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Analyse des tendances géopolitiques en 2025 et leurs impacts sur la Tunisie

L’année 2025 s’annonce marquée par des évolutions géopolitiques majeures, influencées par les tensions persistantes entre blocs rivaux, les transformations des alliances stratégiques, et les dynamiques économiques mondiales. Ces tendances auront des répercussions directes et indirectes sur la Tunisie, en tant que pays à la croisée des chemins entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.

ZOOM 1. Le basculement vers un monde multipolaire –  Opportunité ou défi pour la Tunisie ?

L’émergence d’un monde multipolaire, marquée par le rôle croissant des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), reflète une réorganisation progressive de l’ordre mondial.

L’élargissement de ce bloc économique à de nouveaux membres, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Iran, consolide l’idée d’une économie mondiale moins centrée sur l’Occident.

Ce basculement repose sur deux axes principaux : la dédollarisation et la mise en place de mécanismes alternatifs pour le commerce et le financement nous interpellent sur un certain nombre points.

En premier lieu, la dynamique des BRICS : vers une économie multipolaire

Les BRICS représentent aujourd’hui près de 40 % de la population mondiale et environ 25 % du PIB mondial. Leur ambition de réduire la dépendance au dollar américain, notamment à travers la création potentielle d’une monnaie commune ou l’utilisation accrue des monnaies nationales dans les transactions, remet en question l’hégémonie du système financier dominé par l’Occident.

Lire aussi : DOSSIER SPECIAL – Les BRICS abandonnent le projet de monnaie unique : analyse des implications économiques et géopolitiques

Par ailleurs, le développement de banques multilatérales comme la New Development Bank (NDB) offre des alternatives de financement aux pays en développement, souvent moins contraignantes que les institutions traditionnelles telles que le FMI ou la Banque mondiale.

En second lieu, les impacts pour la Tunisie

* Opportunités :

La Tunisie, qui cherche à diversifier ses partenariats économiques dans un contexte de crise économique et sociale, pourrait tirer parti de cette reconfiguration mondiale :

  • Diversification des partenaires économiques : La Chine et l’Inde, en tant que membres influents des BRICS, offrent des opportunités pour renforcer les échanges commerciaux et attirer des investissements directs étrangers (IDE). Par exemple, la Chine pourrait soutenir des projets d’infrastructures à travers l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, tandis que l’Inde pourrait contribuer dans les secteurs des technologies et des industries pharmaceutiques.
  • Alternatives de financement : Les mécanismes de financement proposés par la NDB ou d’autres structures multilatérales des BRICS pourraient permettre à la Tunisie d’accéder à des fonds moins contraignants, en contournant certaines des conditions imposées par les institutions financières occidentales.

* Contraintes et défis :

Cependant, le basculement vers un monde multipolaire n’est pas sans risques :

  • Une dépendance à l’Union européenne pesante : L’UE reste le principal partenaire commercial de la Tunisie, représentant environ 70 % des exportations tunisiennes. Une réorientation stratégique vers les BRICS pourrait engendrer des tensions politiques et économiques avec l’UE, notamment si les intérêts des deux blocs s’avèrent conflictuels.
  • Un alignement délicat : S’aligner sur les BRICS pourrait exposer la Tunisie à des pressions géopolitiques, notamment dans le contexte de rivalités croissantes entre les grandes puissances. La Tunisie doit naviguer prudemment pour éviter une rupture avec ses partenaires traditionnels tout en exploitant les opportunités offertes par les BRICS.
  • Une adaptabilité économique judicieuse : Les BRICS représentent des économies et des marchés très diversifiés, mais également très compétitifs. La Tunisie devra renforcer sa compétitivité, améliorer son climat des affaires et adapter ses politiques économiques pour attirer des investisseurs provenant de ces pays.

Quelle stratégie pour la Tunisie ?

Pour profiter des opportunités d’un monde multipolaire, tout en minimisant les risques, la Tunisie pourrait adopter une approche équilibrée en :

  • Renforçant la coopération Sud-Sud : Développer des partenariats bilatéraux stratégiques avec des membres des BRICS, notamment dans des secteurs prioritaires comme l’agriculture, les énergies renouvelables, ou les technologies.
  • Maintenant une position neutre : Adopter une politique extérieure non-alignée pour tirer parti des avantages de la multipolarité sans compromettre ses relations avec l’UE et les institutions occidentales.
  • Diversifiant les sources de financement : Envisager une intégration plus poussée avec les initiatives financières des BRICS pour réduire la dépendance vis-à-vis des créanciers occidentaux.

En définitive, la montée en puissance des BRICS et la transition vers un monde multipolaire représentent une opportunité pour la Tunisie de réorienter ses relations économiques et de diversifier ses partenariats. Toutefois, la dépendance structurelle à l’égard de l’UE et la fragilité économique du pays imposent une approche prudente et stratégique. La Tunisie doit exploiter cette nouvelle configuration géopolitique pour renforcer sa souveraineté économique tout en maintenant des relations équilibrées avec ses partenaires traditionnels.

A suivre…

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

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Politique monétaire : la BCT en fait-elle assez?

Alors que les politiques monétaires des grandes Banques centrales, comme la FED et la BCE, continuent d’évoluer dans un contexte économique mondial incertain, la Banque centrale de Tunisie (BCT) est confrontée à des défis majeurs pour stabiliser l’économie nationale.

 

La question qui se pose est la suivante : la BCT fait-elle assez en matière de politique monétaire? Depuis plusieurs mois, la BCT a maintenu une approche prudente en matière de politique monétaire. Face à une inflation persistante mais en ralentissement (6,6 % en novembre 2024), la banque a ajusté son principal taux directeur, actuellement fixé à 8,00 %, après une série de hausses marquées entre 2021 et 2023 pour juguler l’inflation galopante.

Cependant, la question demeure : cette prudence est-elle suffisante pour relancer l’activité économique et répondre aux attentes des acteurs économiques?

Des ajustements limités pour un contexte fragile

La BCT motive son approche par plusieurs considérations

Premièrement, bien que la hausse des prix tende à se modérer, le risque d’un nouveau choc inflationniste persiste, notamment en raison des tensions géopolitiques internationales, des fluctuations des cours des matières premières et de la fragilité des chaînes d’approvisionnement.

Par ailleurs, les augmentations salariales dans certains secteurs clés pourraient raviver les pressions inflationnistes, en particulier dans les services.

Deuxièmement, bien que la BCT ne vise pas explicitement un objectif de taux de change, l’évolution du dinar tunisien par rapport à l’euro et au dollar influence ses décisions.

Un dinar affaibli, en raison des différenciations de taux d’intérêt avec les banques centrales des pays partenaires, pourrait compliquer les importations et alourdir la facture énergétique et alimentaire, aggravant ainsi le déficit courant.

Enfin, les tensions budgétaires de l’État tunisien jouent un rôle crucial. Avec un déficit public élevé et une dette en expansion, la BCT doit éviter une politique monétaire trop accommodante qui risquerait de réduire l’incitation aux réformes structurelles nécessaires et de créer une pression supplémentaire sur les finances publiques.

Une précaution démesurée ?

Malgré ces arguments, certains analystes estiment que la prudence de la BCT pourrait freiner la reprise économique. Avec des délais d’impact souvent supérieurs à un an pour les décisions monétaires, une détente plus marquée des taux pourrait dès à présent stimuler la consommation et l’investissement, essentiels pour redynamiser l’emploi et la croissance.

En effet, le contexte économique dégradé, marqué par une faible demande intérieure et une dégradation du pouvoir d’achat, nécessite des mesures plus audacieuses.

La notion de « taux neutre », correspondant au niveau où la politique monétaire n’est ni expansionniste ni restrictive, revêt une importance cruciale. Bien que ce taux ne puisse être observé directement, il est généralement estimé aux alentours de 2 % en termes réels dans les économies émergentes. En Tunisie, cela indiquerait que les taux directeurs actuels demeurent restrictifs, réduisant ainsi les possibilités d’accès au crédit pour les entreprises et les ménages.

Quels choix pour 2025 ?

La BCT devra naviguer avec pragmatisme dans les mois à venir. Des annonces prudentes laissent entrevoir de possibles baisses de taux en 2025, bien que leur ampleur reste incertaine.

Si l’inflation continue de se modérer et que la croissance demeure atone, une réduction progressive mais significative des taux pourrait aider à repositionner l’économie sur une trajectoire de croissance durable.

Cependant, une telle politique monétaire devra être accompagnée d’un renforcement du cadre budgétaire et d’une stratégie claire pour diversifier les moteurs de croissance. Une politique monétaire seule, aussi bien calibrée soit-elle, ne suffira pas à redresser l’économie tunisienne sans réformes structurelles profondes, notamment pour améliorer la compétitivité, réduire les déséquilibres extérieurs et restaurer la confiance des investisseurs.

En définitive, plus que jamais, la BCT est appelée, à jouer un rôle clé dans un équilibre délicat entre relance économique, maîtrise des prix et stabilité financière, tout en restant attentive aux chocs exogènes pouvant menacer une reprise encore fragile.

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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