Mohamed Amrani, représentant de l’AFO pour l’Afrique du Nord à Tunis, souligne l’urgence d’améliorer la durabilité des systèmes gouvernementaux face à une crise alimentaire croissante. Actuellement, environ 80 millions de personnes souffrent de la faim, exacerbée par des événements récents tels que la pandémie de Covid-19 et la crise en Ukraine.
La situation est alarmante. C’est ce qui ressort de l’atelier régional intitulé « Financement de la transformation des systèmes agroalimentaires » qui se tient du 20 au 23 janvier 2025 à Tunis, organisé par le Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord.
Ainsi les pertes économiques mondiales liées aux dégâts environnementaux et aux dépenses de santé s’élèvent à 5000 milliards de dollars par an. Il est impératif d’adopter des systèmes alimentaires plus durables qui prennent en compte la nutrition et la qualité des aliments tout au long de la chaîne, depuis la production jusqu’à la consommation.
De ce fait, Mohamed Amrani met en avant le rôle crucial du financement des projets agroalimentaires pour favoriser l’inclusion des jeunes et des femmes dans la région MENA. Les investissements doivent être inclusifs et responsables, garantissant que les bénéfices profitent aux communautés locales. Cela implique une approche intégrée qui couvre toute la chaîne de valeur alimentaire.
Il existe plusieurs contraintes à surmonter pour assurer ces financements dans certaines régions. La première étape consiste à rationaliser les ressources existantes tout en explorant de nouvelles possibilités de financement. Actuellement, les investissements agricoles dans le Maghreb représentent moins de 3 % du PIB, alors qu’un objectif de 10 % est nécessaire pour soutenir un développement durable.
La souveraineté alimentaire ne se résume pas à l’autosuffisance
La souveraineté alimentaire ne se résume pas à l’autosuffisance ; elle doit également prendre en compte les importations nécessaires pour maintenir un système alimentaire viable. Il est essentiel que les petits producteurs soient soutenus afin qu’ils puissent survivre face aux défis mondiaux.
En ce qui concerne l’agenda 2030 et les objectifs de développement durable (ODD), Amrani avertit que si nous continuons sur cette trajectoire, nous ne parviendrons pas à atteindre nos objectifs. Il reste cinq ans pour agir efficacement, ce qui nécessite des choix politiques audacieux et une accélération des investissements.
« L’IA peut aider à réduire les gaspillages au niveau des marchés et des foyers »
Enfin, Mohamed Amrani évoque le potentiel des approches innovantes, notamment l’intelligence artificielle (IA), qui pourrait jouer un rôle majeur dans la transformation agroalimentaire. L’IA peut aider à réduire les gaspillages au niveau des marchés et des foyers, contribuant ainsi à une meilleure efficacité du système alimentaire.
En somme, pour atteindre un développement durable en Tunisie et dans toute la région MENA, il est crucial d’intégrer des stratégies responsables et inclusives tout en mobilisant les ressources nécessaires pour faire face aux défis actuels.
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