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Eau souterraine du Sahara : l’Algérie partagera-t-elle un jour cette ressource vitale avec la Tunisie et la Libye ?

Eau SAHARAEn vertu d’un décret publié, fin novembre 2024,  dans le journal officiel algérien, le président Abdelmajid Tebboune a ratifié la convention, co-signée à Alger, le 24 avril 2024,  sur le mécanisme de concertation sur des eaux souterraines  partagées entre la Libye et la Tunisie.

Cette convention a été signée, le 24 avril 2024, lors de la première rencontre consultative des dirigeants des trois pays, les présidents Kais Saïed, Abdelmadjid Tebboune et Mohamed Younes Menfi.

Les eaux souterraines dont on parle ici sont ce que les hydrologues appellent en termes rébarbatifs, le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS). Il s’agit de la superposition de deux principales couches aquifères profondes : La formation du Continental Intercalaire -Albien-, la plus profonde, et celle du Complexe Terminal, un peu moins profonde.

      • Le potentiel [de la nappe albienne] est estimé à 50 000 milliards de mètres cubes, soit 100 mille fois la capacité de rétention du plus grand barrage de Tunisie.

Plus simplement, il s’agit, principalement, d’une nappe profonde dénommée la nappe albienne dont le potentiel est estimé à 50 000 milliards de mètres cubes, soit 100 mille fois la capacité de rétention du plus grand barrage de Tunisie Sidi Salem (550 millions de m3).

Ce système,composée en grande partie d’eau saumâtre, donc impropre à la consommation humaine sans dessalement, est la plus grande nappe d’eau souterraine au monde. Elle couvre une superficie souterraine de plus de un Million de km2 dont 70 % se trouvent en Algérie, 20% en Libye et 10% enTunisie.

La ratification n’a pas de valeur juridique

Les médias algériens et tunisiens, qui ont reproduit l’information sans aucune précision et sans aucun background, ont omis de rappeler que cette ratification de la convention par le chef de l’Etat algérien n’a pas de valeur juridique contraignante. Elle n’est ni une signature impliquant l’Etat algérien ni une adhésion. C’est tout juste une validation de principe.

C’est pour dire que, jusqu’à ce jour, c’est toujours le statuquo. Et cela se comprend. L’Algérie qui gère 70% de la nappe albienne et en tire le meilleur profit en garantissant à sa population une bonne partie de son autosuffisance alimentaire (légumineuses, céréales…) ne serait pas dispsoée, du jour au lendemain, à partager cette manne du ciel avec ses voisins libyen et tunisien.

Les tunisiens ne se font pas d’illusions

Du côté tunisien, les autorités en charge du dossier de l’eau ne se font pas d’illusions.

Il y a une année, Webmanagercenter avait  interpellé deux responsables sur cette question, un ancien administratif et une scientifique, en l’occurrence, Abdallah Rabhi, ancien secrétaire d’Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche au ministère de l’Agriculture, actuellement consultant indépendant et Raoudha Gafrej, docteur en sciences de la Terre, universitaire et consultante.

      • La seule manière pour la Tunisie d’augmenter sa part dans cette nappe est de conclure une convention avec l’Algérie.

Rabhi avait indiqué à l’époque que « tout ce qu’on raconte sur cette nappe, c’est du bluff. En fait, Il y a deux nappes : le complexe terminal et le continental intercalaire. Elles sont (les eaux) bien réparties entre les trois pays et régies par le biais du Système aquifère du Sahara Septentrional (SAS), gestion commune d’un bassin transfrontière. En Tunisie, on l’a exploitée pour créer les palmeraies de Rejim Maatoug».

Selon lui, si cette nappe était aussi importante, la Tunisie l’aurait exploitée depuis longtemps pour laver le phosphate.

Tout dépendra de la bonne volonté de l’Algérie

Pour sa part, Raoudha Gafrej a estimé que la seule manière pour la Tunisie d’augmenter sa part dans cette nappe est de conclure une convention avec l’Algérie et de profiter à cette fin de l’évolution de la réglementation internationale.

Elle rappelle à ce propos que la Conférence de l’ONU sur l’eau (22-24 mars 2023, à New York) s’est engagée à considérer l’eau comme un patrimoine mondial et à promouvoir la solidarité régionale entre pays voisins.

Concrètement, la Conférence a plaidé pour la complémentarité entre pays voisins et suggéré des spécialisations agricoles et des productions agricoles complémentaires.

Morale de l’histoire : tout dépendra de la bonne volonté de l’Algérie et de la solidité de sa foi dans les relations géostratégiques de bon voisinage avec la Tunisie. Pour le moment, avec une simple ratification sans valeur juridique nous sommes hélas loin du compte.

Abou SARRA

En bref —————————————

Le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS)

  • Convention : Signée le 24 avril 2024 à Alger par les dirigeants de la Tunisie, de l’Algérie et de la Libye, puis ratifiée en novembre 2024 par l’Algérie. Cependant, cette ratification n’a pas de valeur juridique contraignante.
  • Le SASS : Plus grande nappe d’eau souterraine au monde (1 million km²), couvrant 70 % en Algérie, 20 % en Libye et 10 % en Tunisie.
  • Chiffres clés : Potentiel estimé à 50 000 milliards de m³ d’eau, soit 100 000 fois la capacité du barrage tunisien Sidi Salem.
  • Défis : Eau saumâtre nécessitant dessalement et gestion transfrontalière complexe.
  • Position tunisienne : Augmenter sa part dépendra d’une convention bilatérale avec l’Algérie et d’une évolution des accords internationaux.

Pluie : Records des précipitations dans certaines régions

OragesAprès plusieurs années de sécheresse, la Tunisie a connu une amélioration notable de sa situation hydrique durant la saison agricole 2024-2025. Des précipitations importantes, supérieures à la moyenne dans de nombreuses régions (Cap Bon, Sahel, sud-ouest et sud-est), ont été enregistrées, bénéficiant grandement aux terres agricoles, aux grandes cultures et aux vergers. Certaines régions ont même vu leurs précipitations atteindre 2,5 fois la moyenne annuelle entre fin août et décembre.

Cependant, le nord et le nord-ouest ont connu des déficits pluviométriques, surtout en septembre, octobre et mi-novembre. Heureusement, le mois de décembre a apporté des précipitations significatives, dépassant les 25 mm, améliorant ainsi les apports aux barrages.

Grâce à ces pluies, les réserves d’eau des barrages ont augmenté de plus de 90 millions de mètres cubes en décembre, portant le taux de remplissage global à 22,4 % à la fin de l’année, contre 19,5 % auparavant. Au 26 décembre, les réserves atteignaient environ 526 millions de mètres cubes, offrant un certain répit et l’espoir d’un été moins difficile.

Malgré cette amélioration, des inquiétudes persistent, notamment concernant le barrage de Sidi Salem, le plus grand du pays, dont le taux de remplissage reste historiquement bas (15,2 %). Pour maintenir son niveau fonctionnel, des transferts d’eau depuis le barrage de Bou Hertma ont été nécessaires.

En bref :

  • Précipitations abondantes : Jusqu’à 2,5 fois la moyenne dans certaines régions.
  • Taux de remplissage global : 22,4 % au 26 décembre 2024.
  • Défis persistants : Niveau historiquement bas au barrage de Sidi Salem (15,2 %).
  • Gestion stratégique : Optimisation et prudence pour prévenir de futurs stress hydriques.

Situation des barrages au 27 décembre 2024

  • Stock à cette date : 526 millions de m3
  • Moyenne des 3 dernières années : 727 millions de m3
  • Stocks Barrages à cette date (en %)
    • Sidi Salem : 15%
    • Sidi Saad : 16%
    • Sidi El Barrak : 37%
    • Mellegue : 23%
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