Le juge d’instruction auprès du Tribunal de première instance de Tunis a informé Dr Lotfi Mraihi, l’ancien candidat à la présidentielle de 2019, de la prolongation de sa détention préventive de 4 mois, rapporte Mosaïque, ce mercredi 25 décembre 2024.
Le président du Parti de l’Union populaire républicaine (UPR) est incarcéré depuisle 5 juillet 2024. Il avait fait l’objet d’un mandat de dépôtpour des accusations de blanchiment d’argent, de transfert illégal de biens à l’étranger et d’ouverture de comptes bancaires à l’étranger, sans autorisation de la Banque centrale.
Il est poursuivi pour d’autres affaires, notamment de soudoiement des électeurs.
Le doyen des juges d’instruction auprès du Tribunal de première instance de Tunis a décidé de prolonger, de 4 mois, la détention préventive de Dr Nadia Hellal, ancienne médecin à la prison de Mornaguia, durant la période où feu Dr Jilani Daboussi, ancien député, y était incarcéré, rapporte Mosaïque.
Dr Hellal est, quant à elle, incarcérée depuis le 1er mars 2024, en exécution d’un mandat de dépôt émis à son encontre, ainsi qu’à l’encontre d’un ancien cadre judiciaire à la Cour d’appel de Tunis et de deux dirigeants du mouvement Ennahdha, Dr Mondher Lounissi et Me Noureddine Bhiri.
Rappelons que Dr Jilani Daboussi est décédé à l’âge de 67 ans, quelques heures à peine après sa sortie de prison, où il était incarcéré entre octobre 2011 et mai 2014, dans des conditions que son fils, Sami Daboussi a qualifiées de catastrophiques, eu égard les maladies chroniques dont il souffrait, notamment une insuffisance rénale qui nécessitait de lourdes séances de dialyse.
Ali Abdi, Firas Kattoussi, Maroua Bouzayani, Amenallah Tissaoui et Raoua Tlili sont les lauréats du 13e référendum de l’Agence Tunis-Afrique presse (Tap) des meilleurs sportifs tunisiens de l’année 2024.
L’international tunisien, pensionnaire du club français de l’OGC Nice, Ali Abdi, a remporté le suffrage dédié au meilleur footballeur de l’année avec 543 points, devant le gardien de buts de l’Espérance sportive de Tunis, Amenallah Memmiche (332 points), et l’ailier droit du Zamalek d’Egypte, Hamza Mathlouthi (3e, 319 points).
Né en 1993 à Sfax, Ali Abdi (1m83) est l’un des meilleurs arrière gauche de la Ligue 1 française. International tunisien, il a joué 323 matches et marqué 4 buts. Avec l’OGC Nice qu’il a rejoint cette saison, il a joué 14 matches, marqué 3 buts et donné 3 passes décisives. C’est le footballeur tunisien le plus régulier depuis le début de la saison.
Dans la catégorie du meilleur sportif, le taekwondoïste, Firas Kattoussi, médaillé d’or aux deniers JO de Paris, a pris la pole position à la faveur des 561 points récoltés, devançant l’escrimeur Fares Ferjani (2e, 395 points) et l’autre taekwondoïste Mohamed Khalil Jendoubi (3e, 388 points).
Pour sa part, l’athlète spécialiste du 3000m steeple, Maroua Bouzayani a été sacrée meilleure sportive du référendum de la Tap avec 441 points, devant la taekwondoiste Cheima Toumi (2e, 398) et la boxeuse Oumaima Bedioui (3e, 323 points).
Dans la catégorie du meilleur sportif paralympique en 2024, la palme d’or est revenue à Amenallah Missaoui grâce à ses 324 points récoltés.
Walid Ktila est, pour sa part, arrivé deuxième avec 298, tandis que le para-marathonien, Wajdi Boukhili est 3e avec 293 points.
Par ailleurs, Raoua Tlili a, une fois encore, été sacrée meilleure sportive paralympiques au référendum de la TAP en récoltant 452 points, devant Maroua Brahmi (2e, 384 points) et Raja Jebabli (3e, 267 points).
A noter que 101 journalistes et sportifs, 10 entraineurs de clubs de la Ligue 1 et 12 directeurs techniques de différentes fédérations sportives ont participé au 13e referendum de la Tap.
Consacré au cinéma documentaire, le festival international du film MyFirstDoc est à sa septième édition qui se tient du 24 au 27 décembre 2024 à Tunis, Bizerte, Djerba, Gabès et Nabeul, avec une sélection de 22 documentaires réalisés par des auteurs émergents venus de 15 pays.
Organisé par l’Association tunisienne du film documentaire, le festival propose une programmation diversifiée composée de films de réalisateurs de Tunisie, Algérie, Bahreïn, Belgique, Egypte, Etats-Unis d’Amérique, France, Japon, Jordanie, Liban, Macédoine, Maroc, Russie, Serbie, Suisse et Yémen avec une programmation qui invite le public à une promenade sensorielle, culturelle et patrimoniale.
De nombreux documentaires sélectionnés mettent en avant la passion des animaux et les liens exceptionnels que les humains développent avec eux. Certains documentaires abordent la nouvelle précarité économique et culturelle des immigrés qui ont quitté ou ont été expulsés de leur pays.
Une vidéo devenue virale faisant la promotion du tourisme local en Tunisie suscite un vif débat après avoir placé les Tunisiens face au dilemme entre l’amour de la patrie et la nécessité d’émigrer. Un vrai dilemme, pas vraiment, un faux débat, sans doute.
Imed Bahri
La vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, réalisée dans le cadre d’une campagne promotionnelle du ministère du Tourisme baptisée «Touneslik», a totalisé plus de 3 millions de vues en quelques jours seulement mais a également suscité de nombreux commentaires, notamment négatifs.
En fait, la vidéo a laissé particulièrement perplexes les Tunisiens vivant à l’étranger, y compris ceux qui ont dû quitter la Tunisie à contrecœur, estimant qu’elle stigmatise le fait de quitter leur pays et présente une réalité édulcorée dans laquelle se cache un message qualifié de «populiste».
Dans la vidéo, Fatma Bououn, créatrice de contenu bien connue, représente une mère conduisant sa fille à l’hôtel. Avant la cérémonie de mariage, elle lui offre un pendentif qui présente le contour des frontières de la Tunisie, pendentif qui rappelle à la mariée son amour pour son pays à travers ses souvenirs de visites dans différentes régions. C’est pourquoi elle pose une condition à son mari avant de lui dire le oui fatidique : celle de ne jamais quitter la Tunisie.
Ceux qui partent n’ont pas toujours tort
Sur les réseaux sociaux, la vidéo de Bououn a également été moquée pour sa naïveté. Partir ou rester est une question très sensible en Tunisie, où plus du dixième de la population réside à l’étranger et où les flux d’émigration se sont intensifiés au cours de la dernière décennie, notamment parmi les ingénieurs, les médecins et les technologues, très convoités à l’étranger et, surtout, pour fuir des conditions professionnelles et de vie en-deçà de leurs ambitions. Pour cette raison, de nombreux internautes ont préféré réagir avec humour ou de manière satirique à une vidéo qui semble en totale déconnexion par rapport à la réalité.
Ce débat nous semble très mal posé, car ceux qui quittent leur pays pour aller monnayer leur talent ailleurs ou pour trouver de meilleures conditions pour s’épanouir sur les plans personnel et professionnel ne manquent de patriotisme. La preuve, l’écrasante majorité d’entre eux gardent des liens très forts avec leur pays où la plupart rentrent souvent en cours d’année pour rendre visite à leurs parents et proches. D’ailleurs, la première source de rentrées de devises en Tunisie ce sont les envois des expatriés : elles devancent les recettes du tourisme ou des exportations.
C’est ton pays qui doit le persuader de rester
Dans ce contexte, nous ne résistons pas à la tentation de reproduire, ci-dessous, cette phrase de l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf extraite de son essai ‘‘Les désorientés’’ : «Tout homme a le droit de partir, c’est son pays qui doit le persuader de rester – quoi qu’en disent les politiques grandiloquents. ‘‘Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays.’’ Facile à dire quand tu es milliardaire, et que tu viens d’être élu, à quarante-trois ans, président des États-Unis d’Amérique ! Mais lorsque dans ton pays, tu ne peux ni travailler, ni te soigner, ni te loger, ni t’instruire, ni voter librement, ni exprimer ton opinion, ni même circuler dans les rues à ta guise, que vaut l’adage de John F. Kennedy? Pas grand-chose !«C’est d’abord à ton pays de tenir, envers toi, un certain nombre d’engagements. Que t’y sois considéré comme un citoyen à part entière, que tu n’y subisses ni oppression, ni discrimination, ni privations indues. Ton pays et ses dirigeants ont l’obligation de t’assurer cela ; sinon tu ne leur dois rien. Ni attachement au sol, ni salut au drapeau. Le pays où tu peux vivre la tête haute, tu lui donnes tout, tu lui sacrifies tout, même ta propre vie; celui où tu dois vivre la tête basse, tu ne lui donnes rien. Qu’il s’agisse de ton pays d’accueil ou de ton pays d’origine. La magnanimité appelle la magnanimité, l’indifférence appelle l’indifférence, et le mépris appelle le mépris. Telle est la charte des êtres libres et, pour la part, je n’en reconnais aucune autre.»
Le gouvernement a publié une série de mesures inscrites dans la visant à encourager les jeunes entrepreneurs à créer des projets, à lancer des startups et à accompagner les Tunisiens résidant à l’étranger.
Parmi ces mesures, l’octroi de 20 millions de dinars de prêts du Fonds de dépollution (Fodep), qui serviront à des prêts à moyen et long terme à taux réduits pour financer le démarrage et l’expansion de projets dans l’économie verte, bleue et circulaire.
Afin d’encourager la création de startups, le budget 2025 créera une ligne de 3 millions de dinars du Fonds national de l’emploi pour l’octroi de prêts sans intérêts aux promoteurs de startups en phase de démarrage, en donnant la priorité aux chômeurs doctorants.
Le budget prévoit également la signature de 98 000 nouveaux contrats en 2025 dans le cadre du Contrat d’initiation à la vie professionnelle (CIVP), doté d’un budget de 180 millions de dinars, ainsi que la poursuite du soutien au programme national pour l’entrepreneuriat et l’investissement féminins.
Pour les Tunisiens résidant à l’étranger, ces mesures concernent principalement la régularisation de la situation des véhicules, voitures et motos qui ont bénéficié du régime d’exonération totale pendant au moins deux ans après le retour définitif des expatriés et sont immatriculés dans la série R.S., en échange du paiement de 30% du montant des droits et taxes dus au moment de la régularisation.
Le budget 2025 prévoit également de régulariser la situation des camions et matériels importés ou acquis localement dans le cadre de la mise en œuvre ou de la participation à des projets initiés par des Tunisiens résidant à l’étranger, dont les déclarations ont été déposées auprès du fisc avant le 31 décembre 2024.
Il s’agit de la cessation des activités ou un changement dans la nature de l’activité déclarée et l’ajout d’une activité supplémentaire, sous réserve du paiement de 10% du montant des droits et taxes dus au moment de la régularisation, à condition que leur montant ne soit pas inférieur à 3 000 dinars par véhicule.
«Tout comme nous avons agi avec force contre les bras armés terroristes de l’axe du mal iranien à Gaza, au Liban et en Syrie, nous agirons contre les Houthis» : c’est par ces mots que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réagi à la frappe du groupe chiite yéménite Ansar Allah communément appelé les Houthis du Yémen qui a fait 16 blessés à Tel-Aviv. Lundi, Netanyahu a ordonné à l’armée israélienne de bombarder l’infrastructure du groupe chiite yéménite.
Imed Bahri
À l’heure où le Hezbollah sort épuisé d’une guerre contre Israël et que son état-major politique et militaire a été décimé et que le régime de Bachar Al-Assad, principal allié régional de la République islamique d’Iran, est tombé, il ne reste plus dans l’axe iranien que les milices chiites irakiennes qui se tiennent à l’écart et les Houthis au Yémen qui sont fortement attaqués par les États-Unis et Israël ces derniers temps et qui entendent réagir avec de plus en plus d’agressivité en ciblant à la fois l’intérieur israélien mais aussi l’armée américaine.
Le journal israélien Yedioth Ahronoth a estimé que l’incident de la destruction d’un avion de combat américain F-18 au-dessus de la mer Rouge la semaine dernière révèle l’ampleur du grand défi posé par les Houthis non seulement à Israël mais aussi aux États-Unis et à la communauté internationale.
Alors que les Houthis n’ont pas tardé à revendiquer la responsabilité de l’abattage de l’avion, Washington a déclaré qu’un navire de guerre américain l’avait abattu par erreur mais le journal israélien a rapporté que le Pentagone n’avait pas précisé si les tirs amis étaient directement liés aux combats en cours là-bas décrivant l’incident comme l’un des plus dangereux auxquels les forces américaines ont été exposées au Moyen-Orient.
Le journal israélien estime que la capacité de la coalition dirigée par les États-Unis à dissuader les Houthis est mise en doute après que la milice yéménite ait fait preuve de fermeté face aux frappes aériennes «ignorant» les graves souffrances des civils au Yémen.
Des mesures américaines insuffisantes
Le Yedioth Ahronoth rappelle que le sous-secrétaire américain à la Défense chargé de l’Acquisition et du Soutien, William LaPlante, avait averti le mois dernier que les Houthis étaient «devenus effrayants» et qu’il était «étonné par les technologies auxquelles ils ont désormais accès».
Selon le journal israélien, les attaques des Houthis contre Israël avec des missiles et des drones et contre des navires civils traversant la mer Rouge placent l’administration du président américain Joe Biden dans une position difficile car elles coïncident avec ses efforts de médiation pour mettre fin à la guerre intra-yéménite ainsi que le conflit saoudo-houthi. Biden avait retiré ce groupe de la liste américaine des organisations terroristes dès son entrée en fonction tandis que l’administration américaine a évité au cours de l’année écoulée de lancer des attaques directes et à grande échelle contre des cibles houthistes dans le but de maintenir les efforts diplomatiques et empêcher une escalade plus large dans la région.
Cependant, Washington a formé une coalition internationale visant à dissuader les opérations des Houthis en mer Rouge tandis qu’Israël a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme des mesures américaines insuffisantes contre la milice yéménite.
Le journal rapporte que l’armée israélienne a intercepté lundi un drone lancé depuis le Yémen mais qu’elle n’a pas réussi à intercepter deux missiles balistiques la semaine dernière.
Le Yedioth Ahronoth indique aussi qu’alors que les tensions continuent de monter, la possibilité que les États-Unis et leurs alliés intensifient leurs opérations militaires demeure d’autant plus que le président américain élu Donald Trump se prépare à prendre officiellement ses fonctions le mois prochain.
Evolution rapide des capacités des Houthis
Bien que le Wall Street Journal ait cité lundi un responsable militaire américain selon lequel la coalition avait abattu 450 drones lancés par les Houthis, le Yedioth Ahronoth confirme que les capacités technologiques possédées par les Houthis posent encore des défis majeurs comme en témoigne l’échec du système de défense antimissile israélien.
Un rapport de l’Onu publié en novembre a indiqué que «l’ampleur, la nature et la portée des transferts de divers équipements et technologies militaires fournis aux Houthis à partir de sources extérieures –y compris le soutien financier et la formation de leurs combattants– sont sans précédent».
Cette évolution rapide des capacités des Houthis a alarmé les analystes. Yedioth Ahronoth rapporte que Muhammad Al-Basha, un analyste de la sécurité au Moyen-Orient basé aux États-Unis, avait déclaré au site Internet Pacha Report en 2004 que les Houthis étaient un groupe assiégé se cachant dans les montagnes et que maintenant, ils poursuivent les porte-avions américains avec des missiles et des drones et les frappent à deux mille kilomètres du centre du Yémen.
D’autres analystes préviennent que ce changement de capacités pourrait s’intensifier si l’Iran accroît son soutien aux Houthis à l’heure où la République islamique face à des revers au Liban et en Syrie.
Même si les États-Unis accélèrent leurs opérations, les experts doutent de la possibilité de les dissuader. «Les Houthis ne se soucient pas de ce qu’ils perdent car ils veulent gagner et affronter les puissances mondiales», selon Osama Al-Rohani, directeur du Centre d’études stratégiques de Sanaa, un centre de recherche indépendant basé au Yémen.
Toutefois, ils ne sont pas non plus des naïfs et craignent que leur chef Abdelmalek Badreddine Al-Houthi ne subisse le sort funeste de Hassan Nasrallah et de Yahya Sinwar et l’ont donc caché dans une grotte dans les montagnes du nord du Yémen la fin de la semaine dernière.
Amin Maalouf ne fait pas dans le syncrétisme humaniste, vu comme étant une réflexion niaise, faible et romantique. Loin s’en faut ! Il ressort les spécificités de chaque culture, bien entendu on parle d’Orient et d’Occident, sans pour autant promouvoir la confrontation. C’est un travail d’orfèvrerie et de nuance fine qui rassure et qui castre toute envie d’opposition.
Sami Kouki
J’ai lu toute l’œuvre d’Amin Maalouf, enfin presque; il me manque juste un livret d’opéra, ‘‘Adriana Mater’’ que je n’ai pu acquérir. J’ai commencé le 24 septembre plus précisément. J’ai tout repris depuis le début, pour certains livres comme ‘‘Samarcande’’, ‘‘Les identités meurtrières’’ ou encore ‘‘Les jardins de lumière’’, je les ai relus. Je voulais enchaîner les livres du même auteur dans l’espoir de mieux cerner sa pensée, sans aucune déperdition.
L’œuvre d’Amin Maalouf est assez conséquente, et on peut en faire une taxinomie en quatre branches : les romans (essais) historiques; les essais; le Liban; et des romans d’anticipation.
Les romans historiques :
Les romans historiques de Maalouf, ne sont pas des contes, figés dans un moment précis, l’époque où leurs faits se déroulent, même s’il un formidable conteur. C’est une véritable matière à réflexion sur notre temps, un tremplin entre une période passée et un pendant qui ne peut en être détaché. C’est fait en douceur, avec de la magnanimité, loin de toute auto-flagellation ou de ressentiment mais sans tomber, pour autant dans le piège de la glorification niaise, chauvine et improductive.
Il nous pousse à regarder, à la fois avec un microscope, les évènements d’époque pour mieux les cerner et, avec un œil macroscopique, l’holisme de la marche d’histoire, sa répétition et ses attaches immuables. Il y a un côté structuraliste, Braudelien, chez Maalouf qu’on ne peut occulter.
– ‘‘Les jardins de lumière’’ (1991) : la vie de Mani, théologien du troisième siècle après J.-C., père de la doctrine manichéiste, conception qui admet le dualisme antagoniste d’un principe du bien et d’un principe du mal. Mani est un humaniste qui visa à réconcilier les religions de son temps. Le ton de l’œuvre de Maalouf est donné : une lutte intellectuelle contre la binarité (quand bien même le roman porte sur un personnage dont la vision est binaire et qu’on appelle, en psychologie tout délire dans lequel le malade voit le monde divisé en deux fractions qui s’affrontent à son sujet, manichéisme délirant). Une lutte contre l’essentialisme et le choc des cultures.
– ‘‘Les croisades vues par les arabes’’ (1983) : cet essai historique, très documenté, présente les croisades entamées en 1096 du point de vue oriental. De l’invasion, à l’occupation, la riposte, la victoire jusqu’à l’expulsion à la fin du treizième siècle. Maalouf analyse les enjeux politiques de l’époque, les luttes fratricides, la sauvagerie et l’anéantissement qui sont à mille lieues de l’image chevaleresque qu’on associe aux croisades.
– ‘‘Samarcande’’ (1988) : c’est l’orient du onzième siècle sous l’extrémisme de la secte des assassins par Hassan Sabbah, le magnifique Omar Khayyam, le poète du vin, de l’amour et le libre penseur qu’il était. Et puis un manuscrit dont on retrouve la trace au début du XXe siècle. Œuvre contemporaine finalement parce qu’on retrouve, dans notre époque, les mêmes ingrédients de manigances politiques, de luttes pour le pouvoir et de la poésie comme remède qui nous aiderait à supporter l’absurdité de notre pendant.
– ‘‘L’amour de loin’’ (2001). Livret d’opéra. Jaufré Rudel, prince de Blaye et troubadour, au XIIe siècle, tombe éperdument amoureux d’une femme qu’il n’avait jamais vue auparavant et qu’il finit par rencontrer à Tripoli pour mourir dans ses bras. C’est une ode à l’amour, qu’il soit de près ou de loin.
‘‘Léon l’africain’’ (1986). La vie de Hassen Al Wazzen de la Grenade de la chute (1492) jusqu’à Rome du pape Léon X, de Raphaël le peintre florentin et la renaissance italienne du Cinquecento. Un voyage exquis de ce formidable personnage, d’une intelligence rare et d’un destin hors du commun. Il faudra peut-être revivre son voyage, personnellement, en le commençant à la cité palatine d’Alhambra, ré-imaginer la vie à cette époque sous les Nasrides et leur dernier prince Boabdil et la Reconquista d’Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, pour le finir à Rome, au Vatican, à la chapelle Sixtine.
‘‘Le périple de Baldassare’’ (2000) : Nous sommes au Liban du XVIIème siècle, à Gibelet, c’est le point de départ du périple de Baldassare Embriaco, génois d’orient, à la recherche d’un manuscrit, qui le ramène en la Méditerranée de l’empire turc jusqu’en Angleterre en pleine guerre contre les Hollandais, en passant par la Gênes de ses ancêtres. Un personnage quelquefois boulet, digne d’un Pierre Richard dans ‘‘La Chèvre’’ et extrêmement attachant !
Les essais:
Ils sont en nombre de quatre : ‘‘Les identités meurtrières’’ (1998); ‘‘Le dérèglement du monde’’ (2009); ‘‘Le naufrage des civilisations’’ (2019); et ‘‘Le labyrinthe des égarés’’ (2023).
Maalouf a écrit des essais avec un rythme, non aléatoire, d’un essai par décennie, sauf le dernier qui fut publié cinq ans après le pénultième et pour des raisons d’urgence dont je vais parler après.
La principale qualité d’Amin Maalouf c’est son regard synoptique et anticipateur du monde qui vient (pour reprendre le titre de l’essai d’Alain Minc), à chaque époque. Un regard analytique et se transforme en prophétie synthétique. Maalouf a su saisir «l’esprit de l’époque», le «Zeitgeist» en Allemand, c’est-à-dire les aspects microscopiques, unitaires qui régissent une époque, une décennie, une période, c’est le quantum de l’instant, la plus petite unité de mesure de l’âme de l’humanité à un moment donné.
C’était la bataille, le repli plutôt, identitaire, le besoin d’appartenance collective avec ses externalités négatives telles que le repli religieux ou national. C’était en 1998, soit trois ans avant l’évènement majeur pour l’humanité : le 11 septembre 2001. Maalouf nous invite à prendre un peu de recul par rapport aux évènements, par rapport à certains complexes d’infériorité qui se traduisent par un ressentiment meurtrier, la prolifération du conspirationnisme et une envie de vengeance fondée sur le rejet de la défaite.
Maalouf ne fait pas dans le syncrétisme humaniste, vu comme étant une réflexion niaise, faible et romantique. Loin s’en faut ! Il ressort les spécificités de chaque culture, bien entendu on parle d’Orient et d’Occident, sans pour autant promouvoir la confrontation. C’est un travail d’orfèvrerie et de nuance fine qui rassure et qui castre toute envie d’opposition. Il évoque les principes fondamentaux qui réunissent les humains : la liberté, la justice et les mécanismes nécessaires pour les mettre en œuvre : la démocratie et les juridictions équitables.
Dans ‘‘Le dérèglement du monde’’, Maalouf situe l’année où tout a basculé en 1979, c’est Khomeiny qui rentre triomphant en Iran, c’est Thatcher qui prend les rênes en Grande-Bretagne et le triomphe du capitalisme, suivi de l’élection de Reagan aux États-Unis. L’année 1979 c’est aussi la Mecque prise d’assaut par des extrémistes religieux, ses 300 morts, cette libération assistée par le GIGN français et comment l’Arabie Saoudite est entrée, politiquement, dans un fondamentalisme qui affecte jusqu’à aujourd’hui nos vies. L’entrée en guerre des Soviétiques dans le bourbier afghan, ses conséquences sur les Américains.
Tous ces évènements, cette année principalement, ont crée le dérèglement du monde. Un dérèglement identitaire, économique avec le triomphe de l’ultralibéralisme et climatique enfin.
‘‘Le naufrage des civilisations’’, on retrouve Maalouf pessimiste quant l’avenir du monde. Le diagnostic est sans équivoque : le monde est foutu ! Plus rien ne va ! La déshumanisation triomphante, la perte de repères, le conflit des civilisations tellement chéri par les belliqueux et rejeté par les humanistes dont il fait partie, est en train de prendre le dessus. Maalouf ressort les maux qui ont fait qu’on en arrive à ce constat, le communisme comme politique et l’anticommunisme maccarthyste comme réflexe. Ça a été la source principale de l’échec de toute tentative de réforme dans le monde dit oriental : Mossadegh en Iran des années 50 comme opportunité manquée, Nasser en Egypte également, mais de sa faute cette fois.
Maalouf a rompu le cycle d’un essai tous les dix ans pour écrire, cinq ans après, un autre qui redonne espoir ! L’historien reprend du service et essaie de dire, à travers ‘‘Le Labyrinthe des égarés’’ que tout n’est pas finalement foutu ! L’histoire nous a démontré que l’on peut ressortir des ténèbres par notre intelligence et par l’évitement de l’arrogance triomphatrice. «Les dieux rendent arrogant celui dont ils veulent la perte!», c’est la sagesse grecque qui nous le rappelle.
A travers l’exemple japonais de la période meiji, les Russes de la révolution, la Chine de Sun Yat-Sun et les États-Unis, Maalouf nous démontre la capacité des humains d’aller outre leur condition à condition de ne pas laisser l’arrogance des victoires prendre le dessus et raviver l’envie de domination.
Le Liban :
Maalouf est amoureux de son pays natal et nous le fait aimer à travers ses écrits. C’est d’abord à travers ‘‘Le rocher de Tanios’’, le Goncourt de 1993, un conte sur le Liban du XIXe siècle, sous l’empire (emprise) ottoman(e). Une histoire de beauté, de soumission et enfin de courage.
‘‘Les échelles du levant’’ ou le parcours d’un gentilhomme libanais de la résistance en France à la folie dans un asile au Liban. L’amour d’une fille qui s’est fixée comme mission de retrouver son père.
‘‘Les désorientés’’ ou le retour aux sources d’une bande d’amis de la diaspora libanaise sous fond de souvenirs de guerre civile avec toutes ses conséquences sur les hommes et femmes du Liban et sur le Liban lui-même comme expérience magnifique du vivre ensemble, de l’effacement de toute tentation identitaire exclusive !
Enfin ‘‘Origines’’, que Maalouf n’avait pas voulu intituler ‘‘Racines’’ parce que, comme une bonne partie de nous, nous sommes de sempiternels étrangers, les racines évoquent l’attachement inhibiteur, castrateur. Origine est le mot adéquat, celui d’un point de départ vers l’immensité du monde.
‘‘Origines’ est le livre le plus personnel de Maalouf, il nous présente de manière on ne peut plus tendre, sa famille, depuis les arrière-grands-parents et l’oracle de départ qui suit les habitants du levant.
S’il y a un livre à lire d’Amin Maalouf, un seul ? ‘‘Léon l’africain’’ pour moi, sans la moindre hésitation !
L’angioplastie coronaire n’est pas une discipline statique, et c’est heureux. Elle n’a progressé que par digressions, d’abord par rapport à la chirurgie coronaire, le gold standard qui avait pour elle l’avance des études réalisées. L’une des dernières limites de la chirurgie coronaire non encore franchie est constituée par la sténose de la distalité du tronc commun de la coronaire gauche.
Dr Mounir Hanablia *
En l’état actuel des connaissances médicales, c’est logique: la mise en place d’une prothèse du tronc commun par où passe 75% du débit coronaire rend le ventricule gauche, autrement dit la part la plus importante du muscle cardiaque, tributaire d’un risque de thrombose (caillot) fatale que seul l’usage des anti-agrégants plaquettaires prévient; pour peu que le stent soit parfaitement déployé et que le patient ne fasse pas partie du groupe présentant une résistance à ces médicaments.
Ainsi, à l’époque actuelle, l’angioplastie du tronc commun demeure réservée uniquement, mis à part les infarctus associés qui constituent des urgences, aux patients chez qui la chirurgie cardiaque est contre-indiquée (âge, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire, etc.).
Cette réflexion m’est venue suite au cas clinique dont j’avais parlé quelques semaines auparavant, au cours duquel le chirurgien, l’urologue, épaulé par le réanimateur, dans un contexte de syndrome coronarien aigu antérieur, post opératoire d’une tumeur maligne, avait refusé à son patient la coronarographie qui s’imposait, en invoquant la hantise du Plavix. Bref sous Héparine et Aspégic, le patient avait eu de la chance, il s’en était sorti sans trop de dégâts sur le plan cardiaque. Cependant la coronarographie avait en définitive fini par être pratiquée à froid par un autre collègue, un sage de la profession, révélant une sténose hyperserrée (90%) à l’origine de l’artère interventriculaire antérieure. On verra plus loin dans quelle catégorie une telle lésion s’insère.
On n’essaie que lorsqu’on est sûr
Néanmoins, eu égard à ce qui a déjà été avancé, la chirurgie de pontage, à cœur battant dans le cas présent, aurait dû constituer d’autant plus l’indication, que le patient, risquant d’être mis sous chimiothérapie, ou d’être repris pour chirurgie suite à une complication éventuelle, ou une métastase, poserait un risque sérieux en se voyant arrêter le Plavix avec un stent dans le tronc commun. Mais le patient récusant la chirurgie, sans doute pas en connaissance de cause, d’aucuns ont eu beau jeu de se soumettre en apparence à sa volonté en acceptant de lui pratiquer l’angioplastie, par cette expression énigmatique: «On va essayer !», qui n’a pas manqué de susciter quelques frayeurs.
En matière d’angioplastie justement, on n’essaie que lorsqu’on est sûr; sinon on s’abstient. Or ce chef n’a pas semblé très sûr de son fait en décidant de se lancer dans une procédure complexe qui n’obéit pas aux données de la littérature scientifique, et qui outre les problèmes techniques qu’elle suscite (forte probabilité de placer deux stents sur des segments d’artères parfaitement sains, inflation en kissing, importance du territoire en jeu), soumet dans un contexte de cancer évolutif en soi thrombogène (générateur de caillots) à l’obligation de ne pas interrompre le Plavix.
Il y a déjà un problème éthique et médico-légal que le soit disant accord du patient impose. Celui-ci accepte d’assumer les risques normaux inhérents à une procédure, pas d’en choisir une au détriment de l’autre. Là est la teneur de son consentement éclairé. Mais lorsque le choix se porte sur une procédure nettement plus risquée qu’une autre, il est du devoir du praticien de s’y opposer, parce que le patient ne dispose ni de la formation ni de l’expérience nécessaires pour une évaluation appropriée de sa situation clinique.
Dans le cas présent, nous sommes loin d’une telle attitude; à preuve, le compte rendu adressé à la caisse des prestations sociales dans la demande de prise en charge. Celui-ci évoque «un tronc commun normal» (???), «une artère interventriculaire antérieure perméable, arrive à la pointe qu’elle contourne…».
On croirait jusque là que tout est normal, mais c’est presque incidemment que la suite vient nous détromper; «…elle est le siège d’une sténose serrée ostéo (sic) proximale arrivant jusqu’à la première diagonale qui est normale…».
En principe, une sténose est évaluée en divisant le diamètre du pertuis par lequel passe le produit de contraste par le diamètre total de l’artère, et dans ce dossier elle fait au bas mot 90%. Si on a omis de le mentionner, c’est qu’il y a une raison, la même qui dans le rapport a fait précéder la sténose par l’artère perméable: un souci de dédramatiser, de banaliser, de ne pas attirer l’attention, de dire qu’il s’agit d’une sténose comme on en voit tous les jours, qui ne pose pas problème. Or les troncs communs ne représentent déjà pas plus de 4% des lésions coronaires. Quant à cette diagonale, une branche certes dont on ne précise pas l’importance, on omet de mentionner son importance, sans doute pour ne pas dire que c’est là aussi une seconde lésion de bifurcation.
Une manière édulcorée d’exposer les réalités
Enfin, la conclusion du rapport, qui devrait préciser l’indication thérapeutique proposée, chirurgie, angioplastie, ou traitement médical, est sans appel; elle se borne à énoncer ce qui a été visualisé, «sténose ostéo (sic) proximale». On n’y précise ni le terrain très particulier (cancéreux), ni le nombre de stents dont la collectivité doit assumer le coût, qui peut s’élever à deux, et même plus si on comptabilise une bifurcation de la diagonale.
Naturellement, cette manière édulcorée d’exposer les réalités obéit à un objectif, obtenir la prise en charge de la caisse. En effet, il est douteux que «angioplastie coronaire complexe d’une sténose de 90% de la bifurcation du tronc commun de type E située sur l’ostium de l’IVA» (classification utilisée par Eric Topol dans son Textbook of Interventional Cardiology; third edition) ainsi énoncée n’eût pas logiquement orienté le choix du médecin contrôleur ou de l’expert en faveur de la chirurgie.
Seulement voilà, c’est toujours la même histoire; qui pourrait récuser l’indication d’un collègue qui a obtenu de sa profession tous les honneurs? Tout cela ne se terminera pas forcément par une catastrophe. En l’absence d’occlusion aiguë liée à une manipulation intempestive toujours possible quel que soit le titre académique dont on puisse se prévaloir, même si elle est rare, la procédure complexe peut se dérouler favorablement, c’est d’ailleurs heureusement le plus souvent le cas, sans l’IVUS (écho-endo-coronaire) en principe de rigueur, et le patient quitter la clinique pleinement satisfait.
Mais en matière d’angioplastie, quitter la clinique vivant et en bonne santé apparente n’est pas un gage absolu de succès. Les thromboses de stents peuvent survenir quelques jours, semaines, ou mois plus tard, avant ou après la chimiothérapie. Cela ne sera jamais mis que sur le compte du destin dans un pays musulman, de la non observance du traitement (!!!), ou bien du cancer, ou de la crise cardiaque, ce fourre-tout qui exprime une chose et son contraire. Et en cas de complication, le cancérologue refusera le plus souvent de réopérer un patient chez qui le Plavix ne sera pas interrompu, pour cause de stent dans le tronc commun; avec toutes les conséquences. Le problème ne se poserait pas avec un pont mammaire sur la coronaire. Cela n’empêchera certes pas le monde de tourner. Néanmoins il est peut être nécessaire, si cela relève du possible, que les dossiers médicaux en instance de prise en charge ne mentionnent désormais plus le médecin demandeur, tout en incluant toute autre pathologie éventuelle; afin que les décisions du Conseil attribuant l’accord préalable soient prises sans influence, et en toute connaissance de cause.
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financière du tribunal de première instance de Tunis a condamné par contumace à 20 ans de prison avec exécution immédiate à l’encontre de Leila Trabelsi et Mohamed Sakher El Matri, avec des amendes de plusieurs millions de dinars.
La veuve et l’ex-genre de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, ont été condamnés pour des accusations liées à l’exploitation par un fonctionnaire public de sa qualité pour obtenir un avantage indu pour lui-même ou pour autrui et pour préjudice à l’administration.
Le dossier de l’affaire concerne un marché public attribué à Leila Trabelsi et Mohamed Sakher El Matri sans respecter les procédures légales en vigueur.
C’est le énième procès et à la énième condamnation des deux prévenus pour des accusations similaires. Ils sont en fuite hors du pays depuis le 14 janvier 2011, la première est réfugiée en Arabie saoudite, et le second, aux dernières nouvelles, aux Seychelles.
Le long de la rive sud du canal qui divise la ville tunisienne de Bizerte en deux parties, une grue imposante s’affaire à décharger des conteneurs. À proximité, des cabines de chantier ont été installées en prévision de la construction d’un nouveau pont sur le canal.
Le projet du nouveau pont de Bizerte a démarré en mars après que le ministère tunisien de l’Equipement et de l’Habitat a signé un contrat avec le groupe chinois Sichuan Road and Bridge Group (SRBG).
Le pont de 2,1 km, devrait coûter au total 250 millions d’euros, grâce à un montage financier d’un montant de 123 millions d’euros accordés par la Banque européenne d’investissement (BEI) et 122 millions d’euros par la Banque africaine de développement (BAD).
Ce nouveau pont en construction, le deuxième sur le canal et le plus grand de Tunisie après son achèvement, a redonné espoir aux habitants locaux qui étaient gênés par les désagréments des déplacements quotidiens.
«Nous souffrons depuis des années d’embouteillages entre les deux rives du canal, mais maintenant le nouveau pont nous redonne espoir», a déclaré Mohamed Haffoudhi, un jeune diplômé qui travaille à Bizerte, à l’agence chinoise de presse Xinhua.
Le pont mobile actuel qui traverse le canal a été construit en 1980. Il est fermé à la circulation routière tous les jours, car il doit soulever le tablier du pont pour permettre le passage des bateaux.
Professionnalisme et rigueur des ingénieurs chinois
Aux heures de pointe ou pendant la saison touristique, les véhicules qui doivent traverser le pont doivent faire de longues files d’attente. Pour gagner du temps, de nombreux habitants doivent faire un détour de 60 km pour atteindre l’autre côté du canal. Ils attendent avec impatience un nouveau pont qui allégera leurs difficultés de circulation quotidiennes.
Avoir le temps de voir la progression du projet, c’est comme «voir une plante pousser hors du sol», a déclaré Haffoudhi, ajoutant : «Les gens sont heureux de la voir pousser» et sont impressionnés par «le professionnalisme et la rigueur des ingénieurs chinois».
«Il s’agit d’un projet important pour le peuple tunisien et d’un témoignage de l’amitié entre la Tunisie et la Chine», a déclaré à Xinhua Mohamed-Wassim Jaouani, ingénieur tunisien de la SRBG.
Jaouani a déclaré que le nouveau pont améliorera non seulement les conditions de circulation locale, mais intégrera également l’ensemble du nord de la Tunisie dans le réseau routier national, optimisant ainsi davantage l’efficacité routière.
Avec plus de 20 ouvriers chinois et plus de 80 autres tunisiens, la construction progresse comme prévu depuis neuf mois malgré l’été torride et l’hiver pluvieux actuel, a déclaré Yu Yeqiang, directeur général du projet de la SRBG.
Jusqu’à présent, les deux côtés du canal de Bizerte sont en cours de nivellement et quatre équipes ont été dépêchées pour effectuer des études géologiques, ériger des murs de clôture, construire des cabanes pour les ouvriers et renforcer la route, a déclaré Yu. «Nous restons en contact avec la partie tunisienne concernant le projet. Ils sont satisfaits des progrès actuels», a- t-il ajouté.
La construction du pont sera achevée en trois ans
Selon Yu, le projet a adopté des techniques de pointe, notamment le coulage de fondations de pieux de pont d’un diamètre de 2,5 mètres et la construction d’un pont à poutres en acier d’une portée principale de 292,5 mètres.
La SRBG est confiante dans la possibilité d’achever la construction du pont en trois ans, a déclaré Yu, notant que le projet introduira non seulement des technologies avancées de construction de ponts dans le pays, mais contribuera également à forger des liens plus étroits entre les peuples des deux pays.
L’alfa ou sparte (Stipa tenacissima) est un symbole de résilience environnementale et d’économie durable dans le paysage tunisien. C’est une richesse menacée par les défis climatiques, qui requiert des stratégies de conservation.
Cette plante herbacée, originaire des régions arides et semi-arides, joue un rôle crucial dans la lutte contre la désertification et représente une ressource socio-économique fondamentale pour des milliers de familles dans les régions les plus pauvres de la Tunisie.
Ces dernières années, l’exploitation et la conservation de l’alfa sont menacées par les défis climatiques et les répercussions socio-économiques sont inévitables.
La cueillette fait vivre 6 000 familles
La Tunisie, avec ses 700 000 hectares de steppes d’alfa, concentre la production de cette plante dans quatre gouvernorats : Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa et Kairouan et chaque année, environ 6 000 familles se consacrent à la récolte de cette plante pendant une saison réglementée également par les autorités compétentes, qui s’étend de septembre à janvier.
La Société nationale de cellulose et de papier alfa (SNCPA) achète chaque année 40 000 tonnes et les transforme en papier de haute qualité. Cette industrie représente une source d’emploi importante et contribue à préserver une tradition ancienne.
Outre l’industrie du papier, l’alfa est utilisé depuis longtemps dans l’artisanat et l’agriculture. Traditionnellement, la plante était utilisée pour fabriquer des outils ménagers et industriels, tels que des cordes, des paniers, des nattes et des presses.
Cependant, l’avènement des fibres synthétiques a progressivement réduit l’importance de l’artisanat sparte, limitant son utilisation à l’industrie papetière.
Barrière naturelle contre l’érosion
D’un point de vue environnemental, l’alfa constitue une barrière naturelle contre l’érosion des sols et la désertification. La plante favorise la biodiversité locale, hébergeant un riche écosystème d’animaux et de plantes.
Cependant, la sécheresse, le surpâturage et l’urbanisation provoquent une réduction progressive des superficies cultivées. Les surfaces de production diminuent chaque année, compromettant une ressource fondamentale pour la durabilité environnementale.
Pour assurer la régénération des couches alfa, des stratégies de conservation sont nécessaires. Il s’agit notamment de la restauration des zones dégradées, de l’adoption de techniques agricoles modernes et de l’implication des communautés locales. Planter de nouveaux plants et utiliser des hydrogels pour améliorer la survie dans les zones arides sont quelques-unes des solutions proposées.
Dans le même temps, la renaissance de l’artisanat sparte pourrait contribuer à la diversification économique des régions les plus pauvres, en encourageant l’utilisation de produits naturels et éco-responsables. Cette approche soutient non seulement les traditions locales, mais répond également à la demande mondiale croissante de matériaux durables.
Une ressource stratégique
L’alfa représente une ressource stratégique pour la Tunisie, alliant valeur économique, sociale et environnementale. Cependant, sa préservation nécessite une gestion durable et un engagement concerté entre le gouvernement, les communautés locales et l’industrie.
Raviver l’intérêt pour cette plante extraordinaire, estime l’expert Ridha Bergaoui, pourrait non seulement protéger l’écosystème tunisien, mais aussi créer de nouvelles opportunités économiques pour les zones les plus vulnérables.
Dans un contexte mondial de changement climatique, l’alfa apparaît comme un symbole d’adaptation et de durabilité, digne d’une attention renouvelée.
‘Sulla terra leggeri’’ de la réalisatrice italo-tunisienne Sara Fgaier a été bien accueilli lors de sa projection à la 35e édition des Journées cinématographiques de Carthage, qui se sont achevées par la proclamation du palmarès samedi 21 décembre 2024.
Projeté dans la section Diaspora, cette co-production de Limen, Avventurosa, Dugong Films avec Rai Cinema et le soutien de MiC, ‘‘Sulla terra leggeri’’ est un film sur la perte et la tentative parfois désespérée de retrouver ce qui a été perdu : un souvenir, un amour, mais aussi une époque de le passé.
Gian, professeur d’ethnomusicologie de 65 ans, lutte contre l’obscurité provoquée par une amnésie soudaine.
Hanté par des fragments du passé, qui surgissent dans son esprit avec l’aspect granuleux d’images d’archives lointaines, il reçoit de sa fille Miriam, traitée comme une étrangère, un journal qu’il a écrit à vingt ans.
Gian se rend compte que tout tourne autour de Leila, la franco-tunisienne avec qui il a découvert l’amour en l’espace d’une nuit sur une plage italienne, se liant à elle par une promesse d’avenir mille fois attendue, mille fois inassouvie. Qui est cette femme qui a eu une telle importance dans sa vie? Où est-elle maintenant? Comment avait-il pu l’oublier?
L’enquête réveille sa mémoire, le fait revenir à la scène première du film, celle d’un deuil célébré entre notes orientales de thés parfumés et bonbons en forme de fleurs.
À travers son passé et grâce à son profond amour pour les femmes, Gian a la force de se redécouvrir en tant que père et de s’accepter comme veuf, face à l’épreuve la plus difficile : accepter d’avoir perdu quelqu’un et apprendre à le retrouver.
«La recherche du protagoniste est une lutte avec les souvenirs pour tenter de sauver de l’oubli l’armée de qui nous sommes et de qui nous avons été. Il ne s’agit pas de reconstruire le passé mais de le découvrir, en s’efforçant d’être à la hauteur de la plus grande épreuve difficile : perdre quelqu’un et apprendre à le retrouver», a déclaré Fgaier à l’agence italienne Ansa.
Sara Fgaier est diplômée d’histoire et de critique du cinéma, de l’Université de Bologne (Italie). Pendant un an, elle a travaillé à New York, sous la tutelle de Walter Murch.
Elle a réalisé le court métrage ‘‘L’Approdo’’ (2013), le moyen-métrage ‘‘Arturo’’ (2014) et ‘‘L’umile Italia’’, selectionné à la Mostra de Venise (2014) qu’elle a coréalisé avec Pietro Marcello.
Elle a fondé Avventurosa, une société de production de film indépendante, avec Pietro Marcello avec qui elle a travaillé pendant plus de 10 ans. Et a été documentaliste, première assistante-réalisateur et monteuse sur plusieurs films italiens à succès.
‘‘Sulla terra leggeri’’ (2024) est son premier long-métrage présenté en compétition au Festival de Locarno.
Chaque responsable du gouvernement doit «se méfier de l’ancien système qui tente de reprendre son souffle» a averti Kaïs Saïed, lors de sa rencontre, lundi 23 décembre 2024, au Palais de Carthage, le chef du gouvernement Kamel Madouri.
Le président de la république, on le sait, mène une «guerre de libération nationale» contre ce qu’il considère comme les tenants du vieux monde avec lequel il a rompu en proclamant l’état d’exception, le 25 juillet 2021, en promulguant une nouvelle constitution en 2022 et en instaurant, ce faisant, un nouveau régime plus à l’écoute des catégories déshéritées de la population. C’est ainsi, en tout cas, qu’il voit le processus politique qu’il mène de main de fer depuis quatre ans.
Fervent défenseur du rôle social de l’Etat, Saïed n’a de cesse de rompre avec les élites intellectuelles et économiques, plus libérales que sociales, qui ont longtemps tourné le dos au peuple et défendu les intérêts des lobbys d’intérêt. Et ce sont ces lobbys, adossés à une administration publique souvent complice, qui, selon lui, font obstacle à la guerre qu’il affirme mener contre les réseaux de corruption.
«Chaque responsable doit se sentir dans une course contre la montre, dans une nouvelle étape de l’histoire de la Tunisie, afin de créer une histoire nouvelle pour le pays, fondée sur la satisfaction des revendications du peuple», a expliqué Saïed, selon un communiqué de la présidence de la république, s’affirmant ainsi comme l’initiateur de cette «histoire nouvelle».
Dans ce contexte, Saïed a donné des instructions pour que «les législations répondent aux attentes des citoyens à tous les niveaux.»«La priorité doit être accordée aux législations à dimension sociale, basées sur une nouvelle approche, non seulement en termes de contenus, mais également au niveau des concepts utilisés», a-t-il encore plaidé.
Il reste donc au Premier ministre, qui a fait toute sa carrière au ministère des Affaires sociales et qui est familiarisé avec ces législations, de mettre en musique les partitions présidentielles.
Pour Kaïs Saïed, la diplomatie n’est pas la recherche du dénominateur commun permettant d’établir un dialogue ou renforcer des liens avec des Etats tiers, mais l’affirmation de principes intangibles en-deçà desquels il n’y a pas de négociation possible.
Parmi ces principes, le président de la république a cité, lors de sa rencontre, lundi 23 décembre 2024, au Palais de Carthage, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, «la recherche de l’intérêt commun dans le cadre du respect mutuel et de la souveraineté nationale».
La diversification des relations de coopération et de partenariat au double plan bilatéral et multilatéral s’inscrit donc nécessairement, selon lui, dans cette vision d’une diplomatie tunisienne à la fois indépendante, souveraine et ouverte aux mutations rapides que connaît le monde d’aujourd’hui, mais sans céder sur les principes d’équité et de justice, fondements de toute paix possible.
Le second principe intangible sur lequel se fonde désormais la politique étrangère tunisienne, c’est le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. Et dans ce contexte, le président Saïed a réaffirmé, hier, «l’engagement de la Tunisie à défendre les causes de la vérité et de la justice dans le monde, dont notamment le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique avec pour capitale la ville sainte d’Al-Qods.»
Par conséquent, pas de normalisation des relations diplomatiques avec Israël ni de négociation de paix séparée avec l’Etat hébreu, comme l’ont déjà fait plusieurs Etats arabes, tant qu’un Etat indépendant n’a pas été instauré «sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique».
La Tunisie remet donc ainsi en question l’«initiative de paix arabe» issue du sommet arabe de Beyrouth, en 2002, auquel elle avait alors souscrit. Ce plan de paix, désormais obsolète et enterré par Israël, proposait à l’Etat hébreu une paix globale et une normalisation des relations avec les pays arabes en échange du retrait des territoires occupés depuis 1967, à savoir la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Golan syrien, de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et d’une solution au problème des réfugiés palestiniens.
Sur un autre plan, Saïed a appelé à bien se préparer aux prochains défis bilatéraux, régionaux et internationaux afin que la diplomatie tunisienne assume comme il se doit son rôle-clé dans la défense des intérêts de la Tunisie et conforte sa contribution à l’instauration de la sécurité, de la stabilité et du développement dans le monde, a indiqué un communiqué de la présidence de la république, ajoutant que le chef de l’Etat a réitéré son appel à l’instauration d’un «nouvel ordre humanitaire» plus progressiste que l’ordre international actuel, sans donner plus de précision sur les conditions, les exigences et les éventuels acteurs d’un tel ordre. Et si la Tunisie va faire des propositions concrètes à cet effet.
Le projet Qawafel, financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par Expertise France, sous l’égide du ministère de l’Économie et de la Planification (MEP), a tenu le 18 décembre 2024 la deuxième édition de son événement phare le Qawafel Gathering pour amorcer les discussions sur les mécanismes et outils de soutien à l’internationalisation des entreprises tunisiennes à l’échelle du continent.
Cette rencontre a rassemblé des experts, des entrepreneurs et des représentants d’institutions, publiques et privées, pour analyser les obstacles, dévoiler des opportunités stratégiques et partager des recommandations clés.
Outils de soutien pour l’internationalisation
Parmi les dispositifs présentés, le Fonds de promotion des exportations (Foprodex) s’est imposé comme un levier essentiel pour accompagner les entreprises tunisiennes dans leur développement international.
Ce fonds soutient les entreprises pour leur permettre de réaliser des missions de prospection, de participer à des salons internationaux et de développer leur réseau commercial.
Les subventions offertes couvrent jusqu’à 60% des frais de prospection pour les marchés d’Afrique subsaharienne, reflétant une stratégie visant à encourager les exportations vers cette région prometteuse. Cependant, des améliorations ont été suggérées lors des discussions. Les participants ont notamment insisté sur la nécessité de rendre ce mécanisme plus accessible et adapté aux besoins des startups, qui souvent n’ont pas les ressources nécessaires pour naviguer dans des procédures complexes.
Ils ont également appelé à une simplification et à une clarification des critères d’éligibilité, ainsi qu’à une meilleure communication pour sensibiliser davantage les entreprises à ce dispositif. Ces ajustements viseraient à maximiser l’impact du Foprodex et à renforcer son rôle en tant que catalyseur de la présence tunisienne sur les marchés africains.
Le tremplin des accords commerciaux
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a été mise en avant comme une opportunité majeure pour accélérer les échanges commerciaux et renforcer l’intégration économique sur le continent.
Depuis sa ratification par la Tunisie, cet accord a permis d’harmoniser les règles tarifaires et d’offrir un cadre favorable aux exportations tunisiennes. Il représente une passerelle essentielle pour les entreprises souhaitant s’imposer sur des marchés stratégiques africains.
Cependant, les participants ont signalé plusieurs défis persistants, notamment la présence de barrières non tarifaires et l’obtention de certifications internationales indispensables pour répondre aux normes du marché. Ces contraintes exigent un soutien renforcé pour aider les entreprises à se conformer à ces exigences et à exploiter pleinement les avantages de la Zlecaf.
L’enjeu de l’accès à l’information
L’accès à une information pertinente et actualisée sur les marchés et les procédures d’exportation constitue un défi majeur pour les entreprises tunisiennes. Pour y remédier, des plateformes comme Africa Trade Agreements centralisent les données essentielles, tandis que des outils comme Trademap et ITC sont encouragés pour une meilleure analyse des opportunités.
Amal Mghirbi, Team Leader du programme d’appui aux accords commerciaux avec l’Afrique à la GIZ, a également annoncé la tenue, dans le cadre d’un partenariat avec le ministère du Commerce et du développement des exportations, de formations spécifiques à partir de fin 2024, visant à accompagner les entreprises dans leur compréhension des accords commerciaux.
Témoignages d’entrepreneurs
Béchir Benbrika, Ceo de SmartFarm, a partagé l’expérience de son entreprise dans le secteur de l’Agritech. Grâce au programme Agritech Tunisia, porté par Stecia Internationale, SmartFarm a pu s’implanter sur des marchés comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, en bénéficiant d’un accompagnement déterminant pour limiter les risques financiers et réussir ses premières opérations à l’international. Ce témoignage met en lumière le rôle crucial des programmes structurés pour soutenir les startups tunisiennes.
Pour un écosystème d’exportation renforcé
De cette rencontre, plusieurs recommandations majeures ont émergé, notamment :
– la professionnalisation des entreprises et des structures d’accompagnement : Intégrer les aspects réglementaires dès la structuration des projets et renforcer les compétences des acteurs économiques;
– l’amélioration des mécanismes de financement : Simplifier les procédures, clarifier les critères d’éligibilité et renforcer la collaboration avec les banques pour faciliter l’accès aux fonds;
– la valorisation des certifications internationales par la sensibilisation des entreprises à l’importance des normes et certifications pour pénétrer de nouveaux marchés;
– l’exploitation des opportunités offertes par la Zlecaf en encourageant les entreprises à profiter des réductions tarifaires et des nouveaux réseaux commerciaux créés par cet accord.
Un élan prometteur pour l’avenir
Cette édition du Qawafel Gathering a permis de réaffirmer l’engagement des acteurs économiques tunisiens à exploiter les opportunités qu’offre le continent africain.
Grâce à des discussions constructives, des solutions concrètes ont été identifiées pour renforcer l’écosystème de l’export, améliorer l’accès à l’information et au financement, et encourager une approche plus structurée de l’internationalisation. L’Afrique, véritable marché d’avenir, offre aux entreprises tunisiennes des opportunités à saisir avec ambition et préparation.
Les enfants de Gaza vivent l’enfer depuis le 7 octobre 2023. Beaucoup sont morts, beaucoup sont amputés, beaucoup sont orphelins et tous souffrent de faim mais également de graves troubles psychologiques qui risquent de les traumatiser à vie. Le génocide que perpètre Israël à Gaza n’a pas uniquement broyé des vies humaines mais il a aussi détruit psychologiquement les Gazaouis et en premier lieu desquels les enfants.
Imed Bahri
«Les enfants de Gaza souffrent de nombreux symptômes qui indiquent des troubles psychologiques tels que le fait de s’accrocher à leurs parents et de refuser de rester loin d’eux, une anxiété et une peur intenses et une miction involontaire. Ils refusent également de participer à des activités, ne peuvent pas dormir et ont des difficultés à manger.»
C’est par ces mots qu’a commencé un article du journal britannique The Guardian, qui explique les effets psychologiques de la guerre sur les enfants de la bande de Gaza, en s’appuyant sur ce que rapportaient les travailleurs de la fondation caritative War Child qui travaille à fournir des services pour améliorer la santé mentale et l’éducation pour 180 000 enfants dans la bande de Gaza.
Le Guardian a cité Ibrahim, un agent de protection d’urgence, disant: «Les enfants ont perdu leur capacité de parler et ne peuvent plus communiquer avec les membres de leur famille en raison d’un choc sévère. Certains d’entre eux souffrent d’une colère extrême et leur comportement est devenu défensif et agressifs et certains ont développé des troubles de la parole y compris le bégaiement.»
Selon cette enquête préparée par la journaliste Caroline Davies, les bénévoles s’occupent quotidiennement des enfants qui présentent ces symptômes lorsqu’ils travaillent dans le secteur et l’organisation caritative fournit généralement des premiers soins psychologiques d’urgence sous de nombreuses formes notamment en rassemblant les enfants dans des camps avec un entraîneur pour jouer, dessiner et chanter pour évacuer le stress et mettre en place des lieux d’enseignement temporaires et équipés quelles que soient les fournitures scolaires disponibles.
La Fondation organise également des séances destinées aux parents pour leur expliquer comment soutenir leurs enfants tandis que les enfants souffrant de traumatismes psychologiques complexes sont orientés vers des experts spécialisés.
L’organisation s’efforce également de répondre aux besoins de base autant que possible reconnaissant que «vous ne pouvez pas fournir un soutien psychologique à un enfant affamé ni une éducation à un enfant ayant froid», explique Mohamed, responsable des interventions d’urgence. L’organisation fournit des aides y compris de la nourriture, de l’eau potable, un abri, des couvertures, fournitures d’hygiène et pour les règles menstruelles.
Mohamed a parlé d’un garçon souffrant d’un choc grave et recevant des conseils individuels dans le coin d’un refuge bondé abritant 3 000 personnes: «Il ne peut communiquer que par le dessin. Il est en fait devenu muet et n’a plus la capacité de parler à cause de la terreur qui s’est abattue sur lui à cause de la guerre. Il n’a que six ans. C’est très difficile pour quiconque d’imaginer cela.»
Le Guardian indique que des enfants avaient perdu leur père et leur mère à la suite des bombardements israéliens et que certains d’entre eux avaient été grièvement blessés entraînant l’amputation de leurs membres.
Selon l’Unicef, il y a aujourd’hui 17 000 enfants non accompagnés, vulnérables à d’innombrables menaces notamment à la violence physique et à l’exploitation.
Ibrahim a déclaré: «ll ne se passe pas un jour sans que je rencontre un ou deux enfants orphelins et séparés de leur famille. Récemment, nous avons trouvé trois enfants dans la rue à une heure du matin pendant la guerre alors qu’ils étaient entourés du danger. Le plus âgé d’entre eux avait 10 ans et le plus jeune était une fillette de 6 ans handicapée. La recherche de leurs familles est toujours en cours et il existe de nombreux cas similaires.»
Nidaa, une assistante technique d’urgence qui travaille quotidiennement avec des femmes et des enfants, affirme: «Sans le soutien que nous apportons – en particulier les services psychologiques pour les femmes et les enfants – beaucoup de personnes que j’ai rencontrées deviendraient vraiment folles.»
Elle a souligné que les femmes subissent le plus gros de la guerre car elles essaient parfois de s’occuper de leurs enfants et de faire face aux nécessités de la vie à d’autres moments notamment en cuisinant des aliments rares sur du bois de chauffage.
S’appuyant sur des entretiens vidéo qu’elle a menés avec des volontaires à Gaza, la journaliste du Guardian a estimé que les risques personnels encourus par les membres de l’organisation sont énormes surtout après que d’autres travailleurs d’organisations non gouvernementales ont été tués à la suite des attaques israéliennes. Les volontaires ont déclaré au journal qu’ils avaient été déplacés entre 10 et 12 fois et qu’ils avaient tous perdu au moins un être cher.
Mohamed qui souffre d’une blessure a déclaré qu’il avait perdu environ 100 parents et amis et que ses cousins, oncles et tantes étaient toujours sous les décombres un an plus tard. Son collègue Ibrahim a conclu en disant: «Ce que les gens n’apprécient pas, c’est que je me sens anxieux toute la journée car ma famille peut être bombardée à tout moment chez moi pendant que je suis au travail».
Avec ‘‘Les Passagers’’, et son dernier roman ‘‘Vita’’, Julia Brandon continue de tisser des récits où réalité et magie se rencontrent, dans une impossible quête d’un sens et d’une beauté évanescents.
Djamal Guettala
Julia Brandon, auteure marseillaise passionnée et solitaire, s’impose dans le paysage littéraire grâce à des récits où l’amour, le destin et la quête de rédemption se croisent avec une intensité rare. Ses romans, portés par une profonde réflexion sur l’humanité, se distinguent par des personnages complexes et des symboles puissants. Dans ‘‘Les Passagers’’, Tome 1, l’une de ses œuvres les plus marquantes, Nejma se révèle être une figure emblématique de l’espoir, de l’inaccessible et de l’éphémère.
Le prénom Nejma, signifiant «étoile» en arabe, est bien plus qu’un simple choix littéraire. Il constitue une clé essentielle pour comprendre l’histoire.
Nejma incarne l’espoir pour Gustave, son père, dont la vie est brisée par la perte tragique de sa fille. Comme une étoile lointaine, elle reste hors d’atteinte, mais continue de guider Gustave dans sa quête désespérée pour défier l’irréversible. «Nejma représente ce que Gustave a de plus précieux. Par sa mort, elle devient inaccessible, mais son père refuse d’abandonner», confie Julia Brandon.
Ce prénom évoque également la beauté de l’éphémère. Comme une étoile filante, Nejma illumine brièvement la vie de son père, avant de disparaître. Pour Gustave, l’obsession de ramener sa fille devient une métaphore poignante de la lutte contre l’inéluctable. À travers cette quête impossible, il s’attaque aux limites imposées par le temps et l’univers. «C’est une lutte vaine, mais c’est aussi sa seule raison de vivre. Sans Nejma, Gustave perd tout repère», explique l’auteure.
Nejma ne se limite pas à être un symbole d’espoir ou de beauté fragile. Elle incarne aussi une réflexion plus large sur les luttes humaines fondamentales : l’obsession de ce qui nous échappe, la recherche d’un sens face à l’inacceptable, et le besoin de transcender la perte. En choisissant ce prénom, Julia Brandon invite ses lecteurs à explorer leurs propres désirs de maîtriser l’évanescent, l’inaccessible et le fuyant.
Dans ‘‘Les Passagers’’, le lien entre Nejma et la quête de Gustave est le cœur même de l’intrigue. Ce récit, mêlant poésie, mysticisme et émotions universelles, illustre à merveille la capacité de Julia Brandon à donner à ses personnages une profondeur symbolique. Les noms, comme celui de Nejma, ne sont jamais arbitraires : ils enrichissent la dimension émotionnelle et thématique des histoires.
Avec ‘‘Les Passagers’’, et son dernier roman ‘‘Vita’’, Julia Brandon continue de tisser des récits où réalité et magie se rencontrent. Nejma, étoile lumineuse dans l’obscurité, reste une figure inoubliable, symbole universel d’une quête éternelle : celle de l’espoir, même lorsqu’il semble hors de portée.
Nous publions ci-dessous l’article intitulé «Intérêt de l’information et du dépistage systématique dans la prévention et la lutte contre la progression du diabète et des pathologies associées» rendant compte des résultats de la Journée portes ouvertes d’information, de sensibilisation et de dépistage de la maladie diabétique et des pathologies associées, qui s’est déroulée le 14 novembre 2024 à la maison de jeunes de Khaznadar, à Tunis. Des résultats pour le moins inquiétants…
Dr Fathi El Younsi *
Avec le changement de mode de vie, s’orientant de plus en plus vers les produits ultra-transformés, le stress quotidien et la sédentarité galopante, la maladie diabétique connaît ces dernières décennies une augmentation considérable du nombre d’individus affectés dans le monde, atteignant des valeurs impressionnantes et causant une morbi-mortalité des plus alarmantes.
On parle actuellement d’épidémie mondiale ou de pandémie diabétique.
C’est ainsi que l’on dénombre plus de 537 millions de diabétiques dans le monde en 2021, le quintuple de ce qu’ils étaient dans les années 1980, pouvant atteindre 783 millions en 2045 selon les estimations de la Fédération internationale du diabète (FID).
En Tunisie, la situation est tout aussi alarmante avec plus de 2 millions de diabétiques recensés en 2021, soit une prévalence autour de 16,3%.
Cause majeure de cécité, d’atteinte rénale conduisant à l’insuffisance rénale chronique et à l’hémodialyse (25 à 30% des malades dialysés en Tunisie sont diabétiques), d’insuffisance coronarienne et d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux, d’artérite des membres inférieurs menant à l’amputation (8 400 amputations/an en France, 1 amputation toutes les 30 secondes dans le monde), et enfin de décès avec une mortalité estimée à 6,7 millions de décès/an dans le monde, soit 1 décès chaque 5 secondes, le diabète, qualifié de «tueur silencieux», constitue un véritable fléau et une préoccupation prioritaire de santé publique nécessitant de toute urgence la mise en place d’une politique de prévention adaptée et efficace visant tous les aspects de la maladie.
C’est dans ce cadre et à l’occasion de la 34e édition de la Journée mondiale du diabète que l’Association tunisienne d’assistance, d’intégration et de soutien aux insuffisants rénaux (Ataisir) a organisé le 14 novembre 2024 à la Maison de jeunes de Khaznadar une campagne de sensibilisation, d’information et de dépistage de la maladie diabétique et de ses complications.
Matériel et méthodes
Cette journée portes-ouvertes s’est déroulée sous une tente de 50 mètres carrés permettant à une équipe composée de 7 diététiciennes et diététiciens, 5 infirmiers et 5 médecins volontaires bénévoles d’accueillir les visiteurs de 9 heures à 17 heures. Plusieurs malades insuffisants rénaux dialysés, transplantés rénaux et des parents de malades ayant participé activement à l’organisation de cet événement étaient également présents.
Un certain nombre de sites ont été préalablement établis avec un circuit bien défini emprunté par les citoyens, s’articulant autour de 2 axes fondamentaux. L’information et la sensibilisation à la maladie diabétique et à ses complications, commençant par la projection sur écran d’un film court de 6 minutes expliquant de façon très simple et en arabe dialectal la maladie diabétique, de la définition à la prévention et au traitement, en passant par la classification, les signes cliniques et les complications; les visiteurs sont par la suite orientés vers le groupe de diététiciens et nutritionnistes.
Le dépistage du diabète, des pathologies associées et des complications : après s’être inscrits, les citoyens en possession d’une fiche de collecte des données vont bénéficier d’un dépistage, d’abord de stigmates d’atteinte rénale par la recherche d’une protéinurie ou d’une hématurie à l’analyse des urines par les bandelettes réactives (Labstix), ensuite du surpoids et de l’obésité par la mesure du poids, de la taille et de la circonférence abdominale, du diabète par la mesure de la glycémie au doigt en notant l’heure du dernier repas et enfin de l’hypertension artérielle (HTA) par la prise manuelle de la pression artérielle en position assise effectuée par les médecins qui noteront les antécédents personnels et familiaux ainsi que les éventuels traitements suivis.
Résultats et analyse des données :au terme de cette, et après avoir analysé toutes les fiches et recueilli toutes les données qui y figurent, un très grand nombre de précieuses informations ont été colligées :
l’affluence des visiteurs a été absolument remarquable, atteignant 277 personnes réparties entre 122 femmes et 155 hommes;
l’âge moyen des visiteurs est de 55 ans avec des extrêmes allant de 18 ans à 84 ans, les 3/4 d’entre eux se trouvant dans la tranche d’âge comprise entre 40 et 70 ans;
environ 1 personne/5 est tabagique avec une proportion de 1 femme pour 6 hommes. 10 cas de tabagisme passif ont été relevés chez des femmes subissant le tabagisme actif du conjoint;
en se basant sur les marqueurs anthropométriques, la population sondée parait à très haut risque cardio-vasculaire : près de la moitié des visiteurs ont un poids > 80 Kgs avec des extrêmes allant jusqu’à 118 Kgs chez un homme de 46 ans et 134 Kgs chez une femme de 52 ans ; 3/4 des personnes explorées sont en surpoids (42,2%) ou obèses (28,9%) avec 2 femmes présentant une obésité morbide grade III et 1 femme atteinte d’une super-obésité ou obésité massive nécessitant vraisemblablement une prise en charge pour une chirurgie bariatrique ; plus de 80% des femmes et prés de la moitié des hommes ont une circonférence abdominale pathologique, avec tout l’impact péjoratif de la graisse abdominale et par conséquent de la graisse viscérale sur la survenue de maladies chroniques comme l’hypertension artérielle ou le diabète de type 2 et sur le risque cardio- vasculaire.
En ce qui concerne le dépistage ciblé sur l’hypertension artérielle et le diabète qui se trouvent être les principales causes de maladie rénale chronique (MRC) et de mise en dialyse : découverte de 33 nouveaux malades hypertendus;
Sur les 66 patients hypertendus connus, 1 malade/3 ne reçoit pas de traitement; le 1/3 des personnes traitées ne sont pas contrôlées (TA mal équilibrée); 1/4 des hypertendus connus ont une protéinurie; un diabète potentiel a été découvert chez 22 visiteurs;
Sur les 142 diabétiques connus : 1 diabétique/3 seulement reçoit un traitement; 2/3 des malades traités ont un diabète mal équilibré avec des glycémies au doigt post-prandiales élevés (> 1,6 g/l), atteignant pour un malade de 40 ans sous Insuline la valeur de 5,63 g/l (patient adressé aux urgences de l’hôpital Charles Nicolle);
Par ailleurs, 22 visiteurs sont à la fois hypertendus et diabétiques connus : 1/4 d’entre eux ont une hypertension artérielle mal équilibrée avec des chiffres tensionnels atteignant 170/110; la moitié ont un diabète mal équilibré avec des glycémies au doigt post-prandiales atteignant 3,78 g/l ; 1 malade/5 présente à la fois une hypertension artérielle et un diabète mal équilibrés;
Quant à l’analyse des urines : 15% des consultants ont une protéinurie dont les 3/4 sont des hommes; 4 protéinuriques/10 ont une hypertension artérielle ou un diabète connus; 1 hypertendu/3 à l’examen présente une protéinurie; 1 visiteur/5 ayant une glycémie au doigt post-prandiale pathologique (> 1,6 g/l) présente une protéinurie et ce sont tous des hommes; enfin, une hématurie microscopique est notée dans environ 1/4 des cas avec une légère prédominance féminine
Des listes nominatives avec adresses et numéro de téléphone des personnes dépistés ont été établies pour assurer le suivi; une cinquantaine de lettres de liaison ont été par ailleurs rédigées et remises aux patients concernés pour une prise en charge dans les structures publiques de santé.
Discussion et conclusion
Avec la découverte de 33 nouveaux cas d‘hypertension artérielle, soit 12% des personnes explorées, 8% de nouveaux cas de diabète potentiel soit 22 sur les 277 consultants, 15% de patients porteurs d’une protéinurie, 25% présentant une hématurie et 197 visiteurs, soit près de 75%, en surpoids ou obèses, il ne fait pas l’ombre d’un doute que de telles manifestations constituent la pierre angulaire de tout programme de prévention et de dépistage des maladies chroniques, notamment la maladie diabétique, longtemps silencieuse, dont la progression fulgurante et l’impact péjoratif considérable de ses nombreuses complications sur la santé publique ne sont plus à démontrer; ceci justifie amplement la nécessité de multiplier et de décentraliser ces campagnes d’information et de dépistage afin de cibler le plus grand nombre de citoyens.
Par ailleurs, devant le nombre important de patients hypertendus ou diabétiques sans traitement (1 hypertendu ou diabétique/3 en arrêt de traitement), le plus souvent par indisponibilité de certains médicaments au niveau des dispensaires locaux, ou mal contrôlés malgré le traitement (1 hypertendu/3, 2/3 des diabétiques), des efforts conséquents sont à déployer dans la prise en charge de ces maladies chroniques redoutables, tant sur le plan éducation sanitaire et conseils hygiéno-diététiques avec un retour sans délai à notre gastronomie traditionnelle et au fameux régime méditerranéen qui a fait ses preuves en assurant une alimentation saine et équilibrée, tout en bannissant les «fast-food» et autres lieux malsains et en privilégiant autant que possible la restauration à domicile, que sur le plan contrôle médical et disponibilité continue d’un arsenal thérapeutique de qualité dans les structures locales de santé publique pour être à la hauteur de tous les défis engagés.
* Professeur en médecine à la retraite, néphrologue.