Tunisie Valeurs a publié le dernier numéro de sa Revue de recherches pour 2024, un ouvrage de 131 pages qui analyse la conjoncture économique, dresse le bilan de l’année et offre des perspectives pour le marché d’actions. La revue aborde des sujets d’actualité internationale, tels que la flambée de l’or, l’intelligence artificielle générative et les cryptomonnaies, tout en consacrant des notes de recherche aux secteurs bancaire et de l’assurance, avec des mises à jour sur des sociétés tunisiennes.
Elle propose également une stratégie d’investissement accompagnée d’un portefeuille recommandé. Filiale du groupe Biat, Tunisie Valeurs, créée en 1991, est un acteur clé de la gestion d’actifs, de l’intermédiation en Bourse, de l’ingénierie financière et des Valeurs du Trésor, avec un réseau de neuf agences et une équipe de 120 professionnels.
Croissance économique atone
Le PIB a enregistré une croissance modeste de 0,2% en 2023, atteignant son niveau le plus bas depuis 2011 (hors pandémie), avec une légère amélioration à 0,6% au premier semestre 2024, restant néanmoins inférieur aux niveaux de fin 2019. La reprise a été marquée par une forte croissance du secteur agricole (+2,6% au T1 et +8,3% au T2 2024) après une baisse historique en 2023, bien que fragilisée par le stress hydrique. Les services ont connu une croissance modérée (+1,4% au T2 2024), tandis que les secteurs industriels et de la construction ont subi des contractions notables (-3% et -3,5% au T2 2024). Les secteurs non manufacturiers, en particulier l’extraction de pétrole et de gaz naturel, ont continué de décliner fortement (-14,4% au T2 2024), et la production de phosphate est restée insuffisante, limitant les revenus en devises. Le secteur des transports, quant à lui, affiche une reprise timide (+1,2% au T2 2024).
Inflation et pouvoir d’achat
L’inflation globale a poursuivi une baisse progressive, atteignant 6,7% en septembre 2024 contre 7,8% en janvier 2024, malgré une hausse soutenue des prix des produits alimentaires libres (+10,2% sur un an). L’inflation sous-jacente s’est établie à 6,2% en septembre 2024, reflétant des pressions persistantes. Cette désinflation limitée s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’augmentation des coûts salariaux, les pressions sur les capacités de production dans le secteur agricole, ainsi que des marges bénéficiaires et des coûts d’importation élevés.
Balance commerciale et commerce extérieur
Les exportations ont enregistré une croissance limitée de +2,1% au troisième trimestre 2024, principalement soutenue par les performances des secteurs agroalimentaire et énergétique. Cependant, cette progression a été entravée par le recul des exportations des secteurs textile et minier, qui peinent à retrouver leur dynamisme. Du côté des importations, une quasi-stagnation a été observée (+0,8%), marquée par une augmentation des achats de biens de consommation et de produits énergétiques. Ces évolutions ont permis une réduction du déficit commercial, qui s’est établi à -13,5 milliards de dinars, traduisant une légère amélioration de la balance commerciale globale. Toutefois, cette embellie a été ternie par une aggravation du déficit énergétique, exacerbée par une hausse des importations de produits énergétiques et une production nationale insuffisante, notamment dans le secteur des hydrocarbures.
Finances publiques et dette
Les recettes fiscales ont enregistré une augmentation notable de 13% à fin juin 2024, traduisant une meilleure mobilisation des ressources publiques. En parallèle, les dépenses ont progressé à un rythme plus modéré de +5%, bien que l’exécution du budget accuse un retard significatif. La masse salariale demeure la principale composante des dépenses publiques, absorbant près de 50% des ressources collectées. Sur le plan de l’endettement, la dette publique totale a atteint 139,9 milliards de dinars, en hausse de 13,5 milliards sur un an, reflétant une dépendance accrue au financement par emprunt. Cependant, le pays fait face à des difficultés croissantes pour accéder aux financements extérieurs, exacerbant les pressions sur les équilibres budgétaires.
La Tunisie fait face à une conjoncture économique fragile, marquée par une croissance stagnante, une inflation élevée, des déséquilibres extérieurs persistants et des finances publiques sous pression. Les perspectives à moyen terme restent incertaines, en raison des contraintes structurelles et des évolutions globales.
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