Le président de la République, Kaïs Saïed, a présidé, lundi après-midi, au Palais de Carthage, une réunion en présence du chef du gouvernement, Kamel Maddouri, de la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemssia, et du ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar.
Selon un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’État a réitéré son appel incessant en faveur de la nécessité d’aller de l’avant pour restaurer rapidement le rôle social de l’État. Il a souligné que ce rôle a été délibérément abandonné depuis le début des années 1990 jusqu’après 2011, alors que le peuple tunisien n’a cessé de revendiquer son droit à l’emploi, à la liberté et à la dignité nationale.
Lors de cette réunion, le président Saïed a saisi l’occasion pour dénoncer l’augmentation injustifiée des institutions et la dilapidation des fonds publics qui en découle. Il a cité en exemple plusieurs agences et organismes relevant de divers ministères, dont les fonds alloués s’élèvent à plus de 500 millions de dinars (MD).
Dans ce contexte, il a vivement critiqué la structure tentaculaire des agences et des organismes liés à l’investissement. Il a insisté sur le fait que ni l’investissement attendu n’a été réalisé, ni les fonds de la collectivité nationale n’ont profité au peuple tunisien, qui continue de payer ses impôts pour financer ces institutions.
Face à cette situation, le chef de l’État a estimé qu’il serait plus judicieux et opportun de mieux exploiter ces fonds publics, afin qu’ils profitent avant tout aux plus démunis et aux pauvres.
« Contrairement à ce que certains tentent de faire croire, il n’est plus question de privatiser les établissements et entreprises publics, mais plutôt de préserver l’argent public. Il est impératif d’éviter que l’hypertrophie des institutions fasse obstacle à la réalisation des projets en cours, suspendus ou non encore réalisés », a précisé Saïed.
Le président a également évoqué la multiplicité des interlocuteurs pour les investisseurs en Tunisie, soulignant qu’au lieu d’un interlocuteur unique comme dans d’autres pays, les investisseurs doivent traiter avec plusieurs structures, notamment le Conseil supérieur de l’investissement, l’Instance tunisienne de l’investissement, le Fonds tunisien d’investissement, ainsi que plusieurs autres agences spécialisées dans l’investissement extérieur, l’agriculture, la promotion des exportations, etc. Cette prolifération institutionnelle, selon lui, repose sur un raisonnement inversé, où l’investissement est censé découler de l’existence excessive d’institutions, au lieu de résulter de la création de richesse et de sa distribution équitable.
Le président Saïed a aussi souligné qu’il avait promulgué la loi de finances dans le seul but de garantir la continuité de l’État, mais qu’il était essentiel de revoir certaines orientations pour concrétiser les objectifs de la révolution.
« La révolution doit faire table rase de l’ancien régime et rompre définitivement avec les institutions et législations conçues ‘sur mesure’, qui ont permis à la corruption de se répandre », a-t-il ajouté.
Sur un autre plan, le président a réaffirmé son appel à l’austérité et à l’esprit d’autosuffisance, insistant sur l’absence de solutions à moitié concernant la question de la sous-traitance. Il a également mis l’accent sur la nécessité de mettre fin aux contrats à durée déterminée (CDD).
« Soyons clairs, quiconque s’oppose à cette nouvelle orientation se place volontairement contre le processus révolutionnaire. Il n’est plus question de voir l’histoire se répéter sous une autre forme. L’esclavage demeure l’esclavage, peu importe son apparence ou sa posture », a averti le président Saïed, soulignant que seule la justice pouvait garantir la stabilité, condition sine qua non pour un investissement générateur de croissance nationale durable.
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