Trump lancera-t-il les hostilités contre les BRICS?
Alors que le second mandat de Donald Trump commence ce lundi 20 janvier 2024, le dossier des BRICS refait surface. Le président américain a promis, pendant sa campagne, d’imposer des droits de douane de 100 % aux pays du bloc économique s’ils continuent à saper le dollar américain.
Sous l’administration de Joe Biden, Washington s’est montré relativement dédaigneux à l’égard de la coalition économique de marchés émergents. Le vrai changement de politique avec l’administration Trump entrante est son traitement explicite des BRICS en tant qu’entité.
Au cœur de la rivalité sino-américaine
Créés à l’origine par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine en 2009, puis rejoints par l’Afrique du Sud en 2010, les BRICS – dominés par Pékin – ont été mis en place pour rivaliser avec la domination occidentale sur la scène internationale.
Lors du 16e sommet annuel de l’alliance à Kazan en Russie, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis ont été officiellement admis au sein du groupe. La taille du bloc rend de plus en plus improbable l’application par les États-Unis de droits de douane punitifs de 100 % sur les BRICS. Cela risquerait d’orienter les nations neutres dans la rivalité entre les États-Unis et la Chine vers Pékin… La deuxième économie mondiale pourrait même intervenir pour atténuer les effets d’éventuelles mesures commerciales américaines contre les membres des BRICS.
Lire aussi : Les pays ont intensifié leurs efforts pour s’éloigner du billet vert, selon le FMI
La Chine a déjà commencé à le faire, en proposant une politique de tarifs zéro pour les pays les moins avancés ayant des liens diplomatiques avec Pékin, qui est entrée en vigueur en décembre de l’année dernière 2024). Elle s’appuie sur des mesures similaires étendues aux pays africains les moins avancés.
Le dollar est roi
La menace tarifaire est conditionnée par le fait que les BRICS détrônent le dollar américain en tant que monnaie commerciale la plus utilisée au monde. Ce qui pourrait s’avérer être une tâche ardue pour l’alliance.
La Russie a fait pression en faveur de la dédollarisation afin de contourner le réseau SWIFT pour les transactions bancaires et de réduire l’impact des sanctions américaines à l’encontre de Moscou. L’une des options du groupe pour renverser le dollar était de créer une monnaie unifiée des BRICS, une proposition lancée par le Brésil mais qui n’a pas encore fait son chemin.
Une autre possibilité consistait à mettre en place un commerce multidevises, qui existe déjà entre plusieurs membres. Certains échanges commerciaux entre la Chine et la Russie se font par l’intermédiaire du yuan et du rouble. Les pays ont également convenu de continuer à renforcer les échanges par le biais des monnaies locales et ont exprimé leur soutien à l’idée d’une infrastructure indépendante de règlement transfrontalier des paiements.
Une coalition encore faible
L’absence de stratégie alliée concrète et d’action de la part des membres des BRICS soulève des doutes quant à leur capacité à constituer une menace pour les États-Unis. Le bloc est encore trop lâche et inorganisé pour créer un changement substantiel.
Les membres des BRICS et les pays partenaires pourraient ainsi être à l’abri d’une guerre commerciale avec les États-Unis, dont la Chine est l’une des principales cibles. Bien que Pékin occupe une position importante au sein du groupe, les autres pays membres restent très prudents quant à la domination du géant asiatique et aux déséquilibres commerciaux potentiels. Même si la Chine cherche à tirer parti de sa position, la prudence interne des membres restera probablement un facteur limitant aux grandes ambitions en matière de monnaie.
L’article Trump lancera-t-il les hostilités contre les BRICS? est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.