession juive et de ses antécédents pro-israéliens, Charles Kushner ne pourra difficilement être taxé d’antisémitisme lorsqu’il défendra la politique de désescalade du président Trump au Moyen Orient.

Quant au Premier ministre britannique, Keir Starmer qui a fait faire au parti travailliste un revirement à 180 degrés au sujet du conflit du Moyen-Orient et pousse à l’escalade dans cette région et sur le front russo-ukrainien, ses jours semblent comptés et les proches du président Trump s’activent à accélérer sa chute.

Ainsi, les premiers indices du début du nouveau règne du président Trump confirment ses promesses électorales et son indépendance de plus en plus prononcée vis-à-vis de l’État profond et du lobby pro-israélien.

Jusqu’à quel point et jusqu’à quand? Nul ne peut honnêtement prédire combien de temps le président Trump pourra tenir tête aux forces qui ont façonné la politique étrangère américaine depuis près d’un siècle.

* Ancien ambassadeur.

L’article Trump mettra-t-il fin à l’alignement aveugle de l’Occident sur les intérêts d’Israël?   est apparu en premier sur Kapitalis.

Atelier à Tunis sur le financement des systèmes agroalimentaires

Le bureau régional de la FAO pour la région Mena (Middle East and North Africa) a organisé du 20 au 23 janvier 2025 à Tunis un atelier pour relever les défis des financements pour la transformation des systèmes agroalimentaires dans les pays de la région.

L’atelier s’est axé sur la réduction des écarts de financement en vue de favoriser une agriculture durable et une meilleure résilience au changement climatique.

Malgré son rôle essentiel dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, l’agriculture reste largement sous-financée. Les investissements publics existants ne sont souvent pas alignés sur les objectifs d’une alimentation saine et de pratiques durables. Pour combler ce fossé, il est essentiel d’attirer des investissements inclusifs et efficaces des secteurs public et privé. Le financement durable peut avoir des effets transformateurs, en s’attaquant au changement climatique, à la perte de biodiversité et à l’accès équitable à une alimentation saine, tout en favorisant les emplois verts, en particulier pour les femmes et les jeunes.

Conduit dans un objectif de renforcement des capacités des délégations d’experts représentants les pays de la région, l’atelier a compris des ateliers interactifs qui ont exploré les défis des financements en se concentrant sur la réaffectation du soutien public existant aux systèmes agroalimentaires et comment rendre les systèmes réglementaires plus propices aux mécanismes de financement novateurs et renforcer les partenariats public-privé.

Les participants ont acquis des connaissances sur la manière de développer des projets durables et investissables, notamment en utilisant des logiciels et des outils innovants tels que Rural Invest, ExAct et Gleam.

Au terme de cet atelier la plateforme Tip a été lancée, qui fournira des mécanismes de financement pour faciliter les investissements stratégiques, les subventions et les instruments de financement mixte pour la transformation des systèmes agroalimentaires régionaux.

Cette plateforme émane de la Déclaration du Caire de 2024 qui propose de lancer un mécanisme de financement collaboratif avec l’appropriation des gouvernements bénéficiaires, et en collaboration avec les partenaires de développement et de financement.

La plateforme Tip fournira un consortium d’assistance technique qui aidera les États membres à structurer et à déployer des instruments de financement. Celle-ci permettra d’accorder des subventions et des capitaux d’investissement pour soutenir le déploiement d’instruments de financement innovants afin d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, de protéger ou d’améliorer les moyens de subsistance des populations rurales et de promouvoir l’engagement de l’initiative en faveur de l’équité entre les sexes, de l’inclusion et de la viabilité environnementale.

L’article Atelier à Tunis sur le financement des systèmes agroalimentaires est apparu en premier sur Kapitalis.

In memoriam : Jean-François Kahn contre le conformisme intellectuel

Jean-François Kahn, journaliste et intellectuel engagé, est décédé  le 23 janvier 2025 à l’âge de 86 ans, laissant derrière lui un héritage marqué par sa vision audacieuse et non-conformiste du journalisme.

Fils du philosophe Jean Kahn, Jean-François a grandi dans un environnement intellectuel stimulant qui a largement influencé son parcours professionnel et ses idées. Tout au long de sa carrière, il a défendu l’indépendance de la presse et a constamment refusé les pressions politiques et économiques qui tentent de modeler la pensée dominante.

Sa carrière débute dans les années 1960, alors qu’il est témoin de grandes révolutions mondiales et d’événements marquants comme la guerre d’Algérie, la guerre du Vietnam, l’affaire Ben Barka, ou encore le printemps de Prague et la chute de Salvador Allende. Très tôt, il s’engage dans des combats intellectuels qui le mènent à écrire pour de grands titres comme Paris-PresseLe MondeL’Express, et Le Nouvel Observateur où il s’illustre par sa rigueur et son esprit critique.

En 1984, il fonde L’Événement du Jeudi, une publication qui se distingue par son ton engagé et sa volonté de rompre avec les idées reçues. Cependant, c’est en 1997 qu’il marque véritablement l’histoire des médias français en cofondant l’hebdomadaire Marianne. Sous sa direction jusqu’en 2007, Marianne devient un symbole de journalisme indépendant, connu pour son regard acéré sur la politique, la société et les grands enjeux contemporains. Kahn y a prôné une ligne éditoriale qui ne se laisse jamais contraindre par les logiques du pouvoir ou de l’argent.

Au-delà de sa carrière de journaliste, Kahn était un homme de convictions, fermement opposé au libéralisme économique. Il a été un critique acerbe des interventions militaires de l’Otan, notamment en Serbie en 1999 et en Irak en 2003. Il s’est également opposé à la mondialisation économique et a toujours défendu des idées en marge des discours dominants.

En 2007, il soutient la candidature de François Bayrou à la présidentielle, un choix politique qui illustre une nouvelle fois sa volonté de faire entendre des voix dissidentes dans un paysage politique souvent réducteur. Sa position contre le rachat de Marianne par Pierre-Edouard Stérin en 2024 témoigne de son engagement à défendre les valeurs qui ont guidé toute sa carrière.

Kahn a aussi publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels La guerre civile (1982), Les Français sont formidables (1987), La pensée unique (2000) et Comme deux frères : mémoire et visions croisées (2006), coécrit avec son frère Axel Kahn. Ces livres, qui abordent des questions de société, d’économie et de politique, illustrent sa volonté de remettre en question les dogmes et de promouvoir une pensée critique.

À travers ses écrits et ses engagements, Kahn a laissé une empreinte indélébile sur le journalisme français. Il restera une figure de proue de l’indépendance intellectuelle, refusant de se soumettre aux attentes ou aux pressions du système, et un défenseur infatigable de la liberté de la presse. Son décès marque la fin d’une époque, mais son héritage continue de nourrir les débats intellectuels et journalistiques d’aujourd’hui.

Djamal G.  

L’article In memoriam : Jean-François Kahn contre le conformisme intellectuel est apparu en premier sur Kapitalis.

La fin du rêve américain ou le cauchemar de la Statue de la Liberté

L’avènement de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis annonce le triomphe du repli identitaire, de l’isolationnisme et de l’abandon des idéaux qui jadis faisaient la grandeur de l’Amérique : liberté, égalité et dignité.

Khémaïs Gharbi *

Sous un ciel lourd, oppressant, chargé de nuages sombres qui semblent presser l’horizon, elle marche. Elle a déjà quitté les rivages de Manhattan. La Statue de la Liberté, ce monument d’espoir et de grandeur, avance lentement, une valise dans chaque main, symbole muet d’un exil qu’on n’aurait jamais cru possible. Elle s’éloigne de ce qui fut son royaume, son sanctuaire, ce port où tant d’hommes, de femmes et d’enfants ont cru voir leur salut. Aujourd’hui, pourtant, elle part. Cette image attribuée à Banksy est une déchirure. Elle n’est pas seulement une allégorie, elle est un avertissement brûlant.

Une valeur universelle abandonnée

Son visage, bien que figé dans le bronze, semble chargé d’une mélancolie insoutenable. Car cette liberté-là n’a jamais appartenu à une seule nation. Elle parlait à tous : aux sans-papiers, aux sans-patrie, aux sans-voix, aux sans-avenir. À ceux qui, à bout de force, levaient les yeux vers elle et y trouvaient une promesse. «Donnez-moi vos pauvres, vos exténués, vos masses accablées aspirant à respirer libres», disait-elle depuis le port de New York. «Envoyez-les-moi, les sans-abri, les rejetés par la tempête. Je lève ma lampe près de la porte dorée.»

Ces mots gravés à son pied sont devenus un cri universel d’accueil et d’espoir. Mais aujourd’hui, ces promesses résonnent comme un écho lointain, fragilisé par les vents contraires : ceux de l’indifférence, de l’isolationnisme, et de l’abandon des idéaux qui jadis faisaient la grandeur de l’Amérique.

Quand la liberté se monnaie en bitcoins

Elle s’éloigne donc, et son départ résonne comme une gifle. Elle marche, non pas parce qu’elle a renoncé, mais parce qu’elle ne se reconnaît plus ici. Les valeurs qu’elle portait – liberté, égalité, dignité – sont devenues des slogans vidés de leur sens, des mots que l’on agite pour mieux les ignorer. Pire encore, des penseurs à courte vue s’efforcent de remplacer ces grandes valeurs spirituelles, fondées sur l’humanité et la solidarité, par des valeurs bassement mercantiles. Et lorsque même celles-ci semblent insuffisantes, on les réduit à des abstractions numériques, des libertés en bitcoins qui n’ont plus de chair ni d’âme. Son piédestal, laissé vide, n’est plus qu’un vestige. Un symbole creux, perdu dans le tumulte d’une société déchirée par ses propres contradictions.

La liberté qui s’éloigne des rivages américains, jadis accueillants et hospitaliers, n’est pas en colère. Elle n’est pas là pour juger. Son départ est un acte de désespoir, mais aussi de lucidité. Elle sait qu’elle n’a jamais été acquise. Elle était une promesse, un idéal fragile qu’il fallait protéger, nourrir, réinventer sans cesse. Mais nous l’avons oubliée. Nous l’avons réduite à une icône statique, alors qu’elle était vivante. Nous avons cessé d’écouter son message.

Un signal pour réinventer la liberté

Et pourtant, je persiste à croire que son départ n’est pas une fin. Il est un avertissement, mais aussi une invitation à réinventer ce qu’elle symbolise. En quittant son socle, elle ne fait pas que dénoncer nos échecs: elle nous pousse à imaginer un nouvel avenir, une nouvelle manière d’incarner la liberté. Peut-être son message n’est-il pas destiné à l’Amérique seule. Peut-être est-il un appel adressé à toutes les nations, à toutes les consciences, pour construire un monde où ces idéaux ne sont plus enfermés dans le bronze, mais vécus au quotidien.

La liberté ne demande pas de revenir à un passé idéalisé. Elle nous rappelle qu’elle est vivante, qu’elle évolue, qu’elle se réinvente sans cesse. Les défis d’aujourd’hui – inégalités criantes, menaces climatiques, révolutions numériques, repli identitaire – ne peuvent être surmontés qu’en redéfinissant ce que la liberté signifie. Elle n’est pas un privilège individuel, mais une responsabilité collective.

Son départ, au fond, n’est pas une fuite mais un passage de relais. En laissant derrière elle son piédestal vide, elle nous confie la tâche de prendre sa place, de porter son flambeau. Être libre ne se limite pas à proclamer des droits; c’est aussi accepter les devoirs qui en découlent: protéger les plus vulnérables, bâtir des ponts là où d’autres érigent des murs, et ne jamais cesser de croire en la possibilité d’un avenir meilleur. Ainsi, son exil n’est pas un adieu, mais une prière silencieuse : que nous trouvions en nous la force de raviver la flamme qu’elle portait. Le rêve américain, comme tous les rêves, ne peut survivre que si nous le faisons vivre. Et la Liberté, où qu’elle aille, continuera de nous appeler, jusqu’à ce que nous répondions.

* Ecrivain et traducteur.

L’article La fin du rêve américain ou le cauchemar de la Statue de la Liberté est apparu en premier sur Kapitalis.

Israël veut entraîner Donald Trump dans son conflit avec l’Iran

Alors que Donald Trump est accaparé par sa priorité absolue, en l’occurrence le dossier migratoire, en annonçant l’expulsion de 20 millions de migrants, et la lutte contre le wokisme, les Israéliens, obsédés pour leur part par l’Iran et son programme nucléaire, considèrent que telle doit être la priorité et veulent pousser le président américain dans ce sens. Ce dernier ne se montre pas pressé et laisse les deux parties, Israël et l’Iran, dans l’expectative. Il a d’autres chats à fouetter, et c’est le cas de le dire…

Imed Bahri

Pour le Jerusalem Post, la première question, la plus importante et la plus sensible après le retour du président Trump à la Maison Blanche doit être la lutte commune et déterminée des États-Unis et d’Israël contre le programme nucléaire iranien mais également contre le comportement régional de Téhéran et son soutien pour ce que le journal décrit comme des organisations terroristes dans toute la région. 

L’auteur de l’article, l’universitaire Jacob Nagel, écrit : «Jusqu’à ce que toutes les installations et capacités nucléaires soient démantelées volontairement par l’Iran ou forcées par des puissances extérieures, l’administration Trump doit revenir à une politique de pression maximale et de menaces d’action militaire réelle de la part des États-Unis et leurs alliés.»

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a abordé la possibilité de l’attaque des installations nucléaires iraniennes et a déclaré que l’Iran doit parvenir à des accords avec l’administration Trump concernant ses activités nucléaires afin d’éviter une nouvelle confrontation militaire dans le Moyen-Orient, a rappelé l’auteur, ajoutant que, lorsque l’ancien président américain Joe Biden a été élu il y a environ quatre ans, il a annoncé son intention de reprendre les négociations avec l’Iran sur un retour rapide à «l’accord nucléaire défectueux» en référence au Plan d’action global commun de 2015 duquel Trump s’est retiré en 2018.

Israël doit expliquer au monde pourquoi il est si dangereux d’envisager d’entamer des négociations avec l’Iran afin de convaincre ses partenaires du Moyen-Orient et signataires des accords d’Abraham ainsi que l’Arabie saoudite qui partagent les mêmes préoccupations concernant l’Iran et ses intentions nucléaires, a aussi indiqué Nagel.  

Les activités de l’Iran ont considérablement augmenté depuis l’élection de Biden, enrichissant des centaines de kilogrammes d’uranium à des niveaux élevés (60%), développant, produisant et installant des centrifugeuses avancées dans des installations souterraines, construisant de nouvelles installations et prenant d’autres mesures même dans le cadre d’activités de programmes d’armement sous prétexte de double usage.

Trump laisse tout le monde dans l’expectative  

Pour le Jerusalem Post, l’état actuel du programme nucléaire iranien ne permet pas un nouvel accord qui pourrait être durable car tout le monde veut un bon accord qui ne permette pas à l’Iran de poursuivre ses activités nucléaires, qui ne soit pas similaire au précédent et qui n’accepte pas un programme nucléaire prétendument civil dans des installations souterraines.

Après avoir passé en revue toutes les conditions que tout nouvel accord doit inclure, Nagel conclut que l’Iran ne les acceptera pas et estime que l’administration Trump doit faire comprendre aux Iraniens que ce sont ses exigences si elle veut éviter un autre type de solution.

Etant donné que la république islamique, malgré sa situation difficile due aux attaques israéliennes et à l’effondrement de la plupart de ses mandataires constituant jusqu’à récemment sa ceinture de feu, ne coopérera pas volontairement à la destruction convenue de ses capacités nucléaires, Israël doit se préparer à une confrontation avec l’Iran avec en ligne de mire ses installations nucléaires, et de préférence en coopération avec les États-Unis, estime Jerusalem Post.

Pour sa part Donald Trump n’est pas connu pour sa sympathie pour le régime iranien. C’est d’ailleurs lui qui avait donné l’ordre de tuer Qassem Soleimani, commandant de l’unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens appelée la Force Al Qods, le 2 janvier 2020 à Bagdad, entraînant des représailles contre le président américain qui a accusé l’Iran d’être derrière trois tentatives visant à l’assassiner.

Aujourd’hui fraîchement retourné aux affaires, M. Trump laisse tout le monde dans l’expectative et ne dévoile pas ses véritables intentions et ce qu’il entend vraiment faire. Il a dit qu’il intensifiera les sanctions contre l’Iran et une autre fois, il déclare qu’il n’écarte pas une intervention militaire. Cette méthode trumpienne consiste avant tout à mettre sous pression l’adversaire surtout qu’il sait pertinemment qu’aujourd’hui Téhéran est plus fébrile que jamais après l’annus horribilis 2024 qui a vu son influence au Moyen-Orient se réduire comme peau de chagrin.

L’Iran joue l’apaisement et cherche le dialogue

Côté iranien, l’actuel équipe réformiste au pouvoir joue l’apaisement et cherche le dialogue. Une semaine avant l’investiture de M. Trump, le président Masoud Pezeshkian a accordé un entretien à la chaîne de la télévision américaine NBC où il a affirmé que l’Iran n’avait jamais tenté d’assassiner le président américain. Il a envoyé ensuite un message de paix et de dialogue en affirmant que l’Iran était prêt à entamer des négociations avec les États-Unis sur son dossier nucléaire. «Nous ne craignons pas la guerre mais nous cherchons la paix», avait-il déclaré.

Pour l’instant, la main tendue iranienne n’a pas été encore saisie par Trump. Durant les premiers jours de son nouveau mandat, il est accaparé par les dossiers internes en premier lieu desquels celui de l’immigration qui est sa priorité absolue. Les Iraniens qui cherchent l’apaisement et les Israéliens qui veulent en découdre doivent attendre ce que fera l’homme fort de l’Amérique et du monde.

L’article Israël veut entraîner Donald Trump dans son conflit avec l’Iran est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie : les banques appelées à réduire les taux d’intérêt fixes

La Banque centrale de Tunisie (BCT) a publié une note, jeudi 23 janvier 2025, indiquant que les dispositions de l’article 412 du Code du commerce, relatives aux nouvelles mesures concernant la réduction des taux d’intérêt fixes appliquées aux crédits, sont entrées en vigueur et ne nécessitent aucun texte d’application de sa part.

Il est à noter que d’après l’article 412 Ter du Code de commerce, toutes les banques doivent réduire les taux d’intérêts fixes appliqués aux crédits en cours de remboursement, ou à ceux qui ont une durée de paiement initiale dépassant les sept ans.

L’article Tunisie : les banques appelées à réduire les taux d’intérêt fixes est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie : baisser les taux d’intérêt sans baisser le taux directeur

Est-ce de bon aloi ? La note communiquée, jeudi 23 janvier 2025, par la Banque centrale de Tunisie (BCE) à la trentaine de banques opérant dans le pays est peu conventionnelle, atypique et inattendue.

Moktar Lamari *

De facto, on demande aux banques de baisser leur taux d’intérêt fixe, rapidement et de manière consistante, sans dire plus. Une telle démarche est appuyée sur des arguments et références juridiques et non pas financiers et encore moins monétaires dénote par son timing et sa procédure.

La politique monétaire adoptée en Tunisie n’est pas à sa première «innovation» monétaire. On se rappelle du feu Chedli Ayari, en 2018, quand, en sa qualité de gouverneur de la BCT, a ouvert les coffres de la BCT et du système bancaire pour recevoir tacitement des centaines de millions de dollars en devises étrangères venant de la Libye, du Moyen Orient et de L’Europe, de l’argent jugé sale, en quête de blanchiment et de paradis fiscaux.

Une démarche implicite et incertaine

Dans notre cas, au lieu de baisser le taux directeur, la BCT demande de manière plutôt discrète aux banques de baisser le niveau du taux fixe, sans préciser la fourchette de la baisse, les secteurs concernés, les durées couvertes ou encore, les modalités de mise en œuvre.

Dans ce cas, la BCT ne procède pas par circulaire comme d’habitude. Elle n’implique pas explicitement l’avis des membres de son conseil d’administration. A l’évidence on ne veut pas trop inquiéter des opérateurs et partenaires internationaux. On ne veut pas laisser des traces tangibles.

Dans les rouages de la BCT et du gouvernement, tout indique qu’on ne veut pas baisser le taux d ‘intérêt directeur (8% depuis plus de deux ans). Et pour cause, on ne veut pas ameuter les agences de notation et subir leur foudre.

On ne veut pas non plus déplaire au FMI ni faire faux pas à ses exigences restrictives et anti-inflation. Le FMI tient à un taux d’intérêt réel positif et rémunérateur pour les banques, les épargnants notamment. Il privilégie les mécanismes du marché et prône l’indépendance de la banque centrale de l’Etat.

Actuellement, le taux d’intérêt réel en Tunisie est légèrement inférieur à 2% (8% en taux – 6,2% d’inflation).

Ne pas froisser le FMI

Quoi qu’on en dise, on ne désespère pas et on souhaite arriver à un accord avec le FMI pour un prêt de quelques 1,9 milliard $ d’ ici l’été prochain.

L’avènement de l’ère Trump change la donne et entre-ouvre des fenêtres dans cette dérégulation globale initiée depuis l’investiture de ce dernier. Plusieurs pays amis vont plaider la cause tunisienne auprès de Washington.

On le sait, les intérêts bancaires en soi ne constituent pas une création de richesse (c’est du transfert de valeur), mais une façon de rémunérer le loyer de l’argent. Et quand ce loyer de l’argent devient très élevé par rapport au rendement économique des entreprises et de l’économie, l’investissement dégringole et c’est ce qui est arrivé en Tunisie.

Le président de la République l’a fait signifier récemment plusieurs fois, en demandant aux banques de financer à moindres coûts davantage de secteurs de l’économie et surtout les sociétés communautaires (charikat ahliya).

En effet, le marché est plutôt asséché, il manque de liquidité et les entreprises notamment les PME vivent mal cet assèchement des liquidités causé à la fois par la hausse des taux et par la stagflation qui sévit depuis quelques années en Tunisie post-2011.

Un miroir aux alouettes

Les banques vont certainement faire des gestes pour baisser leur taux pour certains projets, mais on ne peut pas anticiper l’ampleur de ces baisses et leur portée sectorielle, régionale ou temporelle. Et cela crée de l’incertitude chez les opérateurs économiques nationaux et internationaux.

Et dans une démarche désordonnée et peu concertée, les banques risquent de créer des biais qui favorisent des secteurs, en pénalisant d’autres. De facto, les baisses des taux peuvent devenir discriminatoires, instables et pas neutre économiquement parlant.

En privilégiant, par exemple, les secteurs rentables à court terme, ou des projets sans risques et donc en sacrifiant les autres, qui requierent de la durée pour devenir rentables et viables.

Aujourd’hui, la baisse des taux d’intérêt est nécessaire et incontournable pour l’économie tunisienne. Mais, on peut questionner l’approche adoptée par la BCT, et on craint des fonctions de réaction bancaire, marquées par leur imprévisibilité, leur caractère discriminatoire ou discrétionnaire, au cas par cas.

La démarche initiée hier par la BCT a besoin d’un cadre normatif, et de balises opérationnelles qui tiennent compte des fondamentaux économiques, des paramètres de l’efficience du marché, pour ne pas revivre les échecs que la Tunisie a connus pendant l’ère de Ben Ali ou encore la période des coopératives des années 1960, quand les banques ont ouvert les vannes du financement et baissé artificiellement les taux d’intérêts… à la demande des milieux politiques, sans études préalables ni de communication convaincante.

* Economiste universitaire.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

L’article Tunisie : baisser les taux d’intérêt sans baisser le taux directeur est apparu en premier sur Kapitalis.

❌