Sparco, l’une des marques de l’excellence italienne dans le monde est présente en Tunisie depuis le début des années 2000 avec ses propres installations de fabrication qui, au fil des années, se sont considérablement développées.
Depuis 1977, le groupe Sparco développe et produit des équipements de sécurité pour le milieu de la course et compte à ce jour plus de 350 équipes partenaires dans toutes les compétitions mondiales de sport automobile (principalement l’équipe Redbull F1 avec le quadruple champion du monde Max Verstappen) et des clients dans plus de 100 pays qui adoptent ses produits.
Le Groupe Sparco a diversifié, depuis 2000, ses activités pour entrer avec force dans le secteur des composants automobiles en fibre de carbone pour les plus importants constructeurs de voitures de sport et de luxe (Ferrari, Lamborghini, Bugatti, Porsche, McLaren, Dallara, Pininfarina, pour ne citer que les clients les plus renommés) et a étendu, au cours des cinq dernières années, son activité au segment des équipements de protection individuelle (en particulier les chaussures de sécurité et les vêtements de travail) avec la l’unité Sparco Teamwork.
1 150 salariés et 8 usines en Tunisie
La filiale tunisienne du groupe italien, Sparco Industrie Nord Afrique Sarl, totalement contrôlée par la maison mère italienne, compte aujourd’hui plus de 1150 salariés et 8 usines de production implantées dans les zones industrielles de Tunis-Mghira, Grombalia, Bou Argoub et Borj Cédria.
Les activités manufacturières que l’entreprise exerce en Tunisie sont actuellement nombreuses et concernent la production de vêtements (ignifuges, non personnalisés et standards) pour les pilotes de course et de karting; la ceinture de sécurité; les chaussures de course, de karting, de prévention des accidents et de loisirs; les sièges monocoques en fibre de verre avec cycle verticalisé de l’infusion à la finition, peinture et sellerie; les coques de siège et les éléments de carrosserie en fibre de carbone dont la production est entièrement régie dans ses propres usines depuis la phase de laminage et d’autoclavage jusqu’à la peinture, la finition et le collage.
Grâce à la coopération constante entre l’entreprise et les autorités politiques, institutionnelles, scolaires et universitaires tunisiennes, la croissance des compétences techniques des salariés de la branche nord-africaine a concerné non seulement les aspects purement productifs mais aussi ceux liés au R&D, bureau technique et d’études, qualité, planification et logistique de production, achats, avec un niveau de qualité de production tout à fait comparable à celui italien.
«Les plus de 25 ans d’expérience de Sparco en Tunisie, avec une présence constante qui comprend aujourd’hui 8 usines de production et plus de 1 150 employés, constituent un excellent exemple de la manière dont les deux pays peuvent également coopérer du point de vue industriel et productif», explique Aldino Bellazzini, président-directeur général de Sparco, dans une déclaration à l’agence Ansa.
Les bonnes pratiques d’entreprise
«Nous promouvons donc une série de bonnes pratiques d’entreprise que nous mettons à la disposition des institutions tunisiennes afin qu’elles deviennent des atouts communs pour toutes les entreprises italiennes qui souhaitent investir dans ce pays d’Afrique du Nord», a ajouté Bellazzini.
Lors de sa récente visite officielle en Italie, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, a souligné son appréciation du rôle de Sparco et a souhaité un lien toujours plus étroit entre l’entreprise turinoise et les institutions tunisiennes, dans le but de rendre le «modèle Sparco» un exemple vertueux de collaboration «gagnant-gagnant» entre les entreprises européennes et le contexte économique tunisien. )
«La Tunisie a réussi, même en partie, à éviter le lourd impact des diktats du Fonds monétaire international (FMI), qui exigent notamment la suppression des subventions, le gel des embauches dans le secteur public et une réduction de la masse salariale».
C’est ce que révèle une étude menée par le Centre Ali Ben Ghedhahem pour la justice fiscale (CAJF) présentée lors d’une conférence de presse à Tunis.
«En renonçant aux réformes préconisées par le FMI, la Tunisie a contourné en partie la politique d’austérité soutenue par l’institution financière internationale, dont les axes principaux sont le contrôle des équilibres financiers, la réduction des dépenses publiques, le gel des salaires et des embauches dans l’administration publique et dans le secteur public, la suppression des subventions et le contrôle de la masse salariale», explique l’étude.
Lancée en 2023 et finalisée en janvier 2025, cette étude a montré que «la Tunisie a maintenu son soutien au système de subvention à des niveaux élevés, passant d’une moyenne de 4 milliards de dinars en 2019 à 12 milliards de dinars en 2022, la masse salariale, de 16,1% du PIB en 2019 à 13% prévu en 2025».
Selon le chercheur et fondateur du CAJF Amine Bouzaiene, les embauches d’agents publics civils ont également repris, avec 8 000 nouvelles embauches en 2019, 12 500 en 2024 et 21 000 attendues pour 2025, en plus des augmentations du salaire minimum garanti dans les secteurs public et agricole et des pensions de vieillesse.
«La Tunisie a également réussi à réduire le déficit budgétaire de 7,4% en 2023 à 6,3% l’année dernière et devrait atteindre 5,5% du PIB cette année, alors que le FMI espérait atteindre ces niveaux en 2026», a souligné Bouzaiene.
Pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, dit le chercheur, il a été possible d’arrêter la tendance expansionniste de la dette par rapport au PIB, grâce à la décision de la Tunisie de prendre ses distances vis-à-vis du FMI et de ne pas respecter ses diktats.
Malgré ces conclusions, Bouzaiene a estimé que «l’autonomie est importante, mais des efforts supplémentaires doivent être déployés pour établir la justice fiscale et mobiliser les ressources nécessaires à la reprise économique».
L’étude souligne également l’absence d’un plan de relance de l’économie nationale sur la base des investissements publics, a souligné le chercheur, ajoutant qu’il est encore possible d’augmenter l’utilisation des ressources propres, notamment fiscales, en élargissant la base imposable sans nuire aux classes moyennes et vulnérables.
La Tunisie et le FMI ont conclu un accord de niveau de service le 15 octobre 2022 dans le cadre du mécanisme élargi de financement, mais les négociations ont ensuite été suspendues suite à une décision du président tunisien Kaïs Saïed, estimant que les conditions imposées par le Fonds menaçaient la paix sociale.
L’Espérance de Tunis a attendu la fin de son match avec l’Union monastirienne, dimanche dernier, remporté en déplacement par le score de 0-2, pour officialiser ses contacts avec le milieu de terrain avant droit monastirien Chiheb Jebali (29 ans, 1m76).
Ce dernier s’est engagé officiellement avec les Sang et Or et le transfert devrait être officialisé dans les jours qui viennent, affirme-t-on dans l’entourage du club.
Par ailleurs, l’Espérance qui ne cesse d’étoffer son effectif en vue des prochaines échéances nationales, continentales et internationales, est sur le point de récupérer son joueur Khalil Guenichi, milieu central, qui a été prêté à l’Espérance de Zarzis lors du dernier Mercato estival, après avoir récupéré un autre de ses joueurs prêté à la même équipe en début de saison, l’attaquant de pointe Achraf Jabri.
Kaïs Saïed a réaffirmé les constantes de la politique étrangères tunisienne, «y compris et avant tout l’indépendance de la décision nationale et le soutien indéfectible au peuple palestinien jusqu’à ce qu’il recouvre ses droits légitimes dont l’établissement d’un Etat indépendant sur tout le territoire palestinien avec Al-Qods comme capitale».
Le président de la République a rappelé cette position en recevant, mardi 28 janvier 2025, au palais de Carthage, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti.
Selon le communiqué diffusé par le Palais de Carthage, cette rencontre a été consacrée à l’examen des résultats de la participation de la Tunisie à diverses conférences internationales ainsi que des visites échangées au niveau bilatéral.
Le chef de l’Etat a, par la même occasion, souligné la nécessité d’apporter un soutien accru aux Tunisiens établis à l’étranger et de leur fournir les services nécessaires à distance.
A cet égard, le président de la République a salué les efforts déployés par un grand nombre de Tunisiens et de Tunisiennes, notamment dans les secteurs de la santé et du transport, ainsi que leurs initiatives pour lancer des projets en Tunisie, en appelant toutes les structures de l’État à œuvrer à aplanir les obstacles que ces derniers rencontrent, «afin qu’ils puissent contribuer à la reconstruction et à l’édification du pays et renforcer davantage le rayonnement de la Tunisie à l’échelle internationale».
Le ministre des Affaires étrangères avait participé du 20 au 25 janvier courant, en Suisse, à la 55e édition de la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos.
Il avait, également, effectué, le 27 janvier courant, une visite de travail en Algérie, au cours de laquelle il a été reçu par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et a tenu une séance de travail avec son homologue Ahmed Attaf.
Le North Africa Oil & Gas Forum 2025 sur la décarbonation des secteurs du pétrole et du gaz, s’est tenu à Tunis le 22 janvier 2025 et a réuni une centaine de participants de Tunisie et de Libye, venus discuter des dernières innovations et solutions susceptibles de réduire les émissions de carbone dans les secteurs du pétrole & dérivés et du gaz.
Les travaux du forum, organisé par Inside ESG, le cabinet tunisien de conseil en développement durable, avec le concours de The Rob Rockefeller Standard Carbon Tunisia, numéro un mondial en matière d’empreinte et de bilan carbone, ont été déclinés en quatre tables rondes et trois ateliers techniques de formation sur le bilan, et la comptabilité carbone ainsi que les services de la plateforme Devortex. Ils ont été animés par des experts de renom (en présentiel et en visioconférence), et conclus par plusieurs accords de coopération et de partenariat entre les organismes participants.
Par ailleurs, la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) et l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap) ont présenté à cette occasion et pour la première fois leur bilan carbone et leurs stratégies de décarbonation.
Renez-vous est pris pour la deuxième édition qui sera organisée en 2026, probablement en Libye.
Dans ‘‘Marseille phénicienne, chronique d’une histoire occultée’’, Gabriel Chakra remet en question l’idée reçue selon laquelle Marseille serait avant tout une ville d’origine grecque. Selon lui, entre le VIIIe et le VIIe siècle avant notre ère, bien avant l’arrivée des Grecs d’Ionie vers 600 avant J.-C., Marseille abritait déjà un comptoir et un sanctuaire phéniciens en lien étroit avec Carthage, la puissante cité phénicienne située sur le site de l’actuelle Tunis.
Djamal Ghettala
Mais pour l’auteur, cette thèse ne relève en aucun cas d’une simple «réévaluation audacieuse» de l’histoire de la ville. Dans un échange avec ses lecteurs, Gabriel Chakra insiste sur le fait que tout ce qu’il rapporte est corroboré par des faits précis et datés : «Tant l’onomastique (le nom du lieu) que les vestiges qu’on y a trouvés, sans le crier sur les toits. Avant l’arrivée des Phocéens, les Ligures qui vivaient sur le littoral marseillais avaient été en contact avec les navigateurs phéniciens. De Tyr à Gibraltar (contraction de Djebel Tarik), ces célèbres navigateurs furent les maîtres de la mer Méditerranée cinq siècles avant les Grecs», écrit-il.
Cette enquête, qu’il qualifie lui-même de contre-enquête, vise à débarrasser Marseille des «extravagances de sa mémoire». Chakra pointe du doigt une réticence académique à reconnaître cette filiation phénicienne, qu’il attribue à une vision idéalisée du passé hellénique de Marseille : «Je dérange nombre d’érudits mais aucun d’entre eux n’ose débattre avec moi. Et pour cause : il est plus noble et prestigieux à leurs yeux de rattacher Marseille à une filiation grecque, ou gréco-romaine, qu’à celle d’un peuple de race sémitique. J’y ai perçu un relent de xénophobie que je dénonce dans mon opus.»
Gabriel Chakra, journaliste honoraire et membre correspondant de l’Académie des Lettres, Sciences et Arts de Marseille, a consacré plus de cinquante ans à observer la cité phocéenne sous toutes ses facettes. Ancien correspondant pour L’Aurore, Le Quotidien de Paris et Le Figaro, il est l’auteur de plusieurs ouvrages et poursuit son exploration historique avec une curiosité insatiable.
Dans ‘‘Marseille phénicienne, chronique d’une histoire occultée’’, il invite à replacer la ville dans un mouvement méditerranéen plus large, où toutes les civilisations, des Phéniciens aux Carthaginois, ont joué un rôle central. Son livre, loin d’être une simple spéculation, s’appuie sur une longue et minutieuse investigation, et une fois la lecture terminée, il devient difficile de continuer à considérer Marseille sous le seul prisme grec.
À travers cette œuvre, Gabriel Chakra propose une lecture inédite et dérangeante de l’histoire marseillaise, une lecture qui, malgré la solidité des faits avancés, continue de susciter des résistances.
‘‘Marseille phénicienne, chronique d’une histoire occultée’’, de Gabriel Chakra, Éditions Maïa, 168 pages.
Les images de ces milliers de Palestiniens regagnant à pied les ruines du nord de Gaza après des mois de déplacements forcés et de destructions infligées par l’armée israélienne forment une mosaïque d’émotions d’une intensité bouleversante, presque indicible.
Khémaïs Gharbi *
Ces hommes, ces femmes et ces enfants avancent sur la route Salah Al-Din comme des pèlerins, le cœur chargé d’un mélange profond de douleur, de dignité et d’une résilience presque surnaturelle. Ce retour vers les décombres, vers des lieux qui étaient autrefois des maisons, des écoles, des rues animées, est à la fois tragique et triomphant.
La douleur domine, d’abord, écrasante. Chaque pas sur ces routes est une confrontation brutale avec l’ampleur du désastre. Les gravats, les bâtiments éventrés, les odeurs de poussière mêlée à celle des corps ensevelis rappellent la violence subie, l’absence criante de ceux qui ne reviendront jamais. Les ruines ne sont pas qu’un décor : elles incarnent les souvenirs détruits, les vies fauchées, les rêves pulvérisés.
Quand les gravats nourrissent les racines
Mais cette marche est aussi empreinte de fierté. Derrière chaque silhouette courbée sous la fatigue ou le poids de maigres possessions subsiste une flamme, celle d’un peuple refusant l’effacement. Ils avancent vers des ruines, oui, mais ces ruines sont leur terre, leur histoire, leur patrie. La poussière, les pierres et même les gravats sont investis d’une signification sacrée. En revenant, ces déplacés affirment leur appartenance à ce sol, contre vents et marées, contre l’histoire qui s’acharne à les effacer. Ils disent : «Nous sommes toujours là.»
Le paradoxe de ce retour est frappant. Ce qui aurait dû être un acte de désespoir – revenir à ce qui n’est plus – devient une déclaration de survie. L’absence d’abris n’effraie pas ; c’est un sacrifice accepté pour honorer les morts, raviver des souvenirs et ancrer à nouveau la vie sur cette terre martyrisée. Chaque pierre devient un témoin, chaque vestige une promesse de reconstruction, même si tout semble perdu.
Les émotions qui accompagnent cette marche sont complexes, presque contradictoires. Il y a une tristesse infinie devant l’ampleur des destructions, mais aussi une rage sourde face à l’injustice. Il y a la souffrance de ceux qui ont tout perdu, mais également une détermination inébranlable, une sorte de défi silencieux lancé au monde entier. Ce retour est une victoire symbolique, arrachée à ceux qui espéraient leur disparition.
Les enfants cherchent leurs repères
Et malgré tout, il y a l’amour. L’amour pour une terre meurtrie mais irrémédiablement précieuse. L’amour pour les siens, pour les morts que l’on veut honorer, pour les enfants à qui l’on veut transmettre, même au milieu des gravats, l’espoir d’un avenir.
Ce retour est un cri étouffé et une prière vibrante. Une déclaration silencieuse que ce peuple, déplacé mille fois, ne sera jamais dépossédé de son âme ni de sa terre, aussi détruite soit-elle.
Par petits groupes ou seuls, des enfants arpentent les décombres, leurs visages tendus par une quête silencieuse. Une fillette, à peine âgée de dix ans, se penche, scrutant le sol. Elle semble chercher un repère connu, une trace de ce qui était autrefois sa maison. Ses doigts trouvent un morceau de céramique brisée, peut-être un fragment d’assiette, et elle s’effondre en larmes, murmurant : «C’était notre cuisine…» À quelques mètres, un garçon pointe du doigt un fragment d’un banc de classe et s’écrie : «Là, c’était mon école !» Son visage s’illumine un instant, avant que la réalité des ruines ne lui arrache un nouveau silence. Mais même sans murs, même sans toit, leurs cœurs savent reconnaître ces lieux familiers. Parfois, une larme de joie surgit dans la poussière, parce qu’ils se sentent chez eux.
Les gardiens des souvenirs
Assis sur un bloc de béton qui était peut-être un mur, un vieillard fixe l’horizon, une main tremblante posée sur son bâton. Il raconte doucement à ceux qui l’entourent : «Ici, il y avait le boulanger. Les enfants venaient chaque matin chercher le pain encore chaud.» Son regard se perd un instant, mais il revient à lui avec une force inattendue : «Nous reconstruirons. Le boulanger reviendra, ou un autre prendra sa place.»
Plus loin, une femme vêtue de noir s’agenouille, ses doigts caressant la terre. C’était là que se dressait sa maison, là qu’elle vivait avec son mari et ses enfants, aujourd’hui disparus. Elle murmure une prière, les larmes roulant sur ses joues, mais finit par se relever, essuyant ses yeux avec une détermination retrouvée : «Nous vivrons à nouveau ici.»
Deux frères orphelins marchent lentement entre les débris, leurs visages graves pour leur jeune âge. L’un d’eux, l’aîné, désigne un tas de gravats : «Ici, on jouait à courir avec notre cerf-volant. Tu te souviens ?» Le plus jeune hoche la tête, les yeux baissés. Après un long moment de silence, il murmure : «On peut rejouer, non ?» Ils commencent alors, maladroitement, à rassembler quelques pierres, dessinant dans la poussière un espace où ils pourront un jour recréer leurs jeux d’enfants, même si tout autour n’est que chaos.
Déblayer les gravats pour créer un espace de vie
Quelques enfants, trop jeunes pour porter le poids des drames qu’ils traversent, se mettent à transformer les ruines en terrain de jeu. Ils déblayent avec leurs mains des cailloux, rassemblant des morceaux de béton et des bouts de ferraille. «Ici, ce sera notre terrain de foot», déclare l’un d’eux, le visage couvert de poussière mais illuminé d’un sourire. En les voyant, un homme s’approche pour les aider, bientôt rejoint par d’autres adultes. Très vite, ce n’est plus seulement un jeu : c’est une déclaration, une promesse que la vie reviendra, que des rires et des cris d’enfants rempliront à nouveau ces espaces dévastés. Le peuple palestinien est toujours debout.
Interrogé sur la crise en Tunisie, ses causes, ses conséquences et les leçons qu’on peut en tirer, DeepSeek, un modèle d’intelligence artificielle (IA), l’équivalent chinois de ChatGPT, a donné sa réponse en 3 secondes. Nous la reproduisons ci-dessous telle que publiée par l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Faouzi Ben Abderrahman, sur sa page Facebook. Edifiant, sauf que pour gouverner, l’IA ne peut rien… pour nous.
La transition démocratique tunisienne, bien que souvent citée comme un succès relatif dans le monde arabe, a également rencontré des échecs et des défis importants. Ces échecs et difficultés offrent des leçons tout aussi importantes que les succès. Voici quelques-uns des principaux points d’échec ou de stagnation de la transition tunisienne :
1. Crise économique persistante :
– Problème : La Tunisie n’a pas réussi à résoudre ses problèmes économiques structurels, notamment le chômage élevé (en particulier chez les jeunes et les diplômés), les inégalités régionales et la corruption.
– Conséquences : Le mécontentement social a persisté, avec des grèves, des manifestations et une frustration croissante envers les gouvernements successifs. La pandémie de Covid-19 a exacerbé ces problèmes.
– Leçon: Une transition démocratique ne peut être durable sans amélioration tangible des conditions économiques pour la population.
2. Corruption endémique :
– Problème: Malgré les efforts pour lutter contre la corruption, celle-ci reste profondément enracinée dans les institutions tunisiennes. Les élites politiques et économiques ont souvent été accusées de perpétuer un système clientéliste.
– Conséquences : La corruption a miné la confiance des citoyens dans les institutions et a contribué à la désillusion à l’égard du processus démocratique.
– Leçon: La lutte contre la corruption doit être une priorité absolue et nécessite des réformes institutionnelles profondes et une volonté politique forte.
3. Fragmentation politique :
– Problème : La scène politique tunisienne est devenue très fragmentée, avec de nombreux partis et une incapacité à former des coalitions stables. Cela a conduit à une paralysie politique et à une inefficacité gouvernementale.
– Conséquences : Les gouvernements successifs ont eu du mal à mettre en œuvre des réformes significatives, ce qui a alimenté la frustration populaire.
– Leçon : Une transition démocratique nécessite une certaine stabilité politique et une capacité à construire des consensus entre les différents acteurs.
4. Désillusion populaire :
– Problème : Beaucoup de Tunisiens se sont sentis trahis par la transition, estimant que les promesses de la Révolution de 2011 (dignité, emploi, justice sociale) n’ont pas été tenues.
– Conséquences : Le taux de participation aux élections a diminué au fil du temps, reflétant une perte de confiance dans le processus démocratique.
– Leçon : Une transition démocratique doit être inclusive et répondre aux attentes concrètes de la population, notamment en matière de justice sociale et économique.
5. Crise de légitimité et retour à l’autoritarisme (2021) :
– Problème: En juillet 2021, le président Kaïs Saïed a suspendu le Parlement, renvoyé le gouvernement et assumé des pouvoirs exceptionnels, marquant un retour à des pratiques autoritaires.
– Conséquences : Cette décision a divisé la population et les élites politiques, certains y voyant une nécessité pour sortir de l’impasse politique, tandis que d’autres l’ont dénoncée comme un coup d’État contre la démocratie.
– Leçon : Les institutions démocratiques doivent être renforcées pour éviter les abus de pouvoir et garantir des contre-pouvoirs efficaces.
6. Défis sécuritaires :
– Problème: La Tunisie a été confrontée à des attaques terroristes et à une instabilité régionale, notamment en raison de la situation en Libye voisine.
– Conséquences : Ces défis ont détourné l’attention et les ressources des réformes démocratiques et économiques.
– Leçon : La stabilité sécuritaire est essentielle pour une transition réussie, mais elle ne doit pas se faire au détriment des libertés civiles.
7. Manque de réformes structurelles :
– Problème : Les gouvernements successifs ont souvent évité de mettre en œuvre des réformes structurelles difficiles mais nécessaires, comme la réforme de l’administration publique, du système éducatif ou du secteur économique.
– Conséquences : Cela a limité la capacité de la Tunisie à créer une croissance inclusive et à répondre aux attentes de la population.
– Leçon: Les réformes structurelles sont essentielles pour assurer la durabilité d’une transition démocratique.
8. Dépendance à l’aide internationale :
– Problème : La Tunisie a largement dépendu de l’aide internationale pour soutenir son économie et sa transition, ce qui l’a rendue vulnérable aux pressions extérieures.
– Conséquences : Cette dépendance a parfois limité la marge de manœuvre politique du pays et a exposé des faiblesses dans la gestion des finances publiques.
– Leçon : Une transition démocratique doit s’appuyer sur une base économique solide et une autonomie financière.
Conclusion :
La transition démocratique tunisienne montre que même dans un contexte relativement favorable (une société civile active, une armée apolitique et un soutien international), les défis économiques, sociaux et politiques peuvent entraver les progrès. Les échecs de la transition tunisienne soulignent l’importance de :
– Répondre aux attentes économiques et sociales de la population.
– Renforcer les institutions démocratiques et lutter contre la corruption.
– Éviter la fragmentation politique et construire des consensus.
– Garantir que les réformes structurelles soient mises en œuvre pour assurer une croissance inclusive et durable. Ces leçons sont cruciales non seulement pour la Tunisie, mais aussi pour d’autres pays en transition.
Jamel Eddine Boughalleb a lancé un cri de détresse pour attirer l’attention sur la dégradation de l’état de santé de son frère Mohamed Boughalleb, du journaliste emprisonné depuis près d’un an.
Mohamed Boughalleb, journaliste à la radio Cap FM, est incarcéré dans des conditions jugées lamentables et injustes et qui mettent sa santé et sa vie gravement en péril, estiment ses proches.
Selon son frère, Jamel Eddine, le journaliste a vu sa santé se dégrader de façon dramatique avec un œil droit à vision réduite à 1/10 et un œil gauche gravement affecté par une infection liée au diabète. Une séance de laser lui aurait été prescrite par un médecin après une consultation tardive. Il souffre aussi de la prostate avec des douleurs insoutenables l’empêchant même de s’asseoir normalement, alors que sa jambe droite est paralysée par une douleur constante, rapporte Jamel Eddine Boughalleb, qui déplore aussi les traitements dégradants en détention, aggravant ses maladies chroniques : diabète, hypertension, problèmes cardiaques et vasculaires, perte progressive de la vision, infections cutanées et otite récurrente.
Mohamed Boughalleb a été condamné à une peine de prison à la suite d’une plainte déposée par l’ex-ministre des Affaires religieuses, qui l’a accusé d’«imputation à un fonctionnaire public de faits non exacts» en vertu de l’article 24 du décret-loi 54-2022. Dans l’affaire n°10924, le 17 avril 2024, le Tribunal de première instance de Tunis l’a condamné à six mois d’emprisonnement. Le 28 juin 2024, la Cour d’appel de Tunis a aggravé cette peine, la portant à huit mois de prison.
Arrêté le 21 mars 2024, Mohamed a purgé cette peine jusqu’au 22 novembre 2024. Cependant, une seconde affaire (n°58566) a été ouverte contre lui sur la base d’un mandat d’arrêt émis le 5 avril 2024, alors qu’il était déjà en détention. Ce mandat a été délivré sans convocation, ni audition. Depuis, cette affaire reste en attente de date d’audience devant la Cour de cassation (depuis le 7 août 2024).
Bien que le génocide commis par Israël durant 15 longs mois à Gaza ait tué des dizaines de milliers de Palestiniens, fait autant d’orphelins et de personnes amputées, bien que l’enclave palestinienne ait été réduite en cendre et bien que le président américain Donald Trump ait appelé au transfert de la population civile de Gaza en Égypte et en Jordanie, des centaines de milliers de Gazaouis retournent dans le nord de la bande de Gaza. Une leçon de résilience infligée à Israël qui, malgré toutes les horreurs commises, n’a pas pu faire fuir les Palestiniens de leur terre.
Imed Bahri
Dans une analyse dans le journal Haaretz, l’analyste militaire israélien Amos Harel considère que le retour de centaines de milliers de Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza renforce l’hypothèse selon laquelle la guerre israélienne touche à sa fin et que le cessez-le-feu de 42 jours deviendra définitif, estimant qu’avec le retour des Palestiniens et la montée des défis militaires et politiques, la «victoire» de Benjamin Netanyahu ne semble être rien d’autre qu’une illusion alors que la région s’approche d’une nouvelle phase qui pourrait être plus compliquée qu’auparavant.
«Tout comme les photos prises hier (lundi) brisent les illusions de victoire complète que Netanyahu et ses partisans promeuvent depuis des mois, il devra probablement accepter moins que les objectifs qu’il s’est fixés pour la guerre», écrit l’éditorialiste israélien. Tout en rappelant que, tout au long de la guerre à Gaza, Netanyahu a refusé de discuter des arrangements d’après-guerre et de permettre à l’Autorité palestinienne d’y intervenir, et a continué à promouvoir un scénario fictif de défaite totale du Hamas.
Concession tactique pour un objectif stratégique
L’analyste militaire considère que le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a fait une concession tactique afin de concrétiser un objectif stratégique qui est le retour des Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza car après leur retour, il sera difficile pour Israël de reprendre la guerre et de provoquer un nouveau déplacement de masse des civils même si l’accord s’effondre à la fin des six semaines de la première phase.
Bien que des sous-traitants américains du Pentagone soient déployés dans le corridor de Netzarim pour s’assurer qu’aucune arme ne soit introduite en contrebande dans les voitures, il n’y a aucune surveillance des foules se déplaçant à pied et il est probable que le Hamas ait pu faire passer ainsi une bonne quantité d’armes, et qu’il parviendra également à renouveler progressivement ses cadres opérationnels, estime Harel. Par conséquent, toutes les opérations militaires israéliennes dans le nord qu’ils ont complètement isolé n’ont pas eu raison du mouvement palestinien dans cette partie du territoire.
La manœuvre tactique menée par Netanyahu à la suite de pressions internes et externes a certes réussi à libérer un certain nombre de détenus israéliens mais la situation générale montre un déclin de la capacité israélienne à imposer une solution militaire, surtout après les restrictions imposées aux mouvements de l’armée israélienne à l’intérieur de Gaza après le retour de la population civile, estime l’analyste israélien.
L’une des dimensions les plus complexes concerne les pressions internationales qui peuvent être décisives pour déterminer le cours des événements futurs. Selon Harel, les attentes indiquent que le président américain Donald Trump jouera un rôle central dans la détermination de l’avenir du conflit surtout après la confirmation que son intérêt principal est de mettre fin à la guerre et non de la renouveler. Cela mettra Netanyahu dans une position difficile.
Trump devra bientôt rencontrer Netanyahu et la rencontre entre les deux hommes devrait porter sur des solutions politiques qui pourraient inclure la conclusion d’un accord complet incluant la libération de tous les détenus israéliens, en plus de faire pression sur Israël pour parvenir à un règlement politique avec les pays arabes qui comprendra, en plus d’une normalisation globale, une reconnaissance au moins verbale d’une vision future pour la création d’un État palestinien.
L’évacuation des bâtiments et des infrastructures détruits pourrait prendre de nombreuses années. C’est l’une des raisons sur lesquelles le président américain Donald Trump se base quand il a évoqué soudainement mais en le faisant haut et fort l’évacuation de la population de la bande de Gaza pendant la période de reconstruction, une idée dont les dirigeants des États arabes modérés censés financer cette opération se méfient.
Bien qu’affaibli, le Hamas n’a pas été éradiqué
En même temps, l’analyste israélien indique que le Hamas sait que tant que ses dirigeants seront aux commandes de la bande de Gaza, il lui sera difficile d’obtenir la signature des chèques par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et même le Qatar. Dans un tel cas, le risque augmente que le Hamas provoque Israël, ce qui conduirait à une nouvelle guerre qui entraînerait la destruction de la bande de Gaza.
Selon Harel, la situation future de Gaza demeure floue car le Hamas bien qu’affaibli n’a pas été éradiqué et est toujours là en dépit de la guerre qui a duré 15 longs mois. Quant à la question de la gouvernance de Gaza, elle n’a pas été encore tranchée. La décision finale semble être entre les mains de Trump qui, en recevant bientôt Netanyahu à Washington dans une rencontre qualifiée de fatidique, devrait éclaircir davantage ses intentions.
Le constituant et ancien président du Club athlétique bizertin (CAB) Mehdi Ben Gharbia a été condamné à quatre ans de prison et à une amende de 50 000 dinars pour une accusation de corruption financière et administrative au sein de deux sociétés de transport et de conseil qui lui appartiennent.
Selon Me Hafedh Brigui, le ministère public du Tribunal de Sousse a fait appel de ce jugement.
Né le 19 juin 1973 à Bizerte, Mehdi Ben Gharbia a interrompu ses études de médecine suite à sa première arrestation, en 1994, pour ses activités politiques au sein du parti Ennahdha. A sa sortie de prison, en 2001, il a repris et développé la société World Freight Service, spécialisée dans le fret aérien. Ce premier succès l’entourage à créer et diriger de nombreuses autres entreprises.
Au lendemain de la révolution de 2011, Ben Gharbia est revenu à la politique en se faisant élire à l’Assemblée nationale constituante (ANC) et en intégrant le parti Al Joumhouri, avant d’en démissionner et de créer son propre parti, l’Alliance démocratique. Élu à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) en 2014, il ne tarde pas à démissionner de son parti et à se présenter comme indépendant.
Le 20 août 2016, il est nommé ministre auprès du nouveau chef du gouvernement Youssef Chahed chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les organisations des droits de l’homme, avant de présenter sa démission le 14 juillet 2018.
En 2019, il rejoint Tahya Tounes, le parti politique de Youssef Chahed et, dans la foulée, il est élu député en tant que tête de liste du parti dans la circonscription de Bizerte.
En mai 2022, il est arrêté et poursuivi avec certains de ses collaborateurs pour délits fiscaux et blanchiment d’argent.
Mehdi Ben Gharbia a également présidé le CAB de 2011 à 2016.
Une équipe médicale tunisienne du Centre de maternité et de néonatologie de Tunis a réussi à réaliser une prouesse médicale en effectuant la première opération de pose d’un drain thoracique pour évacuer le liquide des poumons d’un fœtus de sept mois dans l’utérus de sa mère.
Selon le ministère de la Santé, l’opération a été couronnée de succès, et a été supervisée par le professeur Dalinda Chelli, en collaboration avec le professeur Carmela Votino et l’équipe du service d’anesthésie et de réanimation dirigée par le professeur Hayan Maghrebi.
Cette intervention a été effectuée sous anesthésie locale pour la mère et une surveillance étroite par échographie, a précisé le département de la Santé dans un communiqué publié lundi soir, 27 janvier 2025.
La Tunisie, qui est encore à la recherche d’un entraîneur, a été versée dans le Groupe C avec le Nigeria, l’Ouganda et la Tanzanie, à l’issue du tirage au sort de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football (Maroc-2025), effectué hier soir, lundi 27 janvier 2025, à Rabat.
La phase finale de la CAN aura lieu du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc.
Voici la composition des groupes :
Groupe A : Maroc, Mali, Zambie, Comores.
Groupe B : Egypte, Afrique du Sud, Angola, Zimbabwe.
Groupe C : Nigeria, Tunisie, Ouganda, Tanzanie.
Groupe D : Sénégal, RD Congo, Bénin, Botswana.
Groupe E : Algérie, Burkina Faso, Guinée Equatoriale, Soudan.
Groupe F : Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon, Mozambique.
Les deux premières équipes de chaque groupe, ainsi que les quatre meilleures troisièmes, se qualifieront pour les huitièmes de finale.
Le onze national ouvrira face à l’Ouganda à Rabat, avant d’affronter le Nigeria à Fès puis la Tanzanie à Rabat.
Le Comité pour le respect des libertés et des droits humains en Tunisie (CRLDHT) a publié, hier, lundi 27 janvier 2025, le communiqué suivant sous le titre «Un verdict révoltant. Sonia, vous n’êtes pas seule !» où il appelle à «la libération immédiate et inconditionnelle de Sonia Dahmani et de tous les détenus politiques et d’opinion en Tunisie».
La chambre correctionnelle près de la Cour d’appel de Tunis a confirmé, le 24 janvier 2025, la condamnation de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, tout en ramenant sa peine d’emprisonnement de deux ans à un an et six mois. Ce verdict est une nouvelle démonstration de l’injustice et de la répression croissante visant les voix libres en Tunisie.
Sonia Dahmani, connue pour son engagement en faveur des droits humains et sa défense sans compromis de la liberté d’expression, a été initialement condamnée le 24 octobre 2024 à deux ans de prison pour «diffusion de fausses informations» en vertu du décret-loi 54. Son «crime» : avoir dénoncé, lors d’une intervention sur la radio IFM, les discriminations et manifestations de ségrégation raciale ciblant les Tunisiens noirs, affirmant avec courage l’existence de telles pratiques en Tunisie.
La défense de Sonia Dahmani a non seulement démontré la véracité de ses propos en s’appuyant sur des faits documentés et relayés publiquement, mais a également souligné l’importance de briser le silence sur ces réalités historiques et sociales.
Cette affaire n’est qu’un volet de la répression qu’elle subit. Sonia Dahmani a déjà été condamnée à huit mois de prison ferme dans une autre affaire distincte et fait face à trois autres poursuites judiciaires, toutes basées sur l’exercice de son droit à la liberté d’expression. Ces accusations révèlent une stratégie systématique visant à la réduire au silence et à intimider toute personne osant critiquer le pouvoir en place.
De plus, Sonia Dahmani n’a appris la sentence prononcée contre elle que le lendemain, et uniquement par l’intermédiaire de ses avocats. Cette pratique soulève des doutes quant à la transparence et au respect des droits fondamentaux de l’accusée, notamment son droit à une communication immédiate et équitable concernant sa situation judiciaire.
Au-delà des condamnations, Sonia Dahmani endure des conditions de détention désastreuses à la prison de Manouba : privation de soins médicaux adéquats, exposition au froid, à la faim, et à la soif. Ces traitements cruels visent à briser sa résistance morale et physique. Sa situation est d’autant plus révoltante que la date de délibération a été fixée le 24 janvier 2025, jour de la Journée mondiale des avocats en danger, une provocation manifeste alors qu’une large mobilisation nationale et internationale soutient Sonia Dahmani.
La Tunisie, qui a longtemps été un symbole d’espoir démocratique, ne peut continuer à sombrer dans de telles pratiques autoritaires.
Nous appelons :
– À la libération immédiate et inconditionnelle de Sonia Dahmani et de tous les détenus politiques et d’opinion en Tunisie.
– À la fin de l’utilisation du décret-loi 54, véritable instrument de répression.
– À une mobilisation nationale et internationale pour défendre les principes de liberté, de justice et de dignité.
Sonia Dahmani n’est pas seule. Nous réaffirmons notre solidarité inébranlable envers elle et tous ceux qui défendent courageusement les droits humains.
La réalisatrice tunisienne Amel Guellaty a présenté son premier long-métrage ‘‘Where the Wind Comes From’’ (‘‘D’où vient le vent’’) au Festival du film de Sundance, le principal festival américain de cinéma indépendant, qui se tient du 23 janvier au 2 février 2025, à Park City (Utah, Etats-Unis), dans le cadre de la compétition ‘World Cinema Dramatic Competition’.
Les personnages principaux du film, Alyssa (Eya Bellagha) et Mehdi (Slim Baccar), se lancent dans un road trip mouvementé pour se rendre à un concours d’artistes qui promet d’être la clé pour quitter leur pays d’origine et vivre en Europe.
Guellaty a eu cette idée il y a des années, avant même de travailler sur ses courts métrages, ‘‘Black Mamba’’ et ‘‘Chitana’’. «Je voulais vraiment raconter une histoire d’amitié entre un garçon et une fille. J’avais l’impression que c’était une relation très courante dans ma vie», a-t-elle déclaré dans un entretien avec le magazine Variety. «De mon adolescence jusqu’à mes 20 ans, j’ai toujours été entourée de garçons», poursuit la réalisatrice, qui, avec ‘‘D’où vient le vent’’, a voulu représenter une relation qu’elle n’avait «pas assez vue au cinéma», une relation «intense, intime, qui ne devient jamais sexuelle».
Un autre élément clé pour la cinéaste était de rendre hommage à la jeunesse tunisienne, qu’elle considère comme l’une des «plus intéressantes au monde». Et pour cause, explique-t-elle dans le même entretien : «La jeunesse tunisienne est très intéressante : elle est ancrée dans les cultures arabe et musulmane, mais elle est aussi ouverte d’esprit, ce qui crée une opposition complexe. Ils aiment l’art, ce sont eux qui ont fait la révolution il y a dix ans».
Amel Guellaty se dit cependant attristé par le fait qu’à chaque fois qu’elle s’adressait à des jeunes de 20 ans, ils répondaient tous que leur rêve est de quitter leur pays d’origine, la Tunisie. «Ils ont l’impression qu’il n’y a aucun espoir et qu’ils ne peuvent pas se construire un avenir ici. C’est terrible de voir une jeunesse si pleine de vie et en même temps si désespérée.»
Concernant la situation actuelle du cinéma tunisien, notamment après la nomination historique de Kaouther Ben Hania aux Oscars l’année dernière pour ‘‘Quatre filles’’ — devenant ainsi la première femme arabe à être nommée deux fois aux Oscars — Guellaty dit ressentir une «immense fierté».
«Il y a une nouvelle vague de réalisateurs tunisiens et je les admire tous. Chaque année, nous avons un film à Berlin ou à Cannes. Quand je suis arrivée à Sundance, j’ai eu l’impression de les rejoindre et j’en étais très fière. Nous racontons nos histoires de notre point de vue, en nous éloignant des attentes orientalistes. Nous ne faisons plus seulement des films arabes. Je suis très fière de cette nouvelle génération et d’en faire partie», ajoute-t-elle.
‘‘D’où vient le vent’’ est produit par Atlas Vision (Tunisie) et coproduit avec Haut Les Mains Productions (France).
Comme pour l’établissement du bilan coûts- avantages d’un projet d’investissement, dont c’est le métier en tant qu’économiste et consultant international, l’auteur en établit un pour la nouvelle loi sur les chèques qui entrera en vigueur le 2 février prochain. L’approche est universitaire, le langage est crû et le verdict est sans appel. Analyse objective à méditer par tout responsable économique et même politique étant donné l’impact social de cette loi sur la capacité de paiement et donc d’achat des ménages à faibles et moyens revenus et sur les commerçants qui ne peuvent pas survivre sans les facilités de paiement par des chèques antidatés qui ne seront plus possibles en vertu de cette nouvelle loi.
Sadok Zerelli *
La nouvelle loi sur les chèques n’est pas encore entrée en vigueur, prévue pour le 2 février 2025, que déjà on observe l’effervescence qui règne dans tout le pays et les bouleversements qu’elle a introduits dans la vie des ménages, entreprises et surtout commerçants.
Cette loi a été élaborée par un groupe d’une trentaine de députés dont la représentativité est le moins contestable puisque 9 Tunisiens en âge de voter sur 10 ne les ont pas élus (selon la commission électorale même, le taux de participation aux dernières élections législatives n’a pas dépassé 11%), votée par l’Assemblée presque à l’unanimité (seuls deux députés ont voté contre et un s’est abstenu) et promulguée à la hâte par le Président de la République (l’ARP la lui a transmise le 31 juillet et elle a été publiée dans le Jort du 2 août 2024).
Cette loi n’est nullement avant-gardiste comme l’affirment certains «experts» ou qui se prennent pour tels, mais bien arrière-gardiste (le terme n’existe pas dans la langue française, mais je l’invente pour les besoins de la cause) comme je vais l’expliquer point par point et en faire le bilan en tant qu’expert international en évaluation des projets et ex-enseignant universitaire qui a enseigné pendant des années un cours de d’économie monétaire.
Je ne vais pas reprendre et exposer le contenu et les différentes dispositions de cette loi, supposés connus car largement expliqués de long en large par la presse écrite et les médias audiovisuels, mais en faire un bilan coûts-avantages socio-économique objectif et sans aucune arrière-pensée d’ordre politique.
A l’actif du bilan
Si je commence par les avantages à mettre à l’actif du bilan de cette loi, le plus évident et qui constitue l’objectif même de cette loi est la dépénalisation du délit d’émission de chèques sans provision.
Ainsi, en vertu de cette loi, plusieurs centaines d’hommes d’affaires, commerçants et simples citoyens ont été libérés de prison et probablement plusieurs autres milliers ne risqueront pas d’y entrer pour avoir émis un chèque en bois. L’effet positif indirect de cette loi est qu’elle a permis et va permettre certainement de réduire la population carcérale. C’est un avantage social, politique et humain indéniable.
J’ai beau cherché d’autres avantages et notamment sur le plan économique, qui est mon angle d’analyse dans cet article, je n’en trouve pas. Si certains lecteurs ou lectrices en connaissent, j’apprécierais qu’ils/elles m’ont font part dans leurs commentaires.
Au passif du bilan
Par contre, au niveau du passif du bilan de cette loi, la liste est, malheureusement pour les citoyens et l’économie de ce pays, bien longue au point que je ne sais pas par où commencer.
En tant qu’universitaire, spécialiste en économie monétaire, je commencerais par les contradictions flagrantes entre certaines des dispositions de cette loi et ce que j’ai personnellement et surtout mes collègues spécialistes en droit commercial ont enseigné pendant des années à leurs étudiants en licence de sciences économiques et de gestion.
En effet, selon tous les manuels universitaires d’économie monétaire et de droit commercial, le chèque constitue un moyen de paiement «à vue», ce qui veut dire que sa simple signature libère le tireur (le débiteur) de sa dette envers le tiré (le créancier), exactement comme s’il l’a payé en espèces. Dans ce sens, toutes les dispositions de la nouvelle loi qui limitent le montant d’un chèque à 30 000 dinars, la durée de validité d’un chéquier à six mois, ou l’obligation qu’il soit barré sont contraires à l’esprit et à la lettre du droit commercial. C’est à se demander si aucun de cette trentaine de députés qui ont élaboré cette loi n’a une licence en sciences économiques ou en droit commercial ou en gestion ou qu’il en a une, maïs qu’il a oublié tout ce qu’il a appris sur les bancs de l’université.
Le recours au paiement par traite
Toujours sur le même thème de la conformité ou plutôt de la non-conformité des dispositions de cette nouvelle loi au droit commercial, je mentionnerais le recours aux effets de commerce, comme moyen de paiement, alternatif aux chèques.
En effet, comme leur nom l’indique, les effets de commerce ou traites, sont un moyen de paiement entre commerçants seulement, c’est-à-dire à des personnes physiques ou morales qui disposent d’une patente pour exercer une activité économique ou sous la forme de SA ou SARL, etc. Du strict point de vue du droit commercial, les ménages n’ont pas le droit d’utiliser des traites pour régler leurs transactions et commettent un délit commercial s’ils le font.
D’autre part, l’échéance d’une traite est par définition de 90 jours et elle ne peut nullement être immédiatement encaissable et constituer ainsi un moyen de paiement à vue comme c’est le cas pour les chèques.
Exiger en plus que la signature de la traite soit légalisée à une municipalité, comme la plupart des commerçants et opérateurs économiques font depuis la publication de cette nouvelle loi sur les chèques, est le meilleur moyen d’empoisonner davantage la vie des citoyens et ralentir la vie économique qui l’est déjà assez (que faire durant les weekends et les jours fériés ?).
Quel intérêt d’avoir un compte courant bancaire ?
Il n’est pas nécessaire d’être titulaire d’une licence en sciences économiques ou en gestion pour savoir que la différence entre un compte courant et les autres types de compte (compte d’épargne, compte de dépôt à terme, bon de caisse, etc.) est que le premier n’est pas rémunéré mais permet en contrepartie la mobilisation de son solde créditeur à tout instant et sans condition grâce à un chéquier, alors que les autres types de compte sont rémunérés mais ne permettent pas à leurs titulaires la mobilisation à tout moment de leurs soldes créditeurs qui est soumise à des délais et des procédures particulières.
A partir du moment où la délivrance d’un chéquier n’est plus un droit acquis par le titulaire d’un compte courant bancaire, mais soumise à des conditions restrictives de montant plafond, de durée de validité du chéquier et d’enquête de solvabilité à mener par les banques, alors que son solde créditeur n’est pas rémunéré, qui aurait intérêt à ouvrir un compte courant ? Même ceux qui en disposent risquent de le fermer et transférer leurs dépôts dans un compte d’épargne ou de dépôt à terme, parce que, bloqués pour bloqués, leurs dépôts leur rapporteront au moins un revenu sous forme d’intérêts créditeurs.
Accroître les paiements en espèces
C’est la conséquence directe et la plus grave à mettre au passif du bilan de cette loi, et qui justifie, à mon sens, le qualificatif d’arrière-gardiste.
En effet, alors que partout dans le monde les paiements en espèces sont en voie de disparition au profit des paiements par carte de crédit ou par monnaie digitale ou même par smartphone, la conséquence directe de cette nouvelle loi est le renforcement des paiements en espèces auxquels les agents économiques n’auront pas d’autres choix que d’y recourir pour payer leurs transactions surtout de montants importants qui sont fréquentes dans certaines activités économiques et commerciales (matériaux de constructions, électroménagers, etc.)
Nos valeureux députés semblent ignorer que, selon une étude réalisée récemment par l’OCDE, seuls 35% des Tunisiens disposent d’un compte courant bancaire et seraient donc en mesure de régler leurs transactions par des virements bancaire, et que selon une autre étude réalisée par Fitch Solutions, seuls 15% des Tunisiens disposent d’une carte de retrait bancaire. Comment vont-ils faire pour régler leurs transactions sans être obligés de transporter dans des sacs quand ce n’est pas dans des valises des sommes importantes en espèces?
Impact social sur les ménages à faibles et moyens revenus
Dans un contexte de chômage massif et de baisse du pouvoir d’achat à cause de la persistance d’une une inflation élevée, cette nouvelle loi va priver les ménages à faibles revenus et même à revenus moyens des facilités de paiement par plusieurs chèques antidatés pour faire face à des dépenses exceptionnelles et quelquefois imprévisibles. Comment va faire le chef de famille qui a besoin d’acheter un frigo ou une voiture qu’il ne peut payer que par des paiements échelonnés sur plusieurs mois? Pire, que va faire le malade qui doit subir en urgence une opération chirurgicale sachant que les cliniques n’admettront plus, à moins de payer cash en espèces ou par virement, ou par traite ou par carte bancaire ou par chèque immédiatement encaissable, des montants souvent très importants et qui dépassent même quelquefois le plafond de 30000 dinars fixé par la nouvelle loi?
L’alternative à cette loi : le chèque certifié
Au lieu de promulguer cette nouvelle loi, d’élaborer une plateforme électronique dont le fonctionnement sera douteux, de mettre en dangers des centaines de milliers de familles de commerçants dont le commerce ne sera plus rentable sans des facilités de paiement par des chèques antidatés et réduire drastiquement la capacité de paiement de millions de ménages, avec toutes les conséquences économiques et sociales que j’on devine, nos législateurs en herbe auraient mieux fait de promulguer une loi d’une seule phrase : Tous les chèques doivent être certifiés à partir d’un tel montant !
C’est quand même extraordinaire et navrant qu’aucun d’entre eux n’a pensé à ce moyen simple et efficace de lutte contre l’émission de chèques sans provision, qui a fait ses preuves et qu’il suffisait de généraliser au moins au-delà d’un montant minimum et pour certaines activités jugées spéculatives !
En conclusion du lourd bilan coûts-avantages de cette nouvelle loi sur les chèques et en termes de proverbes populaires, que plus je vieillis plus j’adore parce que je trouve qu’ils expriment bien la sagesse de nos ancêtres, j’hésite entre ce proverbe et celui qui dit «apprendre la coiffure sur le tête des orphelins» pour qualifier le texte de cette loi et la compétence des députés qui l’ont élaborée.
Finalement, j’ai décidé de mettre les deux proverbes, en laissant le soin aux lecteurs et lectrices d’apprécier lequel est selon eux/elles est le plus illustratif des conséquences de cette loi catastrophique de tous les points de vue. J’apprécierais d’ailleurs si certain(e)s lecteur(ce)s me fassent part dans leurs commentaires d’autres proverbes populaires que cette loi leur inspire, histoire d’enrichir ma «bibliothèque» en la matière.
Adaptation des lois et gouvernance économique
Sur un ton plus sérieux, cette loi confirme que le développement économique n’est pas une affaire de dotations en ressources naturelles et humaines mais de capacité de gestion, d’adaptation des lois et de gouvernance économique avant tout.
Des pays africains qui ne disposent pas davantage de ressources humaines et matérielles que nous, tels que le Sénégal ou le Rwanda ou la Côte d’Ivoire ou même la petite Gambie (1,5 millions d’habitants), arrivent à réaliser des taux de croissance économique de l’ordre de 5% ou même 7%, alors que notre pays a réalisé un taux négatif de -1,8% entre 2012 et 2021 et qui oscille depuis entre 1% et 2% (1,6% attendus pour 2024: selon la Banque Mondiale.)
Ainsi vogue le bateau, nommé «Tunisie», dont le naufrage n’est plus à mon avis pour longtemps, au grand dam des nouvelles générations à qui ma génération lègue une économie criblée de dette (environ 80% du PIB) et au bord de la faillite et qui n’auront pas d’autres perspectives que d’émigrer légalement ou illégalement, par avion, par bateau ou même à pied s’il leur faut, pour fuir ce pays où ils sont nés et où sont enterrés leurs ancêtres.
Le projet «Startups et PME Innovantes» organise un roadshow régional qui s’arrêtera dans plusieurs villes tunisiennes en vue de sensibiliser les entrepreneurs, PME et startups aux opportunités offertes par le projet pour dynamiser l’écosystème entrepreneurial dans les régions.
Ce projet est financé par la Banque mondiale (BM) et mis en œuvre par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) en partenariat avec Smart Capital.
Le roadshow passera par Bizerte (30 janvier 2025), Kairouan (5 février), Sfax (13 février) et Gabès (14 février).
Ces rencontres ont pour objectif de présenter les différentes initiatives du projet, qui bénéficie d’un financement de la BM de 75 millions de dollars, pour soutenir les startups et PME innovantes à travers le pays.
Ce programme propose un accompagnement, des financements et des ressources destinés à renforcer la compétitivité et l’innovation dans l’écosystème entrepreneurial tunisien.
Le roadshow offrira également des sessions de réseautage, permettant d’échanger sur les défis et opportunités et de découvrir les mécanismes de financement disponibles.
L’objectif global est de catalyser l’innovation, de stimuler une croissance durable, et de contribuer à la création d’emplois tout en renforçant la compétitivité des startups tunisiennes à l’échelle régionale et internationale.
Une occasion unique d’explorer les perspectives de développement à long terme, de créer des synergies et de collaborer avec des experts et acteurs clés de l’écosystème entrepreneurial et de l’innovation en Tunisie.
Une rencontre intitulée «Le calvaire de l’absence : Paroles des proches des détenu·e·s politiques et d’opinion en Tunisie» se tiendra vendredi 31 janvier 2025, de 19h à 21h30, au CICP (21 ter rue Voltaire, 75011 Paris).
Les organisateurs veulent, disent-ils, «briser le silence» en donnant la parole aux familles et proches des détenu·e·s politiques et d’opinion en Tunisie.
«Des membres des familles des prisonnier·e·s partageront leurs témoignages, leurs luttes et leurs souffrances face à l’injustice et à l’arbitraire», lit-on dans le communiqué diffusé par les organisateurs. Ils ajoutent : «Ces familles vivent au quotidien un calvaire incommensurable, marquées par l’absence de leurs proches, la répression brutale et le silence des autorités».
Parmi les membres des familles des détenu·e·s politiques et d’opinion qui seront présents, on citera Omar Mestiri, époux de Sihem Ben Sedrine, Essia Mestiri, leur fille, Monia Brahim, épouse d’Abdelhamid Jelassi, Afet Mosbah, sœur de Saadia Mosbah, Elyes Chaouachi, fils de Ghazi Chaouachi, et Taieb Riahi, cousin de Sherifa Riahi.
Au cours de la rencontre sera présenté le 2e rapport du CRLDHT sur les droits humains en Tunisie (2021-2024) sur «les dérives autoritaires et les répressions quotidiennes subies par les citoyen·ne·s.»
La rencontre sera animée par le politologie Hatem Nafti.
Aussitôt revenu au pouvoir, le président américain Donald Trump a débloqué une livraison suspendue de 1800 bombes Mk-84 pesant chacune près de 1000 kg à Israël, annulé les sanctions contre les colons israéliens en Cisjordanie ayant commis des crimes et comme tout cela ne suffisait pas, il a annoncé dimanche 26 janvier sa volonté de voir les Palestiniens de Gaza déplacés en Égypte et en Jordanie et «de faire le nettoyage dans cette population». Comme si le génocide commis par Israël à Gaza ne suffisait pas au malheur de ce peuple spolié de sa terre et martyrisé depuis 1948 devant le regard complice d’un Occident barbare et qui affiche désormais ouvertement sa barbarie.
Imed Bahri
Les propos de Trump, on l’imagine, ont provoqué un profond malaise auprès des pays arabes concernés car ils peuvent avoir des conséquences graves sur la stabilité régionale.
L’éditorialiste du Washington Post, David Ignatius, a écrit que les déclarations du président américain sur le «nettoyage» et «la purge» de Gaza et le transfert des Palestiniens vers l’Égypte et la Jordanie ont mis les nerfs des partenaires arabes des États-Unis à rude épreuve.
En faisant trop de propositions à la fois, Trump risque de saper ses bonnes idées par celles qui sont mauvaises. Il a commis sa première erreur majeure de politique étrangère samedi lorsqu’il a choqué les journalistes en leur disant qu’il voulait «nettoyer» Gaza de ses habitants et déplacer ces derniers en Jordanie et en Egypte.
Cette proposition était peut-être davantage l’expression d’une motivation personnelle que d’une politique planifiée. Cependant cette déclaration publique a stupéfié les dirigeants arabes modérés qui cherchaient à travailler avec lui. Car le transfert des Palestiniens déstabiliserait leurs gouvernements ainsi que toute la région, estime Ignatius, qui ajoute que Trump aime être un perturbateur mais ses dernières déclarations étaient comme lancer une bombe.
Un démolisseur à la Maison blanche
Un responsable arabe a émis l’hypothèse dimanche que le plan de Trump pourrait sembler refléter la pensée d’un promoteur immobilier plutôt qu’une initiative de politique étrangère. Le locataire de la Maison blanche a déclaré à propos de Gaza: «C’est un site en démolition en ce moment. Je préférerais m’associer à certains pays arabes et construire des logements dans un endroit différent où ils pourraient peut-être vivre en paix pour changer.»
Trump a fait ces remarques à bord d’Air Force One après un appel privé avec le roi Abdallah de Jordanie. Comme d’autres dirigeants étrangers, le monarque jordanien veut coopérer avec Trump mais il ne peut pas risquer de déstabiliser son pays avec des vagues de migrants.
La réaction des pays du Moyen-Orient a été rapide et très négative. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré que l’opposition de la Jordanie au déplacement des Palestiniens est ferme et ne changera pas. L’ambassade d’Égypte à Washington a réitéré les propos de l’ambassadeur Moaz Zahran en 2023 dans lesquels il avait déclaré: «L’Égypte ne fera partie d’aucune solution qui comprendrait le transfert de Palestiniens au Sinaï.»
Les partisans arabo-américains de Trump sont mécontents. «Nous rejetons catégoriquement la proposition du président de transférer les Palestiniens de Gaza apparemment par la force vers l’Egypte ou la Jordanie», a déclaré Bechara Bahbah, président de l’association Arabo-Américains pour Trump, et d’ajouter: «Nous n’avons pas besoin d’affirmations ou de déclarations farfelues concernant le sort des Palestiniens.»
Un cessez-le-feu fragile
Les propos désinvoltes de Trump sur le transfert des Palestiniens renforcent une tendance qui est évidente chez lui depuis son élection qui consiste à lancer des batailles inutiles sur ses thèmes favoris. Il a engagé un conflit avec son allié de l’Otan, le Danemark, au sujet du Groenland, a menacé de récupérer le canal de Panama et s’est moqué à plusieurs reprises du Canada en raison du déficit commercial des Etats-Unis avec ce pays.
Trump semble avoir oublié que la politique étrangère n’est pas une voie à sens unique, même les grandes puissances ont besoin d’amis. Ignatius affirme que saboter le Moyen-Orient est particulièrement imprudent aujourd’hui alors que la région tente de se remettre d’une guerre dévastatrice. Le cessez-le-feu à Gaza et la libération des détenus israéliens dont Trump se vante d’y avoir contribué sont de plus en plus fragiles car les Israéliens se rendent compte qu’ils n’ont pas réussi à établir une structure de gouvernement alternative à Gaza pour remplacer le Hamas.
Le cessez-le-feu au Liban, autre clé de la stabilité future de la région, est également menacé car Israël ne s’est pas encore retiré du sud et l’armée libanaise n’a pas encore totalement pris le relais du Hezbollah. Si cet accord échoue, le Liban en paiera le prix mais Israël le paiera également compte tenu des troubles en cours au nord de sa frontière.
Tout et n’importe quoi
Ignatius estime que les incendies allumés par le président Trump dans la région réduisent sa capacité à éteindre ceux qui y font rage. En tant que président qui valorise son indépendance dans ses prises de décision, il risque de se rendre prisonnier de l’aile la plus extrême et la plus à droite de la politique israélienne qui a applaudi et salué ses déclarations sur le transfert forcé des Palestiniens.
Ces propos révèlent un thème sont tenus après une première semaine frénétique d’ordres, de purges et d’interdictions. Avec la lave qu’il crache dans toutes les directions, Trump déclenche plus de batailles qu’il ne pourra en arrêter. La première chose à faire dans une guerre est généralement de concentrer le feu plutôt que de le disperser puis d’essayer d’atteindre les objectifs escomptés.
Trump a de bonnes idées en matière de politique étrangère notamment pour mettre fin à la guerre en Ukraine cependant il met en péril ses bonnes idées en proposant un tas de mauvaises idées avec une approche floue ce qui donne l’impression qu’il mélange tout ça, partout et en même temps. Une impression qu’il fait tout et n’importe quoi.