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La Tunisie face aux perturbations du marché mondial de l’huile d’olive

Le salut oléicole de la Tunisie réside dans les perspectives très favorables de la consommation de l’huile d’olive qui pourrait atteindre, selon certaines évaluations du marché d’exportation, 30 milliards d’euros à l’horizon de 2030 dans une stabilisation de la conjoncture mondiale.

Salem Fourati *

Les observateurs ont été attentifs aux très nombreuses déclarations de citoyens, d’experts et de moins experts pour mettre en relief l’importance de la campagne oléicole 2024/2025 spéculant sur des chiffres toute tendance.

Les divers médias ont été au rendez vous et cela se comprend pour tous du fait de l’importance du secteur de l’huile d’olive dans l’économie nationale et particulièrement ses revenus en devises dont le pays a bien besoin.

Il s’en est suivi des déclarations de responsables relatives aux prix au niveau par le biais de communiqués officiels fixant le prix de vente pour la campagne 24/25 entre 18 et 22 dinars le litre alors que certains professionnels (Synagri) déclaraient début octobre 2024 que l’huile d’olive pourrait être commercialisée à 10 dinars.

Les informations de toute part au sujet de la campagne exceptionnelle de 340 000 tonnes d’huile d’olive, conjuguées aux autres spéculations sur les prix ont eu leur résonance dans les milieux professionnels à l’étranger qui auraient acheté à 3 euros de l’huile d’olive vierge extra tunisienne (vente en vrac, exportation en gros, usine) ce qui n’a pas servi les intérêts de la Tunisie.

Baisse des prix sur le marché mondial

En effet, sur le marché international, les transactions effectuées durant la semaine 2/8 décembre 24 laissaient apparaître des prix de vente de 4,13 euros pour la Tunisie pour l’huile d’olive vierge extra; 5,18 pour l’Espagne; 8,59 pour l’Italie.

On doit reconnaître en tout état de cause que la baisse des prix revêt un caractère mondial mais pas inférieur à 10 euros le litre à la consommation.

Il est à préciser que le prix à la production en Tunisie se situait pour l’agriculteur au début de la présente campagne pour l’huile d’olive vierge extra entre 8 à 10 dinars auquel s’ajoutaient les frais de transformation par l’oléifacteur et son bénéfice!

Ce qui devrait retenir notre démarche et l’approche de commercialisation à l’export de notre huile d’olive c’est que dans la conjoncture mondiale actuelle, les opérateurs qui accaparent le marché mondial sont l’Espagne et l’Italie et qui sont les principaux producteurs et les plus grands consommateurs et exportateurs.

Il pourrait arriver, comme c’était le cas de l’Espagne qui a vu sa production réduite substantiellement en raison de deux années de sécheresse ayant réduit d’un million de tonnes ses campagnes, alors que ce pays assurait près de 50% de la production mondiale. Enfin, pour l’Espagne, la suppression en juillet dernier de la TVA sur l’huile d’olive est significative pour la fixation des prix à la consommation.

L’Italie et l’Espagne ont instauré depuis plusieurs décennies des circuits et des réseaux de commercialisation de leur huile conditionnée à l’international ce qui a créé des réseaux et des habitudes de consommation stabilisés.

On devrait préciser que les qualités organiques de notre huile est essentielle aux mixages avec les huiles de ces deux pays ce qui donne une valorisation de la qualité au niveau du goût et de l’odeur.

Pour un meilleur ancrage dans le marché mondial

Il est vrai que notre pays a déployé des efforts appréciables au niveau du conditionnement de notre huile ce qui lui a permis de faire passer l’export de l’huile conditionnée à environ 15% des exportations totales de ce produit ce qui n’est pas négligeable s’agissant de marchés nouveaux ou plutôt de clients particuliers eu égard les bienfaits de plus en plus reconnus aux huiles biologiques et de qualité.

Quelle stratégie devrions-nous adopter pour un ancrage plus substantiel dans le marché mondial ?

1- La maîtrise des prix est essentielle pour l’avenir de l’huile d’olive tunisienne. Alors même que nos prix à la production se présentent comme inférieurs à ceux de certains pays européens ce qui résulte d’une conjoncture particulière, ils connaîtront une progression lente mais certaine au bénéfice de l’agriculteur ce qui encouragera le développement de notre oliveraie. Les prix à l’export devront se situer à un niveau légèrement inférieur à ceux européens pour éviter un dérèglement du marché qui serait préjudiciable à tous les opérateurs !

2- Cette maîtrise n’est possible chez nous qu’à la condition essentielle de la disponibilité d’une structure officielle de stabilisation du marché qui interviendra au besoin dans la collecte à un prix de référence fixé à chaque campagne des huiles qui n’ont pas trouvé preneur sur le marché et ce à condition de stockage et de ristourne éventuelle. Ladite structure devra avoir une certaine souplesse dans la gestion surtout en développant une prompte réactivité et une capacité financière de soutien à la campagne,

3- A titre palliatif et pour soutenir la stabilisation du marché, il est indiqué voire nécessaire de fixer un prix plancher à l’export par référence aux qualités d’extra vierge, vierge et lampante, ce qui permet d’éviter les transactions douteuses.

Pour un partenariat tuniso-européen plus substantiel

Alors même que l’Union européenne (UE) se présente comme notre premier importateur avec 176 051 tonnes pour la campagne 22/23 pour une valeur de 827,4 millions d’euros (selon statistiques UE) en grande partie en vrac, il apparaît indiqué d’encourager la création de partenariat tuniso-européen axé sur la commercialisation de l’huile conditionnée tout en maintenant la politique menée par le Cepex et les autres structures de promotion.

La baisse des prix dans certains pays importateurs, surtout pour la période allant d’octobre 2023 à mars 2024 au niveau international et qui s’est traduite par une réduction des échanges intracommunautaires, n’a pas empêché une augmentation des importations extracommunautaires au niveau de 36% pour la campagne 22/23.

Notre salut réside dans les perspectives très favorables de la consommation de l’huile d’olive pouvant, selon certaines évaluations du marché à l’export, le niveau de 30 milliards d’euros à l’horizon de 2030 grâce à une stabilisation de la conjoncture mondiale.

Nous devrions laisser la voix aux experts et responsables et gérer avec une certaine discrétion certains atouts qui résultent de la nature complexe du marché international.

* Ancien président du Comité de Propagande du Conseil oléicole international.

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